Uvea, Wallis et Futuna

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Uvea : descriptif

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Uvea

Uvea (en wallisien : ʻUvea) est l'un des trois royaumes coutumiers qui constituent la collectivité d'outre-mer française de Wallis-et-Futuna

Son territoire comprend la totalité de l'île de Wallis ainsi que les îlots qui l'entourent

Le palais royal d'Uvea se situe au chef-lieu, Mata Utu

Son existence a été consacrée par le statut de Wallis-et-Futuna en 1961, lorsque le protectorat de Wallis-et-Futuna est devenu un territoire d'outre-mer. Uvea est localisé à 16 500 km de Paris et est situé en Océanie éloignée polynésienne (océan Pacifique occidental), entre la Nouvelle-Calédonie et Tahiti.

Géographie

Le royaume coutumier comprend l'île principale (Wallis) et les différents îlots qui se situent à l'intérieur de son lagon. La zone économique exclusive de Wallis-et-Futuna, elle, est gérée par la France, bien que des interprétations conflictuelles existent entre l’État et les autorités coutumières depuis 2010 sur la souveraineté de cet espace maritime.

La population du royaume d'Uvea est de 8 333 habitants (en 2018).

Le chef-lieu est le village de Mata-Utu avec 1 029 habitants habitants (en 2018). Il est le plus important de l'île, mais aussi de l'ensemble de la collectivité territoriale dont il est également le chef-lieu.

  1. Pierre-Yves Le Meur et Valelia Muni Toke, « Une frontière virtuelle : l’exploitation des ressources minérales profondes dans le Pacifique », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, ISSN 1492-8442, DOI 10.4000/vertigo.29723, lire en ligne, consulté le )
  2. «  » (consulté le ).

Toponymie

Le nom Uvea provient du wallisien ʻUvea. Cette graphie inclut un coup de glotte initial. Cette appellation se retrouve dans la plupart des langues polynésiennes. En français, ce toponyme est transcrit par Uvea et parfois Uvéa (voire ʻUvéa), mais jamais par Ouvéa, parfait homophone, qui désigne une île de Nouvelle-Calédonie ainsi nommée par des wallisiens l'ayant peuplée au  siècle. Les descendants de ceux ci distinguent au besoin les deux îles homonymes par un qualificatif, 'Uvea mamao, c'est-à-dire Uvea au loin, pour Wallis, et 'Uvea lalo, c'est-à-dire Uvea d'en bas, pour Ouvéa. Le même hommage a été rendu à la mère patrie par les colons de Futuna explorant Futuna lalo.

Le capitaine britannique Samuel Wallis donne son nom à l'île lors de son passage en 1767. Depuis, les habitants sont appelés Wallisiens. Certains auteurs préfèrent cependant le terme « Uvéen ». En anglais, certains auteurs utilisent Uvea pour parler de l'époque pré-européenne et Wallis island pour désigner l'époque après le contact européen.

  1. a et b Dominique Pechberty, « Les Uvéens en Nouvelle-Calédonie », The Journal of Pacific Studies, lire en ligne)
  2. Tomasi Tautu'u, dir. Bernard Rigo, Histoires, mythes et migrations : entre « Uvea Mamao » et «  Uvea Lalo »., IV, 1, C, Université de Nouvelle Calédonie, Nouméa, février 2012.
  3. a et b Tomasi Tautu'u, dir. Bernard Rigo, Histoires, mythes et migrations : entre « Uvea Mamao » et «  Uvea Lalo »., VIII, Lexique, Université de Nouvelle Calédonie, Nouméa, février 2012.
  4. Tomasi Tautu'u, dir. Bernard Rigo, Histoires, mythes et migrations : entre « Uvea Mamao » et «  Uvea Lalo »., III, 3, Université de Nouvelle Calédonie, Nouméa, février 2012.

Histoire

Arrivée des Polynésiens à Uvea

La date exacte du peuplement de 'Uvea (Wallis) fait débat. Daniel Frimigacci l'estime à 1300 , tandis que pour Christophe Sand, les premiers habitants n'ont pu arriver avant 850 et 800 . Ces premiers habitants appartiennent à la civilisation Lapita; ils s'installent en bord de mer, avant d'aller explorer progressivement l'intérieur de l'île. Bernard Vienne et Daniel Frimigacci nomment cette période Utuleve, du nom du lieu initial où se fixent ces premiers habitants (cet endroit se trouve aujourd'hui sur le village de Vaimalau). Plusieurs chefferies indépendantes apparaissent.

Naissance du royaume d'Uvea (1000-1400)

Le royaume de 'Uvea, avec une chefferie hiérarchisée, se met en place lors de la deuxième période, nommée Atuvalu, qui va de l'an mil à 1400. Les premiers « rois » (en wallisien hau) de 'Uvea apparaissent à cette époque. Il est difficile d'établir avec précision leur existence, mais ils sont très importants au niveau symbolique, car ils fondent la royauté wallisienne. Ces rois plus ou moins mythiques sont tous enterrés dans un même lieu, Atuvalu (ce qui signifie en wallisien « les huit [rois] alignés »).

Conquête tongienne

Premiers contacts européens et influence missionnaire

L'île d'Uvea est abordée en 1767 par le capitaine britannique Samuel Wallis, qui lui donne son nom. Le second européen à aborder l'île fut le capitaine Maurelle, à bord de la Princesse, qui nomme l'île « Consolation ». Par la suite, plusieurs marins (beachcombers) s'installent sur l'île à la suite du passage de navires baleiniers. En 1835, des méthodistes venus de Niuatoputapu tentent de convertir l'île au protestantisme, mais échouent et finissent massacrés par les hommes du lavelua Soane Patita Vaimua.

Ce n'est qu'en 1837 que la présence européenne se consolide avec l'arrivée de deux pères maristes, dont le père Bataillon qui convertit la population au catholicisme souhaitée].

Le père Bataillon comprend rapidement l'importance du pouvoir royal et rédige un Code de Wallis, promulgué en 1871 par la reine Amelia Tokagahahau, qui affirme le pouvoir suprême du lavelua. Ce code fixe également par écrit la composition de la chefferie (six ministres, ainsi que trois chefs de districts et 21 chefs de village, tous nommés par le roi) et entérine la religion catholique comme religion officielle. Pierre Bataillon installe donc une véritable théocratie missionnaire. Ce code est néanmoins assez vite oublié : la configuration de la royauté wallisienne est perçue par la population comme ancestrale, alors même qu'elle avait auparavant évolué dans le temps au gré des guerres entre les différents clans et familles royales (correspondant également à des conflits entre le nord, le centre et le sud de l'île).

Protectorat

Le royaume d'Uvea à Wallis signe un traité de protectorat avec la France (demandé par la reine Amelia Tokagahahau Aliki dès 1842, sous l’impulsion des missionnaires maristes, et ratifié en 1887). Le 5 mars 1888, le protectorat de Wallis-et-Futuna est créé : pour la première fois, Wallis et Futuna sont rassemblées dans une même entité politique. Un résident de France dirige le protectorat, mais doit composer avec la puissante mission catholique et avec la chefferie qui conserve son pouvoir coutumier sur la population wallisienne.

Territoire d'Outre-Mer

Le protectorat de Wallis-et-Futuna devient un territoire d'outre-mer (TOM) en 1961 après un référendum en 1959 avec les royaumes d'Alo et Sigave.

La loi no 61-814 du 29 juillet 1961, qui transforme Wallis-et-Futuna en territoire d'outre-mer, reconnaît à l'article 3 l'autorité coutumière :

« La République garantit aux populations du territoire des îles Wallis-et-Futuna le libre exercice de leur religion, ainsi que le respect de leurs croyances et de leurs coutumes en tant qu’elles ne sont pas contraires aux principes généraux du droit et aux dispositions de la présente loi »

Pour Sophie Chave-Dartoen, la formulation « respect de [...] leurs coutumes » fait référence à l'ensemble de la chefferie et des rois, sans plus de précision. Cela devait laisser place à un transfert progressif des pouvoirs coutumiers vers l'assemblée territoriale et un appareil administratif conséquent. Cependant, la loi de 1961 n'a pas changé et ce transfert de compétences ne s'est pas réalisé.

Après la révision constitutionnelle du , l'archipel est censé entrer dans la nouvelle catégorie des collectivités d'outre-mer à statut particulier, mais le régime de 1961 ne change pas en raison de l'opposition de l'Assemblée territoriale des îles Wallis et Futuna.

Crise politique depuis 2005

En juin 2005, une crise politique éclate quand le petit-fils du roi Tomasi Kulimoetoke II (en place depuis 46 ans) est condamné pour homicide involontaire après avoir tué un motocycliste en conduisant en état d'ivresse. Le petit-fils se réfugie au palais royal pour se protéger des gendarmes. Ce choix divise les familles aristocratiques, partagées entre soutien coutumier et loyauté envers la puissance tutélaire française. Deux camps apparaissent : les partisans du roi d'un côté, et de l'autre les « rénovateurs » qui souhaitent une évolution de la coutume. Pour Frédéric Angleviel, la famille Kulimoetoke, dont sont issus de nombreux membres de la grande chefferie, refuse d'abandonner le pouvoir après tant d'années.

Les rénovateurs, initialement soutenus par le préfet Christian Job, décident d'introniser un nouveau roi. Le préfet reconnaît la nouvelle chefferie et décide de ne plus verser l'indemnité de 5 500 . En réponse, les partisans du roi occupent l'aéroport de Hihifo et édifient des barrages pour éviter l'arrivée de gendarmes depuis la Nouvelle-Calédonie. La situation s'arrange finalement grâce à l'intervention d'un médiateur français qui reconnaît l'autorité du roi Tomasi Kulimoetoke et la cérémonie d'intronisation du roi rénovateur est alors annulée. Cette affaire laisse des traces et les tensions restent vives les années suivantes. Des palabres de réconciliation sont toujours en cours entre les deux chefferies rivales.

Le 12 mars 2007, le tribunal administratif de Mata'utu a annulé les décisions prises par le préfet Xavier de Fürst (successeur de Christian Job) et condamné l'État français à verser des indemnités à la Circonscription territoriale d'Uvea et aux membres de la chefferie du Lavelua. Le tribunal se base sur l'article 3 du statut de 1961 qui interdit l'ingérence de l'Etat français dans les affaires coutumières.

Le 7 mai 2007, Tomasi Kulimoetoke décède après 46 ans de règne. Les négociations débutent après le deuil coutumier de six mois ; finalement, c'est l'ancien premier ministre (Kivalu) Kapeliele Faupala qui est choisi pour devenir lavelua, malgré l'opposition de certains chefs coutumiers rénovateurs. Décrit comme « un roi de transition » et « très attaché à la tradition », il est finalement destitué le 2 septembre 2014 après avoir renvoyé son premier ministre sans l'aval des familles royales ni de la chefferie.

S'ouvre alors une période d'interrègne : pendant un an et demi, le royaume d'Uvea, profondément divisé, n'a plus de roi. « Les blessures réciproques après le conflit de 2005 restent à vif ».

Une nouvelle crise provoque en avril 2016 l'intronisation de deux rois rivaux, Tominiko Halagahu (chef du district nord) le 15 avril par la Grande chefferie et Patalione Kanimoa (ancien président de l'Assemblée territoriale de Wallis et Futuna) le 17 avril par la Nouvelle chefferie. Le 3 juin, l'Etat français reconnaît ce dernier. Tominiko Halagahu dénonce une ingérence de la République française dans les affaires coutumières du royaume. Le conflit entre les deux rois s'éternise et provoque des tensions. Deux administrations coutumières coexistent, chaque Lavelua investissant ses propres ministres et ses propres représentants dans les villages. Les cérémonies religieuses se font également en double.

Les deux Lavelua sont toujours en fonction en 2023, malgré des efforts de réconciliation.

  1. a et b Daniel Frimigacci, « La préhistoire d'Uvea (Wallis). Chronologie et périodisation », Journal de la Société des Océanistes, DOI 10.3406/jso.2000.2131, lire en ligne, consulté le )
  2. Christophe Sand, « La datation du premier peuplement de Wallis et Futuna : contribution à la définition de la chronologie Lapita en Polynésie occidentale », Journal de la Société des océanistes, lire en ligne)
  3. Vienne et Frimigacci 2006, p. 51-52
  4. Vienne et Frimigacci 2006, p. 52
  5. a et b Claire Moyse-Faurie, Te lea faka'uvea : Le wallisien, Peeters, , 271 lire en ligne), p. 6
  6. Angleviel 1994, p. 32
  7. a et b Sophie Chave-Dartoen, Royauté, chefferie et monde socio-cosmique à Wallis ('Uvea) : Dynamiques sociales et pérennité des institutions, pacific-credo Publications, , 318 ISBN , lire en ligne)
  8. Frédéric Angleviel, Les Missions à Wallis et Futuna au lire en ligne)
  9. Marc Soulé, « Les bouleversements de la société coutumière lors de la présence américaine à Wallis (1942 - 1946) », dans Sylvette Boubin-Boyer (dir.), Révoltes, conflits et Guerres mondiales en Nouvelle-Calédonie et dans sa région, L'Harmattan, (ISBN )
  10. Chave-Dartoen 2018, p. 11
  11. lire en ligne)
  12. lire en ligne)
  13. The Times, Londres,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14.  », sur pireport.org (consulté le ).
  15. , 23/07/2008
  16. a et b Le roi de Wallis officiellement destitué, Le Monde, 5 septembre 2014
  17. « Un mystérieux limogeage au royaume de Wallis », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. «  », sur wallis et futuna 1ère, (consulté le ).
  19. Confusion à Wallis, deux rois pour un royaume !, Outremers 360°
  20. «  », sur Nouvelle-Calédonie la 1ère (consulté le ).
  21. Tensions coutumières à Wallis et Futuna, Le Figaro du 11 octobre 2016
  22. «  », sur Wallis-et-Futuna la 1ère, (consulté le ).

Héraldique

La circonscription d'Uvea porte les armes suivantes :

Blason
Taillé : au .
Détails
Utilisé sur le site des services de l'État et du Territoire de Wallis-et-Futuna.
  1. «  », sur wallis-et-futuna.gouv.fr (consulté le ).
  2. «  », sur armorialdefrance.fr (consulté le ).

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Uvea dans la littérature

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 12/12/2024
Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/wf/wf-uv.html

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