Alamut
Localisation
Alamut : descriptif
- Alamut
Alamut est le nom d'une forteresse, anciennement réputée inexpugnable, située dans la vallée du massif de l'Alborz, au sud de la mer Caspienne, près de la ville de Qazvin, à 100 kilomètres de l'actuelle Téhéran, dans le nord-ouest de l'Iran actuel
La forteresse d'Alamut se dressait autrefois sur un sommet d'une altitude de 2 100 mètres, au-dessus de l'actuel village de Gâzor Khân. Cette forteresse a été construite vers 840
Le site archéologique est complètement à l’état de ruines, surtout depuis le tremblement de terre de 2004
Il y a 23 autres forteresses de la même période, en ruines, dans la région. Le mot Alamut, en persan alamōt, الموت, signifierait « Nid de l'aigle » ou « Leçon de l'aigle » dans le dialecte local
En persan, on emploie l'expression « forteresse d’Alamut » pour nommer le site archéologique.
Légende de la forteresse d'Alamut
Origines
De 1090 à 1256, le territoire d'Alamut fut le domaine de l'État nizârite ismaélien , qui comprenait une série de bastions stratégiques dispersés à travers la Perse (dont le château fort d'Alamut qui servit de quartier général à l'État nizârite ismaélien) et la Syrie, chaque forteresse étant entourée de pans de territoire hostile.
C'est aux chapitres XXXIX à XLII de sa Description du monde que Marco Polo (1254 - 1324) rapporta et popularisa la légende des « Assassins d'Alamut » — qui atteignit avec lui sa version la plus aboutie (et on peut donc dire que la légende est antérieure à Polo). Son récit haut en couleur est à mettre au nombre de ceux qui renforcèrent considérablement les fantasmes des Européens sur l'islam.
C'est en 1273 que Polo traverse la Perse, et qu'il a donc pu voir les ruines de la place forte d'Alamaut, détruite sur ordre de Qubilai au début , et par la suite abandonnée. Dans son récit, il introduit ainsi cet épisode : « Nous vous parlerons d'une contrée appelée Moulette (altération d'Alamut) où le Vieux de la Montagne résidait avec ses assassins comme vous allez le voir. » On peut relever avec P.-Y. Badel que moulette est lui-même une déformation de l'arabe : مُلْحِد (mulḥid), mot signifiant hérétique.
Bien plus tard, en 1938, la légende des Assassins fut mise romancée dans le roman homonyme de Vladimir Bartol.
Récit légendaire
La véracité de cette légende n'est pas prouvée mais elle est connue du public par le récit de Marco Polo : Alamut aurait fait trembler maints souverains et chefs de guerre à cause des manipulations exercées par Hassan ibn al-Sabbah, premier maître et nouvel occupant des lieux, pour fanatiser ses assassins. Tout d'abord, Hassan aurait entretenu des jardins secrets, interdits à tous les occupants de la citadelle excepté les initiés. Luxuriants, ils sont, d'après Marco Polo, la réplique des jardins du paradis. Hassan ibn al-Sabbah, prophète et seul détenteur sur terre des clefs de ces jardins, se chargeait de sélectionner les fidèles dignes de s'y aventurer quelques heures dans ce paradis terrestre où on leur faisait miroiter les merveilles de l'au-delà. Grâce à cette façon de relativiser l'importance de l'existence terrestre, l'assassin était censé se jouer plus volontiers du danger lors des combats. Cette croyance aurait été facilitée par l'ingestion de haschisch, peut-être sous forme de dragées, ce qui altérait leurs sensations, couplé à un puissant somnifère : une fois inconscients, les candidats transportés dans les jardins secrets se réveillaient entourés de mets succulents, de plantes luxuriantes et de nombreuses houris, jeunes femmes sélectionnées pour l'occasion dans le harem même d'Hassan Ier.
Cette légende est aussi racontée par Jean de Mandeville dans son Livre des merveilles du monde (écrit entre 1355 et 1357), ouvrage qu'il a rédigé en reprenant les écrits d'autres auteurs. Il situe le fort sur Mistorak, île appartenant au prêtre Jean, sur laquelle vivait autrefois un certain Gathalonabes (le Vieux de la montagne). Ce nom que donne l'auteur pourrait être une déformation de l'arabe « qatil-an-nafs », signifiant « le meurtrier »,.
Parmi les légendes entourant Alamut, on raconte qu'un ambassadeur croisé, de Champagne, fut reçu par Al-Sabbah et voulut savoir ce qui rendait ces assassins si terribles aux yeux des élites locales. Le maître appela donc deux soldats. Il ordonna à l'un de se précipiter vers la muraille surplombant un ravin et de sauter dans le vide. Pendant ce temps, il demanda au deuxième de sortir son poignard et de se poignarder. Les deux assassins exécutèrent leurs ordres sans ciller.
- Marco Polo (Traduction, édition et présentation par Pierre-Yves Bardel), La Description du monde, Paris, Le Livre de Poche, ISBN ), p. 116-121
- Daftary 2007, p. 17.
- Daftary 2007, p. 75.
- Lewis 2001, p. 134-135.
- Andrea L. Stanton, Edward Ramsamy, Peter J. Seybolt - Cultural Sociology of the Middle East, Asia, and Africa: An Encyclopedia p. 21, SAGE Publishing, 5 janvier 2012, (ISBN ) Consulté 2017-05-01
- On a d'ailleurs pu penser que le surnom de hashischins (d'où vient le mot « assassin ») venait du nom de cette drogue ; mais selon d'autres hypothèses, le terme d'« assassin » viendrait plus probablement du mot assassiyoun ou encore de assass (« gardien de la foi ») ; voir l'article Nizârites.
- Jean de Mandeville, Livre des merveilles du monde, ʽLes Belles Lettresʽ, Christiane Deluz
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correspondante n’a été trouvée
Origines
De 1090 à 1256, le territoire d'Alamut fut le domaine de l'État nizârite ismaélien , qui comprenait une série de bastions stratégiques dispersés à travers la Perse (dont le château fort d'Alamut qui servit de quartier général à l'État nizârite ismaélien) et la Syrie, chaque forteresse étant entourée de pans de territoire hostile.
C'est aux chapitres XXXIX à XLII de sa Description du monde que Marco Polo (1254 - 1324) rapporta et popularisa la légende des « Assassins d'Alamut » — qui atteignit avec lui sa version la plus aboutie (et on peut donc dire que la légende est antérieure à Polo). Son récit haut en couleur est à mettre au nombre de ceux qui renforcèrent considérablement les fantasmes des Européens sur l'islam.
C'est en 1273 que Polo traverse la Perse, et qu'il a donc pu voir les ruines de la place forte d'Alamaut, détruite sur ordre de Qubilai au début , et par la suite abandonnée. Dans son récit, il introduit ainsi cet épisode : « Nous vous parlerons d'une contrée appelée Moulette (altération d'Alamut) où le Vieux de la Montagne résidait avec ses assassins comme vous allez le voir. » On peut relever avec P.-Y. Badel que moulette est lui-même une déformation de l'arabe : مُلْحِد (mulḥid), mot signifiant hérétique.
Bien plus tard, en 1938, la légende des Assassins fut mise romancée dans le roman homonyme de Vladimir Bartol.
- Marco Polo (Traduction, édition et présentation par Pierre-Yves Bardel), La Description du monde, Paris, Le Livre de Poche, ISBN ), p. 116-121
- Daftary 2007, p. 17.
- Daftary 2007, p. 75.
- Lewis 2001, p. 134-135.
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Récit légendaire
La véracité de cette légende n'est pas prouvée mais elle est connue du public par le récit de Marco Polo : Alamut aurait fait trembler maints souverains et chefs de guerre à cause des manipulations exercées par Hassan ibn al-Sabbah, premier maître et nouvel occupant des lieux, pour fanatiser ses assassins. Tout d'abord, Hassan aurait entretenu des jardins secrets, interdits à tous les occupants de la citadelle excepté les initiés. Luxuriants, ils sont, d'après Marco Polo, la réplique des jardins du paradis. Hassan ibn al-Sabbah, prophète et seul détenteur sur terre des clefs de ces jardins, se chargeait de sélectionner les fidèles dignes de s'y aventurer quelques heures dans ce paradis terrestre où on leur faisait miroiter les merveilles de l'au-delà. Grâce à cette façon de relativiser l'importance de l'existence terrestre, l'assassin était censé se jouer plus volontiers du danger lors des combats. Cette croyance aurait été facilitée par l'ingestion de haschisch, peut-être sous forme de dragées, ce qui altérait leurs sensations, couplé à un puissant somnifère : une fois inconscients, les candidats transportés dans les jardins secrets se réveillaient entourés de mets succulents, de plantes luxuriantes et de nombreuses houris, jeunes femmes sélectionnées pour l'occasion dans le harem même d'Hassan Ier.
Cette légende est aussi racontée par Jean de Mandeville dans son Livre des merveilles du monde (écrit entre 1355 et 1357), ouvrage qu'il a rédigé en reprenant les écrits d'autres auteurs. Il situe le fort sur Mistorak, île appartenant au prêtre Jean, sur laquelle vivait autrefois un certain Gathalonabes (le Vieux de la montagne). Ce nom que donne l'auteur pourrait être une déformation de l'arabe « qatil-an-nafs », signifiant « le meurtrier »,.
Parmi les légendes entourant Alamut, on raconte qu'un ambassadeur croisé, de Champagne, fut reçu par Al-Sabbah et voulut savoir ce qui rendait ces assassins si terribles aux yeux des élites locales. Le maître appela donc deux soldats. Il ordonna à l'un de se précipiter vers la muraille surplombant un ravin et de sauter dans le vide. Pendant ce temps, il demanda au deuxième de sortir son poignard et de se poignarder. Les deux assassins exécutèrent leurs ordres sans ciller.
- Andrea L. Stanton, Edward Ramsamy, Peter J. Seybolt - Cultural Sociology of the Middle East, Asia, and Africa: An Encyclopedia p. 21, SAGE Publishing, 5 janvier 2012, (ISBN ) Consulté 2017-05-01
- On a d'ailleurs pu penser que le surnom de hashischins (d'où vient le mot « assassin ») venait du nom de cette drogue ; mais selon d'autres hypothèses, le terme d'« assassin » viendrait plus probablement du mot assassiyoun ou encore de assass (« gardien de la foi ») ; voir l'article Nizârites.
- Jean de Mandeville, Livre des merveilles du monde, ʽLes Belles Lettresʽ, Christiane Deluz