Yaté

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Yaté : descriptif

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Yaté

Yaté est une commune française de Nouvelle-Calédonie située au sud de l'île, à 80 km de Nouméa, petite par la population, mais grande par la superficie (15e commune la plus vaste de France)

Le territoire de la commune de Yaté, qui comprend aussi Goro, se caractérise par la beauté sauvage et souvent rouge (en raison des latérites) de ses paysages, par sa richesse écologique, protégée au sein de nombreuses réserves et d'un parc provincial, par l'abondance de rivières et de retenues d'eau malgré une apparente aridité

C'est le paradis de la randonnée pédestre et de l'excursion en véhicule tout-terrain

Le village même de Yaté est un petit village traditionnel à l'abri de la baie de Waho, sur le littoral oriental. La commune fait partie de l'aire coutumière Djubéa-Kaponé.

Géographie

Le Massif de Kouakoué constitue le point culminant de la commune avec une hauteur maximale de 1 501 mètres. Avec ses 1 338,4 Val-d'Oise et un peu moins de celle de la Guadeloupe), elle est la plus vaste commune de Nouvelle-Calédonie, et la France. Elle est recouverte par des paysages dits de « maquis miniers » (végétation buissonnante sur le sol ferreux des plaines et collines). Le réseau hydrographique du Grand Sud est complexe et dense, offrant un système de nombreux cours d'eau, « creek » (synonyme de « ru »), lacs (dont un artificiel lié à la construction du barrage, le plus grand de Nouvelle-Calédonie), cascades et chutes.

Les communes limitrophes sont :

  • côte est : Thio,
  • côte est et ouest : Mont-Dore,
  • côte ouest : Dumbéa, Païta.

Histoire

Le premier contact avec les Européens

En 1774, l'explorateur anglais James Cook aborde l'îlot Améré au large de la baie de Goro.

Les débuts de la présence européenne et les guerres tribales (1774-1863)

Avant les débuts de la colonisation, le territoire est l'objet d'affrontements entre les Européens et les tribus de l'île des Pins.

Toutes les tentatives d'évangélisation de la région de Yaté échouent :

  • missions protestantes, en 1841,
  • En 1845, le teacher tongien Ta'unga, est évacué de Touaourou (où il est arrivé en ), par le Camden, sur l'île de Maré,
  • missions catholiques : en 1849, la mission de Pouébo et Balade se replie sur l'île des Pins, tente Yaté (), Ouvéa (Halgan), puis Hienghène, et finalement choisit Yaté, pour y « aller fonder une réduction composée de tous les chrétiens de l'île; vingt-trois néophytes l'accompagnent » (Verguet, 1860, nouvelle tentative d'évangélisation selon le témoignage du Père Poupinel dans une lettre du  : "il y a dix-huit mois on y a placé des catéchistes indigènes qui apprennent aux habitants les prières, les cantiques et les premiers éléments de la foi." En octobre-, une épidémie entraîne une hécatombe sur toute la côte est et à l'île des Pins, la région de Yaté n'est pas épargnée, ce qui provoque peut-être le massacre d'un catéchiste, tenu pour responsable. Il n'y a pas de missionnaire à demeure. Yaté est l'objet de visites périodiques de la part du Père Goujon qui se déplace de l'île des Pins, et de celle du Père Chapuy qui réside de façon permanente à l'île Ouen.

Il semble que Damé ou Daamé, jeune chef de guerre originaire d'une tribu établie dans les environs de l'actuelle réserve de Saint-Louis, aspire à l'indépendance de son clan. Il se révolte contre l'autorité du grand chef Kuindo qui étendait son influence du Mont-Dore jusqu'à la baie de Saint-Vincent. Vaincu, il se réfugie à Touaourou et à Yaté où il semble bien accueilli. Il se serait ensuite débarrassé de ses hôtes, les Yatés et les Unias (ou Doggis) avec l'aide des gens de Goro, de Touaourou et de l'île Ouen. Enfin, il maintient soigneusement son alliance avec les Kouniés de l'île des Pins ; lorsque ces derniers viennent effectuer quelque razzia sur le littoral, il est mystérieusement averti et se tient tranquille dans les montagnes, à l'abri, sans intervention .

La société agricole de Yaté (1864-1870)

La Société Agricole de Yaté a été voulue, préparée et créée par le gouverneur Charles Guillain (1808-1875). Alors que la frégate La Sibylle, au bord de laquelle se trouve la majeure partie de ses futurs sociétaires, recrutés par le gouvernement par annonces publiées dans les journaux, n'arrivera en Nouvelle-Calédonie que le , par un arrêté de dépossession en date du , le gouverneur confisque les terres de Yaté, au prétexte que six membres de sa tribu, réquisitionnés pour effectuer des travaux à Port-de-France, ont déserté leur chantier. Ces terres avaient été explorées en à sa demande par le lieutenant de vaisseau Léon Chambeyron (1827-1891).

Les terres de Yaté sont ainsi décrites dans le Moniteur de la Nouvelle-Calédonie du  : "Le territoire de Yaté, situé sur la côte Sud-Est au pied de la montagne de Coronation et récemment confisqué à la tribu récalcitrante qui l'habitait, territoire fertile, bien arrosé, abrité du vent du large par une zone forestière au-dessus de laquelle surgissent d'élégants et surtout de nombreux cocotiers, a été fixé pour l'établissement de la Société. On sait que la plaine de Yaté a 1 800 mètres de profondeur sur 27 km d'étendue."

Contrairement à ce qui se pratique alors, le gouverneur, s'inspirant de la doctrine de Saint-Simon (1760-1825), décide non pas l'attribution de concessions individuelles, mais la création d'une société avec mise en commun des moyens de production et partage des bénéfices, d'où l'appellation de « phalanstère » par ses détracteurs, pas vraiment fouriériste.

La société est créée par arrêté du gouverneur en date du , il lui est concédé 300 hectares. Elle est constituée de vingt personnes : Narcisse-Anténor Leloup, nommé directeur, et son épouse, Aubert et son épouse, Lucien Ozoux, Félix Anquetin, Alphonse Victor Bauquet, François George, Albert Ozoux, Charles Leny, Alphonse Percheron, Jacques-Marie Joncourt, Marc Le Luherne, Henri Bauchereau, Guillaume Le Gac, Yves Riou, Isidore Bruneau, Alexandre Hébert, Joseph Doué et Théodore Doué. Et, en , trois nouveaux associés : Barnabé Canal, Louis-Frédéric Chevallier et Philippe Duffaut.

Les colons arrivent à Yaté le . Le , en faisant brûler des herbes, il est mis feu accidentellement à la case dans laquelle se trouvaient les approvisionnements, les semences et les outils.

En , le directeur indique qu'ils ont réussi à faire une route d'un kilomètre avec un pont pour voitures, un four, une forge, dix cases de 10 à 14 mètres de long, le défrichement et l'ensemencement de six hectares, soit 5 hectares en maïs, 75 ares en avoine et 25 ares en pommes de terre, un parc avec abris pour les bœufs et vaches, un parc avec abris pour les cochons, plus de deux kilomètres de fossés pour les eaux de pluie.

En , le directeur indique qu'ils ne sont plus qu'une dizaine de travailleurs, "les autres se sont lassés de cette vie de privations et de monotonie. Le travail de la terre ne leur allait plus ; tous étaient des ouvriers des villes, habitués aux bien-être et aux distractions."

Le , le Conseil d'administration de la Nouvelle-Calédonie constate les premiers échecs de la colonie : "Un incendie qui a dévoré des vivres et du matériel pour une somme de 3 000 francs, des semences brûlées par une terre trop forte et qui n'avait subi qu'un seul labour, les ravages causés par les rats, l'ignorance des associés des méthodes de culture, enfin leur apprentissage d'un métier inconnu à tous, ont conduit la société à ne pouvoir réaliser après un an de prise de possession que cinq à six cents francs de maïs" et décide de lui verser une avance de 1 200 francs.

Le , un ouragan ravage la colonie, ainsi qu'en témoigne son directeur : "de minuit à 4 heures, six cases furent renversées... A chaque instant, nous nous attendions à voir notre habitation emportée, et à nous trouver avec nos enfants sans abri au milieu de cette convulsion de la nature. Enfin le matin ramena un peu de tranquillité parmi nous ; la tempête continua encore plus de 24 heures, mais sans autant de furie, et nous pûmes contempler cette scène de désolation. De nos quatorze constructions, il n'en restait que trois sans avaries, toutes les autres étaient ou complètement rasées ou tellement endommagées que nous dûmes les jeter à terre. Mais le plus désolant fut l'aspect de nos jardins et de nos cultures ; quatre hectares de maïs prêt à récolter étaient brûlés comme si le feu y eût passé. La moitié de nos bananiers étaient par terre ; une vingtaine de cocotiers gisaient sur le sol."

En , le directeur se plaint "d'un oubli complet de notre petite société par M. le Gouverneur, si bien que pendant ces trois mois, n'ayant reçu la visite d'aucun caboteur, nous nous sommes trouvés sans farine et sans pain", et est contraint de mettre sa femme et ses enfants à l'abri à Port-de-France après plusieurs massacres de colon et marins (Taillard, l'équipage du caboteur La-Reine-des-Iles et celui du cotre Le Secret) par des kanaks.

En , un deuxième gendarme est envoyé seconder à Yaté le gendarme Venturini (lequel sera tué par des kanaks en 1866).

En , le juge de paix Lemendec se rend à Yaté pour y étudier la situation des colons. Dans les semaines qui suivent, de nouveaux colons rejoignent Yaté : Lecren (et ses trois filles) et Delhumeau.

En 1867, le directeur Narcisse-Anténor Leloup assigne en justice l'administration coloniale dont le conseil d'administration avait décidé de "confier" le cheptel bovin de la société à un ancien sociétaire nommé Salmon parce que celui-ci divaguait et occasionnait des dégâts dans les cultures d'autres colons. Après transaction, le cheptel est rendu à la société, mais il devra être parqué.

Le , les derniers associés encore en place (Varangé, Delhumeau, Cattet, Chaplet et les héritiers Leloup) demandent à l'administration la liquidation de la société. La dette de la société auprès de l'administration coloniale s'élève 22 896 francs, celle-ci ne pouvant être réglée, l'administration décide de leur en faire la remise mais récupère le troupeau de 46 bovins pour le vendre aux enchères.

1870-1920

  • Grande révolte kanak de 1878
  • Révolte kanak de 1917

1920-1970

Après un premier barrage (1925) vite jugé insuffisant, le barrage actuel et la centrale électrique sont implantés en 1956-1959, ainsi que la fonderie de nickel (aujourd'hui abandonnée).

Depuis 1970

  1. ISBN , lire en ligne), xi.
  2. Taʼunga et Georges Pisier, Le témoignage de Ta'unga, ou, La Nouvelle-Calédonie vue par un teacher polynésien avant l'implantation européenne, , 153 lire en ligne).
  3. Annales de la Propagation de la foi, recueil périodique des évêques et des missionnaires des missions de deux mondes, et de tous les documents relatifs aux missions et à l'œuvre de la propagation de la foi, tome 34e, page 394.
  4. "Yaté 1840 à 1870. Les débuts de la présence européenne et l'expérience d'un phalanstère" de Joël Dauphiné, publié dans la revue "Point d'histoire no 14" du Centre de Documentation Pédagogique de Nouvelle-Calédonie, février 1999, page 66.
  5. "Yaté 1840 à 1870. Les débuts de la présence européenne et l'expérience d'un phalanstère" de Joël Dauphiné, publié dans la revue "Point d'histoire no 14" du Centre de Documentation Pédagogique de Nouvelle-Calédonie, février 1999, page 63.
  6. Voir notamment le journal La Presse du 26 février 1863, consultable sur www.gallica.bnf.fr
  7. "Pionnier de Nouvelle-Calédonie 1863-1867" recueil des lettres de Narcisse-Anténor Leloup. Témoignage présenté et annoté par son descendant Jean-Charles Leloup, éditions L'Harmattan, mai 2016, 233 pages, page 47.
  8. "Pionnier de Nouvelle-Calédonie 1863-1867" recueil des lettres de Narcisse-Anténor Leloup. Témoignage présenté et annoté par son descendant Jean-Charles Leloup, éditions L'Harmattan, mai 2016, 233 pages, page 73.
  9. Centre des Archives d'outre-mer, FM/SG/NC 151
  10. "Pionnier de Nouvelle-Calédonie 1863-1867" recueil des lettres de Narcisse-Anténor Leloup. Témoignage présenté et annoté par son descendant Jean-Charles Leloup, éditions L'Harmattan, mai 2016, 233 pages, page 79.
  11. "Pionnier de Nouvelle-Calédonie 1863-1867" recueil des lettres de Narcisse-Anténor Leloup. Témoignage présenté et annoté par son descendant Jean-Charles Leloup, éditions L'Harmattan, mai 2016, 233 pages, page 99.
  12. a b c et d "Yaté 1840 à 1870. Les débuts de la présence européenne et l'expérience d'un phalanstère" de Joël Dauphiné, publié dans la revue "Point d'histoire no 14" du Centre de Documentation Pédagogique de Nouvelle-Calédonie, février 1999, page 75.

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Yaté dans la littérature

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 12/12/2024
Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/lieu/nc/nc-00-ps/1104555.html

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