Koumac

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Koumac : descriptif

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Koumac

Koumac est une commune française de Nouvelle-Calédonie, située dans la Province Nord. « Koumac Â» signifie en langue Pwaxumak : « Têtes dures ou têtus Â»

Kou ou Khû veut dire : dur, résistant

Mac ou Mwak signifie : ensemble, environnement ou groupe

Trois communes limitrophes la bordent : Kaala-Gomen au sud, Poum au nord et Ouégoa à l'est, tandis que le lagon et sa barrière de corail et ses îlots lui donnent une façade maritime

Avec ses 3 981 habitants, elle est la dernière grande commune du grand nord de la Grande Terre

Commune agricole et minière, elle développe ses atouts pour devenir un lieu touristique

À la fois broussarde par son mode de vie, Koumac est avant tout implantée sur la grande chefferie Boarat

Village qui vit le « destin commun Â», les relations entre les différentes communautés ethniques et culturelles expliquent en partie sa prospérité depuis les premières implantations humaines

Son prochain défi consiste à poursuivre son développement économique afin de financer les équipements de proximité et continuer à maintenir sa population sur place

La commune fait partie de l'aire coutumière Hoot ma Waap.

Géographie

Situation

Koumac est située à 294 Nouméa ou à 40 minutes d'avion.

La distance par la route est de 366  ; sur la RT1, Koumac se trouve à 60 Poum (côte ouest), à 160 Voh (côte ouest), à 40 Ouégoa et 70 Pouébo (côte est).

Relief

Le territoire communal est essentiellement constitué de la plaine littorale qui court tout au long de la côte ouest. Sa partie orientale est dominée par la Chaîne centrale. Au nord, le massif de Tiebaghi est riche en chrome (exploité jusqu'au début des années 1990) et en nickel (mine toujours existante).

Climat

ÃŽlot Kendec dans le lagon de Koumac

La Nouvelle-Calédonie est marquée par un climat tropical océanique à deux saisons (une saison chaude et une saison fraîche). Toutefois, du fait de son relief, des nuances sont observées entre la côte est (humide) et la côte ouest (sèche) où se situe Koumac. Les précipitations à Koumac sont ainsi très faibles (997 mm d'eau en 2010), avec ensoleillement très élevé. La température moyenne annuelle est de 20,5 Â°C (en 2010) : 15 Â°C est la température moyenne la plus basse (en août 2011), 31 Â°C est la plus élevée (moyenne de décembre 2010), avec des pics atteignant les 34 Â°C.

Le village dispose d'un centre automatisé de Méteo France Nouvelle-Calédonie qui prélève automatiquement les mesures.

Marina de Pandop.
Relevé météorologique de Koumac (1981-2010)-altitude: 25m 20° 33′ 30″ S, 164° 17′ 00″ E
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 23 23,3 22,8 21,3 19,3 18 16,5 16,5 17,2 18,7 20,4 21,8 19,9
Température moyenne (°C) 26,6 26,8 26,2 24,9 23,1 21,7 20,4 20,5 21,5 22,9 24,4 25,7 23,7
Température maximale moyenne (°C) 30,2 30,3 29,5 28,5 26,9 25,4 24,4 24,5 25,8 27,2 28,4 29,5 27,5
Record de froid (°C)
date du record
15,8
17.1953
16,9
21.1978
15,1
30.1952
14,3
18.1951
11,5
29.1951
8,7
25.1953
8,2
28.1953
8,5
19.1951
9,3
13.1952
11,3
03.1951
14,5
04.2018
14,2
03.1951
8,2
1953
Record de chaleur (°C)
date du record
34,9
13.2020
36
07.2020
35,1
04.1997
33,8
07.2006
32,2
03.2015
32,2
20.2007
30,8
29.1998
30,7
27.2021
31,5
19.1988
33,5
17.2010
34,6
24.1995
35,8
27.2001
36
2020
Ensoleillement (h) 235,3 198,9 201,2 206,9 192,3 185 206,8 224,7 239,5 261,8 250,9 256,4 2 659,6
Record de vent (km/h)
date du record
46
08.1997
51
11.1989
50
27.1996
26
30.2000
28
21.1999
25
17.2004
26,8
25.2010
31
19.1989
26
18.2000
23
19.2007
22
18.2002
47
24.1981
51
1989
Précipitations (mm) 157,7 145,2 161,9 80,7 79,6 77,2 45,3 39,7 27,8 23,3 48,6 97,8 984,8
Record de pluie en 24 h (mm)
date du record
175
17.1976
350,3
20.1969
206,5
10.1992
215
01.2002
270
26.1960
225,2
28.2007
162
14.1999
73,4
08.1995
114,5
08.1967
91,6
24.2010
109,8
12.1987
429,7
23.1981
429,7
1981
Nombre de jours avec précipitations 9,6 11 9,7 6,3 5,1 5,2 4,2 3,6 2,4 2,7 4,4 6,1 70,3
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 5 mm 6 6,4 6 3,1 2,7 2,9 1,5 1,9 1 1,3 2,5 3,7 38,9
Source : Service de la météorologie de la Nouvelle-Calédonie.
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
30,2
23
157,7
 
 
 
30,3
23,3
145,2
 
 
 
29,5
22,8
161,9
 
 
 
28,5
21,3
80,7
 
 
 
26,9
19,3
79,6
 
 
 
25,4
18
77,2
 
 
 
24,4
16,5
45,3
 
 
 
24,5
16,5
39,7
 
 
 
25,8
17,2
27,8
 
 
 
27,2
18,7
23,3
 
 
 
28,4
20,4
48,6
 
 
 
29,5
21,8
97,8
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Végétation

Arbuste du maquis minier sur le massif de Tiébaghi (Koumac)

À cause du climat tropical sec, du surpâturage, de l'exploitation minière et de l'urbanisation, les écosystèmes terrestres ont été fortement impactés. Les vastes étendues de savanes à niaoulis ont remplacé la forêt sèche. De plus, quelques zones sont occupées par le maquis minier. En se rapprochant de la Chaîne, on découvre un domaine forestier plus dense. Savane, maquis minier et forêt sèche sont donc l'essentiel de la végétation sur la commune de Koumac.

La mangrove, trop souvent oubliée, est un écosystème fondamental pour la survie du lagon de Koumac, déjà fortement menacé et fragilisé par l'exploitation minière et la pression humaine. Le village de Koumac est aussi bordé par une zone lacustre.

Pommier kanak en fleurs et pomme kanak verte (Koumac)

Faune

Coquille de Prolixodens whaaporum, espèce aux allures de flèche faîtière décrite en 2017 et nommée en l'honneur du clan Whaap, qui a accueilli les missions scientifiques avec hospitalité.

La nature de la région de Koumac, et en particulier la faune marine, est relativement bien connue car la municipalité a accueilli plusieurs expéditions scientifiques d'envergure :

  • Plusieurs expéditions de l'ORSTOM dans les années 1970
  • La mission Montrouzier en 1993 (du Muséum National d'Histoire Naturelle)
  • La mission Koumac 2 du programme « La Planète Revisitée Â» en 2018 et 2019.

Toutes ces missions ont permis de recenser plusieurs milliers d'espèces, révélant une biodiversité extraordinaire et encore peu affectée par l'influence humaine, dont des espèces endémiques.

La faune marine se compose notamment de :

  • Dugong, vache marine, Modap en kumwaak : observé entre juillet et septembre à proximité de la côte : vulnérable et protégé,
  • Baleines à bosse, Tcho en kumwaak : au large de la côte entre juin et novembre pendant la saison fraîche où elle vient se reproduire avant de redescendre vers l'Antarctique,
  • Dauphins, Pwurio en kumwaak : différentes espèces visibles,
  • Orques : espèce rarement observée à Koumac (dernière observation en 2009 par des pêcheurs),
  • Requins, Nék en kumwaak : pointe blanche et pointe noire du récif, requin gris, requin tigre, requin nourrice, requin marteau, requin taureau ou bouledogue et très rarement, le requin baleine,
  • Tortues : la tortue à écailles et la tortue verte, interdites à la pêche,
  • Serpents marins : principalement le tricot rayé jaune et le tricot rayé bleu, Pwuri en kumwaak, venimeux mais craintifs (lagon et îlots).

La faune terrestre se compose de :

  • Hérons et aigrettes, Khoonk en kumwaak : à observer dans la zone lacustre près du village ou près du bord de mer,
  • Rapaces, Bwaholé en kumwaak : l'autour australien (en savane ou lisière de forêt) , le balbuzard d'Australie (de littoral), le busard de Gould et plus fréquemment, le milan siffleur (plutôt charognard),
  • Pigeons : le notou calédonien (carcophage géant), Pwipwik en kumwaak, le plus gros pigeon arboricole du monde vivant dans la forêt humide. La colombine du Pacifique et le pigeon vert endémique sont plus rares à observer.
  • Canards, kérérop en kumwaak : en zones humides près des rivières et en zones marécageuses,
  • Perruches, Pwiirtip en kumwaak, de vives couleurs vertes et rouges, dans le maquis minier, à la recherche de graines et de fruits au sol,
  • Corbeaux : le corbeau calédonien, Waak en kumwaak, le plus intelligent des oiseaux, le seul à utiliser des outils pour sa quête alimentaire, à l'aide de bouts de feuille de pandanus pour débusquer les larves d'insectes ou de pierres pour briser les coquilles d'escargots,
  • Poule sultane, Khiaak en kumwaak, dans les marais et prairies, se nourrissant d'invertébrés et de graines,
  • Martin-pêcheur, Bwaado en kumwaak, vert et bleu,
  • Mouettes, Bone en kumwaak, mouette argentée, en bord de mer et sur les îlots,
  • Sternes : plusieurs espèces endémiques à la Nouvelle-Calédonie, dont une sous-espèce, sternula nereis exsul, ne vit que sur les îlots de Koumac et des environs, et fait l'objet d'une protection particulière,
  • Reptiles, Bwééla en kumwaak : le margouillat domestique dans les habitations, le gecko (espèce endémique et en voie de disparition), plusieurs espèces de scinques endémiques,
  • Roussettes, Bwak en kumwaak, victimes d'une chasse peu responsable, moins en moins nombreuses,
  • Cochons sauvages, Pokathuwa en kumwaak, gibier traqué par les chasseurs et les cultivateurs, qui constatent les dégâts dans leurs champs,
  • Cerfs, Doubé en kumwaak, l'espèce la plus emblématique de la région de Koumac (un des éléments présents sur ses armoiries) mais aussi la plus nuisible qui détruit très rapidement tous les écosystèmes, notamment la forêt sèche. Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie encourage la chasse aux cerfs en rachetant les mâchoires.

Environnement

La politique en faveur de la protection de l'environnement et des écosystèmes naturels de la commune de Koumac a été initiée depuis la fin des années 2000. Il s'agit par exemple :

  • le tri des déchets ménagers par le SIVM Nord ;
  • la chasse aux dépotoirs sauvages ;
  • la mise en place de gardes nature par la province Nord ;
  • la réhabilitation de l'ancien « dépotoir Â» ou décharge située à Tangadyu Bwulié en langue kumwaak, avec une revégétalisation permettant une réintroduction d'espèces de la forêt sèche ;
  • la sensibilisation des plaisanciers fréquentant les îlot alentour aux nuisances qu'ils pourraient engendrer sur les colonies de sternes, des oiseaux endémiques et fragiles dont les nids se font à même le sol. Chiens, rats et hommes en sont les principaux prédateurs. L'association d'ornithologie, avec l'aide de la commune, entreprend des campagnes de dératisation des îlots Tangadyu (tagaayu) et l'îlot Rat (kamwaak)

Toutefois, des efforts restent à faire en matière environnementale :

  • la commune n'a aucune aire marine protégée alors qu'elle se situe près des zones inscrites par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité ;
  • une véritable campagne de sensibilisation destinée à la pêche raisonnée des ressources du lagon serait souhaitable. Koumac est réputée pour ses poissons mais la pression humaine liée à une forte fréquentation du lagon, le nombre de navires de plaisance et la pollution causée par l'exploitation minière font baisser les ressources.

L'environnement est une compétence provinciale. Cette collectivité a réglementé ces dernières années la chasse et la pêche soit en appliquant les conventions internationales sur la protection des espèces menacées de disparition soit en rajoutant sur la liste d'autres espèces. Les espèces suivantes sont par exemple interdites :

  • la tortue ou Wan en kumwaak
  • le dugong ou la vache marine ou Modap en kumwaak
  • le napoléon ou Naami en kumwaak.

Tandis que la chasse aux roussettes et aux notous est réglementée comme la pêche aux picots.

Village

Le chef-lieu de la commune porte le même nom que la commune, lui-même hérité du nom du pays traditionnel kanak et de la langue kanak qui y est parlée, le phwaxumwaak.

Le village est installé près de l'embouchure de la rivière Koumac, phwaa Djahot, et de la pointe de Pandop, maa kuhonvaa, au bord de la lagune du Pahéa, doh til gkuui.

  1. ↑ Distance à vol d'oiseau ou distance orthodromique.
  2. ↑ Selon .
  3. ↑ D'après «  Â», sur Service de la météorologie de la Nouvelle-Calédonie (consulté le ).
  4. ↑ Des orques à Koumac

Histoire

Peuplement mélanésien : - 1100 av. J.-C.

Arrivés vers 1100 ans av. J.-C., les premiers hommes connus débarquent à bord de leurs pirogues sur les côtes de l'extrême nord de la Grande Terre. Ces Mélanésiens venus d'Asie du Sud-Est, s'implantent aux embouchures des rivières avec leurs traditions : céramique (poteries Lapita), culture de l'igname et du taro, confection d'armes, d'outils de pêche et de parures à base de coquillages, fabrication de pirogues à balancier.

Au fil des siècles, ces hommes s'organisent et se structurent, en chefferies et en clans, autour de l'igname et de la terre.

Les Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie se différencient et constituent ainsi une civilisation singulière, la civilisation kanak.

Les momies de la rivière Fwaténawé n'ont pu être étudiées avant destruction (Jean Guiart 2002).

Premiers contacts avec les Européens : | ]

À la fin du XVIIIe siècle, les premiers Européens arrivent : ce sont les premiers contacts.

Tout au long du James Cook en septembre 1774), aventuriers (baleiniers, santaliers, marchands de concombres de mer ou d'holothuries), scientifiques (ornithologues, botanistes, géologues dont Jules Garnier) et missionnaires (catholiques et protestants) sillonnent l'archipel de la Nouvelle-Calédonie dont le nord de la Grande Terre y compris dans la région de Koumac. Il s'agit d'exploiter les ressources et d'évangéliser les populations océaniennes. L’œuvre civilisatrice de l'Europe commence. En 1846, du charbon est découvert à Koumac, mais sa qualité médiocre ne permet pas une exploitation rentable.

Prise de possession et colonisation française : | ]

Le 24 septembre 1853, la Nouvelle-Calédonie devient officiellement une colonie française sur décision de l'empereur Napoléon III. L'amiral Febvrier Despointes signe les traités avec certaines chefferies de la Grande Terre et de l'Ile des Pins.

En 1861, le chef Bwarat de Hienghène (côte Est) établit une nouvelle chefferie à Koumac.

En 1863, le lieutenant de vaisseau Mathieu mène une expédition punitive contre la tribu de Koumac, auteur d'exactions anti-colons.

En 1869, le cantonnement en Nouvelle-Calédonie oblige le regroupement des villages kanak dispersés pour mieux les contrôler et les surveiller. Les réserves sont ensuite créées. L'objectif étant aussi de récupérer les terres les plus fertiles pour la colonisation pénale (1863 : la Nouvelle-Calédonie devient une terre de transportation ou « terre de bagne Â») puis pour la colonisation libre (à la fin XIXe siècle, la Nouvelle-Calédonie devient peu à peu une colonie de peuplement). Avec l'instauration de l'indigénat à partir de 1887, les Kanak obtiennent le statut d'indigènes : libertés individuelles limitées (libre circulation réglementée) voire supprimées (aucun droit politique). La colonisation française bouleverse les traditions et l'organisation sociale et politique de la société kanak.

La grande révolte kanak de 1878, menée par le chef Ataï, affecte faiblement la région de Koumac, tout comme celle des chefs Noël et Bouarat en 1917.

Les premières familles de colons européens sont les Mandiare, les Weiss (les frères Victor, Georges et Albert), les Bonnenfant, les Boudoube et les Pacilly.

Naissance du centre minier de Tiébaghi

Avec la découverte du nickel par Jules Garnier en 1866 (la garniérite) puis des autres minerais dans le Nord de la Grande Terre (cuivre, chrome, or) par d'autres, c'est le début de la « ruée vers l'or vert Â». Les régions de Koumac, Poum et Ouégoa sont alors mises en valeur par l'exploitation minière.

Le premier acte de concession pour le chrome du massif de Tiébaghi date de 1877. L'exploitation démarre en 1901.

La baie de Néhoué n'offrant pas les conditions favorables pour le chargement du minerai, Paagoumène est choisi comme lieu de chargement et de ravitaillement à partir de 1908.

En 1902 : Lucien Bernheim fonde la Société Le Chrome qui exploite Tiébaghi. À sa mort en 1919, le domaine minier de La Société est rachetée par la SLN. Un transporteur mécanique relie Tiébaghi et le port de Paagoumène. C'est le début à Koumac du peuplement européen et du peuplement asiatique.

La mine recrute à l'étranger de la main-d’œuvre. Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, des Tonkinois venus d'Indochine, des Javanais ayant quitté les Indes néerlandaises, des Japonais et quelques Néo-hébridais se retrouvent dans l'extrême nord de la Grande Terre, dans la région de Koumac pour travailler à la mine.

Travailleurs engagés asiatiques

En 1897, le dernier convoi de transportés arrive en Nouvelle-Calédonie. Les compagnies minières qui louent à l'administration pénitentiaire des forçats (0,50 franc par jour et par bagnard) doivent désormais trouver une autre main-d’œuvre, sachant que les Kanak sont peu nombreux à vouloir travailler dans la mine où les conditions sont rudes.

Ainsi, des milliers de travailleurs asiatiques sont recrutés par les compagnies minières pour des contrats de 5 ans. Des centaines travaillent à Tiébaghi : ils sont originaires de la région du Tonkin en Indochine (colonie française). Ils sont appelés Chân Dăng, les pieds liés. D'autres viennent du Japon ou des Nouvelles-Hébrides (ancien condominium franco-britannique) et quelques-uns ont quitté leur île de Java dans les Indes néerlandaises (Indonésie, ancienne colonie des Pays-Bas). Ce sont essentiellement des hommes mais des femmes font le voyage et sont embauchées comme domestiques dans les familles européennes ou comme cuisinières à la mine. Tonkinois, Javanais et Néo-hébridais, sujets appartenant à une puissance coloniale, ont le même statut que les Kanak : l'indigénat. Ces indigènes non citoyens disposent de peu de droits : leur liberté de circulation est par exemple règlementée. Il reste quelques descendants de ces travailleurs asiatiques à Koumac.

Un | ]

Lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), des Koumacois partent se battre au front en France aux côtés des Français et des Anglais contre les Allemands.

Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), les Américains débarquent en Nouvelle-Calédonie en 1942. Koumac reçoit des GI's qui aménagent une piste d'aérodrome près du village pour installer une base américaine et recevoir des bombardiers moyens jusqu'à leur départ en 1946.

Monument aux morts dédié aux soldats de la Première Guerre mondiale (1914-1918)

Dans les années 1930, l'exploitation minière à ciel ouvert est abandonnée au profit de l'exploitation souterraine. Les cours du chrome fluctuent en fonction du contexte mondial : crise de 1929 aux États-Unis puis en Europe, Seconde Guerre mondiale (1939-1945). La fin du second conflit mondial permet une hausse provisoire de la demande en minerais : reconstruction de l'Europe dès 1945, le début de la Guerre froide en 1947. La Société de Tiébaghi décide de faire appel à une main d’œuvre étrangère : Italiens et Wallisiens. Or, à la fin des années 1950, la production chromite de Tiébaghi n'est plus assez rentable face à la concurrence internationale et à une faible productivité. Les revendications sociales exigées par le personnel dans les années 1950-1960 accentuent un peu plus les difficultés économiques de l'entreprise. En 1964, le centre de Tiébaghi ferme ses portes.

En 1946, la Nouvelle-Calédonie devient un TOM (territoire d'Outre-Mer). La citoyenneté française est alors accordée à tous les Kanak, avec leurs premiers droits politiques, dont le droit de vote. Ce droit devient effectif seulement en 1951, retard dû aux pressions de l'élite européenne et du gouverneur. Les premières associations d'abord religieuses puis politiques voient le jour en 1946 (AICLF : Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français et UICALO : Union des indigènes amis de la liberté dans l'ordre) avant la naissance de l'UC (Union calédonienne) en 1956 (date officielle).

En 1963, la Nouvelle-Calédonie est découpée en quatre circonscriptions administratives : Est, Sud, îles Loyauté et Nord à laquelle appartient Koumac.

En 1977, la partie septentrionale de la commune, soit 46 % du territoire, est rattachée à la commune créée de Poum. Dans les années 1970, c'est l'émergence des revendications sociales, culturelles puis politiques des Kanak. Les premiers étudiants kanak revenus de Métropole après avoir participé à mai 1968, réclament une meilleure prise en compte des droits des Kanak, qui connaissent une marginalisation géographique, sociale, culturelle, économique et politique.

1984-1988, la période dite des « Ã‰vénements Â» ébranle la Nouvelle-Calédonie. Les affrontements sont violents et les tensions vives presque partout en Grande-Terre, mais Koumac semble épargnée. Le métissage, les relations inter-ethniques et la proximité des tribus par rapport au village en sont peut-être les explications.

Le temps des accords

La signature des accords de Matignon le 26 juin 1988 permet d'amorcer une phase de paix et de prospérité économique. La provincialisation est mise en place dès 1989 : Koumac devient commune de la province Nord. Cette nouvelle institution permet d'engager une politique de rééquilibrage économique entre le Sud et le Nord de la Grande Terre : maintenir la population en province Nord en créant des emplois et des activités économiques à Koumac. Il s'agit aussi de réaliser des aménagements de proximité : collège public, équipements sportifs et hôpital. En outre, par le biais de la Sofinor et des aides provinciales, des projets et des micro-projets sont soutenus financièrement. Pandop devient le premier port de pêche en dehors de Nouméa avec l'implantation d'un centre thonier. De plus, La SLN décide d'augmenter sa capacité de production en nickel et lance une modernisation de la mine de Tiébaghi. C'est la renaissance de Koumac, l'exode rural vers le Grand Nouméa ralentit voire recule. Par ailleurs, l'extension du GSMA avec un doublement des effectifs en 2011/2012 (600 jeunes Calédoniens à former par an) poursuit la dynamisation de la commune.

Héraldique

Les éléments présents sur les armoiries de la commune de Koumac sont :

  • deux cerfs : symbole du mode de vie des Broussards et du « coup d'chasse Â».
  • une lampe à pétrole ou à huile : symbole de la commune minière, éclairage utilisé dans les galeries souterraines par les mineurs au temps de l'exploitation de la mine de chrome à Tiébaghi. La mise en valeur de la commune est le résultat de la présence de plusieurs communautés ethniques : européenne, kanak mais aussi asiatique avec les travailleurs engagés sous contrat recrutés en Asie entre la fin du  siècle et la première moitié du  siècle.
  • une flèche faîtière : symbole de l'identité kanak avec cet élément placé au sommet de la case traditionnelle kanak de la Grande Terre (lien entre le monde des esprits et celui des vivants, lien entre les Ancêtres et le Grand chef représenté par le poteau central de la case). C'est également l'occasion de rappeler que le village de Koumac se situe sur une terre coutumière appartenant à la Grande chefferie Boarat'(tein Nading).
  • un îlot et son lagon : Koumac est aussi une commune littorale bordée d'îlots. C'est son côté "coup d'pêche". Il s'agit ici du célèbre îlot Rat au large de Koumac (qui doit son nom à son relief ressemblant à un rat).

Ces armoiries symbolisent donc sa double culture (kanak et caldoche), son héritage minier et son patrimoine naturel.

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Koumac dans la littérature

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