Sare

Localisation

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Sare : descriptif

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Sare

Sare est une commune française située dans le département des Pyrénées-Atlantiques en région Nouvelle-Aquitaine, à la frontière avec l'Espagne

Elle est adossée à la chaîne pyrénéenne, qui forme autour du bassin occupé par le bourg un cirque ouvert vers l'est et le nord

Son histoire géologique explique la formation de grottes qui ont été occupées durant l'Aurignacien ; l'âge du bronze a, quant à lui, laissé de nombreux monuments funéraires sur les pistes et les plateaux montagneux de la commune

Son territoire forme aujourd'hui une enclave dans la Communauté forale de Navarre avec laquelle elle partage 25 km de frontière et la langue basque ; cette particularité a eu des conséquences fortes sur l'histoire de la commune, qui a au cours des siècles conclu des accords pastoraux avec les communes espagnoles voisines

Pendant la Révolution française, les Basques du Labourd sont accusés de garder des relations avec les Navarrais et les Guipuscoans, ce qui conduit à la déportation de la totalité des habitants de Sare en mars 1794 dans des conditions très précaires

Dans cet épisode tragique, une partie de la population perd la vie du fait de la déportation et de la famine, conséquence des pillages

Lors de la guerre d'indépendance espagnole, la coalition anglo-hispano-portugaise menée par le duc de Wellington franchit la frontière et repousse les troupes françaises qui se sont retranchées dans des redoutes situées sur la Rhune. La commune recèle un habitat ancien, dont certaines, parmi les 283 maisons recensées à la fin du XXe siècle, datent partiellement du XVe siècle

L'architecture traditionnelle de ces édifices, leur décoration extérieure et leur orientation définissent l'archétype de la maison labourdine rurale tel qu'il existe dans l'imagerie populaire sous le vocable de « maison basque ». La population de Sare est restée stable pendant près de 200 ans, à partir de 1793, ne prenant un essor véritable qu'à partir des années 1990, pour atteindre plus de 2 500 habitants au début des années 2010

L'activité agricole est fortement ancrée dans les paysages, même si la localité a accueilli depuis le Moyen Âge une industrie minière, et plus récemment une usine de traitement de la laine

La proximité de la frontière et la configuration du relief et des voies de communication, ajoutées au partage de la langue basque, ont donné naissance à une économie locale partagée entre l'Espagne et la France, dont les ventas et la contrebande sont les signes les plus frappants. Sare possède un patrimoine naturel sauvage ou semi-sauvage, encadré par des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique, ou protégé par des réglementations nationales ou régionales. La localité a accueilli des personnalités marquantes, soit issues du village, soit telles qu'Axular, considéré comme le premier prosateur de langue basque, ou bien Napoléon III ou Édouard VII, attirés par les paysages et les grottes, ou par les démonstrations de pelote basque

La localité, qui a fait l'objet d'une étude approfondie de la part de José Miguel de Barandiarán, a, sous le nom d'Etchezar, également servi de modèle à Pierre Loti, pour figurer le village de Ramuntcho.

Géographie

Localisation

Frontières de Sare avec les communes limitrophes. Le trait rouge indique la position de la frontière entre l'Espagne et la France.

La commune, qui fait partie de la province basque du Labourd, est située à l’extrême sud-ouest du territoire français, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, à la frontière avec l’Espagne (Navarre) ; les trois cinquièmes de son territoire forment un enfoncement dans la Navarre espagnole située au sud. La côte atlantique la plus proche est celle de la baie de Saint-Jean-de-Luz, localité située à quelque 11 vol d’oiseau. À l’ouest, le finage, après avoir suivi la frontière espagnole, s’achève à la borne 24, proche du sommet de la Rhune qui culmine à 905 mètres ; c’est également le point le plus haut de la localité, que la commune partage avec — outre Bera ou Vera de Bidasoa qui appartient à la comarque navarraise de Cinco Villas — les communes françaises d’Ascain et d’Urrugne. C’est d’ailleurs le seul point de contact qui unit Sare à Urrugne. À l’est, le finage quitte la frontière avec l’Espagne — qui s’étend sur 25 .

En termes de géographie politique, Sare est une commune de l’ancienne province basque du Labourd.

Communes limitrophes

Les communes limitrophes sont Ascain, Saint-Pée-sur-Nivelle, Urrugne, Baztan, Bera et Etxalar.

Communes limitrophes de Sare,
Ascain Saint-Pée-sur-Nivelle
Urrugne
(par un quadripoint)
Sare
Vera de Bidasoa/Bera
(Espagne)
Etxalar/Echalar
(Espagne)
Baztan
(Espagne)

Relief et géologie

Sare s’est développée dans un petit bassin situé contre les premiers contreforts pyrénéens. La localité est dominée à l’ouest par la Rhune, et son relief s’infléchit du sud-ouest vers le nord-est. Au sud, le territoire est bordé par une chaîne, qui s’étend du pic Ibanteli — culminant à 698 , alors qu’à l’est le bassin s'ouvre sur la vallée de la Nivelle, l’Artzamendi et le Mondarrain qui dominent Ainhoa et Espelette.

La superficie de la commune est de 5 134 hectares (au , ; son altitude varie entre 27 et 881 mètres. L’altitude la plus basse est constatée à l’est du village, à proximité de la chapelle Sainte-Catherine, elle-même à 36 mètres de hauteur, alors que le bourg proprement dit est établi sur un mamelon dans la plaine située au pied des montagnes. Le repère géodésique présent sur la façade de la mairie indique 77,29 ,.

Le relief saratar reflète un assemblage complexe de blocs soit juxtaposés, soit en chevauchement. Il est le résultat de l’orogenèse qui a donné naissance aux Pyrénées actuelles, débutant il y a 80 millions d’années (MA) et s’étendant sur près de 50 MA ; le phénomène de plissement a atteint un paroxysme entre - 40 et - 30 MA. Le paysage de la localité s’explique par l’évolution de trois unités structurales qui en forment l’ossature : la dépression de Sare - Ainhoa s’appuyant au sud sur le massif des Cinco Villas et se développant vers l’est, le massif de la Rhune à l’ouest du territoire, et enfin le pays du flysch d’Ascain - Saint-Pée-sur-Nivelle - Espelette s'ouvrant sur le nord de la localité.

Crétacé
Carte structurale de la région de Sare, d’après Philippe Razin.
Traits jaunes : frontières municipales ;
Traits orange : frontière nationale ;
Traits noirs : limites des zones géologiques.
1 : Cinco Villas, Paléozoïque et Trias
2 : dépression de Sare, flysch calcaire
3 : massif de la Rhune, Paléozoïque et Trias
4 : flysch nord d’Ascain et St-Pée
5 : flysch nord de Sare
6 : Trias supérieur
7 : calcaire de Sare
Période Séries Étage Âge (Ma)
Paléogène Paléocène Danien Plus jeune
Crétacé Supérieur Maastrichtien 72.1 - 66.0
Campanien 83.6 - 72.1
Santonien 86.3 - 83.6
Coniacien 89.8 - 86.3
Turonien 93.9 - 89.8
Cénomanien 100.5 - 93.9
Inférieur Albien ≃113.0 - 100.5
Aptien ≃121.4 - ≃113.0
Barrémien 125.77 - ≃121.4
Hauterivien ≃132.9 - 125.77
Valanginien ≃139.8 - ≃132.9
Berriasien ≃145.0 - ≃139.8
Jurassique Malm Tithonien Plus âgé
Subdivision de la période Crétacé selon l'UISG, août 2018.

Durant le début du Crétacé inférieur, la zone observée reste émergée, alors que la mer subsiste à l’est, couvrant les actuels Arberoue et Arbaille, et que le massif de Biscaye auquel appartiennent alors les Cinco Villas occupe le golfe de Gascogne. Le mouvement d’étirement qui se produit à la fin du Crétacé inférieur morcelle l’écorce terrestre, et ouvre de larges sillons que la mer occupe. Durant l’Albien en effet, un large fossé marin forme d’est en ouest un domaine qui s’étend de Mauléon à Saint-Jean-de-Luz, se rétrécissant à l’approche du massif de Biscaye. Au Cénomanien, alors que le niveau moyen des océans s’élève, la mer occupe à nouveau la zone saratare, et des sédiments se déposent sur l’épaisse assise calcaire, formant le soubassement de la dépression de Sare. Le massif des Cinco Villas forme alors l’un des hauts-fonds du nord des Pyrénées occidentales. Ces premiers sédiments sont des sables et des graviers de plage ; ils sont à l’origine des grès dits « de Zugarramurdi ». Les calcaires de Sare sont d’âge cénomanien moyen à coniacien inférieur, résultat d’une sédimentation carbonatée établie en plate-forme. Ils affleurent en lentilles discontinues redressées à la verticale, en périphérie sud et est de la dépression de Sare. On les trouve en effet à Ainhoa, Dancharia, Zugarramurdi, aux grottes de Sare et à Vera-de-Bidasoa. La zone centrale du dépôt des calcaires de Sare est peu profonde, récifale et périrécifale. Cette zone périrécifale a accueilli des boues calcaires chargées de débris de coraux et de coquillages, qui, une fois solidifiées, ont laissé la place à un calcaire dit « bioclastique », dans lequel se sont creusées les grottes.

Au Coniacien, tout le socle régional amorce un affaissement, et les calcschistes ensevelissent les calcaires. Au Campanien, le sillon du flysch carbonaté — produit du démantèlement de terres en cours de surrection active — conquiert le domaine des calcschistes, puis laisse à son tour la place à un bassin de flysch argilo-gréseux.

Paléogène

Le bel ordonnancement issu du Crétacé supérieur se trouve bouleversé vers le milieu de l’Éocène — deuxième époque du Paléogène, qui a succédé au Crétacé — ouvrant la voie à l’orogénèse pyrénéenne. À cette époque en effet, la plaque ibérique entre en collision avec la plaque européenne, dans une poussée orientée du sud vers le nord. Conséquence locale, sous cette poussée la zone sud du bassin de Sare se redresse, et le sillon qu’elle délimite forme un gigantesque synclinal, dans lequel les parties les plus malléables — calcschistes et flysch — se plissent, alors que les calcaires et les grès formant le socle se cassent. Au nord, le bassin de Sare et le massif de la Rhune s’enfoncent sous la partie nord du sillon de Saint-Jean-de-Luz, tout en se séparant l’un de l’autre sous l’action de la surrection de la Rhune.

Les grottes de Sare
Entrée des grottes de Sare.

Comme indiqué ci-dessus, les calcaires de Sare affleurent, dressés à la verticale, notamment au pied du versant nord du pic Atxuria, situé au sud de la localité ; et culminant à 757 . Lorsque — sans doute durant le Miocène, c’est-à-dire il y a moins de 25 millions d’années — la couverture protectrice du gisement s’est affaiblie, l’eau de pluie a commencé un travail de dégradation, début de la phase de karstification, qui s’est sans doute amplifié au cours de périodes très pluvieuses du Quaternaire. La grotte Lezea (ou trou d'Urioa, ou encore Artzlezea, la « grotte aux ours ») est établie à 220 , sur trois étages superposés, dont le second correspond au niveau d'entrée ; il est également le plus étendu. Le porche d'entrée mesure 50 .

En surface du karst de Sare, des cavités tronquées ont été identifiées. Elles sont antérieures aux grottes aménagées actuelles, qui n'existent sans doute que depuis quelques centaines de milliers d’années. Celle qui domine le site actuel ne dépasse pas deux mètres de longueur ; ses parois attestent d’un creusement en régime noyé, lorsqu’elle tenait un rôle de drain au cœur du massif calcaire, avant l’abaissement du niveau des eaux qui caractérise notre époque.

Hydrographie

La commune est située dans le bassin versant de la Nivelle, fleuve côtier qui rejoint l’océan Atlantique dans la baie de Saint-Jean-de-Luz. Le vaste territoire communal, niché au pied du massif pyrénéen, est arrosé par 159 ruisseaux et cours d’eau de noms différents, certains d’entre eux recevant plusieurs noms selon les quartiers qu’ils traversent,. Parmi les affluents de la Nivelle, on compte en particulier, de l’amont vers l’aval, le ruisseau de Lizunia (Lizuniagako erreka), ainsi que les tributaires de ce dernier, les ruisseaux de Figarel —  et les affluents de celui-ci, les ruisseaux d’Urio et de Tonba — de Behereko benta et de Portua, de même que l'affluent de ce dernier, le ruisseau d’Herbarrun,. Viennent ensuite les ruisseaux de Tontolo, d’Uzkain, Arraio et de Galardi.

L’omniprésence de l’eau alimentant le territoire saratar — presque chaque ferme a accès à une source ou un captage rudimentaire, suffisant pour satisfaire les besoins de la vie domestique et de l’activité agricole, sans recours à un puits — a permis le développement d'activités économiques spécifiques directes, tels plusieurs moulins hydrauliques, ou indirectes, comme l’alimentation de nombreux fours à chaux. Une source minérale, dite « d’Andoitxea », à forte teneur en fer, a même été répertoriée par la carte de Cassini. La fontaine dite « de Saint-Antoine » (San Antoneko iturria), disparue depuis les années 1950 tout comme le culte dont elle était l’objet, était une source miraculeuse ; les populations locales lui prêtaient des pouvoirs curatifs pour les maladies des yeux et de la peau.

Climat

Historiquement, la commune est exposée à un micro climat océanique basque. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat de montagne et est dans la région climatique Pyrénées atlantiques, caractérisée par une pluviométrie élevée (>1 200 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,1 amplitude thermique annuelle de 11,8 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Ciboure à 11 vol d'oiseau, est de 15,0 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Voies de communication et transport

Infrastructure routière
Panneaux de direction sur la D 306.
Panneaux de direction vers Vera de Bidassoa.

Sare se trouve à un carrefour, résultant de sa position de plaque tournante aux pieds du massif des Pyrénées, entre la plaine vallonnée qui s’ouvre sur le Pays basque français au nord, et les vallées du Baztan et de Cinco Villas en Navarre au sud.

Sare est reliée au quartier Cherchebruit de Saint-Pée-sur-Nivelle, peu après avoir dépassé la chapelle Sainte-Catherine — notée Santa Katalina sur le site Géoportail — par la route départementale D 4, qui laisse le village après avoir longé le sud du quartier Ihalarre et le ruisseau de Portua. Cette même route quitte le bourg au nord-ouest pour atteindre Ascain, une fois franchi le col de Saint-Ignace (169 train à crémaillère menant au sommet de la Rhune.

La route départementale D 406, qui longe le ruisseau de Lizunia, relie Sare à Vera de Bidassoa en Navarre en empruntant le col de Lizuniaga (250 . La D 306, en provenance d’Etchalar, également en Navarre espagnole, et du col de Lizarrieta (441 .

Transports en commun
La gare de Saint-Jean-de-Luz - Ciboure.

La ligne interurbaine départementale reliant Sare à Saint-Jean-de-Luz a été récupérée par l'agglomération Sud Pays basque et est devenue en la ligne 21 du réseau de bus Hegobus.

Cette ligne est en correspondance avec la gare la plus proche, celle de Saint-Jean-de-Luz - Ciboure ; elle est desservie par le TGV sur la ligne de Bordeaux-Saint-Jean à Irun entre les gares ouvertes de Biarritz et de Hendaye.

Une ligne de tramway électrique a été exploitée par les Voies ferrées départementales du Midi du .

Auto-stop

L'agglomération Sud Pays basque a commencé la mise en place, à partir de fin 2013, d'un réseau d'auto-stop organisé, dit « covoiturage instantané », sur plusieurs de ses communes. La localité la plus proche bénéficiant de ce service est celle de Saint-Pée-sur-Nivelle, au quartier Amotz.

Transport aérien

Le plus proche accès au transport aérien est celui fourni par l'aéroport de Biarritz-Bayonne-Anglet (code IATA : BIQ • code OACI : LFBZ), qui se situe à 24 . Le syndicat mixte pour l'aménagement et l'exploitation de l'aérodrome de Biarritz-Bayonne-Anglet, qui comprend la chambre de commerce et d'industrie de Bayonne Pays basque, l'agglomération Côte Basque-Adour, les départements des Pyrénées-Atlantiques et des Landes ainsi que la commune de Saint-Jean-de-Luz, assure la gestion de l’aéroport. Celui-ci a accueilli près de 1 100 000 passagers en 2013. Il assure de façon régulière des liaisons avec Paris-Orly, Paris-CDG, Lyon, Nice, Genève et Londres Stansted et a offert de mars à octobre 2014 des liaisons avec entre autres, Marseille, Strasbourg, Lille, Charleroi-Bruxelles-Sud, Dublin, Stockholm-Skavsta et Stockholm-Arlanda, Londres, Copenhague, Oslo et Helsinki. Les compagnies desservant l’aéroport sont, au Air France, Etihad Regional, EasyJet, Finnair, Hop !, Ryanair, SAS, Twin Jet et Volotea.


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Toponymie

Le toponyme Sare apparaît sous la graphie Sares en 1152 dans le cartulaire de Bayonne, ; sans doute par analogie avec Serres, paroisse toute proche en direction de Saint-Jean-de-Luz, le texte latin a introduit une marque romane de pluriel au toponyme basque Sara, également romanisé. Selon Jean-Baptiste Orpustan, le basque Xara — « taillis, bosquet » — est à l’origine du toponyme actuel.

La graphie moderne Sare est trouvée en 1289 et il faut attendre le . Durant la Révolution, à partir de 1793, Sare fut temporairement nommée La Palomière, en référence à la tradition de chasse à la palombe pratiquée localement entre le bassin de Sare et la vallée d'Etxalar.

Le dictionnaire toponymique Béarn-Pays basque de 1863 est assez disert sur les toponymes de la localité. Ainsi, Haranburua apparaît sous les formes Haramboure () et Haramburua. On y trouve également Helbarrun sous la graphie Helbarren, Istilarte (Istillarte), Lehenbizkai sous la forme Léhembiscay et Olhalde en tant qu’Olhade.

Le nom basque actuel de la localité est Sara et le gentilé est Saratar,.


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Histoire

Préhistoire

Les grottes de Sare ont probablement été occupées par l'Homme durant l’Aurignacien — 30 000 ans avant le présent (AP) — puis à nouveau au Périgordien supérieur, dit Gravettien, il y a 20 000 ans,. La grotte de Lezea, principal site ouvert au public, a subi dans son histoire récente nombre de dégradations qui ont fait disparaître toute trace analysable des antiques vestiges ; en effet, l’extraction du guano de chauves-souris pour servir d’engrais agricole local, l’utilisation du site comme hôpital au guerres carlistes, et son aménagement touristique initial, par la création d’un lac artificiel et l’obstruction de galeries, ont définitivement et profondément modifié la grotte, empêchant l’analyse moderne habituelle des sites préhistoriques. Ces dégradations ont été constatées dès 1912 par Emmanuel Passemard, et confirmées par José Miguel de Barandiarán en 1957, qui a également étudié les grottes voisines d’Uriobeherea, Uriogaina et Lezettikia.

Les outils découverts à Lezea sont des grattoirs carénés, probablement de l’Aurignacien, des burins de Noailles et des pointes de la Gravette. L'unique objet en os mis au jour est une sagaie à fût strié, dépourvue de base. Des fragments de céramiques de l’âge du bronze ont été découverts dans la grotte de Lézéa, ainsi que dans celle d’Uriobeherea, de même que des haches en cuivre ou en bronze à l’extérieur de ces sites. Les investigations dans la grotte de Lezea ont également permis d’identifier une faune préhistorique constituée de cerf élaphe, de bovidés, grands et petits, de cheval, sanglier, chèvre des montagnes, chevreuil, isard, bouquetin des Pyrénées, renne, loup et enfin, d’ours des cavernes.

De l’âge du bronze nous sont parvenus des monuments funéraires, tels des dolmens ou des coffres dolméniques de dimensions plus modestes, nombreux sur le territoire communal, mais souvent saccagés et pillés au cours des derniers siècles. On trouve également des cromlechs, évolution du rite funéraire vers l’incinération, érigés le long des pistes pastorales, à des altitudes supérieures à celles des sépultures mégalithiques déjà citées. Outre les cercles de pierres — formés de dalles enfoncées dans le sol ou d'une petite élévation en pierres sèches au centre desquels se trouve assez systématiquement un dépôt de cendres ou de charbons de bois — qui sont les cromlechs proprement dits (baratz), deux variantes sont assez fréquentes. Le tumulus-cromlech est un cercle de pierre, appelé également « péristalithe », entourant un tumulus de terre ou de pierres, et le tumulus simple, de terre ou de pierre, tel celui décrit sous le nom Zuhamendi 3. Le territoire de Sare fournit trois exemples de cromlechs, un de tumulus-cromlech et cinq de tumulus simples. Il faut remarquer que l’un de ces tumulus a été daté assez curieusement d'une période qui s’étend de 714 à 1113 de notre ère, c’est-à-dire appartenant au Moyen Âge.

Deux menhirs se dressent sur le territoire communal. L’un, situé à 270 . Le second est de dimensions tout aussi respectables ; dalle grossièrement rectangulaire d'une hauteur de 2,7 . Jean Blot voit dans ces menhirs des bornes pastorales, délimitant des territoires et se rapprochant des faceries existant encore aujourd’hui. À ce titre, la table de Lizuñaga, au pied du col éponyme et au sud de Sare — à la borne 36 très précisément — est un exemple significatif des accords existants entre la localité et Vera de Bidassoa. La pierre que l’on peut voir aujourd’hui est une reconstitution d’une ancienne dalle qui mesurait plus de onze mètres de long sur un mètre de large, à cheval sur la frontière — sept mètres en France et quatre en Espagne — avec de part et d’autre douze grosses pierres également réparties (six dans chaque juridiction) et servant de siège aux mandataires.

Antiquité

Trésor de monnaies romaines découvert dans les grottes de Sare.

Le territoire de Sare est riche d’enceintes défensives qui datent de la période troublée qui a vu des incursions proto-celtes, centre-européennes, ou celtes traverser les Pyrénées. La redoute dite improprement « Louis XIV », située au nord-est de Sare, en était un exemple ; enceinte de type « à parapet de pierre », elle mesurait 165 . Ces enceintes accueillaient les populations agro-pastorales de ce petit territoire, dont les monuments funéraires sont parvenus jusqu’à nous.

Le musée des grottes de Sare expose un trésor monétaire romain, découvert dans la grotte d’Urio Beherea. Aucun établissement romain n’a été à ce jour attesté sur le territoire communal, le pont piétonnier dit « romain » datant du .

Moyen Âge

Les documents datant du Moyen Âge et permettant de se faire une idée de la vie de la localité et des événements marquants sont rares et partiels. Les maigres témoignages existants proviennent des restes des registres paroissiaux, et d’un livre des faceries, rendant compte des accords pastoraux décennaux avec les voisins navarrais. La paroisse de Sare établit donc très tôt une communauté économique avec ses voisins espagnols de Vera de Bidassoa, Etchalar et Zugarramurdi, signant, en des lieux limitrophes des différentes paroisses, comme sur la table de Lizuñaga, des conventions « pour vivre en paisible union, comme de tous temps, touchant herbes, eaux, pacages […] en conformité des anciens contrats passés entre les communautés ».

De cette période, on connaît néanmoins certaines familles, ou plutôt maisons, les premières portant le nom des secondes. La maison forte Arizmendia a été édifiée en 1289, et la famille de Lahet — ou Lehet, ou encore Lehetia en basque — existe déjà en 1233, et est donnée pour noble en 1357. Hurayian Corboran de Lahet, vicomte de Navarre, suivit Saint Louis durant la septième croisade. La maison donna également un évêque à Bayonne — Bertrand de Lehet, de 1504 à 1519 — qui fit imprimer en 1492 le Bréviaire de Bayonne ; un siècle plus tard, on trouve un Bernard de Lahet, avocat du roi au Parlement de Bordeaux. Enfin, les maisons Iratzea et Iturbidea sont mentionnées en 1451.

Temps modernes

L’ouvrage d’Axular, Gero, bi partetan partitua eta berezia (1643).
Pierre tombale d’Axular et de son neveu, située dans l’église Saint-Martin.

Le curé de la paroisse, Axular, né en 1556 à Urdazubi et mort le 8 avril 1644 à Sare, est considéré comme le premier prosateur de langue basque. Son unique ouvrage, Gero (ou Guero, « Après »), est écrit non seulement dans un but religieux, mais également dans un objectif patriotique : « il semble aujourd’hui que l’euskara est honteux, étranger, qu’il n’ose pas fréquenter les gens, qu’il n’est ni capable, ni vainqueur, ni habile. Car même parmi ses compatriotes, certains ne savent ni comment l’écrire, ni comment le lire. Si l'on avait fait en euskara autant de livres qu’on en a faits en latin, en français, et dans d’autres langues étrangères, l’euskara lui aussi serait aussi riche et accompli que ceux-là, et s’il n’en est pas ainsi, ce sont les Basques qui en ont la faute et non l'euskara […] ». On doit également à Axular, fin administrateur, la surélévation de l’église Saint-Martin.

La frontière de 25 Pays basque espagnol — villages de Zugarramurdi, Etxalar et Vera de Bidassoa — a profondément marqué son histoire. Cela lui attira la considération de Louis XIV, et plus tard les foudres de la Révolution. En 1693, les Saratars, avec à leur tête Cristobal Ithurbide, mirent en déroute des pilleurs espagnols. Louis XIV octroya au village des armoiries, pour conserver le souvenir de cette action intrépide. En octobre de cette même année, et malgré l’opposition de la maison Lahet qui y voyait une atteinte à ses privilèges, la paroisse acheta au roi sa liberté administrative, néanmoins placée sous l'autorité directe des représentants royaux qu’étaient l’intendant et le subdélégué.

Quoiqu’éloignée de la côte, Sare mobilisa en 1636 et 1637, 532 hommes, soit un tiers de sa population, pour se défendre alors que les cités atlantiques étaient occupées, et que Ciboure, Urrugne et Ascain subissaient des dégâts parfois importants.

Révolution française et Empire

En 1790, Sare devint le chef-lieu d'un canton comprenant les communes d'Ainhoa, Ascain et Sare, et dépendant du district d'Ustaritz.

En février 1794, au plus fort de la Terreur, et à la suite de la désertion de quarante-sept jeunes gens d'Itxassou, le Comité de salut public — arrêté du 13 ventôse an II - 3 mars 1794 — fit arrêter et déporter une partie des habitants (hommes, femmes et enfants) d'Ainhoa, Ascain, Espelette, Itxassou, Souraïde, ainsi que tous ceux de Sare, communes décrétées, comme les autres localités proches de la frontière espagnole, « communes infâmes ». Cette mesure fut étendue à Biriatou, Cambo, Larressore, Louhossoa, Mendionde et Macaye.

Les habitants furent « réunis dans diverses maisons nationales, soit dans le district d'Ustaritz, soit dans celles de la Grande Redoute, comme de Jean-Jacques Rousseau ». En réalité, ils furent regroupés dans les églises, puis déportés dans des conditions très précaires à Bayonne, Capbreton, Saint-Vincent-de-Tyrosse et à Ondres. Les départements où furent internés les habitants des communes citées furent le Lot, le Lot-et-Garonne, le Gers, les Landes, les Basses-Pyrénées (partie béarnaise) et les Hautes-Pyrénées.

Le retour des exilés et le recouvrement de leurs biens furent décidés par une série d'arrêtés pris le 29 septembre et le . La récupération des biens ne se fit pas sans difficulté, ceux-ci avaient été mis sous séquestre mais n'avaient pas été enregistrés et avaient été livrés au pillage.

Dispositif militaire saratar des redoutes défendues par l’armée de Soult durant octobre et novembre 1813.

Le maire de Sare, Martin Dithurbide, assisté de 33 notables, adressa aux autorités une pétition qui décrit les conditions de vie durant cette période de déportation de la population :

« Nés dans une contrée qui avait conservé une ombre de liberté au sein du despotisme [...] avec quelle ardeur n'avons-nous pas couru à l'heureuse révolution qui a rétabli le peuple français dans les plénitude de ses droits ! [...]. Nous avons seuls été chargés de construire les baraques qui sont entre Beaugard (Saint-Pée-sur-Nivelle), Ascain et Sare [...]. Nous avons employé plus de 3 000 journées pour les retranchements du camp des Sans-culottes et autres ouvrages publics. Nous avons fourni une quantité immense de briques et de bois de chauffage [...]. Toutes les réquisitions en grains, en fourrages, vêtements, contingents d'hommes ont été ponctuellement exécutées [...]. Pour comble de tourments, plusieurs de nos jeunes filles ont été invitées par nos satellites à se procurer les moyens de subsister par les prostitutions ; nous les avons vues rapporter à leur mère mourant de faim et de soif, des morceaux de pain de maïs ; elles versaient des larmes dont nous ignorions la cause, mais leurs voyages répétés chaque jour nous ont enfin dévoilé cet affreux mystère et nous avons frémi de désespoir et d'horreur [...]. Les biens, meubles et immeubles des habitants de Sare, n'ont été ni constatés ni légalement décrits ; tous nos meubles et effets mobiliers ont été enlevés et portés confusément dans les communes voisines. Au lieu de les déposer dans des lieux sûrs, on en a vendu une partie aux enchères, et une autre partie sans enchères […]. »

Alors que l’armée impériale était engagée dans la guerre d'indépendance espagnole, les Espagnols des Cinco Villas firent un coup de main sur Sare, qui devait demeurer dans l’histoire sous le nom de guerre des chemises. Le 8 octobre 1812 en effet, les voisins navarrais « entrèrent à Sare par la gorge de Vera […] sans aucune provocation de la part de ses habitants […] et y ramassèrent des armes, des chemises et en enlevèrent des gens paisibles […] ». Les habitants furent bientôt libérés sous caution, qui resta un objet de litige entre le cautionnaire-payeur et la commune de Sare jusqu’en 1822.

L'année 1813 vit les troupes anglo-hispano-portugaises battre les armées françaises à Vitoria, et remonter vers le nord pour pénétrer en France. Le maréchal Soult établit une ligne de défense entre Hendaye et Saint-Jean-Pied-de-Port, qui se traduisit localement par la construction de neuf redoutes. Le duc de Wellington installa un observatoire au sommet de la Rhune et engagea, dès le 7 octobre, 40 000 hommes face aux 15 000 soldats français. Durant les combats acharnés, les ouvrages changèrent plusieurs fois de mains. Le 10 novembre 1813, les redoutes Alchangue et Koralhandia furent submergées dès les premières heures de la matinée, bientôt suivies de celles de Sainte-Barbe et de Granada. Alors que Sare était envahie et que l’ouvrage de la Madeleine sombrait à son tour, les redoutes Louis XIV et Zuharmendi, plus au nord, tombaient une à une. Les troupes françaises se replièrent sur Saint-Pée-sur-Nivelle dans l’après-midi, alors que les combats se poursuivaient autour des redoutes, jusqu’au 13 novembre à celle de Sainte-Barbe.

Époque contemporaine

Alors que le télégraphe est déjà présent dans le village depuis 1886, l’électricité arrive à Sare en 1902, grâce à la transformation d'un moulin à eau d’Ainhoa en usine hydraulique. Le téléphone de la poste — le premier bureau de poste existe à Sare depuis 1870 — date quant à lui de 1903.

L’époque contemporaine est marquée par les deux grands conflits mondiaux auxquels Sare paya son tribut. Le monument aux morts de 1914-18, œuvre de Maxime Real del Sarte, rend hommage à 33 Saratars morts au combat. Près de 200 hommes du village furent mobilisés en 1939. Trente jeunes Saratars furent réquisitionnés en 1942 pour construire les fortifications de Socoa. À nouveau, 33 personnes perdirent la vie durant les conflits de la Seconde Guerre mondiale. Le monument aux morts, également du sculpteur Maxime Real del Sarte, rend un hommage particulier à Victor Ithurria, dont l’habileté à la pelote basque avait fait de lui un lanceur de grenades particulièrement efficace.

Appelée à se prononcer par référendum en 1978, la population de Sare rejette le projet de création d'une route menant au sommet de la Rhune, permettant au chemin de fer de la Rhune de survivre, et à la région de garder son originalité.


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  1.  » [PDF], sur eskomedia.org (consulté le ).
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  3. Marianne Joly, Sare, vol. 2, Ekaïna, , p. 11.
  4.  », sur le site de la fondation Euskomedia (consulté le ).
  5. a et b Jean-Noël Darrobers, Sare, vol. 1, Ekaïna, , p. 365 et 366.
  6. Archives nationales, AF II 133/1014, citées par , Histoire générale du Pays basque IV : Révolution de 1789, Elkarlanean, , 432 ISBN  et , OCLC 492295167), p. 300.
  7. Archives nationales, F11/394, 18 vendémiaire an III (9 octobre 1794), citées par , Histoire générale du Pays basque IV : Révolution de 1789, Elkarlanean, , 432 ISBN  et , OCLC 492295167), p. 309.
  8. Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Bayonne, 1935, Gure Herria, 1930-1932, , Histoire générale du Pays basque IV : Révolution de 1789, Elkarlanean, , 432 ISBN  et , OCLC 492295167), p. 309.
  9. Jean-Noël Darrobers, Sare, vol. 2, Ekaïna, , p. 263 - Lettre du maire de Sare au directeur de la forge de Yancy, près de Lesaca, en Espagne.
  10. Jean-Noël Darrobers, Sare, vol. 2, Ekaïna, , p. 266.


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Héraldique

Les armoiries furent accordées au village, en 1693, par Louis XIV, en récompense du courage montré par les habitants pour défendre leur territoire, lors d’une tentative d’intrusion de brigands venant de Vera de Bidassoa.

Blasonnement :
D'azur à la cuirasse d'argent surmontée d'un casque du même et accompagnée de trois fleurs de lys d'or.
  1. a et b Gilbert Desport, Sare, vol. 1, Ekaïna, , p. 19.

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 23/12/2024
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