Dorohoi

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Dorohoi : descriptif

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Dorohoi

Dorohoi ([doroˈhoj], en hongrois : Dorohoj et en yiddish : דורוחוי) est une ville de Moldavie roumaine, dans le județ de Botoșani.

Géographie

Dorohoi est située au nord-est de la Roumanie, dans le nord de la région historique de Moldavie, près des frontières d’Ukraine et de la République de Moldavie, sur la rive droite de la rivière Jijia, qui donne sur un lac au nord. Sa population s’élevait à 24 309 habitants en 2011.

Histoire

Connue dans les environs en tant que marché de bois et de denrées provenant des fermes des montagnes moldaves du nord, le bourg est mentionné pour la première fois dans le traité de Dorohoi, signé en 1408 entre le voïvode moldave Alexandre Ier de Moldavie et le roi de Pologne. Selon ce document, la foire annuelle de Dorohoi existait déjà avant la fondation de l’État Moldave (1359), à l’époque des Iasses.

Dorohoi était, du Moyen Âge jusqu’en 1952, le chef-lieu d’un județ homonyme. Au début du  siècle, de nombreux juifs Ashkénazes, fuyant les pogroms de Galicie et de Russie, s’installent à Dorohoi où ils forment une communauté prospère et intellectuellement effervescente, devenue majoritaire en ville, avec plusieurs synagogues et écoles talmudiques ; elle introduit à Dorohoi de nombreuses innovations technologiques importées d’Allemagne, dont une imprimerie.

Ce développement est interrompu par la Première Guerre mondiale : Dorohoi, se trouvant sur la ligne de front, subit des destructions, est frappée par le typhus et mise en quarantaine. Les Bolcheviks russes y sont actifs en 1918 et enrôlent dans leurs brigades des jeunes de la ville, dont une partie des militants du Bund. Les autorités roumaines ont du mal à rétablir leur autorité à la fin de la guerre et le climat se détériore entre les communautés, mais aussi à l’intérieur de la communauté juive dont les anciens s’opposent au communisme.

Les effets de la crise économique des années 1930 sapent l’autorité du roi de Roumanie Carol II qui impose en février 1938 sa propre dictature pour faire face à la quasi-guerre civile menée par le mouvement fascisant et antisémite de la Garde de fer, à Dorohoi comme ailleurs. En 1939, des combats de rue opposent la gendarmerie royale aux « légionnaires » de la Garde de fer dont plusieurs sont abattus. En la France (qui avait garanti les frontières roumaines le 13 mai 1939) s’effondre, et aussitôt après, l'Union soviétique (liée à ce moment à l’Allemagne nazie par le pacte Hitler-Staline) envahit de territoire roumain. La nouvelle frontière est proche de Dorohoi et quelques militants pro-soviétiques de la ville, issus de la communauté juive, mal informés et pensant que la ville allait être incluse comme l’arrondissement voisin de Hertsa dans le territoire soviétique, s’en prennent imprudemment le 28 juin 1940 à un officier roumain du 3e régiment de garde-frontières, qu’ils traitent de « vermine fasciste ».

L’armée, qui avait perdu dans l’annexion de Hertsa ses premiers morts de la seconde Guerre mondiale laisse ce Shoah en Roumanie. Celle-ci devient systématique à partir d’, quand le « Pétain roumain », Ion Antonescu, chasse le roi Carol II du pays et prend le pouvoir avec l’aide des « légionnaires ».

En , l’Armée rouge soviétique pénètre dans Dorohoi, trop tard pour la communauté juive, en grande partie déportée par l’armée roumaine en Transnistrie, où 47 % de ses membres périrent de froid, malnutrition et dysenterie, voire brûlés vifs après avoir été enfermés dans des hangars. Les survivants ne trouvent que ruines à leur retour, et, si les communistes désormais au pouvoir, voulurent bien les reconnaître comme « victimes du fascisme » (en tant que civils, mais non en tant que juifs), nulle compensation ne leur fut accordée, pas plus qu’aux Roms ou résistants ayant subi déportation et massacres. Dans les années suivantes, la plupart des juifs de Dorohoi, paupérisés, émigrèrent en Israël.

Comme toute la Roumanie, Dorohoi a ainsi beaucoup souffert des régimes dictatoriaux carliste, fasciste et communiste de à , mais connaît à nouveau la démocratie et renaît économiquement et culturellement depuis la révolution de 1989 et depuis son entrée dans l’Union européenne en 2007. Cependant, aujourd’hui encore, la majorité des habitants, de souche locale moldave, vit dans des barres d’immeubles construites sous la dictature dans les années 1960-1980, et dont les adductions d'eau, chauffages centraux et ascenseurs fonctionnent mal. Dans la partie de l’ancien centre-ville épargnée par les guerres et les démolitions de l’« ère Ceausescu », subsistent de petites maisons entourées de potagers, dont les habitants élèvent des volailles. Certaines sont vétustes.

  1. Alain Brossat et Sylvia Klingberg, Le yiddishland révolutionnaire, éd. Syllepse 2009, 294 pp., (ISBN ).
  2. Des deux premiers morts roumains de la seconde Guerre mondiale, tués à Hertsa par les Soviétiques, l’un était un soldat juif du nom de Salomon Iancou. Leur mort est due au fait que le pacte Hitler-Staline ne prévoyait pas l’annexion de l’arrondissement de Hertsa par les Soviétiques, qui ne le revendiquaient pas. Si l’Armée rouge entra dans Hertsa le 28 juin 1940, c’est parce que sur la carte de l’état-major soviétique, l’épaisseur du trait rouge marquant la nouvelle frontière couvrait par erreur Hertsa. Ne le sachant pas, la garnison roumaine tenta de défendre la ville : voir Grigore Gafencu, Préliminaires de la guerre à l'Est, Éditions Egloff et L.U.F. (Librairie de l'Université de Fribourg), Fribourg - Paris, 1944
  3. Marius Mircu, Ce qui est arrivé aux juifs de Roumanie, Glob, Bat Yam et Papyrus, Holon 1996.

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Dorohoi dans la littérature

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