Catane

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Catane : descriptif

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Catane

Catane (en italien : Catania ; en sicilien : Catania /kaˈtanja/) est la deuxième plus grande ville de Sicile après Palerme, tant en termes de superficie que de population

Elle est située sur la côte est de la Sicile, bordée par la mer Ionienne et au pied du volcan actif de l'Etna

Malgré son statut officieux de « deuxième cité de l'île », Catane se hisse à la 10e place des villes les plus peuplées d'Italie et est à la tête d'une province regroupant 58 communes (la ville métropolitaine de Catane) de 1 107 702 d'habitants

La population de la ville proprement dite s'élève à 311 584 habitants. Fondée en 729 av

J.-C

par des colons chalcidiens de la cité voisine de Naxos, Catane contribue à l'épanouissement civilisationnel de la Grande-Grèce mais doit subir de nombreuses catastrophes géologiques : elle est presque intégralement détruite par un tremblement de terre dévastateur en 1169 ; en 1669, une éruption de l'Etna génère d'abondantes coulée de lave qui ont bien failli engloutir la ville, suivie d'un nouveau séisme en 1693 entraînant des destructions considérables. Aux prémices de la Renaissance, elle fut l'un des foyers culturels, artistiques et politiques les plus importants d'Italie, et la première université de Sicile y fut fondée en 1434

Elle a donné naissance aux compositeurs Vincenzo Bellini et Giovanni Pacini, et aux écrivains Giovanni Verga, Luigi Capuana, Federico De Roberto et Nino Martoglio. Centre industriel, logistique et commercial de l'orient sicilien, Catane dispose du premier aéroport de l'île et du cinquième à l'échelle nationale (Catane-Fontanarossa)

Sa configuration actuelle est la conséquence de la reconstruction quasi-totale commencée à la suite des catastrophes de la fin du XVIIe siècle,

La ville offre à ce titre un témoignage exceptionnel de l'exubérance de l'architecture baroque tardive ayant cours à cette époque, et son centre historique figure sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Géographie

Localisation

Représentations cartographiques de la commune
Municipio
Carte OpenStreetMap
Carte topographique
1 : carte dynamique ; 2 : carte OpenStreetMap ; 3 : carte topographique

Catane est située sur la côte orientale de la Sicile, sur la mer Ionienne, entre les villes de Messine (88 Syracuse (52 Etna.

Topographie

À l'extérieur de la ville, l'embouchure du Simeto alimente l'Oasis di Simeto, réserve naturelle d'environ 2 000 hectares, créée en 1984.

Le golfe d'Ognina correspond au mythique « port d'Ulysse » (le Portus Ulixis ou Portus Odysseus cité par Pline l'Ancien), légendaire débarcadère du héros et de ses compagnons avant leur rencontre avec le cyclope Polyphème.

Les plages de la ville sont de sable doré (la Plaia) ou de sable noir (la « petite rade » de San Giovanni Li Cuti). L'expression dialectale « li cuti » correspond aux « queux, aiguisoirs » et peut simplement identifier des « rochers » ou des « affiloirs », lieux appropriés au riblage et à l'érosion des écueils.

Son port, dans lequel se jette le fleuve côtier (et partiellement souterrain jusqu'au sud de la piazza del Duomo) de l'Amenano né dans la plaine, est en forme de faucille.

Comme mentionné par Strabon, l'emplacement de Catane au pied de l'Etna est à la fois une malédiction et une bénédiction. En effet, d'un côté, les éruptions parfois violentes du volcan ont maintes fois détruit la ville au fil de l'histoire, mais de l'autre, la cendre volcanique enrichit le sol de la plaine de Catane et le rend particulièrement fertile, optimal pour la culture de la vigne.

Climat

Figuiers de Barbarie sur la roche volcanique en bord de mer.

Catane bénéficie d'un climat méditerranéen à été chaud (Köppen : Csa), appellation d'autant plus appropriée au climat de la ville qui connaît des étés parmi les plus longs, chauds et secs d'Italie. Et pour cause, les 40 °C peuvent être amplement dépassés en raison du sirocco qui souffle fréquemment sur Catane. Généralement, la température diurne varie toutefois entre 30 et 34 °C et il se peut qu'aucune goutte d'eau ne tombe de toute la saison estivale.

Les hivers sont très modérés (températures diurnes moyennes entre 12 et 20 °C) même si la ville enregistre des refroidissements nocturnes remarquables relativement aux autres villes littorales de cette latitude ; les gelées nocturnes, aussi rares soient-elles, ne sont pas impossibles et la neige peut se montrer abondante sur les hauteurs de l'Etna (mais pas sur la ville, qui est justement abritée par le volcan). Les chutes de neige les plus récentes à Catane ont eu lieu les 9 février 2015, 6 janvier 2017 et 5 janvier 2019, mais la dernière ayant réellement persisté et blanchi le sol remonte au 17 décembre 1988. La plupart des précipitations annuelles sont concentrées entre octobre et avril, accentuant la division de l'année entre une saison humide et une période de sécheresse intense pendant les mois d'été. Catane reçoit environ 750 mm de pluie annuellement, mais cette quantité peut varier considérablement d'une année sur l'autre, oscillant parfois entre 1 200 et seulement 250 mm.

Tableau climatologique de CATANIA / FONTANAROSSA (période 1991-2020).
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 5,4 5,4 6,8 9,2 12,7 16,6 19,2 20,1 17,9 14,7 10,6 7,2 12,1
Température moyenne (°C) 10,4 10,7 12,3 14,7 18,6 22,8 25,5 26,2 23,4 19,7 15,4 11,9 17,7
Température maximale moyenne (°C) 15,8 16,3 18,1 20,5 24,7 29 31,9 32,4 29 25 20,7 16,9 23,4
Ensoleillement (h) 163 144 195,4 225,9 265,2 284,8 325,3 329,3 206,4 197,1 155,7 137,6 2 630
Précipitations (mm) 96,4 62,8 54,6 56,5 28,2 12 11,1 18,4 63,8 107,5 135,3 115,5 762
Source :


Voies de communication et transports

Aéroport de Catane-Fontanarossa.
Métro de Catane.
Plan du métro de Catane.
Porto Ulisse à Ognina.

Selon une enquête, les Catanais passent en moyenne 56 minutes par jour dans les transports en commun, la plupart du temps pour se rendre sur leur lieu de travail ou en revenir. 13 % des usagers des transports urbains voyagent plus de 2 heures par jour. Le temps moyenne d'attente à un arrêt ou une station est de 20 minutes, tandis que 46 % des usagers attendent généralement plus de 20 minutes chaque jour. La distance moyenne que les gens parcourent habituellement en un seul trajet de transports en commun est de 4,7 km, et seuls 3 % d'entre eux dépassent 12 km.

Infrastructures routières

Catane est reliée par autoroute aux deux autres grandes villes de l'île, Palerme (autoroute A19) et Messine (autoroute A18) ainsi qu'à Syracuse (autoroute Catane-Syracuse), Gela et au sud de l'île. Le périphérique de Catane est le plus grand raccord autoroutier de l'île.

Transports urbains

Le métro de Catane, ouvert en 1999, ne possède pour l'heure qu'une seule ligne longue de 8,8 . Un prolongement est prévu de la ville satellite de Paternò à l'aéroport de Fontanarossa.

Desserte ferroviaire

Il existe quatre gares ferroviaires (la principale, Catania-Centrale, est notamment desservie par les lignes Messine-Syracuse, Catane-Gela, Catane-Palerme) en plus de la gare de Nesima de la ligne dite « Circumetnea » (ligne à voie étroite de 110 km qui fait le tour de l'Etna et grimpe jusqu'à 1 000 Giarre-Riposto au nord).

Desserte aérienne

La ville dispose d'un aéroport international, Catane-Fontanarossa, qui porte aussi le nom de Vincenzo Bellini depuis 2007. C'est le principal aéroport de Sicile.

Transport maritime

Le port de Catane est le point de départ d'une ligne de ferry vers Naples.

  1. Pierre Lévêque, « Les colonies chalcidiennes de la côte orientale », La Sicile, Presses universitaires de France, « Nous partons pour », 1989, p. 261-278. [lire en ligne]
  2. « [https://www.weatherbase.com/weather/weather-summary.php3?s=6461&cityname=Catania,+Sicilia,+Italy&units= Catania, Italy K�ppen Climate Classification (Weatherbase)] », sur Weatherbase (consulté le )
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Toponymie

  • Monnaie de Katánē ().
    U Liotru, symbole de Catane qui lui a valu son nom sous la domination arabe.
    Katane, village siculien : nom de la population autochtone de Sicile, les Sicules, qui se traduit par « râpe, racloir, couteau à écorcher, écorcherie » ainsi que, in extenso, « lieu âpre, territoire tranchant et raboteux, sol rêche », en relation avec les décors de lave du panorama et de sa collocation géographique aux pentes de l'Etna. Le biographe grec Plutarque confirmera cette interprétation ;
  • Katánē (Κατάνη [katánɛː]), colonie grecque : version hellénique de l'homonyme village des Sicules. Pour une brève période, sous le tyran syracusain , elle fut appelée Αἴτνη (Aítnē ou Ætna), lorsqu'a été frappé le tétradrachme d'Ætna réputé être la monnaie la plus chère du monde ;
  • Catina [ˈkatɪna] ou Catana [ˈkatana], cité romaine : formes latines du nom grec. La première a eu majeure fortune pour l'assonance et la féminisation du vocable catinus, qui possède un double sens. Il peut signifier soit « écuelle, bol », soit « baie marine ou golfe ». Les deux sens trouvent leur justification évidente dans la position naturelle de la ville, « enfoncée sur la lave comme une couronne » et « située à proximité du golfe de Catane ». Tetrapolis (« les quatre villes ») fut employé occasionnellement surtout pour commémorer le premier arrangement urbanistique des colonies chalcidienne et latine (constituée de quatre agglomérations originairement distinctes) et leur inexorable fusion : la Demetria, la Luna, l'Aetnapolis et la Civitas ;
  • Appellatifs arabes sous l'émirat de Sicile, à partir du  siècle : Balad-al-Fil (بلد الفيل, « village, territoire de l'éléphant »), Madinat-al-Fil (مدينة الفيل, « cité de l'éléphant »), dans les deux cas en référence à la même sculpture de lave en forme de l'animal éponyme érigée de nos jours sur la fontaine de la piazza del Duomo, Wadi Musa (وادي موسى, « rivière de Moïse », nom arabe du fleuve Simeto), Qaṭāniyyah, (قطانية, la famille des plantes des légumineuses, produits typiques de la plaine de Catane avant l'arrivée des Aghlabides, lesquels seront par la suite les promoteurs et principaux diffuseurs des cultures extensives d'agrumes en Sicile). Ce dernier toponyme fera naître le nom actuel ;
  • Les dénominations médiévales furent Cathania et Catanea jusqu'à l'émergence de la forme moderne et contemporaine Catania.
  1.  » [], sur sicilia.indettaglio.it (consulté le )
  2. Alessandro Internet Archive, La Sicilia musulmana, Bologna : Il mulino, (ISBN , lire en ligne)

Histoire

Antiquité

Fondation de la ville
Cratère représentant une scène de symposion (mot grec pour « banquet ») conservé au castello Ursino.

La ville fut probablement fondée par des colons grecs originaires de Chalcis en 729 av. J.-C. : selon Thucydide, quatre ans après la fondation de Syracuse, des colons grecs partirent de Chalcis et de la cité voisine de Naxos sous la conduite de Théoclès et d'Evarchos. L'expédition se sépara en deux, le groupe conduit par Théoclès fondant Léontinoi (Lentini) et celui mené par Evarchos fondant la future cité de Katánē. Après sa mort, l'œciste Evarchos sera héroïsé et son tombeau érigé sur l'agora de la cité.

L'acropole de la cité se trouve au sommet de la colline de monte Vergine, une position défendable située immédiatement à l'ouest du centre-ville actuel. Le port de Catane, très fréquenté tout au long de l'Antiquité, est établi en un point stratégique pour l'exportation des céréales provenant des riches plaines environnantes.

Katánē, cité grecque

Katánē est associée au mythe d'Amphinomos et Anapias. Lors d'une violente éruption de l'Etna, ces deux jeunes hommes auraient abandonné tous leurs biens pour porter leurs parents âgés sur leurs épaules. La coulée de lave se serait alors scindée pour les épargner. En leur honneur, des statues furent érigées, des pièces de monnaie furent frappées à leur effigie et le lieu de leur sépulture fut nommé Campus Piorum (« le Champ des Pieux »). Cette légende rencontra un grand succès auprès des poètes latins, notamment Lucilius le Jeune et Claudien, qui en firent de longues descriptions.

Andron de Catane, danseur semi-légendaire ayant vécu à l'époque hellénique.

La polis grecque de Katánē devint un grand centre d'apprentissage. Vers la fin du , la cité se dote d'une législation attribuée à Charondas qui va demeurer malgré son exil et inspirer la plupart des autres cités chalcidiennes de Sicile et de Grande-Grèce. Elle attire des poètes aussi renommés qu'Ibycos et Stésichore d'Himère (vers 630–555 av. J.-C.). Ce dernier serait enterré dans un somptueux sépulcre à l'extérieur d'une porte de la cité, nommée en son honneur Porta Stesichoreia. Le philosophe Xénophane de Colophon (vers 570–475 av. J.-C.), fondateur présumé de l'école éléatique, vécut également ses dernières années à Katánē. En outre, l'introduction de la danse pour accompagner le son de la flûte est attribué à Andron, citoyen catanais. Le philosophe péripatéticien Théophraste explique que Katánē est l'unique cité de sa connaissance dont les conventions lors d'un marché (contre oral) ne sont pas matière à procès ; Platon y fait référence dans ses Lois.

Aussi, rapidement après sa fondation, la cité prospère, comme en témoigne le dépôt votif du VIe siècle av. J.-C. découvert sous la piazza San Francesco, comprenant vases de Corinthe, d'Athènes et de Sparte ainsi que des ex-voto de terre cuite locaux et importés.

En 476 av. J.-C., elle est conquise par , tyran de Syracuse, qui mène alors une campagne d'expansion en Sicile. Il déporte ses habitants à Léontinoi et refonde la cité sous le nom d'Aítnē (Ætna, du mont Etna) qu'il fait repeupler par 5 000 grecs doriens de Syracuse et 5 000 autres du Péloponnèse, célébrée par Eschyle dans sa tragédie disparue Etna ou Les Etnéennes et par Pindare qui attribue des honneurs héroïques au tyran auto-proclamé œciste (« fondateur ») de la nouvelle cité. Jusqu'en 465 av. J.-C. et la chute des Deinoménides, Katánē reste sous la coupe de Syracuse. Après la mort d'Hiéron, les mercenaires syracusains l'occupent jusqu'à la fin de la tyrannie lors de l'expulsion de Thrasybule, avant de se retirer à la forteresse d'Inessa. En 461 av. J.-C., les habitants originels de Katánē se réinstallent dans la cité qui recouvre par la même occasion sa liberté et son nom, en plus de sa grande prospérité. Un grand théâtre pouvant accueillir 7 000 personnes en simultané est édifié sur l'acropole à cette époque.

Elle s'allie à Léontinoi pour contrer la puissance syracusaine dans les années 420 av. J.-C. Alcibiade se serait adressé aux Catanais lors d'un discours pour les convaincre d'apporter leur soutien à la cité d'Athènes dans le contexte de la guerre du Péloponnèse et de l'expédition de Sicile visant à punir la cité de Syracuse. Mais Thucydide explique que les Athéniens ne reçurent qu'une aide limitée de la part de Katánē car la population, en dépit de son soutien moral à l'entreprise athénienne, craignait des représailles de la part de Syracuse en cas d'échec. Elle permet néanmoins à l'armée d'Athènes de stationner un an dans la cité. Défaite, l'armée athénienne est contrainte de se retirer et, comme elle le craignait initialement, la cité de Katánē est à nouveau menacée par une riposte syracusaine. En 403 av. J.-C., Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, mène une nouvelle politique d'expansion sur la façade orientale de la Sicile, dans l'objectif de renforcer son pouvoir avant d'affronter les Carthaginois présents dans l'ouest de l'île. Prise par surprise, Katánē est saccagée par les troupes du tyran qui vend ses citoyens comme esclaves et la repeuple de mercenaires campaniens. Elle sera brièvement occupée par les Carthaginois sous le commandement d'Himilcon et de Magon, à la suite de la grande bataille navale de Catane en 397 av. J.-C. Les Leptinès de Syracuse sont alors défaits tandis que leurs sujets campaniens sont déportés dans la cité d'Inessa (sur l'Etna).

Callippe, assassin de Dion de Syracuse, dirige brièvement la cité. En 338 Timoléon défait le tyran Mamercus de Catane alors soutenu par les Carthaginois. Katánē retrouve une fragile indépendance mais change fréquemment d'allégeance au cours des guerres opposant Agathocle de Syracuse aux Carthaginois. La ville soutient massivement qu'elle accueille avec faste mais tombe aux mains des Romains en 263 av. J.-C.

Catina, cité romaine
Théâtre romain dans le centre historique de Catane.

Lors de la première guerre punique, Catina fut l'une des premières villes siciliennes à se soumettre à la République romaine, sous laquelle elle est enrichie de grands édifices publics. Après les premières victoires romaines en 263 av. J.-C., la cité fut prise par Valerius Messalla. Un cadran solaire pillé à la ville en guise de butin est déposé dans le Comitium, à Rome. Dès lors, Catina devient une civitas decumana, c'est-à-dire qu'elle devait payer un dixième de ses revenus agricoles annuels en impôt à Rome. Le conquérant de Syracuse, Marcus Claudius Marcellus, fait édifier un gymnase dans la cité.

Catina entretient par la suite des relations paisibles avec Rome et, bien qu'elle n'ait pas obtenu le statut de cité confédérée (foederata civitas) comme ses voisines Tauromenium (Taormine) et Messana (Messine), elle connaît une grande prospérité sous la domination romaine.

Brièvement conquise par des esclaves rebelles lors de la première guerre servile vers 135 av. J.-C., Caius Licinius Verres la reprend et pille ses trésors comme ailleurs en Sicile. Une violente éruption de l'Etna consume la ville en 121 av. J.-C. Les coulées de lave submergent presque entièrement la ville, et les cendres incandescentes s'écoulent en telle quantité que des toits s'effondrent. En guise de dédommagement, Catina est exemptée de ses redevances habituelles à Rome pendant dix ans. La plaine fertile située au sud-ouest de la cité (l'actuelle piana di Catania) devient une importante source de production céréalière.

Cicéron mentionne à plusieurs reprises Catina comme l'une des cités les plus riches et florissantes de son temps grâce à son port via lequel elle exporte blé et céréales. Elle conserve ses institutions municipales et son premier magistrat porte le titre de Proagorus.

Aqueduc romain de Catina à Valcorrente.
Vestiges de l'aqueduc romain, tableau de Jean-Pierre Houël.

En 44 av. J.-C., durant la révolte sicilienne, Sextus Pompée choisit la Sicile comme base d'opérations et Catina se rallie à sa cause. Pompée y rassemble une armée et une flotte redoutables, avec le soutien d'esclaves affranchis des villas patriciennes. Après la victoire d'Auguste en 36 av. J.-C., la plupart des terres agricoles de Sicile sont dévastées et/ou désertées puis redistribuées aux vétérans des légions impériales, permettant à la cité, devenue colonie latine, de renouer avec sa prospérité d'antan. L'année suivante, une nouvelle révolte, menée cette fois par le gladiateur Selurus, sème le chaos dans la région pendant quelques temps. Selon Strabon, Catina faisait partie des rares villes siciliennes encore florissantes après avoir connu toutes ces dévastations. Elle abrite alors le plus long aqueduc de la Sicile romaine, mesurant 24 km de long en partant des sources de Santa Maria di Licodia.

La cité conserve son statut de colonie romaine et prospère encore tout au long de la période impériale. Au  siècle, le poète Ausone, dans son Ordo urbium nobilium, ne mentionna que Catane et Syracuse parmi les villes siciliennes notables à son époque.

Selon la tradition hagiographique reprise dans La Légende dorée, sainte Agathe serait née à Catane au  siècle. Refusant les avances de Quintien, proconsul de Sicile, celui-ci la fit torturer : on lui arracha les seins à l'aide de tenailles mais elle fut guérie de ses blessures par l'apôtre Pierre qui la visita en prison. Elle succomba toutefois à son martyre et sa mort fut accompagnée d'un tremblement de terre, le . Un an après sa mort, l'Etna entra en éruption, déversant un flot de lave en direction de la ville. Les habitants s'emparèrent alors du voile qui recouvrait la sépulture d'Agathe et le placèrent devant le feu qui s'arrêta aussitôt, épargnant ainsi la cité.

Moyen Âge

Catane est pillée par les Vandales menés par Genséric en 440. Après une période succincte sous la domination des Ostrogoths, la ville est reconquise en 535 par l'Empire romain d'Orient, qui va la conserver jusqu'au  siècle. Elle est le siège du gouverneur byzantin de la Sicile pendant quelques temps.

Castello Ursino, construit sous Frédéric II de Hohenstaufen.

Une fois la Sicile conquise par les Arabes, Catane passe sous la domination d'un émirat islamique pendant deux siècles avant d'être reprise par les Normands de Roger de Hauteville (en italien : d'Altavilla, devenu de Sicile), qui en font construire le duomo (cathédrale) aux chevaliers normands, conduits par Jourdain de Hauteville, Robert de Sourdeval et Elia Cartomi, réussissent à vaincre plusieurs milliers de fantassins et cavaliers musulmans (chiffre probablement exagéré par les sources). Le , un séisme provoque la mort de milliers de personnes à Catane, qui est mise à sac par des soldats allemands lors de la conquête de l'île par l'empereur Henri VI, entre 1194 et 1197. En 1232, la ville, profondément meurtrie par les événements précédents, se révolte contre le fils et successeur d'Henri VI, l'empereur Frédéric II, qui parvient à apaiser les tensions en faisant construire le massif fort militaire du castello Ursino tout en élevant Catane au rang de ville royale, mettant un terme aux prérogatives de ses évêques.

La ville joue un rôle clé durant les Vêpres siciliennes (1282), lors desquelles elle se révolte contre la dynastie angevine et demeure un port stratégique en tant que position aragonaise. Au cours d'une nouvelle révolte civile en 1299, elle est capturée par une armée angevine, qui occupe la ville jusqu'à son évacuation définitive de la Sicile en 1302.

Sarcophage de sant'Agata (sainte Agathe) de Catane.

Au  siècle, la ville gagne en importance lorsqu'elle est choisie par les Aragonais comme siège du Parlement de Sicile et résidence royale. En 1347, le traité de paix mettant fin à la longue guerre dynastique entre Aragonais et Angevins est signé à Catane. Cependant, elle perd son rôle capital au début du siècle suivant lorsque la Sicile intègre la couronne d'Aragon, tout en conservant son autonomie et ses privilèges d'origine. En 1376, les reliques de sainte Agathe sont déposées dans la cathédrale de Catane. Elle subit une épidémie de peste en 1423.

En 1434, le roi Alphonse V fonde à Catane le Siciliae Studium Generale, la plus ancienne université de l'île.

Époque moderne

Plan de Catane en 1575.
Éruption de l'Etna en 1669 (Giacinto Platania).
La vaste piazza del Duomo, avec la cathédrale et la fontaine de l'Éléphant, ensemble monumental apparu lors de la reconstruction post-sismique de la ville.

Avec l'unification des couronnes de Castille et d'Aragon au début du  siècle, la Sicile et Catane sont intégrées à l'Empire espagnol, ce qui ne s'est pas fait pas sans susciter des révoltes locales, notamment en 1516 et en 1647. Aux pieds de l'Etna, Catane a souvent été touchée par des coulées de lave dont une qui rejoignit la mer en 1669, et fut presque entièrement détruite en 1693 par un tremblement de terre de degré 11 sur l'échelle de Mercalli. Ce dernier, qui toucha l'ensemble du Val di Noto, fut particulièrement ravageur puisqu'il dévasta 60 villes et villages, provoquant la mort de 93 000 personnes dont 16 000 à Catane, soit les deux tiers de sa population, où ne restèrent intacts que très peu d'ouvrages au nombre desquels le castello Ursino, quelques portions des murs antiques et l'amphithéâtre romain. La reconstruction fut lancée rapidement par la couronne espagnole sous la direction du vicaire général Giuseppe Lanza avec l'aide des architectes, artisans maçons et sculpteurs de Messine, alors très imprégnés du style baroque tardif. Le style baroque initial fut cependant atténué par l'apport néo-classique de Giovanni Battista Vaccarini (1702-1768) et de son frère Giacomo Amato. Les architectes refusèrent de reconstituer à l'identique l'ancienne ville trimillénaire avec ses ruelles tortueuses et étroites, responsables du grand nombre de victimes, et choisirent un plan moderne et antisismique : une maille urbaine orthogonale abritant des bâtiments de deux étages seulement, parsemée de grandes places devant permettre aux habitants de se réfugier en cas de tremblement de terre, et sillonnée de grands axes routiers autorisant des évacuations rapides. Les voies principales furent conçues avec pour largeur 16 mètres, les voies centrales 12 mètres, les voies secondaires 8 mètres. L'éléphant, symbole de la ville, fut récupéré parmi les décombres du palazzo della Loggia.

La reconstruction qui s'ensuivit a vu la naissance ou la renaissance des monuments suivants :

  • 1693-1735 : construction de la chiesa di San Nicolo (transept de 105 mètres de longueur) ;
  • 1734-1758 : construction de la cathédrale Sant'Agata (duomo) ;
  • 1735-1765 : construction de la badia di Sant'Agata (intérieur rococo) ;
  • 1738-1760 : chiesa di San Giuliano ;
  • 1768 : érection d'un arc de triomphe pour célébrer le mariage de Ferdinand III de Sicile.

Époque contemporaine

Révolutions, guerres et reconstruction
Via Etnea au début du  siècle.

Au début du  siècle, Catane est à l'avant-garde du mouvement indépendantiste sicilien. En 1860, l'expédition des Mille menée par Giuseppe Garibaldi permet de conquérir la Sicile, arrachée au royaume des Deux-Siciles. Dès l'année suivante, Catane est intégrée au royaume d'Italie nouvellement unifié. Face aux avancées de la gauche (souvent autonomiste) en Sicile, Crispi dissout en 1889 le conseil municipal présidé par le socialiste Giuseppe De Felice.

La première moitié du  siècle est marquée par un cycle de destructions et de reconstructions répétées pour Catane. Entre 1923 et 1928, la ville subit deux éruptions majeures de l'Etna. L'éruption de 1923, qui s'est étendue du 6 au 29 juin, a causé d'importants dégâts. Celle de 1928 fut encore plus dévastatrice, dont la coulée de lave a détruit un village environnant.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Catane fut gravement endommagée par les bombardements alliés en raison de son port stratégique, de sa gare de triage, et de la présence de deux bases aériennes au service de l'Axe (Gerbini et Fontanarossa). La ville subit 87 raids aériens, principalement au printemps et à l'été 1943, c'est-à-dire avant et pendant l'invasion alliée de la Sicile. Ces attaques ont détruit un total de 28 églises et la majorité des palais historiques de la ville, tué 750 habitants, et forcé une grande partie de la population citadine à fuir vers la campagne,,. Après de violents combats à travers l'est de la Sicile, Catane est capturée par la armée britannique le 5 août 1943.

Après-guerre et République italienne

Après la guerre et la proclamation de la République italienne en 1946, Catane tenta de rattraper son retard économique et social par rapport aux régions du nord de l'Italie. La ville fut confrontée aux problèmes caractéristiques du Mezzogiorno : retard industriel et infrastructurel considérable et forte présence de la mafia.

Malgré ces défis, la ville a connu une période de développement économique, social et culturel soutenu des années 1960 aux années 1990. Toutefois, au début du  siècle, la ville doit faire face à une stagnation économique et sociale aggravée par la crise financière sous le mandat du maire Scapagnini (Forza Italia) en 2008.

  1. «  », sur Autour de Catane (consulté le )
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  3. Aristote, Politique, Livre II, XII, 1274 a 23-24, et Livre IV, XI, 1296 a 21.
  4. «  », sur www.lesbelleslettres.com (consulté le )
  5. Annie Bélis, « Les mouvements des musiciens dans l’Antiquité », dans Musiques et danses dans l’Antiquité, Presses universitaires de Rennes, ISBN , lire en ligne)
  6. Fragment 97, 5 de Friedrich Wimmer.
  7. Livres VI, VIII et XI.
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Culture

Le compositeur d'opéra Vincenzo Bellini est né au palazzo Gravina-Cruyllas, situé dans le centre-ville de Catane. Ce palais abrite aujourd'hui un musée qui lui est dédié.

Giovanni Verga est lui aussi né à Catane en 1840. Considéré comme le plus grand représentant du vérisme, mouvement littéraire italien proche du naturalisme, il a dépeint dans ses romans la vie des classes populaires siciliennes, des pêcheurs aux tailleurs de pierre, en écrivant dans un mélange de langue littéraire et de dialecte local.

La ville de Catane abrite le siège du journal La Sicilia ainsi que la chaîne de télévision Antenna Sicilia. Plusieurs autres chaînes de télévision locales et magazines de presse gratuite siègent aussi à Catane.

Théâtre
Teatro Massimo Vincenzo Bellini.

Catane est la ville de Sicile qui a la plus grande densité de théâtres. Les compagnies théâtrales y sont nombreuses tant professionnelles qu'amateur. L'un des plus beaux édifices de la ville est le teatro Massimo Vincenzo Bellini, construit à la fin du  siècle : il peut accueillir 1 200 spectateurs. Maria Callas et Pavarotti y ont chanté.

La ville est réputée pour son architecture baroque et sa tradition des marionnettes.

Manifestations culturelles et festivités

Elle accueille Etna Comics, une convention de bandes dessinées très populaire, ayant compté 12 éditions à ce jour, ainsi que le Catania Tango Festival, un événement international de tango. La 22e édition du festival a attiré des danseurs de 27 pays différents.

La ville est également le théâtre du Catania Jazz Festival, qui se déroule généralement sur plusieurs mois d'hiver avec des concerts dans toute la ville. De la fin des années 1980 aux années 1990, Catane a connu une scène musicale populaire dynamique et unique. Des groupes de pop et de rock indépendants, des stations de radio locales et des labels de musique dynamiques ont émergé, faisant vivre à la ville une période culturelle effervescente. Des artistes comme Carmen Consoli et Mario Venuti, ainsi que des groupes de rock indépendant reconnus internationalement comme Uzeda, sont issus de ce bouillonnement culturel catanais.

Cuisine
Arancini.
Pasta alla norma.

La gastronomie occupe une place centrale dans la culture de Catane. La cuisine locale met en valeur les caractéristiques de la cuisine sicilienne tout en développant une identité propre à la ville.

Les arancini sont sans doute le plat de street food le plus emblématique de la ville : ces boulettes de riz farcies, enrobées de chapelure et frites, prennent à Catane une forme conique pour évoquer la forme de l'Etna. Parmi les spécialités typiquement locales figurent la cipollina (feuilleté garni d'oignon, tomate et jambon), la bolognese (petite pizza recouverte de tomate, mozzarella, jambon, œuf dur et feuilleté), et les crispelle (beignets farcis à la ricotta ou aux anchois). La viande de cheval est servie dans des échoppes appelées arrusti e mancia (« grille et mange »), où elle est cuite au barbecue en plein air.

Les plats typiques de Catane sont :

  • Pasta alla norma (pâtes aux aubergines frites, sauce tomate et ricotta salata), en hommage à l'opéra éponyme de Vincenzo Bellini ;
  • Pasta cco niuru (pâtes à l'encre de seiche) ;
  • Maccu (purée de fèves) ;
  • Bastaddi affucati ou brocculi affucati (chou-fleur ou brocoli mijoté) ;
  • Caponata (légumes sautés) ;
  • Scacciata (tourte garnie de fromage), traditionnellement consommée pour Noël.

La pâtisserie catanaise est renommée et varie selon les saisons et les événements. Lors de la fête de Sainte-Agathe, patronne de la ville, on déguste des cassatelle (petites cassate) et des olivette (pâte d'amande en forme d'olive). À Pâques, on prépare des aceddi ccu l'ovu (œufs durs enrobés de biscuit). En été, la granita est omniprésente dans la ville. Durant la festa dei morti (fête des morts, novembre), on prépare des biscuits comme l'ossa di mortu, les rame di Napoli ou les nsuddi. Les seins d'Agathe sont une spécialité culinaire locale notamment préparée à l'occasion de la fête de la sainte patronne de la ville. Cette friandise perpétue le récit d'une jeune Agathe ayant subi l'amputation de ses seins pour avoir éconduit un proconsul romain.

  1. «  », sur web.archive.org, (consulté le )
  2. Les tétins de sainte Agathe, Giuseppina Torregrossa

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Catane dans la littérature

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