Machu Picchu
Localisation
Machu Picchu : descriptif
- Machu Picchu
Machu Picchu (qui se prononce [mɑːtʃuː_piːktʃuː] et qui vient du quechua machu pikchu, signifiant litt
« vieille » ou « vieux sommet ») est une ancienne cité inca du XVe siècle au Pérou, perchée sur un promontoire rocheux qui unit les monts Machu Picchu et Huayna Picchu (« le Jeune Pic » en quechua) sur le versant oriental des Andes centrales
Son nom aurait été Pikchu ou Picho. Considérée comme une œuvre maîtresse de l'architecture inca (es), elle est peu à peu abandonnée après l'effondrement de l'Empire inca au XVIe siècle, puis méconnue durant des siècles en dehors de la population locale
Cela lui a conféré une réputation de « cité oubliée »
Machu Picchu fut explorée en 1911 par l'archéologue américain Hiram Bingham (1875-1956), professeur assistant d'histoire de l'Amérique latine à l'université Yale, qui la fit connaître dans un ouvrage de référence. Le site est généralement considéré comme une des résidences de l'empereur inca Pachacútec
Quelques-unes des plus grandes constructions et le caractère cérémonial de la principale voie d'accès au llaqta évoquent un sanctuaire religieux[réf
incomplète]
En revanche, les experts ont écarté l'idée d'un ouvrage militaire. Au centre d'un ensemble culturel et naturel connu sous le nom de « Sanctuaire historique de Machu Picchu », le site est depuis 1983 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et depuis le XXIe siècle une des destinations touristiques les plus visitées de la planète, suscitant des mesures de régulation du surtourisme.
Histoire
La région du Machu Picchu, située aux marges des Andes et de la forêt amazonienne, fut peuplée par les montagnards des régions de Vilcabamba et de Cusco, toujours à la recherche de nouvelles terres cultivables. Les archéologues indiquent que l’agriculture se pratiquait déjà dans la région au Dans les années 900, il y a une explosion démographique de groupes liés à l’ethnie « Tampu » de l'Urubamba. Il est possible que ces peuples aient fait partie de la fédération « Ayarmaca », rivale des premiers Incas de Cusco. Cependant, l’emplacement actuel de la ville ne présente aucune trace de constructions avant le XVe siècle.
Époque inca (1438-1534)
La ville a dû être construite sous le règne de l’empereur Pachacútec, le dirigeant à qui on attribue l'établissement de l'Empire inca (ou Tahuantinsuyu) peut-être en 1440. Machu Picchu dut plaire au monarque par ses particularités et par son emplacement à l’intérieur de l’aire géographique sacrée de Cuzco.
Les archéologues et les historiens s'accordent sur le fait que Machu Picchu faisait partie d'un domaine royal appartenant à la lignée (ou panaca) de l'empereur Pachacútec. L'architecture monumentale au cœur du Machu Picchu est en fait les vestiges d'un palais de campagne situé dans le domaine royal de Pachacútec. Les domaines royaux étaient des terres revendiquées par un empereur inca pour sa lignée qui étaient maintenues à perpétuité dans le but apparent de prendre soin et de faire des offrandes au souverain et, après sa mort, à la momie du souverain. Souvent, ces domaines royaux ont été créés pour commémorer les conquêtes, et le Machu Picchu a peut-être été construit pour célébrer la conquête par Pachacútec de la basse vallée du río Urubamba. L'empereur et les membres de sa lignée ne résidaient que de façon saisonnière dans les palais élaborés construits dans ces domaines de campagne, mais une suite de serviteurs demeurait pour entretenir les installations. La vallée d'Urubamba était un lieu privilégié pour les domaines royaux et Machu Picchu, Pisac, Ollantaytambo et plus d'une douzaine d'autres ont été identifiés.
Machu Picchu dut avoir une population variable comme la majorité des llactas incas : entre 300 et 1 000 habitants appartenant probablement à une élite religieuse et/ou politique. Le travail agricole était effectué par des travailleurs mitmaqkuna amenés des différentes provinces de l’Empire. Les lignées royales étaient desservies par des individus connus sous le nom de yanacona qui n'étaient pas ethniquement incas et ont été réinstallés en permanence pour répondre aux besoins quotidiens de l'Inca, de sa momie et de ses invités. Les yanacona étaient considérés comme privilégiés par rapport à la population générale, cela s'exprimant dans leur proximité avec la royauté et dans des avantages matériels, tels que les produits de luxe. Ils avaient été prélevés sur les terres conquises par l'empereur ou présentés en cadeau par d'autres panacas, même après la mort du fondateur du domaine royal. Les yanacona, qui étaient des hommes, semblent avoir reçu des épouses de la classe de femmes connues sous le nom d'« aclla », des « femmes choisies » qui ont été séparées de leur groupe ethnique et éduquées dans des établissements spéciaux.
Les vallées avoisinantes formaient une région densément peuplée et qui avait augmenté de façon spectaculaire sa production agricole à partir de la période inca en 1440. Les Incas construisirent là de nombreux centres administratifs, les plus importants étant Patallacta et Quente[réf. incomplète], et des complexes agricoles avec des cultures en terrasses. Machu Picchu dépendait de ces complexes pour son alimentation mais leur production était insuffisante[réf. incomplète], nécessitant des importations depuis d’autres provinces. La communication entre les régions était rendue possible grâce au réseau formé par les huit chemins incas qui allaient à Machu Picchu. La petite cité se différenciait des populations voisines par la singulière qualité de ses grands édifices.
À la mort de Pachacútec, et selon les coutumes royales incas, Machu Picchu passa à sa panaca (cour, clan, clientèle élargie), qui devait destiner les rentes produites au culte de la momie du défunt roi[réf. incomplète]. Cette situation se serait poursuivie sous les règnes de Tupac Yupanqui (1470-1493) et Huayna Capac (1493-1529).
La ville ne peut justifier le mythe de la « cité perdue » (développé par le livre d'Hiram Bingham, La Fabuleuse Découverte de la cité perdue des Incas) ou du « refuge secret des empereurs incas » car Machu Picchu dut perdre de son importance en raison du désintérêt des empereurs successifs et aussi de l’ouverture d’un chemin plus sûr et plus large entre Ollantaytambo et Vilcabamba (vallée de Amaybamba)[réf. incomplète].
Époque de transition (1534-1572)
La guerre civile inca (1531-1532) et l’arrivée des Espagnols à Cuzco en 1534 vidèrent les activités de Machu Picchu de sens, une fois disparue l’aire géographique sacrée de Cuzco. En outre, la résistance inca dirigée par Manco Inca en 1536 appela les nobles des régions proches à rejoindre la cour en exil de Vilcabamba, et il est fort probable que les principaux nobles de Picchu aient alors abandonné la ville. Des documents contemporains mentionnent une dépopulation de ces régions. Les paysans de la région étaient essentiellement des mitmas, issus des différents peuples conquis par les Incas et déplacés de force sur ces terres. À la chute du système économique inca, ils retournèrent sur leurs terres natales,,.
Picchu et sa région deviennent tributaires de l’encomienda espagnole d'Ollantaytambo : le premier chef en fut le conquistador Francisco Pizarro. Ceci ne signifie pas que les Espagnols montèrent jusqu’à Machu Picchu, ni qu’ils connaissaient son importance passée, mais ils connaissaient le lieu probablement déjà en partie déserté. Un document indique que l’Inca Titu Cusi Yupanqui, qui régnait à Vilcabamba, demanda à des frères augustins d’évangéliser « Piocho » vers 1570. Il n’y a pas de lieu qui se nomme ainsi, mais « Picchu » est le seul nom qui s’en rapproche. C'est ce qui fait dire à Lumbreras que les fameux « extirpeurs de l’idolâtrie » ont peut-être à voir avec la destruction et l’incendie du Temple du Soleil.
Le soldat espagnol Baltasar de Ocampo décrivit à la fin du [réf. incomplète]. Ocampo indique que dans ce lieu a grandi Tupac Amaru, successeur de Titu Cusi et dernier Inca de Vilcabamba.
De la colonisation à la République ( | ]
Après la chute du royaume de Vilcabamba en 1572 et la consolidation du pouvoir espagnol dans les Andes centrales, Machu Picchu demeura dans la juridiction de différentes haciendas coloniales qui changèrent plusieurs fois de mains jusqu’à la création de la république (1821). Elle devint un lieu à part, éloigné des nouvelles routes et axes économiques du Pérou. La région fut pratiquement ignorée par le régime colonial qui ne fit édifier ni église ni cité importante dans la zone.
La population andine ne semble pas avoir eu la même attitude ; le secteur agricole de Machu Picchu ne paraît pas avoir été abandonné. Par contre, les constructions de la zone urbaine n’ont pas été occupées et furent envahies rapidement par la végétation, sans pour autant être complètement oubliées comme on l'a souvent écrit.
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En 1865, le naturaliste italien Antonio Raimondi passa au pied des ruines sans les voir et mentionna la population clairsemée de la région. En 1870, l'Américain Harry Singer indiqua pour la première fois sur une carte le Cerro Machu Picchu et le Huayna Picchu, pour lequel il précisa que c'était le Huaca de l'Inca, preuve d'une certaine connaissance de l'histoire inca par les autochtones. Sur la carte de 1874 de l'Allemand Herman Gohring, les deux sites sont mentionnés avec exactitude. Le voyageur français Charles Wiener affirmait en 1880 qu'il y avait « des ruines à Machu Picchu », mais sans pouvoir se rendre sur le lieu. C'est la preuve que l'existence des ruines n'avait pas été oubliée.
Reconnaissance archéologique (c. 1860-1911)
Des recherches, publiées en 2008 par l’historien Paolo Greer, suggèrent que c’est le prospecteur de mines allemand August R. Berns qui aurait redécouvert le site vers 1860,,. Il aurait même commencé le pillage des artefacts avec l'aval des autorités péruviennes de l'époque. Ces affirmations, publiées en , sont à prendre avec précaution. Il avait en effet reçu l'autorisation de « prospecter des Huacas del Inca », le terme huaca pouvant aussi bien décrire le lieu sacré de Machu Picchu qu'une mine.
Les premières références directes actuellement connues pour ce site indiquent qu'Agustín Lizárraga, originaire de Cuzco, arriva dans la ville le , guidant Gabino Sánchez, Enrique Palma et Justo Ochoa. Les visiteurs laissèrent un graffiti avec leurs noms sur les murs du Templo de las Tres Ventanas ; Hiram Bingham III trouva le graffiti en 1911 comme il l'affirme dans son livre de 1922. Certains affirment que Lizarraga aurait déjà visité Machu Picchu en 1894.
Hiram Bingham, un historien américain de l'université Yale qui effectuait des recherches sur la ville perdue de Vilcabamba, le dernier refuge de l'Inca, entendit parler de Lizárraga. Lors de ses recherches, il passa à Machu Picchu et poursuivit pour revenir plus tard et découvrit ainsi quatre sites. Accompagné par ses guides, le sergent de la garde civile Carrasco et le paysan Melchor Arteaga, il retourna à Machu Picchu le . Ils rencontrèrent deux familles de paysans vivant là : les Recharte et les Álvarez qui utilisaient encore les constructions pour se ravitailler en eau. C'est un des fils Recharte qui conduisit Bingham jusqu'à la zone urbaine en friche. Bingham fut très impressionné par ce qu'il voyait et sollicita l'université Yale, la National Geographic Society et le gouvernement péruvien pour pouvoir commencer rapidement l'étude scientifique du site. Il participa aux premières fouilles sur le site avec l'ingénieur Ellwood Erdis, l'ostéologue George Eaton, la participation de Toribio Recharte et Anacleto Álvarez et un groupe de travailleurs anonymes de la région. Son livre, Lost City of the Incas, rendit ce lieu célèbre dans le monde. En 1913, la National Geographic Society consacra entièrement le numéro d'avril de son magazine au Machu Picchu.
Au sens strict, Bingham n'a pas découvert Machu Picchu, mais il a été le premier à reconnaître l'importance des ruines, de les étudier avec une équipe multidisciplinaire et de divulguer les résultats. Les critères archéologiques n'ont pas toujours été pertinents et la sortie du Pérou des objets découverts a beaucoup contribué à la polémique : la législation péruvienne ayant été purement et simplement détournée pour permettre l'exportation « temporaire » de 35 000 fragments de poteries et autres pièces archéologiques vers l'université Yale afin de les étudier, il était prévu qu'elles retourneraient au Pérou après que les études seraient publiées ainsi que les photos prises. Or, le Pérou a dû attendre jusqu'en 2010 pour que l'université Yale, sous la menace de poursuites judiciaires, accepte de les restituer.
Depuis 1915
Entre 1924 et 1928, Martín Chambi et Juan Manuel Figueroa prirent une série de photographies à Machu Picchu qui furent publiées dans différents magazines du Pérou, augmentant ainsi l'intérêt local pour les ruines et les transformant en symbole national. Depuis l'ouverture en 1948 d'une route qui permet d'aller de la gare aux ruines, Machu Picchu est devenue le principal lieu touristique du Pérou. Durant les deux premiers tiers du Paul Fejos (financé par le Viking Fund d'Axel Wenner-Gren) sur les sites incas aux alentours de Machu Picchu ou ceux de Luis E. Valcarcel qui lia le site à Pachacutec. C'est à partir de 1970 que de nouvelles générations d'archéologues (Chavez Ballon, Lorenzo, Ramos Condori, Zapata, Sanchez, Valencia, Gibaja), d'historiens (Glave et Remy, Rowe, Angles), d'astronomes (Deaborn, White, Thomson) et d'anthropologues (Reinhard, Urton) fouillèrent les ruines et leur passé.
L'établissement d'une zone de protection écologique autour des ruines en 1981, l'inscription de Machu Picchu sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1983 et l'adoption d'un plan majeur pour le développement soutenu de la région en 2005 ont été les points forts d'une action visant à conserver Machu Picchu et ses alentours. Mais les mauvaises restaurations, les incendies de forêt (comme celui de 1997) et les conflits politiques ont entaché cet effort de l'État pour gérer au mieux les ruines.
En 2004, quelque 400 000 touristes visitèrent le Machu Picchu, et l'UNESCO a depuis exprimé ses craintes que leur nombre trop important ne dégrade le site. Selon les autorités péruviennes, l'éloignement et la difficulté d'accès au site imposent d'eux-mêmes des limites naturelles à l'expansion du tourisme. Régulièrement, des propositions sont faites pour installer un téléphérique pour rejoindre le site, mais elles ont toutes été rejetées jusqu'à présent.
Le , le Congrès du Pérou vota la loi 28778 concernant le retour des objets archéologiques formant l'essentiel de la collection Machu Picchu du musée Peabody (abrité par l'université Yale), ceux qui avaient été autorisés à sortir du pays par le décret suprême 1529 du et le décret suprême 31 du .
Le , le site du Machu Picchu est désigné comme étant l'« une des sept nouvelles merveilles du monde », d'après un concours controversé ayant mobilisé 100 millions de personnes sur Internet,.
En , l'université Yale a promis de rendre les 4 000 pièces archéologiques trouvées par Hiram Bingham. Le , l'université nationale de San Antonio Abad del Cusco a inauguré à Cuzco, en collaboration avec l'université Yale, un centre international pour l'étude de Machu Picchu, l'International Center for the Study of Machu Picchu and Inca Culture, destiné notamment à la conservation des pièces archéologiques qui seront rendues par l'université Yale avant le .
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- », sur Tulane News, (consulté le ).
- ISSN 2375-2548, DOI 10.1126/sciadv.adg3377, lire en ligne, consulté le ).
- Eaton et Verano ont montré qu'il y avait à Machu Picchu des populations originaires de la côte nord du Pérou et de l'altiplano bolivien. Les mitmaqkuna étaient des colons déplacés par l'État afin de travailler et d'habiter certaines zones de l'empire éloignées de leurs terres natales.
- Les travaux du Projet Cusichaca (Kendall, 1988) montrent que les excédents agricoles ont augmenté de 90 % dans la région.
- Kendall, 1988.
- 1992.
- 1990.
- Kauffman Doig 2006.
- Lumbreras 2006.
- Glave et Remy 1983.
- Machu Picchu.
- Valcarcel, 1968.
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- Mould de Pease 2003.
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- Bingham 1964.
- », sur NPR, (consulté le ).
- Martín Chambi y sus contemporáneos », sur Casa de América (version du sur Internet Archive).
- Ces restaurations ont été décrites de façon critique par Valencia et Gibara 1992.
- « », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « », sur La Tribune, (consulté le ).
- lire en ligne, consulté le ).
- », sur Yale Daily News, (consulté le ).
- », sur Yale Daily News, (consulté le ).
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