Issime
Localisation
Issime : descriptif
- Issime
Issime est une commune italienne de la région Vallée d'Aoste.
Géographie
Issime se trouve dans la moyenne vallée du Lys (ou de Gressoney), une des vallées latérales de la Doire Baltée, qui remonte jusqu'au pied du massif du Mont-Rose.
Le chef-lieu, Duarf, se situe au bord du Lys (en Töitschu, Lyesu).
Le territoire de la commune se divise traditionnellement en trois parties :
- le Tiers de la plaine, allant du gouffre de Guillemore (en Töitschu, z’Gilljumuart) jusqu'au hameau Zuino (exclu) ;
- le Tiers dessus, correspondant à l'actuelle commune de Gaby ;
- le Tiers de la montagne, comprenant les trois vallons de Saint-Grat, de Bourines et de Tourrisson.
La commune de Gaby, appelée historiquement Issime-Saint-Michel (localement Überlann, c'est-à-dire « terre haute », dû à sa position, en amont du chef-lieu) a été constituée en 1952.
Sommets
Dans le vallon de Bourines (en Töitschu, Burrunun-Gumbu) :
- le Mont Néry ;
- la Weiss Weib (littéralement, la Dame blanche ; Wéis Wéibji, dans le patois local, le Töitschu).
Dans le vallon de Saint-Grat (en Töitschu, Sen-Kroasch-Gumbu) :
- Pic Vlou (Vluhuare en Töitschu) ;
- Pic Torché ;
- Mont Vogel (Vuagal ou Blett, en Töitschu) ;
- Siahuare (appelé Pic des Allemands ou Tête des lacs par les habitants de Challand-Saint-Victor).
Dans le vallon du Tourrison (en Töitschu, Türrudschun-Gumbu), sur la gauche orographique du Lys :
- le mont Crest ;
- le mont des Pierres-Blanches.
Histoire
Pendant l'époque pré-romaine, Issime fut intéressé par des colonies de bergers et d'agriculteurs liées surtout à l'exploitation minière.
Le toponyme latin est Axima.
Au Moyen Âge, Issime devint le chef-lieu de la Maison de Vallaise, qui octroya les franchises au village en 1227 par un statut local qui resta en vigueur jusqu'en 1773.
À partir du siècle, le siège du tribunal fut fixé sur la place du Duarf (le chef-lieu), où un juge et deux conseillers administraient la justice. Aussi dans le domaine religieux, Issime joua un rôle de premier plan, en tant que siège unique de paroisse pour la haute vallée du Lys jusqu'en 1660.
Les Walser s'intégrèrent à la population autochtone, de langue et de culture franco-provençale, en créant une nouvelle culture, bien vivante encore de nos jours dans l'architecture, les traditions et la langue. Les meilleurs exemples de cette union sont les maisons walser (Städel) du vallon de Saint-Grat (Sen-Kroasch-Gumbu, en Töitschu) et du vallon de Bourines (Burrunun Gumbu, en Töitschu).
- Vallée d'Aoste autrefois, recueil d'ouvrages de Robert Berton, 1981, Sagep éd., Gênes.
Culture
Les Walsers
La communauté d'Issime, tout comme celle de Gressoney-La-Trinité et de Gressoney-Saint-Jean, a été fondée par les Walser, qui se déplacèrent à partir du siècle, favorisés par le climat relativement doux dans les Alpes à cette époque. Leur mouvement à partir du Valais, intéressa la vallée du Lys et le haut Valsesia, au Piémont, et il fut encouragé sans doute par les seigneurs féodaux locaux, souhaitant peupler des vallées encore inhabitées afin de contrôler les cols alpins. En contrepartie, les Walser obtinrent des droits et libertés.
Les Walser, originaires de l'Oberland bernois, sont germanophones, et constituent donc une exception dans la Vallée d'Aoste francophone. Ils parlent un patois d'origine alémanique, appelé Eischemtöitschu.
La culture walser est représentée aussi par l'architecture typique (voir le lien externe au fond de l'article), caractérisée par les Städel, des maisons complètement en bois, s'appuyant sur des « champignons » en pierre. Sur le territoire d'Issime, elles peuvent être admirées surtout au vallon de Saint-Grat.
Les communes d'Issime, de Gressoney-La-Trinité et de Gressoney-Saint-Jean constituent la Walsergemeinschaft Oberlystal (Communauté walser de la haute vallée du Lys), dont fait partie aussi Gaby, qui a subi l'influence des gens walser, tout en maintenant au cours des siècles un parler francoprovençal. Gaby a toujours fait partie de la paroisse d'Issime, et était appelé autrefois Issime-Saint-Michel ou Überland.
Le Töitschu issimois et l'association Augusta
Malgré la présence de beaucoup de points en commun avec le Greschòneytitsch parlé dans les deux communes de Gressoney-Saint-Jean et Gressoney-La-Trinité, le Töitschu, dénomination apparentée au mot Deutsch (en allemand, « allemand »), a conservé des traits linguistiques très archaïques au cours des siècles. Cela est dû à l'isolement de cette commune de la Suisse, Issime étant situé entre les deux communes francophones et francoprovençales de Gaby en amont et de Fontainemore en aval.
À Issime siège l'association Augusta, pour l'étude et la défense de la culture walser.
Des exemples de töitschu sont :
- Vergelzgott (cf. all., Vergelt's Gott, soit Gott vergelte (belohne) es, litt. « que Dieu (vous) récompense ») = merci ;
- Chrigschman : litt. « l'homme de la guerre » = le soldat ;
- Heersij : litt. « le petit cœur » (cf. all. Herzchen ou Herzlein) = le/la fiancé(e) ;
- D’lljibigotschaugjini : litt. « les petits yeux du bon Dieu » = les myosotis.
Un exemple comparatif avec le Notre Père :
Eischemtöitschu | Allemand | Français |
---|---|---|
Ündschen Atte das bischt im hümmil, |
Vater unser im Himmel, |
Notre Père |
Des proverbes :
- Goan tringhien in d’Lljéisu un arwinnen mit dam dust.
- Aller boire dans le Lys et rentrer avec la soif (être difficiles à contenter).
- Varchaufen d’sunnu um chaufen dar moanu.
- Vendre le soleil pour acheter la lune (dormir le jour pour faire la fête la nuit).
- Is het sövvil gschnout, das d'hénji hen muan bikhjen d'steerni.
- Il a autant neigé, que les poules picorent les étoiles.
À Issime siège également le Dauernder Rat für die Wahrung der Walser Sprache und Kultur (= Conseil permanent pour la sauvegarde de la langue et de la culture walser) pour la haute vallée du Lys.
Le töitschu présente également des emprunts issus des langues voisines, le français et le francoprovençal :
- mutschur (< fr. mouchoir)
- tretwar (< fr. trottoir)
- rido (< fr. rideau)
- verdscháts (= écureuil) du francoprovençal verdjáts.
Texte audio :
Z’Éischeme, z’beerg ol im grunn, wénn mu het kheen antwier z’wacht, gschlecht, nachpara ol gséllji ischt gsinh dar brouch z’hannun as kollutziunh, sua auch vür a rüddu (troa hoei, troa mischt im moane, ecc.).
Unz as sibenzg joar hinner, Sen Kroasch beerga, vür d’Winnacht, sén gsinh volli lljöit mita dam via um étzen z’hoei un aschparren das im grunn vür dan gruasse winter. Ievun voaren ingier, tor eini, tor endri hen avittrut d’nachpara un ghannut as kollutziunh wass dschi hen kheen zam hous: wust un dschambunh, gute chiesch, chüjini, bloat néidlu ol batüwa, kaffi, milch, wéin, hunkh um essen mit dam bruat.
Wa wéilu voart, antwier das ischt gcheen a wissu ischt kannhe lotze um etwas gschöjun. Im Ronh, darwil eina der wachtunu, ellji sén gsinh im pielljhe un séntsch nen kannhen troan awek d’chüjini van im hous … um dschi essen mit anner gséllji … auch das ischt gsinh an brouch.
Zam méztku, bsinnimich lannhuscht, hentsch toan z’grobschta allz im selben tag, un dé spoat d’nacht, het mu mussun chorrun da nawe wust un z’buddinh, as poar trüffili ol stekhjini um essen darmit un etwas z’tringhien … wir chinn sén aschuan gsinh z’schloafe un séntsch nüntsch kannhen arwékhjen un troa chorrun z’buddinh. Génh wénn mu het kesse ol trunghe, séjiis in as kollutziunh ol wachen am tuate, z’miternacht hentsch gmachut z’kaffi, ol vür gien da vargeb, woa dschi hen keen elljene an trungh, hentsch nündsch zeihut z’gwintschen vür d’lljaubu sieli; “Gottsch ergans vür d’lljaubu sieli”, un d’chinn: “das war mieje wacksen gsünni, grechi un gwoaltigi”.
Traduction: À Issime, à la montagne comme dans la plaine, lorsque quelqu'un venait en veille, des parents, des voisins ou des amis, on préparait un casse-croûte de minuit, ainsi qu'à l'occasion des corvées (ramener les foins ou le bois au clair de la lune, etc.). Jusqu'à il y a septante ans, le vallon de Saint-Grat était habité jusqu'à la période de l'Avent, les gens y montaient avec leur bétail pour consommer le fourrage et garder celui de la plaine pour l'hiver. Avant de descendre, parfois les uns, parfois les autres invitaient leurs voisins et préparaient le casse-croûte nocturne avec ce qu'ils avaient chez eux: de la charcuterie, de la tomme, des beignets, de la crème fouettée, de la batüwa (crème fouetté avec des œufs, du vin et du sucre), du café, du lait, du vin et du miel à manger avec le pain. Parfois quelqu'un en profitait pour voler quelque chose. Au Ronh, pendant l'une de ces veillées, des gens ont volé tous les beignets pour les manger avec d'autres amis. C'était la coutume. Lors de l'abattage du porc, je me souviens, il y a très longtemps, on faisait tout en une journée, et la nuit il fallait encore goûter les saucisses neuves et les boudins, avec des patates ou des grissini comme accompagnement; nous les enfants, on était déjà couchés et ils nous réveillaient pour goûter les boudins. Chaque fois qu'on nous offrait de la nourriture ou des boissons, lors des veillées normales ou funéraires, à minuit on faisait le café, lorsqu'on se rendait en visite chez le défunt, où on nous offrait une boisson en tant qu'offrande pour les défunts. « Que Dieu le rende aux défunts », et les enfants répondaient : « que nous puissions grandir sains, robustes et honnêtes ».
- Objet du Conseil n. 2893 du 12 juillet 2007 - Site web du Conseil de la Vallée
- Ernest Schüle (1989), Les parlers Walser de la Vallée du Lys et les patois romans des alentours, Enrico Rizzi (ed.), Lingua e comunicazione simbolica nella cultura Walser, Atti del VI Convegno Internazionale di Studi Walser, Anzola d’Ossola, Fondazione Enrico Monti, 243–254.
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Issime dans la littérature
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