Gandhara

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Gandhara : descriptif

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Gandhara

Le Gandhara (en sanskrit : गन्धार, Gandhāra) est le nom antique d'une région située dans le nord-ouest de l'actuel Pakistan

Plus précisément, le bassin de Peshawar, avec une muraille verticale de montagnes sur trois côtés et la vallée de l'Indus sur le quatrième côté

Ses villes principales étaient Purushapura — l'actuelle Peshawar — à l'ouest, Mardan, au centre, et, sur sa frontière est, Taxila : trois centres commerciaux de premier plan entre la Chine, l'Inde et l'Occident au début de notre ère

Cette région essentielle au commerce était aussi un riche terroir : il fut occupé par de nombreux envahisseurs étrangers

Les cultures que ceux-ci apportaient se fondaient dans la culture locale composite et tolérante

Ce fut en particulier le cas dans les royaumes indo-grecs, IIe – Ier siècle avant l'ère commune (AEC) et dans l'empire kouchan (env

Ier – IIIe siècle de l'ère commune)

Puis le Gandhara traversa des moments plus confus, jusqu'à l’expansion de la religion musulmane avec les Saffarides (861-1003)

Peu après, le nom même de « Gandhara » s'appliqua à une autre région. Le bouddhisme du Gandhara et des régions avoisinantes a vu la naissance du bouddhisme mahāyāna et a influencé de manière importante le bouddhisme d'Extrême-Orient ; les premiers missionnaires et traducteurs actifs en Chine, ainsi que la majorité des sûtras, provenaient de ces régions, indo-grecques et kouchanes

L'influence du Gandhara s'exerça aussi sur le bouddhisme tibétain par l'intermédiaire de l'école yogacara (ou cittamātra), fondée par Asanga et Vasubandhu, deux frères gandharais

Les manuscrits bouddhiques les plus anciens, qui sont aussi les manuscrits indiens les plus anciens, ont été trouvés au Gandhara

Ils sont écrits en gandhari, langage en usage dans le royaume, dérivant du sanskrit et noté en écriture kharosti. C'est dans la région du Gandhara — ainsi qu'à Mathura (à proximité de Delhi) — que sont apparues les premières images du Bouddha sous forme d'un être humain

Et c'est au Gandhara qu'est supposé se trouver le lac Dhanakosha, lieu de naissance de Padmasambhava, fondateur du bouddhisme tibétain. L'art du Gandhara a fait l'objet d'études précises par Alfred Foucher qui publiait dès 1905 une œuvre majeure : « L'art gréco-bouddhique du Gandhâra

Étude sur les origines de l'influence classique dans l'art bouddhique de l'Inde et de l'Extrême-Orient »

Il créait, ce faisant, le concept problématique d'« art gréco-bouddhique »

Ce terme est problématique en effet : de nombreuses cultures entrent ici en contact, et pas seulement l'art grec ou hellénistique avec la culture bouddhique, d'origine indienne, mais aussi les cultures romaine et parthe (laquelle, d'origine scythe intègre des éléments perses, grecs et iraniens)

Les formes qui nous sont parvenues, au Gandhara et dans les régions voisines, en offrent souvent une synthèse étonnante

Pour ces raisons l'art du Gandhara a été collectionné dès la fin du XIXe siècle, analysé en détail, et fait encore, au début du XXIe siècle l'objet d'études de plus en plus poussées.

Géographie

Carte topographique des principaux sites du Gandhara et de Bactriane.

Localisation

La région géographique : le Gandhara

Le Gandhara correspond, au plan strictement géographique, à une partie du Nord du Pakistan actuel, sur les rives de la rivière Kaboul jusqu'à son confluent avec l'Indus à l'Est. C'est une plaine limitée à l'Ouest et au Nord par les très hautes montagnes de l'Hindou Kouch, au Nord-est par des collines et les massifs montagneux du Karakoram, et au Sud par des zones rapidement sèches. Les villes contemporaines de cette région : Peshawar et Mardan sont les plus grandes villes de la province du Khyber Pakhtunkhwa. Cette plaine, en demi-cercle, s'inscrit à l'intérieur d'une surface de 80 × 140 km.

  • Commerce. Situé sur la route commerciale du nord  de l'Inde - l'Uttarapatha, actuellement la Grand Trunk Road - le Gandhara a été et reste aujourd'hui un centre d'activités commerciales internationales et un important nœud de communication entre la Perse et l'Asie centrale.
L'aire culturelle : « Grand Gandhara »

Les frontières des royaumes ou des empires qui exercent, dans l'Antiquité, le pouvoir au Gandhara varient suivant les époques, mais la région du Gandhara est indépendante de ces frontières fluctuantes. Le centre est situé sur le bassin de Peshawar, et Taxila en est la ville la plus à l'Est.

Par contre la culture du Gandhara est plus étendue. Les zones frontalières du Gandhara (où l'art est peu différencié de celui qu'on trouve dans la partie centrale) s'étendent jusqu'à la vallée de la Swat et permettent d'inclure des parties du nord-ouest du Pendjab et des vallées du Karakoram, dont celle de la Gilgit. D'autres cités comme Hadda, à l'extrême est de l'Afghanistan, dans la Passe de Khyber, sont des centres culturels importants intimement connectés avec le Gandhara.

Les chercheurs ne sont pas tous d'accord sur ces zones frontalières qui constituent, avec le Gandhara, ce que certains ont appelé le « Grand Gandhara ». Le critère pouvant être résumé ainsi : il faut, pour être inclus dans le « Grand Gandhara », faire partie de son aire culturelle. Par « aire culturelle » il faut entendre un espace où des populations partagent un langage (le Gandhari), une écriture (le kharosthi), un langage artistique (l'art du Gandhara) et une histoire commune (le Gandhara ayant été, au début de son développement, inclus dans l'Empire achéménide). Ainsi l'aire culturelle du « Grand Gandhara » ne se limite-t-elle pas au Pakistan mais s'étend au-delà du bassin de Peshawar non seulement jusqu'à Taxila, mais sur les nombreux sites de la vallée de la rivière Swat au Pakistan, ainsi qu'à l'Ouest sur l'Afghanistan (Hadda, à proximité de Jalalabad...), et au Nord sur l'ancienne Route du Karakorum, comme à Gilgit, la capitale du Gilgit-Baltistan. Le Grand Gandhara peut aussi s'étendre très loin selon certains auteurs : le Greater Gandhara de Richard Salomon (traducteur des textes en Gandhari trouvés à Hadda) propose l'appellation « Greater Gandhara » pour toutes les régions où l'on a trouvé des traces de la langue Gandhari (rédigée d'ailleurs en écriture kharoṣṭhī). Cette « aire kharoshthi » (celle de l'écriture) que Gérard Fussman considère comme "pas tout à fait faux" . Selon cet auteur, à partir du araméenne et l'écriture grecque. La Bactriane, (pour certains relevant du Grand Gandhara) est un pays où la kharoṣṭhī ne joue qu'un rôle minime ». Et plus loin : [à la différence de ce que peut recouvrir la notion de Greater India] « jamais le Grand Gandhara n'a représenté d'unité politique. Le Gandhara, lui-même, a toujours été représenté au sein d'unités politiques beaucoup plus vastes, lesquelles n'ont pas toujours recouvert les mêmes frontières. Il n'y a pas d'unité de religion. Pour la Bactriane, la population est restée, en majorité, très probablement, mazdéenne. Le Gandhara, lui-même, quand on regarde l'onomastique (les noms propres) montre une présence bouddhique et hindoue, toutes deux aussi massives (les hindous n'avaient alors aucun temple et très peu de sculptures). Quant aux langues à Khotan et Niya (actuellement au Xinjiang, en RPC), où l'on a trouvé les textes en kharoṣṭhī, des restes de temples bouddhistes, et c'est par le bouddhisme qu'est venue l'écriture kharoṣṭhī et une partie de la (langue) gandhari, mais on ne sait rien, en fait, sur les cultes réels ». « Quand on aura édité les textes (dans une dizaine d'années) on pourra [voir les proximités et les différences], entre la langue de Hadda, celle du Badjaour (District de Bajaur), et celle du Gandhara proprement dit [...] ». Des études précises sur les provinces devraient éclaircir cette question du « Grand Gandhara ». Concept qui n'a pas de signification ni au Kapissa ni au Cachemire. « À partir du brahmi alors que rien ne peut dire que la langue a changé et que l'origine des moines a changé. » [...].

Deux espaces et les nombreuses régions qui les constituent sont donc en question dans les débats sur l'extension du Grand Gandhara :
L'Est, en territoire afghan, incluant en particulier les sites de Hadda (à proximité de Jellalabad), Shotorak, avec ses monastères  (près de Begram) et Ghazni (au sud-ouest de Kaboul) ainsi que l'unique colonne subsistant : celle de Minar-e Chakri, près de Kaboul. On peut aussi inclure les sites de la vallée de la Kunar et de la région de Bajaur. Enfin l'aire culturelle du Gandhara ne doit pas être étendue, pour Gérard Fussman, jusqu'à la Bactriane, en particulier dans sa partie Sud : Chaqalaq tepe - un village fortifié - et Haïbak  ; alors que Richard Salomon n'est pas de cet avis. De même, Bamiyan ne relève pas de l'aire culturelle du Gandhara selon G. Fussman, alors que Kurt A. Behrendt l'inscrit dans son propos sans faire de distinction.
Le Nord-Est : les populations du Gandhara ont laissé des monuments bouddhistes portant des inscriptions qui ont fait l'objet d'études précises par les chercheurs de l'Université de Heidelberg. Ces stupas sont situés sur la grande route du Karakorum (ou Karakoram) en direction du Xinjiang (le site de Gilgit, entre autres). Mais K. A. Behrendt n'y fait aucune allusion.

Localisation de l'art du Gandhara et de l'art « gréco-bouddhique »

Carte tirée de : Alfred Foucher, Les bas-reliefs gréco-bouddhiques du Gandhâra, vol. 1, Imprimerie nationale, E. Leroux, Paris. 1905. Thèse présentée à la faculté des lettres de l'Université de Paris

L'art du Gandhara, le plus connu des arts gréco-bouddhiques, offre une synthèse exceptionnelle des formes artistiques d'Asie et d'Europe. Celles des arts indiens, dont l'architecture des temples hindous, la sculpture hellénistique et son architecture, la sculpture romaine et son architecture, et les arts iraniens, perses et parthes sur des thèmes iconographiques et architecturaux indiens où le bouddhisme a été le motif commun à tous.

Ceci a fasciné les premiers chercheurs, en particulier Alfred Foucher (1865-1952) qui a créé le concept d'art gréco-bouddhique dès 1905. Cet art se situe, pour Foucher, sur une aire précise : le district de Peshawar, de la passe de Khyber à l’Indus et de Kohat au col de Malakand. C'est aussi le centre d'un vaste et fluctuant espace où s'est développé l'art « gréco-bouddhique ». Ce concept a été reformulé selon les auteurs, en art indo-grec ou indo-romano-grec avec un apport iranien. Autant de formes artistiques qui apparaissent sur un espace à cheval sur le Nord du Pakistan et sur un grand quart Nord-est de l'Afghanistan actuels. Cet art « gréco-bouddhique » s'est diffusé en se transformant au sein des cultures qu'il rencontrait : sur les routes commerciales jusqu'en Asie centrale orientale, dans l'actuel Xinjiang et jusque dans l'ancien royaume de Dali, au Yunnan, ainsi qu'ailleurs en Chine et au Japon où l'on assiste à une appropriation des composantes initiales par les cultures où se développe le bouddhisme. D'âpres discussions dans le milieu des chercheurs tentent de déterminer de manière plus précise les limites de l'art du Gandhara, l'aire qui relève de sa culture (le Grand Gandhara) et l'espace où se rencontrent les arts plus ou moins parents : les arts gréco-bouddhiques et leurs métamorphoses en Extrême Orient.

Pour localiser l'art du Gandhara plusieurs solutions ont été retenues aux gréco-bouddhique de l'Asie centrale. Ainsi en Asie centrale orientale, l'ensemble le plus important de la peinture gandharienne selon Mario Bussagli (1984, traduction fr. 1996), a été retrouvé à Miran, à l'est du Xinjiang. Cependant cet art relève aussi de l'art « gréco-bouddhique » d'influence romaine : où fusionnent des procédés indiens et romains, puisque l'auteur de ces peintures a signé de son nom romain.

Plusieurs aires se distinguent ainsi par leur style. Voici les principales, qui font l'unanimité :

  • L'aire du Gandhara proprement dit, et précisé par Foucher : la région de Peshawar : royaume indo-parthe) et son Dharmarajika stupa du IIe siècle avant notre ère.
  • L'aire du Grand Gandhara :
    • la vallée de la Swat, Butkara (Scytho-Parthe et Kouchan), Ier – IIIe siècle (voire début IVe siècle).
    • Hadda, Tapa Shotor, chapelle du Nâgaraja, IIe siècle, et chapelles V2 et V3, IIIe – IVe siècle
    • Autour de Taxila, des monuments tardifs d'un style proche de celui de Hadda, avant le Ve siècle, dont les sites de Jaulian et Giri.

Au-delà de l'art du Gandhara et du Grand Gandhara, les autres arts « gréco-bouddhiques » qui voient fusionner les cultures indienne, perse, parthe, grecque et romaine, voire les ilots purement grecs ou gréco-iraniens (en particulier la Bactriane) influencent ou sont influencés par le Gandhara en raison de sa position sur les voies de communication :

    • Le Kapisa avec la région de Kaboul, fortement inspiré de l'hellénisme, IIe – IIIe siècle
    • Le Kapisa, à Shotorak près de Begram et Païtava, près de Charikar, pré-roman, avant l'heure
    • Au Turkestan chinois, près du Lob Nor, le site de Miran, IIIe siècle (?), décoré par un peintre romain
    • À cheval sur l'Afghanistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan : La Bactriane (Dal'verzin Tepe, )
    • En Afghanistan, Bamiyan et le monastère de la vallée de Kakra, Ve – VIe siècle (?)
    • En Afghanistan, La vallée du Ghorband et le monastère de Fondukistan,
    • Au Turkestan chinois (Xinjiang), région de Kashgar : Tumshuq à Toqquz-saraï, VIe – VIIe siècle
    • Au Turkestan chinois, mais plus au Nord-est : Quca (ou Kucha) et les Grottes de Kizil, IIIe – VIe siècle

Finalement, aujourd'hui, le fait de tenter de définir la région du Gandhara et l'aire culturelle du Grand Gandhara permet de construire une réflexion sur les formes artistiques qui s'y sont déployées. Les archéologues remarquent des différences notables dans les formes associées à des pratiques religieuses et celles qui émanent du pouvoir politique : l'art dynastique. Par ailleurs, les études ne se sont pas portées sur les formes associées à la vie de tous les jours, la céramique commune et l'habitat dont il ne reste que très peu de traces.

  • Ce qui subsiste et ce qui a disparu. Les monastères ont été protégés par leur isolement, en hauteur, tandis que les villes sont des sites archéologiques disparus dans les plaines, à l'exception de Sahr-i-Bahlol. En effet la plaine du Gandhara est un riche terroir, de tout temps cultivé : comme ces terres ont été submergées d'innombrables fois par les crues et les ruines ayant été utilisées par les paysans, les traces des anciennes villes et autres sites, tout a disparu. Le site de Sahr-i-Bahlol doit sa « survie » d'être sur une légère surélévation. La disparition des villes donne une image tronquée de la vie et de l'art dans le Gandhara.
  1. John M. Rosenfield : Prologue in Gandhāran Buddhism 2006, Empire Kouchan.
  2. G. Fussman, 2004, Journal of the International Association of Buddhist Studies, Book Review, pages 237 sqq. : Kurt A. Behrendt, The Buddhist Architecture of Gandhara. Ouvrage vertement critiqué, entre autres sur une localisation du Gandhara réduit au seul Pakistan.
  3.  », sur University of Washington : Asian Langages & Literature (consulté le ).
  4. «  », sur Collège de France, cours du 8 mars 2011 (consulté le ) : 28.13 sqq., 38.40 sqq., 49.15 sqq. et 58.15
  5. Tissot 2002: carte hors texte.
  6.  », sur Pleiades (consulté le ). Site fouillé en 1964/1967, publié par Seiichi Mizuno, [1]
  7. G. Fussman, 2004, Journal of the International Association of Buddhist Studies, Book Review, pages 237 sqq.. Une étude très critique de : Kurt A. Behrendt, The Buddhist Architecture of Gandhara. dans laquelle cette dernière région n'est pas évoquée par Kurt A. Behrendt (en 2006, nommé conservateur associé au Metropolitan Museum of Art).
  8. Gérard Fussman, «  », sur Collège de France, cours 2010-2011 (consulté le ).
  9. Bussagli 1996, p. 29
  10. Bussagli 1996, p. 43
  11. Ce découpage correspond aux informations recueillies dans les ouvrages suivants : Guide du Musée Guimet 2012, Cambon 2010, Béguin 2009.
  12. Gérard Fussman, «  », sur Collège de France, cours du 8 mars 2011 (consulté le ): 48:30 sq.
  13. Dal'verzin Tepe, p. 58-61
  14. lire en ligne, consulté le ).


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