Nil

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Nil : descriptif

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Nil

Le Nil (prononcé [nil]) est un fleuve d'Afrique

Avec un cours de plus de 6 700 km, il est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde

Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu

Le Nil Blanc (en arabe : النيل الأبيض, alniyl al'abyad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil Bleu (en arabe : النيل الأزرق, alniyl al'azraq) est issu du lac Tana (Éthiopie)

Ses deux branches s'unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte

En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Égypte

Il longe également le Kenya et la république démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé. Le Nil est la voie qu'empruntaient les Égyptiens pour se déplacer

Il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l'abondance

Il joua un rôle très important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social (c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux

Fleuve nourricier de cette civilisation, il fut divinisé sous le nom d'Hâpy, personnifiant la crue du Nil dans la mythologie égyptienne. La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives, est restée longtemps un phénomène inexpliqué

C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, Kemet, qui veut dire « la terre noire ». De nos jours, les eaux limoneuses du Nil sont captées et redistribuées sur les terres agricoles grâce aux barrages de Ziftah, d'Assiout, d'Hammadi, d'Esna et surtout aux deux barrages géants d'Assouan, l'ancien et le grand barrage, dont la construction dans les années 1970 a nécessité le déplacement de plusieurs temples dont ceux d'Abou Simbel, qui auraient été noyés dans la retenue du lac Nasser.

Étymologie

Les anciens Égyptiens l'appelaient soit Ḥ'pī ou Ḥap, soit itérou (trans. = jtrw) signifiant « rivière », représentée par les hiéroglyphes :

M17X1
D21
G43N35AN36
N21 Z1

qui se déformera plus tard en eior. Hâpy était la personnification divine du Nil.

En copte, le Nil est appelé en fonction des dialectes ⲉⲓⲟⲟⲣ (eioor), ⲫⲓⲁⲣⲟ (piaro en sahidique, phiaro en bohaïrique), ⲉⲓⲉⲣⲟ (eiero), ⲓⲁⲣⲟ (iaro), ⲓⲉⲣⲟ (iero), ⲓⲉⲣⲁ (iera) ou ⲓⲟⲣ (ior), termes tous dérivés de l'égyptien ancien.

Le mot « Nil » (latin Nilus, lui-même issu du grec Νεῖλος / Neîlos, qui serait lui-même une transcription déformée du terme égyptien Na-eiore, pluriel de eior, désignant le delta et signifiant « rivière, cours d'eau ».

En arabe, on écrit النيل (An-Nil).

  1. Open Egyptology. (Accédé le 17 octobre 2006 - mot de passe demandé ou se connecter en tant qu'invité).
  2. a et b Splendeurs de l'Égypte, collectif, Éd. Molière coll. Splendeurs, Paris, 1990.

Histoire

Coucher de soleil au-dessus du Nil (Le Caire, Égypte).

Le Nil (itérou en égyptien ancien) était au cœur de la civilisation de l'Égypte antique. La majorité de la population et toutes les villes de l'Égypte occupaient les rives du Nil au nord d'Assouan. Le Nil a été la colonne vertébrale de la culture égyptienne depuis l'âge de pierre. Le changement de climat, et peut-être la surexploitation des pâturages, a desséché les terres pastorales de l'Égypte pour former le désert du Sahara, probablement vers -8000, et les habitants ont alors vraisemblablement émigré vers le fleuve, où ils ont établi une économie agricole sédentaire et une société plus centralisée.

Pendant trente siècles, seules des felouques et des canges à rames ont navigué sur le Nil de Haute-Égypte. Il n'a fallu que cinquante ans pour qu'une armada de palaces flottants bouleverse le trafic fluvial millénaire.

Le rôle du Nil dans la fondation de la civilisation égyptienne

Le delta du Nil vu de l'espace.

La nourriture a joué un rôle crucial dans la fondation de la civilisation égyptienne. Le Nil a été une source intarissable de nourriture. Le Nil rend les terres environnantes très fertiles grâce à ses crues annuelles. Les Égyptiens pouvaient entre autres cultiver le blé et l'orge, fournissant de la nourriture pour toute la population. En outre, l'eau du Nil attire la faune telle que le buffle d'Afrique, et, après son introduction par les Perses au dromadaire. Ces animaux ont pu être tués pour la viande, ou capturés, apprivoisés et employés pour labourer — ou, dans le cas des dromadaires, pour voyager. L'eau était vitale pour les humains comme pour le bétail. Le Nil était également un moyen commode et efficace de transport pour les personnes et les marchandises.

Le Nil a aussi fourni le lin pour le commerce. Le blé était également échangé, une récolte cruciale dans le Moyen-Orient où la famine sévissait souvent. Ce système marchand a fixé les rapports diplomatiques de l'Égypte avec d'autres pays et a souvent contribué à la stabilité économique de l'Égypte. En outre, le Nil a fourni des ressources telles que la nourriture (poissons, gibier d'eau, irrigation des champs) ou de l'or alluvionnaire, pour lever rapidement et efficacement des armées.

Pêcheur en Égypte.
Le Nil (Louxor, Égypte).

Le Nil a joué un rôle important dans la politique et dans la vie sociale. Le pharaon faisait déborder le Nil, et en échange de l'eau fertile et des récoltes, les paysans cultivaient le sol et envoyaient au pharaon une partie des ressources qu'ils avaient récoltées. En contrepartie, ce dernier utilisait ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne.

Le Nil avait une dimension spirituelle. Le Nil signifiait tant dans la vie des Égyptiens qu'ils ont créé un dieu consacré au bien-être apporté par l'inondation annuelle du Nil. Le nom de ce dieu était Hâpy et autant lui que Pharaon étaient censés contrôler la crue du Nil. Le Nil a été aussi considéré comme un seuil entre la vie et la mort, l'au-delà. L'est était considéré comme le lieu de la naissance et de la croissance et l'ouest celui de la mort, comme le dieu Rê, le soleil, qui subit ces trois états : naissance, mort et résurrection à chaque fois qu'il traverse le ciel. Ainsi, tous les tombeaux ont été placés à l'ouest du Nil, parce que les Égyptiens croyaient que pour entrer dans l'au-delà, il fallait être enterré du côté symbolisant la mort.

À la fin du Olympiodore rapproche la citation galvaudée d'Hérodote (« l'Égypte était un don du Nil ») de celle d'Aristote (« l'Égypte, œuvre du Nil »). Ces formulations illustrent bien l'importance du Nil dans la société égyptienne, ses crues annuelles déposant un limon meuble sur des champs restés immergés plusieurs semaines, ce qui conditionne la fertilité de ces sols inondables. Cependant, elle passe sous silence la grande quantité de travail fournie par les Égyptiens pour mettre en valeur le fleuve (construction de canaux d'irrigation puis utilisation de chadoufs et de norias) ; en effet, ses crues dévastatrices et son cours variable (la ville de Pi-Ramsès a par exemple dû être abandonnée à la suite de l'ensablement du bras du Nil qui l'alimentait) ont rendu son exploitation laborieuse. Cette phrase passe également sous silence la mise en valeur plus anecdotique des oasis du désert Libyque, pour lesquelles il a également fallu avoir recours à d'importants travaux d'irrigation (chadoufs, norias, qanats, etc.).

Le commerce de grande envergure le long du Nil depuis des temps antiques peut être prouvé à partir de l'os d'Ishango, probablement la première indication connue de la multiplication, qui a été découverte près de la source du Nil (près du lac Édouard, au nord-est du Congo), os qui a été daté au carbone 14 à près de 23 000 années avant notre ère.

La recherche des sources du Nil

Le Nil à Dendérah, Égypte (photo Spot Image).
Dans l'ancienne Égypte

Dans son commentaire du Conte du naufragé (qu'il publia dans Les Contes populaires de l'Égypte ancienne en 1889), l'égyptologue français Gaston Maspero détaille les voyages des anciens Égyptiens se rendant aux mines de Pharaon. Le récit du nomarque Amoni-Amenemhaît, à peu près contemporain de ce récit, nous apprend qu'elles étaient situées en Éthiopie, dans la région de l'Etbaye, accessibles par le Nil. Aussi, le héros du conte explique qu'après les confins du pays des Ouaouaîtou (ou pays d'Ouaouaît, situé au-delà de la seconde cataracte), au sud de la Nubie, il est passé devant Sammouît, donc l'île de Bîgéh, à la première cataracte. Il a remonté le fleuve, puis est entré dans la mer Rouge, où une longue navigation a mené son navire jusque dans le rivage du pays de Pount, avant de revenir en thébaïde par la même voie. Maspero souligne qu'un lecteur moderne est perdu face à cette manière de procéder. Pour la comprendre, il suffit pourtant d'étudier des cartes des Congo et le Zambèze, de l'autre le Nil.

Les géographes alexandrins étaient convaincus que l'Astapus et l'Astaboras (le Nil Bleu et le Tacazzé, selon Maspero, fleuves aussi évoqués par Strabon dans sa Géographie) poussaient vers l'est des bras communiquant avec la mer Rouge. Les marchands arabes pensaient qu'en suivant le Nil, ils pouvaient atteindre le pays des Zindjes, avant de déboucher dans l'océan Indien. Pour Hérodote et ses contemporains, le Nil dérivait du fleuve Océan. Arabes comme Grecs n'avaient pas inventé cette conception ; ils se basaient sur la tradition égyptienne. Celle-ci pourrait avoir des fondements plus sérieux qu'à première vue. La plaine basse et marécageuse où le Bahr el-Abiad s'unit actuellement au Sobat et au Bahr el-Ghazâl était autrefois un lac plus grand que le Lac Victoria actuellement. Les alluvions l'ont progressivement comblé, sauf un creux plus profond que le reste, le Birket Nou, qui à l'époque de Maspero se colmate de jour en jour. Mais aux .

Antiquités grecque et romaine

En dépit des tentatives des Grecs et des Romains (qui n'ont pu traverser les marais du Sudd), l'amont du Nil est demeuré en grande partie inconnu des sociétés méditerranéennes. Les diverses expéditions n'avaient pas réussi à déterminer la source du fleuve. Les représentations hellénistiques et romaines classiques du fleuve représentaient ainsi un dieu masculin avec son visage et sa tête se cachant dans des draperies, en témoignent les vers célèbres de Lucain :

Arcanum natura caput non prodidit ulli
Nec licuit populis parvum te, Nile, videre

— Lucain, lire en ligne

Carte du monde connu décrit par Hérodote dans les Histoires, indiquant le Nil traversant l'Afrique depuis l'Atlas.

Vers les années 440 av. J.-C., l'historien grec Hérodote disserte longuement sur le fleuve dans ses Histoires. Il y rapporte les propos d'un homme affirmant avoir trouvé les sources du Nil :

« De tous les Égyptiens, les Libyens et les Grecs avec qui je me suis entretenu, aucun ne se flattait de connaître les sources du Nil, si ce n'est le hiérogrammatéus, ou interprète des hiéroglyphes d'Athéna, à Saïs en Égypte. Je crus néanmoins qu'il plaisantait, quand il m'assura qu'il en avait une connaissance certaine. Il me dit qu'entre Syène, dans la Thébaïde, et Éléphantine, il y avait deux montagnes dont les sommets se terminaient en pointe ; que l'une de ces montagnes s'appelait Crophi, et l'autre Mophi. Les sources du Nil, qui sont de profonds abîmes, sortaient, disait-il, du milieu de ces montagnes : la moitié de leurs eaux coulait en Égypte, vers le nord ; et l'autre moitié en Éthiopie, vers le sud. Pour montrer que ces sources étaient des abîmes, il ajouta que Psammitichus, ayant voulu en faire l'épreuve, y avait fait jeter un câble de plusieurs milliers d'orgyies, mais que la sonde n'avait pas été jusqu'au fond. Si le récit de cet interprète est vrai, je pense qu'en cet endroit les eaux, venant à se porter et à se briser avec violence contre les montagnes, refluent avec rapidité, et excitent des tournants qui empêchent la sonde d'aller jusqu'au fond. »

— Hérodote, Histoires, Livre II, partie XXVIII

Il y relate aussi une expédition à la recherche desdites sources, qui a abouti à la découverte d'une grande rivière :

« Voici néanmoins ce que j'ai appris de quelques Cyrénéens qui, ayant été consulter, à ce qu'ils me dirent, l'oracle de Jupiter Ammon, eurent un entretien avec Étéarque, roi du pays. Insensiblement la conversation tomba sur les sources du Nil, et l'on prétendit qu'elles étaient inconnues. Étéarque leur raconta qu'un jour des Nasamons arrivèrent à sa cour. Les Nasamons sont un peuple de Libye qui habite la Syrte, et un pays de peu d'étendue à l'orient de la Syrte. Leur ayant demandé s'ils avaient quelque chose de nouveau à lui apprendre sur les déserts de Libye, ils lui répondirent que, parmi les familles les plus puissantes du pays, des jeunes gens, parvenus à l'âge viril, et pleins d'emportement, imaginèrent, entre autres extravagances, de tirer au sort cinq d'entre eux pour reconnaître les déserts de la Libye, et tâcher d'y pénétrer plus avant qu'on ne l'avait fait jusqu'alors. [...] Ces jeunes gens, envoyés par leurs compagnons avec de bonnes provisions d'eau et de vivres, parcoururent d'abord des pays habités ; ensuite ils arrivèrent dans un pays rempli de bêtes féroces ; de là, continuant leur route à l'ouest à travers les déserts, ils aperçurent, après avoir longtemps marché dans un pays très sablonneux, une plaine où il y avait des arbres. S'en étant approchés, ils mangèrent des fruits que ces arbres portaient. Tandis qu'ils en mangeaient, de petits hommes, d'une taille au-dessous de la moyenne, fondirent sûr eux, et les emmenèrent par force. Les Nasamons n'entendaient point leur langue, et ces petits hommes ne comprenaient rien à celle des Nasamons. On les mena par des lieux marécageux ; après les avoir traversés, ils arrivèrent à une ville dont tous les habitants étaient noirs, et de la même taille que ceux qui les y avaient conduits. Une grande rivière, dans laquelle il y avait des crocodiles, coulait le long de cette ville de l'ouest à l'est. [...] Ce prince ajoutait cependant, comme m'en assurèrent les Cyrénéens, que les Nasamons étaient retournés dans leur patrie, et que les hommes chez qui ils avaient été étaient tous des enchanteurs. Quant au fleuve qui passait le long de cette ville, Etéarque conjecturait que c'était le Nil, et la raison le veut ainsi ; car le Nil vient de la Libye, et la coupe par le milieu. »

— Hérodote, Histoires, Livre II, parties XXXII et sq.

Cela dit, il s'agit probablement du Niger.

Au Agatharchide relate que sous le règne de Philadelphe, une expédition militaire avait pénétré assez loin le long du cours du Nil Bleu pour déterminer que les crues de l'été étaient provoquées par les orages de pluies saisonnières dans les montagnes éthiopiennes, anecdote également racontée au grec Diodore de Sicile :

« Depuis les temps anciens jusqu'à Ptolémée, surnommé Philadelphe, aucun Grec n'avait pénétré dans l'Éthiopie, et ne s'était même pas avancé jusqu'aux frontières de l'Égypte. Tous ces lieux étaient trop inhospitaliers et dangereux à parcourir. On en a une plus exacte connaissance depuis l'expédition que ce roi avait faite en Éthiopie, à la tête d'une armée grecque. C'est là ce qui explique l'ignorance des premiers historiens. Jusqu'à ce jour aucun d'eux n'a dit avoir vu ou appris sûrement les sources du Nil et l'endroit où il prend sa naissance. Aussi cette question est-elle tombée dans le domaine des hypothèses et des conjectures. Les prêtres égyptiens prétendent que le Nil prend son origine à l'Océan, qui entoure la terre. »

— Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Livre lire en ligne)

Mais aucun voyageur n'est connu dans l'Antiquité pour avoir atteint le lac Tana, encore moins pour avoir retracé les étapes de cette expédition après Méroé.

Le monde selon Ératosthène.

Strabon, géographe grec, décrit le Nil dans sa Géographie (écrite en grec ancien par Strabon entre 23 et 20 av. J.-C., citant Ératosthène. Il le décrit comme formant, par la direction générale de son cours depuis Méroé (Soudan), un N renversé. Il dit aussi que deux cours d'eau se jettent dedans, venant tous deux de certains lacs situés au loin dans l'est et qui enserrent l'île de Méroé : l'Astaboras et l'Astapus.

Vers 77, le naturaliste romain Pline l'Ancien publie son Histoire naturelle, où il situe la source dans le lac Nilis, près de l'Océan :

« Le Nil, sorti de sources mal connues, coule à travers des lieux déserts et brûlants. Il promène ses eaux dans un espace d'une immense longueur, dont la connaissance est due à des récits pacifiques, et non aux guerres qui ont procuré la découverte de tous les autres pays. La source (autant qu'ont pu s'étendre les recherches du roi Juba) en est une montagne de la Mauritanie inférieure, non loin de l'Océan ; il forme aussitôt un lac qu'on appelle Nilis. On y trouve, en fait de poissons, des alabètes, des coracins et des silures ; un crocodile en a été rapporté et consacré par Juba même, preuve que c'est bien le Nil, dans le temple d'Isis à Césarée, où on le voit encore aujourd'hui. »

— Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre lire en ligne)

Un fleuve du Paradis

Le Nil est assimilé par plusieurs auteurs à l'un des quatre fleuves  d'Éden dont parle le Livre de la Genèse : l'Euphrate, le Tigre, le Gihon et le Pishon. Si les deux premiers correspondent à des fleuves réels, les deux autres sont mythiques ; ils ont été identifiés, en fonction des auteurs, à différents cours d'eau d'Asie, d'Europe ou d'Afrique, tels que le Nil. L'historien judéen Flavius Josèphe dans ses Antiquités judaïques (fin du Jean de Mandeville dans son livre penchent pour le Gihon (ou Geon, ou Gyson). Ce dernier estime que le cours d'eau sort du paradis terrestre (qu'il situe entre les déserts de l'Inde), puis coule sous terre pour ressortir entre l'Inde et l'Éthiopie, puis finir sa course en Égypte. Mais Ernoul, chroniqueur français du et Rachi, rabbin français du , estiment qu'il s'agit du Pishon (ou Sison, ou Pichon) :

« Pichon, c’est le Nil, le fleuve de l’Égypte. Il est appelé Pichon (du mot pachou signifiant « se répandre ») parce que ses eaux, par la bénédiction de Dieu, montent et arrosent le sol. C’est comme dans : « et ses cavaliers se répandent (pachou) » (‘Habaqouq 1, 8). Autre explication : le Pichon fait pousser le lin (pichtan) (Beréchith raba 16, 2), ainsi qu’il est écrit à propos de l’Égypte : « ils seront confondus, ceux qui travaillent le lin (‘ovdé pichtim) » (Yecha’ya 19, 9). »

— Rachi, commentaires sur la Genèse, 2.11 (lire en ligne)

Jean de Joinville, biographe de , écrit en 1309 la Vie de saint Louis, où il narre notamment sa participation à la septième croisade en compagnie du roi. Lors d'une digression sur le Nil, il raconte que le fleuve vient du Paradis terrestre. Le médiéviste français Jacques Monfrin, dans une note de son édition du livre, explique que l'auteur rapporte des idées courantes à l'époque, comme en témoigne Ernoul. Concernant le Paradis terrestre, Monfrin renvoie à l'ouvrage de Jean Delumeau, Une histoire du Paradis. Puis, Joinville explique que les Égyptiens jettent des filets dans le Nil pour y attraper des denrées venant dudit Paradis, où le vent les fait tomber des arbres où ils poussent : gingembre, rhubarbe, bois d'aloès et cannelle. Ensuite, il rapporte qu'on disait dans le pays que le sultan du Caire avait plusieurs fois tenté de savoir d'où venait le fleuve. Il envoya donc des gens remonter le cours d'eau, emportant avec eux pour nourriture un pain appelé biscuit. Ces explorateurs racontèrent ensuite avoir exploré le fleuve et être arrivés à un grand massif de roches à pic, où nul n'avait la possibilité de monter et d'où le cours d'eau tombait. Il leur a semblé qu'en haut se trouvaient quantité d'arbres. Enfin, ils affirmèrent avoir trouvé des merveilles, différentes bêtes sauvages qui venaient les regarder sur le bord de l'eau : lions, serpents et éléphants. Ils se seraient arrêtés aux premières cataractes du Nil, voire celles de la Haute-Nubie  soudanaise. Quoiqu'il en fut, selon ces auteurs, le Nil était une merveille et une création divine, tandis que ses sources étaient localisées proches de l'inaccessible Paradis.

À partir de l'époque moderne
Nil bleu à partir de Gish Aber.Carte interactive.

Les Européens ne connaissaient que peu de choses sur les origines du Nil jusqu'aux Éthiopie ont visité non seulement le lac Tana, mais sont allés jusqu'à la source du Nil Bleu dans les montagnes au sud du lac. Bien que James Bruce ait prétendu avoir été le premier Européen à avoir vu la source, les auteurs modernes considèrent que le premier est plutôt le père jésuite Pedro Páez. Des Européens s'étaient installés en Éthiopie depuis la fin du XVe siècle, et il est possible qu'ils aient exploré le fleuve au plus près de sa source, mais ils ne pouvaient pas envisager son cours au-delà de l'Éthiopie.

La rivière prend sa source près de Gish Abay, à cent kilomètres au sud-ouest du lac Tana, traverse le lac avec un courant sensible (comme le Rhône traverse le lac Léman), puis sort à Baher Dar et fait une grande boucle vers Khartoum.

Le Nil Blanc était encore plus inconnu. Les anciens ont pensé que le fleuve Niger était une des extensions supérieures du Nil Blanc. Par exemple, Pline l'Ancien a écrit que le Nil aurait sa source « dans une montagne de la Mauritanie du Sud », qu'il coule sur une distance « de plusieurs jours », puis se prolonge sous terre, et qu'il réapparaît sur le territoire des Massæsyles, puis retourne sous le désert pour couler pendant « vingt jours jusqu'à ce qu'il atteigne les Éthiopiens les plus proches ».

Le lac Victoria a été aperçu pour la première fois par un Européen en 1858 quand l'explorateur britannique John Hanning Speke atteignit son rivage méridional pendant son voyage avec Richard Francis Burton pour explorer l'Afrique centrale et pour localiser les Grands Lacs. Croyant avoir trouvé la source du Nil en voyant cette « vaste étendue d'eau » pour la première fois, Speke a appelé le lac du nom de la reine du Royaume-Uni. Burton, qui récupérait d'une maladie et se reposait au sud dans la ville de Kazeh après avoir exploré les rivages du lac Tanganyika, s'est indigné du fait que Speke ait prétendu avoir découvert la vraie source du Nil sans en apporter les preuves scientifiques nécessaires. Burton considérait donc la question des sources du Nil non encore réglée. Une querelle publique suivit, qui a non seulement provoqué des discussions intenses au sein de la communauté scientifique, mais aussi beaucoup d'intérêt chez les autres explorateurs souhaitant confirmer ou réfuter la découverte de Speke. L'explorateur et missionnaire britannique David Livingstone échoua dans sa tentative de vérifier la découverte de Speke, en allant trop vers l'ouest et entrant dans le système du fleuve Congo. C'est finalement l'explorateur britannique Henry Morton Stanley qui confirma la véracité de la découverte de Speke, en naviguant autour du lac Victoria et en se rendant compte de l'existence des chutes de Ripon sur la rive nord du lac. C'est au cours de ce voyage qu'il est dit que Stanley aurait salué l'explorateur britannique avec les mots célèbres « Ujiji sur les rives du lac Tanganyika.

La source la plus haute du Nil naît dans les montagnes du Rwenzori. Ce nom veut dire faiseur de pluie dans la langue des tribus d'altitude ougandaises. Dans ce massif, la pluie tombe plus de 300 jours par an. Ses forêts sont une éponge gonflée d'humidité. Les torrents qui se déversent en cataracte sur les fortes pentes de ce cimetière végétal[Quoi ?] grossissent la rivière Semliki qui alimente le lac Albert, grand déversoir du Nil.

La source la plus méridionale demeure celle du Burundi : « C'est un filet d'eau qui sort du flanc nord du mont Gikizi à 3° 54' 47" de latitude sud, dans la commune de Rutovu au Burundi. Il poursuit son parcours par les rivières Gasenyi, Kigira, affluents de la Ruvyironza. Cette dernière se jette à son tour dans la Ruvubu dont les eaux rejoignent la Nyabarongo pour former la Kagera, principale tributaire du lac Victoria. »

L'expédition du Nil Blanc, menée par le Sud-Africain Hendri Coetzee, a été la première à naviguer sur toute la longueur du Nil. Elle est partie de la source du Nil en Ouganda le et est arrivée à la Mer Méditerranée à Rosette, quatre mois et deux semaines plus tard. National Geographic a présenté un film sur l'expédition à la fin de l'année 2005 : The Longest River.

Le , le géologue Pasquale Scaturro et son associé, le kayakiste et réalisateur de documentaires Gordon Brown, sont devenus les premières personnes à naviguer sur le Nil Bleu, du lac Tana en Éthiopie aux plages d'Alexandrie sur la Méditerranée. Cependant, leur expédition comprenait beaucoup d'autres personnes, mais Brown et Scaturro ont été les seuls à rester pendant tout le voyage. Ils ont enregistré la chronique de leur aventure avec une caméra IMAX et deux caméras à main dans le film IMAX intitulé Le Mystère du Nil et dans un livre éponyme. Malgré tout, l'équipe a été forcée d'utiliser des bateaux à moteur pour la majeure partie de leur voyage, et ce n'est que le que le Canadien Les Jickling et le Néo-Zélandais Mark Tanner atteignirent la mer Méditerranée.

Le , une équipe menée par les Sud-Africains Peter Meredith et Hendri Coetzee fut la première expédition à naviguer jusqu'à la source la plus lointaine du Nil : la rivière Kagera, connue comme la rivière Rukarara, dans la forêt de Nyungwe au Rwanda.

Le , trois explorateurs de Grande-Bretagne et de Nouvelle-Zélande ont prétendu avoir été les premiers à remonter le fleuve de son delta à la vraie source qui se trouve dans la forêt tropicale de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Au terme d'une progression dans la forêt de Nyungwe, ils se sont arrêtés autour d'un trou rempli de vase, situé à 2 428 mètres d'altitude, d'où jaillissait un filet d'eau, une source du Nil ; la source la plus lointaine du Nil, portant la longueur du fleuve à 6 718 kilomètres au lieu des 6 611 précédemment établis.

Gel

Deux épisodes de gel du Nil sont connus : la première fois en 829 et la seconde fois en 1010 ou 1011. Le climatologue anglais HH Lamb écrivait en 1966 dans The Changing Climate que l'étrangeté du gel du Nil était probablement attribuable à « un déplacement vers le nord de la ceinture anticyclonique, caractéristique de l'époque, et à l'air froid sibérien qui atteignait parfois la Méditerranée »,.


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  1. Danielle Bonneau, La crue du Nil, divinité égyptienne, C. Klincksieck, , p. 126.
  2. Damien Agut et Juan Carlos Moreno-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin éditeur, ISBN ), chap. 1.
  3. a et b Gaston Maspero, Les Contes populaires de l'Égypte ancienne, Paris, , présentation en ligne), p. 56 & 57
  4. a et b Strabon, Géographie, livre lire en ligne).
  5. Lucain, Pharsale, livre X : « La nature n'a révélé ta tête (d'où : ta source) mystérieuse à personne / Et il n'a pas été permis aux peuples de te voir petit, ô Nil. »
  6. Hérodote, Histoires, Livre lire en ligne)
  7. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, lire en ligne).
  8. Jean de Mandeville, Le Livre de Jean de Mandeville, chapitre lire en ligne).
  9. Ernoul, Chronique, ancien français (lire en ligne ici et là).
  10. Rachi, commentaires sur la Genèse, 2.11 (lire en ligne).
  11. Jacques Monfrin, Vie de Saint Louis, Paris, Le Livre de poche, coll. « Lettres gothiques », 2002, Édition bilingue ancien français-français contemporain, p. 414 et sq.
  12. Jean Delumeau, Une histoire du Paradis. Fayard, 1992, p. 59-95.
  13. Aphélie Urbain, Journal des Demoiselles, Histoire et romans : Le sire de Joinville, 1876, lire en ligne).
  14. Danièle James-Raoul & Claude Alexandre Thomasset, Dans l'eau, sous l'eau : le monde aquatique au Moyen Âge, Presses de l'université Paris-Sorbonne, 2002, p. 92 (lire en ligne)
  15. Gedef Abawa Firew & Terje Oestigaard, The Source of the Blue Nile: Water Rituals and Traditions in the Lake Tana, Cambridge Scholars Publishing , 2013, lire en ligne).
  16. Charles Beke, « Mémoire justificatif en réhabilitation des pères Pierre Paëz et Jérôme Lobo, missionnaires en Abyssinie, en ce qui concerne leurs visites à la source de l'Abaï (le Nil) et à la cataracte d'Alata (lire en ligne sur Gallica),Charles Beke, « Mémoire justificatif en réhabilitation des pères Pierre Paëz et Jérôme Lobo, missionnaires en Abyssinie, en ce qui concerne leurs visites à la source de l'Abaï (le Nil) et à la cataracte d'Alata (lire en ligne sur Gallica).
  17. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], V, 10.
  18. Fawn Brodie, , éditions Phébus Libretto, ISBN ).
  19. Coordonnées de la forêt naturelle de Nyungwe 2° 16′ 55,92″ S, 29° 19′ 52,32″ E.
  20. Cfr UNESCO.
  21. Christophe Olry, « Expédition : découverte de la plus lointaine source du Nil », futura-sciences.com, 4 avril 2006.
  22. ISBN , lire en ligne).

    « Freezing of the Bosphorus and the Black Sea was reported by several authors in 1011 during period of Basileus II. […] Ice was floating on the Nile River. »

    .
  23.  », sur South China Morning Post, (consulté le ).
  24. H. H. Lamb, 1966, The changing climate, Methuen and Co. LTD., Londres.

Ces informations proviennent du site Wikipedia. Elles sont affichées à titre indicatif en attendant un contenu plus approprié.

Nil dans la littérature

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