Bitlis

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Bitlis : descriptif

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Bitlis

Bitlis (en kurde Bidlîs ou Bêdlîs ; en arménien Բիթլիս ou Բաղեշ, Baghesh, ou Բաղաղեշ, Baghaghesh) est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom

Peuplée majoritairement de Kurdes, la population s'établit à 65 169 habitants en 2000, en incluant les villages alentour.

Étymologie

L'origine du nom Bitlis est incertaine. La croyance populaire relate une hypothèse sans fondement historique : le nom proviendrait d'un général macédonien nommé Lis ou Batlis auquel Alexandre le Grand aurait confié la construction d'une forteresse à l'emplacement de la ville actuelle.

Histoire

La bataille de Manzikert en 1071.

Antiquité

Bitlis fait partie de la province du Tôroubéran au sein du royaume d'Arménie ; elle fait partie des possessions des nakharark du Bznounik (les Bznouni) jusqu'en 336-337, date de son rattachement au domaine royal arsacide.

Moyen Âge

Au  siècle, lors de la domination arabe de l'Arménie, Bitlis passe aux mains des Mamikonian.

La ville est sous le contrôle des émirs zourarides au  siècle, vassaux des rois arméniens bagratides, avant d'être incorporée à l'émirat kaysite de Manazkert au milieu du  siècle. Vers 970, elle est attaquée par les armées byzantines qui désirent annexer les territoires du royaume arménien et les principautés arabes situées sur les rives du lac de Van. Elle est ensuite disputée entre les Hamdanides et les Marwanides (vassaux de Byzance). À la fin du  siècle, après l'affaiblissement du pouvoir byzantin dans la région, consécutif à la bataille de Manzikert en 1071, la ville tombe aux mains de Togan Arslan, un sujet la dynastie des Shah Arman installée à Akhlat.

L'émirat kurde

Du au  siècle, Bitlis devient un des émirats kurdes. Bien que, durant cette période, la ville soit assujettie à une succession de pouvoirs plus larges qui s'exercent dans la région de Van, elle maintient une certaine forme d'indépendance. Au  siècle, ses émirs kurdes de la famille Rojki (ou Rojki) sont vassaux de la fédération tribale turcomane des Kara Koyunlu (Moutons noirs turcomans), qui regroupe entre autres les petits émirats voisins : Ahlat, Muş, et Hınıs. La ville tombe ensuite aux mains des Timourides en 1394 mais participera au retour des Turcomans Kara Koyunlu peu après. S'ensuit alors l'effondrement de cette fédération : l'émirat de Bitlis disparaît.

Turcomans et Ottomans

Les Ak Koyunlu (Moutons blancs turcomans) assiègent la ville à trois reprises dans les années 1470 et suivantes avant de la capturer en 1494-1495 et de la perdre peu après au profit des Ruzaki. La ville doit se soumettre à un gouverneur pendant l'invasion de la dynastie perse des Séfévides menée par le (1501-1524). Néanmoins, la cité se range du côté des Ottomans à leur arrivée dans la région. Mais l'émir ottoman prête allégeance aux Perses. Une armée ottomane assiège Bitlis pendant trois mois en 1531 et 1532 puis se retire en 1533. Sheref est tué et son fils et successeur se soumet aux Ottomans. Muş et Hınıs se séparent de l'émirat de Bitlis et deviennent des sandjaks indépendants, bien que dirigés par des beys de la famille Ruzaki. Une mission jésuite s'installe à Bitlis en 1685. La dynastie des Ruzakides disparaît en 1849 quand le gouverneur ottoman évince le dernier émir, Sheref Bey, qui est fait prisonnier et amené à Constantinople. La ville est ensuite dirigée par un paşa ottoman et devient en 1864 la préfecture du vilayet auquel la ville donne son nom.

En 1814, la population de la ville atteint les 12 000 habitants, composée à parts égales de musulmans et de chrétiens arméniens. En 1838, la population oscille entre 15 000 et 18 000 habitants dont les deux tiers sont des musulmans et un tiers des Arméniens, augmentés d'une petite communauté de chrétiens syriaques . En 1898, Lynch estime la population à 30 000 personnes dont 10 000 Arméniens, 300 Syriaques et les autres sont des Kurdes musulmans.

Première Guerre mondiale

Le lac de Van, enjeu du front caucasien entre armée russe et troupes de Mustafa Kemal pendant la Première Guerre mondiale.

Un tiers de la population de Bitlis est arménienne à la veille du génocide arménien. En 1915, Turcs et Kurdes, dirigés par Jevdet Bey, massacrent 15 000 Arméniens,. L'ampleur des massacres et leur violence sont telles que le général Vehib pacha parle en 1918 d'« un exemple d'atrocité qui ne s'est jamais produite dans l'histoire de l'islam ».

En février 1916, sur le front caucasien, les armées russes lancent une offensive afin de capturer Muş et Bitlis. Muş tombe le . À Bitlis, les positions turques se maintiennent à la périphérie de la ville et sont protégées par l'étroitesse de la vallée. Dans la nuit du 2 au , lors d'un fort blizzard, le et fait plus de mille prisonniers. L'armée turque abandonne Bitlis et se retire vers Siirt. Un contingent, commandé par Mustafa Kemal, s'avance pour défendre Bitlis mais arrive trop tard. En août 1916, la Seconde armée turque entreprend une offensive contre les Russes sur le front oriental. Le , le Nazarbekov abandonne Bitlis le . Après la perte de Muş, il décide d'abandonner Tatvan et toute la vallée de Muş avant de se retirer à Ahlat. En septembre, l'offensive turque piétine et se délite. Nazarbekov reprend Tatvan et Muş à mesure que les forces turques se retirent, mais il n'a plus assez de troupes disponibles pour reprendre Bitlis alors que l'hiver arrive. La révolution russe au printemps 1917 compromet toute victoire future de l'armée russe et, même si la ville est reconquise par les Russes, elle est reprise sans combat par les Turcs en .

Après la guerre, le traité de Sèvres () prévoit le rattachement de la ville à l'Arménie (moyennant arbitrage du président américain Woodrow Wilson pour la fixation des frontières), mais il n'est pas ratifié. L'Arménie renonce en outre à la ville par le traité d'Alexandropol, confirmé par le traité de Kars ().

  1. Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN ), p. 172.
  2. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 220.
  3. Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, Atlas historique de l'Arménie, Autrement, coll. « Atlas / Mémoires », 2005 (ISBN ), p. 47.
  4. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 291.
  5. a et b Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 292.
  6. Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, op. cit., p. 49.
  7. Claude Mutafian et Éric Van Lauwe, op. cit., p. 51.
  8. Togan Arslan est le second bey de la dynastie des Dilmaçoğlu qui règne sur Bitlis depuis les années 1080.
  9. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 494.
  10. (en) Source Records of the Great War, vol. 4, éditions Charles F. Horne, National Alumni, 1923.
  11. ISBN ), p. 167.
  12. Raymond Kévorkian, Le génocide des Arméniens, Odile Jacob, Paris, 2006 (ISBN ), p. 430.
  13. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 537.
  14. (en) W.E.D. Allen et P. Muratoff, Caucasian Battlefields, Cambridge, 1953.
  15. Anahide Ter-Minassian, 1918-1920 — La République d'Arménie, éditions Complexe, Bruxelles, 1989 (réimpr. 2006) (ISBN ), p. 26.
  16. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 594.
  17. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 595.
  18. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 596.

Géographie

Population

Année Ville Banlieue Total
1960 86 000
1965 81 000
1970 72 000
1975 64 000
1980 52 000
1985 48 000
1990 38 130 30 002 68 132
1997
2000 44 923 20 246 65 169
2007

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Bitlis dans la littérature

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Dokument erstellt 03/01/2018, zuletzt geändert 30/10/2024
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