Fan des aventures de Jonathan, mais aussi des autres romans graphiques de Cosey, le train s’imposait comme moyen de rejoindre Hanoï sur les traces de Homer Junior…
Saïgon (Hô-Chi-Minh City) et Hanoï sont les deux plus grandes villes du Vietnam. Plus de plus de 1000 Km du Sud au Nord séparent Saïgon de Hanoï, et les deux villes sont bien différentes l’une de l’autre. Le climat par exemple, est plus tropical dans le Sud, plus frais à Hanoï. Au niveau architectural, ce que j’ai remarqué à Hô-Chi-Minh City est le rassemblement de hauts grattes ciels à l’architecture contemporaine dans le quartier des affaires, le long de la rivière Saïgon, alors que Hanoï m’a semblé plus disparate, avec ses magnifiques lacs, l’enchevêtrement des 36 rues dans le quartier historique. A Hanoi, de nombreux bâtiments datent de la période coloniale française, et il y a énormément de musées. Ce qui est par contre commun aux deux villes, c’est la densité de population et le trafic monstrueux; traverser les rues au milieu des scooters et motos est un véritable défi. Il faut vraiment s’éloigner de la ville pour avoir des rues plus dégagées comme on peut le voir sur la photo suivante.
Depuis Saigon, le ton est donné : 33 heures pour atteindre Hanoi, et on m’annonce que c’est une estimation relativement optimiste. Le Transindochinois (en vietnamien : Doï Moï, Đường sắt Bắc Nam, Đường sắt thống nhất, ou « Express de la Réunification ») reste mythique, même si le train est à présent confortable et moderne. Construit dans les années 1930 par les colons français pour relier la Cochinchine au Tonkin, c’est avec ses 1736 Km la plus longue ligne de chemin de fer du Vietnam.
Il y a tant à voir entre Saïgon et Hanoï, que ce serait regrettable de faire ce trajet en une seule étape.
Une petite photo dans la gare de Hué, avant de reprendre les 14 heures de train vers Hanoï…
Les compartiments sont composés de 4 couchettes, et au fil des arrivées s’accumulent les bagages, la nourriture, etc. La traversée d’un wagon ressemble à un parcours d’obstacle entre les sacs et valises, et j’admire la prouesse du personnel qui remonte le train en vendant de la nourriture (du Phở, la soupe tonkinoise, mais aussi différentes sortes de nouilles sautées), déplaçant la marée humaine sur leur passage. Sang me dit que nous voyageons en TGV, et que cela signifie Train à Grandes Vibrations; cela se vérifie dès la mise en marche des moteurs…
Voyager en train, c’est privilégier les rencontres, et ce voyage sera inoubliable. Deux cabines plus loin, la rencontre avec des français et des québécois sympathiques ont transformé une grande partie du voyage en un événement festif. Quelques bouteilles de rhum plus tard, le wagon entier résonnait des chants populaires. Les québécois chantaient merveilleusement bien (les tricheurs, ils faisaient partie d’une chorale), mais nous nous sommes rendus compte que certaines chansons francophones sont aussi très connues au Vietnam, et que même si nous ne parlons pas toujours la même langue, le chant est un langage universel.
Voilà ce qui arrive quand on fait la rencontre de la chorale de Gaspé (les voix du large) à l’autre bout du monde… C’est aussi de cette manière que je découvre un peu la chaleur de la Gaspésie (Québec) par leurs traditions chantées.
L’entrée du train dans la ville de Hanoï est incroyable, car le train semble frôler les habitations tant elles sont construites proche de la voie. Le linge est rentré à la hâte, les gens s’écartent, et le train tel un monstre de métal traverse les différents quartiers jusqu’à la gare.
La gare de Hanoï est un imposant édifice datant 1902, période de l’Indochine française. Le bâtiment principal d’origine n’existe plus car il a été bombardé par les américains, et c’est après un dernier regard sur l’horloge au milieu de cette façade moderne que j’entre dans Hanoï au lever du jour.
C’est un voyage que je ne suis pas prêt d’oublier…