Impossible de voir les hospices de Beaune sans penser à De Funès et Bourvil dans « la grande vadrouille »! Mais les hospices de Beaune ne se limitent pas à la salle des Pôvres; la visite nous révèle de bien belles surprises…
Aussi connu sous le nom d’Hôtel-Dieu de Beaune, les hospices de Beaune renferment à présent un musée d’histoire de la médecine, ainsi qu’une belle collection de peintures, dont le polyptique « Le Jugement dernier » de Roger van der Weyden (dans une salle assez sombre pour ne pas que la lumière endommage l’oeuvre).
Fondés en 1443, les hospices de Beaune accueillent gratuitement les vieillards, les orphelins, et les malades à partir de 1452. C’est là la signification du terme Hôtel-Dieu, évoquant tant l’hospitalité (les pèlerins étaient eux-aussi accueillis dans l’Hôtel-Dieu, au même titre que les malades, indigents, orphelins) que le contrôle de l’Eglise Catholique (il s’agissait non seulement d’une démonstration de piété, mais aussi un moyen d’évangélisation) qui était une structure à même d’assurer ces services en ces temps troublés (la fin de la guerre de cent ans). La grande salle a fermé ses portes en 1955, mais les hospices de Beaune ont servi d’hôpital pour la ville jusqu’en 1971.
Les différents bâtiments s’articulent autours d’une cour intérieure rectangulaire qui comporte un puits surplombé par une ferronnerie de style gothique. La pluie qui nous accompagne est finalement une chance de me permettre de photographier le cour intérieure pratiquement déserte.
De suite, je suis émerveillé par les couleurs caractéristiques des tuiles qui forment des motifs géométriques entrelacés, mélange de rouge, brun, jaune, et vert. La toiture en tuiles vernissées colorées est une des singularités de l’architecture bourguignonne. Si les motifs sont superbes, ils ne sont cependant pas d’origine; ils datent de la reconstruction dans le début des années 1900.
Les toits sont percés par de multiples lucarnes dont les décorations en bois et en ferronnerie qui donnent un élan vertical qui compense l’aspect massif des blocs horizontaux.
La grande salle des Pôvres
En entrant dans la salle des Pôvres, je suis surpris par la dimension des lieux; la salle est immense (50 m de long, 14 m de large), bordée par ces lits à rideaux, d’un rouge majestueux. La partie centrale est vide, mais pouvait contenir du mobilier (tables et bancs) pour les repas.
Au fond de la salle des Pôvres, une structure en bois et tentures rouges représente la seule marque de séparation avec la chapelle qui prolonge naturellement la salle. Les couches des malades sont toutes orientées vers la chapelle afin que les patients puissent suivre les offices qui y sont donnés.
Cela vaut la peine de lever les yeux vers le plafond, car la charpente est apparente. Le toit est construit comme une coque de bateau inversé, dont les poutres transversales sont sculptées pour donner l’illusion qu’elles sortent de la gueule de dragons en polychromie.
C’est dans cette salle que se situe l’extrait du film « La grande vadrouille », quand les aviateurs de la Royal Air Force se cachent dans les lits des malades de la salle des Pôvres. Sir Reginald (Big Moustache), à qui la Mère supérieure qui l’ausculte lui demande « Dites trente-trois », et il finit par marmonner « Thirty three… ».
La salle Sainte-Anne, et la salle Saint-Hugues
Après la salle des Pôvres, la visite nous permet de découvrir la salle Sainte-Anne, une salle réservée aux malades plus aisés qui évitaient la promiscuité des moins nantis. Cette salle est beaucoup plus petite et ne contient que quatre lits.
Ensuite, juste à côté de la salle Sainte-Anne, la salle Saint-Hugues, elle aussi réservée aux malades plus fortunés, permet de constater la différence de confort pour les patients: tablettes pour les effets personnels, peintures murales, autel et retable…
La cuisine des hospices de Beaune
La cuisine possède encore son mobilier, et nous donne une idée de ce qu’elle était au début du XIXè siècle. A l’entrée, Messire Bertrand s’était probablement accordé une pause lors de ma visite, mais nous pouvons lui pardonner vu qu’il tourne inlassablement sa broche au dessus du feu depuis 1698. Mais qui est ce mystérieux Messire Bertrand? Il s’agit d’un automate en costume traditionnel, oeuvre de l’horloger Defresne.
Les robinets d’eau chaude qui surplombent le grand fourneau m’ont impressionné. Il s’agit de superbes robinets en cols de cygne, vestiges d’une époque où le fonctionnel n’était pas incompatible avec l’art.
La pharmacie
La pharmacie, ou apothicairerie, est elle aussi superbe, avec ses grandes armoires vitrées, au contenu digne d’un livre de recettes de sorcellerie d’Harry Potter. Si certaines étiquettes évoquent des noms connus en homéopathie ou en plantes médicinales plus ou moins banales, le jeu consiste cependant à découvrir des contenus les plus étranges les uns que les autres.
La grande vadrouille
Quelques paroles du film qui me font encore éclater de rire
Stanislas : If I go to the turkish bath, I risk, I risk énormément.
Mac Intosh : Yes.
Stanislas : But, if you, you go out, si vous sortez, the Germans, les Allemands, ils vont vous attraper et ri-ri-ri-ri (il fait le geste de quelqu’un que l’on torture), vous allez parler, et moi I risk encore plus.
Mac Intosh : Yes.
Stanislas : Donc, I risk on the two tableaux.
Mike Marshall et Louis de Funès, La Grande Vadrouille (1966), écrit par Georges et André Tabet
Augustin : And if you don’t come, I… Ah ben merde alors ! Comment on dit?
Stanislas : Comment ça merde alors ? But alors you are french !
Bourvil et Louis de Funès, La Grande Vadrouille (1966), écrit par Georges et André Tabet
Augustin : Ils peuvent me tuer, je parlerai pas !
Stanislas : Mais moi non plus, ils peuvent vous tuer, je ne parlerai pas !
Augustin : Je savais que je pouvais compter sur vous !
Bourvil et Louis de Funès, La Grande Vadrouille (1966), écrit par Georges et André Tabet
Déguisés en patrouille allemande, Stanislas et Augustin ont été arrêtés par une vraie patrouille allemande.
Le pêcheur: V’là qu’ils s’arrêtent entre eux maintenant, ça doit pas marcher ben fort !
Paul Préboist, La Grande Vadrouille (1966), écrit par Georges et André Tabet