Zimbabwe

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Statistiques

Le pays comporte actuellement 36i entités, ce qui représente moins de 1 % des localités (ville, village, lieu-dit) reprises sur ce site.

Le pays couvre actuellement moins de 1 % de la surface des pays repris sur ce site.

RegioRécurence
RegioRécurence
Mashonaland West000008 8 localités
Manicaland000005 5 localités
Mashonaland Central000004 4 localités
Matabeleland South000004 4 localités
Mashonaland East000003 3 localités
Masvingo000003 3 localités
Midlands000003 3 localités
Harare000002 2 localités
Matabeleland North000002 2 localités
Bulawayo000001 1 localité

Zimbabwe : descriptif

Informations de Wikipedia
Zimbabwe

Le Zimbabwe ou Zimbabwé, en forme longue la république du Zimbabwe, est un pays situé en Afrique australe

Enclavé entre les fleuves Zambèze et Limpopo, le pays est entouré par l'Afrique du Sud au sud, le Botswana à l'ouest, le Mozambique à l'est et la Zambie au nord

La capitale, Harare, est située dans le nord-est et possède le statut de ville-province

Y résident 1,6 million d'habitants, 2,8 millions avec l'aire urbaine, sur les 14,2 millions que compte le pays, qui possède seize langues officielles dont principalement l'anglais, le shona et le ndébélé

La monnaie était auparavant le dollar zimbabwéen, jusqu'à son remplacement par le dollar américain et quelques autres monnaies adossées au dollar à la suite de la crise d'hyperinflation de 2009

La monnaie actuelle est l’or du Zimbabwe. Le territoire zimbabwéen a vu s’établir, depuis le XIe siècle, plusieurs royaumes ainsi que de grandes routes de commerce et de migration

La British South Africa Company de Cecil Rhodes délimite dans les années 1890 l'actuel territoire du pays, qui devient la colonie britannique de Rhodésie du Sud en 1923. En 1965, la minorité blanche déclare unilatéralement l'indépendance de la Rhodésie

Le pays subit cependant une situation d'isolement diplomatique, ainsi qu’une guérilla de quinze ans contre des forces nationalistes et communistes noires (ZANLA et ZIPRA), face à un régime ségrégationniste

Les conflits se terminent par des accords de paix établissant le suffrage universel, et la Rhodésie accède enfin à une indépendance internationalement reconnue le 17 avril 1980 sous le nom de Zimbabwe, d'après le nom de la cité médiévale du Grand Zimbabwe

Le pays rejoint le Commonwealth, avant d'être suspendu en 2002 pour violation du droit international par son gouvernement de l'époque, qui décide officiellement de s'en retirer en décembre 2003

Même si le pays est aujourd’hui candidat à sa réintégration, celle-ci ne semble pas d'actualité à court terme

Le pays est également membre des Nations unies, de la Communauté de développement d'Afrique australe, de l'Union africaine et du Marché commun de l'Afrique orientale et australe. À l’indépendance de 1980, la victoire du parti ZANU-PF porte au pouvoir son chef Robert Mugabe, avec le titre de Premier ministre

Il accède à la présidence en 1987 en transformant le régime parlementaire en régime présidentiel et se maintient dès lors au pouvoir pendant trente ans, jusqu'en 2017

Sous sa dictature, l'appareil de sécurité de l'État est responsable des violations généralisées des droits de l'homme

À la suite d'une année de contestation contre le gouvernement et le déclin économique du pays, ce dernier connaît un coup d'État le 15 novembre 2017

Mugabe est mis en état d’arrestation et démissionne officiellement six jours plus tard

Emmerson Mnangagwa lui succède à la présidence du Zimbabwe. Après une période de forte industrialisation, le pays est sur le déclin économique depuis les années 1990 et connaît plusieurs crises dont une hyperinflation

Le produit intérieur brut du Zimbabwe est estimé à 13,91 milliards de dollars américains par The World Factbook en 2015, ce qui le classe au 141e rang sur la liste des pays par PIB

Il est classé 146e sur 191 dans la liste des pays par indice de développement humain en 2021, ce qui en fait l’un des plus pauvres et des moins avancés au monde

Son taux de chômage est proche de 6 %, plus de 72 % de la population vit dans la pauvreté d'après les rapports de la Banque mondiale, 4,1 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire en 2017 d'après un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'espérance de vie est de 60 ans et la dette externe atteint 95 % du PIB

Le pays reçoit des aides du Programme alimentaire mondial.

Toponymie

Le , lors de sa seconde et véritable accession à l'indépendance, la Rhodésie du Sud prend le nom de Zimbabwe (« Maison de pierre Â» en shona), , en référence à la cité du même nom.

Le nom officiel du pays en forme longue dans les différentes langues officielles est :

  • en anglais : Republic of Zimbabwe
  • en shona : Nyika yeZimbabwe
  • en ndébélé : Ilizwe leZimbabwe
  • en chewa : Dziko la Zimbabwe
  • en chibarwe : Dziko la Zimbabwe
  • en kalanga : Hango yeZimbabwe
  • en khoïsan : Zimbabwe Nù
  • en nambya : Inyika yeZimbabwe
  • en ndau : Nyika yeZimbabwe
  • en tsonga : Tiko ra Zimbabwe
  • en sesotho : Naha ya Zimbabwe
  • en tonga : Cisi ca Zimbabwe
  • en venda : Shango ḽa Zimbabwe
  • en xhosa : Ilizwe lase-Zimbabwe
  1. ↑ (en) Richard Tufnell, The Great Ruins of Zimbabwe – a personal view, in STONECHAT, numéro 29 (été 2013) de la revue publiée par la branche des Galles du Nord de l'association britannique Dry Stone Walling.

Histoire

Premiers peuples du territoire

Ruines du Grand Zimbabwe.
Peintures rupestres préhistoriques au Zimbabwe.

La présence des premiers habitants en Afrique australe, les San, est attestée depuis plus de 40 000 ans et ils sont donc les premiers habitants du pays. On trouve au Zimbabwe une importante concentration d'Å“uvres picturales préhistoriques datant de 13 000 ans avant notre ère. Plus tard, vers 500, arrivent d'Afrique centrale les artisans du fer et agriculteurs Bantous Gokomere qui s'installent sur le lieu du futur Monument national du Grand Zimbabwe, berceau du peuple des Shonas, vraisemblablement édifié entre le ethnie San, peuple nomade de l'Afrique australe, à émigrer à l'ouest ou à être réduits en esclavage.

La cité de Grand Zimbabwe accueille jusqu'à 10 000 voire 20 000 habitants et son organisation sociale est structurée autour d'une monarchie, d'une caste dirigeante et d'une armée. L'influence de la dynastie des Shonas décline durant le surpopulation, cause de maladies, et de la contestation du pouvoir en place. La dynastie des Torwa  s'installe à Khami et fonde le royaume de Butua, successeur direct du Grand Zimbabwe, au milieu du . D'autres membres issus de la civilisation de Grand Zimbabwe à la tête desquels se trouve le roi Mwene Mutapa, fondent un autre État shona plus au nord : l'empire du Monomotapa. Celui-ci prospère jusqu'en 1629, date à laquelle il est battu par l'empire portugais dont il devient le vassal la même année.

Présence portugaise

Le début du Portugais qui investissent le plateau rhodésien par la vallée du Zambèze.

En 1684, la dynastie Torwa est renversée par le clan Changamire qui fonde l’empire rozvi.

En 1690, les Portugais sont finalement expulsés par les troupes du Monomatapa. Mais le domaine de l’ancien empire est dorénavant limité à la vallée du Zambèze. Ce qui correspond à l'actuel Zimbabwe restera cependant sous influence Portugaise jusqu'aux environs de 1815, mais les Portugais seront guère nombreux, préférant se concentrer sur les côtes du Mozambique. Les Anglais évincent les hollandais en Afrique du Sud, après 1795, et à l'époque, ils vont commencer à s'intéresser aux terres délaissées par les Portugais, au nord, dont l'actuel Zimbabwe.

Constitution d'un royaume nédélé au nord du fleuve Limpopo

En 1840, un État militaire ndébélé (ou matabélé), dirigé par Mzilikazi du clan zoulou Xumalo, est fondé sur les décombres de l’empire rozvi. En 1852, le royaume de Mzilikazi est reconnu par la République sud-africaine.

En 1854, l’explorateur David Livingstone parvient aux chutes Victoria. Puis, en 1870-1880, les territoires shona et ndébélé sont explorés par des Européens dont Frederick Courtney Selous et Thomas Baines.

En 1885, au traité de Berlin, qui partage l'Afrique aux grandes puissances Européennes, les Portugais sont évincés de la région et cantonnés aux côtes. La région entre Zambèze et Limpopo passe sous influence Britannique.

Colonisation britannique de la Zambézie

Le lieutenant Edward Tyndale-Biscoe hisse l'Union Jack sur le kopje surmontant Fort Salisbury au matin du . Le jour de l'arrivée de la colonne des pionniers, le , fut, entre 1920 et 1979, un jour de fête nationale.

Le 30 octobre 1888, le roi Lobengula du Matabeleland accorde le droit exclusif d'exploiter les ressources minières de son territoire (concession Rudd) à trois représentants de l'homme d'affaires et homme politique britannique, Cecil Rhodes. L'obtention de cette concession minière permet à Cecil Rhodes de convaincre ensuite le gouvernement britannique de lui octroyer une charte royale lui permettant de créer une compagnie à charte, la British South Africa Company (BSAC), ayant le pouvoir d'annexer et d'administrer le bassin des fleuves Zambèze et Limpopo (Zambézie ) pour le compte du Royaume-Uni. Le Roi Lobengula tenta à plusieurs reprises de désavouer sa signature en avançant qu'il avait été trompé sur les termes du traité, y compris en envoyant des émissaires auprès de la reine Victoria mais ses efforts furent vains. Le , la Colonne des pionniers, financé par Rhodes, composé d'environ 500 personnes, civils et militaires, fonde Fort Salisbury dans une prairie plate et marécageuse bordée par une abrupte colline rocheuse. Au même moment, l'Empire colonial portugais revendique le territoire dans le cadre de l'« affaire de la Carte rose Â», provoquant un conflit diplomatique avec Londres.

Entre 1893 éclate la Première Guerre ndébélé opposant les 750 hommes de la BSAC et ses 700 alliés twanas au 80 000 lanciers et 20 000 fusiliers de l'armée nédébélé de Lobenluga, malgré les tentativs de part et d'autres d'éviter le conflit. Les Ndébélé sont battus sur la Shangani et à Bembesi, mais anéantissent la patrouille britannique du major Allan Wilson sur la Shangani. Néanmoins, Lobengula est vaincu et meurt de la variole en 1894. Peu après sa mort, les izinDuna (conseillers du roi) décident de déposer les armes et de se soumettre à la BSAC.

Les négociations d'armistice entre Cecil Rhodes et les chefs Ndébélés le dans les collines de Matopos.

En 1895, le territoire est officiellement baptisé « Rhodésie Â» en l’honneur de Cecil Rhodes.

En mars 1896, une nouvelle rébéllon marque le début de la seconde guerre ndébélé contre la BSAC et à un conflit généralisé avec les Shonas. Des mois s'écoulent avant que les forces britanniques soient suffisamment fortes pour lever les sièges de ses villes et défendre les principales zones de peuplement. Cecil Rhodes en personne se rend, désarmé, dans le bastion des Ndébélé et persuade finalement les guerriers de déposer leurs armes (juillet 1896). Au Mashonaland, le conflit dure jusqu'en octobre 1897. Le territoire n'est cependant pas totalement pacifié, et des troubles sporadiques et des guérillas limitées persistent jusqu'en 1903.

Contrôle britannique de la Rhodésie du Sud

Statue de Cecil Rhodes en 1925 au centre de Bulawayo la deuxième ville du pays.

En 1901, une division administrative est créée entre les territoires du nord du Zambèze, baptisés Rhodésie du Nord, et ceux au sud, baptisés Rhodésie du Sud. En 1912, la Rhodésie du Sud, qui attire l'essentiel des colons et des investissements, devient rentable pour les actionnaires tandis que la Rhodésie du Nord continue de faire perdre des millions de livres à la BSAC. En 1914, la charte de la BSAC est renouvelée pour dix ans avec une clause réservée prévoyant l’autonomie des territoires avant la fin de la décennie. Durant les trois décennies de l'administration de la BSAC, des villes, des voies ferrées, des lignes télégraphiques et des routes sont construites. Des mines d’or, d’amiante, de charbon et de chrome sont mises en exploitation alors que, tout comme l’élevage bovin, l’agriculture (tabac, céréales) se développent. Des lignes indépendantes relient Bulawayo et Salisbury (Harare) à Beira au Mozambique mais toutes les terres proches des voies ferrées sont accaparées par les colons, reléguant les Africains dans des zones sans réels débouchés. Les Shonas et les Ndébélés ne profitent que très peu de cette expansion économique et industrielle et continuent à vivre selon une économie traditionnelle. Cependant, les colons, trop peu nombreux, sont tributaires de leur force de travail et vont obliger ces tribus à travailler pour eux (Masters and Servants Act du ).

Drapeau RdS 1923–1953.

En 1922, après de violentes querelles entre les colons et la BSAC, les Blancs de Rhodésie du Sud réclament leur émancipation et l’autonomie politique. Consultés par référendum, ils écartent le rattachement à l’Afrique du Sud. L'importance en proportion de la participation rhodésienne à la première guerre mondiale contribue à ce que le Royaume-Uni leur octroi un gouvernement responsable en 1923 tandis que, l'année suivante, la Rhodésie du Nord et le Nyassaland deviennent des colonies directement administrées par le Colonial Office, mettant définitivement fin à l’administration de la BSAC.

Bien que la colonie est officiellement non raciale, le droit de vote se fonde sur la citoyenneté britannique et sur des critères financiers et éducatifs qui sont les mêmes pour tous les résidents quelle que soit la couleur de peau, mais en pratique très peu de noirs peuvent les remplir. Par conséquent, les électeurs et les parlementaires sont en très grande majorité blancs même s'ils ne représentent jamais plus de 5 % de la population totale. En 1927, la Rhodésie du Sud compte 38 200 Blancs pour 922 000 Noirs. À titre de comparaison, il y a 4 000 Blancs pour un million de Noirs en Rhodésie du Nord et 1 700 Blancs au Nyassaland pour 1 350 000 Noirs.

Répartition géographique de la Rhodésie par groupe de population, distinguant les zones européennes, les zones tribales, les terres indigènes et les parcs nationaux (1965).

Dans les années 1930, un régime ségrégationniste est officiellement instauré avec la Loi de répartition des terres (Land Apportionnement Act) alors qu’en 1934, une loi établit une législation sociale ségrégationniste, interdisant aux Noirs l’accès à certaines professions ou l’implantation dans des zones déclarées blanches. Ainsi, le territoire se retrouve divisé entre zone blanche, les réserves, les fonds d’achat indigène, les terres des missions et les terres de la couronne. Au total, la superficie allouée aux Noirs est sensiblement égale à celles des Blancs mais ces derniers sont dix fois moins nombreux que les Africains. Par ailleurs, les meilleurs sols et les terres en bordure des voies de communication sont situées en zone blanche. L’opposition africaine à cette politique ségrégationniste se constitue mais reste peu organisée et cantonnée à une petite classe moyenne.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de Blancs est de 80 500 colons pour 1 640 000 Africains. Au début des années 1950, la Rhodésie du Sud compte plus de deux millions d’habitants dont 200 000 Blancs (soit précisément un Blanc pour 13 Noirs).

En 1953, le gouvernement britannique décide d’expérimenter une union administrative et économique de ses colonies d’Afrique centrale en les regroupant sous le contrôle d’un gouvernement fédéral. Cette Fédération de Rhodésie et du Nyassaland (ou Fédération d’Afrique centrale) qui voit le jour regroupe la Rhodésie du Sud, la Rhodésie du Nord et le Nyassaland. Son objectif est d’assainir l’économie des deux Rhodésies alors que le Nyassaland doit servir de réserve de main-d'Å“uvre utile à l’industrialisation de la région. L’association raciale envisagée au sein d’un État officiellement multiracial est de permettre de sauvegarder les intérêts de l’Empire colonial britannique et être un exemple politique et économique pour d’autres États en proie à des révoltes nationalistes comme le Kenya. La Fédération prend cependant fin dix ans plus tard sur un constat d'échec, miné par les revendications d'indépendance des nationalistes noirs et par l'objectif des nationalistes blancs de Rhodésie du Sud de préserver leur domination politique et économique.

Indépendance unilatérale de la Rhodésie

Drapeau de la Rhodésie indépendante

La réticence de la Grande-Bretagne à faire des compromis sur le principe du suffrage universel et l'hostilité des nationalistes noirs aux revendications des rhodésiens blancs mène à la dislocation de la fédération (1963). La Rhodésie du Nord, rebaptisée Zambie, et le Nyassaland, rebaptisé Malawi, déclarent leur indépendance. En Rhodésie du Sud, le 11 novembre 1965, le premier ministre Ian Smith à la tête du front rhodésien proclame unilatéralement la déclaration d’indépendance (UDI) de la Rhodésie. Si le pays bénéficie alors du soutien non officiel de l'Afrique du Sud voisine et du Portugal, qui possède alors le Mozambique et de quelques autres Etats, elle n'obtient la reconnaissance diplomatique d'aucun pays et fait l'objet de sanctions internationales.

L'avenue Jameson à Salisbury dans les années 1970.
Accords internes de Salisbury en 1978 entre Ian Smith et les dirigeants noirs modérés dont Abel Muzorewa

Parallèlement, une guérilla se développe dans le pays mené par l'Armée nationale africaine de libération du Zimbabwe (ZANLA), la branche militaire de l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe et par l'Armée populaire révolutionnaire du Zimbabwe (ZIPRA) de l'Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) de Joshua Nkomo.

En 1970, la république de Rhodésie est proclamée tandis que la nouvelle constitution rhodésienne accorde huit sièges aux « non-européens Â» et huit autres aux chefs de tribu sur les 66 sièges du parlement. A partir de 1972, la guerre du bush s'intensifie. Les premières négociations pour arriver à une issue pacifique du conflit s'engage en 1975 à Victoria Falls mais échouent.

Un règlement interne est cependant signé en 1978 par Smith et les dirigeants noirs modédés tels qu'Abel Muzorewa, qui débouche sur les premières élections au suffrage universel en avril 1979, à la fin du gouvernement de minorité blanche de la Rhodésie, rebaptisée Zimbabwe-Rhodésie dirigé par Muzorewa à la tête d'un gouvernement multiracial à majorité noire. Cependant, ce nouvel ordre politique n'obtint aucune reconnaissance internationale, faute notamment de participation de la ZANU et de la ZAPU aux négociations et aux élections.

Drapeau de Zimbabwe-Rhodésie

Le 12 décembre 1979, le Zimbabwe-Rhodésie est réintégré au Royaume-Uni avant que les accords de Lancaster House, signés par tous les protagonistes au conflit le 21 décembre 1979, mettent fin à la guerre et organisent constitutionnellement l'avenir de la Rhodésie et les conditions de mise en oeuvre d'une réforme agraire. Craignant une fuite massive des capitaux, la ZANU de Mugabe notamment accepte d'introduire dans la Constitution un article protégeant la propriété privée, notamment foncière, ainsi qu'une clause interdisant toute modification de la loi fondamentale pour une période d'au moins sept ans, ce qui permet de rassurer les milieux économiques.

Le cessez-le-feu entre en vigueur le 28 décembre 1979 sous le contrôle de 1 200 hommes du contingent du Commonwealth. Après une courte campagne électorale, marquée par un climat de violence et d'intimidation, l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) remporte haut la main en mars 1980 la majorité absolue des 80 sièges de députés à la nouvelle assemblée législative alors que le parti de Murozewa est laminé tandis que le front rhodésien remporte les 20 sièges destinés au seul électorat de la communauté blanche. Le soir de sa victoire, Robert Mugabe entend rassurer la population blanche lors d'un discours axé sur l'apaisement et la réconciliation.

Ère Mugabe (1980-2017)

Robert Mugabe, président du Zimbabwe de 1987 à .

Le 18 avril 1980, quinze ans après la déclaration unilatérale d’indépendance de Ian Smith, la Rhodésie cesse d'exister et Robert Mugabe devient le premier Premier ministre du nouvel État indépendant du Zimbabwe, une indépendance cette fois reconnue par les Britanniques et la Communauté internationale. Le pays rejoint alors le Commonwealth.

Dans le cadre de sa politique de réconciliation, Robert Mugabe reconduit les chefs des services de renseignements de l'ancien gouvernement rhodésien, et nomme deux ministres blancs.

Entre 1980 et 1983, une véritable « guerre civile Â» oppose les deux mouvements nationalistes noirs ZANU (Shonas) et ZAPU (Matabélés et Ndébélés) et ensanglante le matabeleland. Entre 1983 et 1987, des milliers de civils ndébélés sont tués par l'armée zimbabwéeen (Gukurahundi)

Le gouvernement mise sur l'éducation et la santé, secteurs dont les Noirs avaient été presque entièrement privés durant l'époque rhodésienne. En 1992, une étude de la Banque mondiale indique que plus de 500 centres de santé ont été construits depuis 1980. Le pourcentage d'enfants vaccinés passe de 25 % en 1980 à 67 % en 1988 et l'espérance de vie passe de 55 à 59 ans. Le taux de scolarisation augmente de 232 % une année après que l'enseignement primaire ait été rendu gratuit et les effectifs de l'enseignement secondaire augmentent de 33 % en deux ans. Ces politiques sociales entraînent néanmoins une augmentation du taux d'endettement.

Plusieurs lois sont adoptées dans les années 1980 pour tenter de diminuer les écarts salariaux. Les écarts sont toutefois restés considérables. En 1988, la loi donne aux femmes, au moins en théorie, des droits identiques à ceux des hommes. Elles ne pouvaient auparavant prendre que peu d'initiatives personnelles sans le consentement de leur père ou de leur mari.

En 1987, après une modification de la constitution, Robert Mugabe devient le président du Zimbabwe au . Dans les années 1990, plusieurs événements accentuent l’autoritarisme du régime et la situation économique se détériore significativement sous le poids des sanctions internationales, conduisant le régime à accepter une politique de « réajustement structurel Â» préconisée par les institutions financières internationales. Cette politique prend la forme d'une sévère cure d'austérité : sous la contrainte, le gouvernement réduit drastiquement la dépense publique et des dizaines de milliers de fonctionnaires perdent leur emploi. Ces réformes impopulaires génèrent un vent de colère dans les villes du pays gagnées par le chômage.

En , les occupations de terres par des paysans noirs et d'anciens combattants de la guerre d’indépendance se multiplient. Quelque 4 000 propriétaires possèdent alors plus d'un tiers des terres cultivables dans les zones les plus fertiles, sous forme de grandes exploitations commerciales, tandis que plus de 700 000 familles paysannes noires se partagent le reste sur des « terres communales Â» beaucoup moins propices à la culture. Les propriétaires blancs avaient continué de s'enrichir pendant les vingt années ayant suivi la chute du régime ségrégationniste, attisant le ressentiment d'une partie de la population noire dans un contexte de crise économique et de montée du chômage. Le président zimbabwéen, qui les avait jusqu'alors défendu, vit mal leur soutien à la nouvelle formation de l'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique. Dépassé par le mouvement d'occupation de terres, Mugabe tente de sauver la face en officialisant les expropriations et en installant sur les terres réquisitionnées des proches du régime, officiellement anciens combattants de la guerre d’indépendance. Ceux-ci n’ont cependant pas les connaissances ni le matériel nécessaires pour cultiver leurs lopins et beaucoup de terres restent en friches. Des dizaines de milliers d'ouvriers agricoles perdent leur emploi et la production chute.

Mugabe est désavoué lors d’un référendum sur une réforme constitutionnelle. En 2002, il gagne l’élection présidentielle lors d’un scrutin dont l’honnêteté est contestée. En 2003, une grave crise agraire et politique éclate à la suite de l’expropriation par Mugabe des fermiers blancs. Une crise politique survient quand les mouvements d’opposition comme la MDC sont réprimés et les élections truquées.

À la suite d'une campagne intensive des mouvements des droits de l’Homme, des Britanniques et de l’opposition, le Commonwealth impose des mesures de rétorsion contre les principaux dirigeants du Zimbabwe. Au sein du Commonwealth, Mugabe reçoit cependant le soutien de plusieurs pays africains et dénonce des mesures prises à l’instigation des pays « blancs Â» (Canada, Grande-Bretagne, Australie). L’opposition locale du MDC est réprimée. En 2004, le pays ne peut plus subvenir à ses besoins et 70 % de la population se retrouve sans emploi. Le Zimbabwe se retire du Commonwealth. Le pays est alors au bord de la famine, ce que chercherait à dissimuler le régime. Le pays apparait dans la liste du nouvel « axe du mal Â» rebaptisé « avant poste de la tyrannie Â» par Condoleezza Rice en 2005.

En 2005, le parti de Robert Mugabe, la ZANU, remporte les élections législatives sur fond de violence et de fraudes électorales face à un MDC divisé et affaibli. Entre 120 000 et 1 500 000 habitants des bidonvilles d'Harare, bastions de l'opposition, sont expulsés à la fin du printemps lors de la destruction de leurs habitations sur ordre du gouvernement ; c'est l'opération Murambatsvina . Adoption d'une réforme constitutionnelle restreignant les droits de propriété et permettant au gouvernement de priver n'importe qui de passeport pour des raisons « d'intérêt national Â». Afin de gagner l'appui de la population, Mugabe persécute la minorité ndébélé. Nombre d'entre eux fuient en Afrique du Sud. On empêche les propriétaires de terres d'aller en appel au sujet de leur expropriation. Un Sénat de 66 membres est créé mais celui-ci est soupçonné d'être une simple chambre d'enregistrement au service du président Mugabe. L'inflation dépasse les 1 000 % en 2006, et les 100 000 % en 2007, alors qu'a lieu une purge au sein de l'armée. L'exode de la population vers les pays voisins s’accélère.

En 2008, les élections présidentielle et législatives du constituent un revers pour la ZANU. Le MDC remporte la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale (109 élus contre 97 élus à la ZANU). Publiés le , le résultat de l’élection présidentielle est contesté. En obtenant officiellement près de 48 % des suffrages en dépit des fraudes, Morgan Tsvangirai devance néanmoins Robert Mugabe (43 %). Lors de la campagne du second tour, le pays est le théâtre de violences politiques continues marquées par des exactions commises par la police contre des membres de l'opposition et leur famille mais aussi par l’arrestation de ses principaux chefs. Dans ce climat de terreur, Morgan Tsvangirai décide à cinq jours du second tour de l’élection présidentielle de boycotter celle-ci, permettant ainsi à Robert Mugabe d’être réélu. L’inflation dépassant les 10 millions de % en rythme annuel, l'édition de billets de 100 milliards de dollars zimbabwéens (environ 3 EUR fin ) devient nécessaire. La population est contrainte de revenir à une économie de troc et à la marche à pied : il n'y a plus de gazole pour faire rouler les bus,.
De plus, à partir du mois d'août, une épidémie de choléra sévit dans le pays ; elle fait, selon l'OMS, 2 971 morts, pour 56 123 personnes contaminées (chiffres officiels au ). Toujours d'après l'OMS, jusqu'à la moitié des 12 millions de Zimbabwéens sont susceptibles de contracter la maladie en raison de l'insalubrité des conditions de vie dans le pays. En 2009, sous la pression de l'ONU quant aux fraudes concernant l'élection présidentielle, Robert Mugabe décide de partager le pouvoir avec son opposant et rival personnel Morgan Tsvangirai, chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). En avril 2010, Mugabe reçoit le président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, avec lequel il conclut huit accords commerciaux entre les deux pays. Cette visite n'est pas bien perçue par l'opposition et par le reste du monde.

Le , le Zimbabwe a adopté par référendum une nouvelle Constitution qui a pour but affiché de moraliser la vie politique. Le président Robert Mugabe et son premier ministre Morgan Tsvangirai appellent à voter oui. Le texte prévoit de limiter les prérogatives présidentielles, mais le chef de l'État conserve le pouvoir de nommer tous les acteurs importants. Seule la durée de la fonction est réduite à deux mandats de cinq ans.

Coup d'État de novembre 2017
Manifestation le 19 novembre 2017.

En raison de l'âge avancé du président Robert Mugabe, qui célèbre ses 93 ans en février 2017 et est le dirigeant le plus âgé du monde, la question de sa succession devient une question importante de la vie politique zimbabwéenne. Robert Mugabe révèle qu'il souhaite voir son épouse Grace Mugabe lui succéder. Il écarte du parti ZANU-PF et du gouvernement les rivaux potentiels de cette dernière. Grace Mugabe, connue pour ses goûts de luxe et sa brutalité, est toutefois impopulaire. Le , Robert Mugabe annonce qu'il souhaite que son épouse devienne vice-présidente. Le , celle-ci lui demande publiquement de lui céder directement la présidence de la République. Le limogeage du vice-président Emmerson Mnangagwa, le , a ainsi pour objectif de conforter la première dame, mais déplaît aux forces armées.

Le , le général Sibusiso Moyo annonce à la télévision nationale prendre le contrôle des rues afin « d'éliminer des criminels proches du président Mugabe Â» et affirme également que l'armée ne mène pas de coup d'État contre le gouvernement. Robert Mugabe et sa femme Grace sont placés en résidence surveillée par les militaires. L'Afrique du Sud, inquiète pour son sort, envoie deux émissaires rencontrer sa famille ainsi que les responsables militaires. L'Union africaine, l'Union européenne ou le Nigeria lancent un appel à la paix. Néanmoins, aucun désordre n’est observé,.

Le , Robert Mugabe continue de se considérer comme le seul dirigeant légitime du Zimbabwe et refuse la médiation du prêtre catholique Fidelis Mukonori. Cependant, le , il finit par démissionner.

Le bilan présidentiel de Robert Mugabe est très négatif. Il laisse derrière lui un pays ruiné, la ZANU-PF dominant tous les secteurs du pays depuis plusieurs décennies, et marqué par les violations des droits de l’Homme et de la liberté d’expression commises par son pouvoir.

Présidence d'Emmerson Mnangagwa (depuis 2017)

Emmerson Mnangagwa regagne le Zimbabwe le et déclare qu'« aujourd'hui, nous voyons naître une nouvelle démocratie Â». Mnangagwa est désigné président intérimaire et doit prêter serment dans les deux jours. La date du serment est cependant repoussée au . Il conserve ses fonctions jusqu'à la tenue de l'élection présidentielle de 2018 au cours de laquelle il porte les couleurs de la ZANU-PF et est donc le candidat favori à sa propre succession. Il emporte de justesse l’élection présidentielle au premier tour, sur fond de soupçons de fraude. Les résultats sont contestés par l'opposition mais la Cour suprême du Zimbabwe confirme finalement la victoire de Mnangagwa, faisant de lui le nouveau président élu après Mugabe,. Le début de l'année 2019, dans un contexte de crise économique et d'absence d'avancées démocratiques, est marqué par de violentes manifestations, durement réprimées.

Le pays est de nouveau candidat au Commonwealth ,

En 2019, après une campagne agricole particulièrement mauvaise en raison de la sécheresse, 2,5 millions de Zimbabwéens « s'acheminent vers la famine Â» selon le programme alimentaire mondial. Comme le reste de l’Afrique australe, le Zimbabwe est soumis depuis plusieurs saisons à des épisodes récurrents de sécheresse, aggravés par le réchauffement climatique, qui pèsent sur la sécurité alimentaire de la population et de la faune. En octobre, l’ONU évalue à 7,7 millions le nombre de personnes qui seront menacées par la famine en 2020.

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Culture

Personnalités liées

  • Agnes Nyanhongo (1960-), sculptrice zimbabwéenne.
  • Ralph Mupita (1972-), Président Directeur Général de MTN Group.

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