Central Park

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Central Park : descriptif

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Central Park

Central Park est un espace vert américain d'une superficie de 341 hectares (3,41 km2, environ 4 km sur 800 mètres), situé dans l'arrondissement de Manhattan à New York (État de New York)

Il est géré par la Central Park Conservancy (comité de sauvegarde de Central Park) qui dispose d'un budget annuel de 200 millions de dollars, et est entretenu au même titre que les autres espaces verts de la ville par le New York City Department of Parks and Recreation (DPR). Achevé en 1873 après seize années de travaux, selon les plans de Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux, Central Park représente une oasis de verdure au milieu de la forêt de gratte-ciel de Manhattan, même s'il est situé au nord de l'île où les édifices étaient un peu moins élevés jusqu'aux années 2020

Il est délimité par la 110e rue au nord, la 8e avenue à l'ouest, la 59e rue au sud et la 5e avenue à l'est

Ces rues sont respectivement baptisées Central Park North, Central Park West et Central Park South, et le parc est encadré par deux quartiers résidentiels : l'Upper East Side (à l'est) et l'Upper West Side (à l'ouest)

Avec 37,5 millions de visiteurs par an, Central Park est le parc le plus visité aux États-Unis. Son aspect naturel est le résultat d'un important travail paysager : le parc contient plusieurs lacs artificiels (dont le plus important, le Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir, s'étend sur 0,43 km2), des chemins piétonniers, deux pistes de patinage sur glace, une zone de protection de la vie sauvage et des pelouses pour pratiquer sports et jeux de plein air

Le parc est en outre un « sanctuaire » pour les oiseaux migrateurs, où de nombreux observateurs ou visiteurs viennent les découvrir

Une route de 9,7 km de long, relativement peu fréquentée par les automobilistes, entoure le parc

Elle peut être empruntée par les piétons, les coureurs de fond, les cyclistes ou encore les adeptes du roller, lorsque la circulation automobile y est interdite.

Histoire

Projet et contexte

Nécessité d'un grand espace vert

Central Park est le premier grand parc public à avoir été aménagé dans une ville américaine. Le projet d'un grand espace vert situé au cœur de New York ne faisait pas partie du de 1811, grand plan cadastral à l'origine du découpage actuel des rues. En 1830, New York devient la plus grande ville des États-Unis, avec environ 200 000 habitants. Vers 1850, la plupart des New-Yorkais résident au sud de la cimetières, comme le cimetière de Green-Wood à Brooklyn.

Quand la ville de New York commence à s'étendre vers le Nord de l'île de Manhattan au  siècle, plusieurs voix s'élèvent pour réclamer la création d'un espace de verdure, à l'image du bois de Boulogne à Paris (achevé en 1852) ou de Hyde Park à Londres. Parmi ceux qui réclament la construction d'un parc, on trouve le paysagiste Andrew Jackson Downing et des écrivains comme George Bancroft et Washington Irving. Le poète et journaliste du New Evening Post William Cullen Bryant, qui est l'un des soutiens du projet, exige ainsi que :

« La municipalité ouvre un parc, un grand parc, un vrai parc, qui, par le sain divertissement du peuple, l'éloigne de l'alcool, du jeu et des vices, pour l'éduquer aux bonnes mœurs et à l'ordre. »

Il propose alors en 1850 que la municipalité achète une parcelle qu'il qualifie de « terre en friche, laide et répugnante » sur laquelle le projet peut voir le jour.

En 1853, la législature de l'État de New York décide de son emplacement au-delà de la  rue, alors limite nord de New York. Les autorités statuent pour un espace de 2,8  et la  avenue, pour un coût de plus de 5 millions de dollars, pour l'achat du seul terrain.

Développement du projet
Central Park pendant son aménagement.
Photographie de Victor Prevost, 1862.

L'État nomma ainsi la Central Park Commission (commission de Central Park) chargée de superviser l'aménagement de l'espace vert. En 1857, un concours fut organisé pour dessiner les plans du parc, et c'est le projet du Greensward Plan de l'écrivain Frederick Law Olmsted et de l'architecte britannique Calvert Vaux qui fut retenu. Selon Olmsted, le parc devait être « d'une importance capitale en tant que premier véritable parc du siècle, et un développement démocratique de la plus grande importance ». Ce point de vue d'Olmsted était sans doute dû à ses nombreux voyages en Europe au cours des années 1850, durant lesquels il avait visité de nombreux parcs et avait été très impressionné par le Birkenhead Park du Wirral, ouvert en 1847, et qui fut le premier parc public totalement construit au monde. L'arrangement sculptural revint à Jacob Wrey Mould, et Andrew Haswell Green devint le président de la commission de Central Park en 1857, poste qu'il occupa jusqu'en 1871. En dépit de son manque d'expérience (il avait une formation en droit), il joua un grand rôle dans l'aménagement du parc new-yorkais : en 1858, il négocia l'acquisition de 26 hectares supplémentaires pour développer le projet d'origine. Grâce à lui, Central Park s'agrandit vers le nord, jusqu'au niveau de la 110e rue, alors que le parc ne devait pas dépasser la 106e rue à l'origine.

Aménagement du terrain
L'une des routes traversant Central Park.

Vers 1850, le terrain désigné était recouvert de marécages, parsemé de gros rochers et occupé par de nombreux squatteurs, qui élevaient notamment des chèvres et des cochons, et qui utilisaient parfois l'espace comme une décharge. Les premiers travaux ne commencèrent en conséquence qu'en 1857, date à laquelle Olmsted fut nommé surintendant de Central Park. Ils durèrent au total dix-neuf ans (le 2003). Il fallut ainsi détruire 300 000 mètres cubes de rochers à l'explosif, drainer le terrain marécageux et apporter trois millions de mètres cubes de terre. 1 500 ouvriers travaillèrent quatorze heures par jour afin de planter quelque 500 000 arbres. Le chantier, terminé en 1869, coûta la vie à cinq travailleurs et les travaux de construction et de terrassement de Central Park coûtèrent l'équivalent de 500 millions de dollars actuels.

La construction du parc posait aussi le problème de l'évacuation des différents habitants du lieu de construction du parc, qui étaient pour la plupart assez pauvres avec une majorité d'immigrés d'origine irlandaise et allemande. La plupart d'entre eux vivaient dans de petits villages avant que Manhattan ne soit totalement urbanisée ; parmi ces villages, on retrouvait Seneca Village, Harsenville , le Piggery District ou encore the Convent of the Sisters of Charity (couvent des Filles de la Charité). Ce furent ainsi quelque 1 600 personnes qui furent expulsées au nom d'une expropriation pour cause d'utilité publique, en 1857 : les villages furent rasés pour laisser place au futur parc.

Conception du parc

Les grands traits de la construction
L'un des trente-six ponts de Central Park, dans un style néogothique métallique (1984).

Le projet de Calvert était « une célébration de la monumentale nature américaine, conçue pour être accessible au plus grand nombre ». Les influences sont variées, inspirées notamment des cimetières paysagers (celui du Mont Auburn à Cambridge, Massachusetts ou celui de Green-Wood à Brooklyn), idylliques et naturalistes. Les paysagistes du parc s'attachèrent à reproduire plusieurs tableaux : à l'est du parc, le paysage est celui de Kindred Spirits, œuvre d'Asher Durand qui exalte la beauté des forêts des montagnes Catskill, situées à une centaine de kilomètres au nord de la ville New York. Les œuvres de Jervis McEntee et Thomas Cole inspirèrent la Bethesda Terrace.

La principale innovation dans la construction de Central Park était la séparation des voies de circulation entre piétons, cavaliers et véhicules de loisir, afin de permettre à tous les types d'habitants de la ville ou de touristes de circuler dans la ville en toute sécurité. Le trafic commercial utilise des routes entièrement cachées par des arbustes et des buissons, pour ne pas perturber l'impression de rusticité des lieux. Les voies transversales est-ouest sont enterrées sous le parc. Le parc est en outre pourvu de trente-six ponts construits par Vaux, tous uniques dans leur architecture, et construits avec du granit, du schiste ou bien dans un style plus néogothique en métal.

Olmsted et ses trois parties
La William Merritt Terrace, en 1890.

L'objectif de Frederick Law Olmsted était de séparer son futur parc en trois parties. La première partie, « pastorale » devait rappeler, par ses grands espaces de verdure, les grandes plaines verdoyantes d'Angleterre. Une seconde partie, « pittoresque » devait affirmer le style choisi pour l'espace, alors que la troisième section, « formelle » accueillerait une fontaine, un plan d'eau ou un belvédère susceptible de devenir un lieu de rassemblement.

Pendant la construction du parc, Olmsted fut en constant désaccord avec les membres de la Central Park Commission, dont la plupart étaient affiliés au Tammany Hall, organisme informel démocrate. En 1860, il fut ainsi évincé de son poste de Superintendant de Central Park et remplacé par Andrew Haswell Green, ancien président du New York City's Board of Education, qui fut nommé président de la commission. Malgré son expérience relativement limitée, ce dernier parvint à accélérer la construction et à négocier l'acquisition de la parcelle additionnelle de 26 hectares, au nord du parc. Le rôle d'Olmsted diminua ainsi dans la construction, et il travailla alors à la réalisation du Prospect Park, à Brooklyn.

Évolution et déclin du parc

Patinoire dans Central Park, 1869.

Central Park devint après son aménagement l'un des centres d'activités et de loisirs favori des New-Yorkais : à la fin du  siècle, il était un lieu de parade. Le zoo de Central Park ouvrit ses portes dans ce contexte en 1864 ; il est d'ailleurs le plus ancien du pays. En 1880, le Metropolitan Museum of Art, dessiné par l'architecte Richard Morris Hunt, s'installa à l'est du parc. Mais Central Park a très rapidement connu des difficultés, notamment du fait du désintérêt du Tammany Hall, parti informel à tendance démocrate très influent à New York de la fin du  siècle aux années 1960.

Le début du  siècle fut également marqué par l'apparition de nouveaux défis pour le parc. L'invention puis le développement de l'automobile conduisirent à un changement de mentalités, offrant aux habitants de la ville davantage de possibilités d'évasion, et donc à un désamour pour le parc. Central Park devint alors davantage un lieu de rencontres sportives, ou un lieu récréatif, avec une altération de sa qualité de poumon de « Big Apple » originelle. La dissolution de la Central Park Commission après le départ de Andrew Haswell Green en 1870 et la mort de Calvert Vaux, père du projet, en 1895 accélérèrent le déclin du parc, dont la maintenance n'était plus que sommairement assurée. Les arbres morts ne furent progressivement plus remplacés, et les buissons et autres plantes commencèrent à envahir les anciens grands espaces de verdure. Pendant plusieurs décennies, les autorités ne firent rien pour protéger le parc d'un vandalisme grandissant, ainsi que de l'amoncellement des ordures, dans ce qui devenait progressivement un dépotoir public.

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Central Park et la Grande Dépression

La ville de New York fut frappée de plein fouet par la crise de 1929 qui se manifesta à Wall Street. Les laissés-pour-compte de la Grande Dépression vinrent alors progressivement s'abriter dans l'ancien espace vert. L'ancien réservoir du Belvédère devint même un véritable bidonville, baptisé de manière ironique Hooverville en référence au président Herbert Hoover, à la tête du pays de 1929 à 1933, et désigné comme le grand responsable de la crise.

En 1934, le républicain Fiorello La Guardia fut élu maire de New York, en pleine période de crise. Il arriva alors dans une ville dévastée et entreprit une vaste politique de reconstruction. Le renouveau de Central Park faisait partie de ses objectifs, même si la situation du parc était désastreuse : les anciennes grandes pelouses, non entretenues, étaient devenues de grands espaces de terre, parsemés par endroits de touffes de gazon et de mauvaises herbes ; lors des grosses chaleurs, le parc était recouvert de poussière, alors que pendant les périodes humides il était recouvert de boue. Les anciennes allées payèrent elles aussi le prix des années de friche, et les bancs qui les bordaient furent pour la plupart retournés et vandalisés.

Renouveau avec Robert Moses
Robert Moses, présentant un projet lors de la phase de rénovation de New York. Moses fut un artisan majeur du renouveau de Central Park, après la crise de 1929.

Pour faire face à cette situation, qui ne touchait pas que Central Park mais la quasi-totalité des espaces verts de la ville, le nouveau maire commença par unifier les cinq départements responsables des parcs. Il confia alors à Robert Moses le soin de réhabiliter Central Park et d'autres jardins publics de l'agglomération. Moses souhaitait faire du parc un lieu destiné aux loisirs et aux sports. Il réussit à bénéficier du programme du New Deal de Roosevelt et obtint aussi l'apport d'un financement public. Il assura ainsi au parc une nouvelle jeunesse, sous la protection d'un puissant défenseur : la ville de New York et ses habitants.

En une seule année, Moses parvint à réhabiliter non seulement Central Park, mais aussi les autres espaces verts de la ville : les pelouses et des fleurs furent replantées, les arbres et les buissons morts remplacés, les murs et les ponts rénovés. Des changements majeurs furent même opérés dans le plan et la configuration du parc. Ainsi, l'ancien Croton Reservoir fut comblé pour aménager l'actuel Great Lawn (grande pelouse). Le projet originel de « Greensward Plan » de Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux d'un espace idyllique se combina parfaitement avec les travaux de Robert Moses : dix-neuf terrains de jeu et douze terrains de baseball et de handball furent construits.

Années 1960 à 1980
Central Park vu du ciel.

En 1960, Robert Moses quitta son poste de Park Commissioner. Après son départ, le parc connut à nouveau une période de dégradation. Personne ne fut en mesure de compenser cette perte, car Moses avait non seulement remis le parc en état, mais il avait aussi initié de nombreux autres projets, qui ne purent tous être achevés. Le nombre de crimes et délits ne cessa par la suite d'augmenter : vandalisme, dépôt d'ordures et graffitis se multiplièrent. Parallèlement, les financements se faisaient de plus en plus rares ; profitant de l'absence d'éclairage public et de surveillance, les gangs investirent progressivement les allées de Central Park.

Cependant, dans les années 1960-1970, Central Park demeurait un lieu de rassemblement des New-Yorkais pour la Saint-Sylvestre, les marches des pacifistes et des hippies : les manifestations contre la guerre du Viêt Nam se déroulèrent sur la Great Lawn et le Sheep Meadow, mais dans un Central Park dont l'état était proche de celui précédant les travaux de Moses.

Malgré tout, les manifestations persistèrent ; ainsi, le festival annuel Shakespeare in the Park fut fondé en 1962 et investit le Delacorte Theater. L'Orchestre philharmonique de New York et le Metropolitan Opera organisèrent des concerts estivaux sur la Great Lawn. Plusieurs concerts gigantesques y furent par la suite organisés comme celui de Barbra Streisand en 1967 (150 000 spectateurs) et celui de Simon and Garfunkel, qui rassembla 500 000 personnes en 1981.

Au milieu des années 1970, plusieurs associations firent pression sur le maire Edward Koch et le Commissioner de l'époque, Gordon Davis, afin de réformer l'administration du parc. Le Central Park Conservancy fut alors fondé en 1980, présidé par Bill Beinecke et administré par Betsy Barlow Rogers. L'association de riverains, dont Jacqueline Kennedy-Onassis faisait partie, se chargea de la restauration du parc et du retour de la sécurité. En une vingtaine d'années, 320 millions de dollars de donations privées permirent le financement des travaux.

Le parc depuis 1980
Central Park, redevenu un lieu verdoyant et accueillant.

Dès la formation du Central Park Conservancy, les fondateurs refusèrent de fonder une nouvelle organisation, en raison des coûts élevés que cela impliquerait. À la place, ils décidèrent de faire appel à des bénévoles, afin de sensibiliser les New-Yorkais, en leur faisant comprendre que le parc faisait partie de l'identité de la ville.

Le Central Park Conservancy coopéra avec le Park Commissioner du New York City Department of Parks and Recreation, en prenant toutes les responsabilités pour la maintenance et la restauration du parc, en publiant en 1981 un article intitulé Reconstruire Central Park pour les années 1980 et au-delà, point de départ d'une vaste politique de restauration.

L'article prévoyait trois tâches principales, jugées essentielles dans l'optique d'une restauration durable du parc. Dans un premier temps, l'héritage architectural du parc devait être restauré (non seulement le paysage et l'environnement, mais aussi les ponts, les bâtiments, et les diverses structures victimes de négligence pendant vingt années). En plus de cela, le texte prévoyait de ressemer du gazon et d'assurer un entretien égal de toutes les parties du parc. Le troisième objectif était d'améliorer la sécurité surtout la nuit, afin d'attirer davantage de touristes, dont l'attrait pour le parc avait été grandement altéré par l'insécurité croissante qui y régnait.

Au fil des années, de nombreuses structures furent restaurées, après de nombreuses heures de bénévolat. En 2004, 32 000 heures de travail furent recensées, en particulier pour les travaux de restauration du Heckscher playground, espace de 12 hectares comprenant un bâtiment, plusieurs espaces de pelouse, ainsi que des affleurements rocheux. En 1995, ce fut au tour de la Great Lawn de bénéficier du Central Park Conservancy qui lui redonna son éclat.

Central Park en 2004, avec en arrière-plan les gratte-ciel de la Upper West Side, où l'on aperçoit les San Remo Apartments, et le Dakota Building.
  1. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003 (ISBN ), p. 82.
  2. a et b «  », sur www.tlc-mag.com, TLC magazine, vol. 15, no 6, juin 2006 (consulté le ).
  3. a b et c « Central Park », sur www.insecula.com (consulté le ).
  4. « Of great importance as the first real Park made in this century—a democratic development of the highest significance… »
  5. a b c et d Philippe Coste, « Happy birthday Central Park ! », L'Express, 31 juillet 2003 [lire en ligne].
  6. Guide Vert Michelin New York, édition juin 2000.
  7. a et b Philippe Coste, «  » Inscription nécessaire, sur L'Express, (consulté le ).
  8. « Rebuilding Central Park for the 1980s and Beyond ».

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Central Park dans la littérature

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