Belgrade
Localisation
Belgrade : descriptif
- Belgrade
Belgrade (en serbe cyrillique : Београд ; en serbe latin : Beograd) est la plus grande ville et la capitale de la Serbie
Au recensement de 2011, la ville intra muros comptait 1 233 796 habitants et, avec le district dont elle est le centre, appelé ville de Belgrade (Град Београд/Grad Beograd), 1 687 132 habitants en 2017, cela représente 24 % de la population totale de Serbie. Belgrade est l'une des plus anciennes cités d'Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans
Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois, sa position stratégique en Europe étant son bonheur et son malheur, d'où les vers du XVe siècle de Constantin le philosophe, « Pleure ville blanche, le noir de tes deuils »
Les premières traces de présence humaine dans la région remontent à la Préhistoire et à la culture de Vinča
Historiquement, Belgrade est l’antique cité de Singidunum, colonie romaine située dans la province de Mésie
Le nom slave Beograd apparaît pour la première fois le 16 avril 878, dans une épître envoyée par le pape Jean VIII au prince Boris Ier de Bulgarie
Il a pour signification la « ville blanche »
Au fil de son histoire mouvementée, Belgrade a été conquise par 40 armées : elle a été romaine et alors surnommée « La colline aux méditations », byzantine, hongroise, serbe, autrichienne, ottomane, serbe, yougoslave puis de nouveau capitale de la Serbie indépendante depuis 2006. Aujourd'hui, Belgrade dispose d'un statut qui la dote d'une assemblée et d'un gouvernement particuliers, à l'instar des districts de Serbie
Sa zone métropolitaine, appelée « district de Belgrade » ou « ville de Belgrade », est divisée en 17 municipalités qui possèdent toutes leur propre conseil local
Le district de Belgrade couvre ainsi 3,6 % du territoire de la Serbie et abrite 21 % de la population du pays (hors Kosovo)
Belgrade est le centre économique de la Serbie, mais aussi la capitale de la culture serbe et celui de l'éducation et des sciences du pays.
Géographie
Données générales
Belgrade se situe à 44° 49′ 14″ N, 20° 27′ 44″ E. Construite au nord de la Serbie centrale, au confluent d'une rivière, la Save, et d'un fleuve, le Danube ; la capitale de la Serbie se trouve ainsi à la limite entre deux espaces géographiques : la plaine pannonienne, qui fait partie de l’Europe de l'Est, et la péninsule des Balkans.
La ville proprement dite, dans ses limites actuelles, couvre une superficie de 359,96 district de Belgrade, 3 222,68 Voždovac, culmine à 303 Ada Huja. Les monts Avala et Kosmaj, respectivement situés à 511 . Sur les rives gauches de la Save et du Danube, le terrain, généralement plat, est constitué de plaines alluviales et de plateaux de lœss. Le district de Belgrade conserve de nombreuses forêts, dont les plus importantes sont celles des monts Kosmaj et Avala, de Trešnja, Lipovica, Topčider, Obrenovački zabran et Bojčin.
Le centre historique de la capitale, aujourd'hui constitué par la forteresse de Belgrade et le parc de Kalemgdan (dans la municipalité de Stari grad, la « vieille ville »), se trouve sur la rive droite des deux cours d'eau. Depuis le siècle, la ville s'est étendue en direction du sud et de l'est. Après la Seconde Guerre mondiale, le quartier de Novi Beograd, la « Nouvelle Belgrade », a été construit sur la rive gauche de la Save, réunissant ainsi Belgrade à l'ancienne ville de Zemun. Des localités résidentielles, de l'autre côté du Danube, comme Krnjača et Ovča, ont également été intégrées dans la zone métropolitaine de la capitale serbe.
Climat
Depuis 1887, le climat de Belgrade est étudié par l'observatoire météorologique de Vračar, situé à 132 altitude, coordonnées 44° 48′ N, 20° 28′ E. Belgrade possède un climat continental modéré. Pour la période de 1961 à 1990, la température moyenne annuelle s’est élevée à 11,9 . Pour la période de 1991 à 2010, la température a connu une moyenne de 12,8 . La ville connaît une température supérieure à 30 . La température la plus basse jamais enregistrée à l'observatoire a été de −26,2 .
Dans la période de 1961 à 1990, Belgrade a reçu environ 684,3 précipitations par an ; la moyenne a été de 661,9 1991 et 2010. La ville connaît en moyenne 2 096 ensoleillement. Les mois les plus ensoleillés sont juillet et août, avec une moyenne de 10 heures de soleil par jour. Au contraire, décembre et janvier sont les mois qui reçoivent le moins de soleil, avec une moyenne de 2 à 2,3 heures d’ensoleillement par jour. Le jour le plus pluvieux fut le , avec 94 ; les chutes de neige les plus importantes jamais enregistrées en une seule journée ont eu lieu le , avec une couverture neigeuse de 80 .
Mois | Janv | Fév | Mars | Avr | Mai | Juin | Juil | Août | Sept | Oct | Nov | Déc | Année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Températures moyennes 1961-1990 (°C) | 0,4 | 2,8 | 7,2 | 12,4 | 17,2 | 20,1 | 21,8 | 21,4 | 17,7 | 12,5 | 7,0 | 2,3 | 11,9 |
Températures moyennes 1991-2010 (°C) | 1,7 | 3,5 | 7,9 | 13,0 | 18,2 | 21,4 | 23,3 | 23,2 | 17,9 | 13,2 | 7,9 | 2,5 | 12,8 |
Précipitations moyennes 1961-1990 (mm) | 49,3 | 44,4 | 49,5 | 58,8 | 70,7 | 90,4 | 66,5 | 51,2 | 51,4 | 40,3 | 54,3 | 57,5 | 684,3 |
Précipitations moyennes 1991-2007 (mm) | 38,2 | 37,4 | 40,6 | 49,5 | 47,9 | 94,0 | 62,5 | 66,2 | 61,8 | 56,1 | 52,4 | 55,4 | 661,9 |
Danube et Save
Belgrade est située au confluent de la Save et du Danube. Cette position a souvent impressionné les voyageurs. C’est ainsi qu’en septembre 1833 le poète Alphonse de Lamartine, de retour d’une visite au prince Miloš Obrenović et évoquant le Danube, écrit dans son carnet de voyage : « Le fleuve, large et profond, a des vagues comme la mer ». On trouve aussi, en 1888, sous la plume du comte d’Haussonville, cette description du fleuve observé depuis la hauteur de Kalemegdan : « Après avoir promené son ruban de lumière autour de Semlin (Zemun), il décrit dans la plaine une courbe parfaite et cueille au passage les eaux plus vertes de la Save ; puis, grossi de son tributaire, emportant avec lui la fortune de vingt peuples souverains, il reprend sa course vers l’Orient ».
Belgrade entre l’Orient et l’Occident
Comme beaucoup d’autres villes, Belgrade est considérée comme un carrefour entre l’Orient et l’Occident. Par son histoire, Belgrade, au moins depuis la présence romaine et particulièrement du fait de la longue présence ottomane, a souvent joué un rôle de ville frontière et de lieu de rencontre entre les civilisations.
Encore une fois, ce sentiment a souvent été exprimé par les voyageurs, notamment au siècle. Alphonse de Lamartine, toujours dans son Voyage en Orient, décrit le contraste qu’il observe entre Belgrade et Zemun : « La ville (Belgrade), semblable à toutes les villes turques, descend en rues étroites et tortueuses vers le fleuve. Semlin (Zemun), première ville de la Hongrie, brille de l’autre côté du Danube avec toute la magnificence d’une ville d’Europe ; les clochers s’élèvent en face des minarets ». Ce contraste était également exprimé par Victor Hugo dans « Le Danube en colère » :
« Belgrade et Semlin sont en guerre. (...)
Allons, la turque et la chrétienne !
Semlin, Belgrade, qu’avez-vous ? (...)
Quoi ! ne pouvez-vous vivre ensemble,
Mes filles ? faut-il que je tremble
Du destin qui ne vous rassemble
Que pour vous haïr de plus près,
Quand vous pourriez, sœurs pacifiques,
Mirer dans mes eaux magnifiques
Semlin tes noirs clochers gothiques,
Belgrade, tes blancs minarets ».
Par rapport à l’époque de Lamartine et de Hugo, le contraste s’est amoindri entre ce qui constitue aujourd’hui les divers quartiers de Belgrade ; à partir du siècle, notamment par la volonté des différents souverains serbes, la ville s’est occidentalisée et, si Zemun conserve nombre de ses bâtiments de l’époque autrichienne, Belgrade ne dispose plus que d’une seule mosquée.
- », sur beograd.rs, site officiel de la ville de Belgrade (consulté le ).
- », sur beograd.rs, site officiel de la ville de Belgrade (consulté le ).
- », sur hidmet.gov.rs, Site de l'Office hydro-météorologique de la république de Serbie (consulté le ).
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- », sur tutiempo.net (consulté le ).
- », sur beograd.rs, site officiel de la ville de Belgrade (consulté le ).
- Alphonse de Lamartine, Voyage en Orient, 1835 ; texte daté du
- Paul-Gabriel d’Haussonville, «De Salonique à Belgrade», in la Revue des deux Mondes, livraison du - Cité par Buisson 2006.
- Zemun est aujourd’hui une municipalité urbaine faisant partie de Belgrade ; à l’époque où écrit Lamartine (1833), elle faisait partie du royaume de Hongrie
- Victor Hugo, Les Orientales, 1829, « Le Danube en colère »
- », sur beograd.rs, site officiel de la ville de Belgrade (consulté le ).
Histoire
Préhistoire
La région située aux confluents de la Save et du Danube a été occupée depuis le Paléolithique moyen : les anthropologues y ont exhumé des squelettes de Néandertaliens et d’Homo sapiens.
En 1908, une équipe d’archéologues dirigée par Miloje Vasić a effectué des fouilles à Vinča sur le site de Belo brdo, dans la municipalité de Grocka. Ont alors été mis au jour d’importants vestiges datant de la période néolithique ; compte tenu de l’importance de ces découvertes, le site a donné son nom à une culture qui s’est développée le long du Danube entre -6 000 et -3 000 : la culture de Vinča,. Belo brdo est aujourd'hui inscrit sur la liste des sites archéologiques d'importance exceptionnelle de la république de Serbie.
Fondation mythologique de Belgrade
Les origines mythologiques de Belgrade font intervenir les Argonautes, qui de la mer Noire (le Pont-Euxin) devaient rejoindre le nord de l'Italie. Ayant décidé de passer par l'Istro (le Danube), ils remontèrent son cours à bord de l'Argo. Lorsqu'ils arrivèrent devant le promontoire où Belgrade est bâtie, ils s’installèrent au bord du Danube là où les eaux de la Save et du Danube se confondent pour fonder la Ville.
Période celto-thrace
Vers , des tribus cimmériennes puis des Scythes traversèrent la région de l’actuelle Belgrade sans s'y installer. Au , les Scordisques, un peuple celte, s’établirent au confluent de la Save et du Danube et y bâtirent une ville fortifiée appelée Singidūn (ces derniers sont un des trois groupes d'une armée gauloise conduite par Brennos, dans le but de piller Delphes, en octobre 278 , est mentionnée pour la première fois en . La première partie du nom, Singi-, signifierait « rond », tandis que dun désigne la « forteresse » ou la « ville ». Selon une autre interprétation, Singi renverrait aux Sings, un peuple thrace installé à cet endroit avant l’arrivée des Scordisques. Une autre interprétation donne comme origine à Singi- un mot celte signifiant le « faucon » et Singidūn serait ainsi « la forteresse (ou la ville) du faucon ».
Période romaine
Les Romains s’emparèrent de Singidūn au début du siècle de notre ère et ils latinisèrent le nom de la ville en Singidunum. La cité fut intégrée à la province de Mésie supérieure (capitale Viminacium, aujourd’hui Kostolac) et devint une ville de garnison située sur le limes. À proximité se trouvait la ville de Taurunum, aujourd’hui Zemun.
En 86, Domitien, dans le souci de renforcer les frontières de l’Empire contre les Daces, fit de Singidunum le lieu de cantonnement de la Legio IV Flauia Felix. Ce fut pour la ville le début d’une période de prospérité. Un castrum fut édifié à l’emplacement de l’actuelle forteresse de Belgrade. Singidunum et Taurunum furent reliées par un pont.
Au début du siècle, en 105-106, les campagnes de l’empereur Trajan écartèrent la menace dace et la province romaine de Dacie fut créée. La ville de Singidunum connut alors une période de tranquillité. Au milieu du siècle, l’empereur Hadrien lui conféra le statut de municipe (municipium), ce qui lui accordait une plus grande liberté d’administration.
Mais, à la suite des attaques des Carpes et des Goths, la province de Dacie fut perdue par les Romains sous l’empereur Gallien en 268. L’empereur Aurélien transféra alors les légions sur la rive sud du Danube et réorganisa la région en créant la province de Dacia Ripensis (la « Dacie de la rive »).
Le siècle fut encore une période de prospérité pour la ville : elle obtint le statut de colonie de droit romain, qui renforçait encore son autonomie. Le futur empereur Jovien y naquit vers 332. Et, en 395, lors du partage de l’Empire romain par Théodose, Singidunum fut rattaché à l’Empire romain d'Orient, qui allait devenir l’Empire byzantin.
Sous l’Empire romain, Singidunum se trouva intégré à un important réseau défensif. La ville et son castrum étaient situés sur une via militaris qui, d’est en ouest allait de Sirmium (Sremska Mitrovica) à Viminacium (Kostolac), Trimontium (Plovdiv) jusqu’à Byzance. Cette voie militaire était défendue par des forts, dont il reste des vestiges dans la région de l’actuelle Belgrade, comme ceux de Mutatio ad Sextum (Mali Mokri Lug), Castra Tricornia (Ritopek) et Mutatio ad Sextum Militare (Grocka). Une route reliait également les exploitations minières des monts Avala, Kosmaj et Rudnik.
Ville militaire, Singidunum/Belgrade connut un important développement. Les vétérans des légions, notamment, s’installèrent dans la basse ville, créant une véritable cité romaine. De nombreuses traces de cette période impériale ont été retrouvées un peu partout dans les environs (tombes, monuments, sculptures, céramiques, pièces de monnaie). La ville actuelle conserve encore en partie l’empreinte de l’urbanisme antique, comme on peut l’observer dans l’orientation des rues Uzun Mirkova, Dušanova et Kralja Petra. Le Studentski trg (« place des Étudiants ») garde de l’ancien forum qu’il remplace sa forme rectangulaire ; des vestiges de thermes y ont été mis au jour dans les années 1970.
Moyen Âge
Période byzantine
Le siècle, qui vit la disparition de l’Empire romain d'Occident (476), inaugura pour Singidunum/Belgrade une période d’invasions successives. En 441, Attila, à la tête de ses Huns s’empara de la ville et la détruisit. Puis, en 450, les Sarmates, à leur tour, occupèrent la ville. Singidunum réintégra l’Empire en 454 mais, en 470, elle fut conquise par les Ostrogoths, avant d’être prise par les Gépides (488) et par les Goths (504). En 510, un traité fut signé, qui restitua la ville à l’Empire byzantin.
En 512, l’empereur établit dans la région la tribu germanique des Hérules pour protéger la région de Belgrade contre les Gépides. En 535, sous Justinien, Singidunum fut entouré d’une puissante muraille qui lui assura quelques décennies de relative tranquillité.
En 584, la ville fut prise et pillée par les Avars, un peuple mongol allié des Slaves (et notamment des Serbes) qui s’étaient progressivement installés dans la plaine pannonienne depuis le milieu du siècle. En 630, sous le règne de l’empereur Héraclius, les Serbes, appuyés par les Avars, s’emparèrent à leur tour de Singidunum/Belgrade. La prise de la ville est mentionnée dans les chroniques byzantines mais on perd ensuite toute trace écrite de Singidunum pendant deux siècles et demi. Par la suite, l'Empereur devient l'allié des Serbes et avec leur soutien, il libéra les territoires byzantins des Avars, Belgrade compris,. Les fouilles archéologiques, de leur côté, montrent une slavisation progressive de la région.
En 827, les Bulgares contrôlèrent la forteresse. La ville fut alors connue sous le nom d’Alba Bulgarica. Le , le nom slave de Beograd apparaît pour la première fois dans une épître envoyée par le pape Jean VIII au prince de Bulgarie. Pendant quatre siècles, l’Empire byzantin, le royaume de Hongrie et le premier empire bulgare se disputèrent la ville qui changea constamment de maître.
Quelques dates marquent cette période agitée. En 896, les Magyars s’emparèrent de Belgrade. En 971, l’Empire byzantin reprit la ville. Vers 976, elle fut conquise par Samuel de Bulgarie. En 1018, l’empereur Basile II réintégra Belgrade dans l’Empire byzantin. En 1096, Belgrade fut détruite par les Hongrois, mais les Byzantins en gardèrent le contrôle.
En 1076, Jérusalem était tombée entre les mains des Turcs. En 1096 et en 1147, les Croisés, en partance pour la Terre sainte, passèrent à Belgrade. En 1127, le roi Étienne II de Hongrie détruisit la ville et en récupéra les pierres pour construire une forteresse à Zemun. À son tour, en 1154, l’empereur byzantin Comnène détruisit Zemun et en récupéra les pierres pour reconstruire Belgrade ; le géographe et cartographe arabe Al Idrissi, de passage dans la cité, décrit Belgrade comme une ville « bien peuplée et animée »,. En 1182, les Hongrois, de nouveau, saccagèrent la ville mais, dès 1185, les Byzantins la récupérèrent par la négociation. En 1189, l’empereur romain germanique Frédéric Barberousse, un des chefs de la troisième croisade, passa lui aussi à Belgrade à la tête de 190 000 pèlerins ; la ville était devenue un champ de ruines. En 1230, Belgrade fut rattachée à la Bulgarie puis, en 1232, la ville passa à la Hongrie.
Période serbe
En 1284, le premier souverain serbe à régner sur Belgrade fut Stefan Dragutin, qui avait été roi de Serbie entre 1276 et 1282. Il reçut la ville en cadeau de son beau-père le roi Ladislas IV de Hongrie. La cité intégra ainsi le royaume de Syrmie (Srem). Dragutin tenait sa cour à Belgrade ; il fit construire une cathédrale orthodoxe, symbole de la puissance et de la prospérité du nouvel État serbe.
À sa mort en 1316, son frère Stefan Milutin régna à son tour sur Belgrade. Mais dès 1319, les Hongrois s’emparèrent de nouveau de la ville et la détruisirent complètement. Belgrade devint une forteresse qui servait de tête de pont pour les Hongrois hostiles à l’expansion de l’État serbe situé plus au sud.
Au cours du siècle, les Turcs firent leur entrée dans cette partie des Balkans. Après la bataille de la Maritza en 1371 et celle de Kosovo Polje en 1389, ils conquirent le sud de la Serbie tandis que le nord résista sous la forme du despotat de Serbie. Conscient de la menace ottomane et du rempart que constituait le despotat, le roi de Hongrie Sigismond se rapprocha du despote serbe Stefan Lazarević. En 1403, Stefan Lazarević, le fils du prince Lazar, fut autorisé à faire de Belgrade la capitale du despotat. De 1403 à 1427, la ville connut une nouvelle ère de prospérité. Une citadelle y fut construite, dont il subsiste la tour du despote, encore visible dans la forteresse de Belgrade. De nombreux habitants, fuyant les Ottomans, vinrent se réfugier à Belgrade ; à cette époque, on considère que la ville comptait entre 40 000 et 50 000 habitants. L’historien Dušan T. Bataković commente ainsi la portée de cette période pour la ville : « La signification de Belgrade dans l’histoire serbe ne fit qu’augmenter à mesure que se rapprochait la chute du régime du despotat serbe. Belgrade devint le symbole des efforts conjugués afin d’empêcher les Turcs de pénétrer en Pannonie et jusqu’au centre du continent européen ».
À la mort de Stefan Lazarević en 1427, le nouveau despote Đurađ Branković, conformément aux accords passés en 1403, dut restituer la ville à la Hongrie. Smederevo, non loin de Belgrade, devint la nouvelle capitale du despotat ; Đurađ Branković y fit construire une nouvelle forteresse,. Néanmoins, sous son règne, le despotat tomba presque entièrement entre les mains des Ottomans.
En 1440, le sultan Mourad II, conscient de l’importance stratégique de Belgrade pour la conquête de l’Europe centrale, à la tête de plus de 100 000 Turcs, mit une première fois le siège devant la cité mais la ville résista,. En 1443, une armée fut levée et placée sous le commandement de Jagellon, roi de Pologne et de Hongrie, qui choisit pour le seconder Jean Hunyadi et Đurađ Branković ; l’armée se rassembla à Belgrade. Ses succès contre les forces ottomanes contraignirent Mourad II à temporiser. Mais son successeur, Mehmed II, reprit l’offensive. En 1453, il s’empara de Constantinople. Belgrade fut une nouvelle fois assiégée en 1456 mais la ville put encore résister, notamment grâce à Jean Hunyadi et au prêtre franciscain Jean de Capistran. Cependant, plus au sud, Smederevo tomba aux mains des Turcs en 1459 et peu après, le despotat de Serbie se retrouva sous leur domination
Période turque
Empire ottoman
Le , Soliman le Magnifique mit à nouveau le siège devant Belgrade. Le 28 août, il réussit à s’emparer de la ville, qui fut rasée,. Conformément à ses attentes, cette conquête lui ouvrit les portes de l’Europe centrale : il réussit à mettre le siège devant la ville de Vienne en 1529. Pendant 150 ans, la ville fut le chef-lieu d’une raya (marche militaire) puis d’un sandjak (district civil) de l’Empire ottoman. Elle attira de nouveaux marchands et de nouveaux habitants turcs, arméniens et grecs, ainsi que des marchands venus de Raguse. On estime à 100 000 habitants la population de Belgrade au début du siècle, ce qui en fit la deuxième ville de l’Empire ottoman après Constantinople. Elle prit progressivement l’allure d’une ville orientale, avec des bâtiments d’architecture ottomane et de nouvelles mosquées. Cet aspect oriental frappera encore les voyageurs du siècle.
La ville fut touchée par une révolte serbe majeure qui eut lieu en 1594, la révolte du Banat, et qui fut écrasée par les Turcs. Pour impressionner la population, le pacha de Belgrade ordonna que l’on fît venir les reliques de saint Sava qui reposaient au monastère de Mileševa ; le , elles furent brûlées en public sur le plateau de Vračar (aujourd’hui un quartier de Belgrade). À l’emplacement de ce bûcher s’élève l’actuelle église Saint-Sava. Pourtant, certains contestent cette version, et notamment Sreten Popović. D'après lui, l'endroit où les reliques de saint Sava ont été brûlées se trouve à l'emplacement actuel de Tašmajdan, derrière l'église de Saint-Marc, là où les Turcs effectuaient habituellement les exécutions. À l'époque des événements, c'était cet endroit, d'où on voyait toute la ville, qui s'appelait Vračar, tandis que l'actuel Vračar n'était encore qu'une petite colline très éloignée des enceintes de la ville.
Après l’échec des Ottomans devant Vienne en 1683, l'électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière s’empara de Belgrade. Les Turcs reprirent la ville en 1690. En 1717, le prince Eugène de Savoie conquit la ville à nouveau. Entre 1723 et 1736, Nikola Doksat y construisit la forteresse du parc de Kalemegdan. Mais, par le traité de Belgrade, signé le , les Habsbourg restituèrent la ville aux Turcs. Par deux fois, les Ottomans se vengèrent de la population de la ville en se livrant à des destructions,. Dans les deux cas, la reconquête par les Turcs s’accompagna d’une importante émigration serbe : des populations nombreuses, fuyant la région de Belgrade, vinrent s’installer en Autriche, en Voïvodine et en Slavonie,.
En 1789, lors de la guerre austro-turque de 1788-1791, le maréchal Ernst Gideon von Laudon s’empara à nouveau de la ville. Mais, par le traité de Sistova (1791), Belgrade fut une nouvelle fois restituée aux Ottomans. En échange, les janissaires durent quitter le pachalik de Belgrade.
Premier et second soulèvements serbes contre les Turcs
En 1799, pour calmer l’agitation qui secouait son empire, le sultan Sélim III autorisa le retour des janissaires dans le pachalik de Belgrade. En 1801, de plus en plus indépendants, ces janissaires tuèrent le pacha Hadji Mustafa et multiplièrent les exactions. Pour réprimer les révoltes naissantes, le , ils firent arrêter et tuer 70 notables serbes. Cet événement, connu sous le nom de Massacre des notables ou Massacre des Princes (en serbe : seča knezova), fut en fait à l’origine du premier soulèvement serbe contre les Turcs (1804-1813),. Le , Belgrade fut libérée par les insurgés serbes commandés par Đorđe Petrović, plus connu sous le nom de Karageorges (Karađorđe, Georges le Noir). En 1807, le Praviteljstvujušči Sovjet (gouvernement serbe) se réunit à Belgrade et, en 1811, les ministres s’y établirent. En 1808, l’écrivain Dositej Obradović, y fonda la première Haute École, ébauche de ce qui allait devenir l’université de Belgrade. En revanche, après l’échec de cette première révolte, la ville fut reprise par les Tucs en 1813.
La répression qui s’ensuivit donna lieu en 1815 à un second soulèvement conduit par le prince Obrenović. À l’issue des négociations, les Turcs conservèrent la forteresse du Kalemegdan, mais la Serbie devenait de facto une principauté autonome à l’intérieur de l’Empire ottoman,. En 1818, Kragujevac, et non Belgrade, fut choisie comme capitale de la nouvelle Principauté de Serbie. Le sultan Mahmoud II reconnut officiellement l’autonomie de la Serbie en 1830.
Nouvelle période serbe
Principauté et royaume de Serbie
L’autonomie de la Serbie ouvrit pour Belgrade une période de mutations. Des bâtiments importants y furent construits comme le konak de la princesse Ljubica (1829-1831), le konak du prince Miloš (1831-1834), dans le quartier de Topčider, ou encore la cathédrale Saint-Michel (1837-1840). Outre ses fonctions économiques, Belgrade devint un important centre culturel. En 1831, la première imprimerie y fut installée et, en 1835, le journal Novine Srpske commença à y paraître. La Faculté de Théologie et le premier Lycée y furent créés et la ville attira des intellectuels de premier plan comme Vuk Stefanović Karadžić, le grand réformateur de la langue serbe, Jovan Sterija Popović, un dramaturge célèbre, Joakim Vujić, lui aussi dramaturge et écrivain, ou encore Dimitrije Davidović, qui fut journaliste, ministre de Miloš Bibliothèque nationale de Serbie.
En 1867, le prince Michel III Obrenović, le fils du prince Miloš, obtint le départ définitif des Turcs de la forteresse du Kalemegdan après 346 ans de domination et Belgrade devint officiellement la capitale de la Principauté. La Serbie devint indépendante au traité de Berlin de 1878 sous le règne du prince Milan IV Obrenović, qui devint roi de Serbie en 1882 sous le nom de .
Le départ définitif des Turcs et l’indépendance accélérèrent l’occidentalisation de Belgrade, notamment sur le plan de l’urbanisme. La rue Knez Mihailova fut ouverte à la place d'anciennes rues tortueuses et elle relia le parc de Kalemegdan à la ville ; la place de la République (Trg Republike) fut créée en 1866. De nombreux bâtiments furent construits dans un style européen (banques, bâtiments officiels…). La ville connut un développement industriel important. En 1884, elle fut reliée par chemin de fer à Niš, la deuxième ville de Serbie par son importance ; l’électricité y fut installée. D’importantes institutions culturelles virent le jour comme le Musée National en 1844, le Théâtre national en 1869 ou encore l'Académie serbe des sciences et des arts en 1886. Auguste et Louis Lumière donnèrent à Belgrade la première séance de cinéma des Balkans et d’Europe centrale en juin 1896. Johann Strauss II y joua la même année.
En 1900, la capitale ne comptait que 69 100 habitants mais en 1905 elle en comptait déjà plus de 80 000 et, à la veille de la Première Guerre mondiale, elle dépassait déjà les 100 000 habitants, sans compter Zemun qui appartenait encore à l’Autriche-Hongrie,.
Première Guerre mondiale
Il existait un antagonisme important entre le royaume de Serbie, qui souhaitait réaliser l’unité de tous les peuples slaves des Balkans, et l’empire d'Autriche-Hongrie, présent dans la région, et souhaitant, notamment, poursuivre son avancée dans la vallée du Danube jusqu’à la mer Noire. Le , Gavrilo Princip, un anarchiste serbe né en Bosnie assassine à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône impérial d’Autriche-Hongrie. La Serbie refusant d’ouvrir son territoire à des enquêteurs autrichiens, cet événement déclencha la Première Guerre mondiale.
Le , des monitors de la marine austro-hongroise bombardèrent Belgrade et, le 30 novembre, la ville fut prise une première fois par le général Potiorek avant d’être libérée par le maréchal Putnik le 15 décembre. Le , Belgrade fut prise une nouvelle fois par les troupes allemandes et autrichiennes commandées par August von Mackensen ; la bataille avait fait rage plusieurs jours et la ville avait subi de nombreuses destructions.
Belgrade fut finalement libérée le
Période yougoslave
Création de la Yougoslavie
En 1918, Belgrade devint la capitale du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui fut proclamé sur la place de Terazije, puis, en 1929, celle du royaume de Yougoslavie. La ville se modernisa et connut une importante croissance démographique. Elle incorpora la ville de Zemun, qui était restée autrichienne jusqu’à la guerre ; en 1931, elle comptait 239 000 habitants et, en 1940, elle en comptait 320 000, la population augmentant en moyenne de 4,08 % entre 1921 et 1948. En 1927, fut ouvert le premier aéroport de Belgrade et, en 1929, sa première station de radio commença à émettre. Le pont de Pančevo, qui franchissait le Danube, fut ouvert à la circulation en 1935.
Seconde Guerre mondiale
Le , sous la pression d’Hitler, le président du Conseil Dragiša Cvetković et son ministre des Affaires étrangères signèrent à Vienne l’adhésion de la Yougoslavie au Pacte tripartite, rangeant ainsi le pays aux côtés des puissances de l’Axe ; par cet accord, le prince Paul, régent du royaume, espérait tenir le royaume à l’écart de la Seconde Guerre mondiale. À Belgrade, cette décision suscita immédiatement de nombreuses et importantes manifestations de rue ; et, le 27 mars, avec l’appui de la Grande-Bretagne, un coup d'État, conduit par le général Dušan Simović et organisé par le général Borivoje Mirković,, força le prince Paul à quitter le pouvoir et installa sur le trône le roi Pierre II avant sa majorité.
Par voie de conséquence, le , Belgrade, pourtant déclarée ville ouverte, fut bombardée par la Luftwaffe, bombardement qui fit au moins 2 274 morts ; la Bibliothèque nationale de Serbie fut incendiée, ce qui provoqua la destruction de dizaines de milliers de livres rares parmi lesquels figuraient de précieux manuscrits du Moyen Âge,. La Yougoslavie fut envahie et, le , la capitulation du royaume fut signée à Belgrade. La Serbie centrale et le Banat furent placés sous l’autorité des nazis, l'État indépendant de Croatie satellite de l'Allemagne nazie fut créé, tandis que le reste du royaume fut partagé entre les diverses puissances de l’Axe ; le gouvernement royal partit en exil à Londres et un Gouvernement de salut national, dirigé par le général Milan Nedić, fut installé à Belgrade par les nazis.
Très vite la résistance s’organisa autour de deux hommes : Draža Mihailović, un fidèle partisan de la monarchie, coordonna l’action des tchetniks (à partir de mai 1941) ; Josip Broz Tito fut à la tête des partisans communistes (à partir de juillet 1941). En représailles à la guérilla qui s’installait, à l’automne et au cours de l’hiver 1941, le général Franz Böhme, le gouverneur militaire de la Serbie, fit arrêter et tuer de nombreux Belgradois et, en particulier, des membres de la communauté juive ; sa « règle » était d’exécuter 100 Serbes ou Juifs pour tout Allemand tué.
Le , les Alliés bombardèrent Belgrade, faisant environ 1 160 morts. La ville resta occupée par les nazis jusqu’au , date à laquelle, avec l’accord de Churchill, elle fut libérée par les Partisans communistes et par l’Armée rouge. Pendant la guerre, Belgrade avait perdu environ 50 000 habitants et souffert d’importants dommages matériels.
Période communiste
Le , le maréchal Josip Broz Tito proclama à Belgrade l’abolition de la monarchie et la naissance de la république fédérative populaire de Yougoslavie (plus tard renommée république fédérative socialiste de Yougoslavie). En 1946, le général Draža Mihailović fut jugé et exécuté à Belgrade (Topčider).
En tant que capitale de cette nouvelle Yougoslavie, la ville connut un important développement industriel. En 1958, la première chaîne de télévision de Belgrade commença à diffuser ses programmes. Par sa relative indépendance à l’égard de Moscou, Tito fit aussi de la capitale de la Yougoslavie une importante ville internationale. En 1961, la première conférence des chefs de gouvernement des Pays non alignés se réunit à Belgrade sous la présidence du maréchal ; le pays tout entier en retirait un important prestige auprès des pays du Tiers-Monde. S’y tinrent aussi des assemblées de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international, ainsi que de nombreuses manifestations culturelles et sportives.
En revanche, l’année 1968 offrit un autre visage de Belgrade, avec de nombreuses manifestations contre Tito qui se soldèrent par de violents affrontements entre les étudiants et la police ; tout cela révélait l’existence d’un réel malaise politique et social dans le pays. En mars 1972, une épidémie de variole se déclara dans la ville, ce qui contraignit ses habitants à la quarantaine. Elle est cependant rapidement maitrisée.
Le problème des nationalités couvait également. En 1974, une nouvelle Constitution fut proclamée à Belgrade. L’historien Dušan T. Bataković l’analyse en ces termes : « Chaque république, ainsi que chaque province autonome, apparaissait non seulement comme le représentant unique d’un peuple déterminé, mais aussi comme un élément constituant de la fédération. Ainsi était instaurée une souveraineté double. (…) La désintégration de la Yougoslavie fut, de ce fait, facilitée ».
La ville offre un certain niveau de vie. L'éducation et le système de santé étaient gratuits, et les logements étudiants étaient bon marché.
Période post-communiste
Belgrade vécut les contrecoups de la crise que connut la Yougoslavie.
Le , la capitale fut le théâtre d’importantes manifestations de rue conduites par Vuk Drašković contre le pouvoir de Slobodan Milošević. Selon les médias, entre 100 000 et 150 000 personnes défilèrent dans les rues. Les chars furent déployés pour ramener le calme. Il y eut deux morts, 203 blessés et 108 personnes furent arrêtées.
En 1992, la ville devint la capitale de la république fédérale de Yougoslavie, formée de la république de Serbie et de la république du Monténégro et renommée en 2003 Communauté d'États Serbie-et-Monténégro. Elle eut comme premier président l’écrivain Dobrica Ćosić, membre de l’Académie.
Après le retour au pouvoir de Slobodan Milošević, de nouvelles manifestations eurent lieu à Belgrade de novembre 1996 à février 1997 ; le gouvernement était accusé de fraude électorale. Ces manifestations conduisirent à l’élection de Zoran Đinđić, membre du Parti démocratique.
En 1999, pendant la guerre du Kosovo, Belgrade fut bombardée par l’OTAN, ce qui provoqua de nombreux dégâts dans la ville. Parmi les sites bombardés se trouvèrent plusieurs ministères, l’immeuble de la Radio-télévision de Serbie (RTS), plusieurs hôpitaux, l’hôtel Jugoslavija, la tour Ušće, l’émetteur de télévision du mont Avala, ainsi que l’ambassade de Chine.
Après les élections de 2000, Belgrade fut le théâtre de nouvelles manifestations qui amenèrent des centaines de milliers de personnes dans les rues (800 000 selon la police, plus d’1 000 000 selon le journaliste britannique Misha Glenny). Ces manifestations contre le régime contraignirent Milošević à démissionner le . Cette démission mit un terme à ce qu’on appelle familièrement la révolution des bulldozers.
Capitale de la nouvelle Serbie indépendante
Depuis 2006, à la suite de l'indépendance de la république du Monténégro, Belgrade est restée la capitale de la seule Serbie.
La ville connait au printemps 2016 d'importantes manifestations contre des projets immobiliers perçus comme destructeurs et visant à enrichir des hommes d'affaires proches du pouvoir. Le centre de la ville a été vidé de sa population et rasé pour laisser place à un luxueux complexe au bord du Danube. Les expulsions sont grandement facilitées par la loi serbe, en cas d'endettement, de loyers impayés ou pour restituer un bien à ses propriétaires d'avant 1945.
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Culture
De nombreux événements culturels se déroulent dans la capitale : le Festival international du film de Belgrade (FEST), le Festival international de théâtre de Belgrade (BITEF), le Festival d'été de Belgrade (BELEF), le Festival international de musique de Belgrade (BEMUS), la Foire internationale du livre de Belgrade ou encore le Festival de la bière de Belgrade. En 1973, Belgrade a accueilli le congrès mondial d’espéranto, dont le thème était « Les droits à l’égalité linguistique en théorie et dans la pratique ».
Belgrade est également une ville marquée par la littérature. L’écrivain Ivo Andrić, lauréat du prix Nobel de littérature en 1961, a écrit à Belgrade son œuvre la plus célèbre, Le Pont sur la Drina. D’autres auteurs de premier plan sont associés à la ville de Belgrade : Branislav Nušić, Miloš Crnjanski, Borislav Pekić, Milorad Pavić et Meša Selimović.
L’essentiel de l’industrie du cinéma serbe est située à Belgrade, notamment dans le quartier de Filmski Grad. En 1995, Emir Kusturica a remporté la Palme d'or pour son film Underground. Un autre grand film a été tourné à Belgrade, entièrement de nuit, du 12 mars au : Baril de poudre (Bure baruta), de Goran Paskaljevic.
Dans les années 1980, sur le plan musical, Belgrade fut un des centres de la Nouvelle vague yougoslave, avec des groupes comme VIS Idoli, Ekatarina Velika et Šarlo Akrobata, qui étaient tous originaires de la capitale. Parmi les autres groupes de rock célèbres, on peut citer Riblja Čorba et Bajaga i instruktori. La ville est le centre d’un style musical connu sous le nom de turbo-folk, dont la chanteuse Ceca Ražnatović est l’une des représentantes les plus célèbres. Belgrade joue un rôle important sur la scène du hip-hop serbe, avec le groupe Beogradski Sindikat, avec des rappeurs comme Škabo et Marčelo et surtout avec le label Bassivity Music. À la suite de la victoire de la représentante serbe Marija Šerifović au Concours Eurovision de la chanson 2007, Belgrade a organisé le Concours Eurovision de la chanson 2008.
Belgrade compte de nombreux théâtres, parmi lesquels on peut citer le Théâtre National, le Théâtre dramatique yougoslave, le Théâtre Zvezdara et l’Atelier 212.
La ville de Belgrade est également le siège de l’Académie serbe des sciences et des arts, de la Bibliothèque nationale de Serbie, Bibliothèque universitaire Svetozar Marković, et du musée national ainsi que de nombreuses institutions culturelles étrangères, comme l'Institut Cervantes, le Goethe-Institut et le Centre culturel français, qui sont tous trois situés rue Knez Mihailova. On y trouve aussi l’American Corner, le Forum culturel autrichien (Österreichisches Kulturforum), le British Council, le Centre russe pour la science et la culture (Российский центр науки и культуры), l’Institut Confucius, le Centre culturel canadien, l’Istituto Italiano di Cultura, la Fondation hellénique pour la culture et le Centre culturel de la république islamique d’Iran.
Musées
Le musée le plus important de Belgrade est le Musée national, créé en 1844 ; il abrite une collection de plus de 400 000 pièces, parmi lesquelles figure le célèbre Évangile de Miroslav (Miroslavljevo Jevanđelje) qui date de 1180 et qui a été inscrit en 2005 sur la liste Mémoire du monde de l’UNESCO, ; le musée présente également d’importantes collections de peintures. Le musée d'art contemporain de Belgrade rassemble environ 8 540 œuvres créées en Yougoslavie depuis 1900. Avec environ 95 000 copies de films nationaux et internationaux, les Archives du film yougoslave de Belgrade figurent parmi les dix archives cinématographiques les plus riches du monde ; cette institution fonctionne aussi comme un musée, avec sa salle de cinéma et son hall d’exposition ; en 2007, un dépôt rénové a été inauguré.
Le musée militaire présente plus de 25 000 pièces, dont les plus anciennes datent de la Préhistoire, de la Grèce antique et de la période romaine. Le musée de l'aviation possède plus de 200 appareils, dont une cinquantaine sont exposés ; certains d’entre eux sont l’unique exemplaire de leur type subsistant au monde, comme le Fiat G.50. Le musée présente également les épaves d’avions américains de l’OTAN abattus dans les années 1990 ; on peut y voir, notamment, un avion furtif d’attaque au sol F-117 abattu par les forces yougoslaves.
Le musée ethnographique, créé en 1901, abrite plus de 150 000 pièces présentant au public la vie quotidienne dans les campagnes et les villes des Balkans et notamment dans les pays de l’ex-Yougoslavie. Le musée Nikola-Tesla, créé en 1952, conserve des objets et des documents ayant appartenu à Nikola Tesla, l’inventeur qui a donné son nom à l'unité de mesure du tesla ; la collection est riche d’environ 160 000 documents originaux et de 5 700 autres pièces. On peut encore citer le Musée de Vuk et Dositej, qui présente la vie, l’œuvre et l’héritage de Vuk Stefanović Karadžić, le grand réformateur de la langue serbe au siècle, ainsi que ceux de Dositej Obradović, un écrivain qui fut le premier ministre de l'Éducation du pays.
Belgrade possède également un musée d'Art africain, créé à l'époque où Tito pratiquait une politique d'ouverture en direction du Tiers Monde.
Architecture
L'architecture de Belgrade présente des constructions très variées, du quartier de Zemun, qui, longtemps sous domination autrichienne, offre l'aspect typique d'une ville d'Europe centrale, jusqu'à l'architecture la plus moderniste, telle qu'on peut la trouver à Novi Beograd. Si la forteresse de Belgrade abrite les édifices les plus anciens de la capitale, en raison des nombreuses destructions que la ville a connues, les bâtiments les plus anciens du centre remontent pour la plupart au siècle. Le plus ancien édifice public de Belgrade est un turbe (tombeau turc) de forme hexagonale ; il est situé dans le parc de Kalemegdan. La plus ancienne maison privée de la capitale, avec des murs en simple argile séché, date de la fin du siècle ; elle est située dans le quartier de Dorćol. L'influence occidentale commença à s'exercer au début du siècle, avec des constructions de style néoclassique, romantique et académique. À la fin du siècle, les architectes serbes créèrent le Théâtre National, le Stari dvor (1882-1884), la cathédrale Saint-Michel et, au début du siècle, le Parlement de Serbie (1907-1936) et le musée national, influencé par l'art nouveau. Le style serbo-byzantin (variante régionale de l'architecture néo-byzantine) est bien représenté dans la capitale : on peut citer la façade de la Fondation Vuk (1912) ou la Poste de la rue Kosovska ; il se retrouve dans l'architecture religieuse, par exemple dans l'église Saint-Marc (1931-1940), inspirée de l'église du monastère de Gračanica, et à l'église Saint-Sava qui est aussi la plus grande église orthodoxe du monde.
Pendant la période communiste, de nombreux immeubles ont été construits, notamment pour loger les réfugiés qui affluèrent après la Seconde Guerre mondiale. Ces constructions, élevées à la hâte et pour le moindre coût, relèvent parfois de l'architecture brutaliste, comme dans le quartier des Blokovi (« les blocs ») à Novi Beograd. Le réalisme socialiste soviétique a inspiré des bâtiments comme ceux de la Maison des syndicats (1955). Parallèlement, dans le milieu des années 1950, un courant moderniste s'est développé, qui, aujourd'hui encore, domine l'architecture belgradoise.
Tourisme
En 2018, Belgrade a été visité par 1 111 745 touristes. En 2018, ils venaient, par ordre de pays, de Bosnie-Herzégovine puis de Monténégro, de Chine, de Croatie, de Turquie, de Roumanie, d'Allemagne, de Bulgarie, de Slovénie et de Russie. Les secteurs historiques et les édifices de Belgrade figurent parmi les premières attractions de la ville. Parmi elles, on peut citer Skadarlija, le musée national, le théâtre national, Zemun, la place Nikola Pašić (Trg Nikole Pašića), Terazije, la place des Étudiants (Studentski trg), le parc de Kalemegdan et la forteresse de Belgrade, la rue du Prince Michel, le Parlement, l'église Saint-Sava et le Stari dvor. Belgrade possède de nombreux parcs, monuments, musées, cafés, restaurants et boutiques sur les deux rives de la Save et du Danube. Le monument au héros inconnu sur le mont Avala offre de belles vues sur la ville. Le mausolée de Tito, appelé Kuća Cveća (la « maison des Fleurs »), et les parcs voisins de Topčider et de Košutnjak sont des endroits fréquentés par les touristes, notamment ceux qui viennent de l'ex-Yougoslavie.
Ada Ciganlija est une ancienne île sur la Save et le plus grand centre de loisirs de la capitale ; l'île est aujourd'hui reliée à la terre ferme par des digues qui ont créé un lac artificiel bordé de plages. Ada Ciganlija est un lieu de promenade qui attire de nombreux Belgradois, notamment pendant les journées chaudes de l'été. On peut y pratiquer le golf, le football, le basket-ball, le volley-ball, le rugby, le baseball et le tennis. On peut aussi y pratiquer les sports extrêmes comme le saut à l'élastique, le ski nautique et le paintball. De nombreuses pistes permettent aussi de pratiquer le vélo ou le jogging.
En plus d'Ada Cingalija, Belgrade possède en tout 16 îles, certaines demeurant inoccupées. La grande Île de la guerre, au confluent même de la Save et du Danube, constitue une réserve pour la vie sauvage (et particulièrement pour les oiseaux). De ce fait, les autorités de la Ville l'ont transformée en réserve naturelle, ainsi que la petite Île de la guerre, située juste à côté.
Animation et vie nocturne
Belgrade a la réputation d'offrir une vie nocturne particulièrement animée, avec des clubs ouverts jusqu'à l'aube un peu partout dans la ville. Le long des rives de la Save et du Danube se succèdent de nombreuses barges (splavovi) qui figurent parmi les lieux les plus appréciés des noctambules,,.
De nombreux visiteurs, venant particulièrement de Bosnie-Herzégovine, de Croatie et de Slovénie, viennent passer une nuit à Belgrade en raison de l'atmosphère festive qui règne dans la capitale serbe et pour profiter des grands clubs et des bars.
On y trouve des clubs alternatifs célèbres comme l'Akademija et le KST (Klub studenata tehnike), situé dans les sous-sols de la Faculté de génie électrique de l'université de Belgrade,,. L'un des lieux les plus célèbres pour les événements culturels alternatifs de la ville est le SKC (Centre Culturel des étudiants), situé juste en face de la tour Beograđanka. Des concerts donnés par des groupes venus de Serbie mais aussi du monde entier sont souvent organisés dans ce centre. Le SKC propose également des expositions d'art, des débats et des discussions.
Les nuits belgradoises peuvent également être rythmées par une musique plus traditionnelle connue sous le nom de Starogradska (la « musique de la vieille ville »), typique des zones urbaines de la Serbie. On l'entend surtout dans le quartier de Skadarlija, le quartier bohème où les poètes et les artistes de la capitale se retrouvaient au siècle et au début du siècle ; ce quartier est situé autour de la rue de Skadar (Skadarska ou, familièrement, Skadarlija). On y trouve aussi de nombreux restaurants traditionnels appelés kafanas, qui pour la plupart datent de cette époque. L'une des plus anciennes kafanas de la capitale est la Taverne « ? » (Znak pitanja, le « point d'interrogation »), ouverte en 1826,. Dans ce quartier se trouve également la plus ancienne brasserie de Belgrade, la brasserie BIP, créée dans la première moitié du siècle.
Belgrade possède aussi un embryon de scène gay. En 2008, la ville dispose d’un club gay et de quelques cafés gays ou ouverts aux gays ; ils sont situés dans le centre de la capitale. L'intolérance à l'encontre des minorités sexuelles n'est pas rare, à Belgrade comme dans le reste du pays.
Sport
Il y a un millier d'installations sportives à Belgrade. La capitale a accueilli récemment plusieurs événements sportifs importants, dont le Championnat d'Europe de basket-ball 2005, le Championnat d'Europe de volley-ball masculin 2005 et le Championnat d'Europe de water polo masculin de 2006. Belgrade a accueilli le Festival Olympique de la Jeunesse Européenne en 2007 et l'Universiade à l'été 2009.
La ville a présenté en vain sa candidature pour organiser les Jeux olympiques d'été pour l'année 1992 ; elle a été écartée au troisième tour par le Comité international olympique, au profit de Barcelone. Les Jeux olympiques d'été de 1996 ont finalement eu lieu à Atlanta,.
Belgrade compte deux grands clubs de football, l’Étoile rouge (championne d'Europe en 1991) et le Partizan Belgrade, dont la rivalité donne lieu à de fameux derbies. Les deux stades les plus importants pour cette discipline sportive sont ceux de ces deux clubs, le stade de l'Étoile rouge (surnommé « Marakana » pour sa capacité originelle de 110 000 spectateurs, en référence au Maracanã) et le Stade du Partizan. D'autres clubs professionnels existent dans l'agglomération belgradoise, comme l'OFK Belgrade, le FK Zemun et le FK Rad.
L'Arena de Belgrade et la Hala Pionir accueillent des compétitions de basket-ball, tandis que le Centre de sports et de loisirs de Tašmajdan accueille des compétitions de water polo. C'est dans ce centre que se déroula le premier Championnat du monde de natation, du 31 août au 9 septembre 1973.
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