Harlem

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Harlem : descriptif

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Harlem

Harlem est un quartier du nord de l'arrondissement de Manhattan à New York, aux États-Unis

Il se situe entre le nord de la 96e rue et Washington Heights

Toutefois, l'espace est officieusement délimité par la 110e rue au sud et par la 155e rue au nord

Harlem a joué un rôle majeur tout au long de l'histoire de New York : au début du XXe siècle, le mouvement de la Renaissance de Harlem a fait de New York le principal foyer de la culture afro-américaine ; par la suite, le quartier est devenu l'un des centres de la lutte pour l'égalité des droits civiques puisque Harlem a longtemps été et est encore un lieu où se concentrent les Afro-Américains. Après plusieurs décennies de crise et de délabrement, Harlem se transforme aujourd'hui en un quartier dynamique et attrayant, bien qu'il fût considéré comme un ghetto où la criminalité était élevée il y a encore quelques années

Le fait que Bill Clinton ait choisi d'y installer ses bureaux traduit bien cette mutation urbaine et montre la volonté d'en faire l'un des centres attractifs de New York. En 2010, sa population s'élève à 363 633 habitants.

Histoire

Débuts

En 1765, Harlem était une petite bourgade rurale non loin de New York.

À l'époque précolombienne, l’île de Manhattan était occupée par les Amérindiens Lenapes (appelés aussi « Delaware ») qui vivaient de l’agriculture, de la pêche et de la chasse. Dès le commerce des fourrures avec les Européens. Le capitaine Henry Hudson, qui naviguait pour le compte des Provinces-Unies, appareilla au nord de Manhattan le . Le premier établissement hollandais fut construit dans le sud de l’île : celle-ci fut achetée aux Amérindiens par Pierre Minuit en 1626, pour la somme de 24 dollars.

Le village de Harlem fut fondé en 1658 par le gouverneur Pieter Stuyvesant qui l'appela Nieuw Haarlem d'après le nom de la ville néerlandaise de Haarlem. La piste utilisée par les Amérindiens qui menait aux prairies de Harlem fut alors réaménagée par les esclaves noirs de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales ; elle fut intégrée à la route postale reliant New York à Boston. Les Britanniques renommèrent l’endroit « Harlem » quand ils s'emparèrent de New York en 1664.

Hamilton Grange contemporain.

À la fin du Alexander Hamilton (1757-1804) y possédait un grand domaine. Sa demeure se trouve toujours dans le quartier, auquel on a attribué son nom : Hamilton Heights. D’autres grandes familles possédaient des terres dans ce secteur du nord de Manhattan comme les Delancey, les Bleeker, les Riker ou encore les Beekman.

Le , pendant la guerre d'indépendance, la bataille de Harlem Heights opposa les forces britanniques aux insurgés américains. Il s'agissait en fait d'une escarmouche à l'issue incertaine, qui fit environ soixante-dix victimes dans chaque camp. Harlem garda son aspect rural durant la première moitié du 1820, on recensait 91 familles, une église, une école et une bibliothèque. Le village était relié à New York par un service de bateaux à vapeur qui naviguaient sur l’East River. En 1831, la première ligne de tramway à traction hippomobile reliait le centre de New York à Harlem ; elle était complétée par une ligne de chemin de fer en 1837. Cependant, à partir du milieu du  siècle, le village entra dans une phase de déclin : les grands domaines agricoles furent abandonnés et Harlem vit l’arrivée d'Irlandais pauvres.

Quartier résidentiel et bourgeois

Astor Row (1880-1883). Maisons bourgeoises de Harlem.

En 1873, Harlem fut rattaché à la municipalité de New York ; cette annexion s'accompagna d'une première vague de constructions à caractère spéculatif. L’arrivée du métro aérien à partir de 1880 renforça les relations avec le centre-ville situé plus au sud et provoqua surtout l’urbanisation rapide de Harlem. Les promoteurs et les spéculateurs firent construire des logements et misèrent sur le succès de ce quartier. De belles demeures, les fameuses brownstones, furent bâties dans le secteur de Marcus Garvey Park et accueillirent les membres de la bourgeoisie new-yorkaise. Les Graham Court Apartments furent érigés en 1898-1901 sur la Septième avenue. Harlem se dota également d’équipements sportifs (Polo Grounds) et culturels (Harlem Opera House). L'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted, à qui les New-Yorkais doivent l'aménagement du Central Park, conçut les jardins de Riverbank State Park qui longent l'Hudson River et la Riverside Drive.

Cependant, les retards dans la construction du métro et l’offre abondante de logements firent baisser les prix de l’immobilier à partir des années 1890. De nouveaux migrants juifs venus d’Europe de l’Est affluèrent à Harlem, même si certains propriétaires tentèrent d’empêcher leur installation. D’autres migrants européens, des Italiens, des Irlandais et des Finnois, vinrent habiter dans les tenements du quartier dès la fin du .

Arrivée de la population afro-américaine

Strivers Row, Harlem.

Face aux lynchages qui s'intensifiaient dans le Sud des États-Unis et face aux discriminations et à la mécanisation de l’agriculture, plusieurs milliers d’Afro-Américains migrèrent vers les villes industrielles du Midwest et du Nord-Est.

Vers 1880, la communauté noire était encore peu nombreuse et vivait autour de la Rue ou dans les immeubles délabrés de la 1904-1905 provoqua une baisse importante des loyers. Dans le reste de la ville, les Noirs subirent le racisme (émeutes de Tenderloin en 1900 et de San Juan Hill en 1905), la dégradation de leurs conditions de vie et cherchèrent à partir. Le promoteur immobilier afro-américain Phillip Payton Jr. encouragea l’installation de familles noires à Harlem. La construction de la Pennsylvania Station chassa par ailleurs les Noirs de l’ouest de Manhattan (Tenderloin). Lors des deux premières décennies du Upper West Side ou de Hell's Kitchen.

La population noire, qui commence à arriver après la guerre de Sécession, conduit la bourgeoisie blanche à peu à peu déserter ce quartier, alors qu'il était jusqu'à la Première Guerre mondiale un endroit où celle-ci venait passer ses fins de semaines, comme en témoignent les traces d'anciens hôtels particuliers et maisons de maîtres, souvent dégradés ou détruits depuis.

Renaissance de Harlem

L'hôtel Theresa en 1920.

La Renaissance de Harlem est un mouvement de renouveau de la culture afro-américaine dans l’entre-deux-guerres dont le berceau et le principal foyer est Harlem. Cette effervescence s’étendit à plusieurs domaines de la création artistique, allant de la photographie à la musique en passant par la peinture. Mais c’est surtout la littérature qui constituait l’élément le plus remarquable de cet épanouissement. Soutenue par des mécènes et une génération d’écrivains talentueux, la Renaissance de Harlem marqua un tournant majeur dans la littérature noire américaine qui connut une certaine reconnaissance et un plus grand succès, y compris parmi les lecteurs blancs.

Avec la Renaissance de Harlem, les œuvres se multiplièrent dans tous les domaines, se diversifièrent et se diffusèrent plus largement. Harlem devint le centre renommé de ce nouveau dynamisme, si bien que l'on utilise l’expression « Renaissance de Harlem », en référence à la renaissance de la littéraire irlandaise du XIXe siècle.

Dans les premières décennies du et la plupart s’établirent ou travaillèrent à Harlem : l'idéologue politique Marcus Garvey en 1918, le musicien Duke Ellington en 1923 ou encore Louis Armstrong en 1924-1925 en sont les acteurs les plus connus. Harlem devint un foyer de création artistique majeur avec l’installation de peintres, de sculpteurs (Richmond Barthé en 1929) et de photographes (James Van Der Zee en 1932).

Prohibition

La Renaissance de Harlem est synonyme de « nuits folles » et de « plaisirs divers ». Parmi les hauts lieux du jazz, on trouvait des salles comme le Cotton Club, le Small's Paradise, l'Apollo Theater ou le club de swing le Savoy Ballroom. Les années 1920 furent également marquées par la prohibition, avec l’ouverture des speakeasies, ces établissements de vente et de consommation de boissons alcoolisées, et des bootleggers, les contrebandiers d’alcool. De nombreux bars et clubs réservés aux Blancs étaient alors contrôlés par les mafias juive et italienne. Le truand « Dutch » Schultz contrôlait notamment la production et la distribution de spiritueux dans le quartier.

Plutôt que d'entrer en compétition avec les réseaux établis, les gangs afro-américains se concentrèrent sur le jeu clandestin. Ils inventèrent une sorte de loterie, le bolito, qui pouvait être jouée illégalement dans une multitude d'endroits de Harlem. Les dirigeants de ces entreprises, enrichis par ces paris illicites, acquirent un certain pouvoir financier. Ils s'intéressèrent alors à d'autres projets plus honnêtes, en prêtant notamment à leur tour de l'argent à ceux qui, souhaitant investir, n'étaient pas capables de les distinguer d'autres instituts plus légaux. L'une des premières dirigeantes de ces entreprises était une femme, Stephanie St. Clair.

Avec la Grande Dépression de 1929, le commerce illicite, tout comme celui qui était légal, devinrent moins rémunérateurs. La mafia blanche chercha alors à prendre le contrôle de la loterie, qu'elle avait auparavant ignorée. Après une guerre des gangs brutale, Dutch Schultz prit le contrôle de toutes ces opérations de racket à Harlem, jusqu'à son assassinat en 1935. La popularité du bolito s'évanouit avec l'apparition de la loterie de l'État de New York, qui rapportait davantage et avait le gros avantage d'être légale. Il subsista toutefois une frange de la population qui préférait les parties illicites.

  1. Frank Hercules, « To Live In Harlem », dans National Geographic, février 1977, p. 178.
  2. a et b  »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), (consulté le ).
  3. a et b Martin Duberman, « Harlem, the Village That Became a Ghetto », dans New York, N.Y.: An American Heritage History of the Nation's Greatest City, 1968, ASIN:B000LAN790
  4. Catherine Pouzolet, New York. Construction historique d'une métropole, Paris, Ellipses, 1999, (ISBN  et ), p. 33.
  5. qui devinrent plus tard le stade de l’équipe de baseball des New York Giants
  6. Catherine Pouzolet, New York. Construction historique d'une métropole, Paris, Ellipses, 1999, (ISBN  et ), p. 47.
  7. 200 000 départs entre 1890 et 1910, d'après Pap Ndiaye, « États-Unis : un siècle de ségrégation » dans L'Histoire, Hélène Harter, L'Amérique, Paris, Le Cavalier bleu, 2001, p. 53.
  8. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p. 128.
  9. Alphonso Pinkney & Roger Woock, Poverty and Politics in Harlem, College & University Press Services, Inc., 1970, p. 26.
  10. Jacques Amalric, « Harlem entre l'"ordre" et la colère », Le Monde, 4 novembre 1964, cité dans le cahier du Monde no 22774, dimanche 1er / lundi 2 / mardi 3 avril 2018, p. 7.
  11. Rachel Ertel, article « États-Unis. Littérature afro-américaine » dans Encyclopaedia Universalis, tome 8, 2002, p. 833.
  12. Surnom de New York.
  13. Y. Berger, Dictionnaire amoureux de l’Amérique, 2003, p. 260.

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Harlem dans la littérature

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