camp de la Bonne Volonté - Camp Readiness

Ensuite… après avoir un peu traîné… nous prenions le train de papa pour monter au camp de la Bonne Volonté. C’était un tout petit train. Il regarda Jack, effaré. Comme celui par lequel nous sommes venus, je crois.

— Le camp de la Bonne Volonté ? 

Mais Richard parut ne pas l’avoir entendu. Il contemplait la voie ferrée rouillée. Par ici elle était intacte, mais Jack pensait que Richard devait se remémorer les bouts de ferraille tordue qu’ils avaient rencontrés un peu plus haut. En deux ou trois endroits, les extrémités des rails se recourbaient en l’air, comme des cordes de guitare cassées. Jack devinait que, dans les Territoires, la voie serait en parfait état, soigneusement et amoureusement entretenue.

— Tu vois, jadis ici il y avait un tramway, déclara Richard. C’était dans les années 30, m’a dit mon père. La Ligne Rouge du Comté de Mendocino. Seulement ce n’était pas le comté qui en était propriétaire, mais une compagnie privée, et ils ont fait faillite, parce qu’en Californie… tu sais…

...

— La clôture était neuve à l’époque, dit Richard, dès qu’il eut retrouvé l’usage de la parole. Ils s’étaient remis en marche. Un engoulevent gazouilla dans les hauteurs d’un chêne majestueux. Les effluves d’air salé s’amplifiaient. Je m’en souviens. Et, sur la pancarte, était écrit : camp de la bonne volonté. Il y avait une piste d’obstacles, des cordes à noeuds pour grimper et d’autres cordes auxquelles on se suspendait pour franchir d’énormes flaques d’eau. Cela ressemblait un peu à un camp de recrues dans un film sur les marines de la Deuxième Guerre mondiale. Sauf que les gars qui s’exerçaient aux agrès n’avaient rien de marines. Ils étaient gros, et tous habillés pareil… en survêtement gris, avec CAMP DE LA BONNE VOLONTÉ écrit en petites lettres sur la poitrine, et un passepoil rouge sur les coutures du pantalon. On aurait dit qu’ils allaient tous avoir une attaque ou une crise cardiaque d’une minute à l’autre. Peut-être les deux en même temps. Parfois nous y passions la nuit. Deux ou trois fois, nous y sommes restés tout le week-end. Pas dans l’abri Quonset ; c’était une espèce de caserne à l’usage des types qui payaient pour retrouver la forme.