Tozeur, Tunesië

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Tozeur : descriptif

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Tozeur

Tozeur (arabe : توزر [tˤʊzɪr]) est une ville tunisienne aux confins de l'Atlas et du désert du Sahara, la plus grande des cinq oasis que compte le Jérid

Progressivement construite autour de sa palmeraie, elle est le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, près de la frontière algérienne, Tozeur se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de Tunis

Ville au passé religieux important, elle accueille de nombreux lettrés

Ibn Chabbat lui lègue le système d'irrigation des palmeraies, et le poète Abou el Kacem Chebbi y compose son célèbre Ela Toghat Al Alaam, en plein protectorat français

La topographie contemporaine de Tozeur leur rend hommage, ainsi qu'aux marabouts

La ville connaît une importante croissance démographique, doublée d'une extension considérable, durant la seconde moitié du XXe siècle, avec la sédentarisation des Bédouins

Elle passe en quelques décennies d'une population d'environ 11 000 habitants à 37 365 habitants, selon le recensement de 2014. L'architecture de son patrimoine bâti, en particulier celle de sa médina caractérisée par des motifs de briques en relief, est unique en Tunisie, avec celle de la ville voisine de Nefta

L'agriculture, et en particulier la monoculture des dattes de la variété deglet nour, constitue sa principale ressource, représentant le tiers de la production dattière tunisienne

Sa briqueterie est toujours en activité, pour répondre aux besoins de nombreux chantiers de construction

Depuis les années 1990, la municipalité de Tozeur développe le tourisme, sous l'impulsion du maire de l'époque, Abderrazak Cheraït

Ce développement s'appuie entre autres sur la présence d'un aéroport international et de nombreux hôtels, sur la valorisation du patrimoine et des lieux de tournage, et sur l'organisation du Festival international des oasis. Tozeur a été choisie pour y implanter la première centrale solaire photovoltaïque de Tunisie, en 2019.

Toponymie

Relief représentant la reine Taousert, dont le nom a pu donner celui de Tozeur. Temple d'Amon (Amada), Nubie égyptienne, 2007.

« Tozeur » est la transcription officielle du nom de la ville en caractères latins ; une autre transcription de l'arabe tunisien serait plutôt « Tûzer ». D'après Vincent Battesti (chercheur en anthropologie sociale au Centre national de la recherche scientifique), le nom de la ville se prononce « Tuzor ».

Le comte Antoine-Auguste du Paty de Clam (1856-1929), officier, administrateur des colonies, archéologue et membre de la Société de géographie de Paris,, a émis quatre hypothèses concernant l'origine du nom de Tozeur :

La première suppose que l'appellation existait déjà dans l'Égypte antique sous la forme de Tes-Hor, signifiant « ville du soleil », que les Grecs transforment plus tard en Apollonites ; une colonie venue de cette ville aurait peut-être repris la même appellation.

La seconde hypothèse indique qu'il viendrait du nom de la pharaonne Taousert — signifiant en égyptien « la puissante » — qui monta sur le trône après la mort de son mari Séthi II (pharaon de la dynastie et petit-fils du célèbre pharaon Ramsès II). La ville de Tozeur serait un hommage rendu par une colonie kouchite à cette reine, qui fut la dernière représentante de la dynastie. Cette hypothèse est corroborée par l'architecture de Tozeur, caractérisée par l'usage de la brique en terre séchée au soleil, puis cuite. L'Égypte antique est connue pour avoir utilisé un tel savoir-faire dans ses constructions urbaines.

La troisième hypothèse indique que le mot serait une forme féminine berbère de l'adjectif « fort », Taouser, dont la forme signifierait « forte ». En , le royaume berbère de Massinissa s'étend jusqu'à cette ville. Cette étymologie est également défendue par Charles-Joseph Tissot.

La dernière hypothèse suppose que le nom de Tozeur est l'une des formes du nom Utsuur, c'est-à-dire « celle d'Assur » ou « celle provenant d'Assur », car le nom de la ville serait un hommage rendu par une colonie assyrienne à leur patrie d'origine.

Le philosophe tunisien Youssef Seddik rejoint l'hypothèse d'une origine égyptienne antique du nom :

« Ne serait-on pas tentés de voir dans ce mot de Tozeur le très lointain écho d'une origine égyptienne antique de cette terre ? Le « T » étant [un] préfixe qui marque le lieu comme dans Thèbes, Tamazret, Tafilalt ou Tamanrasset, Ozeur ou Ozir étant l'apocope d'Osiris, le dieu morcelé. »

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Histoire

Carte satellite de la Tunisie avec d'anciens sites archéologiques puniques et romains : sites archéologiques importants (points blancs) et autres sites antiques (points rouges), avec Tozeur (Thusuros), au Sud-Ouest.

La région connaît un peuplement ancien, notamment durant la civilisation préhistorique du capsien et, comme toute l'Afrique du Nord, s'appuie sur un fond berbère, même si la tradition locale ne le revendique pas : elle se positionne en effet sur une arabité qui fait le lien avec le prophète Mahomet. Les premières descriptions scientifiques de Tozeur remontent à la fin du  siècle, ces écrits étant marqués par une obsession de la recherche de ruines romaines. L'histoire du Jérid reste assez mal connue, les Fastes chronologiques de Tozeur de Paty du Clam (1890) représentant la principale source disponible à propos du passé de Tozeur.

Antiquité

Tozeur devient très vite un centre actif du commerce caravanier transsaharien, fréquenté par les Carthaginois. En , elle est citée par Ptolémée, qui l'appelle « Tisouros ». Les Romains, en pleine conquête de la rive sud de la mer Méditerranée, s'y installent en , la ville prenant alors le nom de « Thusuros » dans la table de Peutinger,. Les vestiges de cette époque sont rares, mais visibles :

« Des vestiges d'une ancienne présence romaine sont visibles à Tozeur. Il en est ainsi de l'existence de quelques pierres de taille dans certains répartiteurs des seguias de l'oued ou, encore, de celle de blocs antiques comme ceux qui entourent la base de la tour (ancien minaret) d'al-Hadhar. De même le quartier de Helba, désormais habité par des Rkârka, est réputé contenir les ruines d'une ancienne cité »

— Nicolas Puig

Au-delà, il ne reste que les témoignages de Pline l'Ancien, lyriques mais précieux, décrivant la beauté paradisiaque de ce lieu. La ville devient un poste sur le limes saharien, sur la voie romaine allant de Gabès à Biskra, spécialisé dans le commerce des dattes, mais aussi des esclaves. De l'influence chrétienne sous saint Augustin, il subsiste les vestiges d'une église, reprise par la mosquée El Kasr, située à Bled el-Hadhar, et certains rites comme le Sidi Yuba qui consiste à baptiser les garçons avant la circoncision.

Moyen Âge

Mosquée de Bled el-Hadhar (édifiée en 1193) en 2015.

L'arrivée des musulmans au  siècle coïncide avec l'apogée de l'agriculture et du commerce. Pendant le Moyen Âge, la région de Tozeur est appelée « pays de Qastiliya », comme mentionné par le célèbre géographe arabe Al-Bakri (1014-1094), qui signale aussi que Tozeur, entourée d'une grande muraille de pierre, en est la métropole. Ce nom provient de la succession de villages fortifiés appelés castella.

Au fil du temps, Tozeur et ses alentours deviennent un refuge pour divers dissidents (donatistes chrétiens, chiites et kharidjites). L'esprit contestataire des habitants, qui développent une identité forte, les pousse à fomenter une révolte menée par Abu Yazid durant douze ans contre le régime des Fatimides (935-947). Ils fondent aussi des principautés indépendantes du pouvoir central, qui finissent par être reconquises par les Hafsides. Al Bakri signale l'habitude qu'ont les habitants à l'époque de consommer de la viande de chien, après avoir engraissé l'animal en le gavant de dattes.

Statue dorée d'Ibn Chabbat en 2020.

Jusqu'au  siècle, Tozeur est un centre culturel florissant. Elle accueille de nombreux théologiens et voit se développer une tradition orale parmi les plus riches du Maghreb, ainsi qu'une tradition poétique qui se perpétue jusqu'au  siècle, notamment à travers le grand poète Abou el Kacem Chebbi. On doit aussi à Ibn Chabbat — de son vrai nom Abou Abdallah Ibn Ali Ibn Al Chabbat Al Touzri, né en 1221 à Tozeur — la conception et la réalisation d'importants travaux avant-gardistes sur la culture du palmier, et l'amélioration notable d'un système de répartition des eaux qui fonctionne encore dans plusieurs oasis du Sud tunisien. Son plan daté du  siècle est exposé au musée Dar Cheraït. Ce plan d'irrigation, au travers des seguia, assure gratuitement une répartition de l'eau mesurée par le gadous (sablier hydraulique) dont le nom provient du latin cadus (clepsydre), lui-même émanant du grec kados.

Au  siècle, la ville est détruite par les Hafsides, puis rebâtie à l'extérieur de l'oasis. La cité connaît un grand essor économique, jusqu'à son apogée au  siècle. L'historien Ibn Khaldoun raconte l'activité importante que connaît Tozeur à cette époque :

« Tous les jours que Dieu fait, quelque mille dromadaires sortaient de la ville vers l'Afrique et l'Asie. »

Au  siècle, la famille el-Hadef arrive à Tozeur depuis l'actuelle Algérie et prend le contrôle de la ville. Elle crée des houchs (maisons d'habitations traditionnelles) accolés. Si le lieu de départ des caravanes marchandes reste le même, le lieu d'échange et de négociations se trouve devant le quartier de Ouled el-Hadef, devenu peu à peu le plus important de la ville. Les Zebda, d'origine arabe, arrivent au  siècle et crééent un autre groupement urbain. Les Ouled Sidi Abid s'établissent à la même époque au nord-ouest du quartier des Ouled el-Hadef, dont ils sont alliés.

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Au  siècle, Tozeur est aussi appelée Beled el Casba car on trouve, en face de la ville, les restes d'une grande forteresse d'origine romaine. L'enceinte, appelée par les habitants « El-Casba », renferme d'importantes ruines et les restes d'une canalisation ancienne.

En 1730, le célèbre voyageur anglais Thomas Shaw (1694-1751), visitant Tozeur, signale l'importance commerciale de la ville, les marchands locaux allant jusqu'en Éthiopie pour chercher des esclaves au prix de deux ou trois quintaux tunisiens par esclave. Tozeur reste une ville de destination ou de passage pour de grandes caravanes jusqu'au  siècle, époque où elle se replie sur la production de dattes. Elle est alors, selon le témoignage du comte du Paty de Clam qui l'a visité à la fin du Jérid. Certains voyageurs européens, durant cette période, vont jusqu'à indiquer que la ville de Tozeur serait aussi grande que celle d'Alger.

La présence coloniale des Européens perturbe le mode de vie et l'organisation traditionnelle à Tozeur. Les Zebda, principalement d'origine algérienne, ont des facilités pour acquérir des palmiers et sont à l'abri des confiscations du bey de par leur statut de protégés des Français. En 1865 (10 Moharem 1282), d'après un témoignage de Charles Lallemand, les Zebda attaquent les Hawâdif pendant leur procession pour aller saluer le chef des Ramania de Nefta ; les Zebda détournent quatre jours plus tard les eaux de l'oued Méchera, qui alimente leurs adversaires, puis font garder ce cours d'eau par 1 600 hommes. Il s'ensuit une lutte armée d'une durée de quatre heures pour l'accès à l'eau, qui fait 80 morts.

L'une des premières mesures prises après le passage de la ville sous le protectorat français est la nationalisation des sources de Tozeur, officialisée par décret en 1885. La municipalité est créée le .

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Le Grand hôtel Bellevue de Tozeur, en 1950.

Les Français réalisent le premier forage d'eau à Tozeur en 1911. Un décret paraît le pour remplacer le conseil du miy°âd (composé du caïd local et de ses amis) par l'« Association syndicale des propriétaires de l'oasis de Tozeur ».

Le Grand Hôtel de l'oasis est construit en 1922 et voué à l'accueil de personnes fortunées. Le développement des villes minières voisines de Métlaoui et Redeyef, vers les années 1950, pousse certains Jéridis à abandonner leurs palmeraies pour venir y travailler. Un collège est construit par l'architecte Jason Kyriacopoulos en 1961, suivi d'un second collège avec l'aide de Joseph Combardo de 1965 à 1969, puis d'un centre agricole, par René Hayet de 1967 à 1969.

En 1990, la ville qui compte 42 000 habitants est laissée à l'abandon, à tel point qu'un journal local titre « Tozeur, c'est l'horreur ».

Fixation des nomades

L'indépendance de l'Algérie, entraînant la fermeture de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie, cause la perte d'accès à un vaste territoire pour les nomades, et donc leur sédentarisation forcée à Tozeur, étalée sur une trentaine d'années. Ce phénomène de recul du pastoralisme doublé de sédentarisation est commun à tout le Sud tunisien, les derniers nomades de la région ayant été sédentarisés à la fin des années 1980. Les Awlâd Sîdî Abîd vivent originellement sous une tente avec un mobilier sommaire, avec une séparation entre les hommes et les femmes, tant en matière d'occupation des lieux que de travail.

À partir de 1956, la ville de Tozeur s'étend vers le Nord et l'Est à travers des constructions de maisons bédouines populaires typiques du Sud tunisien, sans suivre de schéma ou de plan d'urbanisation. D'après Nicolas Puig, le choix de Tozeur comme lieu de sédentarisation découle du fait que les Bédouins ont l'habitude de venir y vendre leur production agricole, et que la ville constitue leur centre administratif, disposant aussi d'écoles et de lieux de soin. Outre la fermeture de la frontière, les sécheresses et divers encouragements officiels (distributions de terres pour y planter des palmiers-dattiers) à partir de 1955 accélèrent cette sédentarisation.

D'après Farid Abachi (architecte et docteur de l'École des hautes études en sciences sociales), cette « collectivisation forcée » est mal vécue par les habitants, en raison de la quasi-absence d'aide du gouvernement, cette dernière se limitant à la construction de quelques logements sociaux avant 1970. De plus, la sédentarisation s'effectue dans un contexte de méfiance de la part des habitants historiques de Tozeur.

En 1978, une grève de l'Union générale tunisienne du travail provoque des émeutes dans la ville et un saccage de la municipalité ; les six policiers de Tozeur étant dépassés, le délégué régional demande au cheikh des Rkârka (nomades) de mobiliser des hommes (entre 70 et 80) pour aider la police jusqu'à l'arrivée de l'armée. Cet évènement fait naître une opposition entre les Jéridi et les Bédouins, considérés comme des alliés du pouvoir. Par la suite, les Bédouins reçoivent des postes sociaux rémunérés par l'administration en récompense, afin d'aider leur sédentarisation et de fournir un revenu à leurs familles.

Développement du tourisme
Boutique d'artisanat berbère à Tozeur dans les années 1990.

De 1984 à 1987, l'Office national du tourisme restaure certaines rues de la médina.

Source d'eau chaude près de Tozeur.

Au début des années 1990, le gouvernement tunisien et Abderrazak Cheraït développent le tourisme,, en bénéficiant d'un plan de développement national prioritaire visant à désengorger les côtes tunisiennes. Abderrazak Cheraït crée le premier complexe de parcs à thème de Tozeur en 1990, le musée et l'hôtel de luxe Dar Cheraït. Une douzaine d'hôtels de grand standing voient le jour pour attirer des touristes, avec des séjours clés en main, son développement étant notable à partir de 1994. Les habitants demandent par exemple l'interdiction des chèvres en liberté dans les rues. À la fin des années 1990, l'État tunisien valorise la notion de patrimoine à Tozeur.

Les différents aménagements et le festival financés par Cheraït font de Tozeur une destination touristique prisée. L'activité touristique bouleverse les habitudes, mettant entre autres fin aux baignades des habitants dans la grande source, leur intimité pouvant être troublée. Selon le professeur de sciences économiques et sociales Claude Llena, c'est la « minorité possédante et le capital touristique du Nord [qui] ont rapidement mis la main sur cette rente touristique au détriment de la population locale », un constat partagé par Farid Abachi, qui note en 1999 que « la plupart des critiques des Tozeri contre le système économique actuel tournent autour du fait que la majeure partie des revenus des productions dattières (principales activités agricoles) et hôtelières sont réinvestis hors de la région ». Au contraire, d'après les informations collectées par le correspondant de presse Benoît Delmas, le tourisme enrichit globalement les habitants de Tozeur durant les années 2000.

La crise du secteur du tourisme dans les années 2010 a un impact négatif sur les jeunes, entraînant des problèmes de drogue et d'alcool à partir de 2013. La révolution tunisienne interrompt en effet brutalement ce secteur, avant une reprise timide en 2012 et 2013. L'attaque du musée du Bardo et l'attentat de Sousse (tous deux en 2015) y mettent à nouveau un terme, s'accompagnant notamment de la fermeture des établissements de FRAM, ainsi que de la plupart des hôtels à l'exception de deux ou trois.

La société Qatari Diar lance en 2012 la construction d'un palace cinq étoiles sur quarante hectares aux abords de la ville avec vue sur le Chott el-Jérid, le Anantara Tozeur Resort, inauguré en décembre 2019 en présence du ministre René Trabelsi. Ce dernier annonce vouloir favoriser l'implantation du club Med dans la ville en 2020 et l'arrivée de nouvelles compagnies aériennes desservant l'aéroport. Le secteur touristique semble redémarrer cette même année, avant la pandémie de Covid-19.

Révolution tunisienne

Comme de nombreuses grandes villes tunisiennes, Tozeur est le théâtre pendant la révolution de 2011 d'affrontements entre les jeunes issus de ses quartiers populaires, et la police : des biens publics sont dégradés, des établissements appartenant aux proches du pouvoir pillés, et de nombreuses personnes arrêtées,. Un jeune est tué par la police à la fenêtre de son domicile. Ces faits sont passés sous silence par la presse à l'époque, vraisemblablement pour ne pas nuire au tourisme.

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Culture

Musée des arts et traditions populaires de Tozeur.

Tozeur dispose d'un important patrimoine culturel, « composante essentielle » de la ville. La demande d'identité culturelle, qui découle des touristes, est satisfaite par différents acteurs locaux. Un risque de folklorisation pèse sur la culture de Tozeur.

Un petit musée des arts et traditions populaires est aménagé dans l'ancien marabout de Sidi Bou Aïssa, dans le quartier d'Ouled el-Hadef, proposant une reconstitution de chambre nuptiale et de cuisine traditionnelle. Dans la palmeraie, l'Eden Palm présente tous les produits fabriqués à partir du palmier-dattier (paniers, meubles, escaliers, cordes, chapeaux, charpentes, etc.).

Les oasiens de Tozeur ont l'habitude de boire du qashem (bû namûsa), fabriqué à base de sève de palmier fermentée, généralement en petit groupe dans les jardins,.

Le patrimoine architectural de Tozeur est mis en valeur dans plusieurs timbres postaux émis par la Poste tunisienne : l'un édité en 1956 représente une mosquée, un autre est édité en 1975 à l'occasion du Festival des arts populaires de Carthage, enfin un autre daté de 1981 montre la médina.

Musée Dar Cheraït

Le musée Dar Cheraït est le premier musée privé tunisien, fondé en 1990. Bien que peu centré sur la vie locale, il abrite une collection de nombreuses œuvres d'art et d'ustensiles témoignant de la vie des familles tunisiennes au cours des différentes époques,. Il est attenant à un restaurant, un café et des appartements de luxe.

Chak Wak

Le parc de loisirs Chak Wak, imaginé par Abderrazak Cheraït (dont le nom provient d'une île fantastique des Mille et Une Nuits), présente l'histoire de la Terre à travers des sculptures, celle de l'homme, ainsi que des différentes religions et leurs miracles.

Zoo du Sahara et jardin du Paradis

Hyène rayée au zoo de Tozeur.

Le zoo du désert (ou « zoo du Sahara ») héberge plusieurs animaux propres à cette région : serpents, scorpions, fennecs, gazelles, hyènes, couple de lions et des dromadaires, dont Ali Baba, réputé pour boire du Coca-Cola à la bouteille,.

Il est accolé au « jardin du Paradis », créé en 1936, et également nommé dans un objectif touristique pour répondre à l'imaginaire occidental du désert. Ce jardin contient des abricotiers, palmiers, bananiers, bougainvilliers, et du jasmin.

Dialecte tozri

La socio-linguiste Lucienne Saada décrit l'arabe dialectal parlé à Tozeur, en le nommant tozri, et en insistant sur la gestualité rituelle qui accompagne le parler. Parmi les deux dialectes de la région du Jérid, celui de Tozeur appartient à la famille zànûb al gârbi (par opposition au zànûb as sarqi). L'intercompréhension entre le dialecte tozeurois et celui de Tunis est presque parfaite.

Mythes, contes et légendes

Joueur de mezoued à Tozeur, en 2010.

Comme d'autres localités du Jérid, malgré la pratique revendiquée d'un islam moderne, Tozeur a ses histoires surnaturelles, la croyance aux esprits et en un monde invisible étant souvent évoquée.

Ces histoires sont racontées par des habitants, qui évitent en parallèle d'aborder la question de la croyance. L'une d'elles, consignée en 1995, raconte qu'un khammês (paysan) devait irriguer son jardin à quatre heures du matin, accompagné d'un ami : lorsqu'il entend frapper à sa porte, par deux fois, il se retrouve en compagnie d'un esprit ayant l'apparence de son ami, qui finit par se volatiliser. Une autre parle d'un jardin nommé ghâba sâba rjêl (« jardin des sept hommes »), dans lequel vivait un grand serpent, zoregî, qui a tué sept hommes avant que le huitième puisse déguiser un tronc de palmier en homme et tuer le serpent grâce à cette ruse.

Le conte oral, dont l'un des exemples ayant pour cadre Tozeur s'intitule Le mystère des trois dormants, s'introduit avec des formules telles que « il était une fois un sultan », puis se conclut avec des formules comme kemlet hàdikà lahkàyà (« c'est tout, c'est là l'histoire »), ou ufift (« le conte est terminé »). Henri Gougaud cite l'histoire d'Ali, considéré comme saint dans la région, qui s'est un jour assis près d'un bus de Tozeur dont le chauffeur avait refusé de lui laisser une place faute d'argent pour la payer : le bus n'a pu repartir avant qu'il n'ait pris place à bord.

Festival international des oasis

Cheval paré pour un spectacle.

Organisé chaque année au mois de décembre, le Festival international des oasis a fêté sa 2018. Il attire des touristes tunisiens, mais aussi algériens et européens.

Sur quatre jours, il met en valeur la culture cavalière bédouine, avec organisation de courses de dromadaires et de chevaux, et reconstitutions de scènes de la vie nomade,. Il propose aussi des animations de rue, concerts, défilés et joutes de poésie. Selon Nicolas Puig, ces festivals entretiennent une image « fantasmée » de la société saharienne et de la « fierté bédouine ». Les danses des éleveurs Ghrib et le dressage de la tente bédouine répondent ainsi davantage à une attente locale urbaine et à une demande des responsables politiques pour créer de l'animation, qu'à une tradition véritable.

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