Prazo
Localisation
Prazo : descriptif
- Prazo
Un prazo (portugais : Prazo da Coroa) était un domaine foncier loué par l'État portugais à des colons ou des marchands en Afrique portugaise pour exploiter les ressources du continent
Les prazos fonctionnaient presque à l'identique d'un système féodal ; ils étaient présents dans la vallée du Zambèze de la toute fin du xvie siècle au xxe siècle.
Fonctionnement
Le prazo est une terre appartenant à la couronne portugaise (portugais : Prazo da Coroa), louée en échange d'une redevance annuelle, un système emphytéotique instauré par Alphonse V du Portugal et Manuel I, qui fonctionne en Afrique portugaise à partir du . Le prazero, le locataire emphytéote, est censé être une femme portugaise, et le prazo est transmis par les femmes, obligatoirement portugaises, qui peuvent le transmettre à leurs descendantes, à condition qu'elles soient mariées à un Portugais blanc, et cela pendant trois générations. À l'issue, le gouvernement peut reprendre le prazo ou renouveler le bail. Le prazero est autorisé à employer des Africains, il peut lever une armée privée, la plupart du temps composée d'esclaves, il peut pratiquer le commerce à sa convenance et il est censé maintenir l'ordre et faire respecter la loi sur son domaine. Il est tenu de résider sur la terre concédée et il ne peut ni la vendre ni la sous-louer ; cette clause n'est cependant que rarement respectée, au province de Tete, 32 prazeros sont à la tête de 57 prazos. Par ailleurs, la taille des terrains est censée être limitée (trois lieues carrées selon un décret de 1760), et, là encore, la règle n'est pas respectée. En pratique, le Portugal n'exerce aucun contrôle effectif sur la vallée du Zambèze, les lois et décrets restent largement inappliqués et les prazos sont de véritables petits royaumes autonomes,.
Le nombre de personnes concernées est estimé à « quelques centaines » de familles. Le nombre d'esclaves vivant dans les prazos est estimé à 30 000. Ils accueillent aussi des hommes libres, les habitants d'origine de l'endroit, appelés les colonos.
La Couronne attendait du système du prazo qu'il garantisse le contrôle des terres, qu'il stimule la production agricole, qu'il facilite l'implantation de colons et qu'il soit une source de revenu pour le gouvernement. Mais ce fut un échec, à cause de l'absentéisme des locataires, des violentes rivalités entre prazeros, du faible nombre de femmes portugaises, du manque de capitaux et, phénomène sans doute le plus important, de l'opposition des Africains. Le concept de transmission d'une location par les femmes pendant trois générations était étranger aux mœurs locales.
Au début du royaume de Gaza et la mainmise nguni sur la région. Les prazos de la région de Sena recouvrent graduellement, après les années de sécheresse, une partie de leur prospérité, mais, quoique faisant partie de la colonie portugaise, leurs habitants étant nominalement sujets de la Couronne portugaise, ils sont néanmoins obligés de payer tribut à Soshangane puis à Mzila, les dirigeants du royaume de Gaza.
Le gouvernement tente de réformer le système au milieu du ultimatum britannique de 1890 puis la loi coloniale de 1930 contribuent à la fin des prazos.
- Newitt 1969, p. 72.
- Newitt 1969, p. 75.
- Azevedo, Nnadozie et Mbuia 2003, p. 140.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 7.
- Newitt 2018, p. 16.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 31.
- Newitt 1969, p. 76.
- Azevedo, Nnadozie et Mbuia 2003, p. 140-141.
- Newitt 1969, p. 79.
- Newitt 2018, p. 13.
- Azevedo, Nnadozie et Mbuia 2003, p. 141.
Histoire et culture
Migrations et métissage
La vallée du Zambèze devient un centre d'intérêt pour les Portugais dès 1505,, puis, plus tard, devient le principal endroit où s'installent les prazos pour pratiquer le commerce. Au milieu du Sena, Tete et des comptoirs commerciaux à l'intérieur des terres, entrainent une faible mais durable migration depuis le Portugal vers la vallée zambézienne.
Le premier afflux migratoire portugais dans la vallée du Zambèze est le fait d'individus et de familles issus de la haute société portugaise, récompensés en terres pour leurs services rendus à la Couronne. Il y a des prêtres, des marchands et d'anciens officiers militaires qui jouissent du pouvoir, du prestige et de la richesse. Tous sont profondément dévoués au roi et à la nation et se considèrent comme chargés d'augmenter le prestige du Portugal. Mais, au empire colonial portugais.
Le nombre de migrants, encore plus celui des femmes, est réduit, à cause d'un climat difficile fait de chaleur intense et de pluies diluviennes, ainsi qu'à cause des maladies qui rendent la vie difficile. Du fait du manque de femmes européennes, le nombre d'unions entre Européens et autochtones est important, ce qui crée une société métissée spécifique. Au long du acculture à leur contact. Au milieu du siècle, la progéniture métissée, les muzungu , issue de ces unions, est la plus nombreuse dans la communauté des prazeros. C'est l'une des premières culture métisse importante de la région, qui entretient des relations diplomatiques avec les États voisins,.
Grâce au lien profond avec la culture africaine autochtone transmise par les liens généalogiques, les prazeros sont massivement africanisés, ce qui les amènent, au fil du temps, à se distancier du Portugal. Après s'être revendiqués comme agents de la Couronne, les prazeros, au .
Leur gouvernance brutale (« Les prazeros étaient célèbres pour la brutalité avec laquelle ils traitaient les Africains de leur entourage, serviteurs volontaires ou sujets asservis ») et leur implication dans la traite esclavagiste choquent les missionnaires chrétiens,. Une monographie résume ainsi le système des prazos : « Ces nouveaux maîtres [des prazos] et leurs descendants adoptent en peu de temps l'attitude de chefs africains : ils règnent dans leurs petits royaumes en souverains absolus, ils entraînent une armée et interviennent dans la politique des tribus qui les entourent. Ils se marient avec des femmes africaines, de sorte que leur identification avec le pouvoir portugais se trouve fortement diminuée après quelques générations. Ils ne se distinguent plus de certains potentats africains. »
Forces armées
Les armées des prazos, composées de Chikunda ,, lesquels sont souvent des esclaves capturés, sont une des sources de leur pouvoir. Ces armées privées servent à collecter les taxes, à chasser, mais aussi à protéger les échanges commerciaux avec les autres communautés, voire à les piller.
Elles sont équipées d'armes à feu, ce qui limite les possibilités que les États alentour s'opposent à elles. De fait, les prazeros dominent le commerce de l'ivoire dans la basse vallée du Zambèze durant le . Avec leurs armes à feu ils peuvent efficacement tuer les éléphants, et ils ne se préoccupent pas des lois et mœurs locales concernant la chasse. Les armées servent aussi aux razzias destinées à se procurer des esclaves qui représentent, pour les prazeros, à la suite de l'or et de l'ivoire, un lucratif commerce, ; certains de ces esclaves servent, paradoxalement, à renforcer ces mêmes armées. Les prazeros contrôlent ainsi la région, les fermiers locaux sont taxés et on attend d'eux qu'ils fournissent la nourriture destinée à la communauté des prazos et à leurs armées. Entre 1630 et 1670, la violence et l'oppression des prazeros conduisent à des exodes des populations de l'endroit.
- Shillington 2012, p. 137-139.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 3.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 7.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 6.
- de Araujo 2016, chap. IV, p. 11/16.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 10 & 11.
- 5, p. 689.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 15.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 20.
- Newitt 1969, p. 84.
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Abolir l'esclavage : un réformisme à l'épreuve (France, Portugal, Suisse…), Presses Universitaires de Rennes, , ebook, § 19 & 20
- Van Butselaar 1984, p. 16.
- Chikunda est le nom donné, à partir du XVIIIe siècle, aux hommes armés au service des propriétaires afro-portugais des prazos. Ils sont utilisés pour défendre les domaines et contrôler leurs habitants.
- Darch 2018, p. 323.
- Newitt 1995, p. 237.
- Newitt 1969, p. 78.
- Shillington 2012, p. 254.
Migrations et métissage
La vallée du Zambèze devient un centre d'intérêt pour les Portugais dès 1505,, puis, plus tard, devient le principal endroit où s'installent les prazos pour pratiquer le commerce. Au milieu du Sena, Tete et des comptoirs commerciaux à l'intérieur des terres, entrainent une faible mais durable migration depuis le Portugal vers la vallée zambézienne.
Le premier afflux migratoire portugais dans la vallée du Zambèze est le fait d'individus et de familles issus de la haute société portugaise, récompensés en terres pour leurs services rendus à la Couronne. Il y a des prêtres, des marchands et d'anciens officiers militaires qui jouissent du pouvoir, du prestige et de la richesse. Tous sont profondément dévoués au roi et à la nation et se considèrent comme chargés d'augmenter le prestige du Portugal. Mais, au empire colonial portugais.
Le nombre de migrants, encore plus celui des femmes, est réduit, à cause d'un climat difficile fait de chaleur intense et de pluies diluviennes, ainsi qu'à cause des maladies qui rendent la vie difficile. Du fait du manque de femmes européennes, le nombre d'unions entre Européens et autochtones est important, ce qui crée une société métissée spécifique. Au long du acculture à leur contact. Au milieu du siècle, la progéniture métissée, les muzungu , issue de ces unions, est la plus nombreuse dans la communauté des prazeros. C'est l'une des premières culture métisse importante de la région, qui entretient des relations diplomatiques avec les États voisins,.
Grâce au lien profond avec la culture africaine autochtone transmise par les liens généalogiques, les prazeros sont massivement africanisés, ce qui les amènent, au fil du temps, à se distancier du Portugal. Après s'être revendiqués comme agents de la Couronne, les prazeros, au .
Leur gouvernance brutale (« Les prazeros étaient célèbres pour la brutalité avec laquelle ils traitaient les Africains de leur entourage, serviteurs volontaires ou sujets asservis ») et leur implication dans la traite esclavagiste choquent les missionnaires chrétiens,. Une monographie résume ainsi le système des prazos : « Ces nouveaux maîtres [des prazos] et leurs descendants adoptent en peu de temps l'attitude de chefs africains : ils règnent dans leurs petits royaumes en souverains absolus, ils entraînent une armée et interviennent dans la politique des tribus qui les entourent. Ils se marient avec des femmes africaines, de sorte que leur identification avec le pouvoir portugais se trouve fortement diminuée après quelques générations. Ils ne se distinguent plus de certains potentats africains. »
- Shillington 2012, p. 137-139.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 3.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 7.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 6.
- de Araujo 2016, chap. IV, p. 11/16.
- Isaacman et Isaacman 1975, p. 10 & 11.
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- Isaacman et Isaacman 1975, p. 15.
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- Newitt 1969, p. 84.
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Abolir l'esclavage : un réformisme à l'épreuve (France, Portugal, Suisse…), Presses Universitaires de Rennes, , ebook, § 19 & 20
- Van Butselaar 1984, p. 16.
Forces armées
Les armées des prazos, composées de Chikunda ,, lesquels sont souvent des esclaves capturés, sont une des sources de leur pouvoir. Ces armées privées servent à collecter les taxes, à chasser, mais aussi à protéger les échanges commerciaux avec les autres communautés, voire à les piller.
Elles sont équipées d'armes à feu, ce qui limite les possibilités que les États alentour s'opposent à elles. De fait, les prazeros dominent le commerce de l'ivoire dans la basse vallée du Zambèze durant le . Avec leurs armes à feu ils peuvent efficacement tuer les éléphants, et ils ne se préoccupent pas des lois et mœurs locales concernant la chasse. Les armées servent aussi aux razzias destinées à se procurer des esclaves qui représentent, pour les prazeros, à la suite de l'or et de l'ivoire, un lucratif commerce, ; certains de ces esclaves servent, paradoxalement, à renforcer ces mêmes armées. Les prazeros contrôlent ainsi la région, les fermiers locaux sont taxés et on attend d'eux qu'ils fournissent la nourriture destinée à la communauté des prazos et à leurs armées. Entre 1630 et 1670, la violence et l'oppression des prazeros conduisent à des exodes des populations de l'endroit.
- Chikunda est le nom donné, à partir du XVIIIe siècle, aux hommes armés au service des propriétaires afro-portugais des prazos. Ils sont utilisés pour défendre les domaines et contrôler leurs habitants.
- Darch 2018, p. 323.
- Newitt 1995, p. 237.
- Newitt 1969, p. 78.
- Shillington 2012, p. 254.
Bibliographie
- lire en ligne)
- lire en ligne)
- Jan Van Butselaar, Africains, missionnaires et colonialistes : les origines de l'Église Presbytérienne du Mozambique (Mission Suisse), 1880-1896, BRILL, (lire en ligne)
- lire en ligne)
- Bethwell Allan Ogot (dir.), Histoire générale de l'Afrique, vol. 5 : L'Afrique du XVIe au XVIIIe siècle, UNESCO,
- ISBN )
- (en) Kevin Shillington, History of Africa, Londres, Palgrave MacMillan, , 3e éd.
- Antonio José de Araujo, Colonies portugaises d'Afrique - Colonisation, émigration, déportation, BnF-Partenariats, coll. « Collection XIX », (1re éd. 1900), ebook
- DOI 10.1093/acrefore/9780190277734.013.289)
- lire en ligne)
Bibliographie complémentaire
- René Pinon, « La Colonie du Mozambique et l’Alliance anglo-portugaise », La Revue des Deux Mondes, Paris, lire sur Wikisource)
- (en) Allen F. Isaacman, Mozambique : The Africanization of a European Institution. The Zambesi Prazos, 1750–1902, Madison, University of Wisconsin Press, .
- (en) Malyn D. D. Newitt, Portuguese Settlement on the Zambesi : Exploration, Land Tenure and Colonial Rule in East Africa, New York, Africana, .
- Amelle Enders, Histoire de l'Afrique lusophone, Chandeigne, (lire en ligne)
- ISBN )
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