Casablanca

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Casablanca : descriptif

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Casablanca

Casablanca (/ka.za.blɑ̃.ka/, en espagnol : /kasaˈβlaŋka/ ; en amazighe : ⵜⴰⴷⴷⴰⵔⵜ ⵜⵓⵎⵍⵉⵍⵜ (taddart tumlilt) ; en arabe : الدَّارُ ٱلْبَيْضَاء, ad-Dāru al-Bayḍā’, /adˈdaːru ɫbajdˤaːʔ/) est une ville située dans le nord-ouest du Maroc, sur la côte atlantique, à environ 80 km au sud de Rabat, la capitale administrative

Capitale économique du pays, siège de la région Casablanca-Settat, elle est la plus grande ville du Maghreb par sa population ; lors du recensement de 2014, sa population était de 4 359 818 habitants, faisant d'elle la ville la plus peuplée du royaume, et celle de son agglomération s'élevait à 4 570 750 habitants,. Ses habitants ont pour gentilé Bidawa, Casawa ou Casaoui en arabe marocain. Sur le plan administratif, son territoire — à distinguer de celui de l'agglomération incluant sa banlieue — d'une superficie de 384 km2, correspond à celui de la municipalité de Casablanca qui est divisée en seize arrondissements répartis dans huit préfectures

Le Méchouar de Casablanca où siège un palais royal forme sa propre micro-municipalité. La ville possède un patrimoine architectural moderne important grâce à la diversité architecturale qu'elle connaît pendant le XXe siècle et qui fait d'elle le « laboratoire de la modernité » d'une nouvelle génération d'architectes qui ont étudié à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Casablanca possède l'une des plus grandes mosquées du monde, la mosquée Hassan-II, emblème architectural dont le minaret culmine à plus de 200 m. Ville au passé turbulent, 440 ans après avoir été rasée par les Portugais, Casablanca fut quasiment détruite lors du bombardement de la ville par les Français en 1907 lors de l'insurrection de Casablanca faisant des milliers de victimes et constituant l'élément déclencheur de la campagne du Maroc. Durant les années de plomb sous le règne du roi Hassan II, la ville est également assiégée par l'armée pendant les émeutes de 1981, faisant des centaines de victimes. Casablanca connait aujourd'hui une période de croissance économique, marquée par de grands chantiers d'aménagement du territoire : éradication des quartiers insalubres, construction du réseau de tramway, développement du réseau autoroutier et ferré avec l'accueil de la première Ligne à Grande Vitesse d'Afrique, création du nouveau centre d'affaires de Casa-Anfa. Ville cosmopolite, Casablanca compte parmi les cinq premières villes globales du continent africain, classée ville mondiale bêta au même titre que Le Cap et Nairobi, toutes trois précédées par Le Caire (beta+) et Johannesbourg (alpha-).

Géographie

Situation géographique

Casablanca vue d'avion.

Casablanca est localisée sur la plaine de la Chaouia, région historiquement agricole et à ce jour l'un des principaux pôles de l'activité agricole du pays. Sa position sur la côte atlantique lui permet l'accès aux ressources maritimes (principalement relatives à la pêche). La seule étendue forestière avoisinant la ville est celle de Bouskoura, qui fut plantée au eucalyptus, de pins et de palmiers.

Relief, géologie ou hydrographie

Climat

Rivage maritime de Casablanca.

Casablanca possède un climat méditerranéen à forte tendance océanique de type Csb qui est particulièrement agréable. Sa localisation en bordure de l'océan Atlantique lui confère des hivers doux et relativement humides, ainsi que des étés modérément chauds mais sans précipitations. La température moyenne annuelle y est de 18,88 °C, et le cumul annuel des précipitations s'élève à 426,1 mm.

Pendant l'hiver, le gel est quasiment absent : la température la plus basse jamais enregistrée est de −2,7 . L'été, les températures sont généralement agréables lorsque le vent souffle de la mer. En revanche, lors des épisodes de vent de terre (équivalent marocain du sirocco), la ville peut enregistrer des températures caniculaires pendant quelques jours. Ainsi, la température maximale enregistrée est de 40,5 .

Températures moyennes et précipitations
Relevé météorologique de Casablanca
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 8,4 9,1 10 11,8 14,2 17,4 19,5 20,1 18,2 15,2 12 9,5 13,61
Température maximale moyenne (°C) 17,1 17,9 19,2 20,5 22,2 24 25,9 26,3 25,5 23,7 20,6 18,3 21,25
Précipitations (mm) 62,2 59 50,7 40,2 18,8 5,8 0,7 0,4 4,9 31,1 74,4 77,6 426,1
Source : Hong Kong Observatory


Environnement

La corniche casablancaise.

Casablanca subit les conséquences environnementales de l'absence, jusqu'à récemment, de transports en commun de qualité, de son activité industrielle polluante, du faible nombre d'espaces verts et de la mauvaise application des règlements municipaux.

Le site de Dar Bouazza, dernière zone humide de Casablanca, est menacé de disparition par les projets de promoteurs immobiliers.

Air

Treize stations de mesure de la qualité de l'air sont placées à Casablanca. Casablanca est la ville la plus polluée du Maroc, : en 2014, la pollution de l'air atteint 2,5 fois les normes de l'OMS.

16% des habitants de Casablanca sont asthmatiques. 30 % de la pollution de l'air est due aux transports.

Eau
Enseigne signalant l'agence Lydec boulevard Ghandi à Casablanca, Maroc

L'oued Oum Errabiâ assure 50 % des besoins en eau potable du Grand Casablanca. La gestion de l'eau à Casablanca est assurée par la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec), une filiale de la multinationale Veolia.

Les eaux de surface de la région de Casablanca présentent une qualité généralement dégradée. La consommation journalière d'eau augmente de 30% avec 500 000 .

Depuis 2015, 100 % des eaux usées sont assainies.

Les plages de Casablanca sont marquées par une importante pollution et le pillage de sable par les entrepreneurs en construction.

Déchets

Les secteurs hospitaliers et industriels de Casablanca produisent chaque année un peu plus de 1 000 tonnes et 90 000 tonnes de déchets non traités. Les eaux de baignade sont polluées entre le quartier des Roches Noires et Mohammedia.

Le tri sélectif a cependant été introduit pour la première fois en 2012.

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Histoire

Préhistoire

La région de Casablanca est riche en sites paléolithiques préservés dans une série stratigraphique littorale dont les vestiges archéologiques et anthropologiques mis au jour ont permis de mieux connaître le Paléolithique et les premiers peuplements du Maroc dans son contexte régional et africain.

La découverte de sites préhistoriques a été faite grâce à l'expansion économique de la ville au début du .

Parmi les principaux sites préhistoriques de Casablanca il y a ceux situés en dehors de la ville dans la région de Lissasfa découverts en 1995 et le site d’Ahl al Oughlam en 1985 (ancienne carrière Déprez) considéré comme le site du Néogène le plus riche de l'Afrique du Nord dans lequel ont été découvertes à environ 108 mètres au-dessous du niveau de la mer des grottes associées à un ancien rivage en falaise faisant partie du gigantesque escalier géologique qui s'élève du littoral actuel jusqu'au plateau de l'. Ce site renferme une faune de loin la plus riche d'Afrique du Nord : plus d’une soixantaine d'espèces différentes ont été recensées et datées dans les environs de 2,5 Ma, une faune représentée par les grands groupes de vertébrés tels que des poissons, des reptiles (tortue géante, lézards, serpents, crocodiles, autruche, pingouin et autres oiseaux de mer), des mammifères carnivores (des hyénidés, un félin à canines en sabre, des mustélidés, des canidés, un morse et un ours, le plus ancien en Afrique) des mammifères herbivores (un éléphant, un mastodonte, un suidé, une girafe de dimension bovine, des antilopes, un hipparion, un rhinocéros, des gazelles et un singe), plusieurs rongeurs et des insectivores. Sur ce site, aucune présence humaine n’a été signalée très probablement en raison de son arrivée tardive dans la région.

Le deuxième site préhistorique de Casablanca est celui de Sidi Abderrahmane se situant à environ 8 kilomètres au sud-ouest du centre-ville entre le quartier de Hay Hassani et le littoral à proximité de Sidi Abderrahmane dans des gisements en grotte ou en plein air sur les localités de Cap Chatelier. Ce site présente un caractère exceptionnel et une importance patrimoniale par son abondance en outillage acheuléen associée à une faune riche en mammifères et à des ossements humains de différentes périodes. Sidi Abderrahmane-extension et Sidi Al Khadir-Hélaoui ont été fouillés de 1978 à 1982, puis à partir de 1988 dans les carrières de Thomas et de Oulad Hamida notamment dans les grottes des Ours et des Rhinocéros.

En 1991, la fouille de la grotte des rhinocéros a livré plusieurs espèces de mammifères rapportée à l'Acheuléen moyen (environ 600 000 ans), cette grotte est considérée comme la plus riche en Afrique du Nord (pour cette période du Pléistocène moyen), grâce à la présence de huit crânes plus ou moins complets de rhinocéros blancs (ce qui demeure néanmoins la découverte la plus exceptionnelle du gisement), d'où le nom de grotte des rhinocéros qu'on lui a attribué. Ce nombre important de restes de rhinocéros laisse à supposer l’existence d'une stratégie de chasse mise en place par les hominidés. Par la suite, l'extension et le nettoyage de la carrière de Thomas 1 en 1993 a montré la présence d'une faune dominée par l'hippopotame ; des bifaces utilisés pour le dépeçage des bêtes, la grosse boucherie et la fracturation d'ossements ont été retrouvés. Les études situent ces découvertes entre l'Acheuléen ancien vers 1 Ma et l'inversion magnétique Brunhes-Matuyama qui s'est achevée il y a environ 700 000 ans. La ville abrite la plus ancienne occupation préhistorique du pays, grâce aux découvertes réalisées dans la carrière Thomas 1 dans un niveau (L)[pas clair].

La première découverte d’un hominidé à Casablanca fut celle en 1955 de « l'Homme de Sidi Abderrahmane » représenté par un fragment mandibulaire dans la grotte de littorines aujourd'hui détruite. L'Homme de la carrière Thomas 1, représenté par une hémi-mandibule, fut découvert en 1969 puis la découverte en 1972 de l'Homme de la carrière Oulad Hamida 1 (ex-Thomas 3) représenté par des restes d’Homo rhodesiensis sous forme d'une partie de la face, du maxillaire supérieur et plusieurs dents isolées retrouvés dans une grotte aujourd'hui détruite. Entre 1994 et 2008, des restes humains du Pléistocène moyen datés entre 500 000 et 700 000 appartenant à l'Atlanthropus, l’Homo erectus évolué ou l’Homo sapiens archaïque, ont été retrouvés dans la carrière de Thomas dont une incisive, 3 prémolaires et une mandibule. Cette découverte élève la carrière de Thomas au même niveau que les complexes de Melka Kunture en Éthiopie et d'Atapuerca en Espagne dans l'étude de la période qui voit diverger les types européens et africains.

La fondation d'Anfa

Détail d'une gravure représentant Anfa en 1572.

L'origine de la création d'Anfa demeure un mystère. D'après Léon l'Africain (1490-1550), elle aurait été fondée par les Romains à l'époque de la province de Maurétanie tingitane, et aurait été utilisée comme escale vers les îles Purpuraires d'Essaouira (des pièces de monnaie romaines sont effectivement découvertes en 1926 dans le quartier des Roches Noires, sans qu'une activité commerciale permanente durant l'Antiquité n'ait pu être prouvée). La région d'Anfa était toutefois parcourue par les Autololes, un rameau du grand peuple nomade des Gétules, et se situait donc en dehors du territoire sous contrôle romain qui s'arrêtait au fleuve Bouregreg. Certaines hypothèses avancent également qu'Anfa fut un port du royaume de Maurétanie, et fut même la base d'une expédition dirigée par vers Madère et les Canaries, mais aucune fouille archéologique n'est venue étayer à ce jour ces théories. Selon le chroniqueur espagnol Luis del Mármol Carvajal (1524-1600), l'origine d'Anfa serait phénicienne ou du moins carthaginoise. Pour l'historien et homme d'État marocain Abou El Kacem Zayani (1734-1833), la ville aurait été fondée par l'ethnie berbère des Zénètes.

Il est fort probable qu'elle fut un port actif du royaume des Berghouata (744-1058), un État berbère théocratique et tribal basé sur une religion issue du kharidjisme qui a résisté plus de quatre siècles à différentes attaques successives (des Idrissides jusqu'aux Almoravides). Ce sont les Almohades qui anéantiront définitivement ce royaume et mettront fin à l'existence de sa religion particulière, puis importeront des tribus bédouines hilaliennes de l'Ifriqiya pour remplacer les tribus berbères masmoudiennes affiliées aux Berghouata, ce qui arabisera l'appellation de la région Tamesna en Chaouia. Anfa fut citée par le géographe Al Idrissi au Maghreb al-Aqsa, riche de ses relations commerciales avec l'Andalousie. Sous le règne des Almohades puis sous celui des Mérinides elle se développa jusqu'à atteindre une certaine prospérité, au point d'abriter une médersa bâtie par le sultan Abu Inan Faris (1348-1358) et d'être visitée par l'intellectuel et homme politique grenadin Ibn al-Khatib. Cet essor sera entravé par le raid portugais de 1468 décidé par le roi . Les Portugais commandés par l'Infant Don Ferdinand détruisirent Anfa au motif que la cité accueillait une importante base de pirates qui s'aventuraient jusqu'aux abords de l'embouchure du Tage et donc de Lisbonne. Léon l'Africain déplore au  siècle la mise à sac d'Anfa qui était, dit-il, « une très grande ville magnifiquement bâtie, qui eut jadis de grands jardins donnant des fruits en abondance vendus jusqu'à Fès », et dont les habitants jouissaient d'une certaine opulence et comptaient parmi eux des érudits réputés.

Il ne restera dès lors que des ruines, puis un avant-poste occupé périodiquement par les pirates et corsaires de Salé qui utilisent fréquemment le mouillage d'Anfa. Mais aussi par des tribus locales selon le témoignage de l'amiral hollandais et gouverneur des Indes orientales néerlandaises Laurens Reael  en 1627, ainsi que par les Portugais auxquels on attribue un édifice nommé Prison portugaise dont les vestiges furent réutilisés à l'époque du protectorat français, pour orner le Parc Lyautey (actuel Parc de la Ligue arabe). Après le départ définitif des Portugais, le sultan Mohammed III du Maroc (1721-1790) soucieux de mettre en valeur le littoral atlantique marocain, fit élever une ville nouvelle à partir de 1760. Anfa, renommée Dar al Baida à l'instar des palais du souverain à Meknès et à Marrakech, se dota de remparts, de bastions fortifiés (la Sqala), de mosquées (Ouled al Hamra), de tous les attributs d'une ville marocaine classique, et fut placée sous l'administration d'un pacha. Comme Mogador (aujourd'hui Essaouira) et Fédala (Mohammédia), mais sur une échelle plus modeste, elle se destinait aux échanges commerciaux internationaux. Elle fut également utilisée comme grenier à céréales pour l'ensemble de la province, l'emplacement aujourd'hui appelé Mers-Sultan abritant autrefois le silo à grains sultanien géré par le makhzen.

C’est à partir de 1781 que la traduction espagnole de Casa Blanca fut employée. À cette date, des négociants italiens originaires de Venise, les frères Chiappe, firent sortir pour la première fois des cargaisons de céréales depuis le nouveau port construit sur ordre de Mohammed III. Leur affaire fut reprise en 1788 par la compagnie espagnole Cinco-Grémios qui possédait le monopole de l'exportation du blé de la Chaouïa via ce port et répandit donc l'usage du nom Casablanca à l'étranger.

Les Espagnols s'installèrent en nombre à partir du début du 1799, puis une église dans la médina, gérée par des religieux catholiques espagnols de l'ordre des Franciscains), rejoints ensuite par d'autres Européens, notamment des Britanniques, des Français, des Belges et des Allemands, qui obtinrent la création de consulats nationaux à Casablanca durant les années 1860. À cette population européenne s'ajouta une communauté juive séfarade de plus en plus importante, qui servait d'intermédiaire pour les maisons de commerce étrangères implantées dans les différents ports de la côte marocaine. En 1877, dans le cadre d'un grand voyage d'inspection dans l'Empire chérifien, le sultan séjourna à Casablanca, où il accorda un certain nombre d'audiences officielles dont une à l'ambassadeur italien Scovasso.

L'insurrection de Casablanca et le bombardement de la ville

Une carte postale du croiseur cuirassé français Gloire bombardant la ville de Casablanca, 1907.
Article sur le bombardement de Casablanca, publié dans Le Petit Journal (août 1907)

En , une entreprise française, la Compagnie marocaine, filiale de Schneider, exploite un petit train « Decauville » pour les travaux d'aménagement du port qui se réduit, à l'époque, à une simple darse impraticable par mauvais temps. La voie longe le cimetière de Sidi Beliout et son sanctuaire, ce qui trouble la sérénité des lieux. Une émeute populaire dirigée par des membres de la tribu Oulad Hriz éclate contre les travailleurs européens et neuf d'entre eux sont tués. La France envoie alors des troupes pour rétablir l'ordre, les tribus de la Chaouia ayant par ailleurs pris le contrôle de la ville, évincé l'autorité du makhzen et pillé le quartier juif de la ville.

En représailles Casablanca est bombardée le 5 août par l'escadre de l'amiral Philibert qui capture le pacha Si Boubker Ben Bouzid. L'armée française bombarde la ville entre le 5 et le 7 août 1907 à partir de plusieurs navires de guerre ; une escadre française arrive le 7 août et débarque une unité commandée par le général Drude. Ses successeurs les généraux d'Amade et Moinier occupent progressivement les plaines atlantiques de la Chaouia et des Doukkalas, ce qui doit ouvrir la route de Fès, capitale de l'Empire chérifien, et la conquête du Maroc par l'ouest.

Le protectorat français

La signature du traité de Fès par le sultan Moulay Abd al-Hafid, instaure en 1912 le protectorat français au Maroc. Le protectorat dirigé par le maréchal Hubert Lyautey, résident général jusqu'en 1925, se traduit pour Casablanca par la construction d'un des plus grands ports d'Afrique et par son explosion urbaine, disciplinée par les plans d'Henri Prost, puis de Michel Écochard pour la ville européenne, tandis qu'Auguste Cadet dessine la nouvelle médina et le quartier réservé du Bousbir pour la ville dite « indigène ».

Casablanca abrite la plus forte communauté européenne du Maroc (on estime que les Européens formaient environ 60 % de la population casablancaise). Le centre-ville moderne et les quartiers résidentiels d'Anfa, de Longchamp et de l'Oasis accueillent essentiellement des familles françaises aisées de colons, de fonctionnaires et d'industriels, tandis que de nombreux Espagnols (dont des anti-franquistes à partir de 1936) mais aussi des Corses et Italiens se concentrent dans les quartiers populaires du Maârif, de Bourgogne et des Roches Noires. On trouve également mais en nombre plus restreint des Suisses, des Anglo-Saxons (britanniques et américains), des Arméniens, des Grecs, et quelques Russes blancs. Les Marocains pour leur part se répartissent entre l'ancienne médina, la nouvelle médina (quartier des Habous) et les nombreux bidonvilles qui commencent à surgir à Ben M'sick et aux Carrières centrales.

Juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la suite du discours du sultan à Tanger, la ville se retrouve au cœur de la revendication nationale pour l'indépendance du Maroc. À partir de 1947 et surtout des années 1950, de nombreux bouleversements et troubles émaillent la vie casablancaise (à commencer par les affrontements meurtriers entre la population marocaine et les tirailleurs sénégalais le ), ainsi que l'attentat du Marché central de Casablanca le jour de Noël 1953, causant 18 morts européens et celui du à Mers-Sultan.

Le port durant la Seconde Guerre mondiale
Port de Casablanca en 1915.

Le port de Casablanca, considéré comme le premier port du Maroc à partir de 1920, devient également, en 1925, la première escale des lignes aériennes Latécoère (la future Aéropostale) reliant Toulouse à Dakar.

Le mouilleur de mines explose dans le port de la ville le , détruisant le navire et tuant 186 personnes.

La ville fut également un port stratégique durant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'elle accueillit la conférence de Casablanca (sommet anglo-américain de 1943).

La conférence de Casablanca
Conférence de Casablanca (1943), le président Roosevelt et le Premier ministre Churchill.
Le Général Charles de Gaulle serrant la main du Général Henri Giraud devant Franklin Roosevelt et Winston Churchill (conférence de Casablanca le ).

La conférence de Casablanca (1943) se tient à l'hôtel Anfa du 14 au 24 janvier 1943 afin de préparer la stratégie des Alliés après la défaite de l'Axe germano-nippon et la réorganisation de l'Europe libérée. Cette conférence, parfois appelée conférence d'Anfa en raison de la localisation de l'hôtel où elle eut lieu, est décidée par le président des États-Unis Franklin Roosevelt et le Premier ministre du Royaume-Uni Winston Churchill, qui invitent à se joindre à eux, d'une part, Joseph Staline — qui décline l'offre — et, d'autre part, les généraux français Henri Giraud et Charles de Gaulle.

Giraud, qui gouverne alors l'Afrique française du Nord et l'Afrique-Occidentale française en sa qualité de « commandant en chef civil et militaire » (Voir Situation politique en Afrique française libérée), accepte sans hésitation la demande de Roosevelt.

Des décisions sont prises lors de cette conférence au sujet de l'invasion de la Sicile (), de la planification du débarquement de Normandie, ainsi que de l'aide matérielle à apporter à l'URSS. Un autre objectif poursuivi est de réconcilier De Gaulle et Giraud et d'unifier ainsi le commandement de la France libre. La conférence conclut à la nécessité de poursuivre la guerre jusqu'à obtenir la reddition inconditionnelle du Troisième Reich et de ses alliés italo-fascistes et japonais.

Le port après la Seconde Guerre mondiale

Au début de mai 1961, la dépouille mortelle du maréchal Lyautey est amenée du mausolée de Rabat et embarquée sur le croiseur Colbert au port de Casablanca,.

Histoire contemporaine

Massacre de 1947

A la veille de l'indépendance, un massacre viendra ébranler la ville, le massacre du 7 avril 1947 à Casablanca, surnommé "la Grève des Sénégalais", a été perpétré par des tirailleurs sénégalais au service de l'armée coloniale française,. À la suite d'une rixe entre civils marocains et tirailleurs, ces derniers, sous l'ordre des autorités françaises, ont ouvert le feu pendant 24 heures sur les quartiers populaires de Casablanca, tuant entre 180 et plusieurs centaines de civils. L'attaque visait à perturber la visite du sultan Mohammed V à Tanger, où il devait prononcer un discours exigeant l'indépendance du Maroc. En réponse, une grève générale fut lancée et l'événement renforça le mouvement nationaliste contre le protectorat français. Le massacre du 7 avril est un moment clé de la lutte pour l'indépendance et a été symbolisé par la place du 7 avril à Derb Kebir.

Après l'indépendance en 1956, Casablanca s'affirma rapidement comme le centre névralgique de l'économie marocaine, incarnant un Maroc moderne, dynamique et tourné vers l'avenir. La ville devint le moteur du développement industriel, commercial et financier du pays, tout en restant un carrefour culturel et international. Toutefois, malgré cette croissance rapide et les promesses d'un avenir prospère, Casablanca connaîtra plusieurs vagues d'émeutes, alimentées par les tensions sociales, économiques et politiques qui traversaient le pays :

Les émeutes de mars 1965

Les événements du 23 mars 1965 au Maroc ont débuté comme une protestation estudiantine à Casablanca, après une circulaire ministérielle limitant l'accès au second cycle des lycées. Le 22 mars, des milliers de lycéens ont organisé une marche pacifique, rapidement réprimée par les forces de l'ordre. Le lendemain, la contestation s'est intensifiée, attirant des ouvriers, des chômeurs et des habitants des bidonvilles, et se transformant en émeutes violentes. Les manifestants ont saccagé des magasins et exprimé leur hostilité envers le roi Hassan II. La répression fut brutale, l'armée intervenant, et des rapports font état de tirs depuis un hélicoptère avec Oufkir en personne ouvrant le feu, et surtout, beaucoup de morts. Les conséquences de ces événements ont mené à l'instauration de l'état d'exception et à l'enlèvement de Mehdi Ben Barka en octobre 1965. Un mouvement marxiste-léniniste, le Mouvement du 23 mars, est né de cette révolte, contribuant à la création du Parti socialiste unifié.

Les émeutes de juin 1981

Malgré l'opposition acharnée des syndicats marocains et des partis politiques de l'opposition (notamment l'Union socialiste des forces populaires), le gouvernement annule les promesses d'augmentation des salaires imposées par la forte inflation (12,5 %) et la hausse du prix des matières premières. La Confédération démocratique du travail (CDT) et l'Union marocaine du travail (UMT) appellent à l'annulation de toutes les augmentations touchant les produits de première nécessité et la CDT fixe un délai de sept jours avant de déclencher une grève générale. La tension persiste et les grèves des 18 et 20 juin se transforment en émeutes.

C'est dans ce contexte que l'armée investit la ville, que les chars assiègent les rues et que les hélicoptères survolent la ville. L'état de siège est officiellement proclamé et l'oppression est marquée par la torture de manifestants et des tirs à balles réelles.

Les émeutes éclatent dans une majorité de quartiers populaires de Casablanca : l'Ancienne Medina, Derb Sultan, Aïn Chock, Sbata, Ben Msik, Sidi Othman, Bournazel, Hay El-Mohammadi, Aïn Sbaa, El-Bernoussi, etc. De nombreux symboles de richesse et de répression sont ciblés par les émeutiers (agences bancaires, voitures de luxe, commissariats et véhicules de la police, locaux des forces auxiliaires, etc.).

Attentats suicides de 2003 et 2007

L'histoire récente de la ville est marquée par une série d'attentats dont les plus meurtriers sont ceux du 16 mai 2003 qui font 45 morts et des dizaines de blessés.

En 2007, plusieurs attentats suicides touchent Casablanca sans faire de victime outre leurs auteurs. Le 11 mars, un kamikaze se fait exploser dans un cybercafé. Un mois plus tard, le 10 avril, trois autres attentats secouent le quartier Hay Farah. Le 14 avril, deux hommes se font exploser boulevard Moulay Youssef.

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  37. « Casablanca, de nouveau la cible de kamikazes », dans Le Monde avec l'AFP du 10/04/2007, [lire en ligne].

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