Echternach
Localisation
Echternach : descriptif
- Echternach
Echternach (en luxembourgeois : Iechternach et dans la langue locale Eechternoach) est une ville du Luxembourg d’environ 5 700 habitants et le chef-lieu de son canton, le long de la vallée de la Sûre marquant la frontière avec la Rhénanie-Palatinat allemande. Elle est surtout connue pour son abbaye et sa procession dansante le mardi de la Pentecôte.
Géographie
Echternach, à l'est du pays, le long de la rivière frontalière Sûre (Sauer, en luxembourgeois), fait partie de la région naturelle du Mullerthal surnommée Petite Suisse luxembourgeoise.
Toponymie
Histoire
La procession dansante
La procession dansante d’Echternach est une procession religieuse très particulière à bien des égards. Elle trouve son origine dans l’histoire de l’abbaye d'Echternach et celle de son fondateur, saint Willibrord (658-739). Cette procession internationale est un hommage au personnage de saint Willibrord. Pourquoi internationale ? Mais parce qu'un grand nombre de pèlerins y prennent part chaque année, pèlerins venant de tous les coins du Luxembourg tel qu'il exista à l'époque de sa plus grande extension (1364-1659), ce qui fait que de nombreuses personnes venant d'Allemagne, de Belgique et de France viennent "danser" à Echternach chaque mardi de la Pentecôte. Ce n’est pas seulement un hommage à la personne de saint Willibrord, mais aussi un rite religieux significatif. La procession dansante d’Echternach est d'ailleurs inscrite depuis le à la « liste représentative de l’héritage culturel immatériel de l'humanité » par l’UNESCO.
Cette liste s’inscrit dans un projet de maintien du patrimoine culturel immatériel déjà très fragile à l’origine. L’Unesco tente ainsi de mettre un frein à la mondialisation au profit de la multiculturalité et des traditions représentatives locales. Le fait que cette procession fasse partie intégrante de la liste créée par l’Unesco témoigne de son importance culturelle et de son ancrage dans la tradition de la communauté d’Echternach.
Un intéressant paradoxe est lié à la procession dansante d’Echternach. En effet, bien que relevant de la célébration religieuse et donc du rite religieux, l’Église s’y est longtemps fortement opposée. En effet, le caractère païen de cette procession s’écartait des principes catholiques les plus fondamentaux. La danse célèbre la joie débridée, ce qui n’est pas un élément premier de la religion chrétienne et ne doit donc pas donner lieu à une célébration. Ce facteur païen a mené à des interdictions successives au fil des siècles, mais n’a jamais empêché le développement et l’évolution de cette tradition.
Cette procession a été périodiquement menacée par le clergé ainsi que par l’autorité civile ou politique. L’Église s’y est opposée du fait que la procession dansante d’Echternach était une manifestation originale du catholicisme "populaire", ce qui revenait presque à dire « manifestation païenne ». De plus, la procession dansante est peu banale, dans le sens où elle consiste en des pas latéraux et en une progression très lente (en réalité, elle ne correspond pas à ce que l'on raconte régulièrement, c’est-à-dire à une procession avançant selon le rythme de deux pas en avant et un pas en arrière. Techniquement atypique et religieusement hors norme, cette tradition a eu beaucoup d’opposants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la procession dansante a été interdite pour une raison évidente : l’occupation allemande ne pouvait pas tolérer l’expression de la culture religieuse locale.
La première mention de cette procession date de la fin du . Comme toute tradition, la procession dansante d’Echternach a connu une évolution à travers le temps. La musique, la danse ainsi que la composition de la procession a évolué. Il ne faut pas oublier le fait que c’est une tradition religieuse mais aujourd’hui, y prendre part ne nécessite pas un statut exclusif, en effet, des personnes de toutes origines sociales peuvent y prendre part. Aussi, les femmes ont eu l’autorisation officielle d’y participer à partir de 1802. L'évolution de la danse même peut être constatée à travers les sources que l’on peut retrouver du . Aujourd’hui la procession avance et danse à travers des pas latéraux. Pour ce qui est de la musique, les écrits concernant ce détail sont assez peu nombreux et peu détaillés mais on peut distinguer deux exemples donnés : la procession se déroulant sous des airs de polka ou encore se déroulant sous un air populaire qualifié de « primitif ».
Si l’on prend la procession dansante d’Echternach de nos jours et qu’on l’observe plus en détail, beaucoup de spécificités sont à dénoter. L’originalité de cette procession dansante réside dans sa progression lente et sa danse latérale mais cela ne s’arrête pas à ces détails. C’est une procession qui commence le matin dans la cour de l’ancienne abbaye et qui est composée non seulement de membres du clergé, de musiciens, de chanteurs et de danseurs mais aussi de simples citoyens venant des alentours d’Echternach. Elle s’achève par un office dans la basilique d’Echternach. Les participants à cette procession sont vêtus de blanc pour la plupart et se joignent à cette procession afin de célébrer le saint de la ville d’Echternach : saint Willibrord.
La procession dansante d’Echternach ne fait pas juste partie du patrimoine culturel d’Echternach ou du Luxembourg, mais s’est inscrite dans le patrimoine culturel immatériel mondial. Sa popularité ne cesse de s’accroître et devient de plus en plus inclusive car nombre de pèlerins qui y prennent part de nos jours ne sont plus exclusivement luxembourgeois.
Cette procession rassemble actuellement en moyenne 13 000 personnes chaque année et s’inscrit de plus en plus profondément dans l’histoire culturelle de la ville, et nombre d’informations peuvent être trouvées à son sujet au shop du Musée de l’abbaye d’Echternach. La préservation de cette tradition n’est plus un souci, car elle est solidement documentée à travers de nombreux livres, articles et films et elle a acquis une notoriété publique grâce à son inscription à l'inventaire de l’Unesco. Elle a même donné son nom à un ouvrage qui prend la forme d'une enquête policière : « La procession d’Echternach » par Hervé Carn.
La villa romaine
La villa romaine d’Echternach fait aujourd’hui partie du patrimoine culturel de la commune d’Echternach. Son existence témoigne d’un établissement préalable à la véritable fondation de l’abbaye d’Echternach. Cela étant, il est sensé de l’assimiler à la culture de la ville d’Echternach. L’abbaye d’Echternach qui est devenue aujourd’hui la commune d’Echternach appartenant au Luxembourg avait donc un passé romain. Pour être plus précis le passé d’Echternach aurait une origine gallo-romaine.
Cette villa s’apparente à une grande majorité des villas romaines retrouvées dans le Nord de l’Empire romain. Les constatations archéologiques mènent à croire que les villas romaines situées dans le Nord de l’Empire se rapprochaient quand même significativement du modèle des fermes gauloises. Il restait donc des traces résiduelles de la tradition gauloise dans ces habitations, indiquant que le style romain n’avait pas totalement fait disparaître la culture gauloise.
Les sources qui nous rapportent l’utilité de ces « résidences rurales et servant à l’exploitation agricole » sont les agronomes latins. C’est grâce à eux que l’on a pu comprendre la finalité de ces résidences et leurs fonctions primaires. Il est utile de préciser le fait que ces résidences avaient, selon leur situation géographique, des utilités et des fonctions différentes. Sur le plan archéologique, il n’a pas toujours été aisé de déterminer leur activité précise. Quand il s’agit de l’activité des villas romaines dans le territoire gaulois, beaucoup relève du cadre des suppositions.
Il est intéressant de noter que ces villas romaines appartenaient le plus souvent à des Romains voyant un intérêt dans les ressources gauloises ou encore à des bénéficiaires à qui l’on attribuait des terres afin de créer des sortes de colonies. Dans le cas de la villa romaine d’Echternach, le propriétaire n’est pas connu. Aucune trace n’a été retrouvée quant à l’appartenance de cette villa romaine.
Très souvent l’élite gauloise jouait un rôle prépondérant dans la construction de ces villas à travers les territoires gallo-romains fraîchement conquis. Cela s’inscrit donc dans le phénomène d’acculturation de la Gaule romaine. Mais l’acculturation n’était pas la seule finalité de ces villas romaines, on suppose qu’elles pouvaient servir de point de ravitaillement pour les armées ainsi que comme endroit de production pour les propriétés environnantes.
Les environs, les prés, les champs et vestiges d’Echternach appartenaient jadis à l’une des plus importantes et plus riches propriétés rurales de l’arrière-pays de Trèves alors capitale de province romaine. La villa romaine d’Echternach a été découverte à travers les travaux d’installation du lac artificiel que l’on connaît aujourd’hui. Cette découverte et les fouilles archéologiques se rapportant à la villa d’Echternach remontent aux années 1975 à 1976. Ces travaux archéologiques ont permis de dater la villa des années 70 apr. J.-C. et ont été menés par Jeannot Metzler et Johny Zimmer. Ce site n’a pas été de l’ordre des priorités touristiques jusqu’à la fin des années 1990 et n’est donc devenu un centre de représentation qu’une vingtaine d’années après les fouilles archéologiques. En ce qui concerne les détails architecturaux, tout indique que la culture romaine était déjà bien implantée dans les environs d’Echternach. Ce qui pousse à de telles conclusions sont : le marbre importé de Rome, les détails de constructions tels que les cours à péristyle et les systèmes de chauffage installés dans la villa.
Nous entrons ici dans les spécificités de la villa romaine d’Echternach. D’emblée, un fait est incontournable : cette villa romaine relève de la résidence de luxe. Les éléments supportant cette hypothèse sont nombreux et vont des systèmes de chauffage au sol aux mosaïques retrouvées au sol et au fond des bassins. Les portiques, les grandes cours à péristyles ou encore l’ampleur des installations balnéaires sont un signe de richesse et de confort. Cette villa comporte des corps de bâtiment symétriques et un axe traversant la cour, cette cour est entourée par un portique et comporte un bassin. L’architecture qu’ont pu observer les archéologues des fouilles évoquerait le d’architecturede Vitruve.
La villa est constituée d’une partie centrale mesurant 118 triclinium et l’autre à l’ensemble balnéaire. Venons en à la « Pars rustica » qui est la zone d’activité économique. Celle-ci se situe symétriquement à gauche et à droite des murs d’enceintes de la villa, au sud de la villa. Elle était composée d’au moins dix bâtiments. À travers des photographies aériennes, il a pu être déterminé qu’il y avait auparavant d’autres installations plus lointaines qui s’associaient à la villa. Ces installations ont été identifiées comme étant des granges, des écuries ou encore des logements d’esclaves. Cependant, cette partie plus lointaine n’a jamais été fouillée à proprement dire et ne fait aujourd’hui pas partie intégrante du musée que l’on retrouve aux abords du lac artificiel d’Echternach. L’hypothèse avancée en ce qui concerne l’activité de la villa romaine d’Echternach est la suivante : la villa se trouvant dans le chemin menant vers Trèves (capitale ou Urbs des Trévires à l’époque) et en s’appuyant sur les éléments retrouvés dans cette même villa, les archéologues qui ont mené les fouilles pensent que cette villa servait à l’élevage de chevaux qui étaient ensuite revendus à l’armée romaine.
Les archéologues que sont Jeannot Metzler et Jonny Zimmer s’accordent à dire qu’originellement, la villa fut un travail uniforme mais que cela ne signifie pas qu’elle n’ait pas subi d’altérations ou des changements à travers le temps. Les constatations allant dans le sens de cette hypothèse sont nombreuses : les agrandissements menant à l’installation d’hypocaustes (chauffages), corridors et cours certainement à l’usage artisanal (datant de la seconde moitié du frigidarium monumental) et les moines de Willibrod auraient utilisé les restes de la villa comme carrière.
Afin de se faire une idée concrète de ce à quoi ressemblait cette villa romaine à Echternach, il est recommandé de consulter le travail de reconstitution informatique qui a été réalisé par Didier Bur et Johny Zimmer qui est exceptionnellement détaillé.
Seconde Guerre mondiale
Le les armées allemandes envahissent simultanément les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg pour affronter la France et la Grande-Bretagne. C'est ainsi qu'à Echternach, une partie de la Panzerdivision, qui a pour objectif de traverser la Meuse à Sedan, franchit la frontière.
- « », UNESCO
- « », UNESCO
- Alex langini, La Procession dansante d’Echternach : son origine et son histoire, Société d’embellissement et de Tourisme, , p. 79
- Serge Bonnet et Alex Langini, « La Procession dansante d'Echternach. Son origine et son histoire », Archives des sciences sociales des religions[volume=48, no 2, , p. 308
- », mairie d'Echternach
- », BRITISH PATHE
- « », mairie d'Echternach
- « », sur willibrord.lu
- « », sur www.villa.culture.fr, Ministère de la Culture (France)
- Institut européen des itinéraires culturels, Villa romaine d’Echternach, http://www.routes-granderegion.eu/index.php?pn=site_detail&id=6&PHPSESSID=vqlyiuvkvg
- Jeannot Metzler, « Echternach. Une grande villa romaine », Archeologia, no 158, , p. 38-50
- Jeannot Metzler, Ausgrabungen in Echternach, Publication du Ministère des affaires culturelles et de la ville d’Echternach, , 394 p.
- Andréa Rumpf, « »,
- Didier Bur et Johny Zimmer, Dossier patrimoine antique : La reconstitution virtuelle de la villa gallo-romaine d’Echternach, Monumental, , p. 96-99
- Jean-Yves Mary, Le corridor des Panzers, Heimdal, p. 62
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Echternach dans la littérature
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