Nagasaki
Nagasaki (長崎市, Nagasaki-shi, litt. « longue pointe », -shi signifiant ville) est une ville japonaise, capitale de la préfecture homonyme sur l'île de Kyushu. En 2020, Nagasaki compte 406 005 habitants.
L'histoire de Nagasaki a presque entièrement été construite par des étrangers ; en effet, ce sont les Portugais qui en font une ville portuaire prospère au xvie siècle. Sous la période Tokugawa, la persécution des chrétiens y fut particulièrement vive, avant que la ville ne soit ouverte après la restauration Meiji. Nagasaki a été, le , la cible du deuxième bombardement atomique de l'histoire par les États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale après celui d'Hiroshima trois jours plus tôt. C'est donc à ce jour la dernière ville à avoir subi le feu nucléaire.
Statistiques, géographie, démographie
Fuseau horaire principal : +09:00
Nagasaki couvre une superficie de 406,4i km2, avec une population de 406.005i habitants (11/2020), soit une densité de 999,03i habitants par Km2.
1 localité en rapport avec Nagasaki
Localisation
Nagasaki : descriptif
Nagasaki se situe à l'ouest de l'île de Kyushu, la plus méridionale des quatre îles principales du Japon. La ville fait partie de la préfecture de Nagasaki et s'étend sur les péninsules de Nagasaki et de Nishisonogi. Elle est entourée par les villes de Saikai et d'Isahaya, respectivement au nord et à l'est, et par les bourgs de Togitsu et de Nagayo, au nord-est, dans le district de Nishisonogi et elle est bordée par la baie d'Ōmura, au nord-est, et par la mer d'Amakusa, à l'est, au sud et à l'ouest. La rivière Nakashima (ja) traverse la ville d'est en ouest.
Histoire
Le port et le commerce (xvie – xixe siècle)
Naissance et développement du port
Fondée dans la seconde moitié du xvie siècle, c'était à l'origine un village isolé. C'est l'arrivée d'explorateurs européens au milieu du xvie siècle, quand un navire portugais s'échoua accidentellement sur les rives de la préfecture de Kagoshima en 1543, qui en provoqua la naissance et l'essor. Le missionnaire jésuite François Xavier arriva au Japon en 1549, mais bien qu'il partît pour la Chine en 1551 et y mourût peu de temps après, ses compagnons missionnaires restèrent au Japon et y convertirent plusieurs daimyō (chefs de guerre). Le plus important fut Ōmura Sumitada qui tira grand profit de sa conversion, car il reçut une part du commerce des navires portugais dans un port qu'ils établirent à Nagasaki en 1571, date de fondation de la ville, avec son accord. En 1580, Ōmura Sumitada céda le port de Nagasaki et les territoires environnants à la Compagnie de Jésus dont le supérieur local était le père Côme de Torres, successeur immédiat de saint François Xavier.
Le petit village portuaire grandit rapidement, et les produits importés à Nagasaki (comme le tabac, le pain, les beignets — tempura, les gâteaux et les vêtements occidentaux) furent assimilés dans la culture populaire japonaise — la plupart d'entre eux ont d'ailleurs conservé leur nom d'origine portugaise comme les gâteaux de Nagasaki, les castella. Les Portugais amenèrent aussi avec eux des marchandises d'origine chinoise et les armes à feu. On parle de cette période comme la Nagasaki portugaise (en) ou bien Nagasaki ecclésiastique.
La prospérité de Nagasaki fut menacée en 1587 lorsque Hideyoshi Toyotomi arriva au pouvoir. Inquiété par l'influence des chrétiens dans le Sud du Japon, il ordonna l'expulsion de tous les missionnaires. Ōmura avait donné aux jésuites un contrôle administratif partiel de Nagasaki, et la ville retourna sous le contrôle impérial. Les chrétiens japonais et étrangers furent persécutés. En 1596, Hideyoshi fit crucifier 26 chrétiens à Nagasaki pour détruire toute tentative d'usurper son pouvoir. Toutefois, comme l'empereur ne fit pas bannir les marchands portugais, l'économie de la ville continua à prospérer.
Quand presque vingt ans après, Ieyasu Tokugawa prit le pouvoir, la situation ne s'améliora pas. Le christianisme fut interdit en 1614 et tous les missionnaires furent déportés, ainsi que les daimyō qui ne renoncèrent pas à leur religion. Une campagne brutale de persécution s'ensuivit, avec des centaines de tués ou torturés à Nagasaki et dans d'autres parties du Japon. Les chrétiens offrirent une certaine résistance, en 1637 lors de l'insurrection de la péninsule de Shimabara, à l'est de Nagasaki. Au nombre de 40 000, ils capturèrent le château d'Hara et humilièrent le daimyō local. En réponse, le shogun envoya 120 000 soldats. Ce fut la fin du bref « siècle chrétien » au Japon. Ils durent pratiquer leur religion en secret, toujours victimes d'inquisitions occasionnelles (voir les Seize martyrs de Nagasaki).
L'îlot de Dejima et la « réouverture » du Japon
Pendant ce temps les Néerlandais, appelés Oranda-jin en japonais, continuèrent discrètement à exercer leurs affaires au Japon, ramenant même avec eux des Japonaises en Hollande. Malgré la politique officielle des shogun, désireux de mettre fin à l'influence étrangère dans le pays, les Hollandais démontrèrent qu'ils étaient intéressés surtout par le commerce, et prouvèrent leur engagement aux côtés des Tokugawa durant la rébellion de Shimabara en ouvrant même le feu sur les chrétiens (catholiques) afin de venir en aide au pouvoir shogunal. En 1641, on leur octroya Dejima, une île artificielle dans la baie de Nagasaki, afin que celle-ci serve de base à leur commerce et dans laquelle ils étaient confinés. Depuis cette date et jusqu'en 1855, les contacts du Japon avec le monde extérieur furent strictement limités à Nagasaki. En 1720, la censure qui frappait les livres néerlandais fut levée. Des centaines d'étudiants en profitèrent pour affluer vers Nagasaki pour étudier les sciences et les arts européens, appelés rangaku en japonais, c'est-à-dire science hollandaise.
Après que le commodore Matthew Perry eut débarqué en 1853 dans la baie de Tokyo et imposé un traité d'ouverture commerciale par la menace, le Japon fut contraint d'ouvrir ses ports aux navires américains. Nagasaki devint un port libre en 1859. Avec la restauration Meiji, Nagasaki devait rapidement dominer d'un point de vue économique, notamment grâce à la construction de navires. Lors de la première reconstruction d'une église, des chrétiens japonais sortirent du secret dans lequel ils avaient vécu depuis le xviie siècle en se faisant connaître du père Petitjean : ils furent néanmoins, dans un premier temps, persécutés avant de pouvoir exercer librement leur culte.
Le bombardement atomique de 1945
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le à 11 h 2 du matin, le B-29 Bockscar piloté par Charles Sweeney, parti de Tinian dans les îles Mariannes du Nord, largua la bombe atomique Fat Man sur la ville : elle explosa à 580 m d'altitude, à la verticale du quartier Urakami. Ce fut la seconde explosion nucléaire au Japon, trois jours après celle d'Hiroshima. L'objectif initial du B-29 était la ville de Kokura, dans le nord de Kyushu, devenue aujourd'hui un quartier de la ville de Kitakyūshū. Les trois tentatives échouent, d'une part à cause du mauvais temps, d'autre part à cause de la fumée venant de Yahata, située à seulement 7 km à l'est de Kokura, et qui avait été bombardée la veille. De plus, un écran de fumée avait été créé à Kokura par des ouvriers en brûlant des barils de goudron pour gêner un éventuel bombardement.
Cette bombe était une bombe au plutonium d'une puissance de 21 à 23 kilotonnes, différente de celle d'Hiroshima (uranium 235, d'une puissance de 15 kilotonnes), mais semblable à celle de l'essai Trinity, réalisé à Alamogordo, le .
Le scénario d'Hiroshima se reproduisit, à peine moins meurtrier. En effet, la topographie de Nagasaki en fait un site plus ouvert alors que les collines ceignant Hiroshima avaient amplifié les effets dévastateurs de l'explosion.
Quelque 35 000 des 240 000 habitants de Nagasaki furent tués, y compris 23 200 à 27 200 ouvriers japonais, 2 000 travailleurs forcés coréens, 150 soldats japonais, et huit prisonniers de guerre alliés. Si la cathédrale chrétienne d'Urakami, le principal lieu de culte catholique du Japon, presque à l'aplomb du largage (dit hypocentre), confondue avec un bâtiment portuaire, fut entièrement détruite, "le jardin de l'Immaculée", le couvent franciscain construit derrière la crête d'une colline au-dessus de Nagasaki par Maximilien Kolbe, fut épargnée. Initialement, le bombardier devait viser les quais Mitsubishi.
La reconstruction
La ville fut reconstruite après la guerre, quoique radicalement différente. De nouveaux temples furent bâtis ainsi que des églises, car la présence chrétienne ne disparut en fait jamais. Il y eut même, après la guerre, une augmentation du nombre de fidèles. Parmi ceux-ci, le radiologue Takashi Nagai (1908-1951), le premier citoyen honoraire de la ville, mort de la leucémie diagnostiquée en (deux mois avant le lancement de la bombe) qui ne devait lui laisser que 2-3 ans à vivre. Quelques débris furent laissés en place en souvenir du bombardement : comme une porte (torii) dont il ne reste plus qu'un poteau dressé.
Comme Hiroshima, Nagasaki présente son parc de la Paix et les deux villes sont associées dans les protestations contre les armes atomiques et leurs essais.
De nouveaux bâtiments furent créés pour servir de mémorial, tel le musée de la Bombe atomique,.
Après-guerre
Nagasaki reste une ville portuaire, avec une construction navale florissante. Les chantiers de construction navale de Mitsubishi Heavy Industries, créés en 1857, sont parmi les plus importants du monde après ceux de Hyundai à Ulsan (Corée du Sud). Début , la direction de Mitsubishi Heavy Industries a annoncé que, face aux mauvais résultats, les chantiers navals de Nagasaki seraient regroupés dans une seule société de construction navale avec ceux de Shimonoseki, pour rechercher des synergies et des partenariats. Parallèlement, il a déjà été décidé fin 2016 de fusionner la branche de conception et construction de moteurs diesels marins avec la société Kobe Diesel.
La ville est desservie depuis 1975 par l'aéroport de Nagasaki, installé sur une île artificielle.
Dans la nuit du 17 au , Itchō Itō, le maire de la ville fut assassiné par un yakuza.
Culture
Patrimoine et tourisme
- Cathédrale catholique d'Urakami. Située à côté du parc pour la Paix, elle a été reconstruite en 1959. Principalement constituée de briques, elle est située à ce qui fut l'hypocentre de l'explosion de la bombe atomique. Elle abrite la Vierge de Nagasaki ;
- église d'Ōura : édifiée en 1864 sous l'égide de l'évêque français Bernard Petitjean, c'est la plus vieille église japonaise. Par le passé, et selon les moments, la communauté catholique locale s'y rendait parfois clandestinement. Elle est, aujourd'hui, classée Trésor national du Japon ;
- sanctuaire des Seize martyrs ;
- le pont Megane : pont de pierre inscrit sur la liste officielle des biens culturels importants du Japon depuis 1960 ;
- le jardin Glover ;
- temples bouddhistes :
- Kōfuku-ji,
- Sōfuku-ji,
- Fukusai-ji,
- Shōfuku-ji ;
- temple de Confucius : Kōshi-byō.
Source: Wikipedia ()
Nagasaki dans la littérature
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