Arras

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Arras : descriptif

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Arras

Arras (/a.ʁas/ ou /a.ʁɑs/, ; en picard : Aro) est une commune française, préfecture du département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France

Ses habitants sont appelés les Arrageois. Capitale historique et administrative du département du Pas-de-Calais, au cœur de la zone économique agroalimentaire la plus étendue au nord de Paris, Arras est, avec ses 42 600 habitants, la deuxième ville la plus peuplée du département après Calais. Elle est le siège de la communauté urbaine d'Arras, qui regroupe 109 776 habitants en 2021 sur 46 communes

Avec les villes de l'ancien bassin minier situées un peu plus au nord, elle est directement sous l'influence de l'« aire métropolitaine de Lille », ensemble métropolitain de près de 3,8 millions d'habitants dont le centre, la ville de Lille, ne se trouve qu'à 45 km. Historiquement, Arras était, sous l'Ancien Régime, la capitale de la province de l'Artois, un grand centre religieux et une cité prospère connue pour ses fabrications drapières

Ville universitaire, Arras se caractérise aujourd'hui par sa grande jeunesse : en effet, 33 % des habitants de l’agglomération ont moins de 25 ans

Elle accueille également le Main Square Festival, événement musical qui se tient chaque année en juillet. Arras est réputée pour ses deux magnifiques places baroques qui forment un ensemble architectural unique en Europe, son beffroi et sa citadelle, tous deux classés au patrimoine mondial de l'UNESCO

Avec 225 édifices protégés au titre des monuments historiques, Arras est la ville avec la densité de monuments historiques classés la plus importante de France. La ville est également connue pour être le berceau de la culture littéraire picarde, avec ses trouvères comme Jean Bodel ou Adam de la Halle

Ce qui en fait pour certains la capitale littéraire de la Picardie, ou encore la clé de voute de l'identité picarde.

Géographie

Localisation

Arras se situe dans l'Artois, à environ 17 Lens, 45 Lille, 56 Amiens 100 Calais et 160 Paris à vol d'oiseau. La ville est à proximité de la vaste eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai. Chef-lieu du Pas-de-Calais, elle en est pourtant excentrée dans le sud-est.

Les limites du territoire communal.
Carte interactive (double-cliquer sur la carte).

Le territoire de la commune est limitrophe de ceux de neuf communes :

Communes limitrophes d’Arras
Anzin-Saint-Aubin Sainte-Catherine,
Saint-Nicolas
Saint-Laurent-Blangy
Duisans Arras Tilloy-lès-Mofflaines
Dainville Achicourt Beaurains

Géologie et relief

Géologie

Le sol d'Arras est composé de craie, roche vieille de 90 millions d'années. Cette craie fut exploitée depuis les premiers siècles de notre ère ; elle servit à l'édification des bâtiments de pouvoir et de prestige, et donna son nom de « ville blanche » à Arras. L'argile est également présente. Elle a été utilisée pour la fabrication des briques, utilisées pour des bâtiments moins nobles ou en décoration des façades au à l'ouest au-delà du territoire communal.

Au  siècle, Demangeon démontre l'existence d'une Picardie géographique à travers ce qu'il intitule la plaine picarde, qui est la vaste plaine de craie s'étendant de Beauvais à Arras, de Cambrai et Laon, jusque Abbeville et le Boulonnais.

Relief

L'altitude varie de 52 mètres au nord, où coule la Scarpe, à 99 mètres au sud. Les collines (de Baudimont, de La Madeleine) alternent en pentes douces avec les bas quartiers (de Méaulens, de la basse ville du . La citadelle, la basse-ville et la gare (à l'ouest) se situent à environ 75 mètres d'altitude. En limite nord-ouest, l'altitude remonte au niveau du Mont Saint-Vaast (supérieur à 85 mètres).

Hydrographie

Le territoire de la commune est situé dans le bassin Artois-Picardie.

Le territoire communal est au confluent du Crinchon et de la Scarpe, affluent de l'Escaut. La Scarpe passe juste au nord de la limite communale ; elle est canalisée à partir de l'écluse Saint-Nicolas.

Le Crinchon, qui entre dans le territoire communal par le sud-ouest, est enterré dans sa traversée de la ville. On le retrouve au nord, à l'ouest du bassin Méaulens (appendice en amont du canal), avant qu'il ne se jette dans la rivière. Autrefois, il inondait les fossés de la citadelle et séparait la ville en deux.

La commune est rattachée à l'agence de l'eau Artois-Picardie.

Réseau hydrographique d'Arras.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Nord-est du bassin Parisien, caractérisée par un ensoleillement médiocre, une pluviométrie moyenne régulièrement répartie au cours de l’année et un hiver froid (.

Pour la période standard 1971-2000 (série incomplète, la station étant installée à partir de 1986), la température annuelle moyenne est de 10,1 amplitude thermique annuelle de 14,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Wancourt à 8 vol d'oiseau, est de 10,8 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Le 25 juillet 2019, la température relevée est de 41,7 °C, ce qui est le record de chaleur atteint dans la ville. Le 19 janvier 2024, la température de -14,7 °C est relevée pendant la nuit. C'est la température la plus froide qu'ait connue la ville depuis le début des mesures. Cependant les mesures n'ont commencé à Arras qu'en 1986, soit après les grands hivers survenus dans la région au XXe siècle jusqu'au début des années 1980. Pour les périodes antérieures à 1986, on peut se référer à la station plus ancienne de Lille-Lesquin.

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Toponymie

Le nom de la localité est attesté sous les formes Nemetocenna vers 50 avant J.-C. ; Nemetac vers 27 avant J.-C. ; Ὀριγίακον, Nemetacum au .

Jules César mentionne la ville sous la forme Nemetocenna dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. Le premier élément est le celtique nemeto- « enclos sacré, temple », suivi d'un second élément -cenna, dont l'origine n'est pas établie.

À l'époque romaine, lors de la réorganisation du village en civitas, le nom est attesté sous une forme latinisée Nemetacum Atrebatum. Ce nouveau toponyme est toujours formé sur la base du radical Nemet-, mais -cenna y est remplacé par le suffixe gallo-roman d'origine gauloise -acum, ayant dans ce cas une fonction locative, comprendre « lieu de l'enclos sacré, lieu du temple », suivi de l'ethnonyme latinisé Atrebatum désignant les Atrebates, dont elle est le chef-lieu. Comme souvent, seul le nom du peuple subsistera selon un processus bien connu ailleurs en Gaule. Atrabatæ vers 300 pour Les Atrébates (en latin Atrebates), peuple celte de Gaule belgique, Ils vivaient en Atrébatie correspondant approximativement à l'Artois, dont l'étymologie s'explique par leur nom. Leur oppidum Nemetocenna (ou Nemetacon « le pays, le terrain appartenant au sanctuaire » cf. nemeto- et suffixe -āko.) est connu à partir de la période du Bas-Empire romain sous le nom Arras (Atrebate au ethnonyme selon un processus fréquemment observé en Gaule.

Elle est connue sous ce nom dès le . Le [t], devant le [r], s'est régulièrement amuï en langue d'oïl (cf. verre < ancien français voirre < gallo-roman VITRU, du latin vitrum qui a donné aussi vitre par emprunt savant).

L'homophonie avec Arras (Ardèche, Aratica 987) et Arras (Hautes-Pyrénées, vraisemblablement ancien *Arrast) est fortuite. En Allemagne, dans l'arrondissement de Saxe centrale, un hameau près de Leisnig et un village près de Geringswalde sont aussi nommés Arras, il s'agit vraisemblablement d'un transfert de toponyme dû à des immigrés au Moyen Âge. Il y a un château Arras en Allemagne au long de la Moselle, non loin de Cochem. On retrouve le nom de famille Arras en Belgique (Flandre) et en Allemagne (Hesse), mais il peut s'agir aussi de descendants de Huguenots venus du sud de la France.

En néerlandais et allemand, Arras se nomme Atrecht, ce qui semble signifier « pont (ou gué) sur l'Aa » (cf. Maastricht, « pont sur la Meuse », etc.) ; toutefois les rivières qui passent à Arras ne sont pas l'Aa mais la Scarpe et son affluent le Crinchon. Il s'agit ici d'une coïncidence avec le composant -trecht, -drecht ou -tricht, qui en bien d'autres lieux du domaine néerlandophone désigne un passage de rivière.

  1. Comte Auguste De Loisne, Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais, Paris, (lire en ligne), p. 14.
  2. «  », sur le site de l'Arbre Celtique (consulté le ).
  3. Janssens 2008, p. 42.
  4. Janssens 2008, p. 46.
  5. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, édition Larousse, 1968 (réédition Guénégaud 1979), p. 29a.
  6. «  ».


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Histoire

Appartenances historiques

Empire romain (Gaule belgique) 27 av J.-C.-465 (492 ans)

Royaume des Francs 465-800 (335 ans)

Empire carolingien 800-843 (43 ans)

 Francie occidentale 843-863 (20 ans)

 Comté de Flandre 863-1180 (317 ans)

 Royaume de France 1180-1364 (284 ans)

 Royaume de France 1364-1384 (20 ans)

 Pays-Bas bourguignons 1384-1477 (108 ans)

 Royaume de France 1477-1482 (5 ans)

 Pays-Bas bourguignons 1482-1493 (11 ans)

 Pays-Bas espagnols 1493-1640 (147 ans)

Royaume de France 1640-1792 (152 ans)

 République française 1792-1804 (12 ans)

Empire français 1804-1814 (10 ans)

 Royaume de France 1814 (1 an)

 Empire français (Cent-Jours) 1815 (1 an)

Zone d'occupation par le Royaume-Uni 1815-1818 (3 ans)

 Royaume de France 1818-1830 (12 ans)

 Royaume de France 1830-1848 (18 ans)

 République française 1848-1852 (4 ans)

Second Empire 1852-1870 (18 ans)

 France 1870-1940 (70 ans)

Administration militaire de la Belgique et du Nord de la France 1940-1944 (4 ans)

France depuis 1944

Préhistoire

L'homme de Néandertal occupe la région, à proximité d'Arras, il y a 200 000 ans.

Antiquité

Âge du fer

À l'Âge du fer, les Atrébates, un peuple celte de Belgique fondent l'oppidum de Nemetocenna "le pays, le terrain appartenant au sanctuaire" qui devient leur capitale,,. Leur nom est probablement issu du celtique *Adtrebates de *Ad-treba-ti peut-être « ceux qui habitent » ou « ceux qui possèdent des villages », il évoluera en Artois. On retrouve ainsi de nombreux vestiges de la période, situés entre la Scarpe, le Crinchon et le Gy.

Lors de la bataille du Sabis en 57 Viromanduens et les Nerviens est défaite par les légions romaines de Jules César. L'année suivante, l'Atrébatie ainsi que la capitale, Nemetocenna passe sous l'allégeance Romaine en 56

Un nouveau roi, Com (Commius en latin) est désigné pour régner depuis Nemetocenna. César lui confie la tâche de convaincre les peuples du sud de l'île de Bretagne de se soumettre au peuple Romain. Cette tâche est si bien menée que César dispense les Atrébates du tribut levé sur les populations conquises et leur restitue leurs lois et leurs institutions.

Cependant en 52 av.J.C., Commius prend fait et cause pour Vercingétorix et la révolte Gauloise. Il se rend à Alésia, alors assiégée, avec 4000 soldats de Nemetocenna et ses environs. Après avoir continué les combats en Atrébatie pendant un an, il dépose finalement les armes en 51 av.J.C. et se rend à Marc-Antoine,.

Il part en exil en Bretagne. Il y rejoindra les Atrébates insulaires, remontant la Tamise et fondera un nouveau royaume en -40 dont la nouvelle capitale sera Calleva Atrebatum, ancienne Silchester.

À la suite de la trahison et de la défaite de Com, les légions Romaines occupent l'Atrébatie. Nemetocenna passe alors totalement sous contrôle romain et devient Nemetacum.

Époque romaine

La région est conquise par les Romains en 56 guerre des Gaules. Vers 15 , qui fut fortifiée lors des premières incursions de peuples germaniques au .

Situé au nord de l'empire, Arras abrite au Freyr et témoigne de la porosité des frontières et de la germanisation de celles-ci.

Au .

En 406-407, les Germains détruisent la ville.

En 428, les Francs saliens menés par Clodion le Chevelu conquirent toute la région jusqu'à la Somme. Le général romain Aetius préféra négocier la paix et conclut avec Clodion un traité (fœdus) qui fit des Francs, des « fédérés » combattant pour Rome.

Lors de leur invasion de la Gaule en 451, Attila et les Huns dévastent Arras et plusieurs villes de la région, Thérouanne, Tournai, etc., avant de se diriger vers Amiens et Paris.

Après la conversion de Clovis, un évêché fut créé à Arras en 499, et confié à saint Vaast ; mais il fut rapidement rattaché à celui de Cambrai.

Moyen Âge

Développement au Haut Moyen Âge

Saint Aubert, évêque de Cambrai, transfère le corps de saint Vaast sur les bords du Crinchon et fonde l'abbaye Saint-Vaast en 667.

Au comtes de Flandre qui y établissent une châtellenie héréditaire.

En , l'évêque d'Arras, Gérard de Cambrai, réunit en l'église Sainte‑Marie un synode pour lutter contre une hérésie, qui sera réprimée.

En 1105, une épidémie provoquée par un champignon sur le blé touche la ville, puis cesse. Certains parlent du « miracle de la sainte Chandelle ».

Une ville rayonnante de 1150 à 1250 environ

Des activités liées à l'eau sont possibles grâce à l'emplacement de la ville : les bateaux peuvent accoster place de l'ancien rivage, et l'eau du Crinchon est utilisée dans la fabrication des tissus. Au abbaye Saint-Vaast permet à la ville de compter onze églises. La prospérité de la ville se traduit dans la reconstruction de sa grande cathédrale en 1161, la cathédrale Notre-Dame-en-Cité, aujourd’hui complètement disparue car détruite sous la Révolution,. En 1163, la ville se dote d'une charte pour les affaires de la cité, qui sert d'exemple aux villes de Flandres.

Arras compte environ 35 000 habitants qui développent un commerce jusqu’à l’Orient grâce à l’industrie drapière : les tapisseries d’Arras sont connues jusqu’en Italie sous le nom d'arazzi et en Angleterre tout simplement sous le nom d’Arras. En Pologne, à Cracovie, le château royal du Wawel abrite plus de cent pièces, la plus importante et la plus précieuse collection de tapisseries d’Arras de l’époque de la Renaissance.

En 1191, le traité d’Arras est signé : le territoire actuel du département entre dans le giron du domaine royal.

Au paroisses, onze églises, deux chapelles, un praiel, trois hospices, quatre moulins et une halle.

Du  siècle au  siècle, Arras fut un centre culturel important. Située dans le domaine picard, et en tant que plus grand centre littéraire urbain européen au  siècle, elle s'élève au rang de capitale littéraire de la Picardie à cette époque,. Dès le début du  siècle, on trouve à Arras une Confrérie des Jongleurs et Bourgeois. Au sein de cette association, le trouvère arrageois Adam de la Halle écrira Le Jeu de la feuillée, première œuvre de théâtre profane en français, précisément en dialecte picard. C'est dans cette même ville que Jean Bodel compose Le Jeu de saint Nicolas, premier miracle français.

Une ville bourguignonne tourmentée à la fin du Moyen Âge

La ville est ensuite bourguignonne du XIVe siècle au XVe siècle.

En 1415, Colart de Montbertaut, mayeur d'Arras, trouve la mort lors de la bataille d'Azincourt en 1415.

En 1430, Jeanne d'Arc, prisonnière, est enfermée dans la région d'Arras, peut-être au château de Bellemotte à Saint-Laurent-Blangy. La paix d’Arras de 1435 réconcilie les Valois de France et de Bourgogne, et met fin aux guerres commencées en 1345.

Arras et l'Artois marquent la frontière Ouest de ces territoires, devenant une zone majeure des conflits internationaux.

En 1460, commença à Arras un des plus célèbres procès en sorcellerie de l'Inquisition, la grande vauderie d'Arras.

Dans la seconde moitie du villes de la Somme dont Arras, de son oncle Philippe III de Bourgogne, Louis XI y séjourna paisiblement en janvier 1464. Par ses lettres patentes expédiées en février 1464, le roi autorisa une foire de trois jours par an à cette ville, afin que la fuite de devises soit diminuée, en raison des foires puissantes d'Anvers et de Bruges. Selon le Traité de Conflans (1465) puis celui de Péronne (1468), le roi dut les rendre à Charles le Téméraire. À la suite de la mort de ce dernier, l'armée royale occupa Arras en mai 1477, après plusieurs mois de batailles. Imposée alors de 43 000 écus d'indemnité, la ville se vida rapidement.

Louis XI voulut la repeupler de gens mecquaniques de tous estats, mestiers et vacations empruntés aux principales villes de France. Par exemple, Laval dut fournir son contingent qui part le . Ils arrivèrent dans la ville désolée, et bien peu y demeurèrent malgré les privilèges étendus qui leur y étaient offerts. Très peu néanmoins revinrent dans leur ville natale.

Le , Arras devint française. Le traité d'Arras (1482), la paix entre la France et l'Autriche, conclut que l'Artois entrait dans la dot de Marguerite d'Autriche, fiancée du futur Charles VIII. Les anciens habitants refuges jusqu'à Lille et à Roubaix commencèrent à revenir, notamment les bourgeois. Enfin, en 1491, le mariage obligé de Charles VIII et d'Anne de Bretagne, selon une situation politique délicate, fit rendre la ville d'Arras au Habsbourg, avec Marguerite d'Autriche qui avait grandi à Amboise, fille de feue Marie de Bourgogne.

Époque moderne

Pendant la Renaissance

Au début du et Charles Quint. En 1525, il n'y a plus qu'une centaine de marchands à Arras. L'activité textile ne s'améliore guère par la suite ; les conflits font fuir les artisans à Lille et Roubaix. Le Traité de Madrid de 1526 rattacha Arras aux Pays-Bas espagnols, mais il ne fut pas respecté par François Ier ; les conflits continuèrent jusqu'à la fin de son règne.

Lors de la Réforme qui enflamma la région, la ville d'Arras demeura fidèle au camp catholique, et signifia sa loyauté au roi d'Espagne lors de l'Union d'Arras en 1579. Ponthus Payen, bourgeois d'Arras, écrivit sur la révolte des Gueux (1566 et 1567) ainsi que sur « les troubles d'Arras » de 1577 et 1578.

Guerres de Trente ans
Plan du siège d'Arras.

Au cœur des dissentions politico-religieuses de l'époque, Arras est le symbole de la lutte entre l'accroissement du protestantisme, les révoltes de territoires allemands et la contre-réforme dont font partie les Habsbourg, alors la bête noire de la maison de Bourbon. De plus, les Provinces unies des Pays-Bas gagnent en indépendance sur les Pays-Bas espagnols et sont en guerre contre les Habsbourg lors de la guerre d'indépendance néerlandaise (1581-1609). Dans les années 1630, la Suède et les royaumes allemands (protestants) peinent à reprendre le dessus sur l'empereur et le roi d'Espagne. Le royaume de France s'engage dans le conflit en 1635.

Estampe satirique de la prise d'Arras.

Le siège d'Arras débute en juin 1640. En juillet les troupes espagnoles occupent le plateau du Mont-Saint-Éloi et organisent le blocus des ravitaillements. Richelieu ainsi que le roi Louis XIII organisent les renforts en guidant dix huit mille hommes des gardes françaises dont fait alors partie D'Artagnan. En fiction, c'est pendant ce siège que se déroule l'acte IV de Cyrano de Bergerac, où Christian trouve la mort.

La ville est finalement prise le 9 août de cette même année. Le beffroi gardera jusqu'en 1833 de nombreuses stigmates de boulets du siège de 1640.

En entrant dans la ville, les Français découvrent un message que les troupes des Habsbourg, avaient écrites sur une de ses portes : « Quand les Français prendront Arras, les souris mangeront les chats ».

Les Français conservèrent l'inscription, après avoir effacé le p du mot, prendront devenant : « Quand les Français rendront Arras, les souris mangeront les chats ».

L'entrée du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse à Arras le 30 juillet 1667. Toile d'Adam François van der Meulen (château de Versailles).

La ville est de nouveau assiégée par les Espagnols en 1654 (épisode du secours d'Arras) ; Vauban participe à sa défense sans commander et la ville est reprise par Turenne. Cependant, le rattachement à la France n’est définitif et ratifié qu’en 1659 par le traité des Pyrénées.

En 1668, la ville intègre le projet régional défensif de Pré carré de Vauban avec la construction de la citadelle. Elle est localisée en bas à gauche de la carte ci-contre.

En 1749, la Ville et la Cité d'Arras, possédant leur administration distinctes et séparées par un rempart, sont unies pour ne former qu'une. Le pouvoir échevinal de la Cité est transmis à celui de la Ville et supprimé.

Maximilien de Robespierre, natif d'Arras, est élu le 26 avril 1789 avec sept autres députés du Tiers état de l’Artois. Lors de la Révolution française, la municipalité est d’abord dirigée par Dubois de Fosseux, hobereau érudit, secrétaire de l’Académie d’Arras et futur président du Pas-de-Calais.

En compétition avec Aire-sur-la-Lys, Calais et Saint-Omer, Arras obtient finalement la préfecture du Pas-de-Calais.

De novembre 1793 à août 1794, se déroulent dix mois de terreur : la ville est alors sous la dictature de Joseph Lebon, maire d'Arras et député du Pas-de-Calais, qui instaure des restrictions alimentaires, ordonne 400 exécutions et détruit beaucoup d’édifices religieux (la cathédrale Notre-Dame-en-Cité notamment,). Il fut lui-même guillotiné en octobre 1795.

Fin août 1804, visite Arras. Devant l'état de délabrement de la cathédrale Notre-Dame-en-Cité, qui avait été transformée en carrière de pierre sous la Révolution, il décide de faire raser les ruines, tandis que l'église abbatiale Saint-Vaast est érigée en cathédrale,,.

Arras voit stagner sa démographie et son activité économique alors que Lille sous le coup de la révolution industrielle explose. Sous l’impulsion d’Émile Legrelle, maire dynamique, Arras démantèle une partie de ses remparts pour établir de vastes boulevards périphériques, réaliser un nouveau réseau d’égouts, et se dote d’une nouvelle gare ferroviaire en 1898 (la précédente, ouverte pour l’ouverture de la ligne Paris - Lille, datait de 1846).

Époque contemporaine

Second Empire

Au milieu du industrialise avec les techniques de mécanisations modernes.

Belle époque

Le 28 mars 1904, à la grande époque des Expositions universelles, a lieu l'ouverture à Arras de l'Exposition du nord de la France. Elle dure jusqu'au 9 octobre. Le président de la république Émile Loubet et Émile Combes, président du conseil, viennent la visiter le 23 mai.

Entre 1912 et 1914, le régiment d'infanterie fut caserné à Arras. À cette époque, son chef était le colonel Philippe Pétain, qui avait parmi les officiers sous ses ordres le sous-lieutenant Charles de Gaulle.

Première Guerre mondiale : une ville détruite et une base secrète souterraine
Les bois et forêts où les armées tentaient de se cacher ont été ravagés par les pilonnages, ici entre Arras et Bapaume.
La Grand-place durant la Première Guerre mondiale par Félix Gréban de Saint Germain.
Carte postale ancienne représentant l'Hôtel-de-Ville et le beffroi d'Arras en flammes à la suite du bombardement allemand du 7 octobre 1914.
Destructions de la Première Guerre mondiale.
Le roi George V inspecte le H.M. Gun « Boche Buster », canon naval de 14 pouces monté sur chemin de fer, à Marœuil, à 10 1918.

La Première Guerre mondiale inflige des destructions considérables au patrimoine arrageois car la ville était située à moins de 10 km du front, et elle était l’enjeu des coûteuses batailles d’Artois.

L'état-major de la mobilisation générale le

Dès le , les cavaliers uhlans sont à Tilloy-lès-Mofflaines, et une patrouille de soldats fait une première incursion dans Arras, suivie le 6 septembre, de 3 000 hommes et d'un état major (commandés par le général Hans-Jürgen von Arnim) qui s'installe dans les casernes, la citadelle et en ville. Un régiment de goumiers arabes tente de défendre les environs de la ville. En septembre, les soldats de Louis Ernest de Maud'huy repoussent une partie des troupes allemandes ; on creuse des tranchées dans les faubourgs d'Arras. L'hôtel de ville d'Arras brûle le 7 octobre et le beffroi est détruit le 21, puis la cathédrale et le palais Saint-Vaast sont victimes des bombardements en juillet 1915.

Le

En secret, les Britanniques transforment les carrières de craie sous la ville pour qu'elles puissent accueillir les 24 000 soldats nécessaires au bon déroulement de la bataille d'Arras du 9 avril 1917. Le site de la Carrière Wellington rappelle aujourd'hui cette série de faits qui font d'Arras l'un des deux théâtres majeurs de l'Offensive Nivelle.

Après la guerre, la ville, ravagée aux trois quarts, a été décorée de la Croix de guerre 1914-1918 le . Elle est reconstruite presque à l’identique, et en profite pour s’étendre. Dans les arrondissements d'Arras et Béthune, 150 000 .

La ville contemporaine : transition puis réveil de la « belle endormie »

Le 22 septembre 1922, à la briqueterie Durand, des Belges exhument un trésor du  siècle et du  siècle.

Arras subit à nouveau des destructions durant la Seconde Guerre mondiale, mais dans une moindre proportion par rapport à l'anéantissement après 1914-1918. Le 21 août 1941, pour la première fois à Arras, des prisonniers de la citadelle sont fusillés par les Allemands. Le 29 avril 1942, la Résistance lance un coup de main sur l'immeuble de la Gestapo à Arras. Le 4 juillet 1942, les cheminots Eugène d'Hallendre et Lucien Delassus rencontrent à Arras Roland Farjon, responsable pour le Nord du réseau de résistance Organisation civile et militaire (OCM), dans le but de l'implantation du réseau dans la région.

De 1945 à 1975, le député SFIO et à plusieurs reprises président du Conseil Guy Mollet est le maire de la ville. Sous ses mandats, Arras s'équipe en édifices publics majeurs, notamment une nouvelle mairie, quatre lycées généraux et deux lycées professionnels. Néanmoins, la ville peine à tirer son épingle du jeu sur le plan économique et demeure éclipsée par l'attractivité du puissant bassin minier et la métropole lilloise. L'industrie arrageoise décline, le commerce également.

Le renouveau de la ville s'amorce dans les années 1990, alors que le bassin minier s'enfonce dans la crise de la désindustrialisation. Arras est choisie pour accueillir la direction de la nouvelle université d'Artois, elle bénéficie également d'une desserte TGV liée à la proximité de la LGV Nord. Arras développe ses activités de services autour du commerce de proximité et du tourisme : l'ouverture de la Carrière Wellington en 2008 annonce la réorientation de l'activité vers le tourisme de mémoire. Les zones industrielles amorcent leur renouveau en mettant l'accent sur l'agro-alimentaire et la confection de produits finis à haute valeur ajoutée (usine Häagen-Dazs) et la logistique.

Le , Dominique Bernard, professeur agrégé de lettres modernes, enseignant au collège intégré du groupe scolaire Gambetta, est assassiné par un islamiste tchétchène. À titre posthume, il est nommé par décret du président de la République daté du 18 octobre 2023 chevalier de la Légion d'honneur.

Vie militaire

Arras, une ville dite picarde à travers l'histoire

Dès le Moyen-Age, la ville est dite picarde par Barthélémy l'Anglais, qui inclut les villes d'Arras, d'Amiens, de Beauvais et de Tournai en Picardie.

On retrouve ainsi des documents qui attestent la présence d'Arras en Picardie ;

« grand plaisir à voir draps et hautes lices ouvrés à Arras en Picardie »

— Jean Froissart, Chroniques

Blanche Wissen, professeure à l'Université de Montréal, énonce que le rôle des universitaires picards à cette époque est fortement documenté, et que la Nation de Picardie s'illustre assez vite par sa langue et son sens critique, ainsi que par un esprit batailleur. Elle énonce par ailleurs qu'« Arras, son histoire, ses éléments culturels constitutifs et sa configuration représente la clé de voûte de l'identité linguistique picarde, et littéraire ».


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Héraldique

Blasonnement :
De gueules au lion d'or armé et lampassé d'azur, à l'écusson brochant en abime sur le tout aussi d'azur semé de fleurs de lys d'or brisé d'un lambel de gueules de trois pendants chargés chacun de trois châtelets aussi d'or rangés en pal.

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Arras dans la littérature

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