Villetaneuse
Localisation
Villetaneuse : descriptif
- Villetaneuse
Villetaneuse [viltanøz] est une commune française, située dans le département de la Seine-Saint-Denis en région Île-de-France. Ses habitants sont appelés les Villetaneusiennes et les Villetaneusiens.
Géographie
Localisation
Villetaneuse est une ville de la banlieue parisienne située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris. Située en Seine-Saint-Denis, elle est limitrophe du Val-d'Oise.
Communes limitrophes
Les communes limitrophes sont Saint-Denis, Épinay-sur-Seine, Pierrefitte-sur-Seine et Montmagny.
Hydrographie
Le ru des Haras ou ru d'Arra, petit ruisseau provenant des versants du plateau de Montmorency et en direction de la Seine, se trouve en limite ouest de la commune, qu'elle sépare de Montmagny.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Sud-ouest du bassin Parisien, caractérisée par une faible pluviométrie, notamment au printemps (120 à 150 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,7 amplitude thermique annuelle de 15,3 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Bonneuil-en-France à 7 vol d'oiseau, est de 12,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
Villetaneuse est mentionnée sous les formes suivantes : Villa Tineosa vers 1120 ; Villa Teignosa en 1209 ; Villa Teigneuse en 1313 ; Villa Scabiosa chêne ou d'aulne moulue) afin de pouvoir tanner les peaux, ou de Villa stagnosa (domaine des étangs).
Histoire
-
Extrait de la carte de Cassini. Villetaneuse est au nord-ouest de Saint-Denis. -
Les terroirs de Stains-Pierrefitte-Villetaneuse-Epinay en 1707 -
Carte des Chasses du Roi (1764-1773)
Moyen-Âge
La première mention de Villetaneuse est attestée vers 1120, de Ricardus de Villatenosa. Le fief de Villetaneuse relève alors à la fois du seigneur de Montmorency et de l'Abbé de Saint-Denis.
Au début du collégiale Saint-Martin de Montmorency possède des vignes à Villetaneuse, ainsi que des droits de cens.
Temps modernes
Aux 1650, Julien Chauveau, procureur au Parlement en 1588…
Dès 1463, il est fait mention des carrières de pierre à plâtre de Villetaneuse, qui constituent, avec l'agriculture, la principale richesse de Villetaneuse. Un acte de 1613 indique qu’Anne Robert, avocat au Parlement, seigneur de Villetaneuse, demeurant à Paris, et Jacques Doublet, religieux à Saint-Denis, échangent leurs droits seigneuriaux réciproques qu'ils possèdent à Pierrefitte et à Villetaneuse. En 1658, Villetaneuse est érigé en comté, regroupant également La Briche et Épinay. La paroisse Saint-Liphard est créé au lieutenant général de police sanctionne des carriers qui exploitent la pierre à plâtre sans autorisation. Un château figure sur les cartes d'Ancien régime, telle que la Carte des Chasses reproduite sur le côté, château que l'Abbé Lebeuf décrit ainsi : « Le château, accompagné de deux pavillons, était environné de fossés à fonds de cuve, revêtus de pierre, et pleins d'eau ; le parc clos de murs dans lesquels il y a un taillis et de la haute futaye, laquelle a été coupée depuis, plus 277 arpens de terre, prés et vignes, tant sur le territoire de Villetaneuse que sur celui de Pierrefitte. Il paraît que la source qui remplit les fossés de ce château est dans les fossés mêmes. Cette source s'écoule ensuite dans la rivière de Crould (sic), un peu avant que celle-ci se jette dans la Seine ».
Époque contemporaine
En 1815, un violent incendie cause de grands dommages au château. Il est à supposer qu'il ne fut pas reconstruit, car, en 1825, la carte de Maire indique qu'il ne reste plus du château que le Parc. En 1883, l'ancien enclos du château, qui est resté entouré des fossés qu'avait décrits Lebeuf, devint le siège d'une blanchisserie, dite Blanchisserie du Château de Villetaneuse. Le conseil municipal protesta, en , contre les inconvénients qui pouvaient résulter, au point de vue de la salubrité, des eaux de lessive, chargées d'ingrédients divers, déversées dans le rû du Rouillon par cette « buanderie » et réclama l'assainissement du ru, depuis ce point jusqu'à la limite du territoire communal. C'est l'origine de l'actuelle zone d'activité de Villetaneuse.
Les circonscriptions religieuses sous l'Ancien Régime incluent : Paroisse : Villetaneuse, Doyenné : Montmorency, Archidiaconé : Paris et Diocèse : Paris.
Circonscriptions administratives sous l’Ancien Régime :
- Intendance : Paris,
- Élections : Paris,
- Subdélégation : Saint-Denis,
- Grenier à sel : Paris,
- Coutume : Paris,
- Parlement : Paris,
- Bailliage : Prévôté de Paris,
- Gouvernement : Île-de-France.
De 1850 à 1960
Au maraîchère prédomine, mais les carrières de pierres à plâtre sont très présentes dans les contreforts de la Butte-Pinson.
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Vue générale de Villetaneuse, au début du XXe siècle.
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Une carrière de gypse à Villetaneuse, au début du XXe siècle.
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La zone d'activité du Château au début du XXe siècle.
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La guinguette du Vert-Galant, sensiblement à l'emplacement du centre commercial BienVenu, dans les années 1900.
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La rue principale de Villetaneuse dans les années 1950-1960, aujourd'hui rue Roger-Salengro.
Villetaneuse est libérée en .
- Ancienne église
Si l'on sait qu'une paroisse dédiée à saint Liphard existe depuis le abbé Lebeuf et semble dater de la première moitié du cimetière, et par conséquent, assez loin du centre de bourg rural : c'était plus la chapelle du château de l'église de la paroisse.
Selon les registres du conseil municipal, le maire exposa au conseil le que « l'église est insuffisante, insalubre et en très mauvais état, située dans un endroit isolé et marécageux, presqu'à un kilomètre de la commune », et qu'il était indispensable de la reconstruire. Le conseil se rangea à cet avis et manifesta ses préférences au point de vue de l'emplacement, pour la propriété du sieur Perrin (Alexandre) à l'angle formé, de nos jours, par la rue du et la rue Roger-Salengro, emplacement qui constituait alors l'entrée sud du bourg.
Cet emplacement fut, en effet, adopté, mais plusieurs années seulement après, et à la suite de beaucoup de tâtonnements pour l'adoption d'un devis qui paraissait toujours trop élevé. Un décret du autorisa enfin la commune : 1° à acquérir de la dame veuve Perrin, née Fauveau, et du sieur Miller (François), moyennant 8 400 francs, le terrain et les bâtiments où seraient élevés la nouvelle église, et ultérieurement un presbytère; 2° à aliéner aux enchères publiques, sur la mise à prix de 11 200 francs, le presbytère et les matériaux de l'ancienne église. Les travaux de construction, menés sous la direction de l'architecte Deulin, furent achevés en 1857 ; finalement, le compte total de la dépense, s'élevant à 54 170,46 F., fut approuvé le .
« La façade principale se compose d'un mur que termine un pignon interrompu on son milieu par un campanile ou beffroi carré, ouvert sur ses quatre côtés par des fenêtres géminées garnies d'abat-sons et surmonté d'une flèche quadrangulaire avec croix.
La porte principale est plein-cintre et les moulures de l'archivolte se prolongent jusqu'au soubassement. Cette porte est encadrée de deux contreforts sur lesquels vient s'appuyer un fronton dont le tympan renferme une croix latine. Les façades latérales n'offrent rien de particulier. Le plan de cette église affecte la forme d'une croix latine. La grande nef a cinq travées jusqu'au transept. La première est occupée par une tribune ; les quatre autres sont ajourées de fenêtres plein-cintre, encadrées d'arcs qui s'appuient sur des pilastres peu saillants. Les deux côtés du transept s'ouvrent sur la nef par une grande arcade plein-cintre, au-dessus (le laquelle est placé un tableau portant inscription et surmonté d'un attique décoré de pilastres.
Le transept droit abrite la chapelle de la Vierge ; celui de gauche la chapelle de saint Liphard, sous l'invocation duquel l'église est placée ».
L'église a été représentée à plusieurs reprises par Maurice Utrillo. Malheureusement, cette seconde église, construite en pierre à plâtre locale, matériaux médiocre et peu pérenne, présentait de nombreux désordres, et un arrêté municipal du ordonna la démolition du clocher en raison de son « état de complet délabrement » Après l'effondrement de l'un des plafonds du transept, intervenu la nuit du 24 au , après la messe de Noël, la municipalité dut faire abattre ce bâtiment, devenu dangereux et irréparable. La nouvelle église, confiée à Raymond Ferlay, fut inaugurée le . Elle a conservé de l'église précédente sa cloche, et, d'une ancienne chapelle de la route de Saint-Leu, une statue antique de la Vierge Marie.
- Ancienne mairie
Le conseil municipal décida d'acheter en 1835 un terrain situé au centre du bourg, à l'angle de la rue Salengro et de l'avenue Jean-Jaurès (là ou se trouve aujourd'hui un espace vert) « pour y édifier une école primaire, une mairie et un corps de garde », qui fut conçu par l'architecte Lequeux en 1838. Le rez-de-chaussée de cette mairie-école servait de salle de classe des garçons et de salle de garde, l'étage servant à la mairie. Vers 1895, ce bâtiment fut complété d'un second à l'est, servant d'école des filles et de logement des instituteurs à l'étage. Au sud, un « préau » compléta l'ensemble jusqu'aux années trente, où le préau fut transformé en salle des fêtes et les écoles transférées dans le nouveau groupe scolaire de la commune, l'école Jean-Baptiste-Clément. En 1939, le bureau de poste, tout juste créé à Villetaneuse, s'installa dans les anciens locaux de l'école des filles.
Les bureaux de la mairie utilisèrent rapidement les locaux de l'école des garçons, puis, après la construction du bureau de poste de la rue du , la totalité des bâtiments, qui restaient toujours trop exigus pour satisfaire aux besoins des Villetaneusiens, et on parlait d'un nouvel hôtel de ville depuis les années soixante. Celui-ci a été construit dans le nouveau centre-ville par l'architecte Nina Schuch et a été inauguré en .
- Démographie en 1896
En 1896, la commune compte 708 habitants, dont 240 inactifs (enfants, femmes au foyer, vieillards). Les actifs se répartissent comme suit :
Activité | Nombre |
---|---|
Chefs d'industrie | 9 |
Banquiers, commerçants | 20 |
Commis ou employés | 24 |
Ouvriers, journaliers… agricoles | 81 |
Ouvriers, journaliers… d'usines | 127 |
Ouvriers, journaliers… de petite industrie | 46 |
Professions libérales | 4 |
Propriétaires et rentiers | 114 |
Professions inconnues | 1 |
La commune compte alors trois carrières de pierre à plâtre, employant au total 150 ouvriers, une fabrique de « fibre chamois » (50 ouvriers) et une fabrique d'engrais (10 ouvriers).
- Entre-deux-guerres
Entre les deux guerres mondiales, des petites zones pavillonnaires se créent, à l'écart de l'ancien bourg. Elles sont habitées par des ouvriers de Saint-Denis, un nombre important de gaziers de l'usine de Gennevilliers ou les cheminots du dépôt des Joncherolles, ce dernier étant créé en 1932 par la Compagnie des chemins de fer du Nord pour accueillir ses locomotives à vapeur de banlieue. Afin de loger les cheminots, la Compagnie du Nord construit également une cité ouvrière à proximité immédiate du dépôt, la Cité des Joncherolles, aujourd'hui encore gérée par une filiale HLM de la SNCF. La rue du Dépôt, située dans cette cité pavillonnaire, rappelle cette histoire ferroviaire.
Au début des années trente, si l'agriculture reste importante, l'activité économique de la commune est principalement assurée par les entreprises suivantes :
- Atelier de la Nobel Française, nouvelle dénomination de la Société Industrielle du Celluloïd, qui exploitait son entreprise de produits en celluloïd à l'emplacement de l'actuel centre commercial BienVenu et employait 300 personnes
- le Linge Azur, autre entreprise de celluloïd proche celle de la Nobel sur l'avenue de la Division Leclerc, employant 20 salariés
- Les carrières Cruvellier (20 carriers) et Vieujot (20 salariés)
- À l'emplacement de l'ancien château, les tanneries de Villetaneuse (20 salariés) et un dépôt de matériel et d'outillage, la Scémia (20 salariés) et la compagnie française de transformation métallurgiques (20 salariés).
Au total, ce sont 400 emplois qui existent au début des années trente à Villetaneuse, occupés pour la plupart par des personnes n'habitant pas la commune.
Après-guerre
Aux élections municipales de , Pierrette Petitot, jeune militante communiste, s’engage (les femmes n'ont le droit de vote et d’éligibilité que depuis l'année précédente) sur la liste issue de la résistance conduite par Yves Mahé. Cette liste remporte les élections, mais le nouveau maire, Yves Mahé, démissionne quelques mois plus tard. Le Conseil municipal choisit alors, pour lui succéder, Pierrette Petitot. Celle-ci devient ainsi à 27 ans, l’une des plus jeunes et premières femmes maires de France.
Villetaneuse a été très meurtrie par la guerre, le conseil municipal est composé de communistes, de socialistes, et de sans-parti (en particulier ceux qui avaient participé à la libération de la ville). Pierrette Petitot développent en priorité avec son équipe l’action sociale et la protection des enfants. Dès 1945, une consultation pour nourrissons est ouverte rue Roger Salengro. C’est l’ancêtre des centres de Protection maternelle et infantile d’aujourd’hui (PMI). La municipalité, sur proposition du maire, Pierrette Petitot, décide d’envoyer les enfants à la campagne, pour respirer le grand air. Ce sont les premières colonies de vacances. Une propriété à la campagne, « le chêne vert » (à Les Salles-Lavauguyon en Haute-Vienne), est achetée en 1951 par la Ville. Dans le même temps, est créé le patronage, ancêtre des centres de loisirs.
Villetaneuse était un gros village en 1945 (comme en témoignait Pierrette Petitot, le centre-ville était surtout habité par des paysans, et les maisons étaient très anciennes). Des années 1950 aux années 1970, le village de Villetaneuse se transforme en petite ville. Dans une commune qui manque de tout (il n'y avait pas d'équipements, pas d’égouts, comme dans nombre de petites communes de la banlieue parisienne), Pierrette Petitot met toute son énergie pour obtenir les matériaux et les crédits nécessaires à la construction de logements et d'équipements. L'équipe communale se bat pour l’agrandissement de l’école Jean-Baptiste Clément, la réalisation de nouveaux équipements scolaires et pour faire venir des lignes de bus.
Après avoir pansé les blessures de guerre, la commune poursuit son développement, avec notamment la création des premiers ensembles d'habitation destinés à remédier à la crise du logement (cités communales des rues Barbusse, Ozanam, Vaillant, immeubles du quartier sud, de la rue Maurice Grandcoing...). Une entreprise emblématique s'installe à Villetaneuse en 1956, les disques Vogue, qui jouèrent un rôle majeur dans la diffusion du jazz en France, et donnèrent leur chance à de nombreux jeunes artistes, tels que Johnny Hallyday, Antoine, Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Gérard Jaffrès,. Après la faillite de l'entreprise, les bâtiments du siège social ont été démolis, et le site est désormais occupé par un ensemble de pavillons, dont la toponymie (Mail Vogue, allées Sidney-Bechett et Django-Reinhardt) rappelle l'histoire. Les studios d'enregistrements subsistent dans la zone d'activité, allée des Acacias. La municipalité développe les services publics, en partenariat avec le conseil général, qui crée une crèche et une PMI dans les années 1960.
Création de l’université Paris-Nord
« En 1966, le ministère de l'Éducation nationale et la Délégation générale du District de la région parisienne lançaient un concours d'idées à deux degrés pour « un aménagement de la plaine de Villetaneuse-Deuil-Montmagny comportant un ensemble universitaire ». Le programme du concours insistait particulièrement - on cherchait sans doute déjà à éviter les erreurs de Nanterre - sur la nécessité de trouver une composition favorisant une utilisation commune des équipements publics et universitaires de toute nature. À l'issue du jugement du deuxième degré, l'équipe Adrien Fainsilber-Högna Sigurðardóttir obtint le premier prix en s'étant fixé pour objectif de faire de l'université un élément fondamental et dynamique de la structure urbaine et non une forteresse refermée sur elle-même et isolée du reste de la ville » (Gérard Négréanu).
La municipalité de Villetaneuse a donné un avis favorable, dès janvier 1960, à la mise en chantier à Villetaneuse de la faculté des sciences du nord de Paris, mais alors que l'emplacement prévu est augmenté (36 hectares au lieu de 20 initialement prévus et englobant alors 31 pavillons), Pierrette Petitot et son conseil municipal bataillent pour que soient garantis les droits des futurs expropriés, dont la réinstallation est sollicitée. Comme l'écrivait Pierrette Petitot, « le ministère de l'éducation nationale restant sourd à cette proposition de l'assemblée municipale, celle-ci décidait, le , la création d'un lotissement permettant la réinstallation des expropriés ».
Le projet de campus, mis en parenthèses pendant plusieurs années, fut repris en janvier 1970, sans doute comme une conséquence des événements de Mai 1968, avec l'objectif absolu d'ouvrir une première tranche du campus dès novembre 1970 et le surplus du centre d'études littéraires et juridiques (CELJ) à la rentrée 1971, moyennant une réduction drastique du programme et de la taille du campus, désormais réduit à une vingtaine d'hectares situés au centre la commune de Villetaneuse, alors que le projet mis au concours devait s'étendre sur plus de 300 hectares répartis sur les communes de Deuil-la-Barre, Montmagny et Villetaneuse.
Les éléments d'accompagnement du projet furent également réduits, puisque le RER prévu par le SDRIF de 1965, puis le prolongement de la ligne 13 du métro de Paris (par le SDRIF de 1975) n'ont jamais été réalisés, non plus d'ailleurs que les multiples projets autoroutiers qui devaient desservir le nord-ouest de la Seine-Saint-Denis. Du projet de ville universitaire, sans doute comparable dans son esprit à ce qui fut réalisé à Orsay, Bures-sur-Yvette… pour l'université Paris XI, ne fut réalisé à Villetaneuse que l'université, sans ses cités universitaires, et avec uniquement un restaurant universitaire, la Bibliothèque universitaire, un gymnase couvert (le COSEC), ainsi qu'une cité HLM, la cité Allende, initialement destinée à accueillir notamment les personnels de l'éducation nationale et d'autres agents publics.
Les architectes n'eurent donc que deux mois pour dessiner les premiers bâtiments, réalisés en préfabrication lourde de béton, mais la première rentrée du campus eut bien lieu à la rentrée 1970. Financé à hauteur de 62 % par l'État, un centre nautique (fermé depuis 2015) accompagne la construction de l'université.
La faculté des sciences, initialement dénommée Centre scientifique et polytechnique (CSP) a été construite en 1974. Aujourd'hui dénommé Institut Galilée, il a bénéficié d'une extension conçue par Jean Tribel. Dans le cadre d'un plan d'urgence ont été construits vers 1990 de nouveaux amphis pour le CELJ, afin d'accompagner la croissance du nombre d'étudiants. Le grand auvent a été transformé en forum, qui constitue désormais le vrai cœur du campus. Le campus, conçu de manière cohérente pour s'étendre au-delà du territoire communal et renouveler l'urbanisation, à la mode des villes nouvelles que l'on construisait alors, n'a ainsi constitué qu'une enclave placée au centre de la ville, isolant ses quartiers Nord et Sud. Jusqu'à la mise en service du T8, l'Université et la ville ne sont desservies que par la gare d'Épinay-Villetaneuse, qui malgré son nom, se trouve à près d'un kilomètre de la ville.
Années 1980-2005
Depuis 1975, Jean Renaudie étudiait la rénovation de Villetaneuse, afin de permettre d'une part de supprimer les anciens habitats insalubres en pierre à plâtre du vieux bourg et de lier la Ville à l'Université.
Cela se fit en deux temps :
- en 1982 et 1986 ont été construits les immeubles dits « soleil » ou « RHI », sur l'emplacement de l'ancien centre du bourg. Ces 262 logements HLM comprenaient une résidence pour personnes âgées ainsi que des commerces, qui n'ont jamais été dynamiques.
- en 1992 commença la réalisation de la ZAC du centre-ville, qui s'achève en 2007. Ont ainsi été construits le nouvel hôtel de ville, de nombreux services publics sociaux, 48 pavillons locatifs sociaux, 36 maisons individuelles groupées en accession, deux cités universitaires et environ 400 logements locatifs sociaux.
La démolition de l'ancienne mairie marqua le début du déclin du quartier qui l'entourait, dont la plus grande part avait été conçue par Jean Renaudie et son école, nécessitant l'élaboration d'un projet de renouvellement urbain conventionné avec l'ANRU en 2007. Parallèlement à ces opérations de logements, la commune, puis, plus tard, Plaine Commune ont développé la zone d'activité de Villetaneuse autour de son noyau, la zone du Château. La SNCF profita de ses emprises inutilisées du dépôt des Joncherolles (vacant depuis la fin de la traction vapeur) pour créer un atelier de grande dimension permettant l'entretien des rames de banlieue, et la municipalité parvint à obtenir la création du centre commercial BienVenu (autour de l'enseigne Continent, puis Auchan) à l'extrême sud de la Ville, sur des emprises qu'avait exproprié l'État vers 1966 et qui étaient restées peu employées, si ce n'est par des activités nuisantes.
À partir de 2004 débuta enfin la restructuration de la Cité Allende, étudiée dès 1990, et qui permit la réhabilitation lourde de 283 logements, la démolition de 5 des 14 bâtiments afin de dé-densifier et d'ouvrir la cité sur son quartier tout en organisant ses relations avec l'université qui la jouxte et en préparant l'arrivée du tramway T8. Deux rues ont été ouvertes à cette occasion.
2006-2015
Les années 2009 et suivantes sont consacrées à la mise en œuvre du projet de renouvellement urbain conventionné avec l'ANRU relatif au quartier nord de Villetaneuse, et qui porte principalement sur les bâtiments conçus par Jean Renaudie : ils sont tous réhabilités, mais la commune utilise l'ensemble des espaces en rez-de-chaussée pour y implanter des services à dominante sociale, et l'un des îlots est transformé en immeuble en copropriété. Une opération de redynamisation des commerces de proximité est engagée. Cette opération est réalisée par un ensemble de partenaires et d'opérateurs comme la SA HLM La Sablière, l'OPH Plaine Commune Habitat, l'établissement public d'aménagement de la Plaine de France, le promoteur DCF, etc. La mise en œuvre du projet universitaire et urbain se poursuit, avec notamment la construction de deux équipements de l'Université financés dans le cadre du Contrat de plan État-région 2000-2006 : celle de son gymnase, livré en 2012, et l'extension de la Bibliothèque universitaire. La livraison d'une soixantaine de logements locatifs construits entre la Cité Allende et la Piscine a eu lieu en 2011 pour achever ce quartier d'habitat.
En 2011 commence le franchissement des voies de la Grande-Ceinture dans le cadre de la création du T11 et de celle de la gare de Villetaneuse-Université. Depuis fin 2014, l'université est desservie par le tramway T8.
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Le premier ouvrage d'art construit sur le T11 : la passerelle de Villetaneuse-Université, photographiée pendant son chantier de construction, desservant la gare construite dans un second temps à cheval sur les voies, et qui relie l'Université Paris-XIII, dont on voit le gymnase universitaire à droite du cliché, et le quartier du Centre-ville, à gauche. Au fond à droite, le Centre nautique Jacques-Duclos, démolit depuis.
- Abbé Jean Lebeuf Histoire de la Ville et du Diocèse de Paris, de 1754, réimpression de 1883 tome I, pages 589-593, cité par Fernand Bournon, Monographie des communes de la Seine (Villetaneuse), édition Montévrain, Paris 1896.
- Carte topographique et statistique des environs de Paris, donnant la population de chaque commune et des notes sur ce qu'il y a de curieux à voir, dressée par Maire.
Cette carte est reproduite dans la monographie Antony, des origines à nos jours sous la direction d’Anne Fontaine, éd. Connaissance d'Antony, 1987 - Source : Atlas du patrimoine de la Seine Saint Denis
- « », leparisien.fr, (consulté le ).
- Fernand Bournon (direction), Villetaneuse : Notice historique et renseignements administratifs, Paris, Éditions Montévrain, lire en ligne) sur Gallica.
- Service des Beaux-Arts du Département de la Seine, Inventaire général des œuvres d'art décorant les édifices du département de la Seine, vol. 1 : Arrondissement de Saint-Denis, Chaix et Cie, .
- Antérieurement, Villetaneuse dépendait du bureau de poste de Pierrefitte, ou, au XIXe siècle, de celui de Saint-Denis
- Source : dénombrement de la population de 1896
- Hugues Vincent, « », (consulté le ).
- SOURCE : rapport de présentation du Projet d'aménagement de Villetaneuse déclaré d'utilité publique par décret du 21 mai 1933
- Régis Huleux et Béatrice Mayolle (Saint-Denis, PSD, , 107 ISBN ), p. 49-54
- Film en ligne, Intercommunalité et service public, l'électrification de la banlieue parisienne, témoignage de Pierrette Petitot (14 min 32 s). Film du centre d'Histoire Sociale (CNRS / Université Paris 1), 2014
- « », sur Mairie Villetaneuse (consulté le ).
- « » (consulté le ).
- « »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Mairie de Villetaneuse, (consulté le ).
- Sarah Tuchscherer, « Journées du patrimoine : à Villetaneuse, les studios Midilive font revivre la mémoire de la chanson française : Parmi les visites proposées en Ile-de-France à l'occasion des Journées du patrimoine, il y a celle des studios Midilive à Villetaneuse. Construits dans les années 70, par le mythique label Vogue, ils ont accueilli les plus grands noms de la variété française », France Bleu Paris, (lire en ligne, consulté le ).
- Gérard Négréanu, « Villetaneuse : l'université dans la ville », article paru dans la revue CREE (Créations et recherches esthétiques européennes) no 13, janvier/février 1972
- « Les retards dans la construction de la faculté des sciences de Villetaneuse », Le Monde, .
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