Grande-Synthe

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Grande-Synthe : descriptif

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Grande-Synthe

Grande-Synthe (en flamand occidental et néerlandais : Groot-Sinten) est une commune française située dans le département du Nord, en région Hauts-de-France. Avec ses 20 331 habitants, Grande-Synthe est la principale ville de la périphérie de Dunkerque, dont elle abrite d'ailleurs une partie du port.

Géographie

Situation

Une entrée de Grande-Synthe.

Limitrophe de Dunkerque, à 6  souhaitée]. En effet, Grande-Synthe est reliée à Lille par l'autoroute A25, au Tunnel sous la Manche via Calais et à Bruxelles par l'A16.

Cette proximité maritime confère à la ville un climat océanique tempéré. La ville a été amenée à renoncer à sa côte naturelle pour mieux accueillir les bateaux du monde entier grâce au port en eau profonde de Dunkerque.

Dans la Flandre française s'achevant sur les monts d'Artois, Grande-Synthe dispose d'un tissu d'axes de communication diversifié : autoroutes gratuites sur de longues distances, gare TGV à Dunkerque mettant Paris à h 30 de la côte, proximité du tunnel sous la Manche, voies navigables intérieures, première gare de triage de France en volume traité, etc.

Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap
Carte topographique

Communes limitrophes

Communes limitrophes de Grande-Synthe
Dunkerque Mer du Nord Dunkerque
Loon-Plage Grande-Synthe
Craywick Spycker Armbouts-Cappel

Topographie et géologie

Environnement

Capitale mondiale de la biodiversité 2010

La commune est l'une des premières de l'ancien Nord-Pas-de-Calais et de France à avoir largement appliqué les principes de la gestion différentiée de ses espaces verts pour y restaurer une certaine biodiversité. Elle dispose de plusieurs milieux importants pour la trame verte locale, dont le « Puythouck » (130 ha incluant 3 verger pédagogique) et le « Prédembourg » (81 importance paneuropéenne.

Ceci lui a permis d'obtenir le titre de Capitale française de la biodiversité, décerné par NatureParif, lors du année mondiale de la biodiversité.

La commune a ainsi pu co-représenter la France au Japon lors de la Conférence mondiale sur la biodiversité de Nagoya (2010).

Étude CUBA

Grande-Synthe et le proche site industriel d'ArcelorMittal-Dunkerque sont aussi et pour 3 ans (à partir de 2012) le lieu d'une étude scientifique pluridisciplinaire sur la biodiversité. Cette étude, dite « CUBA », financée par le Conseil régional et sélectionnée avec le soutien de la FRB (Fondation pour la recherche pour la biodiversité) a été lancée dans le cadre d'un appel à projet Biodiversité.

L'acronyme CUBA signifie « les Corridors de l'Un sont les Barrières des Autres », car il s'agit ici d'étudier plus finement (échelles des micro-paysages) l'intégrité écologique d'un territoire et la fonctionnalité du maillage des corridors via les interactions entre corridors biologiques naturels ou semi-naturels. Un des sujets d'étude est le fait qu'un corridor pour une espèce peut être une barrière écologique (voire quand il s'agit d'un milieu artificiel, un piège écologique) pour une autre ; dans un même environnement (urbain en l'occurrence), certaines espèces ont des besoins différents voire contradictoires (espèces aquatiques et terrestres, par exemple). Les chercheurs tenteront ici de mesurer la fonctionnalité de la trame verte à l'échelle communale en étudiant la distribution et les déplacements de quelques espèces animales indicatrices, aux exigences écologiques connues et contradictoires en termes d'habitats, de gestion et de sensibilité à la fragmentation. Différents taxons de papillons, amphibiens, oiseaux et mammifères seront suivis à différentes échelles (individus, populations et communautés d'espèces), avec « analyse critique des méthodes de suivi […] état de référence et recommandations en termes d'aménagement et de gestion ».

Pour cela, de nombreux scientifiques et ingénieurs vont in situ étudier ces interactions, sur la base d'observations des déplacements de la faune dans le paysage communal et du site industriel (Le porteur du projet est le BE Biotope, en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle, l'Université d'Angers, le Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier et l'Université de Lille 1 (sciences et technologies), avec aussi les bagueurs locaux de Cap Ornis Baguage et des ONGE spécialisées dans le domaine de la biodiversité et de l'écologie.

Futur écoquartier

Une « écomaison » préfigure aussi un écoquartier de 400 logements écologiques intégrant un souci de mixité sociale, conçu avec les concepteurs de BedZED. C'est une maison « zéro carbone » (à émissions de très réduites et compensées par une production d'énergie) construite par les auteurs du quartier de BedZED en Angleterre (Zedfactory) et Claude Debrock. C'est l'ancienne « maison témoin » d'une foire expo qui joue ici un rôle de vitrine, préalable à l'un des écoquartiers qui naissent dans la région. Le public peut la visiter en semaine.

Projet de ferme urbaine

En , le maire de la ville, Damien Carême, (élu EELV) annonce qu'il souhaite implanter des fermes urbaines bios dans le centre-ville de Grande-Synthe. Ces fermes fourniront les cantines de l'école et les légumes seront également vendus aux habitants. Dans cette stratégie, la commune a mis à disposition de ses habitants des chevaux pour le transport, et utilise l'éco-paturage pour entretenir ses zones vertes.

Coopérative de transition écologique

En , Grande-Synthe est la première commune à lancer le Revenu de transition écologique. Lors d'une conférence de presse, le , la mairie annonce qu'« il s'agit de verser une aide financière et d'offrir un accompagnement à toutes les personnes ayant une activité à incidence écologique et sociale ». Cela se fait sous l'égide de la Coopérative de transition écologique qui est chargée d'accompagner les projets et de déterminer les critères de leur éligibilité. L'outil juridique en est une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) dont le nom est TILT. Elle a été créée le .

Voies de communication et transports

Le réseau de transports en commun de la communauté urbaine de Dunkerque, DK'Bus, dessert la commune avec les lignes C1, C2, C4, 15, 17, 18, 19 et 23. Le réseau est entièrement gratuit. Le pôle d'échange Grande-Synthe Puythouck situé à l'ouest de la commune centralise toutes ces lignes. Les lignes Chrono (Lignes C..) ont une fréquence de 10 minutes du lundi au samedi, 15 minutes pendant les vacances d'été, et 30 minutes les dimanches et jours fériés.

Hydrographie

Réseau hydrographique

La commune est située dans le bassin Artois-Picardie. Elle est drainée par le canal de Bourbourg, le bassin maritime de Dunkerque, la dérivation Ouest du Noortgracht, le Noortgracht Est, le Noortgracht Ouest de Grande Synthe, le watergang de l'Ouest, la Ferme Swaenepole, la Nieuw Aelbeke et divers autres petits cours d'eau,.

Le canal de Bourbourg relie l'Aa à l'ouest de Bourbourg aux ports intérieurs de Dunkerque.

Réseau hydrographique de Grande-Synthe.

Deux plans d'eau complètent le réseau hydrographique : le bassin de Mardyck, d'une superficie totale de 124,9 ,.

Gestion et qualité des eaux

Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Delta de l'Aa ». Ce document de planification concerne un territoire de 1 208 bassin versant de l'Aa. Le périmètre a été arrêté le et le SAGE proprement dit a été approuvé le . La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est l'Institution intercommunale des Wateringues.

La qualité des cours d'eau peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l'eau et l'Agence française pour la biodiversité.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Côtes de la Manche orientale, caractérisée par un faible ensoleillement (1 550 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 amplitude thermique annuelle de 13,9 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Dunkerque à 6 vol d'oiseau, est de 11,7 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Paysages

La commune s'inscrit dans les « paysages des dunes de la mer du Nord » tels qu’ils sont définis dans l’atlas de paysages de la région Nord-Pas-de-Calais, conçu par la direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL),.

Ces paysages concernent 23 communes du Nord et du Pas-de-Calais avec trois pôles d’attraction que sont Calais à l'ouest et Dunkerque à l’est et, dans une moindre mesure, Gravelines au centre où se trouve le delta du fleuve côtier l’Aa. On y distingue trois parallèles : la frange côtière avec son cordon dunaire ; l'ancienne route nationale 1 et l'Autoroute A16.

Ces paysages sont composés d’un cordon dunaire de 60 Pays-Bas et en Belgique. Ce cordon littoral datant du transgression marine et joue un rôle de digue en protégeant la plaine maritime de l’invasion de la mer. Sa taille n’excède pas, en largeur, quelques centaines de mètres et, en hauteur, une dizaine de mètres.

Une particularité de ces paysages est la présence de moëre (marais en flamand), point le plus bas du territoire français, avec une altitude de - 4 watringues. Ces polders, terres gagnées sur la mer, ainsi constitués sont les plus anciens de l’Europe du Nord.

Les cultures ne représentent que 35 % de ces paysages des dunes de la mer du Nord.

Concernant l'activité humaine, à l’ouest de ces paysages se trouve : la région de Calais, avec le tunnel sous la Manche et l'activité portuaire de Calais tournée vers l’Angleterre ; à l’est, la zone urbaine de Dunkerque et ses installations portuaires et, au centre, la zone de Gravelines avec son port de plaisance et sa centrale nucléaire.

Sur le plan de la biodiversité, on y observe de nombreux déplacements d’oiseaux marins, côtiers ou terrestres ainsi que des phoques veau-marin installés sur les bancs de sable.

  1. « Grande-Synthe, Capitale française de la biodiversité 2010 », et plaquette de présentation.
  2. Olivier Tartart, « Industrielle, Grande-Synthe ? Non ! Capitale française de la biodiversité ! », La Voix du Nord, 17 octobre 2010.
  3. Source Projets retenus par l'AAP Région/FRB Biodiversité 2011. (Voir le chapitre consacré au programme « CUBA »).
  4. « Grande synthe ; Quand la commune se retrouve sous la loupe des chercheurs », La Voix du Nord, article publié 2012-03-31.
  5. Ville de Grande-Synthe et ZedFactory : présentation de l'écomaison et du projet d'écoquartier, PDF, 16 p.
  6. Guide de l'écoconstruction en Caps et Marais d'Opale, syndicat mixte du Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale, 2010.
  7. Visite de l'écomaison (consulté 28 novembre 2008).
  8. Jessica Gourdon, « Grande-Synthe, victime de la crise industrielle, veut devenir une ferme urbaine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Agnès Sinaï, « La ville de Grande-Synthe lance un revenu de transition écologique », Actu environnement, 9 mai 2019 lire en ligne
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Histoire

Origines de la ville

Avant la ville contemporaine, il y avait un village rural de fermes entourées de champs gagnés sur la mer au fil des siècles. Première mention des Synthes en 648. Le mot Synthe serait apparenté au néerlandais sint « saint » et au latin sanctus « sacré », à cause d'une relique. À partir du Bénédictins permettent de canaliser les eaux en ayant recours aux wateringues qui s'écoulent dans les fleuves comme l'Aa ou directement dans la mer.

De nouvelles terres sont ainsi rendues cultivables par les seigneurs et abbayes car la puissance, le pouvoir, venait de la terre, de sa possession, de sa capacité à nourrir les familles. Et bien qu'habitant un village côtier, les Synthois sont longtemps restés des agriculteurs à l'abri des dunes. Le village s'appelle Sentinas au IXe siècle.

Avant la Révolution française, la paroisse était incluse dans le diocèse de Thérouanne, puis à la disparition de celui-ci dans le diocèse de Saint-Omer.

Le comte Jean fait édifier une première digue dès 1280 au niveau de l'actuelle rue qui porte son nom. Mais il est bien difficile de prospérer au calme quand on fait partie de la Flandre maritime : alliances, mariages, successions, hégémonies cycliques d'abbayes diverses, enjeu stratégique entre les trois grandes puissances des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : Espagne (qui occupe alors les Pays-Bas), Angleterre et France. Combien de batailles en Flandre ont décidé du sort des Synthois… Le , Dunkerque et les bourgades environnantes changent de nationalité trois fois dans la même journée : espagnole le matin, française à midi, anglaise le soir. En 1662, Louis XIV rachète la place aux Anglais. Grande-Synthe, qui dépend du châtelain de Bergues, entre dans le territoire de Dunkerque.

À la veille de Révolution, en 1750, l'église du village détient quelques terres, (d'une église à une autre, les situations sont très inégales) situées pour l'essentiel dans la paroisse. Ces biens sont administrés par un « conseil de la fabrique »; les terres sont louées et le produit de la location entre en recettes dans les comptes de l'église. L'église de Grande-Synthe est une des plus pauvres, et ne possède quasiment rien, moins d'une mesure de terre soit seulement quelques ares possède.

Dunkerque représentait un port intéressant dans cette zone aux frontières fluctuantes et son histoire est riche et glorieuse. Après 1870 et son épidémie de choléra arrivée par bateau au port et particulièrement meurtrière, la fin du XIXe siècle fut une époque plus stable et prospère pour les familles synthoises. Las, Dunkerque allait se retrouver aux premières loges dans le théâtre des opérations lors des deux conflits mondiaux…

Début du | ]

Lors de la Première Guerre mondiale, les rives de l'Yser sont une ligne de front moins célèbre en France aujourd'hui que le chemin des Dames. Malgré les efforts des Allemands, Dunkerque ne « tombe » pas et sert même de « camp retranché ». Les plages permettent d'amener les troupes du Commonwealth grâce aux aérodromes aménagés autour de la ville. En 1916 jusqu'en , Grande-Synthe placée sous l'autorité du commandement d'étapes (service de l'armée organisant le stationnement et le passage de troupes, en arrière du front), de Gravelines, de même que Bourbourg-ville et Bourbourg-Campagne, Saint-Pierre-Brouck, Cappelle-Brouck, Loon-Plage... est le lieu de passage et de cantonnement de troupes, soldats français et belges de répartition entre les communes concernées de travailleurs agricoles (136 à 143 selon les moments), de décision de fermetures temporaires d'établissements, notamment les cabarets ayant servi à boire aux soldats en dehors des heures réglementaires, etc. À Grande-Synthe, se trouve un parc de bétail pour l'ensemble du commandement d'étapes. En , la distillerie Trystram, située au pont de Spycker, bénéficie de l'arrivée de dix prisonniers allemands sous la garde d'un brigadier et de deux hommes. La commune dépend à partir de du commandement d'étapes de Spycker puis Steene, puis en 1917-1918 de ceux de Petite-Synthe transféré à Coudekerque-Branche et de celui de Téteghem.

Dès le retour de la paix, la première usine locale sort de terre le long du canal de Bourbourg. Le groupe Carel et Fouché y fabrique des péniches, avec jusqu'à 400 salariés entre les deux guerres, alors que la ville comptait moins de 3 500 habitants. La « cité des Deux-Synthe » est construite pour héberger ouvriers et contremaîtres.

Grâce à l'arrivée de l'électricité en 1923, la prospérité du village est de retour puisqu'elle permettait la transformation des produits agricoles et une substantielle valeur ajoutée…

Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale bouleverse Grande-Synthe de façon irrémédiable. Elle débute par la drôle de guerre mais l'offensive allemande par la Meuse et la Somme encercle les troupes anglo-françaises dans la poche de Dunkerque. Elle se termine avec l'opération Dynamo qui permet à de nombreux soldats britanniques et français de rembarquer pour l'Angleterre sur une flottille hétéroclite mais héroïque dont le Berlin tombée, un jour après la signature de l'armistice, le .

Entre-temps, pendant l'Occupation, le « terrain d'aviation » présente un intérêt aux yeux des envahisseurs. Ils transforment la ferme du petit Prédembourg en Kommandantur. Les Anglais bombardent quelquefois le village afin de détruire ces aéroports, d'où décollaient des avions allemands participant au blitzkrieg contre l'Angleterre. Après le débarquement de , l'espoir renaît dans la population mais la percée alliée après la fin de la bataille de Normandie va se heurter ici à un ennemi sur la défensive, prêt à tout pour conserver sa position dunkerquoise. Les grand-synthois ont tous en mémoire la nuit du au . Les villageois encore présents à ce moment-là furent chassés de leur domicile en quelques heures n'emmenant que bien peu de choses et cherchant alors à se loger dans la famille, plus à l'intérieur des terres, déjà libéré. 239 des 371 maisons de la commune furent complètement détruites ainsi que l'église, dynamitée. 132 furent sinistrées et aucune maison ne resta intacte.

De retour 8 mois plus tard, les habitants ne peuvent que constater qu'il n'y a plus rien. Ils doivent repartir de zéro et les années qui suivent sont difficiles. Ils peinent à rebâtir leur domicile, accaparés par l'urgence de rendre la terre cultivable de nouveau, traumatisés par ceux qui sont morts à cause des mines en voulant remettre leurs champs en état. Les marraines de guerre américaines et canadiennes envoient des chèques et des colis,  : venue du Général de Gaulle dans le cadre de la libération celui-ci accorde au village une « croix de guerre » mais au quotidien, tout fait défaut… et déjà, le village n'est pas rebâti suivant les fondations ancestrales.

De 1950 à nos jours

Le séisme n'est pas fini puisque malgré ce lien vital qui unit les Grand-Synthois à leur terre, la France désire retrouver son rang de puissance économique, tournée vers l'avenir. Pour cela il faut entre autres de l'acier issu d'une usine performante : elle s'implantera précisément sur les terres synthoises avec les premières expropriations qui ont lieu à la fin des années 1950, (ArcelorMittal Dunkerque).

Les états d'âme des maraîchers et agriculteurs, qui ont tant donné d'eux-mêmes pour se relever, ne pèsent pas lourd dans ces enjeux de dimension européenne car autour du site industriel, il faut bâtir une véritable ville pour loger ceux qui le créent et y travailleront. Une ville-champignon va ainsi sortir de terre.

C'est alors une génération de pionniers qui viendra projeter Grande-Synthe dans une ère moderne. Foin du passé, on découvre des vestiges de galions en creusant les fondations de l'usine ? Qu'à cela ne tienne ! C'est demain qui importe. Les logements sont à peine achevés qu'ils sont déjà occupés : en « cité » ou en HLM. Tous, Grand-Synthois de souche et nouveaux arrivants, ont alors en commun que leur vie est faite de ruptures… toutes les familles abandonnent un « ailleurs » forcément rassurant pour un eldorado en perpétuel chantier. Tous déracinés, et surtout les femmes qui suivent leurs maris sans autres motivations que celle d'épouse et de mère.

La ville champignon a besoin d'infrastructure : en juin 1965 inauguration du stade de football Jean-Deconninck, de l'église Saint-Jacques en mars 1961 et de la gare de triage.

L'infrastructure portuaire favorise alors l'implantation d'autres groupes industriels en Flandre maritime, profitant et générant à leur tour des flux en tous genres : transports, énergies, main-d'œuvre… jusqu'à un point d'inflexion qui se situe vers 1975, conséquence du choc pétrolier mais aussi du début d'une réflexion pour s'intéresser à l'amélioration du cadre de vie, à l'aspiration d'un retour à la nature. Ceci se vérifiera dans le quartier de Courghain, conçu pour valoriser le « bien-être familial dans un paysage respectueux de la Flandre » tout en étant moderne et innovant et par la décision de créer artificiellement un « poumon vert » au Puythouck. Beaucoup de jeunes adultes se souviennent d'avoir planté « leur » arbre avec leur classe. Le travail de sensibilisation à la nature commençait déjà.

 : le quartier de l'Albeck, qui dépendait de Dunkerque, est rattaché à Grande-Synthe. Le progrès est un peu myope et l'urgence faisait loi mais, dès 1982, des HLM construits 20 ans auparavant sont détruits. Arrivé à un point de rupture de sa croissance constante, la ville doit apprendre à « souffler », à trouver son rythme. Grâce à une utilisation optimale de financements gouvernementaux dans le cadre du plan Développement Social des Quartiers, la ville se transfigure et lance les axes qui sont les fondamentaux de la ville aujourd'hui.

Ainsi, Grande-Synthe est devenue une ville verte, qui recherche l'équilibre indispensable pour réussir le XXIe siècle.

Installation d'un camp de réfugiés dans le quartier de Basroch

Depuis 2006, la ville est touchée par la crise des migrants voulant rejoindre l'Angleterre : un camp de réfugiés se forme dans la pépinière de Le Basroch. En décembre 2015, 2 400 réfugiés vivent à Basroch. Les travaux publics Setra allant déménager à Saint-Pol-sur-Mer, le maire de Grande-Synthe, Damien Carême, et Stéphane Roques, directeur général de Médecins sans frontières, décident, le , de transférer le camp sur ce site de 5 hectares coincés entre les km 8 et 9 de la voie ferrée et les km 290 et 291 de l'A16.

Le aura une capacité de 2 500 places, 500 tentes chauffées, plusieurs douches, plusieurs sanitaires, une collecte des déchets et un centre de soins, pour un coût de 2 millions d'euros pris en charge par MSF et de 400 000 euros par la municipalité. Une fois les migrants partis de la forêt de Basroch, un écoquartier de 500 logements y sera construit.

Toutefois la mairie a accordé en un permis de démolir concernant les bâtiments désaffectés des terrains de La Linière, ainsi qu'une suppression des sanitaires installés préalablement, une action dénoncée par Médecins du monde.

Agression et mort d'un jeune en avril 2024

La ville est sous le feu des caméras à la suite de la mort d'un jeune homme, Philippe 22 ans, attiré sous un faux prétexte dans un rendez-vous amoureux imaginaire puis tué sauvagement par deux mineurs le lundi 15 avril : un autre s'étant initialement sorti vivant dans un autre traquenard du même genre, le maire de la ville ainsi que la famille de la victime ensuite appelant au calme et à la paix sociale, sa mort violente ayant entraîné un déferlement de haine puis des appels à la vengeance contre ceux-ci ce notamment aussi sur les réseaux sociaux,,.

  1. Eugène Mannier, Études étymologiques, historiques et comparatives sur les noms des villes, bourgs et villages du département du Nord, Paris, Auguste Aubry, , 442 p., p. 18.
  2. Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1862-1864, neuvième volume, lire en ligne.
  3. Georges Dupas, Le clergé, les couvents et leurs biens dans la châtellenie de Bourbourg avant la Révolution, Coudekerque-Branche, Galaad, , p. 126.
  4. a b et c «  », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
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  12. Par Timothée Boutry et envoyé spécial à Grande-SyntheLe 18 avril 2024 à 20h37, «  », sur leparisien.fr, (consulté le )
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