Douai
Localisation
Douai : descriptif
- Douai
Douai est une commune française située dans le département du Nord en région Hauts-de-France, plus précisément dans le sud de la Flandre romane
Au cours de son histoire, elle a appartenu successivement au royaume de France, aux Pays-Bas espagnols et aux Pays-Bas méridionaux (en latin Belgica Regia). Avec Lille et les cités de l'ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, elle forme un ensemble métropolitain de près de 3,8 millions d'habitants, appelé « aire métropolitaine de Lille »
Avec Lens, elle forme l'Unité urbaine Douai-Lens, forte de 505 839 habitants selon les recensements de population au 1er janvier 2021, la dixième agglomération française par le nombre d'habitants, derrière Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Lille, Bordeaux, Nice, Nantes et Toulon. Les habitants de Douai sont les Douaisiens
La région s'appelle le Douaisis.
Géographie
Localisation
La ville de Douai est très proche de grandes capitales européennes comme Bruxelles (à 140 ) ou Londres (à 290 Arras, Cambrai et Valenciennes.
Douai est la ville la plus méridionale de Flandre, à la limite avec l'Artois.
Les axes de communication sont nombreux à Douai et font d'elle une ville carrefour. La gare de Douai occupe une place importante dans cette organisation. La ville est aussi un maillon du réseau de bus EVEOLE (totalement gratuit) et le réseau de transport urbain (SMTD).
Communes limitrophes
Les communes limitrophes sont Roost-Warendin, Sin-le-Noble, Waziers, Anhiers, Cuincy, Flers-en-Escrebieux, Lallaing, Lambres-lez-Douai, Lauwin-Planque et Râches.
Hydrographie
Réseau hydrographique
La commune est située dans le bassin Artois-Picardie. Elle est drainée par la Scarpe canalisée, le canal de la Deûle, la dérivation de la Scarpe, l'Escrebieux, le Collecteur du Chemin Vert, le Courant de l'Enfant Jesus, la dérivation de la Raches, la Traitoire de Sin, le canal de Jonction à Douai du Conf Scarpe canalisée à dérivation de la Scarpe, la Cunette ou Scarpe, le Godion Inverse, le Lambres-lez-Douai et divers autres petits cours d'eau,.
La Scarpe, canalisée en 1820, traverse le centre de Douai. Ce canal au gabarit étroit est doublé par un canal de dérivation ouvert en 1895 qui passe à l'ouest des boulevards de ceinture de la ville ancienne (emplacement des anciennes fortifications). Ce canal de dérivation est devenu un élément de la liaison à grand gabarit Dunkerque-Escaut aménagée vers 1960. Il relie le confluent du canal de la Sensée (autre partie de la liaison à grand gabarit) avec le canal de la Scarpe supérieure (à petit gabarit) à Corbehem au sud de l'agglomération, au confluent du canal de la Deûle (également partie du canal à grand gabarit) avec le canal de la Scarpe inférieure à Flers-en-Escrebieux au nord. La Scarpe inférieure canalisée à gabarit Freycinet, longée sur sa rive droite par une voie verte, est un affluent de l'Escaut, le confluent étant situé à Mortagne-du-Nord.
Un port pour la batellerie se trouve à Dorignies au nord de Douai.
Le canal de la Deûle est un canal, chenal navigable, d'une longueur de 59 Lys à Deûlémont, après avoir traversé 40 communes.
L'Escrebieux, d'une longueur de 12 Izel-lès-Équerchin et se jette dans le canal de la Deûle à Flers-en-Escrebieux, après avoir traversé sept communes.
Le canal de la Deûleest un canal, chenal navigable, d'une longueur de 59 Lys à Deûlémont, après avoir traversé 40 communes.
L'Escrebieux, d'une longueur de 12 Izel-lès-Équerchin et se jette dans le canal de la Deûle à Flers-en-Escrebieux, après avoir traversé sept communes.
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La Scarpe à Douai.
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Réseau hydrographique de Douai.
Gestion et qualité des eaux
Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Scarpe aval ». Ce document de planification concerne un territoire de 624 bassin versant de la Scarpe aval, comprenant la Pévèle, la plaine de la Scarpe et le bassin minier avec l'Ostrevent. Le périmètre a été arrêté le et le SAGE proprement dit a été approuvé le , puis révisé le . La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le parc naturel régional Scarpe-Escaut.
La qualité des cours d'eau peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l'eau et l'Agence française pour la biodiversité.
Climat
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique altéré » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Il s'agit d'une zone de transition entre le climat océanique, le climat de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs.
Les paramètres climatiques qui ont permis d'établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat complétée par des études régionales prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. La station météorologique de Météo-France installée sur la commune et mise en service en 1962 permet de connaître en continu l'évolution des indicateurs météorologiques. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 1,2 | 1,1 | 3,2 | 4,8 | 8,4 | 11 | 13 | 12,6 | 10,3 | 7,7 | 4,2 | 1,8 | 6,6 |
Température moyenne (°C) | 3,5 | 3,9 | 6,9 | 9,5 | 13,2 | 16 | 18,3 | 18 | 15 | 11,3 | 6,9 | 4 | 10,6 |
Température maximale moyenne (°C) | 5,8 | 6,8 | 10,6 | 14,3 | 18,1 | 20,9 | 23,6 | 23,5 | 19,7 | 15 | 9,6 | 6,2 | 14,5 |
Record de froid (°C) date du record |
−20,5 08.01.1985 |
−12,5 07.02.1991 |
−11 13.03.13 |
−4,5 11.04.03 |
−1,5 05.05.1996 |
1 02.06.1962 |
4,1 17.07.1971 |
0,8 17.08.1966 |
0 19.09.1977 |
−6 30.10.1997 |
−9,5 23.11.1998 |
−12,5 29.12.1996 |
−20,5 1985 |
Record de chaleur (°C) date du record |
15 01.01.22 |
19,5 24.02.21 |
24,8 31.03.21 |
28 20.04.1968 |
31,3 27.05.05 |
36 27.06.11 |
40,8 25.07.19 |
36,6 08.08.20 |
35,5 15.09.20 |
29 01.10.11 |
20,5 07.11.15 |
15 17.12.19 |
40,8 2019 |
Précipitations (mm) | 57,7 | 46,5 | 55 | 46,7 | 57,5 | 64,6 | 68,3 | 62,4 | 60,2 | 64,9 | 65,4 | 67,6 | 716,8 |
- « », sur oui.sncf.
- Sandre, « »
- Sandre, « »
- Sandre, « »
- Sandre, « »
- Sandre, « »
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- « », sur le système d'information pour la gestion des eaux souterraines en Nord-Pas-de-Calais (consulté le )
- Sandre, « »
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- « », sur https://www.gesteau.fr/ (consulté le )
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, ISSN 1278-3366, DOI https://doi.org/10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
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- Glossaire – Précipitation, Météo-France
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Toponymie
Dans les sources historiques avérées, le nom de la localité est attesté sous les formes Doac (monnaie mérovingienne), Doacense [castellum] en 975, Duaci (génitif) en 1024, Duuaicum, Duuaicum vers 1040, Duacum en 1035 - 1047, Duacum en 1051, Duacum en 1076 et en 1080 - 1085, Duachum en 1108, Duai en 1194, Doai en 1204, Douai apparaît pour la première fois en 1223. En néerlandais : Dowaai.
Le toponyme n'est connu que par des formes médiévales dont les origines sont obscures. Il s'agit peut être d'une formation toponymique gauloise ou gallo-romane en -acum, suffixe marquant la localisation ou la propriété. Le premier élément Do-, Du- doit représenter le nom de personne gaulois Dous.
- , Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226), Tongres, Belgisch Interuniversitair Centrum voor Neerlandistiek, (lire en ligne).
- Centre de Recherche généalogique Flandre-Artois
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN ), p. 252.
Histoire
Origines de la cité
Douai est une création médiévale découlant de conditions naturelles singulières mais surtout de sa position de charnière entre le royaume de France et le comté de Flandre. Sur un ilot de la Scarpe, près du gué qui permettait le franchissement, deux noyaux constituèrent les points de développement de la ville.
Le Moyen Âge
La période médiévale fut pour Douai une période de grande prospérité découlant de ses activités commerciales (la vente des grains) et artisanales (la draperie) mais aussi de l'autonomie octroyée par le Comte de Flandre qui donnait à la ville le pouvoir de se gérer elle-même. La cité comptait à son apogée de 10 000 à 15 000 habitants.
Au Sensée vers la Scarpe aménagée à Vitry-en-Artois façonne jusqu'à aujourd'hui sa physionomie. Gagnant en débit, il fut dès lors possible d'augmenter son trafic. De fait, située au cœur d'un terroir agricole d'une grande richesse, Douai dispose à partir de 1301, par concession du roi Philippe le Bel, d'un droit d'étape, soit le privilège du commerce des grains dans la région, des lieux de production au sud vers les lieux de consommation au nord. Ce privilège, qui devint avec le temps la principale ressource de la ville, était un droit vital que Douai défendit farouchement jusqu'au XVIIe siècle.
Moins rémunérateur pour la ville que le commerce des grains, la draperie est toutefois emblématique de l'âge d'or de Douai qui, au Bruges, Gand, Ypres et Lille, sera à ce titre comptée parmi les cinq « bonnes villes » de Flandre. Selon Georges Espinas. Employant de très nombreux artisans, mobilisant de forts capitaux, la draperie douaisienne s'est répandue dans toute l'Europe, parfois très loin, en Russie (marché de Novgorod), sur les confins de la Baltique mais aussi en Italie comme dans la Péninsule Ibérique.
Autre trait médiéval qui fait la renommée de la ville, les libertés communales sanctionnées par Philippe d'Alsace, comte de 1157 à 1191. « La liberté et la loi de Douai », transformant peut être la coutume en charte, a été accordée par Ferrand du Portugal en 1228. Le pouvoir local dépend à l'origine de seize échevins, tous égaux, cooptés selon un système de désignation à plusieurs degrés. Il ne concerne que les bourgeois. Les manants. comme les forains sont exclus du pouvoir par définition.
L'action scabinale s'exprime d'abord par les bans, très nombreux au bailli qui incarne une présence comtale toujours concurrente avec le sceau de la ville créé en 1201, la halle - palais municipal surmonté du beffroi au siècle suivant - en 1205, le premier chirographe en 1224, le premier ban en 1229.
En 1330, Robert de Douai fonde la Confrérie des Clercs parisiens qui fait de Douai une ville littéraire surnommée l'Athènes du Nord.
Jusqu'en 1369, Douai comme Arras, est une cité frontalière que se disputent le roi de France et le comte de Flandre. Avant cette date, qui marque jusqu'au XVIIe siècle le retour définitif à la Flandre, la ville change de maître plusieurs fois.
Une ville impériale au | ]
En 1369, le Sage, qui marie son frère Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, à la fille du comte de Flandre Louis de Male redonne à ce dernier la ville de Douai. Passée en effet dans l'orbite d'un duché de Bourgogne de plus en plus puissant, l'enjeu que constitue sa position de ville frontière culmine lors des guerres qui opposent à Charles le Téméraire. Le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien d'Autriche fait de Douai une possession des Habsbourg. Elle connaît sous Charles Quint mais surtout un dynamisme nouveau comme ville administrative et militaire.
La religion, inséparable de Douai, est organisée pour le séculier en six églises paroissiales ainsi que de nombreuses congrégations religieuses dont les refuges installés dans la cité par les monastères du plat pays, toujours soucieux de disposer d'un lieu de sûreté en cas de guerre. Ainsi le « Constantin » des bénédictins de l'abbaye de Marchiennes, devenu Parlement de Flandre. Dans la Contre-Réforme catholique, Douai exprime sa fidélité, comme son orthodoxie, ainsi que le prouvent les fondations de couvents qui apparaissent aux s'exprime aussi à travers le soutien apporté au mouvement missionnaire catholique destiné aux États passés au protestantisme, principautés allemandes, Provinces-Unies mais surtout royaume d'Angleterre ainsi la fondation - en 1568 et à l'initiative du cardinal Allen - du collège anglais de Douai où est achevée, en 1609, la traduction anglaise de la Bible, connue sous le nom de « bible de Douai ». De nombreux missionnaires anglais sont formés a Douai dans ce collège. Beaucoup d'entre eux meurent victimes des persécutions anti-catholiques en Angleterre. 19 d'entre eux ont été canonisés par l'Église Catholique. Douai est mentionnée beaucoup plus tard dans l'encyclique Aeterni Patris (1879) du pape Léon XIII comme ayant été l'un des grands centres d'études théologiques des siècles précédents.
En 1562, , avec le soutien des papes puis , fonde l'Université de Douai, implantation inspirée par la réforme tridentine vaste séminaire inculquant aux prêtres une foi aussi solide que prosélyte. L'université rassemble dès sa fondation cinq facultés (théologie, droit canon, droit civil, médecine et arts libéraux), huit collèges, quatorze refuges d'abbaye, vingt-deux séminaires.
Le rattachement de Douai à la Flandre, qui avait dans une certaine mesure protégé la ville des destructions de la guerre de Cent Ans, se retourne quand les conflits embrasent l'Europe du Nord à partir de 1618. En 1635, la déclaration de guerre de Richelieu à l'Espagne plonge la région dans la ruine.
Douai française
En 1667, le roi de France envahit la Flandre. Douai est assiégée et prise par Vauban. Le traité d'Aix-la-Chapelle (1668) confirme la possession de la France.
Dès lors, Douai va s'intégrer au rideau de défense du royaume. Vauban améliore les fortifications existantes et crée l'infrastructure qui manquait à la place, ainsi des casernes (ancien collège de Marchiennes), un arsenal (ancien prieuré Saint Sulpice) et une fonderie de canons, édifiée à l'emplacement de l'ancien château des comtes de Flandre.
En , lors de la guerre de Succession d'Espagne, les Alliés assiègent Douai mise en défense par le comte d'Albergotti. La résistance, acharnée, dure jusqu'au quand, avec les honneurs de la guerre, les troupes royales capitulent. Après sa victoire à Denain en , le maréchal de Villars reprend la cité le . Cette reconquête, confirmée par la Paix d'Utrecht, ne sera plus menacée avant 1914.
La ville, ainsi que son plat pays, sortent ravagés d'un conflit de près d'un demi-siècle. Soucieux d'éviter l'anarchie dans la reconstruction qui s'annonce, les échevins édictent le célèbre « règlement de 1718 ». Outre l'alignement sur la rue et la limitation des hauteurs, la façade des maisons doit être homogène. Cette reconstruction, qui donne jusqu'à présent au centre de Douai une remarquable unité architecturale, exprime un « goût français » qui s'épanouit tout au long du siècle. La ville reconquise, comme le montre le plan relief de Douai de 1709, était d'une apparence toute flamande. Le « retournement des toitures » - le petit côté n'est plus sur la rue - la fait disparaître en quelques décennies.
Tirant la leçon des erreurs commises après la conquête de 1667, le roi répond aux aspirations des Douaisiens en installant dans la ville en 1714, le Parlement de Flandre. La Cour est installée, au pied de la Scarpe, au « Grand Constantin », refuge de l'abbaye de Marchiennes. Avec l'installation du Parlement de Flandre, la ville profite durant le .
Bastionnée sur tout son pourtour, Douai est dotée de nombreuses casernes, d'arsenaux, d'écoles militaires et est une place de première importance. Au début du XVIIIe siècle, près de 5 000 hommes et 1 500 chevaux peuvent y loger (sur une population totale estimée à 12 000 habitants).
La Révolution
Ville judiciaire, Douai soutient le nouveau cours ainsi le plus célèbre de ses avocats, Merlin dit de Douai. Les cahiers restent mesurés dans leurs doléances qui se concentrent sur le maintien des libertés provinciales tout en proposant cependant la suppression des abus les plus criants de la féodalité.
Plusieurs réformes de la Constituante connaissent à Douai des effets majeurs. À la fin 1790, sont supprimées la profession d'avocat ainsi que toutes les juridictions anciennes. Ensuite, le refus de reconnaitre la constitution civile du clergé pousse certains notables soit au retrait, soit à l'émigration. La vente des biens nationaux représente à Douai une mutation immense dont les conséquences sur le bâti sont encore perceptibles aujourd'hui. En un instant, le fruit multiséculaire des dons, héritages, achats des ordres religieux se disperse.
La guerre déclarée par le roi contre l'Autriche en avril 1792 met Douai aux avant-postes du conflit puis de la Terreur. Pour autant, Douai reste très mesurée dans ses manifestations révolutionnaires, sans doute grâce à l'attitude du conventionnel Florent-Guiot qui reste en poste de novembre 1793 à septembre 1794. Beaucoup plus modéré que son voisin d'Arras Le Bon, il frappe les extrémistes ou les contre-révolutionnaires en choisissant plutôt la mise à l'écart que la peine de mort.
Dans la ville, la tourmente révolutionnaire sera plus courte en durée que la guerre. Pour autant, la victoire de Fleurus le repousse définitivement la menace étrangère. Placée en retrait de la ligne Lille-Valenciennes, Douai devient une base arrière essentielle dans la défense des frontières. Sous le Directoire puis l'Empire, elle est un important dépôt militaire.
La création du département du Nord en fait de Douai un chef-lieu. Mais en 1803, ce dernier déplacé à Lille, la ville devient sous-préfecture mais reçoit en compensation plusieurs institutions départementales : la cour d'appel, le commandement militaire du Nord, le lycée impérial en 1802 et enfin en 1808, quand l'enseignement supérieur est réorganisé, une université (facultés des lettres et des sciences).
Le | ]
Après les événements révolutionnaires, Douai, transformée, conserve cependant ses logiques anciennes, notamment une élite catholique et conservatrice, qui accompagne en partie l'industrialisation de la fin du siècle.
L'université installée sous le Premier Empire ayant été supprimée dès la Restauration, il faudra attendre le Second Empire pour voir réapparaitre les facultés dans la ville. Jules Maurice, maire depuis 1852, sera l'artisan de cette victoire durement acquise en 1854 quand, à cette date, s'installe la faculté des lettres. S'appuyant sur la cour d'appel et l'ensemble des professions qui s'y attachent, la faculté de Droit s'y ajoute en 1865.
Si la première moitié du monarchie de Juillet, mais surtout le Second Empire, voient toutefois apparaître dans la ville plusieurs travaux de grande ampleur. Ainsi, la construction de la ligne de Paris-Nord en 1846 donne à la gare de Douai une importante fonction d'étape entre Arras et Lille. De même, n'oubliant pas le rôle majeur de la Scarpe dans la vitalité de la cité, les édiles réalisent à partir de 1893 le canal de dérivation. Son inauguration, deux ans plus tard, permet d'augmenter le trafic en faisant de Douai le second port fluvial de France après Conflans-Sainte-Honorine.
Mais c'est surtout, après le déclassement de la place en 1889, le démantèlement des remparts de la ville - débuté en 1891 et clôt en 1902 - qui, libérant l'espace aux boulevards ceinturant la ville, permet l'expansion vers les faubourgs (ainsi Frais-Marais ou Dorignies).
Douai n'est pas, au début du . L'activité textile reste limitée mais la ville est en revanche très active dans la transformation des produits agricoles, ainsi les tourteaux mais surtout la production sucrière, dont la puissance ne sera relayée par le charbon qu'au début de la IIIe République.
De fait, l'industrie charbonnière est relativement tardive à Douai (la compagnie d'Anzin est fondée un siècle plus tôt). En 1854, est ouverte la fosse Gayant à Waziers puis celle de Dorignies en 1858. En 1878, afin d'accompagner ce développement, est fondée l'école des maîtres ouvriers mineurs, future École des Mines de Douai.
Première Guerre mondiale
Cité prospère au début de la Jules Maurice, Charles Merlin ou Charles Bertin, à se doter d'infrastructure modernes qui favorisent l'émergence d'activités industrielles. Pour autant, l'antagonisme entre Lille et Douai s'accentue au XIXe siècle. En 1887, le départ brutal des facultés douaisiennes vers le chef-lieu aura dans la ville un retentissement énorme.
Le début du .
Après une courte phase de conflit, Douai tombe dans les mains allemandes dès . Elle le restera tout au long de la guerre. Pour l'armée impériale, placée à proximité du front (une dizaine de kilomètres), la ville est un dépôt pour les troupes qui montent en ligne ou en reviennent. La réquisition, sinon l'arbitraire, sont la règle pour tous les Douaisiens soumis à l'autorité tatillonne de la « Kommandantur » de la place. Outre la difficulté du ravitaillement, les Allemands n'hésiteront pas à déporter des personnalités au Brunswick (Holzminden) ou en Lituanie où certaines mourront.
En , pressés par l'offensive alliée, les troupes allemandes quittent Douai sachant que le mois précédent, toute la population avait été évacuée vers la Belgique afin de laisser les coudées franches aux armées en guerre. Durant cette période, la ville désertée connaît un pillage effréné. C'est une ville détruite à 10 % (concentrés dans le centre, ainsi la place d'Armes) qu'investissent les troupes britanniques en .
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La rue de Paris vers 1918, incendiée par l'armée allemande.
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Destruction d'une des écoles chrétiennes de Douai, (huit morts), photo de propagande accusant les Alliés d'être responsables de ces morts.
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Place d'Armes (photo d'archive allemande).
Dès l'armistice, la reconstruction de Douai est lancée. Les usines sont relevées, les maisons reconstruites, à travers un plan d'urbanisation de la municipalité qui reste modeste. Hors le quartier de la gare (place Carnot) totalement remanié et le remplacement ici ou là du style douaisien par des façades « Art déco », la physionomie de la ville change peu. Les mines retrouvent leur résultat d'avant-guerre en 1925 tandis que les grandes entreprises, reconstruites à neuf (Breguet et Arbel) connaissent une forte croissance.
Seconde Guerre mondiale
L'offensive de la Wehrmacht, en , met Douai au cœur des combats. La ville est quasi désertée quand l'ennemi en prend possession le . Dès lors, Douai est nouvelle fois occupée avec deux différences notables avec la Grande Guerre : si le ravitaillement est moins difficile car il n'y a pas, comme en 1914, de front militaire à proximité, il existe, au-delà de l'occupation militaire, une volonté d'imposer à la population l'idéologie nazie.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la ville, un des centres du bassin minier, est au cœur du premier des actes de résistance collective à l'occupation nazie en France, et le plus massif en nombre, la grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais de mai-juin 1941, qui prive les Allemands de 93.000 tonnes de charbon pendant près de deux semaines, déclenchant 400 arrestations, des exécutions et la déportation de 270 personnes. Dans les environs de Douai, trois maires et plusieurs conseillers municipaux sont condamnés à trois jours de prison pour avoir fait preuve de négligence dans la pose des affiches imprimées par les Allemands dans le but d'intimider les grévistes dans les villes de Lewarde, Lallaing, Villers-Campeau, Frais-marais et Dorignies.
Pendant la guerre, est installée à Douai une cour de justice spéciale pour juger les crimes dits « terroristes », elle tient sa première séance le . Enfin , un mois avant la Libération, le , un bombardement allié s'abat encore une fois sur le quartier de la gare. Outre d'importantes destructions, on compte dans la ville près de 300 morts.
La capitale des charbonnages
Avec la Libération, une nouvelle reconstruction après un conflit relève les ruines de la ville. Elle sera plus lourde, avec l'intervention active de l'État par le biais du ministère de la Reconstruction (MRU). Alexandre Miniac, architecte et urbaniste, définit le plan d'aménagement qui remodèle certains quartiers de la ville.
L'Assemblée nationale issue de la Libération, suivant le vœu du CNR, vote en avril 1946 la nationalisation des compagnies (soit pour le Douaisis les mines d'Aniche, de l'Escarpelle, de Flines, de Courcelles et d'Azincourt), tandis que le siège des Houillères du bassin de Nord-Pas-de-Calais s'installe dans l'ancien Hôtel d'Aoust.
La fin de l'exploitation du charbon dans la région en 1990 a rudement affecté la ville de Douai. Elle a néanmoins su se reconvertir, en accueillant de nouvelles activités (voir ci-dessous section Économie) et en misant sur la culture et la mise en valeur de son riche patrimoine (voir ci-dessous Section Culture et patrimoine).
Le , la ville a été le théâtre d'un fait divers peu banal : un cercueil vide est enterré : le corps du bébé mort a été oublié dans la maison familiale!
- Michel Rouche, Histoire de Douai, Édition des beffrois, .
- Georges Espinas, la vie urbaine de Douai au Moyen Âge, Picard, 1913.
- André Joseph Ghislain Le Glay - Mémoire sur les bibliothèques publiques et les principales bibliothèques particulières du département du Nord -1840 - page 111 - lire en ligne.
- Alain Lottin, Lille citadelle de la Contre-Réforme? (1598- 1668), Édition des Beffrois, 1985.
- C'est sur un exemplaire de cette bible que John F. Kennedy a prêté serment lors de son investiture présidentielle
- « », sur vatican.va (consulté le ).
- Louis Trenard, De Douai à Lille… Une université et son histoire, Lille III, 1978.
- Trenard (1978), op. cit..
- Campement de l'armée des Alliés pour couvrir le siège de Douai contre l'armée française qui vint pour faire lever ledit siège en juin 1710.
- Gilbert Dehon, « L'Université de Douai pendant la première moitié du Revue du Nord, no 198, .
- Hervé Leuwers, Un juriste en Politique. Merlin de Douai, Artois Presses Université, 1996.
- Hervé Leuwers, Révolution constituante et société judiciaire, l'exemple septentrional, in Justice, nation et ordre public, Annales historiques de la Révolution française, n°350, octobre-décembre 2007.
- Marcel Gillet, La première mission de Florent Guiot dans le Nord (An II), Revue du Nord, n°142, 1954.
- Baron de Warenghien, Histoire militaire de Douai (1789-1871), Mémoires de la SASA, 3e série, tome IV, Duthilloeul, 1893.
- Warenghien, Op. Cit.
- Leborgne, Op. Cit.
- Marcel Gillet, Industrie et société à Douai au XIXe siècle Revue du Nord, n°241, 1979.
- Pierre Vigreux, Aux origines du savoir agro-alimentaire : la création de l'École Nationale des Industries Agricoles (Douai, 1893), Revue du Nord, n°285, 1990.
- Anne Callite, Une entreprise en territoire occupé : Arbel à Douai (1914-1919), Revue d'histoire des chemins de fer, no 35, 2006.
- Robert Vandenbussche, Le pouvoir municipal à Douai sous l'occupation (1914-1918), Revue du Nord, no 241, 1979.
- Michel Rousseau, Douai pendant la Seconde Guerre Mondiale, 1939-1945, de la Revue du Nord, no 241, 1979.
- Etienne Dejonghe, « Chronique de la grève des mineurs du Nord/Pas-de-Calais (27 mai - 6 juin 1941) », Revue du Nord, 1987.
- « », Chemins de Mémoire (consulté le ).
- Cent ans de vie dans la région, tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord éditions, hors série du 17 juin 1999, p. 41.
- Cent ans de vie dans la région, tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord éditions, hors série du 17 juin 1999, p. 61.
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