Beauvais

Localisation

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Beauvais : descriptif

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Beauvais

Beauvais est une commune française, ville-préfecture du département de l'Oise au sein de la région administrative des Hauts-de-France. Elle se situe sur le plateau picard, au nord du Bassin parisien et sur les rives du Thérain, affluent de l'Oise

Ses habitants sont appelés les Beauvaisiens. Elle a donné son nom au pays traditionnel du Beauvaisis, qui est historiquement un pays de Picardie dont elle est la ville principale

Sous l'Ancien Régime, l'évêque-comte de Beauvais figurait parmi les Douze pairs primitifs de France. La fusion de communes menée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a permis une reconstruction et une urbanisation des plateaux, a conforté Beauvais dans sa dynamique démographique positive

Ainsi, au dernier recensement de population, en 2021, Beauvais était la commune la plus peuplée du département de l'Oise - et la huitième au niveau régional, comptant 56 677 habitants

L'unité urbaine dont elle est la ville-centre, l'unité urbaine de Beauvais, est la troisième du département en nombre d'habitants, après celles de Creil et de Compiègne. Beauvais est célèbre pour sa cathédrale d'architecture gothique, encore inachevée à ce jour puisqu'elle ne possède pas de nef, mais au chœur gothique (ou art français) le plus haut du monde, typique de l'apogée de cet art en France

La plupart des œuvres de la cathédrale datent du XVIIe siècle. Depuis le conseil municipal extraordinaire du 9 septembre 2022, qui a fait suite à la démission de Caroline Cayeux de ses fonctions de maire de Beauvais, le premier magistrat de la ville est Franck Pia, par ailleurs 1er vice-président du conseil départemental de l'Oise

Quant à la communauté d'agglomération du Beauvais, elle est toujours présidée par Caroline Cayeux. Depuis les élections législatives anticipées de juin-juillet 2024, les deux députés de Beauvais sont Claire Marais-Beuil et Philippe Ballard, la première étant élue dans la 1ère circonscription de l'Oise et le second dans la 2ème.

Géographie

Emplacement géographique

Beauvais est une commune urbaine située à l'ouest du département de l'Oise et au sud-ouest de la région administrative des Hauts-de-France. Avant la réforme territoriale de 2015, elle faisait partie de l'ancienne région administrative de Picardie. A vol d'oiseau, elle est située à 150 km au sud de Lille, capitale administrative de la région Hauts-de-France, 53 Amiens, capitale administrative de l'ancienne région Picardie, 54 Compiègne, deuxième plus grande ville du département de l'Oise, et 68 Paris, capitale de la France.

Ville de taille moyenne comptant plus de 50 000 habitants, Beauvais est la ville-centre de son aire urbaine et de son aire d'attraction, qui compte 162 communes,.

Communes limitrophes

Les communes limitrophes sont Troissereux, Allonne, Fouquenies, Goincourt, Le Mont-Saint-Adrien, Saint-Martin-le-Nœud, Therdonne, Tillé et Aux Marais.

Hydrographie

Réseau hydrographique

La commune est située dans le bassin Seine-Normandie. Elle est drainée par la rivière de Saint-Just, la rivière de Saint-Quentin, le Thérain, l'Avelon, la Liovette, le canal 01 de la commune de Fouquenies, le canal 01 de Saint-Lucien, le canal du Chemin de Savignies, le canal du Plan d'Eau du Canada, le Wage et un autre petit cours d'eau,.

La ville s'étend au pied de collines boisées, sur les rives du Thérain, au confluent de l'Avelon 23 autoroute A16, conflue aussi au sud-est de Beauvais, à moins d'un kilomètre, en rive droite du Thérain sur la commune d'Allonne. Le Plan d'eau du Canada, au nord-ouest de Beauvais, fait suite aux étangs de la vallée du Thérain.

Le Thérain, d'une longueur de 94 Gaillefontaine et se jette dans l'Oise à Saint-Leu-d'Esserent, après avoir traversé 43 communes. Les caractéristiques hydrologiques du Thérain sont données par la station hydrologique située sur la commune. Le débit moyen mensuel est de 5,45 . Le débit moyen journalier maximum est de 37 débit instantané maximal est quant à lui de 39,8 .

L'Avelon, d'une longueur de 23 Senantes et se jette dans Rivière de Saint-Just sur la commune, après avoir traversé onze communes. Les caractéristiques hydrologiques de l'Avelon sont données par la station hydrologique située sur la commune. Le débit moyen mensuel est de 1,02 . Le débit moyen journalier maximum est de 15,5 débit instantané maximal est quant à lui de 22,7 .

Réseau hydrographique de Beauvais.

Deux plans d'eau complètent le réseau hydrographique : le plan d'eau du Canada (36,4 ,.

Gestion et qualité des eaux

Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Sensée ». Ce document de planification concerne un territoire de 1 219 bassin versant du Thérain. Le périmètre a été arrêté le et le SAGE proprement dit est, en 2024, en cours d'élaboration. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le syndicat intercommunal de la Vallée du Thérain (SIVT).

La qualité des cours d'eau peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l'eau et l'Agence française pour la biodiversité.

Climat

La ville bénéficie d'un climat océanique dégradé (du fait de l'éloignement de la mer, située à 90 Tréport).

Les collines du pays de Bray protègent Beauvais des précipitations. Les quantités de pluie sont plus faibles que la moyenne nationale, mais la fréquence y est plus élevée. Le brouillard est souvent présent. Le département subit 41 jours de vent en moyenne par an, venant généralement d'ouest ou du sud-ouest,. Les quatre mois de juin, juillet, août et septembre connaissent en moyenne des températures maximales supérieures à 20 °C.

Statistiques 1981-2010 et records Station BEAUVAIS-TILLE (60) Alt: 89m 49° 26′ 42″ N, 2° 07′ 36″ E
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 1 0,9 3 4,5 8 10,8 12,9 12,8 10,2 7,6 3,9 1,5 6,5
Température moyenne (°C) 3,6 4,1 7,1 9,4 13,1 16 18,4 18,3 15,2 11,5 7 4 10,7
Température maximale moyenne (°C) 6,3 7,3 11,1 14,3 18,2 21,2 23,9 23,9 20,2 15,5 10,1 6,6 14,9
Record de froid (°C)
date du record
−19,7
28.1954
−16,8
14.1956
−12,1
13.2013
−6,9
06.2021
−2,4
03.2021
1,2
05.1991
3,6
08.1954
3,9
28.1974
−0,5
20.1952
−5
28.2003
−10,9
25.1956
−15,7
21.1946
−19,7
1954
Record de chaleur (°C)
date du record
15,6
27.2003
20,4
24.1990
24,8
31.2021
28,4
18.1949
31,2
25.1953
36,9
27.2011
41,6
25.2019
39
06.2003
34,8
15.2020
28,2
01.2011
20,2
01.2014
17
07.2000
41,6
2019
Ensoleillement (h) 65,2 76,7 124 171,5 198,9 211,8 217,4 210,1 162 112,2 66,9 52,6 1 669,4
Précipitations (mm) 57,5 45,5 53,4 48,6 58,9 57,1 54 51,7 54,2 63,8 56,1 68,6 669,4
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 1 mm 11,2 9,2 10,6 9,7 10,2 8,5 8,3 7,5 8,6 10,3 10,9 11,8 116,9
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 5 mm 4,4 3,6 3,9 3,7 4,1 4 3,7 3,2 3,4 4,2 3,9 4,8 46,9
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 10 mm 1,3 0,8 0,9 1 1,5 1,8 1,8 1,4 1,6 1,9 1,3 1,9 17
Nombre de jours avec neige 3,6 4,3 1,9 0,8 0 0 0 0 0 0 1,1 2,6 14,3
Nombre de jours avec grêle 0,1 0,1 0,2 0,2 0,4 0,1 0 0 0 0,2 0 0,1 1,4
Nombre de jours d'orage 0,1 0,2 0,4 1,3 3,3 3,3 3,3 1,2 0,7 0,1 0,3
Nombre de jours avec brouillard 5,4 4,4 3,1 2,4 2,7 1,9 1,8 3,2 4,5 6,2 6 5,9 47,4
Source : [MétéoFrance] «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/07/2021 dans l'état de la base
Ville Ensoleillement
 (h/an)
Pluie
 (mm/an)
Neige
 (j/an)
Brouillard
 (j/an)
Médiane nationale 1 852 835 16 50
Beauvais 1 669 669 14 47
Paris 1 717 634 13 26
Nice 2 760 791 1 2
Strasbourg 1 747 636 26 69
Brest 1 555 1 230 6 78
Bordeaux 2 070 987 3 78
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Toponymie

Le nom de la localité est attesté sous les formes in opidum Bratuspantium (. Byeuvé, Bieuvé en picard

Beauvais tire son nom du peuple gaulois des Bellovaques qui faisaient partie, selon César, de la Gaule belgique (les Belgae). Ces « Bellovaci » sont cités notamment par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules ; au . Le suffixe gaulois « -āco- » formait des adjectifs, la racine du mot n'a pas d'explication assurée.

Auparavant, elle s'appelait « Kaisaromagos » (cité dans la Géographie de Ptolémée), « Caesaromago » dans des textes latins,, Ce nom gallo-romain signifie « marché de César », ou plus exactement « plaine de César »

Les prononciations dialectales locales picardes sont Bieuvé [bjœveː] et Biauvé [bjoveː],,.

  1. Emile Lambert, Dictionnaire topographique du département de l'Oise, Amiens 1982, p. 42 (lire en ligne sur DicoTopo) [1].
  2. François Beauvy, Dictionnaire picard des parlers et traditions du Beauvaisis, Beauvais, imprimerie de la Mutualité agricole de l'Oise, Amiens, Editions Eklitra, , 359 pages (ISBN ), Pages 76-77
  3. Maurice Lebègue, Les noms de communes du département de l'Oise, Amiens, Société de Linguistique picarde, , 234 p., p. 42.
  4. a et b Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, Errance, 240 p..
  5. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, Larousse, , 738 p., p. 65.
  6. Geaorges-Pierre Woimant, Carte archéologique de la Gaule. L'Oise, Paris, Fondation Maison des sciences de l'Homme, , 570 ISBN ), p. 127.
  7. François Beauvy, Dictionnaire picard des parlers et traditions du Beauvaisis, Amiens, Editions Eklitra, , 359 ISBN ), p. 76-77
  8. F. Carton et M. Lebègue, Atlas linguistique ethnographique picard, t. I, .
  9. Alain Dawson et Pierre Guilgot, Je parle picard, Gilly, Agence régionale de la langue picarde, , 114 ISBN , lire en ligne), p. 14

Histoire

Préhistoire et Antiquité

Les premières traces de fréquentation du site de Beauvais ont été datées de 65 000 avant notre ère. Camp fortifié par les Romains, Beauvais prend, au Caesaromagus : le Marché de César.

Devenue Bellovacum, la ville gallo-romaine fut détruite à nouveau par les invasions barbares vers 275. Elle est reconstruite au . La ville est ouverte à l'est par la porte du Châtel et à l'ouest par la porte du Limaçon. Chaque angle est occupé par une imposante tour carrée dont une seule est encore visible de nos jours à proximité de la cathédrale, un dallage spécial a été posé pour signaler l'emplacement des remparts et des tours. Tous les 20 mètres, des tours saillantes renforçaient les murailles.

En 328, l'empereur , qui avait autorisé la pratique du christianisme, visite les vétérans de son armée dans le castrum de Bellovacis. C'est le début de la christianisation de la région, et la source du pouvoir des évêques de Beauvais.

Moyen Âge

Maison du Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, édité vers 1856.
La cathédrale de Beauvais.

Dès le début du Moyen Âge, l'autorité des évêques de Beauvais grandit en même temps que croît la nouvelle foi. L'évêché de Beauvais est considéré comme un poste d'autant plus prestigieux qu'il bénéficie de revenus considérables. Beauvais est à un carrefour de routes commerciales et, qui plus est, l'évêque cumule les pouvoirs religieux et politiques en tant qu'évêque-comte. Ce titre fait de lui le vrai maître de la cité car il fait partie des douze pairs de France, personnes les plus importantes dans la hiérarchie médiévale, réunissant les six pairs ecclésiastiques (les deux autres évêques-comtes, les trois évêques-ducs) et les six pairs laïcs (trois ducs et trois comtes) des pairies de France, juste en dessous du roi. Lors de la de Normandie, s'opposant à la mainmise sur la Normandie par le roi de France et la donation de divers fiefs à Arnould de Flandres, l'un de ses fidèles, le Normand Sygtryg, revenu d'Angleterre et d'Irlande avec Hrolf Turtain, leva des flottes pour dévaster les côtes du comté de Flandres et pénétra jusqu'à Beauvais, Amiens et Noyon, afin de soulever les colonies vikings locales contre le comte de Flandres.

En 1096, Renaud de Beauvais participe à la première croisade. Son nom figure dans la cinquième salle des croisades du château de Versailles.

La commune se crée très tôt, au drap de Beauvais est exporté jusqu'en Orient et les ateliers se multiplient. Faisant partie d'une « Ligue » de quinze « villes drapantes », Beauvais en est le troisième pôle par ordre d'importance. Les artisans travaillent toutes sortes de laine, y compris les plus fines, importées de Londres. Les corporations s'enrichissent de corps de métiers de plus en plus diversifiés : teinturiers, finisseurs, tondeurs, apprêteurs… Un groupe de 80 familles régente les ouvriers. La croissance économique de Beauvais est alors importante : c'est, dès cette époque, une ville riche proche de son âge d'or. Les maires de cette période sont la plupart du temps issus du cercle étroit de ces négociants. La hiérarchie est stricte et les querelles sociales soumises à l'autorité du roi qui se charge, s'il le faut, de contraindre l'évêque. De cette époque, date la Basse-Œuvre, qui, si elle est bien l'ancienne cathédrale carolingienne, n'est pas la toute première « cathédrale » construite à Beauvais. Grâce à des fouilles, on a pu dater son édification de la deuxième moitié du architecture carolingienne encore conservé, l'édifice est construit suivant les techniques de l'époque, avec des remplois gallo-romains.

À la même époque, apparaissent les ordres mendiants dont les couvents s'élèvent à l'est de la ville, en plein quartier ouvrier. C'est vers cette époque que datent les maladreries Saint-Lazare et Saint-Antoine. Au départ dépourvus de biens, ces ordres s'enrichissent progressivement et jouent un rôle non négligeable dans la cité.

À l'essor économique que connaît Beauvais durant le église Saint-Étienne, située près de la grand-place, est achevée aux alentours de 1220, et peu après s'ouvre le chantier de la cathédrale gothique. En 1225, l'évêque-comte Milon de Nanteuil (par ailleurs protagoniste d'un conflit dur avec le roi Saint Louis à partir de 1232, dont le pouvoir épiscopal sortira affaibli) lance le projet de ce qui deviendra le monument emblématique de Beauvais : la cathédrale Saint-Pierre. Cette œuvre gigantesque devait dépasser en hauteur les cathédrales de toutes les villes voisines. Splendeur gothique, elle surpassera de ses 48 mètres tout ce qui avait été fait auparavant. Le chœur et le bas-côté oriental du transept sont achevés en 1272. En 1284, les parties hautes des travées droites du chœur s'effondrent. La reconstruction dure jusqu'au milieu du guerre de Cent Ans. Le transept, chef-d'œuvre de l'architecture flamboyante, est réalisé au Louis de Villiers de L'Isle-Adam. Une immense flèche de plus de 150 nef qui permettrait de consolider le monument. Mais, à peine terminée, la flèche s'écroule en 1573. La nef n'a jamais été réalisée, faute de fonds. L'église mesure 72,50 m de longueur pour une hauteur de voûte extraordinaire de près de 48,50 m, les plus hautes de l'architecture gothique en Europe. Même inachevé, l'édifice reste un des hauts lieux du patrimoine religieux.

La cathédrale Saint-Pierre était renommée au Moyen Âge pour la riche bibliothèque du chapitre. La fondation en est attribuée par Antoine Loysel, d'abord à l'évêque ( de Blois (rhétorique, des œuvres de Virgile, Horace, Juvénal, Stace). Au Chrétien de Troyes déclare au début de son Cligès qu'il en a trouvé l'histoire dans un livre de la bibliothèque de Beauvais. Dans son testament daté du , l'évêque Philippe de Dreux lègue tous ses livres de droit et de théologie à la bibliothèque. La construction d'un nouveau local pour la bibliothèque fut décidée en 1404 et achevée en . On a conservé du , mais un ancien cartulaire perdu, contenant une copie de ce catalogue et décrit au . Au Jean du Tillet, Jacques Amyot, Antoine Loysel), mais du désordre et de la négligence s'introduisirent dans la gestion, et les prêts non suivis de restitution se multiplièrent. En mars-, Claude Joly, petit-fils d'Antoine Loysel, établit un catalogue sommaire de 147 articles. À la Révolution, aucun inventaire ne fut semble-t-il dressé. D'après Henri Omont, en 1916, une soixantaine de manuscrits seulement provenant de cette bibliothèque étaient repérés.

En 1472, Charles le Téméraire, fait, sans succès, le siège de Beauvais. La conduite de Jeanne Hachette pendant ce siège est restée célèbre. Le roi accorde, par ses lettres patentes, les privilèges de la ville, notamment ceux des femmes et des filles,. Pour le royaume de Louis .

Ancien Régime

Au Augustin Potier et de son neveu et successeur Nicolas Choart de Buzenval, Beauvais fut un foyer d'étude et de piété. Le premier légua à sa cathédrale une importante bibliothèque d'imprimés. Le second, assisté du chanoine Godefroy Hermant, fit de l'évêché et du séminaire de la ville un centre du jansénisme. L'historien Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont, notamment, est élève du séminaire et du chanoine Hermant.

En 1664, une manufacture royale de tapisserie est installée à Beauvais, devenue alors une importante « ville drapante » du royaume. Plus de la moitié de ses habitants travaillent alors dans le textile. Ses productions sont célèbres dans toute l'Europe, et d'autres artisans bénéficient de cette renommée. La Manufacture atteindra son apogée sous la direction artistique de Jean-Baptiste Oudry, au indienne », une cotonnade imprimée qui va rapidement fournir du travail à des centaines d'ouvriers, sans toutefois détrôner le commerce de la laine.

Époque contemporaine

Beauvais vue par William Brockedon en 1835.

À la fin du révolution industrielle. En se concentrant sur la laine, la brosserie, l'alimentation et la tabletterie, l'industrie locale passe à côté de marchés importants. Le chemin de fer s'implante ailleurs, et ne s'y arrête pas. Au début du Second Empire, Beauvais en est encore à l'ère de la diligence, alors que le rail atteint Rouen, Le Havre, Lille, Saint-Quentin. Ce n'est qu'en 1876 que la ligne directe vers la capitale s'ouvre. Et il s'agit également d'une période de mutations architecturales : la ville s'ouvre, avec l'aménagement des boulevards, à l'emplacement de l'ancien rempart médiéval. D'importants édifices publics sont élevés : l'hôtel-dieu, le lycée Félix-Faure, la gare. Au faubourg Saint-Jacques, les abattoirs sont construits et bénéficient d'une architecture industrielle soignée. Sur la place principale est inaugurée en 1851 par le prince Louis Napoléon Bonaparte, la statue de Jeanne Hachette.

L'horloge astronomique (1865-1868) de la cathédrale cache sous son meuble romano-byzantin de 12 mètres de haut, un mécanisme très complet dû à Auguste Vérité.

Alors que le mouvement d'urbanisation se poursuit hors de l'ancien centre, un nouvel élément est introduit dans l'architecture : la céramique dont le Beauvaisis est producteur. La façade de la manufacture Gréber est un très bel exemple de cette production. Maisons de style anglais, villas d'imitation balnéaire, façades Art déco ponctuent notamment les boulevards Saint-André et l'avenue Victor-Hugo.

Un des métiers à tisser les tapis de l'entreprise Ed. Lainé, au début du XXe siècle

En 1900, Beauvais compte 20 000 habitants, deux fois plus qu'en 1850. Mais les grandes fortunes et les grands patrons se font rares et la bourgeoisie locale domine la scène politique.

Nécropole nationale de Marissel.

Durant la Première Guerre mondiale, Beauvais vit pendant quatre ans l'existence d'une ville de l'arrière, assez proche du front, une existence compliquée par les aléas d'un ravitaillement irrégulier.

En mars 1918, l'hôtel de ville devient le QG du général Foch, c'est là qu'il se voit confier le commandement suprême des armées alliées, par les gouvernements français, anglais et américain.

Vers la fin de la guerre, du mois d'avril au mois de juin, la ville est bombardée à huit reprises, ce qui occasionne la destruction de 80 maisons. Le jour de l'armistice, la ville déplore 719 morts au combat, et 13 civils tués pendant les bombardements.

Dans l'entre-deux-guerres, Beauvais continue de vivre de ses activités du passé, mais la crise économique précipite le déclin de la cité, et plus largement du Beauvaisis. Dès la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, Beauvais retrouve le rôle de ville-hôpital qu'elle avait connu entre 1914 et 1918. Mais, début juin 1940, la ville est attaquée par la Luftwaffe, dont les bombes allument un gigantesque incendie. Les deux tiers de la ville sont en flammes, la moitié des maisons détruites. La ville martyre, qui a perdu presque tous les vestiges de son passé, s'enfonce dans la misère et les privations.

C'est durant cette période noire, en 1943, que quatre communes voisines furent rattachées à Beauvais :

  • Marissel, peuplée de 2 326 habitants au recensement de 1936 ;
  • Saint-Just-des-Marais, peuplée de 2 095 habitants en 1936 ; cette dernière avait porté, durant la Révolution le nom de La Chaussée-de-la-Montagne ;
  • Voisinlieu, peuplée de 2 294 habitants en 1936 ;
  • une importante partie de Notre-Dame-du-Thil, soit environ 1 500 des 1 647 habitants la peuplant en 1936 ; cette commune avait porté, durant la Révolution le nom de Duthil-la-Montagne.

« Bonne ville de France, vieille cité de l'Île-de-France, cité meurtrie, cité mutilée… ». C'est en ces termes que le général de Gaulle salue Beauvais en août 1945. Il faut en effet reconstruire sur les 43 hectares de déblais, quadrillés par des rues désertes. « Les témoins du passé sont morts et bien morts » disait l'architecte Georges Noël, et il fallait éviter d'imaginer « un mauvais décor », tout en mettant en valeur les églises et les bâtiments qui avaient survécu aux destructions. Des années sont nécessaires pour réussir ce pari, pour bâtir de nouveaux logements, réédifier les bâtiments publics, les hôpitaux, les établissements d'enseignement. Le plan de reconstruction s'efforce de respecter l'équilibre des anciens quartiers, avec des rues plus larges, plus régulières.

Mais il faut attendre les années 1960 pour que la reconstruction s'achève véritablement, pour que de nouveaux quartiers soient édifiés sur les plateaux (Argentine et Saint-Jean) et pour que de nouvelles industries redonnent du dynamisme à la ville. Pendant Mai 68 la ville est très tôt aux avant-postes de la grève générale qui s'étend. Jeudi 16 mai, les 1 800 salariés de Lockheed à Beauvais décident de poursuivre la grève commencée la veille mercredi 15 mai.

En 1974 est inauguré le Palais de justice et, en 1976, s'ouvre la Galerie nationale de la tapisserie de Beauvais. Les anciens abattoirs de la ville accueillent la manufacture de la tapisserie. Au cours des années quatre-vingt-dix, l'ancien bureau des Pauvres est aménagé en centre culturel et l'antenne universitaire ouvre ses portes.

  1. Gérard Coulon, Les Gallo-Romains : vivre, travailler, croire, se distraire - 54 av. J.-C.-486 ap. J.-C., Errance, collection Hespérides, Paris, 2006 (ISBN ) p. 21.
  2. André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, ISBN ), p. 80.
  3. Henri Omont, « Recherches sur la bibliothèque de l'église cathédrale de Beauvais », Mémoires de l'Institut de France (Académie des inscriptions et belles-lettres), t. XL, 1916, p. 1-93.
  4. Mémoires des pays, villes, comté et comtes, évêché et évêques, pairie, commune et personnes de renom de Beauvais et Beauvaisis, Paris, 1617.
  5. v. 18-26 : « Ceste estoire trovons escrite,/ Que conter vos vuel et retreire,/ An un des livres de l'aumeire/ Mon seignor saint Pere a Biauvez./ De la fut li contes estrez/ Don cest romanz fist Crestiiens./ Li livres est mout anciiens,/ Qui tesmoingne l'estoire a voire ;/ Por ce feit ele miauz a croire. » (retreire = raconter ; aumeire = armoire ; a voire = avec vérité).
  6. Testament reproduit par Pierre Louvet, Histoire et antiquités du diocèse de Beauvais, Beauvais, 1635, t. II, p. 349.
  7. Ni les livres légués au Cligès n'y apparaissent.
  8. « Livres qui composaient la bibliothèque ancienne, et leurs commencements, lesquels se montaient à cent quatre-vingt-six volumes » dans un recueil de copies et extraits fait au Troussures.
  9. Antoine Loysel, op. cit., p. 61 : « En l'église de Beauvais estoit une librairie fournie de grande quantité de livres anciens, tant ecclésiastiques que seculiers, dont les chanceliers qui en ont la charge ont eu si peu de soin qu'il y en a bien peu de reste d'entiers, ains sont la plupart perdus, imparfaicts ou dechirez […] C'est dommage que cette librairie n'a esté bien entretenüe ».
  10. Dont trente-trois à la Bibliothèque nationale de France, plusieurs dans de grandes collections étrangères (trois ou cinq à la bibliothèque Laurentienne de Florence, Vatican, British Library…), et six des plus beaux volumes acquis en 1908 pour la Pierpont Morgan Library (dont une copie des homélies de saint Augustin sur l'épître de saint Jean, exécutée à l'abbaye de Luxeuil au onciale conservé de cette époque, aujourd'hui un des joyaux de cette bibliothèque). Liste entière : Henri Omont, art. cit., p. 74-91.
  11. Eusèbe de Laurière et France, Ordonnances des Rois de France de la 3e Race, recueillies par ordre chronologique..., , 844 lire en ligne), p. 583
  12. Lettres patentes de Louis lire en ligne).
  13. Lettres patentes de Louis lire en ligne).
  14. Lettres patentes de Louis lire en ligne).
  15. Bibliographie : Jean Cartier, L'Art céramique des Gréber, 1868-1974, éditions d'art SOMOGY, (ISBN ).
  16. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, «  », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  17. a et b Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, «  », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  18. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, «  », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  19. a et b Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, «  », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).

Héraldique

Blason
De gueules au pal d'argent (un pieu d'argent vertical sur fond rouge)
Devise
Palus ut hic fixus constans et firma manebo (Tel ce pieu fiché constante et ferme resterai.)
Détails
Ces symboles font référence au terrain marécageux sur lequel la ville est construite nécessitant l'utilisation de piliers en bois pour soutenir les fondations des bâtiments.
Le statut officiel du blason reste à déterminer.
  1. «  », sur armorialdefrance.fr (consulté le ).

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Beauvais dans la littérature

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