Hettange-Grande

Localisation

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Hettange-Grande : descriptif

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Hettange-Grande

Hettange-Grande (prononcé [ɛtãʒ gʁãd(ə)]) est une commune française située dans le département de la Moselle en région Grand Est, à cinq kilomètres de la frontière franco-luxembourgeoise. Connue dans le monde scientifique pour avoir donné son nom à un étage du Jurassique : l'Hettangien, la commune possède l’une des quinze réserves géologiques françaises et la seule de Lorraine

C’est également une ville au patrimoine hétéroclite et à l’histoire deux fois millénaire car elle fut, au fil des siècles, une bourgade gallo-romaine, une seigneurie et un bastion royaliste durant la Révolution française. C'est l'annexion allemande de 1871, suivie d'une nouvelle politique d'urbanisme et du développement d'une voie de chemin de fer aux XIXe et XXe siècles, qui a permis à la ville, située au cœur du sillon mosellan, à équidistance de villes telles que Metz ou Luxembourg, de passer de l'état de bourg rural à celui de ville minière tournée vers le secteur secondaire, et plus précisément, l'exploitation du minerai de fer. Hettange-Grande est une ville en constante croissance démographique

En 2017, c'est la 23e commune la plus peuplée du département mosellan, avec ses 7 653 habitants, appelés les Hettangeois en français et les Hettenger en platt.

Géographie

Localisation

Communes limitrophes

Les communes limitrophes sont Roussy-le-Village, Boust, Cattenom, Entrange, Kanfen, Manom, Thionville et Zoufftgen.

Communes limitrophes de Hettange-Grande
Kanfen Roussy-le-Village Boust
Entrange, Œutrange Hettange-Grande Cattenom
Manom, Thionville

Géologie

Panorama sur les collines entourant la ville. À gauche, la colline du Saint-Michel.

Située au cœur du Pays des Trois Frontières (Luxembourg, Allemagne, France), la commune se trouve à 177 plateau lorrain, dans le bassin mosellan, sur une ligne de forte urbanisation s’étendant de Metz à Luxembourg en passant par Thionville. Hettange-Grande est située en plein cœur d’une zone géologique, le Jurassique inférieur, dont la formation est estimée à près de 200 millions d’années.

C'est en raison de cette situation que le nom de Hettange est associé à celui d'un étage stratigraphique du Jurassique inférieur : en 1864, le géologue suisse Eugène Renevier propose de retenir la carrière Gries, située sur le ban de la commune, comme référence internationale d’un étage géologique datant de 199,6 à 196,5 millions d’années avant notre ère. Le stratotype Hettangien venait de voir le jour.

Accès

Hydrographie

Réseau hydrographique

La commune est située dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse. Hettange-Grande est située au nord du lit de la Moselle, qui traverse la ville voisine de Cattenom. La ville est traversée par trois cours d’eau : le Wampich (aussi nommé Wampichbach), le Reybach mais surtout la Kiesel, un des affluents de la Moselle, autour de laquelle Hettange-Grande a développé son habitat dès le Moyen Âge,. Le ruisseau la Kiesel, d'une longueur totale de 18,7 Kanfen et se jette dans la Moselle à Cattenom, après avoir traversé cinq communes.

Gestion et qualité des eaux

Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Bassin ferrifère ». Ce document de planification, dont le territoire correspond aux anciennes galeries des mines de fer, des aquifères et des bassins versants associés, d'une superficie de 2 418 région Grand Est. Il définit sur son territoire les objectifs généraux d’utilisation, de mise en valeur et de protection quantitative et qualitative des ressources en eau superficielle et souterraine, en respect des objectifs de qualité définis dans le SDAGE du Bassin Rhin-Meuse.

La qualité des eaux des principaux cours d’eau de la commune, notamment du ruisseau la Kiesel, peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l’eau et l’Agence française pour la biodiversité.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat des marges montargnardes, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans la région climatique Lorraine, plateau de Langres, Morvan, caractérisée par un hiver rude (1,5 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,8 amplitude thermique annuelle de 15,9 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Malancourt », sur la commune d'Amnéville à 16 vol d'oiseau, est de 10,2 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 884,1 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 39,3 ,,.

Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Forêt

Hettange-Grande est une ville verte (1 000 ha de massif forestier pour une superficie totale de 4 000 ha) proposant de nombreux sentiers pédestres à travers les forêts qui l’entourent : le bois du Zeiterholz et la forêt d’Entrange au nord, la forêt de Hettange-Cattenom à l’est, le bois de Chambourg et la forêt d’Elange au sud, et enfin le bois de Soetrich au nord-ouest, qui propose deux sentiers de découverte de 3 et 7 km.

Mois Jan Fev Mar Avr Mai Jui Jui Aou Sep Oct Nov Dec Année
Températures moyennes (°C) 1,5 2,8 5,8 9,1 13,2 16,4 18,4 18 15 10,6 5,3 2,4 9,9
Précipitations moyennes (mm) 63,5 57,7 63,1 53,5 68,9 72 61,5 62,5 59,7 63,5 66,6 73 765,6
Insolation moyenne (h) 43,2 81,1 122,4 163,1 202,4 213,1 238,5 209,1 162,6 104 55,6 43 1638,1
Source : « Metz, Moselle(57), 190m - [1961-1990].
Ville Ensoleillement
 (h/an)
Pluie
 (mm/an)
Neige
 (j/an)
Orage
 (j/an)
Brouillard
 (j/an)
Médiane nationale 1 852 835 16 25 50
Hettange-Grande 1 638 765 30 22 51
Paris 1 717 634 13 20 26
Nice 2 760 791 1 28 2
Strasbourg 1 747 636 26 28 69
Brest 1 555 1 230 6 12 78
Bordeaux 2 070 987 3 32 78
  1. «  », sur le site personnel d'Édouard, Lucien et Maxime Clément (consulté le ).
  2. «  » (consulté le ).
  3. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Hettange et le bassin
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Toponymie

  • En allemand : Gross-Hettingen, Großhettingen. En francique lorrain : Grouss-Hetténgen et Grouss-Hetténg.
  • Le nom de famille Hettinger désignait autrefois les habitants du village et est typique de la commune.
  • Nom des quartiers en francique lorrain : Chambourg : Chombérich, Weltesch Haff et Schamburger Haff. Rastenne : Raschten. Sœtrich : Séitrech. Suzange : Siséngen. Pont de Pierre : Sisénger Haff. la Kiesel : d'Kisel / Kiselbaach.
Panneau d'entrée bilingue.

À l'époque romaine, Hettange-Grande est mentionnée sous la forme Caranusca, nom latinisé, qui tire son origine de la racine pré-indo-européenne *kar- (« rocher, pierre »), sans certitude cependant. L’identification potentielle d’une racine allongée celtique carn- « pierre » est également possible (d’où un primitif *Carnusca), plutôt qu’un double suffixe -an-(usca). Le suffixe -usca rappellerait celui que l’on trouve dans le sud-est de la France dans la zone de peuplement ligure. La ville est citée sur la table de Peutinger sous ce nom. Cependant, Albert Dauzat et Charles Rostaing estiment que le nom de Caranusca se perpétue dans celui de Garche, ancienne commune, mentionné sous la forme germanisée Garnische en 1128 et Garsche en 1560, ce qui est phonétiquement possible.

Le nom d’Hettange est attesté sous les formes Hettinga au , Haitanges en 1369; Haistanges en 1386; Hetange et Hattange au ,.

Le suffixe -ange est la forme donnée à la place du suffixe germanique -ing (« domaine »), lors de l'avancée du Duché de Bar vers 1200. Le nom des villages ayant leur finale en -ing ou -ingen a été francisé en -ange. Le premier élément est sans doute un anthroponyme, comme dans la plupart des composés en -ange. Ernest Nègre propose Hetti, qui pourrait évoquer Hetton(Hetti) de Trèves, alors qu'Albert Dauzat et Charles Rostaing préfèrent Hatto ou Hetto.

Enfin, le qualificatif -Grande fut ajouté, autant en raison du rattachement de l’ancienne commune de Soetrich au bourg principal, que pour le différencier du village homonyme de Petite-Hettange. Une distinction aujourd’hui moins essentielle puisque le village de Petite-Hettange a disparu (administrativement, du moins), annexé par la commune de Malling.

Hettange-Grande se trouve dans l’aire de diffusion de la toponymie germanique en France,,,.

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Histoire

Préhistoire

L’ammonite, devenue symbole des carrières d’Hettange-Grande
Trace d’un fossile d’ammonite dans la réserve géologique de la ville

La Lorraine appartient à la bordure orientale du Bassin parisien. Le peuplement préhistorique y débute il y a plus de 500 000 ans, un peu plus tard pour Hettange-Grande, après que la mer s'est retirée. Jusque-là, la seule présence de vie consistait en divers mollusques, dont les ammonites, emblème de la ville, sur des fonds de grès (que l’on nommera plus tard « grès d’Hettange ») qui devinrent des falaises.

Première période de la préhistoire, le Paléolithique a en fait laissé peu de vestiges. La découverte de galets dits « choppers » à Hettange-Grande prouve que les rives de la Kiesel étaient fréquentées dès cette époque.

À partir du cinquième millénaire avant notre ère, le réchauffement progressif modifie les conditions de vie. Les premiers agriculteurs s’installent sur le site de la future Hettange il y a environ 7 000 ans. La découverte de tessons de poteries, de haches, grattoirs, faucilles et meules prouve que le site fut habité sans interruption jusqu’en 450 av. J.-C. avant que les Celtes (ou Gaulois) ne s’y installent. La ville reste celte jusqu’à la conquête de la Gaule par Jules César en 58 av. J.-C..

Caranusca, ville gallo-romaine

Réplique d’une statue de Mercure, dieu protecteur de Caranusca, découverte en 2001

Le nom d’Hettange est souvent associé à celui de Caranusca. C'est la carte de Peutinger, document datant du Moyen Âge où figurent des itinéraires romains du Jules Vannérus apporte une conclusion au « dossier Caranusca » en confirmant que la bourgade gallo-romaine se situait à l'emplacement de l’ancien village de Suzange, annexé par Hettange au Moyen Âge, au sud de la ville actuelle. De plus, les nombreuses fouilles réalisées sur les sites dits « Auf Kehm » et « Gehren » ont permis de mettre au jour de nombreux vestiges : une quinzaine d’habitations, sept caves (découvertes en 1908), trois puits ainsi que 400 tessons de céramique, 360 monnaies, une cinquantaine d’objets en bronze, un bas-relief dédié à Bacchus (en 1859), des fibules, un lion androphage sculpté dans du calcaire (en 1935) et plus récemment, une statue de Mercure (en 2001). Ces éléments tendent à prouver qu’Hettange était bien la ville gallo-romaine du nom de Caranusca.

L’essentiel de l’agglomération gallo-romaine, d’une superficie de 20 coteau en pente douce. La voie romaine entre Metz (Divodurum) et Trèves (Augusta Treveorum) la traversait dans toute sa longueur. Cette voie était alors principalement utilisée par les voyageurs et marchands qui se rendaient en Germanie, ce qui faisait d’Hettange-Caranusca un gîte d’étape important. Cette situation a très probablement contribué à faire de Mercure, dieu du commerce et protecteur des voyageurs, la divinité fétiche de Caranusca. Les propriétés, construites en calcaire et en grès, les matériaux de construction les plus courants à l’époque, se trouvaient de part et d’autre de la voie et des passages étroits (appelées ambitus) séparaient les habitations. Celles-ci étaient formées de lots contigus limités par des murs ordonnés perpendiculairement à la voie principale. La largeur moyenne de chaque lot était d’environ 8 mètres. L’emprise de la chaussée était délimitée par une bordure, longue de 28,60 mètres, ainsi que par un caniveau, large de 32 centimètres et profond de 30, formé de blocs de calcaire appareillés. Hormis trois fontaines (et une exploitation possible de la Kiesel), aucun aménagement permettant l’alimentation en eau n’est connu. Par contre, deux puits antiques ont été fouillés, dont l’un se trouvait au bord de la voie romaine et l’autre, dans un lot privé.

L’économie de la ville était florissante. Des découvertes ont par exemple permis d’attester la présence de tabletiers, de métallurgistes (bronze et fer), d’un boulanger, d’un atelier de tissage, d’un cordonnier et surtout d’agriculteurs. La bourgade connait un essor et véritable âge d’or jusqu’en 350, date à laquelle un incendie la ravage, précipitant son déclin. Malgré une reconstruction, la ville est abandonnée au invasion de l’Empire romain par les Barbares.

Le tumulte du Moyen Âge

Après une période de désertification, les Francs saliens occupent la région. L’habitat se déplace alors vers ce qui est appelé bien plus tard « Le Rocher », la colline située tout près de la Kiesel. Après l'annexion de la Lotharingie à l’Empire en 925, Hettange et le pays thionvillois passent progressivement sous la domination du comté de Luxembourg à partir de 963.

Commence alors l’époque des seigneurs d’Hettange. Ce sont eux qui font construire le château sur le Rocher. La première mention d’une famille noble portant le nom de Hettingen figure dans un acte du , Jean de Hettingen (cité en 1401) ou encore Arnold de Hettingen (en 1405). Ces seigneurs continuèrent de dominer le bourg malgré la forte présence luxembourgeoise.

Le faubourg Rastenne, le plus ancien quartier d’Hettange-Grande, est occupé lui aussi depuis le Moyen Âge. Dirigé par des seigneurs, le village situé sur la rivière Kiesel perd son indépendance à la Révolution française et devient un quartier de la nouvelle Hettange. On peut encore aujourd’hui y admirer une superbe demeure seigneuriale du XVIe siècle, la maison Jolivalt, dernière résidence des seigneurs de Rastenne.

Entre 1268 et 1387, Hettange est incendiée par des seigneurs soucieux d’agrandir leur domaine. Le château et le village sont notamment « réduits en cendres » par les Messins en 1387-1388. Dans le même temps, les paysans se révoltent de nombreuses fois. Après ce que l’on appellera plus tard « Le Temps des Malheurs », Hettange et le nord-ouest mosellan passent sous domination bourguignonne en 1443, aux dépens du Luxembourg, puis en 1506, sous protectorat espagnol. La population s’élève alors à 340 habitants. Les dissensions entre le royaume de France et le royaume d’Espagne se multiplient, et le conflit semble alors imminent.

Trente ans de guerre

Traditionnellement limitée aux dates de 1618 et 1648, la guerre de Trente Ans touche la Lorraine à partir de 1630. Déjà brûlés, Hettange et le village voisin Soetrich connaissent une nouvelle vague de destructions. Seul vestige de ces époques troublées, la chapelle de Soetrich conserve aujourd’hui de nombreux éléments du .

Dès 1623, les habitants d’Hettange se plaignent du passage incessant des troupes de soldats en guerre sur la grand-route du village. En 1626, le village voisin d’Entrange est incendié et déserté à son tour. Mais le pire est encore à venir. Hettange est dévastée par les Messins en 1635. Ceux-ci en profitent pour piller les restes du château médiéval. Le village se vide et compte désormais à peine 140 habitants, Soetrich compris.

Finalement, la Moselle revient aux Français par le Traité des Pyrénées en 1659. La population revient alors lentement à Hettange. Elle s’élève à 440 habitants en 1764. À la même époque, le château en ruines est rasé et une nouvelle église paroissiale construite à cet emplacement. En 1789, la population totale d’Hettange-Soetrich s’élève à 830 habitants.

Entre la Révolution et l'Empire

Le , le roi Louis XVI convoque les États généraux. Hettange, bien entendu, envoie aussi des députés du Tiers état : Georges Clessin et surtout Mathieu Suzange, qui deviendra le premier maire d’Hettange. Dans les cahiers de doléances du village, on peut lire que les Hettangeois souhaitent « qu’il plût également à Sa Majesté d’abolir les droits dont les objets ne subsistent plus ». Hettange paye en effet chaque année sept sous et sept deniers pour la garde à Roussy-le-Bourg, village voisin, d’une foire qui n’a plus lieu depuis longtemps.

Hettange et ses environs à la fin du Cassini

Par le décret du 22 décembre 1789, la Lorraine est divisée en quatre départements. L’État prend le contrôle de l’Église. Les prêtres deviennent fonctionnaires. Hettange est rattachée au canton de Cattenom et au district de Thionville.

De nombreux nobles ont gagné les royaumes limitrophes qui accueillent chez eux les émigrés français. De son côté, l’Assemblée législative voit d’un mauvais œil leur présence. Elle déclare la guerre à la Prusse et à l’Autriche en 1792. La frontière française est franchie par l’avant-garde prussienne. Des villes comme Longwy, Fontoy, Verdun, tombent mais Thionville refuse de se soumettre. Les royalistes s’installent alors à Hettange. Ils sont près de 30 000 dans les environs. Le maire d’Hettange, Jean Hippert, organise la réquisition de dizaines d’hommes pour les Prussiens. Le village devient un fief royaliste.

Mais cela ne dure guère. Le 20 septembre, la bataille de Valmy coupe la route de Paris aux Prussiens. Le blocus organisé par ces derniers à Thionville depuis que la ville avait refusé de se rendre est levé. Le 17 octobre, Hettange est évacuée et change de camp. Le maire, allié des Prussiens, est contraint de démissionner. Fait prisonnier, il sera libéré au printemps 1793 et mourra le 16 juillet de la même année. Le tumulte révolutionnaire prend fin.

En 1799, Napoléon Bonaparte accède au pouvoir et, en 1804, il devient empereur. Il envahit l’Europe. Cependant, à partir de 1812, les défaites succèdent aux victoires. Les Hettangeois sont à nouveau réquisitionnés pour venir en aide à Thionville assiégée par les troupes coalisées contre Napoléon. Les troupes napoléoniennes défendent âprement la région. À cette occasion, le général Hugo, dans ses Mémoires, qualifiera la commune d'Hettange de « riche village » et « bourg considérable ».

Finalement, l'empereur abdique en 1814, puis une nouvelle fois en 1815 après avoir tenté de rétablir son pouvoir. Les vétérans de la Grande Armée napoléonienne regagnent le village. La paix semble revenir, même si les années 1789-1815 ont laissé Hettange dans un état pitoyable (église détruite, vagues de réquisitions, Terreur).

Le | ]

Dans la première moitié du Soetrich en 1811 et rattaché Rastenne. La majorité des habitants sont paysans. La nouvelle municipalité se met en place et la construction d’une nouvelle église est engagée entre 1834 et 1839. Dans le même temps, la population augmente : en 1817, au lendemain de l’Empire, la population atteint 917 habitants ; en 1844, on compte 1 130 habitants.

À la même époque, Hettange acquiert une renommée mondiale due aux recherches des géologues qui, à partir de 1826, consacrent de nombreuses études aux carrières locales et au grès d’Hettange, qui servait alors à paver les rues de grandes villes comme Metz ou Nancy. De nombreux savants, Victor Simon, Orly Terquem ou encore Audenelle, sont impressionnés par le site. Mais c’est le suisse Eugène Renevier qui, en 1864, proposera le terme d’Hettangien pour dater les dépôts sédimentaires correspondant à la base du Jurassique inférieur et vieux de 201 à 204 millions d’années. Exploitées, étudiées, admirées, les carrières d’Hettange sont désormais reconnues dans le monde entier.

Dès 1861, un décret impérial permet l'établissement de deux hauts fourneaux sur le territoire de la commune, point de départ de la future mine. À la fin des années 1860, la mairie envisage de faire construire un nouveau presbytère. Mais les tensions entre la France et la Prusse s’exacerbent et la guerre éclate. Le , l’armée prussienne campe devant Metz et, après la défaite de Sedan, les Allemands envahissent l’Alsace-Lorraine.

L’ère allemande (1870-1914)

L’armée allemande-prussienne envoie des soldats en reconnaissance dans la région thionvilloise dans le courant du mois de septembre 1870. Le 22 novembre, le bombardement prussien commence et le 24, Hettange et Thionville brûlent. Le , par le Traité de Francfort, l’Alsace-Moselle devient allemande.

La population, qui accepte d’abord mal cette nouvelle nationalité, est « germanisée » : l’allemand devient obligatoire à l’école primaire, le nom d’Hettange-Grande est changé en Gross-Hettingen, des fêtes en l’honneur des empereurs allemands sont organisées. Les militaires sont omniprésents. Par deux fois, des industriels engagent la construction d’une fabrique d’explosifs dans les environs de la commune, un projet qui n’aboutira jamais. Les jeunes Hettangeois sont incorporés dans l’armée. Les Allemands entreprennent également des travaux d’embellissement de la ville : de nombreux bâtiments anciens datent de cette période ainsi que la mairie, construite en 1908.

La polyculture se développe mais, à partir de 1896, la première source d’économie de la ville provient de la mine Charles-Ferdinand, mine de fer se situant sur le territoire de deux communes, Hettange-Grande et Entrange. Les premiers mineurs sont des habitants des deux communes mais dès les années 1900, des travailleurs étrangers (Italiens, Polonais, etc.) sont recrutés. La population d’Hettange-Grande passe alors de 1 034 habitants en 1895 à près de 2 900 avant la Première Guerre mondiale.

Première Guerre mondiale et retour à la France

La Première Guerre mondiale est la seule guerre durant laquelle la ville ne subit aucune destruction. Le seul fait notable reste l’arrivée en 1915 de prisonniers russes qui travailleront à la mine. Après quatre ans de guerre, l’armistice est signé le . Le 20, les troupes françaises entrent dans Thionville puis dans Hettange. La ville redevient française.

Les finances se redressent et le français est remis à l’honneur. Mais rien n’est simple pour les habitants qui, pour une importante majorité, sont nés après 1870 ou juste avant, ou sont arrivés de pays étrangers sous l’ère allemande. En effet, ces derniers n’ont jamais appris le français et n’ont connu que l’Empire allemand. La municipalité encourage la diffusion de la culture (notamment par le biais du cinéma). Un monument aux morts de la Grande Guerre est édifié contre l’église. C’est aussi l’époque de la construction de riches villas le long de la route qui mène à Kanfen. Hettange se modernise : les routes sont goudronnées, un réseau électrifié performant est opérationnel dès 1930, l’habitat se développe (la ville compte plus de 3 100 habitants au début des années 1930), des casernes, comme le quartier Guyon-Gellin, sont bâties.

Toutefois, à partir de 1931, la récession touche la Moselle. L’effet de cette crise économique est un peu moins ressenti à Hettange où la population étrangère continue d’affluer et où la mine connait toujours une activité florissante. De plus, la ville profite des chantiers de construction des ouvrages de la ligne Maginot, tous édifiés entre 1930 et 1935, dont l’ouvrage A 10 de l’Immerhof (constitué de trois blocs de combat reliés par trois cents mètres de galeries). Ces forts rassurent encore les habitants face aux intimidations de l’Allemagne nazie dès 1936, dont la première préoccupation est de remilitariser la Rhénanie voisine.

La Seconde Guerre mondiale

Borne de la Voie de la Liberté, rappelant la libération de la ville en 1944

Le

Les soldats, notamment ceux de l’Immerhof, de Soetrich ou encore des quatre abris d’intervalle (Stressling, Hettange, Route du Luxembourg, Helmreich), se battent sans relâche contre les Allemands qui bombardent la ville. Le toit du clocher et de nombreux bâtiments anciens sont endommagés ou détruits, comme la synagogue, qui était située sur l'actuelle rue du 12 septembre. Les nazis envoient par radio des injonctions à la reddition, mais les soldats tiennent bon. Le , le maréchal Pétain signe l’armistice à Rethondes. Le 25, les derniers soldats de l’Immerhof se rendent. Le 30 juin, les Allemands entrent dans Hettange-Grande. L’Alsace-Moselle est rattachée au Troisième Reich. La ville est à nouveau rebaptisée Gross-Hettingen.

L’équipe municipale est immédiatement contrainte à la démission et un « haut commissionnaire à la ville » est nommé. Les populations évacuées reviennent. Dès l’été, les associations nazies comme les Hitler Jugend ou le Deutsche Arbeitsfront paradent dans les rues de la ville, la population est embrigadée et le drapeau nazi flotte sur les bâtiments officiels. Le Monument aux Morts de la Grande Guerre est détruit et la déception habite les anciens combattants de la Première Guerre mondiale. Les Allemands exploitent la mine à fond pour aider à l’armement de la Wehrmacht.

À partir de 1942, la Résistance s’organise. C’est aussi l’époque des grandes rafles. En 1943 notamment, des dizaines de personnes sont arrêtées puis conduites à Thionville et Metz pour finalement rejoindre des camps comme Dachau ou, plus proche encore, le Struthof. Le 6 juin 1944, les Anglo-Canadiens et les Américains débarquent en Normandie puis libèrent progressivement toute la France. À l’approche des Alliés, la Résistance s’intensifie, et la répression allemande aussi. Le , les Américains libèrent la Moselle et entrent dans la ville. Pour Hettange-Grande, c’est la fin de plus de quatre ans d’Occupation. La rue qui relie Hettange à Œutrange est depuis baptisée rue du 12 septembre 1944 en souvenir du jour de la Libération.

Période contemporaine

Le quartier Maginot, la gare et une partie du centre-ville en 1962

Après la guerre, la période des Trente Glorieuses (1945-1973) est synonyme d’embellissement et d’extension pour Hettange-Grande. Entre 1945 et 1975, la commune passe de 3 300 à près de 5 600 habitants, en grande partie des immigrés d’Italie et des pays de l’Est, venus chercher un emploi dans les florissantes entreprises de la région. On parle pour la première fois d’urbanisme à Hettange-Grande. Le quartier des Provinces se crée et s’agrandit d’année en année et, en 1964, face à l’afflux toujours croissant de familles, la commune engage la construction d’une cité scolaire moderne pour accueillir les désormais nombreux enfants. Sur d’anciennes terres agricoles apparaissent ainsi un gymnase, un court de tennis, une salle omnisports, une école primaire et une école maternelle, puis plus tard (en 1970) un collège. Le , la mine Charles-Ferdinand ferme ses portes, mettant fin à près de 85 ans d’exploitation et marquant officiellement le début de la reconversion de la ville qui se tourne désormais vers le secteur tertiaire.

Panorama sur l’est de la ville, en 2010

Hettange-Grande s’est encore étendue. En raison de sa proximité avec le Luxembourg, fournisseur d’emplois, elle connait une croissance rapide. En 1999, la ville compte 6 356 habitants et en 2007, 7 562. Les derniers chiffres de 2009-2010, établis par la communauté de communes de Cattenom, estiment la population totale de la ville à 7 819 habitants. Hettange-Grande est devenue une localité frontalière importante. C’est une ville fleurie possédant deux fleurs (la deuxième ayant été attribuée en 2009). D’ailleurs, le slogan de la ville, adopté à l’été 2009, est : Hettange-Grande, une Ville au Présent Intense.

Alors qu'un film documentaire retraçant l'histoire d'Hettange-Grande, et auquel ont participé, entre autres, la journaliste Carole Gaessler et l'acteur Christian Marin, dans le rôle du paléontologue suisse Eugène Renevier, a été tourné à l'été 2011, la commune a célébré, en septembre de la même année, le bicentenaire de la réunion du village de Hettange avec celui de Soetrich. Une carte postale commémorative a été éditée pour cette occasion.

Rattachements géographiques

  •  : Saint-Empire romain germanique
    • 1185-1296 : seigneurie d’Hettange
    • 1296-1443 : duché de Luxembourg
    • 1443-1559 : États bourguignons
    • 1559-1659 : Pays-Bas espagnols
  • 1659-1791 : royaume de France (traité des Pyrénées)
  • 1791-1871 : France
  • 1871-1918 : Empire allemand
  • 1918-1939 : France (traité de Versailles)
  • 1940-1945 : annexion par l’Allemagne nazie
  • Depuis 1945 : France

Annexes

L’annexe de Suzange est rattachée à Hettange dès le Moyen Âge. L’ancienne commune de Sœtrich est réunie avec celle d’Hettange-Grande en 1811.

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  2. a et b Jean-Luc Massy et Chantal Berteaux, Les agglomérations secondaires en Lorraine romaine, Presses Universitaires de Franche-Comté, , 433 ISBN , lire en ligne).
  3. «  », sur le site de la société suisse Euratlas - Nüssli (consulté le ).
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  11. Commission des Annales des mines, Annales des mines, Dunod, (lire en ligne).
  12. Mine Charles-Ferdinand sur le site hettangegrande.fr
  13. Témoignage d’un soldat de la Première Guerre mondiale
  14. Thionville et environs sur le site de la ligne Maginot
  15. Henri Schumann et Pierre-André Meyer, Mémoire des communautés juives de Moselle, Éditions Serpenoise, (lire en ligne).
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  18. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées ville fleurie
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Héraldique
Blason
D'azur aux forces de tondeur renversées accompagnées de trois roses du même pointées du sinople.
Détails
Armes enregistrées par d'Hozier, garde de l'Armorial Général, en exécution de l'Édit de 1696.
  1. Hettange-Grande sur le site de la Banque du Blason

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