Alteckendorf (prononcé /altɛkəndɔrf/ en français et Àltackedorf [ˌɒlˈd̥aɡ̊əd̥oʁf] en alsacien) est une commune française du département du Bas-Rhin en région Grand Est.
Village rural d'Alsace, Alteckendorf est situé à 25,3 km au nord-ouest de Strasbourg, dans le terroir de l'Arrière-Kochersberg
Au niveau intercommunal, la municipalité est intégrée dans le pays de la Zorn qui regroupe 27 localités autour de Hochfelden
En 2014, la population légale est de 874 habitants, appelés les Alteckendorfois.
Le village est issu en 1777 de l'union des communautés villageoises d'Altdorf et Eckendorf
Au cours du XIXe siècle, les deux villages, en s'étendant, se sont rejoints par la même rue principale
Eckendorf est attesté dans les textes d'archives dès le VIIIe siècle, des abbayes et monastères du Saint-Empire romain germanique y ayant des possessions agricoles
Les deux localités sont successivement la propriété des seigneurs de Lichtenberg (1332), des comtes de Hanau-Lichtenberg (1490) et des landgraves de Hesse-Darmstadt (1736)
Durant la guerre de Trente Ans, les villageois ont souffert des multiples passages de troupes ainsi que des famines et des épidémies qui en ont découlé (1622, 1633-1634, 1635-1636)
La population sort du conflit exsangue et décimée
La paix retrouvée, des migrants suisses, Bernois pour la plupart, participent au redressement de la communauté
Les deux villages deviennent français en 1680 sous Louis XIV dans le cadre de la politique des Réunions
Comme le reste de l'Alsace, Alteckendorf redevient allemande durant la période du Reichsland (1871-1918) puis lors de l'occupation nazie (1940-1945).
Après une période d'exode vers les Amériques aux XVIIIe et XIXe siècles et de déclin démographique durant la première moitié du XXe siècle, Alteckendorf a retrouvé son dynamisme depuis la fin des années soixante grâce à la périurbanisation de l'aire strasbourgeoise
Depuis l'introduction de la Réforme protestante en 1545, la vie cultuelle est marquée par le luthéranisme et, depuis le milieu du XIXe siècle, par l'évangélisme
La paroisse luthérienne dispose de deux lieux de cultes, d'aspect austère et dépouillé, reconstruits au XVIIIe siècle
L'intérieur de l'église d'Altdorf comporte des décors polychromes d'art populaire (balustrade et autel)
Le patrimoine immobilier privé est, entre autres, constitué par des constructions à pan de bois (maisons à colombages).
Géographie
Article connexe : Géographie du Bas-Rhin.
Localisation et communes limitrophes
La commune d'Alteckendorf se trouve au cœur de la partie septentrionale du département du Bas-Rhin. À vol d'oiseau, elle se situe à 25,3 Strasbourg, chef-lieu de département, à 18,3 Saverne, chef-lieu d'arrondissement, à 14,4 Haguenau et à 10,1 Brumath.
Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap.
Carte topographique.
Hochfelden, chef-lieu de la communauté de communes du Pays de la Zorn est à une distance de 4,0 Bouxwiller, chef-lieu du canton à 9,5 .
Communes limitrophes d’Alteckendorf
Ettendorf
Grassendorf, Huttendorf
Lixhausen
Minversheim
Bossendorf
Schwindratzheim
Géologie et relief
Articles connexes : Plaine d'Alsace et Vosges.
Alteckendorf •
Carte du relief de l'Alsace.
Le territoire communal d'Alteckendorf, comme l'ensemble de la plaine d'Alsace, fait partie du fossé rhénan (ou vallée du Rhin). Il s'agit d'une zone de basses altitudes orientée nord-sud et qui va de Bâle en Suisse à Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Dans sa partie méridionale, le fossé rhénan est bordé par le massif des Vosges à l'ouest et le massif de la Forêt-Noire à l'est. Il y a 65 Ma, ces deux massifs n'en formaient qu'un seul — le Massif hercynien — d'une altitude de 3 000 mètres. À la suite de la formation des Alpes, deux lignes de cassures sud-nord parallèles se sont formées dans ce massif unique. La zone comprise entre ces deux fractures s'est progressivement effondrée et a été envahie par une mer peu profonde durant l'Éocène supérieur (vers - 35 Ma) et durant l'Oligocène inférieur (Rupélien, vers - 30 Ma), la comblant en partie de dépôts marins. Plus tard, il y a un million d'années seulement, le Rhin s'est insinué dans ce fossé d'effondrement et y a apporté des alluvions fluviatiles.
Alteckendorf est située plus précisément dans la zone des collines sous-vosgiennes et lœssiques de l'Arrière-Kochersberg dans le secteur du champ de fracture de Saverne. Par collines sous-vosgiennes, on désigne des coteaux de 200 à 400mètres d'altitude et qui viennent en transition entre la plaine rhénane à l'est et le massif vosgien à l'ouest,.
Le village est situé à 177 mètres d'altitude, en bordure du ruisseau Landgraben et se trouve entouré par les collines du Koppenberg (256 mètres), de l’Englischberg (288 mètres) et du Schyrberg (250 mètres).
La superficie de la commune est de 572 hectares ; son altitude varie de 167 à 265mètres.
Paysages naturels
La répartition des paysages naturels sur le territoire alteckendorfois est directement liée à la géologie et au relief de la commune. Le biotope de l'Arrière-Kochersberg où se trouve le village est une zone de contact qui concilie les caractéristiques de plusieurs sous-régions naturelles de la plaine d'Alsace ; fragments de la plaine lœssique, coteaux calcaires et bassins argileux. Là où le lœss laisse apparaître le soubassement marneux, les champs fertiles (environ 300 hectares) font place aux prés (160 hectares et à la forêt (25 hectares) tandis que sur les coteaux calcaires sont aménagées des vergers (39 hectares). Auparavant sur ces coteaux poussait la vigne, 43 hectares en 1760 pour moins de 7 hectares en 1990. La crise du phylloxéra, la qualité gustative médiocre et le manque de rentabilité sont les causes majeures de la quasi-disparition du vignoble local.
Une partie du territoire est classée en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1. Ayant pour objectif un inventaire des espèces animales ou végétales, une ZNIEFF ne s'accompagne d'aucune mesure de protection réglementaire. La ZNIEFF des Prés-vergers à Altdorf et Ettendorf couvre une superficie de 123,99 hectares, à cheval sur les territoires d'Alteckendorf et Ettendorf. Ce secteur de collines est constitué à 15 % de vergers, à 70 % de prairies et à 10 % de champs mis en culture. Aucun inventaire n'a encore mis sa richesse faunistique en évidence mais la Ligue pour la protection des oiseaux a signalé en 2005 la présence de la pie-grièche à tête rousse (Lanius senator Linnaeus), placée sur la Liste rouge de l'UICN ; catégorie LC (préoccupation mineure) au niveau mondial et européen, catégorie NT (quasi menacée) au niveau français.
Hydrographie
La commune est dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par le ruisseau le Minversheimerbach et le ruisseau le Schweingraben,.
Le Landgraben « le fossé du pays » prend sa source au nord, sur le territoire de Buswiller. Il s'écoule vers le sud pour traverser Ettendorf, puis longe Alteckendorf et Minversheim. À Mommenheim, ce modeste cours d'eau prend le nom de Minversheimerbach « le ruisseau de Minversheim » où ses eaux se jettent dans la rivière Zorn, un sous-affluent du Rhin.
Le Schweinbachgraben ou Schweingraben « le ruisseau aux cochons » est un cours d'eau qui marque en partie la frontière orientale du territoire communal d'Alteckendorf. Ce ruisseau prend sa source au nord du village sur le territoire de Grassendorf. Il s'écoule vers le sud pour rejoindre le Landgraben au sud-ouest de Minversheim.
Ruisseau du Landgraben à son niveau d'étiage - juillet 2015.
Réseau hydrographique d'Alteckendorf.
Climat
Les données météorologiques du tableau ci-dessous sont celles de la station Météo-France de l'aéroport de Strasbourg-Entzheim, située à 28,6 km au sud-est d'Alteckendorf.
Températures et précipitations moyennes à Strasbourg
Mois
Jan.
Fév.
Mars
Avr
Mai
Juin
Juil.
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
Températures moyennes (°C)
1,6
2,8
6,7
9,7
14,3
17,3
19,5
19,3
15,5
10,6
5,3
2,8
Précipitations (mm)
30,0
35,0
36,1
42,5
78,2
76,7
66,2
57,9
62,1
52,5
49,8
44,5
Sources des données : Météo France
Le climat qui règne à Alteckendorf est de type océanique dégradé avec une assez grande amplitude de température. Ainsi, les hivers connaissent des précipitations neigeuses assez fréquentes tandis que certaines journées d'étés peuvent être chaudes et étouffantes. Situé entre deux massifs montagneux que sont les Vosges et la Forêt-Noire, le village est peu exposé aux vents. De même, les précipitations sont relativement peu abondantes et irrégulières comparées aux autres régions françaises grâce à la protection naturelle contre les vents d'ouest dominants que constituent les Vosges (effet de fœhn). La localité est souvent sujette à de violents orages au printemps et en été. Les plus dévastateurs se sont produits les 18 et , des inondations et des coulées de boue ayant envahi des habitations.
Voies de communications et transport
Réseau routier
L'ensemble du maillage routier (routes départementales, rues et chemins vicinaux) occupe neuf hectares du territoire communal. La localité est traversée d'ouest en est (rue Principale) par la D 69 qui relie Kirrwiller à Mommenheim. Cette route croise dans le quartier d'Altdorf la D 25 qui relie Ettendorf à Hochfelden. Cette dernière voie est prolongée par plusieurs autres routes départementales ; la D 769 vers le quartier d'Eckendorf, la D 106 vers le village de Bossendorf, la D 32 vers Schwindratzheim et la D 100 vers Hochfelden. L'accès par l'autoroute A4 (Paris - Strasbourg) est possible par le proche péage de Schwindratzheim (entrée 46 - Hochfelden) ainsi que par l'entrée 45 - Saverne, l'entrée 47 - Brumath Nord ou l'entrée 48 - Brumath Sud. Au péage de Schwindratzheim, un petit parking est mis à la disposition des adeptes du covoiturage.
Transports en commun
La ligne de chemin de fer Sarreguemines-Strasbourg traverse depuis 1895 le territoire communal et occupe une emprise de dix hectares. La gare ferroviaire située à Eckendorf est désaffectée depuis les années 1980. Désormais, la station SNCF la plus proche est la gare de Mommenheim, accessible depuis Alteckendorf par une liaison d'autocars TER Alsace de la ligne Obermodern-Mommenheim.
Des ramassages vers le collège de Hochfelden et vers le lycée de Bouxwiller sont organisés lors des périodes scolaires.
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Toponymie
L'actuel village d'Alteckendorf est le résultat de la fusion de deux localités auparavant bien distinctes ; Eckendorf au sud-est du territoire communal et Altdorf (Oberaltdorf) au nord-ouest. Dès le .
Eckendorf
Instabilité des suffixes
Eckendorf est mentionné dès le milieu du .
On constate que vers la fin du Lorraine). La forme Ecchenheimomarca reflète une double suffixation : -heim et -marca. Ce dernier issu du proto-germanique occidental *mark(ą) a donné marc en vieux haut allemand, et signifie « pays de frontière, lisière d'un bois, hameau écarté ».
Racine Eck(e)
Selon le toponymiste Ernest Nègre, Eckendorf est formé de Eck(e) « pointe, coin », suivi de l'appellatif dorf « village », c'est-à-dire « village en coin » et décrirait la forme originelle du village. Selon Michel Paul Urban, auteur en 2003 d'un dictionnaire étymologique consacré aux lieux-dits alsaciens, Eck(e) est un terme germanique qui signifie à l'origine « pointe » mais qui en toponymie désigne des « haies d'épineux », d'où la notion de « zone infranchissable ». Selon l'hypothèse controversée de Paul Piémont, de nombreux toponymes alsaciens trouveraient leurs origines dans les institutions administratives et militaires mises en place par les autorités romaines du Bas Empire. La frontière face à la Germanie aurait été surveillée par une multitude de minuscules garnisons éparpillées à l'arrière du Limes. Cette armée aurait stationné dans des villages, des tours de guet isolées ou près des carrefours, telle une gendarmerie paysanne. Les militaires auraient été tout autant paysans que soldats. Dans ce cadre, l'étymon Eck(e) proviendrait du latin cuneus « coin », abréviation de cuneus equitum qui est au . Selon ce chercheur, Alteckendorf pourrait avoir été le poste de commandement d'une troupe de réserve placée au sud-ouest de la forêt de Haguenau. Disséminée dans une quinzaine de villages environnants, cette troupe pouvait se porter rapidement au nord ou au sud de cette grande forêt et surprendre un envahisseur.
Altdorf (Oberaltdorf)
Par rapport à Eckendorf, le nom d'Altdorf apparaît plus tard dans l’Histoire. À l'origine, Altdorf a vraisemblablement porté un tout autre nom ; peut-être Mazonivilare (Mazenweiler) car dans un document de 752 il apparaît que Sigfrid, fils de Sigismund offre tous ses biens de « Villa Ecchenheimo et Mazonivilare » à l'abbaye de Wissembourg. Aucune mention du village n’apparaît plus tard. Il a sans doute été dévasté au cours d’une guerre. Quand des habitants revinrent y vivre, ils le désignèrent alors sous le nom d’Altdorf ; c’est-à-dire l’« Ancien Village ». Ce nom d’Altdorf n’apparaît qu’en 1331. L’appellation Oberaltdorf « vieux village du haut » est parfois utilisée pour le distinguer du hameau de Niederaltdorf « vieux village du bas », appartenant à la commune de Uhlwiller et distant de quelque sept kilomètres.
Lieux-dits
Reflet du long passé linguistique allemand de l'Alsace, les micro-toponymes ruraux (ou lieux-dits cadastraux) ne sont pas en français mais en allemand. À un kilomètre au nord d’Eckendorf, on trouve les noms de Weilerhöltzel « Forêt du hameau » et de Weilerberg « Colline du hameau ». Le mot allemand Weiler « hameau » et plus particulièrement sa forme alémanique Willer se rencontre assez fréquemment en Alsace. Ils sont issus du mot latin villare « exploitation agricole », lui-même un dérivé du terme villa. On peut alors supposer qu'à ces endroits contiguës a pu exister une ferme isolée depuis longtemps désertée et oubliée. Certains toponymes décrivent le paysage ou leurs fonctions dans les pratiques agricoles du passé ; Michelmatt « Grande prairie », Schmallmatt « Petite prairie », Muhlweg « Chemin du moulin », Auf die fünf Weidenbäumen « Les cinq saules », Saubach « Fossé aux cochons », Auf dem Gänsbühl « Coteau aux oies », Thiergarten « Enclos du bétail », Eichelberg « Colline aux chênes ». D'autres sont des rappels de leurs anciens propriétaires ; Lenzenberg « Colline de (Laurent) Lenz », In der Munchmatt « Prés des moines », ou des cultures et activités pratiquées jadis ; Auf der Röt « Sur le rouge » d'après la garance des teinturiers, Erzwäsche « lavage du fer » d'après le minerai oolithique mélangé à de l'argile et lavé à cet endroit avant d'être livré aux forges de Dietrich (jusqu'en 1845).
↑ Collectif 1991.
↑ Collectif 1991, Société historique du Palatinat 1842, passim.
↑ Urban 2003, p. 331-334.
↑ Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Paris, Librairie Droz, (lire en ligne), p. 722.
↑ Piémont 1981, p. 214.
↑ Piémont 1981, p. 383-384.
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↑ Michel Paul Urban, Lieux-dits, dictionnaire étymologique et historique des noms de lieux en Alsace, Strasbourg, Éditions du Rhin, , p. 89.
↑ A. Humm et A. Wollbrett, Villages disparus d'Alsace, Saverne, SHASE, 1962, p. 32-33.
↑ Collectif 1991, p. 135-137.
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Histoire
Article connexe : Histoire de l'Alsace.
Il y a peu de choses à dire avant la période du Moyen Âge. En , un ouvrier s'affairant dans la carrière d'argile d'une tuilerie a mis au jour une sépulture de l'âge du bronze. Elle contenait la dépouille d'un guerrier avec une lance pour seul mobilier. De vagues tessons de tuiles en plein champ indiquent que durant la période romaine a existé un habitat, sans doute une villa rustica, au nord de l'actuel village, en bordure de la voie romaine qui reliait Schwindratzheim à Ingwiller (RD 32 et son prolongement RD 69).
Moyen Âge
Premières attestations
Avant 744, les deux villages d'Eckendorf et Altdorf sont des biens impériaux et relèvent immédiatement de l'empereur du Saint-Empire romain germanique. À partir du milieu du siècle, il est attesté que divers particuliers ont fait des donations à l'abbaye bénédictine Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Wissembourg. En 744/751, Sigifrid, fils du défunt Sigismund, offre toutes ses possessions situées à villa Ecchenheimo et Mazonivilare. En 774, Wisagart offre cinq jurnales, un terrain de construction et le serf Altrado avec ses biens situé à villa Echenheim. En 779/780, Sacco fait don de tous ses biens localisés à Eccenhaim. En 782/790, le dénommé Rachio fait don de dix jurnales et de la servante Baduhilt de la villa Ecchenheimomarca. En 783, le prêtre Liodold offre cinq jurnales et le serf Isanbald.
Plus tard, en 1120, le monastère de Marmoutier-Sindelsberg possède des biens à Alteckendorf ; une demi-manse. En l’an 1146, le chevalier Simon de Frundsberg cède sa possession à Ekindorf pour « 16 ½ lötig Silberstücke » à l’abbaye de Sturzelbronn. En l’an 1194, le monastère de Neubourg est possessionné à Eckendorf.
Au .
Seigneurs de Lichtenberg
Articles détaillés : Seigneurie de Lichtenberg et Comté de Hanau-Lichtenberg.
En l’an 1331, les deux villages sont les fiefs de Ludwig von Onovilsheim. L’année suivante, en 1332, ils reviennent en tant qu’héritage à Hanemann II et à Ludemann III, tous deux seigneurs de Lichtenberg. Lors de cette succession, ces deux hobereaux reçoivent avec Brumath et le château du Grand-Arnsberg une série de villages, dont Altdorf et Eckendorf. Cette possession est partagée entre les enfants de Ludemann III. Simon reçoit entre autres Altdorf et Eckendorf.
À la suite de leurs héritages respectifs, ils installent, dans le château d’Eckendorf, des féodaux qui prennent le nom d’Eckendorf. À partir de 1334, on trouve les noms de Hans von Eckendorf, mais aussi Blass, Fritsch, Ludwig et Götze. Ce dernier est en 1365 prêtre et chanoine à l'église Saint-Étienne de Strasbourg. En 1356, le chevalier Ludwig von Eckendorf prête serment de bourgeoisie à Strasbourg. En 1384, il détient plusieurs biens à titre de fief du seigneur Ottemann von Ochsenstein ; à Furchhausen, à Wolschheim, à Dettwiller, à Hegeney et à Hochfelden. Le , Ludwig participe à un tournoi à Strasbourg. Au milieu de .
Dès 1365, les Lichtenberg transmettent la gestion du château d'Eckendorf et de la dîme au chevalier Hans Zückmantel l’ancien, fils de Wilhelm. En 1371, il prend pleinement possession du château. Il succède ainsi à Ludwig von Eckendorf et à Otto von Hochfelden, fils d’Ottemann. Hans Zückmantel est originaire de Silésie et à cette date, il s'occupe déjà de la gestion de biens sis à Brumath où il réside avec les nobles de Wittersheim dont il partage le blason. De plus, par son mariage avec la fille du chevalier Nicklaus von Grostein, il a déjà obtenu des droits sur le village de Wintzenheim. Après Hans Zuckmantel l'ancien, on trouve son fils Hans le jeune ainsi que son petit-fils comme seigneurs inféodés. Ce dernier réside au château en 1435. Cette possession reste ainsi dans la famille Zuckmantel par delà les siècles, jusqu'en 1781.
Renaissance
Guerre des Paysans (1525)
Articles détaillés : Guerre des Paysans en Allemagne et en Alsace.
Au printemps 1525, l’Allemagne du Sud, la Suisse, la Lorraine allemande et l’Alsace sont secouées par la Guerre des Paysans. Ce vaste mouvement social et révolutionnaire trouve son inspiration dans la Réforme protestante initiée par Martin Luther. Au nom de l'Évangile, des milliers de villageois prennent les armes afin de mettre en place un monde plus fraternel débarrassé des excès des clercs catholiques et des seigneurs féodaux. Des abbayes, des villes et des châteaux sont pillés. Dans le Hanau-Lichtenberg, avant le soulèvement, le comte semble proche des idées protestantes. Il interdit à ses sujets de payer aux prêtres les messes anniversaires en l'honneur des défunts. Il renonce aussi au versement de la petite dîme sur les volailles. Au début du mouvement, son attitude modérée lui permet de sauvegarder ses châteaux. Mieux, il tente d'utiliser à ses propres fins ces émeutes. En sous-main, Philippe Neuwiller par un groupe de 200 de ses paysans. Le , les archives de cette institution sont détruites, le comte étant en rivalité avec elle en matière de possessions terriennes. Tous les documents d'importance sont brûlés : actes de propriétés, donations et chartes. Cependant, la situation échappe à Philippe château de Bouxwiller. Les dégâts sont estimés à la somme de 10 000 florins,.
Pour faire cesser les troubles, comme d'autres seigneurs, Philippe de Lorraine. Entre les 14 et , les mercenaires de ce dernier commettent les pires atrocités à Saverne, Lupstein et Scherwiller où plusieurs milliers de paysans sont massacrés. Après cette répression, les libertés paysannes sont sévèrement amoindries : confiscation des armes, interdictions des fêtes villageoises, limitation du nombre des invités aux fêtes familiales, interdiction des exercices de tirs et concours, limitation du droit d'émigration.
Réforme luthérienne (1545)
Article connexe : Philippe IV, un comte pro-luthérien.
Le règne du comte Philippe IV de Hanau-Lichtenberg (1538-1590) est marqué par l'introduction de la réforme luthérienne au sein de ses possessions. Marié à une protestante, Éléonore de Furstenberg, le comte nomme en 1542 pour la paroisse de Bouxwiller le prédicateur Théobald Groscher. Sous l'influence de ce dernier, le comte se déclare publiquement pour la Réforme en 1544 et à partir du 25 septembre de cette année, la messe n'est plus dite à Bouxwiller. Ses maîtres à penser sont des réformateurs proches des idées de Martin Luther, tels l'Alsacien Martin Bucer et le Badois Philippe Melanchthon. Le , l'ensemble des prêtres du comté est convié à un synode à Bouxwiller dans le but de les rallier à la nouvelle foi. Peu d'entre eux se convertissent de suite. Pour mieux ancrer ce mouvement réformateur, le comte Philippe IV demande à Bucer de lui envoyer des prédicateurs. Le Silésien Pantaléon Blasius arrive ainsi auprès du comte puis est nommé pasteur et surintendant dans le bourg de Pfaffenhoffen. C'est à ce titre qu'il organise la réforme de l'Église du comté. Le , Blasius préside un synode à Pfaffenhoffen où, les membres présents, adoptent la Confession d'Augsbourg et le Petit catéchisme de Luther. Le desservant de la paroisse d'Alteckendorf, fidèle à sa foi catholique, ne se rend pas au synode. En représailles, la dîme seigneuriale ne lui est plus versée et, très peu de temps après, faute de revenus, il quitte sa cure. Il est remplacé en 1547 par Kaspar Reichenbach, le premier pasteur luthérien en poste à Alteckendorf. Ce dernier exerce sa charge pastorale jusqu'à sa mort en 1563. La mise en place du luthéranisme est achevée dans le comté en 1573 par la promulgation de la Hanauische Kirchen - und Schulordnung. Ce recueil d'ordonnances ecclésiastiques et scolaires a pour but d'encadrer le corps pastoral en fixant leurs droits et devoirs vis-à-vis du comté et des fidèles dans le respect des Saintes Écritures.
Les affres de la guerre de Trente Ans
De 1618 à 1648, la Guerre de Trente Ans ravage l'Allemagne et plus largement l'Europe centrale. Lors de certains épisodes, l'Alsace se trouve parcourue par la soldatesque et soumise aux pires atrocités. Concernant cette période, il manque des témoignages et des statistiques fiables pour Alteckendorf et plus largement pour tout le comté de Hanau-Lichtenberg. Il est cependant possible d'exposer, à grands traits, les malheurs endurés par la population locale.
Bataille de Pfaffenhoffen (31 juillet 1633)
À partir d'indications trouvées dans les archives seigneuriales et les registres paroissiaux des villages environnants, le comté de Hanau-Lichtenberg semble être dans un bien triste état. Bouxwiller, sa capitale, n'est plus habitée en 1634 que par huit personnes. En 1639, Printzheim ne compte plus que trois habitants ; Ernolsheim-lès-Saverne ne recense plus que cinq hommes, deux veuves et un enfant ; Imbsheim et Kirrwiller n'ont plus qu'un habitant chacun. Toujours en 1639, à Hattmatt, il n'y a plus qu'un bourgeois et seulement trois champs cultivés. Plutôt que de conclure à un massacre général, il faut plus raisonnablement penser à une fuite des villageois devant les troupes ennemies. Le pasteur de Pfaffenhoffen indique clairement dans un de ses registres qu'il a dû fuir avec ses paroissiens vers le château de Lichtenberg et que son retour s'est fait le . On constate qu'il n'a inscrit aucun baptême entre le et le . C'est durant ce laps de temps que Pfaffenhoffen et Ringeldorf sont le théâtre d'une bataille. Les et
Bouxwiller, une cité refuge
À cette époque, les villes sont ceintes de murailles et sont défendues militairement par une garnison. De nombreuses cités alsaciennes servent ainsi de refuge aux populations rurales. En 1622, lors de l'invasion d'Ernst von Mansfeld, les 2 000 habitants de Saverne accueillent chez eux plus de 1 600 réfugiés de trente-trois villages différents. En janvier de cette même année, la ville de Strasbourg, forte de ses 25 000 habitants, recense 9 812 réfugiés accourus des villages environnants. Des exemples de ce genre abondent. À la première alarme, les ruraux fuient leurs villages et viennent s'entasser en ville avec leurs cheptels et réserves de vin, farine et céréales. Le plus souvent, cette grande promiscuité entraîne l'apparition d'irrémédiables épidémies de maladies infectieuses. En 1622, 4 388 décès sont ainsi enregistrés à Strasbourg.
Entre 1618 et 1648, les registres de la paroisse luthérienne de Bouxwiller font ressortir que cette petite ville a elle aussi vu arriver une vaste population de réfugiés. Les pires années, les fuyards sont originaires de vingt à trente villages différents. La majeure partie de ces localités sont situées au sud, sud-est de Bouxwiller et sont surtout des villages de confession luthérienne. Les réfugiés arrivent des villages immédiats comme Kirrwiller et Bosselshausen. Cependant, des lieux plus éloignés sont aussi mentionnés comme Duntzenheim situé à plus de treize kilomètres à vol d'oiseau. Des habitants de villages catholiques sont aussi attestés, Lixhausen, Bossendorf et Ettendorf par exemple.
Concernant les habitants d'Alteckendorf, on peut distinguer trois pics de présence à Bouxwiller. La première fuite d'avril-mai 1622 est la conséquence de l'invasion du général Mansfeld en Alsace. Ces deux mois là, quatre enterrements et deux baptêmes d'Alteckendorfois sont enregistrés à Bouxwiller. Cependant, la période la plus malheureuse du conflit se situe entre les années 1633 et 1636. Entre mai 1633 et avril 1634, 13 baptêmes et 19 enterrements sont enregistrés. Peu après, entre octobre 1635 et novembre 1636, sont attestés 5 baptêmes et 38 enterrements dont celui du Schultheiss d'Alteckendorf, Hans Ziller, le 12 mars 1636.
Repeuplement suisse
La guerre de Trente Ans a durement touché Alteckendorf. Au sortir de la guerre, un grave déficit de population est avéré. Avant le conflit, en 1618, le village compte 68 bourgeois (chefs de familles). À la fin des hostilités, en 1649-1650, il ne subsiste plus que 16 bourgeois. La population villageoise serait ainsi passée, très approximativement, de 340 à 80 habitants. D'une manière générale, une déperdition de population à hauteur de 50-85 % se rencontre dans la plupart des localités alsaciennes.
Le repeuplement, encouragé par l'autorité comtale, s'étale sur plus d'un siècle. D'après le registre paroissial des mariages, entre 1659 et 1725, il ressort que les deux communautés d'Eckendorf et d'Oberaltdorf ont comblé le vide de population en accueillant une trentaine d'immigrants suisses, des Bernois pour la plupart, ainsi que quatre Wurtembergeois. Ces migrants se sont intégrés en s'unissant avec des épouses originaires du village et issues des familles rescapées. En 1672, à la lumière du nouveau livre terrier, il apparaît que de nombreux champs ne sont plus cultivés faute de propriétaires. Ces biens dits caducs sont achetés par ces immigrants tels les Suisses Adam Gebweiler, Heinrich Fechter ou Peter Wolling.
Retour à la normale
Le rétablissement de la communauté se voit aussi à travers le renouveau de la vie paroissiale. Durant la guerre, entre 1622 à 1654, l'autorité comtale qui organise la vie religieuse depuis l'introduction de la Réforme n'a plus été en mesure de pourvoir la chaire pastorale par un pasteur attitré. Georg Burkhard Knoderer est mentionné en 1622 en tant que pasteur pour Alteckendorf mais cette année-là un de ses enfants est enterré à Bouxwiller, victime d'une épidémie. Au plus fort des troubles et des épidémies, la paroisse se voit desservie par des diacres venant de Bouxwiller. Après la fin du conflit, de 1650 à 1654, Alteckendorf est desservi par le pasteur Zinck du village voisin de Schwindratzheim. Par la suite, l'administration comtale se trouve dans la possibilité de nommer, entre 1654 à 1658, le pasteur Johann Georg Ledermann. De 1658 à 1680, son successeur est Johann Schmeder. En 1660, ce dernier touche un salaire de 35 florins, 20 quartauts de seigle, 5 quartauts de froments, 2 quartauts d'avoine et un demi-foudre (environ 465,5 litres) de vin. Pour ses fonctions de maître d'école, il reçoit 50 bottes de paille et 50 fagots ainsi qu'un écolage trimestriel de deux schillings et six pfennigs par enfant. Les registres paroissiaux enregistrant les baptêmes, mariages et décès débutent en 1654 et en 1658 avec ces deux pasteurs. D'après une notice figurant en introduction de ces mêmes registres, les anciens livres ont été perdus lors du conflit. La reconstruction spirituelle se mesure aussi dans le relèvement des sanctuaires. Une cloche qui avait été mise en gage à Strasbourg est de retour au village le 13 janvier 1683. Elle est remontée dans le clocher d'une église paroissiale à la toiture rénovée. Cet effort de reconstruction est cependant ponctué par des conflits armés qui, eux-aussi, apportent leurs lots de calamités (Guerre de Hollande, Guerre de Succession d'Espagne, Guerre de Succession d'Autriche). En 1705, en proie à la peur, un riche particulier a ainsi enterré un pot contenant 2 800 pièces de monnaie d'argent. La plupart d'entre elles sont des Groschen datés du règne des empereurs autrichiens , et . La découverte de ce trésor remonte à octobre 1896, lors d'un arrachage de vignes, en un lieu-dit désormais connu sous le nom de la Goldgrube « fosse au trésor »,.
Ancien Régime
Le château disparu d'Eckendorf
Coordonnées : 48° 47′ 23″ N, 7° 36′ 01″ E (emplacement supposé)
L'ingénieur militaire Guillin, au service du roi Louis XIV, nous a laissé une description d'une grande partie de l'Alsace du point de vue militaire. Son intérêt s'est porté sur tous les bâtiments qui pouvaient avoir une utilisation à des fins de guerre ou de défense (clochers, châteaux, murs et murailles). Voici son témoignage concernant les deux villages d'Altdorf et Eckendorf en 1702 ; l'orthographe d'origine a été conservée :
« Oberaldorff : lieu scitué dans un fond dans lequel il n'y a qu'une petite chapelle. Eckendorff : lieu scitué dans un fond proche d'un petit ruisseau avec une église qui a un clocher non voûté ; le cimetière est renfermé de broussailles. Il y a dans ce dit lieu un bon château scitué sur le bord du ruisseau qui forme une figure quarrée dont les coztés ont de largeur 20 toises flanqué par trois tours garnies de créneaux. Les murs sont élevéz du rez de chaussée de 15 pieds, épais de 2 à 3 pieds en bon estat entouré d'un bon fossé plein d'eau large de 30 à 40 pieds, profond de 6; tout le dedans dudit château est brûlé »
— Extraits du rapport de l'ingénieur militaire Guillin.
D'après les dires de Guillin, le château d'Eckendorf, aujourd'hui disparu, était donc un bâtiment militaire de type Wasserburg, c'est-à-dire un château de plaine entouré par un fossé inondé. Le corps du château était un carré de 39 mètres de long. Ses murs avaient une épaisseur de 65 à 95centimètres pour une hauteur de près de 5 mètres. Il possédait un fossé pour assurer sa défense, sans doute rempli par les eaux du ruisseau Landgraben. Ce fossé était large de 10 à 13mètres, pour une profondeur de 2 mètres. Le bâtiment devait vraisemblablement se situer dans la boucle formée par les actuelles voiries rue Principale et rue de Hochfelden sur l'emplacement de l'ancienne ferme Brechbiel S'Meyers. Le souvenir du château est conservé par le lieu-dit cadastral Schlossgarten « Potager du château » localisé en contrebas de l'église d'Eckendorf.
Incursion des Pandoures (1744)
Article connexe : Guerre de Succession d'Autriche.
Durant la Guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), la France de Louis XV prend part au conflit en soutenant l'Électeur de Bavière Charles VII et le roi de Prusse Frédéric II contre Marie-Thérèse d'Autriche. À partir du Basse-Alsace est le théâtre de mouvements de troupes. Après le passage en force des Autrichiens sur le Rhin grâce à un pont en barques, la place de Lauterbourg est prise facilement. Saverne est prise et reprise et soumise au pillage durant quinze jours à partir du 31 juillet. Les villages du comté de Hanau-Lichtenberg dont Alteckendorf sont soumis au même traitement. Les Français se replient au sud jusqu'au niveau de la rivière Bruche. Ils reprennent cependant pied et le 20 août, les Autrichiens évacuent l'Alsace en repassant le fleuve au niveau de Drusenheim et Beinheim. Ces envahisseurs sont des Slaves au service des Habsbourgs ; des Pandoures recrutés en Croatie dans la lie de la société par le baron Franz de Trenck. Ces Pandoures ont fait grande impression aux paysans nord-alsaciens par les innombrables dévastations et les viols qu'ils ont commis. Pour de longues années, les enfants désobéissants ont été menacés d'être livrés aux Pandoures ou, du fait de la couleur de leur uniforme, aux Rothmantel, les Manteaux-rouges ; « Warte nur, der Pandur kommt ! - Prends garde à toi, le Pandoure va venir te chercher ! ». L'incursion des Pandoures est illustrée à Alteckendorf par une fresque apposée sur le mur gouttereau du logis de la ferme S'Stawalters (rue de Ringendorf à Altdorf), côté cour, près de la porte d'entrée. Cette belle peinture polychrome d'art populaire représente un cavalier moulinant du sabre et monté sur un cheval cabré ; son uniforme est gris-bleu avec un gilet rouge. Il porte un chapeau à large bord, une moustache noire fournie et une natte de cheveux dans la nuque. Sous l'équidé est figuré un petit paysage dévasté par un incendie bleuté et rougeoyant. Un bâtiment semble être en flammes, peut-être une église. Un paysan affolé court, les bras tendu devant lui. Il est suivi de son chien, tandis qu'un oiseau est perché sur un arbre. Peinte vers 1776, elle a été redécouvert sous un badigeon et restaurée en 1982.
Migrations vers l'Amérique
En 1720, 55 foyers fiscaux sont recensés mais en 1750, on ne compte plus que 51 foyers. Les historiens appliquent généralement un coefficient de 5 soit 500 personnes pour 100 foyers, la population villageoise peut alors être estimée approximativement à 275 personnes pour 1720 et 255 pour 1755. Ce chiffre est sans doute une sous-estimation, puisque lors du recensement de 1793, 531 habitants ont été comptés.
Une des causes probables de la baisse de la population locale est l'immigration religieuse et économique vers le Nouveau Monde. Entre autres migrants, on peut signaler Catharina Ruch née le 16 novembre 1724 à Alteckendorf. Le 18 mars 1750, elle arrive à Herrnhaag en comté d'Isembourg-Büdingen, où elle entre dans la communauté des frères moraves fondée par Nikolaus Ludwig von Zinzendorf. Puis, après des escales en Hollande et en Angleterre, elle arrive le 25 novembre 1752 à Bethlehem en Pennsylvanie via New York. Après un passage par Nazareth (Pennsylvanie), elle retourne à Bethlehem où elle fonde une famille avec Johann Krause. Un autre de ces migrants est Johannes Adam Mattern né le 14 mars 1700 à Eckendorf. Après avoir été débouté en 1730 par le tribunal du Conseil souverain de Colmar au sujet d'un excédent d'impôt de 118 florins, il s'installe à Ingwiller où il se marie. Les 16 et 21 juillet 1751 ses biens sis dans cette localité sont saisis et vendus aux enchères après sa fuite vers les Amériques. On le retrouve le 16 septembre 1751 au port de Philadelphie. À peine débarqué du navire Edinburgh et selon une obligation légale, lui et une vingtaine de membres de sa famille prêtent serment de fidélité à la couronne britannique. Ils s'installent et font souche dans les comtés de Lancaster et du Dauphin.
Statistiques fiscales
Le plus ancien document cartographique décrivant le territoire communal remonte à l'année 1760.
Sur un total de 1 051,06 arpents, 635,70 arpents sont consacrés aux terres labourables, 125,72 arpents aux prés, 118,78 arpents aux pâturages, 84,40 arpents aux vignes, 48,20 arpents aux bois et 38,26 arpents aux vergers et aux habitations. En 1782, 45 % des terres agricoles du finage sont la propriété des villageois ; soit 930 acres sur une superficie de 2 072 acres. Pour la perception de l'impôt du vingtième, cinq cultivateurs sont imposés pour une exploitation de 30 à 35 hectares, deux pour 20 à 30 hectares, cinq pour 10 à 20 hectares et onze pour 2 à 5 hectares. Pour 1789, on dispose d'un registre de la corvée. Ce document distingue trois catégories de cultivateurs : ceux qui peuvent mettre à la disposition des autorités des attelages tractés par des chevaux, ceux qui peuvent disposer d'une charrette tirée par des bœufs et les personnes qui n'ont que leurs bras. Pour Alteckendorf, on apprend que sept cultivateurs possèdent six chevaux ou plus, deux possèdent cinq chevaux, quatre en possèdent quatre, et un en possède trois. Dix-huit cultivateurs possèdent deux bœufs et 73 manouvriers sont disponibles pour la corvée. Comme douze cultivateurs sont imposés pour 10 à 35 hectares et que quatorze cultivateurs disposent de 4 à 10 chevaux, on peut raisonnablement penser que le cultivateur qui possède trois chevaux exploite au moins 10 hectares.
Reconstruction des églises
En 1764, l'église d'Eckendorf montre des signes de délabrement et se révèle trop petite par rapport au nombre des fidèles. Le plan d'une nouvelle nef est établi avec deux façades chacune percée de trois hautes fenêtres. L'ancienne nef est démolie mais la tour et le chœur sont conservés car encore en bon état. La nef est entièrement reconstruite dans le courant de l'année 1765. L'église présente alors la curieuse silhouette où la nef est plus haute que la tour. Cette dernière est finalement rehaussée de deux étages supplémentaires avec une toiture en pointe. L'entretien de la tour incombant au baron von Zuckmantel, ce dernier prend en charge les frais de rehaussement. Dix ans plus tard, en 1775, c'est à l'église d'Altdorf d'être reconstruite. L'ancien bâtiment, trop petit, est entièrement rasé. Les frais de démolition et de reconstruction ont été signés par le Stabhalter Johannes Richert. Le montant du devis s'élève à 5 885 Livres et le comte Louis IX de Hesse-Darmstadt s'engage à s'acquitter du tiers de la somme. Le bois de charpente est issu de la forêt d'Alteckendorf. Pour la construction d'une église, trente chênes doivent être abattus. Mais, au préalable, ce prélèvement est soumis à une autorisation comtale.
Révolution et Empire
Doléances paysannes
Article connexe : Cahiers de Doléances.
En 1788, face à une situation financière désastreuse, Louis XVI se résout à convoquer les États généraux. En mars 1789, à l'occasion de l'élection des députés sont rédigés les Cahiers de doléances. Il s'agit de recueils où sont consignées les protestations adressées au roi par les communautés provinciales. Sans que l'on sache vraiment pourquoi, l'Alsace présente la particularité fâcheuse de ne plus conserver que 10 à 15 % des Cahiers rédigés. Ils ont peut-être été perdus lors la guerre de 1870 (bombardement de Strasbourg) ou éliminés lors d'un triage par les archivistes départementaux du début du Schwindratzheim est conservé (sept griefs) de même que celui de Wilwisheim (onze griefs). D'une manière générale, les Cahiers ruraux alsaciens ne s'embarrassent guère de politique. Les problèmes soulevés sont avant tout fiscaux ; les impôts sont nombreux, inéquitables et trop lourds. La colère s'exprime, non pas contre le roi, mais contre les seigneurs locaux jugés comme trop rapaces. Le problème principal est celui des biens communaux (prés, forêts) accaparés frauduleusement par les nobles afin d'augmenter leurs revenus. La corvée est perçue comme une brimade et une vexation intolérable qui éloigne des champs à des moments inopportuns.
Le pasteur Jakob Christian Roehrich en poste à Alteckendorf de 1795 à 1802, a laissé dans les archives paroissiales un témoignage écrit concernant la période de la Terreur.
« En notre époque règnent les plus violentes persécutions contre le culte et les serviteurs de la religion. Sous la menace de subir de lourdes condamnations à la prison, voire à la peine de mort, il fut interdit aux membres du clergé d'exercer quelque acte religieux que ce soit. Il était tout autant interdit de baptiser, de célébrer un mariage, d'assister les défunts, de porter les paroles de réconfort aux malades. Euloge Schneider et consorts, les représentants d'un gouvernement assoiffé de sang, étaient prêts à considérer toute intervention du clergé comme un acte d'hostilité envers l'État, ou d'être un crime contre-révolutionnaire qui tombait sous la menace d'une intervention de la guillotine qui était promenée à travers le pays. Sous le gouvernement de Robespierre, tous les objets du culte, vases et étoffes, furent enlevés ; le clergé fut emprisonné au vu de décret du 1er thermidor de l'an II. Cette persécution continua encore après la chute de Robespierre et ce jusqu'au décret du 3 ventôse de l'an III qui accordait à nouveau le libre exercice de toutes les religions. La plus pénible des périodes de persécution n'avait donc duré qu'une longue année avant que la vie paroissiale ne pût reprendre. Mon prédécesseur, Michael Mehl, étant décédé il y a un an, le 3 ventôse de l'an II, moi, Jakob Christian Roehrich de Strasbourg fus élu maître de religion de cette paroisse et accepté le 14 germinal de l'an III (ou le 3 avril 1795). J'ai continué à inscrire dans le registre paroissial les baptêmes, décès, mariages et confirmations. Je me suis également efforcé de compléter les registres puisque durant les années de persécution il avait été interdit de les tenir. Ainsi j'ai essayé, autant que faire faire se peut, de répertorier tous les mariages et baptêmes clandestins célébrés par les sages-femmes ou autres citoyens. »
À l'automne de l'année 1799, un rapport sur l'état de l'opinion publique indique que pour le canton de Hochfelden, « sauf quelques communes, Alteckendorf, Duntzenheim, Wickersheim, Waltenheim, Wilshausen, Hohfrankenheim, Ingenheim et Melsheim, toutes les autres composant l'arrondissement, sont un repaire de prêtres rebelles, d'émigrés, de déserteurs et autres ennemis les plus acharnés de la république ».
Empire napoléonien
Article connexe : Premier Empire.
Le messidor de l'an VIII (20 juin 1800), Jean-Charles-Joseph Laumond, préfet du Bas-Rhin, nomme l'ancien Stabhalter Johann Richert (1736-1806) au poste de maire d'Alteckendorf. Charge pour lui de constituer un conseil municipal et d'en communiquer la liste, pour approbation, à la préfecture ; chose faite le 20 vendémiaire de l'an IX (12 octobre 1800). Les archives communales conservent un document de 1804, une lettre du sous-préfet au maire, qui est un appel du pied aux habitants pour venir acclamer l'Empereur de passage à Hochfelden le soir du 11 vendémiaire (3 octobre). Le 9 juin 1811, une grande fête est célébrée en l'honneur du Roi de Rome né le 20 mars précédent. Parmi les jeux festifs figurent une série de trois courses où s'affrontent vingt cavaliers, des courses à pied, des chants et un bal autour d'un feu de joie ; le tout pour une dépense exceptionnelle de 326 Francs sur le budget communal. Dans le cadre de la conscription militaire, plusieurs jeunes alteckendorfois ont été amenés à participer à l'épopée napoléonienne. Sans être exhaustif, on peut citer quelques individus ; Jacques Bauer meurt en avril 1809 à Talavera de la Reina durant la campagne d'Espagne, Jacques Bock est fait prisonnier en 1813 durant la campagne d'Allemagne trois jours avant la bataille de Leipzig, Jean Kleiber participe aux campagnes de 1809 en Allemagne et à celles de 1810 et 1811 au Portugal, Jacques Mahler est présent au blocus de Hambourg (1813-1814) où son cheval s'abat sur lui et le blesse. Le musicien Chrétien Lapp s'engage comme volontaire en l'an VII et cesse le service en l'an XIV. Son neveu par alliance, Charles Wambach né à Pfaffenhoffen, est en service entre 1809 et 1811. Il s'installe dans le village et occupe entre 1816 et 1836 la place d'instituteur à l'école d'Eckendorf.
De la Restauration au Second Empire
Crise latente du monde agricole alsacien
Entre 1793 et 1836, à l'image des autres communautés villageoises de la plaine d'Alsace, Alteckendorf voit sa population augmenter en flèche. Durant ces quarante-trois années, la population passe de 531 habitants en 1793 à 777 habitants en 1836, soit une augmentation de 31,66 %. Puis de 1836 à 1901, Alteckendorf connaît une stabilisation de son nombre d'habitants. La moyenne de la population, entre cette seconde période est alors de 750,5 personnes. Le minima est atteint en 1856 avec 712 habitants et le maxima en 1901 avec 786 habitants.
Les années 1850 marquent le début d'une crise longue et latente du monde agricole alsacien. Selon le géographe Étienne Juillard, la campagne alsacienne n'a pas été en mesure de s'adapter à la révolution industrielle et à l'explosion urbaine qui en a découlé. Les structures agricoles et sociales, héritées d'un .
Cette inadéquation de la ruralité alsacienne à un nouveau milieu économique plus concurrentiel, s'accompagne d'un exode rural qui ne cesse qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les villages alsaciens conservent de fortes densités de peuplement (entre 75 et 150 hab./km2). Si des villages voisins, tels Minversheim, Ettendorf, ou Buswiller, connaissent une baisse continue de leur population entre 1831 et 1954, Alteckendorf connaît une situation démographique un peu meilleure. En effet, jusqu'en 1901, la population ne baisse pas mais stagne. La crise démographique ne survient que durant les cinq premières décennies du .
Émigration massive
Dans les années 1830-1860, la plaine d'Alsace est incapable d'offrir du travail à toute sa population. Il ne s'agit pas d'une crise de subsistance car, sauf années de mauvaises récoltes, la production est excédentaire. Il est plutôt question d'une crise de l'emploi. L'économie est presque exclusivement basée sur l'agriculture et les terroirs sont exploités à plein. Il n'y a pas de travail pour tout le monde et pour une rémunération suffisante. Le principal signe de cette crise est le départ des populations rurales vers le Nouveau Monde mais aussi vers la Russie et l'Algérie. Des poussées de départs se produisent en 1817, en 1827-1828 et en 1845-1855. Cette émigration a largement préoccupé les autorités préfectorales du Bas-Rhin sous la Restauration, la monarchie de Juillet et le Second Empire. Il est difficile de chiffrer ce phénomène du fait des départs non signalé. Pour la seule émigration déclarée (demandes de passeports) entre 1828 et 1838, plus de 14 350 Bas-Rhinois ont quitté la France. Parmi-eux 4 620 personnes ont quitté l'arrondissement de Saverne dont 998 du canton de Bouxwiller et 474 du canton de Hochfelden. Pour ce dernier canton, les communes les plus touchées sont Ingenheim et Alteckendorf avec respectivement 173 et 63 demandes officielles de départs. L'administration préfectorale après avoir considéré cette émigration comme une calamité (perte de soldats en puissance) s'est mis à faciliter les départs en délivrant des passeports gratuits aux indigents. Pour mieux cerner l'ampleur des départs, les fonctionnaires religieux (curés et pasteurs) ont été chargés de dresser un état des lieux pour chaque paroisse. Pour Alteckendorf, en 1856, apparaît dans le registre des baptêmes une mention qui indique que depuis 1828 près d'une centaine de personnes sont parties pour les Amériques. Cette même proportion se retrouve dans bon nombre de villages du Pays de Hanau et de l'Arrière-Kochersberg. Parmi les émigrants d'Alteckendorf, on peut entre-autres citer Jean Matter fils, Michel Matter, Catherine Kaeser (veuve L. Ruch), Jacques Fuchs, la famille Jean Fuchs, la famille Jean Ruch, la famille Michel Eschrich et Jacob Scholler. Ce dernier s'installe dans l'Ohio où il devient prédicateur méthodiste dans l’Église des frères réunis en Christ (en anglais : Church of the United Brethren in Christ).
Conscription et remplacement
Article détaillé : Service militaire en France.
Entre 1798 et 1889, la France a mis en place le système du tirage au sort pour désigner les jeunes hommes destinés à être enrôlés durant sept ans dans l'armée française. Ce système prend fin en 1871 en Alsace du fait de l'annexion à l'Allemagne. Chaque canton se doit de fournir son contingent annuel de recrues ; 60 à 70 conscrits pour le canton de Hochfelden durant le Second Empire. Ceux qui tirent un numéro plus grand que le contingent requis sont exemptés. En corollaire, entre 1800 et 1872, s'est mis en place des possibilités de substitution. Celui qui ne voulait pas devenir militaire devait trouver un remplaçant et le présenter devant le Conseil de recrutement. Le volontaire accepté, la famille du remplacé lui versait devant notaire une forte somme d'argent en compensation. Cet échange d'hommes se faisait le plus souvent en ayant recours aux services d'un « marchand d'hommes », Conscritsmakler en alsacien, dont la spécialisation était très lucrative. En 1894, le folkloriste Auguste Kessel a recueilli les souvenirs d'un personnage de ce genre ; le bistrotier Michel Matter (1835-1911), propriétaire du restaurant Zum Rebstock sis en face de l'église d'Altdorf. Le remplacement met en relation des hommes du même canton ou du même département, mais le trafic des conscrits met aussi en contact de jeunes alsaciens pauvres avec des familles fortunées de Besançon ou de Normandie. En temps de paix, la somme négociée tourne autour de 1 500 Francs. Cependant lors de la guerre de Crimée (1853-1856), l'échange se monnaye entre 2 400 et 3 000 Francs. Le remplaçant est donc le plus souvent un indigent pour qui la vie militaire est une solution à sa misère ou le moyen d'offrir une vie meilleure à ses parents. Durant le service, il est nourri et logé, il apprend le Français, peut monter en grade et tirer bénéfice du prestige de l'uniforme. L'État civil local conserve la trace de jeunes Alteckendorfois mort sous l'uniforme. Lors de la conquête de l'Algérie par la France (1830-1847), le 21 janvier 1844, décède à l'hôpital militaire d'Alger, le fusilier au régiment des zouaves Jacques Kuntz après avoir contracté la fièvre typhoïde. Lors de la guerre de Crimée (1853-1865), le 28 octobre 1854, le cavalier au Dragons Michel Ruch meurt à Gallipoli après avoir contracté le choléra. Le 2 juillet 1855, à Sébastopol, la même maladie est fatale à Michel Muller, cavalier à la Train.
Situation religieuse
Durant le . Cinq ans plus tard, en 1866, sur 760 habitants recensés, 748 sont protestants et les 12 restants sont qualifiés de sectaires. Les personnes comptées comme dissidents ou sectaires sont probablement des membres du mouvement religieux des Fröhlichianer, nouvelle religion anabaptiste introduite à Alteckendorf par Sophie Abert, fille du pasteur luthérien local, Frédéric Christian Schneider, en poste de 1802 à 1841. Les membres de cette secte avaient pris pour habitude de se rendre à la Heiligbrunnel pour s'y faire baptiser dans leur nouvelle religion. Cette source alimente le ruisseau Schweinbachgraben et se trouve au nord du village.
Philippe Auguste Kroh, pasteur luthérien en poste de 1855 à 1886, dans un de ses rapports, indique qu'Alteckendorf « est une commune essentiellement agricole. Point d'indigents proprement dits; quelques secours provenant de fondations sont distribués à des personnes peu aisées; le bureau de bienfaisance cumule une partie de ses recettes. Quatre cabarets dans une commune de 760 âmes ne favorisent pas les mœurs et l'économie parmi la jeunesse ». Agacé par le manque de ferveur des Alteckendorfois, ce même pasteur énumère en 1860 les excuses avancées par les absentéistes du culte « en été il fait trop chaud, en hiver trop froid ; dans les autres saisons il fait trop humide ou il y a trop de vent... ou on ne peut pas quitter l'alambic ».
Faits divers
Au cours du Hochfelden ; Georges Heid, condamné à perpétuité, meurt en août 1824 au bagne de Toulon. En 1830, des habitants sont victimes de vols, le 19 mars chez le fileur Georges Peter et le 29 juillet chez Jean Wendling où des habits et draps sont dérobés. Dans les deux cas, les soupçons se portent sur « les familles ambulantes qui sortent des montagnes, qui s'arrêtent derrière les hauteurs et qui sont toujours pourvues de passeports ». Dans le journal communal rédigé par les gardes-champêtres, outre ces vols, figurent aussi les divagations des animaux échappés de leurs prés ; par exemple trois vaches le 18 avril 1839 ou quatre chevaux le lendemain 19 avril. Ces problèmes de divagations ne sont pas des choses anodines et peuvent conduire à de longues tracasseries judiciaires. En 1854, la commune d'Alteckendorf est condamnée par le Conseil d'État à rembourser à plusieurs plaignants des taxes indûment perçues en 1849 pour l'entretien des taureaux communs. Selon une ancienne pratique, les propriétaires de vaches saillies par les taureaux communaux doivent s'acquitter de taxes. La commune n'a cependant pas pu établir que lesdits taureaux ont effectivement sailli les vaches en divagation des plaignants quand bien même leur présence a été constatée de temps à autre dans le même pré.
Période contemporaine
Modernité et solidarités
Après la défaite française de 1870, l'Alsace et une partie de la Lorraine sont intégrées au Reich wilhelmien (1871-1918). L'administration civile s'exerce dans le cadre légal du Reichsland Elsaß-Lothringen sous l'étroite surveillance d'un gouverneur nommé par le gouvernement impérial de Berlin. Durant cette période, la modernisation de la société s'accélère. En 1895, la ligne de chemin de fer entre Strasbourg et Sarreguemines est ouverte et le premier train passe le 27 avril. Alteckendorf bénéficie d'une station avec chef de gare ; le tout étant sous la gestion de la Kaiserliche Generaldirektion der Eisenbahnen in Elsaß-Lothringen (Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine). Plus tard, en 1913, la commune est raccordée au réseau électrique de la Elektrizitätswerk Straßburg (Électricité de Strasbourg).
Dans ce monde agricole en mutation le besoin de solidarités se fait sentir. Fin février 1888, un terrible incendie ravage durant trois jours la ferme S'Meyers (famille G. Brechbiel). Certes, une pompe à incendie est signalée dans le village dès la fin du dragons stationné à Haguenau. Face à la crise du phylloxéra qui décime le vignoble européen, à Alteckendorf, de nombreux plants de vignes sont arrachés et remplacés par des arbres fruitiers (pommiers, cerisiers, quetschiers). Ceci se fait, entre autres, sous l'impulsion du même Valentin Huss, créateur vers 1893 de l’Obstbaumverein Alteckendorf (Syndicat des arboriculteurs).
Alteckendorf à la Belle Époque
Restaurant Zum Rebstock à Altdorf (vers 1900).
S'Rehle - une famille d'Alteckendorf vers 1915.
Corps des sapeurs-pompiers en 1912.
Mutualisme agricole
Jusqu'à la fin du usuriers est le seul moyen de se voir avancer des sommes en numéraire. Les intérêts de la dette sont exorbitants et le remboursement des échéances peut s'avérer impossible les années de mauvaise récolte, faute de revenus suffisants. À partir de 1848, cette spirale de la pauvreté commence à être brisée en Allemagne sous l'impulsion du protestant Frédéric-Guillaume Raiffeisen (1818-1888), le fondateur du mouvement des banques coopératives. Dans ces organismes financiers, les sociétaires sont en nombre limité et ont la double-qualité d'usagers (clients déposants ou emprunteurs) et de propriétaires. Les prêts ne sont accordés qu'aux sociétaires et aucun bénéfice n'est distribué. En Alsace, la première Caisse de ce type est créée en 1882. Trois décennies plus tard, en 1914, il en existe 471. Le 30 septembre 1888, sous l'impulsion du pasteur Paul Grünberg, en poste entre 1887 et 1892, est fondée la Spar-und Darlehnskasseverein Alteckendorf (Caisse de dépôts et de prêts). Dès le jour de sa fondation, la Caisse compte 42 sociétaires, la part sociale de chacun étant fixée à 3 Marks. Le gouvernement impérial encourage cette démarche et accorde une subvention de 300 Marks en juillet 1889. Le premier dépôt est effectué par la sage-femme Magdalena Etter en octobre 1888 et les premiers prêts sont accordés en décembre. Les sommes sont modestes, de 80 à 320 Marks et servent à rembourser des dettes antérieures, des achats de terrains ou d'animaux domestiques. Cette action connaît un grand succès et dès la fin 1889, le bilan annuel se solde par un budget équilibré de 36 728 Marks pour 85 sociétaires. Les dépôts enregistrés s'élèvent à 9 517 Marks et 38 prêts ont été accordés pour un montant total de 11 319 Marks. L'activité financière se double vite d'une section d'approvisionnement et de vente ; achat en commun de farine à partir de 1893, acquisition de matériel agricole comme un butoir à pomme de terre en 1894 ou de deux herses en 1904. Le premier compte courant est ouvert en 1891 par Michel Matter, propriétaire d'une tuilerie à Altdorf, pour y déposer la somme de 6 000 Marks.
Pratiques folkloriques
Face aux prétentions pangermanistes des autorités du Reich et au chauvinisme patriotique des immigrants allemands venus s'installer en Alsace-Lorraine, nombre d'Alsaciens ont participé à partir de 1890 au renouveau de la culture régionale par la peinture et le théâtre dialectal ou en exaltant son folklore. Parmi les vieilles coutumes remarquées à Alteckendorf figure son Elsässer Bauermessti (fête villageoise paysanne). Le Messti local apparaît en 1737 et se tient chaque année dans le début du mois de septembre, deux semaines après le Messti de Bouxwiller et une semaine avant celui de Hochfelden. La principale attraction est un joyeux défilé de la jeunesse, musique en tête et offrant des gorgés de vin. Un couple retient plus particulièrement l'attention. Un jeune homme, le Messtiburscht, porte un chapeau agrémenté d'un grand bouquet de fleur orné de rubans colorés. Il est accompagné de sa fiancé, la Messtimaid qui porte outre son costume traditionnel, un grand nœud coloré pardessus la poitrine. Le couple est chaperonné par le Messtihüter, un jeune homme armé d'un fusil. Tous portent à la poitrine une cuillère à soupe. Au devant, défile le Messtihammel, un bélier destiné à récompenser une tombola. En plus du défilé, se tiennent des réceptions chez les édiles, festins dans les restaurants et danses autour du Maïe, un arbre de mai agrémenté de victuailles et symbole d'abondance. Cette fête villageoise a perduré sous cette forme jusqu'au début des années 1980 puis a rapidement périclité pour finalement disparaître.
Une autre tradition est le défilé des Pfingstknechte ou Valet de la Pentecôte. Ce jour-là, les enfants vont de maison en maison réclamer de la nourriture en vue d'un festin. L'un d'eux, transporte le Gosse, un jeune arbre fraîchement coupé. Un autre, le Pfingstenklotz ou « Rustre » mène le cortège déguisé en obèse, un sabre en bois à la main et le visage noirci de suie. Cette coutume cesse à Alteckendorf vers 1930 mais perdure encore dans les années 2010 dans certains villages du Pays de Hanau comme Uhrwiller.
Messti en septembre 1906
Défilé.
Réception chez le maire.
Danse.
Première Guerre mondiale
Article détaillé : Première Guerre mondiale.
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, l'Alsace-Lorraine est allemande depuis le Traité de Francfort de 1871. Le Reich allemand. Tous les hommes nés entre 1869 et 1897 sont incorporés dans l'armée soit près de 220 000 soldats pour la seule Alsace-Lorraine. Entre 1914 et 1918, 166 jeunes hommes d'Alteckendorf sont enrôlés dans l'armée du Kaiser Guillaume II. Lors du conflit, dix-neuf d'entre eux sont tués ou portés disparus. Huit soldats sont morts sur le front russe, un au Maroc et neuf sur le front français. Pour soutenir l'effort de guerre, en 1917, trois des quatre cloches que possède le village sont déposées puis fondues. Une seule subsiste, à Altdorf, datée de 1879.
Après quatre années de guerre, l'Allemagne s'effondre. Le 21 novembre 1918, les troupes françaises du général Henri Lebocq entrent dans Hochfelden. Le lendemain 22 novembre, les Français entrent dans Strasbourg où le maréchal Philippe Pétain fait une entrée solennelle le 25 sous les vivats de la foule ; marquant par là le retour de l'Alsace à la France. Le 10 décembre 1919, le Bürgermeister (maire) d'Alteckendorf Johann Richert né en 1853 et en poste depuis 1893, démissionne de sa fonction du fait de son ignorance de la langue française. Son successeur, le maire Georges Luc Richert (1884-1949) reste en fonction jusqu'en 1940. Pour commémorer le souvenir des soldats tombés au front, un monument aux morts est inauguré en 1921 sous la forme sobre d'un petit obélisque. Deux ans plus tard, en 1923, les cloches fondues sont remplacées par de nouvelles.
Eckendorf en 1936
Seconde Guerre mondiale
Article détaillé : Seconde Guerre mondiale.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, deux Alteckendorfois engagés sous l'uniforme français sont tués dans les combats contre les Allemands, l'un près de Seltz l'autre près de Rennes. Après l'effondrement de la France, l'Alsace et la Moselle sont, de fait, intégrés au Reich hitlérien. De suite, le maire francophile Georges Luc Richert est destitué par les autorités d'occupation Nazi. Il est remplacé jusqu'à la fin de la guerre par Michel Fuchs à la tête d'un conseil municipal pro-allemand. Le 25 août 1942, en mépris du droit international (l'Alsace n'est pas officiellement allemande), le Gauleiter Robert Wagner rend obligatoire la conscription des jeunes alsaciens dans la Wehrmacht. Environ 100 000 Alsaciens sont mobilisés. Soixante-huit Alteckendorfois sont ainsi enrôlés de force ; quarante-trois d'entre eux sont envoyés sur le front russe. Vingt de ces Malgré-nous sont tués ou sont portés disparus lors des combats.
Du point de vue des combats à Alteckendorf, on peut signaler les deux épisodes aériens de 1944. Le 21 septembre 1944, un train militaire allemand est attaqué et bombardé près de la gare par des avions alliés. Dix Allemands sont blessés et trois sont tués. Une semaine plus tard, le 28 septembre 1944 a lieu un combat aérien dans le ciel d'Alteckendorf, à faible altitude. Trois avions s'écrasent au sol vers Hochfelden, Issenhausen et Obermodern et une villageoise est blessée par balle à la cuisse.
Le 24 novembre 1944, le village est libéré par les forces terrestres américaines. Le conseil municipal mis en place par les nazis est dissout et le maire Georges Luc Richert, en poste dans l'entre-deux guerres, retrouve sa fonction jusqu'à son décès, à l'âge de 65 ans, le 2 novembre 1949.
Fin du monde agricole
La première décennie du . Ces chiffres montrent bien la petitesse des exploitations. Dans les années 1950, pour conserver un modeste revenu, ces exploitations se maintiennent dans la polyculture. Au sein d'une même exploitation la diversification est extrême : élevage d'une poignée de veaux et de porcelets, vente journalière de quelques litres de lait à la coopérative, récolte de tabac, de betteraves sucrières, de céréales, de pommes de terre, vendanges.
À la fin du siècle, en 1989, il ne reste plus que 26 exploitations, dont trois ont une superficie de moins de 5 hectares. Sept exploitations ont des surfaces allant de 4 à 10 hectares, sept de 10 à 20 hectares, six de 20 à 40 hectares et trois de plus de 40 hectares. En 1952, le Syndicat agricole local décide de construire au centre du village un bâtiment adapté à la collecte du lait. En 1953, cette laiterie accepte les livraisons de 150 sociétaires. En 1955, le bâtiment est vendue à la commune qui y installe à l'étage les locaux de la mairie ; le rez-de-chaussée restant consacré à la collecte. En 1980, 80 exploitants livrent encore leur production de lait. Dix ans plus tard, elle est fermée et remplacée par 3 réservoirs laitiers privés. Cette baisse du nombre des exploitations s'est accompagné d'un gros effort de mécanisation. En 1942, le premier tracteur fait son apparition. Cinquante ans plus tard, 65 tracteurs sont dénombrés ainsi que 7 moissonneuses-batteuses. En 2006, seuls 2,2 % des actifs d'Alteckendorf se consacrent encore à l'agriculture.
Rurbanisation du village
Article détaillé : Périurbanisation.
Après la guerre, le phénomène de la rurbanisation modifie profondément la vie des campagnes situées autour des grandes villes. Concrètement, il s'agit de l'introduction dans le milieu rural traditionnel des pratiques sociales et des activités jusqu'alors réservées aux habitants des villes. Ces pratiques sont apportées par de nouveaux résidents qui ont quitté les villes centres et leurs banlieues proches. Ce sont le plus souvent des ouvriers, des employés ou des cadres moyens. Ce fait se traduit dans le paysage par le développement de l'habitat pavillonnaire autour du noyau formé par l'ancien village. En 1957, la scolarisation des très jeunes enfants est rendue possible par la construction d'une école maternelle (rue des Écoles). La même année, le village est raccordé aux conduites de l'eau courante du Syndicat des Eaux de Hochfelden. L'éclairage public est rénové en 1973 et l'assainissement des eaux usées arrive en 1985, par le raccordement du tout à l'égout à la station d'épuration de Mommenheim. En 1987 est créé le premier lotissement. Le changement se manifeste aussi dans le développement de la pratique associative récréative. En 1983 est fondé le Football Club d'Alteckendorf (F.C.A.) et en 1984 sont aménagés un terrain de sport et une salle polyvalente. La même année est fondé le Club de Gymnastique d'Entretien (G.E.A) pour les adultes qui se double en 1988 par la création d'une section pour enfants. Plus tard, apparaissent d'autres activités (danse, country, chorale). Cette nouvelle attractivité du village se manifeste par l'augmentation de la population qui passe de 603 habitants en 1954 à 824 en 2012. Ce dernier chiffre est un maximum jamais enregistré depuis l'instauration des recensements à la fin du XVIIIe siècle, le précédent record étant de 786 habitants en 1901.
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