Bionville
Localisation
Bionville : descriptif
- Bionville
Bionville est une commune française située dans le département de Meurthe-et-Moselle en région Grand Est. Bionville et ses voisines meurthe-et-mosellanes Pierre-Percée et Raon-lès-Leau, toutes sises en rive droite de la vallée de la Plaine présentent la spécificité d'appartenir depuis 2015 au canton de Baccarat, en Meurthe-et-Moselle, mais aussi depuis sa formation en 2017 à la communauté d'agglomération de Saint-Dié-des-Vosges, actuellement composée de 77 communes, étendue principalement sur l'arrondissement déodatien du département des Vosges.
Géographie
Localisation
Le territoire de la commune de Bionville, composée de huit hameaux reconnus officiellement, s'étage entre 325 mètres et 731 mètres, il occupe environ un tiers de la rive droite de la vallée de la rivière Plaine, sur une ligne fractale de 12 kilomètres de base hectométrique, mais en fait limitée à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau.
Cette rivière, dénommée la Plaine, concentre une multitude de ruisseaux dévalant des sommets voisins, à commencer par le plus imposant, le Donon, et se jette ensuite dans la Meurthe à Raon-l'Étape. Plus de trente ans avant la Révolution, elle a servi de délimitation entre l'ancien comté de Salm rattaché à la Lorraine ducale et la principauté d'Empire de Salm-Salm, avant de séparer l'ancien département de la Meurthe et celui des Vosges.
Le petit thalweg dit de Pierre à Cheval, du nom de la roche sommital dominant le flanc du vallon forestier, menant au col de la Chapelotte à 446 mètres d'altitude n'appartient uniquement à la commune de Bionville qu'à sa base rehaussée vers la source Cholley, il se partage en hauteur uniquement entre la commune de Pierre Percée à l'ouest et celle d'Angomont qui poursuit sa délimitation également plus à l'orient, jusqu'aux hauteurs surplombant le Halbach. La commune forestière de Saint-Sauveur prend le relais plus à l'est au voisinage des hauteurs. La descente au voisinage de Raon-lès-Leau est caractérisée d'abord par une frontière incongrue en hauteur avec la commune alsacienne de Grandfontaine, qui a récupéré à son profit l'annexion stratégique prussienne des forêts vosgiennes en 1871 autour du plateau du Donon. Au-delà de l'ancienne rive de la Plaine, côté gauche, les communes limites sont, de l'aval vers l'amont, Celles-sur-Plaine, Allarmont, Vexaincourt, Luvigny et enfin Raon-sur-Plaine, en face du hameau du Trupt.
Voies majeures de communication et transport
La départementale 992 qui descend du col de la Chapelotte entre dans la commune de Bionville au débouché du vallon de Pierre à Cheval, déjà décrit, puis remonte vers l'amont de la vallée, desservant le hameau des Colins, gagnant le grand bâtiment de La Turbine de l'autre côté du pont homonyme, en aval d'Allarmont. Rive gauche de la rivière Plaine, elle aboutit à la départementale 392, toujours cantonnée sur cette rive de la vallée, qui relie Raon-l'Étape à Schirmeck, notamment par le col du Donon, en amont de Raon-sur-Plaine.
Commençant avant la Turbine en connexion avec la D 992, la départementale 183 dessert les Noires Colas avant de rejoindre le centre de Bionville, et, une fois franchi le pont de Bionville, le cœur de village d'Allarmont desservi par la D 392.
Deux tronçons de la départementale 184 sont observables selon les cartes :
- d'abord un premier tronçon part de la D 392 à proximité d'un pont près de l'ancienne gare forestière du Halbach en rive droite, monte vers les maisons du Halbach avant de virer, quasiment à angle droit, au croisement routier situé sous la Basse de Chaumont, pour descendre droit vers Vexaincourt. Ce premier tronçon complète une boucle assez similaire à la boucle formée par D 183 et la D 392, quoique plus petite.
- un second tronçon de la départementale 184 n'apparaît que sur certaines cartes IGN. Il part du pont supérieur de Luvigny pour gagner uniquement le hameau du Trupt, en amont de son ancienne colonie de vacances.
Relief
Les sommets dont le roc du Taurupt, 731 mètres, point culminant du département de Meurthe-et-Moselle, sont couverts de forêts de conifères et de feuillus.
Les hauteurs septentrionales de la commune peuvent être dénommées respectivement entre l'aval de la source Cholley vers 360 mètres d'altitude à l'occident et le sommet de faîte le plus oriental à 720 mètres d'altitude avant la limite avec Raon-lès-Leau. Voici successivement :
- le Haut des Roches vers 574 mètres qui initie la ligne de "crête de Ban-le-Moine".
- le Haut des Planches vers 581 mètres, dont le nom rappelle la présence de chaumes ou pâtures d'estive en replat au nord.
- le Haut de l'Aigle à 615 mètres, sommet qui domine la roche de l'Aigle enclavé dans le territoire communal à 598 mètres.
- le Haut de la Borne à 609 mètres dominant le col de la Borne à 578 mètres, où grimpait autrefois le prestigieux chemin d'Allarmont pour se rendre de Senones ou Moussey à Saint-Sauveur. La bande faîtière proche de ces hauteurs bionvilloises, ainsi que les Roches Ganaux à quelques mètres de l'ancien pas ou col, appartiennent à la commune d'Angomont, lointaine héritière des parcours entre les chaumes sommitales des Planches et des Breheux.
- la Roche aux Cochons à 640 mètres près du plateau sommital du Haut de la Roche au cochons à 660 mètres appartenant à la commune d'Angomont. Cette roche isolée en grès vosgien est décrite par Adolphe Garnier en 1907 : elle s'élève sur vingt mètres, à partir d'une base de 30 mètres. On arrive de plain pied au sommet en la contournant. Le panorama s'ouvre sur la vallée de la Plaine jusqu'à Raon-l'Étape, mais aussi sur les environs de Cirey et de Lunéville, ajoute-t-il. Au sud de ce sommet, le modeste replat de saillie en contrebas, vers 550 mètres d'altitude, en avancée au-dessus du vieux chemin des Noirs Colas à Bionville centre, se nommait localement vers 1810 le Noir de Haut.
- la Croix Bodin à 648 mètres
- la Roche de Rambiroche, parfois dénommée Rambiéroche ou l'Ambiéroche, à 650 mètres
- le Haut du Bois de Luvigny vers 643 mètres
- le Haut du Bois Ban le Moine vers 693 mètres qui surplombe le versant occupé par le bois du Ban le Moine.
- le Haut de Chaumont à 655 mètres, ancien sommet de chaume que possédaient les communautés du Val d'Allarmont de part et d'autre de la ligne de faîte. Une large partie haute du revers septentrional, du Haut du Bois de Luvigny aux abords du Roc du Taurupt, appartient ainsi à la commune de Bionville. Le Haut de Chaumont domine le versant droit de la vallée de la Plaine, en particulier une combe raide au soleil menant à la basse de Chaumont qui se conclut par l'étang ou réservoir de Chaumont.
- le Roc du Taurupt à 731 mètres qui domine le hameau homonyme dans le val de Plaine. Le roc surplombe la passe ou col du Taurupt à 676 mètres.
- le plateau à l'envers de la Lèche du Taurupt à 722 mètres
- le chemin du faîte à 706 mètres d'altitude au-dessus de la Vierge du Trupt qui domine nettement la roche du Trupt, groupe de roches rouges perdues à l'amorce du grand ravin surplombant le hameau du Trupt et offrant autrefois un belvédère pour observer le massif du Donon.
Les profils altimétriques de ce versant droit montrent un relief de côte, de plus en plus raide, au fil de l'élévation, typiquement de l'ordre de 350 mètres (fond de vallée) à 600 mètres d'altitude sur 900 mètres de distance basique (secteur de Bionville) ou encore de l'ordre de 400 mètres à 700 mètres d'altitude sur moins de 1 000 mètres de distance basique (secteur du hameau du Trupt). Quelques paliers peuvent être observés à partir de 550 mètres d'altitude et surtout au-delà de 650 mètres, minces indices d'un modelé glaciaire de sommet il y a plus de 11 000 ans.
Géologie
Le secteur gréseux en rive droite de La Plaine, en amont de Celles-sur-Plaine, est sujet à des effondrements de terrains, notamment à la suite de séismes importants. L'habitat montagnard, comme la route, a préféré ostensiblement la rive gauche ou son versant, pourtant nettement moins ensoleillé.
Diverses formations alluvionnaires caractérisent le fond de la vallée de La Plaine et quelques vallons latéraux plus profonds. La géologie gréseuse des hauteurs de cette vallée où s'étale les hameaux de Bionville, en face de ceux d'Allarmont, de Vexaincourt et de Luvigny, essentiellement du grès du Trias inférieur avec sur les hauteurs de plus en plus élevées vers l'est des couches du Trias moyen, et sa situation marginale dans le bassin parisien ont été en particulier traitées par Dominique Harmand au cours des Journées d'études vosgiennes de Raon-l'Étape et Celles-sur-Plaine en 2009. Le grès vosgien d'une puissance avoisinant 200 mètres, les conglomérats et autres poudingues ou couches intermédiaires des couches triasiques, s'ils sont souvent fissurés à l'échelle du mètre en profondeur à l'instar des couches permiennes qui les supportent, présentent des microfissurations qui expliquent l'assèchement rapide des sols dépourvus d'humus forestier et de mousses.
Plus on rejoint vers l'est l'axe central des Vosges, massif né de la formation du graben avorté de l'étroite plaine rhénane, plus l'âge des roches affleurantes du buntsandstein et du permien s'amplifie, une observation que Henri Hogard décrivait simplement par un pendage moyen des couches sédimentaires induisant l'élévation graduelle des repères stratigraphiques. Au niveau des Noires Colas, on peut observer en affleurement des "couches de Senones" rougeâtres, avec des tâches gris verdâtres, parfois noires de composés manganifères, présentant plus en amont de la vallée de belles stratifications de sables et de petits galets. En amont de Luvigny, toujours dans la vallée ou mieux visibles sur son rebord, ce sont les "couches de Saint-Dié", sommet du permien supérieur, qui se dévoilent discrètement, laissant des sables grossiers, souvent anguleux en bancs mal stratifiés, parfois sous des formations à fortes teneurs en dolomies blanches insérées en nodules ou étroits bancs, avec plus rarement des cristaux de minéral dolomite. Enfin à côté de l'ancienne colonie de vacances du Trupt, la rivière Plaine entaille des "couches de Champenay", base du permien supérieur, sous forme de grès souvent jaunâtre à grain moyen, composé de feldspath, et de divers matériaux centimétriques d'origine volcanique (rhyolites permiennes, brèches ou granulats du massif dévono-dinantien).
Hydrographie et les eaux souterraines
Hydrogéologie et climatologie : Système d’information pour la gestion des eaux souterraines du bassin Rhin-Meuse :
- Territoire communal : Occupation du sol (Corinne Land Cover); Cours d'eau (BD Carthage),
- Géologie : Carte géologique; Coupes géologiques et techniques,
- Hydrogéologie : Masses d'eau souterraine; BD Lisa; Cartes piézométriques.
Hydrologie
Comme les versants bionvillois sont parfois raides, induisant un effet d'entonnoir pour les pluies violentes malgré le couvert forestier, les inondations accompagnées de coulées de boue peuvent localement être dévastatrices, comme du 8 au 31 décembre 1982 ou du 25 au 30 mai 1983. Les inondations aggravées par des mouvements de terrain restent encore plus imprévisibles et dangereuses, ainsi du 25 au 29 décembre 1999.
Pourtant, les sources abondantes et pérennes, voire les ruisseaux permanents, sont rares sur les pentes du territoire communal, et de plus en plus vers l'est. Citons de manière exhaustive :
- la source Cholley qui rejoint le ruisseau de la basse de la Pierre à Cheval, déjà alimenté en amont,
- les deux sources sous le Haut des Planches qui alimentent le ruisseau des Colins, qui rejoint plusieurs dérivations de la Plaine avant de couler sous le hameau des Colins,
- la source du Grand Chéneau sous le col de la Borne qui alimente le ruisseau de la basse du Toc, autrefois basse du Roc ou basse des Rocs, par allusion aux sommets qui l'encadrent de manière abrupte, Roche de l'Aigle à l'ouest et Roche aux Cochons à l'est, encore dénommé en aval ruisseau des Noirs Colas,
- les diverses petites sources de la basse du bois de Vexaincourt qui se muent en ruisseau de Bionville, au débit modeste certes, mais souvent le plus régulier de la commune.
- les petites sources en fond de vallon vers 470 mètres de la fosse du Taurupt qui font naître le ruisseau de la basse du Taurupt.
Ailleurs, les ruisseaux aux vallons fortement réduits coulent de manière temporaire, ainsi la petite source du hameau des Colins, les rus du Halbach, dont l'un descend de la basse du Bois de Luvigny, le ru de la Basse de Chaumont barré par l'étang sous la Basse de Chaumont, le Petit Taurupt capté par l'étang homonyme, au-dessus du pré des graines, le Trupt pourtant ravageur en cas d'orage violent, qui, détourné et barré, avait fini par devenir le ruisseau de la vieille scierie.
Depuis des millénaires, l'habitant a aménagé par précaution de multiples réservoirs à l'air libre, voire des étangs sur le moindre replat pour alimenter les nappes de surface et profiter des diverses nappes phréatiques. La véritable ressource en eau se trouve bien dans la rivière Plaine, détournée autrefois en biefs pour les installations hydrauliques ou en canaux d'irrigation ou mères royes, pour les prairies mais aussi pour les bassins de lâcher d'eau pour le flottage, et aujourd'hui captée pour l'alimentation en eau. Si le réservoir résiduel du Trupt, les grands étangs en amont de Luvigny captent directement l'eau de la Plaine, les étangs de la Creuse, du Halbach, sous les Noires Colas ou sous les Colins font appel à l'eau de la nappe phréatique de la vallée, bien mieux alimentée et en équilibre avec sa principale rivière.
Forêts anciennes
Bien avant les forêts communales, les forêts du val d'Allarmont, c'est-à-dire de la mairie (ancienne structure politique rassemblant les hommes des communautés participantes) ou du ban (district d'autorité correspondant) ont été gérées et administrées, non sans réserves spécifiques ou seigneuriales, sous l'autorité de la gruerie des comtes de Salm. Il en résulte des dénominations traditionnelles étendues curieusement, aujourd'hui ou au début du XXe siècle, sur Bionville et plusieurs de ses communes voisines. Elles sautent au-dessus de cette haute vallée de la Plaine, à l'exception notable du bois de Ban le Moine, qui part de la scierie basse du Halbach pour s'élargir dans un large secteur entre le Haut de Chaumont et le hameau du Taurupt. Notons le bois ou forêt d'Allarmont qui passe outre la basse vallée du ban, des hauteurs en rive gauche à l'est du village actuel d'Allarmont, vers les hauteurs rive droite derrière le Noir Colas et surtout les Colins, le bois de Vexaincourt qui occupe en rive gauche l'avancée des Hautes Côtes vers une étendue en hauteur rive droite sous la Roche aux Cochons et le Rocher de Rambiroche, le bois de Luvigny partant des hauteurs au sud de Luvigny pour s'étaler au-dessus du Halbach.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat de montagne, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans la région climatique Vosges, caractérisée par une pluviométrie très élevée (1 500 à 2 000 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,6 amplitude thermique annuelle de 16,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Badonviller », sur la commune de Badonviller à 9 vol d'oiseau, est de 10,2 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 066,3 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 39,1 ,,.
Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Diverses représentations cartographiques, avec données topographiques, géologiques, cadastrales ou encore de photographies aériennes, sont disponibles sur le site geoportail.gouv.fr. Sur le plan ou carte IGN, il est facile en procédant par sectorisation de retrouver ces huit hameaux, qui se déclinent en autant de reliquats d'anciens finages, largement réduits par l'envahissement de la friche avec strate arbustive ou arborée, par les diverses plantations d'arbres de rapport, plus rarement par un mitage résidentiel.
- « » (consulté le ).
- Le massif de l'Aigle domine le hameau des Colins, seul hameau de Bionville occupé par les lignes françaises pendant l'essentiel de la Grande Guerre. L'avant massif a été troué comme un gruyère par le génie français, pour sécuriser la guerre de position.
- Adolphe Garnier, "Paysages, sites pittoresques et curiosités naturelles du département", Annales de la société d'Émulation des Vosges, juillet 1907. En particulier, Partie 2 : La Montagne, paragraphe La Roche aux Cochons, p. 265-266. Les sentiers d'accès sont jalonnés par le Club Alpin Français.
- Registre paroissial d'Allarmont du 17 juillet 1815. Il s'agit en français du Haut du Noir, le terme Noir désignant le hameau actuel des Noires Colas
- Trupt s'écrit aussi "Trup" durant l'entre-deux-guerres. En-dessus de la roche, se trouve une grotte aménagée à la Belle-Époque.
- Dom Calmet dans sa Notice de la Lorraine, 1756, Tome second, page 479 signale près de ce secteur, entre vallée de la Plaine et Val de Senones, au nord de l'abbaye de Senones, l'effondrement-ouverture d'une montagne au XVIIe siècle, causant en partie les catastrophiques inondations du Val de Celles et du Val de Senones en juillet 1654. Lire la reconstitution de Pierre Schwinte, Enquête a priori sur la catastrophe du 13 juillet 1654 dans la région de Saint-Dié Senones, Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne, Tome LXXXI ou 81, 1978, page 42 à 54. Sur le site de la mairie de Bionville, la sismicité récente est dite modérée, entre 3 et 5.
- JEV, tome 11, 2009, première partie sur la géomorphologie.
- J. Hilly, B. Haguenauer, Guide géologique régionaux, Lorraine Champagne, Masson, 1979, 216 pages (en particulier ISBN )
- Site de la mairie de Bionville, consulté en septembre 2022.
- Nul grand ou long vallon comme celui de la Balle Mauvais (commune voisine de Saint-Sauveur) coulant vers le piémont lorrain, nulle basse conséquente comme celles des Grand Gouttis ou de Dremonrupt (Allarmont) ou encore celles de la Maix ou de Menonru (Vexaincourt) sur l'autre versant à l'ombre de la vallée de la Plaine.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
Selon les enquêtes d'Henri Lepage, perfectionnées au cours des années 1840, et qui seront reprises dans les statistiques de la Meurthe ou encore le dictionnaire topographique du département de la Meurthe du même auteur, Bionville n'est encore qu'une cense moins d'un siècle auparavant. Il semble que le second partage de Salm après 1751 soit à l'origine de cette modeste communauté de l'ancien comté lorrain de Salm en rive droite de la Plaine. Pour des raisons d'encadrement religieux, ce territoire d'Ancien Régime, composé de petits domaines, parfois affermés ou acencés, détaché en principe du district d'origine médiéval, nommé Val d'Alarmont, par ailleurs devenu frontalier en 1751 entre deux seigneuries désormais sans biens indivis et distinctes, a été rattaché au secteur théorique de Saint-Sauveur dans le cadre ancien du Ban le Moine.
La carte de Cassini mentionne le long de la Plaine en amont de Bionville sur cette rive droite les censes de Ban le Moine. Si le Bois de Ban le Moine sur la carte de l'état-major s'allonge derrière les hameaux, des Collines à Chaumont, il semble aujourd'hui encore plus réduit aux hauteurs boisées derrière Halbach et la Basse de Chaumont. Ban le Moine est le nom d'une seigneurie du temporel de l'Évêché de Metz, gérée à l'époque moderne par Saint-Symphorien de Metz et francisée par la chambre d'Annexion du parlement de Metz après 1680 dans le cadre de la généralité de Vic : elle s'étale en bande dans sa plus grande extension à l'ouest du village de Sainte-Agathe, l'intégrant pleinement avec Neuviller et remontant la vallée de la Brune, au nord de Badonviller, continuant jusqu'au abord de Bréménil, remontant par le hameau de Thiaville et la vallée d'Allencombe, bien au sud du village d'Angomont, et accaparant les hauteurs forestières des deux versants bien au nord du hameau de Bionville et du village Vexaincourt. Il s'agit d'un chapelet de diverses petites enclaves seigneuriales, qui n'obéissent pas au ban commun de cette partie de la haute vallée, relevant du comté de Salm. Ces enclaves multiples, parfois juxtaposées, gardent ainsi des spécificités juridiques et administratives uniques, gérées probablement autrefois par l'intermédiaire de moines administrateurs, pour le compte des seigneurs. La disposition juridique la plus tardive, par ailleurs la plus pratique à l'époque moderne, est l'acensement. En réalité, ce tableau n'est valable que pour quelques portions du territoire : un petit hameau, quelques écarts ou censes, un grand bois... qui gardent l'appellation Ban-le-Moine au .
Ainsi on retrouve après la Révolution la modeste commune de Bionville en 1793, dénommé encore par confusion Brouville en 1801. Bionville au sens strict n'est à l'origine qu'une petite part de l'ensemble du territoire communal, Bionville correspond apparemment à un hameau peuplé, petit port aux planches sur la Plaine, sur la route de la Chapelotte venant d'Allarmont. Il existait évidemment de nombreux petits hameaux ou habitats en amont, autrefois désignés de manière collective "les Los" ou en graphie moderne "les Leaux", car ils étaient placés d'un côté de l'eau, en rive droite ou occidentale de la rivière.
Bionville pourrait correspondre à la relatinisation Billonis villa, désignant un domaine du Bas Empire caractérisé par des billes ou billons de bois, c'est-à-dire des troncs de taille et de longueur normées, d'abord empilés sur le port, puis flottés dans la rivière aménagée en hautes eaux. Il s'agirait d'un flottage antique, activité poursuivie aux époques mérovingiennes et carolingiennes. À partir du Meurthe, Raon-l'Étape, la Neuveville ducale après 1279 ou La Neuveville, ville franche extirpée de l'abbaye stivalienne sur l'autre rive. Brouville, petite localité attenante, semble un doublon du toponyme Bionville, à savoir un domaine des "brus" ou "broces" (terme d'ancien français de genre masculin signifiant troncs), voire des bronches (troncs, souches, branches). Ces deux localités seraient aussi les principaux ports de la communauté de l'autre rive, Allarmont.
La création de la commune en 1790 a respecté la frontière de la principauté de Salm-Salm, petit état indépendant de l'Empire avant son annexion en 1793, d'autre part, le bannissement recommandé d'une dénomination à consonance religieuse a fait préférer un simple toponyme usuel.
Le hameau des Noires Colas tiendrait selon la légende son nom des filles du père Colas qui, de retour de la charbonnière (autre nom de la « meule », installation située au plus proche de la coupe en forêt, consumant du bois et produisant du charbon de bois), auraient porté des traces noires sur les mains, les visages et les vêtements. Le chemin des Charbonnières qui est parallèle à une petite partie de la route principale actuelle peut conforter cette croyance étendue aux filles du charbonnier, trivialement les charbonnières. Il est plausible que ce reliquat de chemin puisse conduire autrefois à ces installations de charbonnage en activité sur divers petits versants voisins dont le bois des chênaies sur pied était acheté par des entrepreneurs ou marchands de charbon de bois aux autorités seigneuriales ou régaliennes. Une hypothèse prosaïque tient compte de la langue lorraine vernaculaire; elle indique le sens de coulées de roches, de terres diverses ou de boues, avant l'installation de l'habitat de reconquête, ainsi les "nârs colas" correspondent à des coulées de roches noires, sorte de caillasses irrégulières à partie calcaire et gréseuse délitables, par ailleurs appelées crasse en formation superficielle, les "colenes" devenues soit "colïnes" au féminin soit "colins" au masculin pluriel, signalent des petites coulées, tout en étant assimilées tardivement au patronyme Colin...
Le radical rupt semble se retrouver dans les noms du hameau du Taurupt et du lieu-dit du Trupt. Il proviendrait du latin médiéval ruptus, participe passé de rumpo, "rompre, briser". Il désigne une fracture prononcée, une ligne de faille importante, ou encore un espace creusé par un cours d'eau, voire un ruisseau, localement dénommé "ru" ou "rupt". Le monde savant du Roc du Taurupt, qui le surplombe. Taurupt pourrait signifier une forme de roche sommitale imitant un relief tabulaire brisé, à l'image d'une table cassée ou rompue. Trupt pourrait indiquer au choix un grand ravin depuis une hauteur, une chute brutale ou un trou, voire une chute d'eau.
Le pré des graines au nord de Vexaincourt mentionnait autrefois un vaste terrain herbeux, régulièrement fauché après la saint Jean (jour traditionnel d'ouverture du ban de fenaison) par des équipes paysannes de bon matin et comportant des petites granges en bois ou "grangeottes" à foin, c'est-à-dire des graines pour les montagnards vosgiens. Le pré des tocs à l'ouest de Luvigny mentionnait un espace herbeux près de la rivière qui se signale par l'entrepôt saisonnier de souches ou de troncs d'arbres, comme l'expression commune des forestiers locaux couper à blanc étoc le suggère.
Chaumont indiquerait localement un mont chauve (calve mons soit au mont chauve) ou trivialement une montée dénudée d'arbres et de broussailles, donc herbeuse et rocheuse. Les Lesches désigneraient les à-côté (du mot latin latus) d'un chemin ou d'une voie, d'une rivière ou d'un parcours de bétail. L'intérêt d'un élargissement (laxa ou largeur en latin) pourrait expliquer l'évolution du mot, c'est ici ce qui est laissé au parcours du bétail sur un chemin de faîte élargi et terminal (avant la chaume admodiée, par définition barrée ou interdite au parcours d'usage commun), même si ce terme peut aussi s'appliquer aux étendues humides, étangs contigus ou bras mort d'une rivière. Le sentier des Cochons indiquait une sente traversant un secteur de bois laissé à la glandée, les environs de la roche des Cochons étant appréciés des libres troupeaux porcins et de leurs hardiers (gardiens de gros bétail).
Le halbach pourrait désigner un vallon ou une basse (besse en vosgien avec son diminutif bessate ou bessine, proche du bakko antique ou du suffixe bach alsacien ou alémanique) au sel ou brûlé de soleil (radical antique en hal), drainé par un ruisseau. Y avait-il autrefois quelques sources salées, résultat d'inclusions salines descendantes dans les couches triasiques, ou était-ce simplement un ancien chemin saulnier, qui se dirigeait vers le Saulnois ? Les caractéristiques anciennes du chemin du halbach laissent envisager une autre hypothèse plausible, à savoir un vallon de halage au sens ancien, où on tire ici des bois, ou une voie de halage, de trait, de l'ancien français haler, tirer. Il est encore possible que le dur chemin de halage, exposé plein soleil, ait influencé la dénomination du principal hameau traversé.
Le pré de la Fontaine au nord de Vexaincourt est un microtoponyme compréhensible, adapté en français local, la fontaine désignant un aménagement terminal de conduite d'eau, au débit suffisant pour abreuver les bœufs ou les chevaux d'attelage. Le toponyme Rondchamp en amont du Halbach et parfois confondu avec lui désignait un espace ouvert de forme ronde par sa topographie, probablement un ancien terroir de petit prés et de champs épousant un relief au sommet arrondi.
- Consulter les ouvrages érudits du baron Fréderic Seillère sur l'abbaye de Senones, le comté de Salm et la naissance de la principauté d'Empire au début du XVIIe siècle.
- L'abbaye de Saint-Sauveur, de facto ruinée au cours du congrégation canoniale de Notre-Sauveur installée à Domèvre, chargée plus tard de la Reconquête catholique, sous l'égide du duché de Lorraine et de l'évêché de Toul. Les relevés de la fin du chiffres romains, 1972, p. 45-46.
- Chanoine A. Dedenon, Histoire du Blâmontois, opus cité. Carte de l'extension optimale de ce ban seigneurial, non paginée entre page 4 et 5, Mention du fief d'Harbouey en 1700 incluant le ban le moine et des reliquats de terres de François de Vaudémont. Notons que le modeste ban Saint-Pierre, juste à l'ouest et au sud-ouest de Badonviller, incluant les villages de Pexonne et Fenneviller et leurs partie nord, relevait du duché de Lorraine par l'intermédiaire directe de l'abbaye de Moyenmoutier. Henri Lepage l'associe abusivement au Ban-le-Moine. Le ban de la Rivière, structure similaire, relevait de l'abbaye de Senones.
- Parmi ces seigneurs, l'évêque de Metz et le duc de Lorraine, ici avoué de l'abbaye Saint-Sauveur rejoints par quelques autres seigneurs lorrains possessionné sur les bords de Meurthe, pouvait à moindre frais obtenir du bois de qualité par flottage, ce qui peut expliquer l'accommodement avec ses vassaux, les comtes de Salm concernant le Val d'Allarmont pendant le beau Moyen-Âge. L'archaïsme préservant des manses serviles paraît aussi évident. Pourrait-il être prouvé par le patronyme Le Moine, appliqué à quelques familles serves ? Il reste l'hypothèse d'un prénom indiquant un descendant ou héritier unique, du latin médiéval monos, ce qui n'est pas antinomique de la gestion familiale des petites manses serviles, la plupart des autres héritiers s'émancipant par un départ opportuniste.
- Le brouillard et la déformation proviennent des effets de la Reconquête catholique tridentine et des principaux partages seigneuriaux.
- La présence de chênaies et parfois de hêtres est suggérée par la Roche des Cochons ou Roc aux Cochons et par le sentier des Cochons, héritier des multiples sentes des troupeaux porcins menés à la paisson ou pâture forestière, en automne à la glandée et au faînage.
- Cette langue vernaculaire, aujourd'hui théorisée et réunifiée par la graphie, est encore dénommée patois vosgien.
- L'expression dialectale est au masculin pluriel avec l'adjectif qualificatif antéposé, elle est passée au féminin péjoratif en français local "noires coulasses" ou encore "noirs colas" en français par maintien résilient du genre. Le microtoponyme atteste d'une hésitation singulière de genre ou d'une confusion de langues génératrices, par ailleurs communes dès qu'on pénètre dans la montagne vosgienne, la moyenne vallée de la Plaine avec ses influences mélangées en est un sillon frontalier.
- selon le Trésor de la Langue Française ou TLFi
- L'évolution en ancien français donne les ou lez, désignant le mot attesté au XIe siècle signifiant "côté, flanc", mais aussi l'adverbe et préposition de lieu du XIIe siècle, signifiant "à côté, près de", si commune dans les accolements anciens de toponymes, le dernier indiquant une localité de référence, notable ou dominante, relativement proche.
Histoire
L'actuel territoire communal de Bionville est associé depuis des temps immémoriaux à la haute vallée de la Plaine. Cette dernière relevait en principe d'un vaste domaine mérovingien, dont le centre Bodonis villa est devenu la petite ville de Badonviller et dont le monastère Bodonis monasterium au siècle représente l'éphémère abbaye de Bonmoutier, refondue au XIe siècle dans l'abbaye de Saint-Sauveur. Le chemin médiéval du val de Larmont ou de Lalarmont, devenu le chemin d'Allarmont, le traversait en son centre actuel, reliant après 1050 les centres abbatiaux de Senones et de Saint-Sauveur, respectivement par Moussey, le col du Calvaire, le vallon d'Allarmont et le Haut des Bornes. Ce chemin ancien délimitait grossièrement la val à l'amont, devenu par assimilation val d'Allarmont, et à l'aval, la vallée de Celles d'accès facile pour les installations hivernales des éleveurs transhumants, un aval ouvert jusqu'à la scierie Lajus. Le ban de Celles composé d'agrégats de communautés paysannes s'impose aux Childéric II en 661.
Parmi les communautés du Val d'Allarmont au comté de Salm
Aux Raon-sur-Plaine et Raon-Lès-Leau, avec leurs forêts perdues par annexion en 1871 jusqu'au Donon, desservi par des cols transversaux, apparaît hégémonique et contrôle l'essentiel de la vallée de la Plaine. Il s'efface en partie au Luvigny un prestige religieux accru et à Allarmont un rôle économique et administratif notable (Val d'Allarmont), une partition des tâches qui semble une preuve de la solidité des institutions seigneuriales, désormais bien établies bien avant l'apparition d'un réseau sans lacune de paroisses au . Nous sommes avant la relative déprise ou stagnation démographique due principalement au refroidissement climatique après 1300 et l'effondrement du second XIVe siècle, qui ouvre des temps d'insécurité et d'aléas aux siècles suivants.
Le flottage des bois vers la Meurthe, pourtant bien plus ancien, n'est connu qu'à l'aide d'un document historique du biefs des moulins ou des scieries de planches constituait des enjeux rivaux. Il n'y avait, à côté de chemins ruraux mal entretenus, que des sentes longeant la rivière Plaine vers l'aval, pour éviter le piétinement des prairies, ce qui n'était pas toujours le cas d'après les procès communs. Mentionnons que la première bonne route moderne, permettant un voiturage de tronces ou de pondéreux (fer, roches, tuiles, matériaux lourds), remontant la vallée de Plaine n'apparaît progressivement qu'après 1750.
Le val ou ban d'Allarmont et les administrations de tutelle ou supérieures au niveau comtale, déclinées pour la première en mairie, basse justice, offices communs notamment de levée d'impôt et de surveillance champêtre du finage, et pour les secondes, en bailliage, justices banale et seigneuriales, grueries pour la gestion forestière exclusive des seigneurs, incluant les chaumes et autres enclaves forestières, permettent l'organisation des deux plaids ou assemblées annuelles, ce qui forme une entité globale, certes variable avec l'époque, étendue diversement à l'ensemble de la haute vallée (toujours en amont du district de Celles, marquée par le passage du chemin d'Allarmont), auquel le territoire de Ban le Moine ou de la future commune de Bionville est inséré. Cette vie communautaire n'est pas sans friction, en 1545, les archives attestent d'une transaction entre les habitants du Val d'Allarmont et ceux de Ban-le-Moine au sujet des difficultés relatives audit ban. Les versants ensoleillés attirent troupeaux et hommes actifs de l'autre versant à l'ombre, il faut trouver moult compensations.
En principe, limité à sa rive gauche sous le dernier comté de Salm, né de l'alliance souveraine des beaux-frères, le comte Jean IX et le rhingrave Frédéric, au détriment des autres seigneurs ou la dernière principauté de Salm-Salm depuis 1751, à part quelques fermes ou possessions seigneuriales directes, sous forme de granges, scierie, moulins, bois privatif, il semble que le modus vivendi des communautés du Val d'Allarmont continue ou se proroge inchangé, parce qu'en dépit du rôle directif de la mairie et des autres institutions communes, les impôts princiers sont prélevés par certains habitants désignés procureurs responsables, de manière efficace et économique, au niveau des communautés locales ou de leurs syndicats modelables.
Un monde sylvestre et agro-pastoral traditionnel méconnu
Le partage du comté de Salm en 1598 a ouvert un lancinant conflit des droits de jouissance, d'usages anciens, de vaines pâtures dans les bois de Ban-le-Moine, comprenant l'accès à des essarts, des chaumes au-dessus des bois ou sur l'autre versant jusqu'à Hièrezey et les forêts de Saint-Sauveur. La mairie du Val d'Allarmont accumule vexations et frustrations au point de réunir unanimement le plaid du ban et faire voter en 1619 un refus global de payer l'impôt. Après la visite de deux officiers mandatés par les seigneurs, une conciliation provisoire, maintenant les droits, est trouvée. À titre personnel, et non à titre indivis, le comte de Vaudémont se retire de la négociation le 21 mai 1620, en instaurant une loi pour ces bois grevés de droits d'usage par un cens de rachat annuel, à savoir 10 francs barrois de cens et perpétuel à la charge du ban d'Allarmont. Le droit de cens choisi étant le même en novembre sur les essarts est à l'origine d'une confusion sur la nue propriété d'ensemble. L'accord du 5 novembre 1620 maintient grosso modo les droits. Les ménages paieront 3 deniers par porc, sans dépasser trois porcs par feu, pour avoir accès en commun à l'espace forestier de glandée, en saison convenable, excluant la période de saint Rémy à la Purification de la Vierge. La vaine pâture est autorisée sauf en période de glandée ou de paixon. Les droits de cloisons (après héritage), affouages, marnage pourront être délivrés dans la forêt dense dans les limites entre Hièrenzey et le ruisseau du Petit Halbach. Les solutions les plus délicates concernent les essarts qui doivent conserver, au sein de l'espace forestier de diverses qualités, une dimension restreinte et bornée. L'emploi de borne marquée avec une croix en dessus et de petite roche aménagée de manière similaire permet une délimitation de la basse du Pré Mathias à la lisière du bois de Chaumont. La borne marquée au lieu-dit Patry marque la limite des anciens bois de l'abbaye Saint-Sauveur. Pour un paiement collectif en cens perpétuel et annuel de 10 F par an, payés au prorata des biens seigneuriaux, les essarts sont propriétés du Val d'Allarmont.
Le viol de la "transaction de 1620" est effectué par le successeur et héritier de ces droits du duc de Lorraine. Marc de Beauvau, prince de Craon, grand écuyer du duc de Lorraine, Grand d'Espagne première classe, familier et courtisan du duc de Lorraine, Léopold. Le prince réunissant ces titres et biens seigneuriaux locaux est baron de Ban-le-Moine. En 1737, profitant de la demande en bois sur les rives de Meurthe et de Moselle, desservie par flottage, il fait couper sans se soucier dans la forêt dense et dans la forêt claire réservée aux habitants d'Allarmont dont il se soucie comme d'une guigne. Une fois passée la stupeur devant l'ampleur du projet de coupe, le maire ressort les titres reçus et les accords signés. Alertant ses administrés au plaid, qui autorisent illico presto le blocage et la confiscation des bois, quitte à payer des dommages et intérêts, il lance un procès en 1737, avec une requête pour demander de confisquer les bois coupés indûment. Or la maîtrise des Eaux et Forêts de Vic, à l'origine d'une activation des coupes de bois tous azimuts, juge légale la concession princière et illégal le blocage par le ban et la mairie paysanne. La mairie doit acquitter la dépense des dommages, laisser prendre les bois coupés et verser une indemnité au prince de Craon pour le trouble de son activité. Pris au dépourvu, les habitants paient en premier pour montrer leur bonne foi, et reprennent le combat administratif et technique, avec un appel ou une seconde requête en 1738. Lors du second jugement, mieux documenté, le parti princier de Lorraine perd de sa superbe. Il n'a droit qu'à un tiers des bois. La spoliation et l'abus pour non-consultation de partenaires est désormais caractérisé. Mais le prince passe outre, et ordonne de continuer les coupes. Dans le canton du Halback ou Halbach, une guerre paysanne et forestière est en cours. Environ 110 sapins, préalablement façonnée en chevrons, disparaissent, aussi facilement qu'une nuée blanche sur les versants boisés au soleil. Le prince de Craon lance à son tour un procès. Le conflit devient exemplaire à l'échelle du monde de la noblesse lorrain, et le prince de Salm et Rhingrave d'Empire commence à intervenir pour défendre ses bons habitants du ban d'Allarmont. La maîtrise des Eaux et Forêt de Vic prononce, le 26 août 1740, la condamnation du prince de Beauvau-Craon : le prince grand d'Espagne doit non seulement se désister au profit des habitants du Val d'Allarmont, en ce qui concerne la forêt de Ban-Le-Moine comprise entre la borne de Hierenzey et le Petit Halbach, mais aussi restituer les fruits de ces opérations et rembourser les dommages et intérêts résultant des coupes. Les partisans lorrains du prince crient au procès politique. En 1742, le prince s'estimant lésé fait appel du jugement inique d'une administration française devant la table de marbre du palais de Metz, dernier ressort avant la grâce du Roi très Chrétien Louis XV. Samedi 11 aout 1742, le jugement des Eaux-et-forêts de Vic est confirmé par la cour souveraine. Le prince doit rembourser 7000 livres d'argent cour de Lorraine. L'avis ne sera néanmoins pas respecté par le prince débouté, bénéficiant d'un curieuse indulgence des autorités du Grand Royaume.
De nombreux historiens contemporains oublient systématiquement le rôle du pastoralisme encore omniprésent au siècle et d'un lointain héritage agro-pastoral niché au sein des vallées, à savoir la présence de chaumes et de répandises sur les hauteurs, pour l'estive des troupeaux bovins et porcins, de bandes herbeuses ou de prés-bois réservés aux parcours, de forêts claires de paisson autrefois admodiées, de fourrières en dehors du finage et prés de fauche du finage, de prairies d'irrigation en fond de vallons ou de vallée, surmontées de longs champs en lanières, parfois émiettés en terrasse, sur les rebords. Abusés par des abandons partiels de terroir à la suite des aléas climatiques, des épidémies ou des guerres, ils accordent souvent une place disproportionnée à l'activité forestière, qui était importante, mais s'inscrivait dans un calendrier agro-pastoral marqué par des pratiques séculières, une langue et une culture paysanne montagnarde, que l'ethnologue Colette Méchin a retrouvé au cours de ses minutieuses études au tournant des années 1970 et 1980. À partir d'anciennes photographies diverses, notamment la collecte aérienne militaire de la Grande Guerre, Jean-Claude Fombaron a dévoilé l'intense déprise agro-pastorale et les mutations forestières artificielles contemporaines ou récentes, marquées par l'envahissement des résineux de plantations, par exemple les épicéas sur les terres agricoles délaissées dès la fin des années 1950. Citons aussi les généalogistes Georges Marande et Georges Simon, le dernier auteur d'une reconstitution généalogique exhaustive de Vexaincourt et des villages environnants du val d'Allarmont, qui permet de saisir la vie des familles locales depuis l'époque moderne.
"La vallée a été une voie de passage et d’invasion depuis le Moyen Âge jusqu'à la Grande guerre" selon Jean-Paul Rothiot et Jean-Pierre Husson : elle a été tour à tour à l'ère forestière le lieu de transport du bois par flottage, à l'ère industrielle celui d'un chemin de fer véhiculant produits manufacturiers et passagers, à l'ère automobile celui de la liaison routière entre l'Alsace et la Lorraine, par le col du Donon et le col de la Chapelotte, via les départementales 392 et 992. Ces deux cols ont été des obstacles au développement du bassin de vie ; tout au long des siècles les habitants de la commune de Bionville ont préféré emprunter les pentes douces longeant la rivière de la Plaine et conduisant à Raon-l'Étape — située dans le département voisin —, bourg devenu la référence économique et culturelle. Cette dernière assertion, au-delà de l'évidence des transports faciles par voie d'eau des matériaux denses, pondéreux ou massif, pourrait être contredite par les pratiques agro-pastorales paysannes multi-séculaires, qui privilégiaient les chemins de montagne plus directs, et souvent transversaux, à commencer par les chemins directs dit "passes ou passages de côtes", les chemins de cossons ou les raccourcis commodes entre vallées adjacentes ou lointaines.
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Principauté de Salm.
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Col du Donon.
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Col de la Chapelotte.
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Rivière la Plaine.
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Automotrice de la Plaine.
Une spécificité de vie commune religieuse oubliée
Le comté de Salm a été partiellement terre protestante après 1540, et avant une recatholicisation différentiée, puis voulue complète sur ordre des princes après 1623. Il semble qu'au moment du partage de 1598 conclu entre Jean de Salm et Jean-Frédéric, comte sauvage du Rhin, l'alphabétisation vigoureuse, partie de la capitale Badonviller, associée à des centres d'éducation luthériens ou calvinistes de la montagne vosgienne, était acquise pour la plupart des familles, quelles que soient leurs confessions intimes. La fermeture du temple réformé de Badonviller, jointe à l'interdiction des cultes protestants dans le comté de Salm, lance la reconquête catholique, elle plonge aussi dans l'invisibilité les populations fidèles à la foi réformée, si elles décident de rester sur place en dépit des mesures coercitives, si ce n'est dans une pénombre officieuse avec la dissimulation de leurs croyances. L'abbé de Haute-Seille, exerçant au nom du souverain pontife, la juridiction spirituelle et ecclésiastique au comté de Salm, effectue une visite apostolique, en particulier à Celles et dans la haute vallée de la Plaine, nommée val d'Allarmont. En 1626, Philippe-Othon prince de Salm et Nicolas-François de Lorraine s'entendent pour investir vers les charges curiales souvent lacunaires, recrutant des curés lorrains aptes à mener, sans état d'âmes œcuméniques, le programme de la reprise tridentine.
Les princes, grâce au soutien indéfectible de cohortes jésuites saisonnières et bénévoles, au zèle des tribunaux comtaux chargés de la censure, une justice d'affaires religieuses aiguillée par quelques délateurs cupides, s'enrichissent sans vergogne par la confiscation des biens des coreligionnaires persistants dans leurs pratiques de lecture collégiales interdites. Autour des années 1680, la reconquête catholique par les princes de Salm s'arrête, avec une vigoureuse reprise en main de l'évêque de Toul, évinçant également les autorités traditionnelles dirigées par l'abbaye et le chapitre de Senones. Monseigneur Jacques de Fieux fonde ex nihilo et contrôle le doyenné de Salm en 1680, où figurent les paroisses de Luvigny et de Celles, y compris leurs nombreuses annexes du Val d'Allarmont. En 1685, l'abbé de Haute-Seille effectue, au nom du pape, une visite apostolique de conciliation entre les autorités touloises et son doyen de Salm établi et celles des anciennes abbayes, contraintes d'ester en justice pour garder leurs droits paroissiaux (droit de présentation, part de dîmes). L'éradication réformée est-elle close ou un partage encore conflictuel s'effectue-t-il entre les terres définitivement conquises et celles à reconquérir, où s'incruste un crypto-prostestantisme, ou du moins sa suspicion ? Vers 1735, il existe un modeste vicaire résident chargé de Ban le Moine (Bionville), dépendance de Neuviller. S'agit-il d'un lointain reliquat de la volonté de reconquête catholique des ducs de Lorraine, toujours à partir de leur bonne ville administrative de Badonviller, capitale de leur comté de Salm ?
Un lent, mais irrésistible essor économique à la fin des temps modernes
La belle légende narre que les armées suédoises introduites en 1633 dans le comté de Salm par le col du Donon auraient laissé des plants de pommes de terre (avec une hypothèse de culture entre 1635 et 1637, donc bien avant la "découverte" ou popularisation d'Antoine Parmentier en 1787 pour l'ensemble du royaume) et que les habitants de la rive droite de la vallée, soumis à la disette et opportunistes, les auraient fait fructifier. En réalité, la culture du tubercule andin déjà connue se répand dans l'ancien comté de Salm bien après cette guerre de Trente Ans, du fait du retour des habitants réfugiés au dehors de la Lorraine et de l'Alsace.
Le phénomène d'introduction de cette culture dérobée, sur les jachères ou les débroussaillées, est général dans les montagnes vosgiennes, quoique avec des nettes différences de temporalité, tout au long du . En 1690, le curé de Schirmeck, une personnalité connue des habitants de la haute vallée de La Plaine, réclame le paiement d'une dîme spécifique à l'attention des cures et l'obtient quelques années plus tard, car l'essor économique dû à cette culture n'est nullement négligeable. Il existe diverses preuves de cette culture déjà importante, la plus directe est la sentence prononcée par le prévôt de Badonvillers le 19 octobre 1693 qui condamne avec mesure les habitants du Val d'Allarmont et du ban voisin de Celles à apporter le cinquantième de leurs récoltes de pommes de terre à leurs curés respectifs : les anciens habitants refusaient les corvées anciennes pour l'église, les champs et les propriétés de la cure. En effet, depuis les désastres humains du milieu du XVIIe siècle et le lointain souvenir de leurs vies apeurées dans les bois, les habitants anciennement installés entretenaient des relations prudentes, voire de plus en plus glaciales et parfois hostiles, envers les autorités religieuses tridentines et princières, qui favorisaient souvent l'arrivée de familles, soumises au dogme, de journaliers analphabètes. Dès le début du XVIIIe siècle, la culture de subsistance devient encore plus rentable, car les semences vosgiennes, petites et résistances, sont prisées dans les piémont alsacien ou lorrain. Une relative prospérité gagne de 1720 à 1735 les hautes vallées, paradoxalement très froides en hiver. La pomme de terre ne permet plus seulement d'éviter disettes et famines, elle apporte un complément de revenus et faire naître une cuisine vosgienne à base de pomme de terre (hô noir, hô blanc, chaude meurotte...). Même si l'agriculture des plaines spécule sur les semences après cette période, la croissance se poursuit avec les progrès de l'instruction déjà ancienne et une accélération de la maîtrise technique paysanne.
La paroisse d'Allarmont, annexe de la paroisse de Luvigny au cloches dont la belle sonorité est parfaitement audible des habitants de la rive opposée, elle ne possède un vicaire résident que depuis 1755. Pour des motifs économiques, ce vicaire s'occupe aussitôt des âmes voisines de Ban-Le-Moine, toujours sous la dépendance de la paroisse de Neuviller. Ce service curial de proximité, toutefois au-delà d'une frontière de principauté, justifie une digne rétribution de la paroisse mère, elle est accordée en 1775 par le curé de Bréménil. Précisons que le traité de 1751 signé entre le duc de Lorraine et le prince de Salm-Salm, s'il met à terme à l'indivis et instaure deux territoires seigneuriaux distincts avec chacun une capitale et une organisation administrative séparée, n'entrave pas les anciennes libertés des habitants de la principauté qui demeurent "sujets naturels" du duc de Lorraine. Les habitants du Val d'Allarmont ne sont nullement étrangers en Lorraine ducale, ayant les mêmes droits que les habitants de l'ancien comté de Salm. La réciproque est aussi vraie pour les Lorrains en terre princière d'Empire, ce qui facilite les importants échanges commerciaux et économiques de cette enclave d'Empire au sein du royaume de France, après l'annexion du duché de Lorraine en 1766.
La banalisation du chauffage au bois, avec un poêle à fonte noire vers 1780, permet d'allonger notablement la durée de vie et de créer des modes d'habillement inédites à l'intérieur des maisons en mauvaise saison, comme en témoignent les trousseaux des fiancées. Malgré une grave crise de l'économie forestière, qui va se poursuivre de longues décennies, Bionville atteint et dépasse largement la cinquantaine de feux permanents avant 1780 (peut-être plus de 300 habitants). Quelques années après la Révolution et le début des guerres révolutionnaires, il ne reste souvent que des femmes, des enfants et des vieillards dans les habitations des hameaux. Les aléas climatiques et économiques, renforcés par les guerres meurtrières, des deux dernières décennies du Restauration confirment un retour contrasté à une vie familiale commune, pour la majeure partie de la vallée. Selon le registre de paroisse d'Allarmont-Bionville, la commune de Bionville compte 480 habitants en 1818, du fait du rôle éphémère de refuge montagnard, après les dévastations de guerre en 1814 et 1815, les disettes et épidémies qui ont suivi, sans oublier la terrible famine de 1817.
Époque contemporaine : De la Restauration au second Empire
Durant la Restauration de la monarchie, le vieux roi Louis XVIII verse une contribution royale, en partie prise sur ses propres deniers, pour faire construire une église, plus vaste que la modeste chapelle excentrée des Colins. Elle est consacrée en présence du curé d'Allarmont, Jean-Baptiste Marchal, par une première pierre bénite en 1824, à saint Hubert, chasseur de cervidés converti que le roi affectionnait dans sa jeunesse, c'est une des premières décisions de l'évêque de Saint-Dié qui a récupéré un diocèse sur les territoires vosgiens attribués à l'évêque de Nancy dans le cadre du Concordat en 1801. Jean Baptiste Marchal, curé d'Allarmont et de Bionville de 1817 à 1832, est inhumé au cimetière de Bionville, dans ce hameau du centre auquel il était attaché. En réalité, il n'était qu'un vicaire de Bionville admis du bout des lèvres par l'évêque de Nancy, dans une paroisse double réunie à Allarmont à la demande des habitants, et avec l'autorisation gracieuse de l'évêque de Saint-Dié, son supérieur direct. La paroisse véritable autonome et légalement constituée dans le diocèse de Nancy n'est érigée qu'en 1832. Le curé Bèche est immédiatement nommé par l'évêque de Nancy, soucieux d'éradiquer ces arrangements entre communautés de fidèles, et il assure même quelques mois jusqu'en décembre 1832, dans un cadre de tutelle et de demande inversé, le service d'Allarmont.
Il semble que, depuis les années 1830, la fête patronale de la paroisse et de la commune de Bionville se soit fixé à la saint Hubert, soit le 3 novembre, du moins sur un plan strictement religieux ou théorique tout en étant déjà reporté concrètement au premier dimanche qui suit le 6 novembre (saint Léonard). Ainsi tout se passe comme si la date des festivités est de facto déterminée par la saint Léonard, le vieux saint patron d'Allarmont-haut, attestant le lien multiséculaire de Bionville avec le chemin d'Allarmont. Il était sans doute inconcevable aux habitants proches du centre de Bionville ou de Brouville de ne pas festoyer en même temps que ceux d'Allarmont.
L'essor économique et démographique est important dans la première partie du fontaines, semble de plus en plus endormie à la Belle Époque, malgré le dynamisme industriel de sa voisine, La Neuveville (sous Répy) développé autour de sa gare, sur la voie ferrée de Lunéville à Saint-Dié.
L'exode rural pourtant intense d'une fraction de population assez jeune, avant et autour des années 1840 et 1850, n'était pas aussi ressenti que le lent exode qui suit, insidieux, accompagnant un relatif vieillissement de la population, qui reprend sans cesse dans les années 1860 et suivante, malgré quelques courts répits, dans le val d'Allarmont.
Temps de Guerre ou d'occupation : 1870-1873, 1914-19, 1939-44
Au cours de la guerre de 1870, les premiers combats violents se placent sur Badonvillers et Baccarat en septembre. Après la capitulation de Strasbourg le 28 septembre, l'armée badoise de Von Werder libérée du siège se jette sur les Vosges. une unité descend la vallée de la Plaine et occupe rapidement le val d'Allarmont.
Lors de la Première Guerre mondiale, Bionville se retrouve au voisinage de la ligne de front, routes et bâtiments subissent des bombardements intenses, surtout au début et à la fin de la guerre, l'église saint Hubert est partiellement éventrée. Le secteur des Colins, son petit finage jusqu'aux abords de la Turbine et surtout son contrefort du Haut des Roches, du moins une partie dominant le début du col de la Chapelotte, a été repris par l'armée française, lors du retrait coordonné de l'armée allemande sur les positions hautes de défense en septembre 1914.
Après la fixation du front au col de la Chapelotte en septembre 1914, un dispositif allemand contrôle progressivement les hauteurs stratégiques de Bionville, du "Haut de la Roche" à la "Roche des Cochons", sur les hauteurs dominant la vallée de la Plaine et le plus souvent à son revers (communes d'Angomont et de Saint-Sauveur), il s'étage en de multiples installations techniques (câbles transporteurs, locotracteurs, stations de pompage et réservoirs d'eau, postes de secours, parcs du génie), en sites militaires opérationnels de première ligne (tranchées du col sur la commune d'Angomont et de Pierre-Perçée) et de seconde ligne (emplacements d'artillerie, postes de commandement, blockhaus, abris bétonnés, galeries sous roches, postes de mitrailleuses, postes d'écoutes téléphoniques, postes de communication optique, postes d'éclairage du champ de bataille, postes de guet ou d'observation...) ainsi que des résidences de soldats et d'animaux (baraquements pour les troupes de chasseurs ou d'artillerie, d'ouvriers constructeurs, de compagnies de réserve, cuisines, réserves de nourriture, postes sanitaires, chapelles, cimetières, abris sous roche pour les animaux de trait, écuries…). Le front de la Chapelotte est desservi par plusieurs voies ferrées, en particulier une voie ferrée de type Förderbahn qui arrive à la côte 542 et dessert la plupart des types d'endroits cités, sur le territoire d'Angomont et de Bionville. Un des terminus de cette dernière voie arrive aux Roches Ganaux, près du col de la Borne, et un téléphérique permet de rejoindre la haute vallée de la Plaine occupé par l'armée allemande.
Tous les endroits à l'abri des obus sur les hauteurs de Bionville ont été occupés, à l'instar du Haut de la Roche, du secteur des Hauts des Planches, de la Roche de l'Aigle et de la Roche aux Cochons. La combe à l'est du Haut des Planches voit un grand nombre de bâtiments en bois s'accrocher et constituer une véritable ville à flanc de montagne. Des chemins et des escaliers en bois et métal à flanc de coteaux permettent autant de rejoindre les Noires Colas et Bionville, que les hauteurs et dépressions voisines, ainsi que la ligne de crête desservie par l'équipement ferroviaire déjà décrit. L'essentiel des réserves allemandes est stationné dans les hameaux et villages de la vallée, par exemple ceux de Bionville, Allarmont, Vexaincourt...
Le front est plutôt paisible après les violents combats de la Chapelotte en 1915. Du côté français, les soldats territoriaux tiennent fréquemment la première ligne à partir de 1916, laissant les unités combattantes circuler vers la Meuse, la Somme, l'Artois ou les confins des Flandres. Ainsi Camille Braun, du 43e régiment d'infanterie territoriale, est affecté aux Colins du 18 avril au 13 juin 1917. Dans son carnet, l'artiste de l'école de Nancy décrit le 6 juin 1917, après une nuit d'orage, l'arrivée par le no man's land en fond de vallée, de deux prisonniers russes vers 5 heures du matin. Après avoir traversé la commune d'Allarmont de nuit et franchi les quatre réseaux de fils de fer barbelés, les deux évadés du camp de travail de Vexaincourt, âgés de 23 à 25 ans, sont repérés à proximité des tranchées françaises. La silhouette la plus visible qui se nomme Alexandre est abattue d'une balle en pleine tempe, avant de recevoir une grenade à proximité. Les vieux soldats extirpent le second malheureux apeuré de la boue, le nettoient et l'habillent propre et sec, avant de le laisser au poste de liaison. C'est là que Camille Braun peut discuter avec le survivant analphabète, baragouinant l'allemand des camps, et comprendre son parcours d'évasion. Ensuite, avant l'évacuation du prisonnier vers le poste de commandement à Celles, Camille se précipite à 7 heures pour dessiner le cadavre avant son inhumation, un visage de type asiatique, aux jambes bottées, une ficelle autour du cou, portant un porte-monnaie avec quelques kopecks. En matinée, les officiers ayant interrogé vainement l'évadé russe donnent l'ordre d'exhumer son compagnon, pour trouver d'autres éléments d'identification qu'un prénom. Les prisonniers russes avaient été débarqués, il y dix jours, dans le camp de Vexaincourt, et travaillaient sur une coupe de bois au voisinage du lac de la Maix. Ayant compris que les lignes des alliés français étaient proches, ils avaient tenté une évasion.
Période de paix : Début de la | ]
En mars 1879, Bionville fait partie des dix communes soustraites au canton de Baccarat, pour former le canton de Badonvillers (sic). À l'époque, la gare récente de Badonviller propose divers services ferroviaires parmi les plus proches. Le conseil départemental de la Meurthe améliore la desserte routière, par le col de la Chapelotte. L'almanach-annuaire de l'arrondissement de Lunéville décrit sommairement Bionville avant 1893 : une commune de 524 habitants, comptant 136 électeurs, dont le centre est à 44 kilomètres de Lunéville, disposant d'une boîte postale par Allarmont. François Chrétien en est le maire, M. Colas l'instituteur, sans oublier le curé Thomas. Jean-Baptiste Colin, entreprenant cultivateur-propriétaire de Bionville, est honoré par le comice agricole de Lunéville en septembre 1895 : il y reçoit une médaille d'argent pour ses techniques de drainage des champs, une médaille de bronze pour l'usage des engrais du commerce, sans oublier mention honorable pour son art de l'irrigation, encore apprécié après la terrible sécheresse de 1893.
Le déclin démographique se poursuit irrémédiablement depuis les années 1880, laissant un paysage agro-pastoral apparemment figé et un espace environnant en reboisement, de plus en plus forestier malgré les aléas climatiques et les tempêtes ravageuses. Au fur et à mesure de la Belle Époque, les villages s'amenuisent, les écarts sont peuplés de plus en plus par des couples esseulés de vieilles gens, ou alors les maisons des défunts ou des vieux retirés chez leurs enfants restent abandonnées, à défaut d'être louées. Un incendie détruit une maison sise au Halbach début juin 1897 : cette maison qui appartient à la veuve Mary, demeurant à Moussey, était habitée par Charles Gérard, bûcheron à Bionville. Les jeunes gens des familles modestes de Bionville doivent souvent vivre et travailler sur divers chantiers éloignés, apportant une main d'œuvre d'appoint, par exemple sur les coupes de bois hivernales comme bûcheron ou schlitteur. Parmi les plus pauvres, et les plus mal considérés, les schlitteurs partent encore juste avant le printemps, pour évacuer des rôles de bois ou des grosses grumes délaissées par des équipes hivernales tout aussi démunies. Ainsi, Jean-Baptiste Lemoine, 26 ans, est écrasé en mars 1903 sous une tronce à Podevin, enclave forestière de la commune de Petitmont. Le malheureux est porté à la maison forestière voisine, son agonie dure quatre jours, laissant impuissant le bon docteur Rapp venu de Cirey. Son corps est inhumé au cimetière de Bionville en mars 1903, le curé de l'église saint Hubert avait célébré les obsèques d'un autre schlitteur de la commune, broyé sous son lourd engin, au sortir de l'hiver.
L'application légale de la séparation de l'église et de l'état a été effectuée, sans ouvrir de querelle des inventaires. Les maires républicains du Val d'Allarmont s'efforcent d'atténuer tout accroissement d'animosité anti-religieuse, en se montrant discrètement attentif au besoin de leur paroisse, ce qui irrite les chauds partisans anticléricaux, qui traitent nombre d'édiles du Val d'Allarmont de faux frères républicains, calotins ou tonsurés, à moitié analphabètes, ou ironise sur les prêtres en indispensables greffiers de mairie en soutane. L'indignation porte début 1907 à Bionville sur la complaisance du conseil municipal, qui, à quatre voix contre trois, décide une location pour seulement 70 F du presbytère à l'abbé Del. Demander trois louis et demi pour une grande et belle maison, disposant en outre d'un jardin potager et fruitier paradisiaque, est une hérésie aux yeux des républicains anticléricaux.
L'incendie d'une maison paysanne à Bionville en janvier 1914 est révélateur d'un monde agricole en souffrance. Les deux propriétaires alertés par le télégraphe d'Allarmont, Monsieur Antoine, et Madame Marchal résident respectivement à Fraize et à Badonvillers (sic). Le locataire Denis Husson est sorti indemne du brasier, impuissant à sauver ses récoltes et autres biens meubles. Les trois vaches de l'étable brûlées comme la réserve de foin sous la vaste toiture, générant une chaleur d'Apocalypse, ont péri, les dégâts couvert par l'assurance souscrite s'élèvent à 20000 F.
L'image du Val d'Allarmont semble pourtant idyllique, selon les habitants des villes, aux murs noircis par les poussières de charbon ou les fumées des cheminées. La Gazette de Lorraine, dans son supplément de 1903, ne tarit pas d'éloges sur ce paradis si proche et si hospitalier, où la vie certes dans un décor rustique n'est nullement chère et les routes principales de bonne qualité, à cause de quelques usines ou ateliers d'industrie disséminés, parfaitement oubliés par le rédacteur. Celles, Bionville, Allarmont, Vexaincourt, Luvigny et les deux Raons en amont, aux finages de vallée encore cultivés, illuminent le regard des passants urbanisés, les multiples étangs et autres plans d'eau forment des conques merveilleuses où se reflètent les couleurs céruléennes. Ainsi les excursionnistes remontent une rivière Plaine majestueuse, aimantés vers le Donon alors que les forêts des versants et sommets constituent un écrin d'un vert plus prononcé, plus bleuté.
L'armistice de 1918 puis la paix définitive en 1919, entraine le retour des habitants évacués de la vallée, entre 1914 et surtout pour la plupart en 1918, et le début des chantiers de reconstruction et des œuvres et manifestations de commémoration. Elle entraine des changements irrémédiables dans la vie sociale, avec une présence croissante de la technocratie étatique. La mise en ordre du finage dévasté par la guerre et la gestion des réparations sont confiés à l'administration des régions libérées, qui donne un emploi précaire mais bienvenu aux habitants appauvris. La commune est décorée de la croix de guerre 1914-1918 le 6 juin 1921.
De 1919 à 1950, la commune est à nouveau desservie par la ligne de chemin de fer de la Vallée de la Plaine par l'intermédiaire de la gare de la commune d'Allarmont de 1907 à la clôture de la voie en 1950, et de 1919 à 1934, en plus par la gare de son hameau du Halbach.
Dans les années vingt, si les zones proches des anciennes champs de bataille restent encore dangereuses ne serait-ce que par la masse des engins explosifs présents pour longtemps, et les incessantes découvertes macabres de corps de soldats, très souvent victimes des intenses combats de 1914 dans le massif proche de l'ancienne frontière, le tourisme d'excursion et de promenades reprend partout, parfois attiré par l'observation du front de guerre. Les touristes suivent du nord de Badonviller la ligne de front qui gagne le col de la Chapelotte ou la côte 542, puis descend vers la vallée à la Turbine, entre l'ancienne scierie détruite en août 1914 et le point d'arrêt du chemin de fer, avant de gagner en ligne droite les hauteurs forestières de Celles laissant la Tête du coquin du côté allemand, avec ses dispositifs optiques, faisant face au Pain de sucre (Iremont) et à la Roche Mère-Henry. Ils visitent ainsi les reliquats d'installation du 363e régiment d'infanterie ou les œuvres monumentales, bas-relief près du calvaire ou monument aux soldats du col, nées sous le burin expert d'Eugène Antoine Sartorio sur Pierre-Percée et les impressionnantes installations allemandes en dur, délaissées en novembre 1918 et vendues progressivement en lot aux ferrailleurs et autres marchands recycleurs, sur Angomont ou Bionville. Aux Collins (sic), à droite de la route de Badonviller, un abri de mitrailleuses bétonné et les vestiges d'un mur anti-tank attirent encore les curieux visiteurs en 1925.
Fin 1921, Bionville à 45 km de Lunéville n'a que 227 habitants réparti en 79 ménages et 69 maisons, ainsi que 77 électeurs inscrits. Le bureau de poste et la gare de chemin de fer, sur la ligne de la vallée de Celles, sont à Allarmont. Les principaux secteurs d'activités sont, outre l'agriculture et l'élevage, l'exploitation du bois et de la pierre locale, notamment le grés des Vosges en pierraille ou mieux en pierre ou dalle taillée ou polie, dit granit. La conception de dentelles de Lunéville est maintenue par P. Saisselin. L'auberge-restaurant appartient à M. Lalevée, alors que la veuve Chrétien demeure la buraliste du village. Il existe de riches demeures, notamment la résidence Jeanpierre à Taurupt, la belle demeure de l'avocat de Nancy, Benoit-Gény et le château G. Renard au Trupt. En contrebas du hameau du Trupt se remarque la maison de colonies de vacances saint Pierre Fourier de Lunéville. Les randonneurs ou touristes apprécient surtout L'Ambié-Roche, la Roche des Cochons et la roche du Trupt au sortir de la guerre.
Le maire Joseph Sayer et son adjoint Grisvaux dirigent en 1921 le conseil municipal. Le secrétaire de mairie n'est autre que le curé Del, homme de confiance qui tient aussi à titre de sous-caissier une petite annexe de la caisse d'épargne, dépendante de Lunéville. L'institutrice responsable de l'école communale est mademoiselle L. Boudot. Le garde-champêtre G. Cuny est responsable de la police rurale, alors que les chemins sont entretenus par le cantonnier communal, J. Chanal.
La circulation sur les petites routes de Bionville, comme d'ailleurs du Val d'Allarmont s'accroît, rare sont les automobiles observables en une heure chrono, en dehors de rassemblement inédit, avant la fin des années trente. Les vélos sont bien plus communs, pour le loisir ou le travail, avec le retour des beaux jours. Emile Paris, peintre à Allarmont, n'échappe pas à la vigilance des autorités routières à Bionville en mars 1926: il reçoit un PV pour défaut d'appareil sonore et de plaque de contrôle à sa bicyclette.
Dimanche 6 septembre 1931, sous une pluie battante, s'opère la cérémonie solennelle de remise du drapeau aux Anciens Combattants de Bionville, un groupement de dix-huit anciens poilus adhérents décrit en accord parfait. Une belle fête sous les parapluies ouverts s'annonce devant un rassemblement d'anciens combattants venus de Badonviller et d'Allarmont, avec fanfare et drapeaux. La mairie a refusé net l'accès de cette manifestation quémandeuse, mais un habitant de Bionville, M. Saisselin offre gracieusement plusieurs pièces de sa demeure pour accueillir les invités au sec. Au cimetière, sous un soleil timide perçant entre des averses, le colonel Chanal, commandant le 158e régiment d'infanterie, croix de guerre avec huit citations, quatre à l'ordre de l'armée, et décoré de la légion d'honneur, remet au milieu des tombes fleuries le drapeau aux A.C. de Bionville. Le camarade Fortier, président de la sous-section locale remercie, et fait appel aux dons pour le drapeau. L'appel des morts retentit, suivi d'une minute de silence. Le cortège toujours au pas cadencé avec musique militaire sous la pluie poursuit vers le monument aux morts d'Allarmont, où il rejoint une assistance nourrie ayant répondu à l'appel de la sous-section d'Allarmont. Un banquet préparé chez Madame Lalevée clôt les cérémonies patriotiques. On y parle famille et nouvelles communes de l'actualité. Au champagne, le colonel Chanal, auteur d'une brillante allocution, est nommé membre à vie de la sous-section de Bionville. La collecte globale pour le drapeau s'élève à 521 F.
Après-guerre et mutations récentes
André Richard instituteur à Bionville est un spécialiste de champignons et un biologiste averti. Depuis 1954, il figure parmi les membres de la Société mycologique de France.
Au cours des années 1960, l'état aménageur ambitieux prévoit de gigantesques barrages sur l'ensemble de la vallée de la Plaine et un aménagement radical de zones forestières en amont pour l'exploitation et le loisir, mais les grands projets d'infrastructures proposés se heurtent autant à l'hostilité des habitants, anciens paysans ou habitants de petits bourgs habitués à leurs modes de vie, craignant la destruction des lieux de vie familiers, qu'à la réserve de faisabilité technique apportée par quelques études géologiques, montrant l'intense fissuration du socle triasique (ou permien souterrain), facilitant les infiltrations d'eau et le danger de grand barrage en dur. Dépourvus de moyens à la fin des années 1960, l'état confie le dossier de la vallée de la Plaine à divers universitaires des sciences humaines, chargés de définir les raisons de l'arriération économique et du comportement hostile des populations. Il faut aussi faciliter de futures réserves de faune et de flore, en anticipant le dernier exode final des hommes. Malgré des budgets prévisionnels de plus en plus faibles, stoppés complètement en mai 1968, et en baisse constante de valeur ensuite, une flopée d'études ethnologiques, linguistiques, sociologiques, d'économie sylvicole (bois, forêt, chasse, braconnage), voire de tourisme ou de loisirs sont lancées début 1970. Une sous-traitance des études à moindre coût permet d'éviter leurs abandons, ainsi la société philomatique vosgienne est pressentie bénévolement pour gérer les derniers fonds d'études, rémunérant quelques jeunes universitaires en stages d(études ou de terrain, employant aussi ses ressources propres, ses membres spécialistes, associés au musée de Saint-Dié, ses divers correspondants régionaux pour des études de géomorphologie et de botanique, d'archéologie, de dialectologie (y compris rôle d'interprète patois-français), d'interprétation toponymique, de filiation généalogique des familles, d'histoire locale, d'histoire des transports et des écoles locales, d'art traditionnel et de mise en valeur du patrimoine (débardage, schlittage et chariot, attelage à bœuf, scieries anciennes et odyssée des scieries Lecuve, flottage, construction bois des granges ou graines...). Si l'état garde et réalise par nécessité deux projets de barrage (Lac artificielle de Pierre-Percée barré par une structure non rigide pour assurer le débit de la Moselle à Cattenom, plan d'eau régulateur de Celles en val de Plaine), la société philomatique vosgienne, outre ses nombreuses publications, permet en 1977 la création de l'association du Musée de La Hallière, premier gestionnaire d'une scierie sauvegardée en action, légèrement en aval du territoire communal de Bionville.
- L'historien méconnaissant l'espace de la foresta régalienne, comprenant des petits domaines habités, ne peut que supputer l'extension vers la vallée de ce grand domaine appartenant à Leudinus Bodo, puissant et légendaire leude devenu au terme de sa carrière publique, évêque de Toul. L'histoire ancienne de la vallée de la Plaine ne dépend pas à l'origine du vaste ban formé par Gondelbert ou de son abbaye de Senones, plus excentrée et réduite, mais le premier ban de Celles crée vers 660-670, dont serait extrait le ban ou Val d'Allarmont trois siècle plus tard, se serait formé et élaboré par opposition à ce reliquat de latifundium, en partie imaginaire.
- Le vallon de la Sciotte ou des Grands Goutis, selon le nom du ruisseau choisi, était aussi le vallon des Allarmonts, car s'y nichaient deux communautés humaines différentes (Cf rubrique toponymie ou histoire infra). La scierie Lajus pourrait tirer sa dénomination de l'ancien français, lajus, adverbe de lieu signifiant "là en bas" avec une notion de rupture topographique ou d'aménagement.
- Il s'agit ici de possessions initiales de l'abbaye de Senones, accrues de secteurs forestiers régaliens, un ensemble protégé par le comté de Langenstein (Pierre-Percée dominant le ban ancien de Celles), avant son passage global à la maison de Salm, dumoins sa branche vosgienne. Une partie des terres médianimosnatériennes de l'aval est captée par le pouvoir politique des familles comtales, avouées de l'abbaye de Senones, sous l'autorité temporelle de l'évêque de Metz, qui peuvent justifier légalement, outre l'acquiescement des habitants, leurs irrésistibles accroissements par les anciennes chartes fondatrices du ban senonais de Gondelbert, à commencer par la charte de Childéric II. La fondation de Raon-l'Étape après l'obtention de la charte de 1279 par le duc de Lorraine Ferri III est le fruit de l'association résiliente ou tardive entre l'abbaye de Moyenmoutier et le duc de Lorraine, qui n'est autre que son avoué et custode, sous la tutelle spirituelle de l'évêque de Toul. La basse vallée de la Plaine est ainsi devenue lorraine (au sens du duché), à partir de l'amont de Vézeval. Lire Dom Calmet, Histoire de Lorraine ou Histoire de l'Abbaye de Senones.
- L. Schaudel, Histoire des comtes de Salm et de l'abbaye de Senones au Https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1459802%7CLivre sur gallica].
- Le val d'Allarmont aurait été autrefois attractif pour les populations voisines, comme le suggère le curieux placement géographique sud-est excentré du finage du petit hameau des Colins qui semble indiquer une soustraction au vaste ban de Celles. Cette adhésion serait le fruit d'une décision politique de petite communauté libre, qui ne remettait nullement en cause ni l'appartenance à la paroisse ou ban religieux de Celles ni à la sujétion au comté de Salm.
- Henri Lepage, Archives communales et hospitalières de la Meurthe, 1848, 279 pages, en particulier p. 119
- Archives d'Allarmont, consultée par l'instituteur Cossin, pour sa monographie communale. Lire en page d'histoire de Luvigny.
- Ce cens, reconnaissant la nue propriété des bois du comte, est à l'origine d'un conflit tardif avec les héritiers et ayant droit de ce cens, en particulier entre les habitants et le prince de Craon-Beauvau entre 1737 et 1742.
- Il s'agit de la forêt dense ultérieure du comté du Rhin.
- L'intendance comtale et la gruerie contrôle et surveille, le ban et en particulier la mairie paie et organise la pose des bornes, leur éventuel entretien, lève les impôts divers et gère la part de chaque seigneur, jusqu'à sa délivrance en cens, rentes, impôts ou taxes. Le 12 juin 1792, la municipalité d'Allarmont rachète les droits du cens au prince de Beauvau, mettant sur la table une fois pour toutes 200 francs barrois. Archives d'Allarmont, consultées par l'instituteur Cossin, ibidem.
- Archives d'Allarmont, consultées par Cossin, ibidem
- Il semble utile à l'état que le prince, premier ambassadeur lorrain en liaison avec l'ancien duc de Lorraine François et époux de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, puisse être d'une minute à l'autre riche et libre en sursis et arrêté et jeté en prison pour défaut de paiement et d'obéissance à la justice.
- Une publication tardive de cette collecte : Colette Méchin, Benoist Schaal, Sagesses vosgiennes, Les savoirs naturalistes populaires de la vallée de la Plaine, L'Harmattan, septembre 2010, 300 pages, (ISBN )
- Par exemple, Jean-Claude Fombaron, "L'évolution de quelques paysages ruraux de la montagne vosgienne au travers de la photographie aérienne / The use of air photography to observe changes in some rural landscapes of the Vosges mountains", Revue de Géographie Alpine, Tome 83-3, année 1995, [1]
- Archives du cercle généalogique de Saint-Dié, Fonds Vexaincourt et environs.
- « » (consulté le ).
- « » (consulté le ).
- Le chanoine René Poirson montre que la vie locale de cette partie de l'ancien comté de Salm a été chamboulée par l'annexion française de Salm en 1793, imposant en quelques décennies à toute la vallée l'hégémonie politique et économique de Raon-l'Étape, ceci sans partage et bien au-delà de son ancien rôle de port de flottage. C'est l'origine de la dénomination étendue de la vallée de Celles. René Poirson est l'auteur d'une simple chronique d'un village sans histoire, Allarmont en Salm, publié partiellement en trois parties dans le bulletin de la Société Philomatique Vosgienne, soient BSPV tome LXXIV, 1971, p. 63-73, pour la première partie, BSPV tome LXXV, 1972, p. 57-71 avec annexes, pour la seconde partie et finalement BSPV tome LXXVI, 19732, p. 45-55 avec annexes.
- L'essor des assemblées et institutions protestantes, luthérienne dans l'entourage des princes et de plus en plus pour le peuple sous d'autres variantes réformistes rigoureuses, qui se rallieront au courant calviniste, se passe entre 1550 et 1560. Gérard Michaux, "Les réformes tridentines et leur impact au Pays des Abbayes" in Empreintes et patrimoines au Pays des Abbayes..., Journées d'études vosgiennes, octobre 2018, op. cit., p. 107-122, en particulier le petit paragraphe "Le protestantisme au comté de Salm", page 110.
- René Poirson constate par la consultation des archives relictuelles concernant le Val d'Allarmont, en particulier les actes judiciaires concernant sa mairie, à partir de 1598, alors que le val d'Allarmont apparait de manière incontestable au XVIe siècle dans la mouvance de Senones, que cette influence de Senones (abbaye, ville) régresse alors que les liens avec Badonviller et le piémont lorrain du comté de Salm, y compris l'évêché de Toul, deviennent prépondérants.
- Georges Hans, prêtre du diocèse de Toul, est nommé vicaire résident dans la vieille église d'Allarmont (Haut-Allarmont), pour le Val d'Allarmont, avec d'importants prélèvements dîmiers à Moussey, Belval... Archives départementales des Vosges, AD II H20, anciens documents sur les privilèges et droits touchant la juridiction spirituelle de l'abbé de Senones commençant en 1538.
- La visite pastorale du prieur de Senones dans le val d'Allarmont en 1664 semble montrer les derniers feux de l'influence de l'abbaye, si ce n'est un désarroi anachronique.
- René Poirson, BSPV tome LXXIV, 1971, partie I, p. 68. Lire aussi la monographie (brève et floue sur ce sujet), rédigée en 1889, par l'instituteur d'Allarmont, Cossin.
- Benoît Picard et père Chatrian, Pouillés ecclésiastiques du diocèse de Toul.
- La légende de Parmentier, spécialiste des blés, de panification et d'alimentation en général, qui s'intéressait à la fécule de ce tubercule, substitut, croyait-il à l'amidon, date de l'école de la Troisième République. Les troupes suédoises hantent surtout la vallée en 1635, en connexion avec les troupes françaises, les habitants fuient dans les bois avec leurs biens les plus précieux. Les épidémies de pestes en 1636 et 1637 sont nettement plus ravageuses en vie humaine. La contre-offensive autrichienne, avec les terribles Hhuèbes ou régiments souabes, laisse après 1639/40 un tableau de désolation au bord des routes : en gros, un tiers de la population est mort, un tiers a fui au loin, parti vers d'autres cieux pour revenir parfois plus tard, le tiers apeuré restant tente de survivre entre reprise de vie normale et divers refuges forestiers temporaires.
- Rappelons que souvent un premier tiers a disparu au cours du conflit et de son cortège de famines et d'épidémies, un autre tiers a survécu tant bien que mal en se déplaçant à l'échelle locale.
- Marie-Hélène Saint-Dizier, "Des pommes de terre cultivées dans les Vosges", Mémoire des Vosges H.S.C., no 15, 2007, p. 23-30.
- On note l'établissement de cette dîme des pommes de terre en 1693 au profit de la cure de La Broque, dirigée par Louis Piat. Lire Marie-Hélène Saint-Dizier, ibidem, p. 26 ou encore Nicolas-François Gravier, Histoire de la ville épiscopale et de l’arrondissement de Saint-Dié, département des Vosges sous le gouvernement théocratique de quatre monastères en opposition avec les ducs de Lorraine et les princes constitutionnels de Salm, Épinal, Impr. de Gérard, 1836, 400 pages, qui mentionne le curé de La Broque.
- Monographie communale d'Allarmont par l'instituteur Cossin, opus cité.
- René Poirson, opus cité, partie I, page 71.
- Pour un aspect de la population en 1818, lire René Poirson, opus cité. Consulter aussi la page "histoire" d'Allarmont, sur la vie quotidienne entre la période révolutionnaire et la fin de l'Empire ou au début de la Restauration.
- Bulletin de la société philomatique vosgienne, Tome LXXVI ou 76, année 1972, en particulier p. 45-48.
- Sur ces épisodes et la longue occupation, lire les détails dans la rubrique histoire d'Allarmont.
- J. Bourquin, Y. Prouillet, J.-C. Fombaron, opus cité infra, en particulier p. 63-76.
- Fond iconographique aux Archives des Vosges concernant les soldats et officiers allemands stationnés à Bionville
- Camille Braun, La Grande Guerre à coups de crayon, par Guy Rémi et Daniel Walter, collection ligne de vie, aux éditions du Tourneciel, La Vancelle, 2017, 80 pages. En particulier l'extrait de son carnet ISBN ). Site du graphiste, ouvrage en ligne
- Almanach-annuaire de l'arrondissement de Lunéville, 1er janvier 1893, Bionville. Le choix de la ligne postale rapide par la vallée vosgienne de Celles s'est imposée dans les années 1850, le col de la Chapelotte n'étant pas toujours praticable en hiver. Toutefois la gestion du bureau postal d'Allarmont ne semble pas systématiquement subordonnée à Raon-l'Étape, le service de pré-tri peut envoyer transiter du courrier pour le piémont lorrain, voire au-delà, par Badonviller.
- L'Est Républicain, samedi 14 septembre 1895, rubrique comice agricole de Lunéville. Sur la sécheresse et la disette de fourrage induite, lire sur un plan national la Revue des Deux-Mondes sur wikisource
- Le Nouvelliste de l'Est, 13 juin 1897. Les dégâts assurés, en particulier la couverture, s'élèvent à 3500 F. Le sieur Gérard, locataire, n'a sauvegardé qu'une petite partie de son mobilier.
- Le nouvelliste des Vosges, journal hebdomadaire, 17 mars 1903.
- Pour la République, 10 février 1907. Les intransigeants laïcards oublient que bâtiments et jardins bien entretenus sont le fruit d'un labeur collectif, à commencer par le conseil de fabrique et les curés successifs.
- Journal de la Meurthe, 8 janvier 1914.
- « » (consulté le ).
- Par exemple, Le Télégramme des Vosges, 7 mai 1927, l'article récapitulatif "Chemin de fer de la vallée de Celles", avec présentation des services de postes, de voyageurs, de marchandises et autres services de dimanche et fêtes.
- "Visite au front de guerre", Sports des Vosges : bulletin officiel des promenades du 1er août 1925, Syndicat d'initiative d'Épinal.
- Annuaire administratif, statistique, historique, judiciaire et commerciale de Meurthe-et-Moselle, Imprimerie A. Humblot (Nancy), 98e année, 1922, p. 1206 (canton de Badonviller, entrée Bionville).
- Les cultivateurs propriétaires sont E. Absalon, Jean-Baptiste Colin, E. Yorg et la veuve Colin. Il existe quatre scieries en activité, dénommées respectivement les scieries Lecuve, Robert, Jean-Pierre et celle de la commune de Vexaincourt. Annuaire 1922 cité, ibidem.
- Les autres conseillers possèdent les patronymes Colin, Dony, Kester, Herry, Paicheler, Rose, Yorg, Absalon. On y retrouve les principaux propriétaires.
- Les gardes dits particuliers se nomment L. Absalon et E. Kester. Ce sont des gardes-forestiers. Annuaire cité, ibidem.
- L'Est Républicain, 18 mars 1926.
- L'Ancien Combattant, journal de l'association des mutilés, combattants et victimes de guerre, édité à Nancy, 30 septembre 1931. La sous-section de Bionville figure parmi la section de Badonviller, à l'instar de la sous-section de Pexonne. Le docteur Jacquot est le président de la section de Badonviller, il est accompagné du trésorier et secrétaire Lesaint, du porte-drapeau Léon Freud, et des médaillés militaires, L. Pierron et August Job. Le maire de Lunéville, Fénal, figure parmi les élus absents excusés. Le député Mazerand, le conseiller d'arrondissement Fournier ont donné chacun 50 F pour le drapeau.
- La sous-section des A.C de Bionville est représentée par Absalon, Clément, Colin, Fortier, Grossier, Lacher, Levert, Rougier, Receveur, Saulnier, Stock, Tresse, Valentin et Yorg. Crémonier habitant Paris est excusé, ainsi qu'Eugène Petit et Didier. Le lieutenant Joly est au 3e Dragon. Au banquet, cette sous-section apporte malgré l'adversité municipale la part du lion, soit 306 F au drapeau.
- La sous-section d'Allarmont est représentée par son président, Jean-Baptiste Gérard, son vice-président et porte-drapeau Villemin, mais aussi Fournier, Mollinge et G. Cuny. Elle a donné 50 F pour le drapeau.
- Le couple Grossier a eu deux jumeaux, mais le petit garçon plus faible est décédé.
- L'Ancien Combattant, 30 septembre 1931, sous-section de Bionville.
- Bulletin trimestriel de la Société mycologique de France, tome 72, année 1956, liste de membres p. 41.
- Georges Trimouille, président de la société philomatique vosgienne jusqu'en 1977, dirigeait avec habilité les diverses équipes sur ce laboratoire-focus de la vallée de la Plaine, ce dont ne témoignent que partiellement les études et articles publiés dans le bulletin de la société. Il est toujours regrettable que les membres éminemment actifs sur ces thématiques n'apparaissent qu'en filigrane ou soient carrément oubliés, laissés sans papier par l'aridité supposé de leurs travaux, faute d'un grand opus collectif, fort coûteux à éditer. Toutefois, des études de longue haleine comme celles de Colette Méchin (lire supra ou en référence) ont débouché sur des publications plus tardives, avec des éditions éparses, avec parfois un patronage muséal sous la présidence suivante d'Albert Ronsin. Nul doute que la connaissance des périodes récentes, par exemple l'étude de périodes de guerres continuées bien au-delà, comme la découverte des habitants amoureux de ces contrées en a été démultipliée, la société s'est efforcée ainsi de faire connaître l'œuvre de l'industriel céramiste, artiste-peintre et archéologue amateur, Emile Gerlach, installé à Luvigny entre 1932 et 1952 et souvent peintre du versant d'en face sur Bionville, perpétuée par son ami légataire, le docteur stivalien Marcel Maulini.
- « », notice base Mérimée, ministère français de la Culture
Héraldique
Selon l'Union des cercles généalogiques Lorrains, le blason de la commune de Bionville comporte trois passe-partout symbolisant les trois scieries qui s'y trouvaient, Brognard, Jeanpierre et Lecuve.
Blason | De sinople à trois scies de bucheron d’argent. |
|
---|---|---|
Détails | Le statut officiel du blason reste à déterminer. |
- « »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ).
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