Albertacce (prononciation en français: [albɛʁtatʃe]) est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse
Le village appartient à la piève de Niolo.
Géographie
Situation
Albertacce est une commune du Niolo, une microrégion longtemps inaccessible d'où les envahisseurs n'ont jamais pu chasser les montagnards, une cuvette longtemps coupée du monde où l'on rencontre des Corses blonds aux yeux bleus et au teint clair et qui est devenu aujourd'hui le royaume de la randonnée. Elle se trouve au cœur du parc naturel régional de Corse dont elle est adhérente dans le « territoire de vie » Niolu.
Albertacce est l'une des cinq communes du Niolo et l'une des douze communes du canton de Niolu-Omessa.
Communes limitrophes
Manso, Asco
Lozzi
Calacuccia
Evisa
N
Casamaccioli
O Albertacce E
S
Cristinacce
Letia
Casamaccioli
Géologie et relief
Albertacce est une commune de montagne située au centre nord-ouest de l'île, dans l'En-Deçà-des-Monts, dans la « Corse granitique » qui est constituée pour l'essentiel de roches granitiques et est séparée de la Corse orientale où dominent les schistes, par une dépression centrale, sorte de long couloir qui joint l'embouchure du Regino à l'est de L'Île-Rousse, à celle de la Solenzara, sur la côte orientale de l'île. Elle est adossée au versant oriental de la chaîne principale de l'île, sous une ligne de crête allant du Capu Larghia au nord, jusqu'au Capu a u Tozzu au sud, et comprenant des sommets et cols remarquables tels la Punta Minuta, la Paglia Orba, le Capu Tafunatu, le col de Vergio et le col de Saint-Pierre.
La commune occupe la partie sud-ouest du Niolu, une cuvette ouverte au nord-est, ceinturée par un vaste cirque montagneux formé de hauts sommets, et représentant le bassin versant supérieur du Golo.
Le territoire comporte deux chaînons secondaires, entre lesquels s'écoule le Viru :
l'un au nord, articulé à la punta Crucetta (2 499 m) et orienté dans un axe nord-sud, comportant le Capu Falu (2 540 m) d'où il décline jusqu'au lit du Viru à un point à 1 061 m d'altitude, via le Cappu a l'Inzecca (2 299 m), la Cresta di l'Inzecche, le monte Albanu (2 018 m) et I Cinque Frati (1 986 m) ;
l'autre à l'ouest, articulé au Capu Guagnarola (1 967 Ponte Altu, comporte les sommets Cresta di Furmicuccia, Bocca a e Sponde (1 985 m) où se trouve une station météorologique, Punta Licciola (2 235 m), Punta di Castelluccia (2 188 m), Punta di a Scupiccia (1 678 m) et Capu di u Castellu (1 051 m).
Au nord-est de la forêt de Valdu Niellu, entre la chaîne montagneuse du Cinto et une arête représentée par les sommets Punta Crucetta (2 499 Golo.
Limites territoriales
Ses limites sont marquées :
au nord et à l'ouest, par la principale chaîne montagneuse de la Corse, celle du massif du Cinto avec la Paglia Orba (2 525 Capu Tafunatu (2 335 col de Vergio (1 478 m), le Capu a Rughia (1 712 m) et la Bocca San Pedru (1 452 m) ;
au sud, par la chaîne montagneuse du massif du Rotondo, ses limites étant ponctuées par les sommets U Tritore (1 725 Punta Artica (2 327 m) et Capu-di-a-Facciatu (2 113 m) ;
à l'est, par une ligne dirigée au nord depuis le Capu di a Facciatu, passant par le Castellu Montone (1 493 Golo en aval du Ponte Altu et longe le fleuve jusqu'au lac de Calacuccia. Cette ligne contourne le village d'Albertacce et son hameau Pietra-Zitamboli pour remonter jusqu'à la Punta Crucetta (2 499 m) en suivant une ligne de crête passant par le Capigliole a e Furchelle (1 401 m), le Capu di Villa (2 184 m) et le Capu Falu (2 540 m).
Hydrographie
Article détaillé : lac de Calacuccia.
Le réseau hydrographique comporte de nombreux torrents et sources. Les principaux sont le Golo et son affluent le Viru.
Golo
Article détaillé : Golo.
Le fleuve Golo prend sa source à 1 991 mètres d'altitude à l'extrême ouest de la commune, au sud de la Paglia Orba (2 525 Capu Tafunatu (2 335 GR 20. Plus en aval, il coule sous le pont de San Rimeriu où se trouve la bergerie de Tillarga et les ruines de la chapelle San Rimeriu. À l'approche du village d'Albertacce il passe sous le pont de la route D84 puis sous le ponte Altu, un remarquable pont génois désaffecté. L'été venu, les piscines naturelles du Golo sont des havres de fraîcheur pour les villageois, vacanciers et touristes de passage. Son cours est interrompu par le barrage de Calacuccia. Il quitte la commune 200 mètres en amont du pont de Mazzola de la route D 218.
Viru
Le Viru principal affluent du Golo sur la commune, - la confluence se situe à 115 , le ruisseau de Paglia Orba, le ruisseau de Sambuchellu, le ruisseau du Valdellu et celui de Foggiale longé en partie par le GR 20.
Au fond des lits des ruisseaux, on trouve des espèces endémiques : des discoglosses (a bariulata) crapauds vivant jusqu'à 1 900 euprocte de Corse n'a pas de poumons. Il respire par la peau et la cavité buccale.
Climat et végétation
Article détaillé : Forêt de Valdu Niellu.
Au milieu de cette sorte de cuvette au sol siliceux peu profond, reposant sur un socle hercynien granitique, s'étend la forêt de Valdu Niellu, vaste forêt territoriale composée de pins laricio majoritaire, d'autres résineux et de bouleaux apportés, et d'aulnes odorants (u bassu), traversée par le Golo, qui occupe toute la partie occidentale de la commune et est adossée au nord à la principale chaîne montagneuse de la Corse et sur les flancs nord-ouest du massif du Rotondo.
Les versants occidentaux de la haute vallée du Viru sont couverts par la forêt communale d'Albertacce composée essentiellement de . Le pin laricio (a large en langue corse) fait partie de la grande famille des pins noirs. Il peut se rencontrer entre 1 000 sittelle corse, oiseau sédentaire qui se déplace sur les troncs la tête en bas et dont on compte 2 000 couples en Corse.
À l'étage subméditerranéen, la châtaigneraie couvre le sol au-dessus de 600 m et jusqu'à 900 m d'altitude. La microrégion est parfois nommée « la petite Castagniccia ».
Dans le prolongement de Valdu Niellu, sur le versant méridional du col de Vergio, se trouve une autre remarquable forêt territoriale de pins laricio, la forêt d'Aïtone (Évisa).
Vers les crêtes à l'ubac, entre 1 600 et 2 100 mètres, pousse l'aulne odorant (u bassu en langue corse). Arbuste sans tronc, il dépasse rarement les 3 mètres de haut. Ses feuilles sont poisseuses et ses branches étaient autrefois utilisées par les bergers pour couvrir leur cabane. Il est dit-on impénétrable. On découvre dès février en montagne, les premiers crocus corsicus, espèce des îles de la Corse et de la Sardaigne. Sur les hauteurs, on peut apercevoir des mouflons de la colonie du Cinto.
Voies de communication et transports
Accès routiers
Article détaillé : Col de Vergio.
L'accès à Albertacce se fait par la D 84, seule route qui traverse le Niolo et qui dessert toutes les communes de la microrégion. la D 84 a désenclavé le Niolu depuis la fin du siècle.
Reliant la RN 193 à l'est depuis Francardo (Omessa) à la D 81 à l'ouest à Porto (Ota (Corse-du-Sud)), la D 84 est une route qui passe par de remarquables sites touristiques : le célèbre défilé de la Scala di Santa Regina (Corscia) à l'est, le col de Vergio (1 478 Noël Bonardi au centre et les remarquables gorges de la Spelunca (Marignana) à l'ouest. Son ancienne appellation (toujours portée au cadastre) est « route forestière no 9 de Porto à Francardo ».
Pour se rendre à Calasima, prendre la route D 318 au village d'Albertacce. Après le village de Calasima, cette route se poursuit sur quelques kilomètres en une piste longeant le ruisseau u Viru et prend fin quelques kilomètres plus haut à 1 096 m.
Transports
Il n'existe aucun transport public de voyageurs et de marchandises à Albertacce ; mais il existe un transport en commun à Calacuccia, village voisin. Le village est distant, par route, de :
64 aéroport de Bastia Poretta,
80 km du port de commerce de Bastia,
24 gare de Francardo.
↑ Sandre, « » (consulté le ).
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↑ Sandre, « » (consulté le ).
↑ Sandre, « » (consulté le ).
↑ Fiche Faune endémique de Corse de l'Office national des forêts
↑ ViaMichelin.fr
Toponymie
Albertacce passe pour être le berceau des Albertini.
« Le suffixe en « acce » serait un reste de la plus vieille langue de la Méditerranée, qui subsiste sous la forme de « etché », « la maison » en Basque, et qui devait signifier à l'origine « l'abri sous roche » du temps des anciens Ibères. »
— Marc Piazza in Le siège de Furiani - Éditions Anima Corsa Bastia octobre 2012 p. 61.
Histoire
Préhistoire
Des fouilles entreprises depuis 2006 sur le site de A Curnatoghja à Albertacce et celui de Sidossi hameau de Calacuccia tout proche sur un éperon appelé E Mizane, au bord du lac, ont permis de découvrir certaines pièces archéologiques qui attestent de la présence humaine dès la fin du néolithique et de l'âge du bronze. Il s'agit notamment de tessons de céramiques, d'éléments lithiques comme des éclats, un grattoir et des pointes de flèche.
Le musée archéologique du Niolu de Lucien Acquaviva à Albertacce est destiné à mettre en valeur la spécifique terminologie mégalithique corse. S'y trouve notamment une statue-menhir (a stantara) de Niolu « armée », c'est-à-dire portant une armure complète, une cuirasse des Peuples de la mer et un poignard, qui fut découverte lors de la démolition de la chapelle Saint-Jean-Baptiste décidée en 1985 par le conseil municipal de Calacuccia. Cette pierre baptisée Ghjuvan Battista III avait été intégrée avec deux autres menhirs aux murs de la chapelle Saint-Jean-Baptiste de Calacuccia qui côtoie l'église, lors de sa construction au siècle, probablement pour confirmer la victoire de la religion catholique sur les rites païens car, au Grégoire le Grand avait réclamé que soit réprimé le « culte des pierres » en Corse.
Antiquité
Selon Ptolémée, la Corse était habitée par douze nations qui, pour la plupart autochtones, n'ont subi l'influence romaine que dans de faibles proportions. Le Niolo a été habité par les Licnini, une peuplade qui occupait le bassin moyen du Golo. Maîtres des pays de Casacconi et d'Ampugnani ils ont dû être refoulés vers la montagne, peuplant les cantons de Caccia et du Niolo. Les Grecs utilisaient le terme « Lieninoï » pour désigner la peuplade.
Moyen Âge
Il est aussi probable que des colonies sarrasines de Corte ou de la Balagne harcelées par les patriotes chrétiens, aient été refoulées dans le Niolu où l'on trouve les noms significatifs de Calaguccia et de Calasima appliqués à deux villages.
Temps modernes
Au siècle vers 1520, la pieve du Niolu était inhabitée. Le qui assurait la gestion de la Corse depuis 1453, avait fait détruire en 1503, pendant les guerres de Rinuccio Della Rocca, par les troupes de Niccolò D'Oria, les habitations des villages de Lozzi, l’Acquale, Erco, Corscia, Calacuccia, Casamaccioli, Sidossi et l’Erbechincie. L'Office de Saint Georges avait fait de même avec la pieve de Sia (formée par la vallée du Porto) voisine, en ordonnant le dépeuplement de Sia en raison de l'insoumission de ses habitants à la seigneurie des Leca, et en faisant brûler maisons et cultures.
En 1540, Gênes autorise les Niolins à rentrer dans leur pays, à condition qu'ils n'y bâtissent que des maisons très basses. Quelques années après, sur décision des deux commissaires génois, Troilo de' Negroni et Polo de Moneglia, arrivés avec le nouveau gouverneur, Benedetto Pernice, des familles sont prises dans toutes les localités de l'île pour repeupler Portovecchio dont le nombre d'habitants avait fortement diminué à cause de la malaria.
Dès 1729 le Niolu prit part au soulèvement contre Gênes, créant des troubles en s'opposant à la publication de décisions de justice. Au début mars 1730 les gens du Niolu occupent et s'emparent de 200 fusils dans la maison du lieutenant. Dans la nuit du 29 au , Castineta attaque à Camputile (Niolo), Ghjacumu Santu Petriconi à la tête de 300 hommes des troupes génoises, des Grecs pour la plupart, et l'oblige à se replier sur Vicu.
, le lieutenant-général Jean-Baptiste-François des Marets, marquis de Maillebois, est ordonné commandant de l'armée du Roi en Corse. Il arrive en Corse. Le de la même année le Niolo se soumet au général Maillebois.
Du au
Le 15 mai 1768 les Génois cèdent la Corse à la France.
Après la conquête de l'île par les troupes françaises de Louis XV en 1769, le Niolo connaît une sauvage répression militaire. Les Français mâtent les révoltes naissantes sous le généralat de Pasquale Paoli. Au couvent Saint-François-di-Niolu (en langue corse Conventu San Francescu) de Calacuccia, sont pendus aux châtaigniers du couvent le 23 juin 1774, sur ordre du général Sionville, onze Niolins parmi lesquels un homme d'Albertacce. Son nom, Ghjuvanni Albertini, est mentionné sur la plaque commémorative placée à l'entrée du couvent.
1789, la Corse appartient au royaume de France. Avec la Révolution, la pieve de Niolo se trouve dans la juridiction royale de Vico.
1790, l'île ne forme qu'un seul département, celui de Corse, avec Bastia comme préfecture.
1793, la Convention divise l'île en deux départements qui ont pour nom : Golo et Liamone. La commune qui s'appelle Albertacce, intègre le canton de Niolo, dans le district de Vico, dans le département du Liamone (l'actuelle Corse-du-Sud).
1801, Albertacce se trouve dans le canton de Niolo, dans l'arrondissement de Vico, dans le département du Liamone.
1811, les deux départements de l'île sont réunifiés par qui rétablit le département de Corse. Albertacce se trouve dans l'arrondissement de Corte.
1828, Albertacce passe dans le canton de Calacuccia.
Époque contemporaine
1954, Albertacce faisait partie du canton de Calacuccia qui était composé des communes de Albertacce, Calacuccia, Casamaccioli, Corscia et Lozzi.
1970 : Le 4 juillet, un Canadair, Pélican 22 s'écrase pendant une lutte contre un incendie près de Calasima, 3 personnes sont tuées
1973 : sont créés de nouveaux cantons, dont celui de Niolu-Omessa, formé par la fusion imposée des anciens cantons d'Omessa et Calacuccia. Le chef-lieu est Calacuccia.
1975, la Corse est à nouveau divisée en deux départements. Albertacce passe en Haute-Corse.
↑ Saintes pierres des Corse - Libération du 11 janvier 2006
↑ a et b - Xavier Poli, Fontemoing 1907
↑ ADECEC Éléments pour un dictionnaire des noms propres
↑ Lucien Auguste Letteron in Histoire de la Corse, Bulletin de la Société des sciences historiques & naturelles de la Corse – Tome II, p. 16.
↑ La Grande Révolte des Corses contre Gênes 1729-1769 Antoine Dominique Monti ADECEC 1979
↑ Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cassini
↑ « », sur baaa-acro.com (consulté le 18 février 2020).
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