Lanmeur
Localisation
Lanmeur : descriptif
- Lanmeur
Lanmeur [lɑ̃mœʁ] (en breton: Lanneur) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.
Géographie
Localisation
Lanmeur se situe en pays Trégorrois dans le nord-est du département du Finistère, mais est proche de la limite départementale avec les Côtes-d'Armor dont elle est séparée par une partie du territoire des communes de Guimaëc et Plouégat-Guérand.
La commune est proche de la Manche, mais n'est pas littorale, la commune de Guimaëc la séparant de la mer avec celle de Locquirec, cette dernière n'étant néanmoins pas limitrophe.
La commune a été le chef-lieu du canton de Lanmeur jusqu'au redécoupage cantonal de 2014 qui l'incorpore dans le canton de Plouigneau.
Communes limitrophes
Géologie
Des roches éruptives (cinérites, diorites, porphyres), parfois d'origine sous-marine (tufs) sont interstratifiées avec des roches sédimentaires (calcaires) et métamorphiques (schistes de faciès amphibolite) datant du Cambrien ; des affleurements granitiques existent également.
Du minerai d'étain et tungstène a été identifié à Lanmeur dans des alluvions.
Description
Lanmeur a un territoire assez vaste, qui n'est borné par aucune limite naturelle. Son finage est constitué pour l'essentiel par un plateau situé entre 100 et 120 mètres d'altitude (atteignant 127 mètres pour le point le plus élevé, situé à l'ouest du territoire communal près de Kergalaven), à peine échancré par quelques modestes cours d'eau (les vallées de deux tout petits fleuves côtiers qui coulent vers le nord et se jettent dans la Manche au niveau du Moulin de la Rive en Locquirec, limitant l'angle nord-est du territoire communal dont l'altitude s'abaisse jusqu'à trentaine de mètres seulement, de part et d'autre du hameau du Hellès dans les fonds de vallée du ruisseau du Moulin de la Rive et de l'un de ses affluents). La partie sud-ouest de la commune est limitée par la rive droite de la vallée du Dourduff, un fleuve côtier un peu plus important, qui, coulant vers l'ouest, se jette dans la rivière de Morlaix au niveau du Dourduff-en-Mer en Plouezoc'h; son altitude est de 40 mètres environ à sa sortie du territoire communal.
L'habitat rural traditionnel est dispersé en de nombreux écarts formés de fermes isolées et de petits hameaux. Les anciennes parties rurales situées aux alentours du bourg ont connu depuis la Seconde Guerre mondiale une périurbanisation importante caractérisée par un habitat pavillonnaire assez lâche, principalement au sud du bourg.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Intérieur », exposée à un climat médian, à dominante océanique.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,2 amplitude thermique annuelle de 10,4 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Pleyber-Christ à 20 vol d'oiseau, est de 11,7 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Charles Barrois, Observations préliminaires sur les roches des environs de Lanmeur (Finistère), revue "Annales de la Société géologique du Nord", 1887, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57244478/f252.image.r=Lanmeur?rk=42918;4
- "Annales des mines", n° de juillet 1980, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9789422g/f20.image.r=Lanmeur?rk=4978565;2 et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9789422g/f22.image.r=Lanmeur?rk=4978565;2
- René Largillière, "Les saints et l'organisation chrétienne primitive dans l'Armorique bretonne", 1925, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k914005/f179.image.r=Lanmeur?rk=793995;2
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- « », sur bretagne-environnement.fr, (consulté le ).
- « », sur fr.distance.to (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
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- « », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lanmur en 1163, Lanmeur vers 1330 et Lanmur Melar en 1235 et 1405.
Lanmeur vient du vieux breton lann (ermitage, monastère) et meur (grand). « Le grand monastère ».
Le nom en breton actuel est devenu Lanneur.
Selon Charles Nodier, Justin Taylor et Alphonse de Cailleux, Lanmeur aurait porté autrefois le nom de Kerfeunteun.
- Hervé Abalain, « » (ISBN , consulté le ).
- Charles Nodier, Justin Taylor et Alphonse de Cailleux, "Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Bretagne", 1845-1846, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f444.image.r=Lanmeur?rk=2038636;4
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Le tumulus de Tosenn-ar-C'honifled ("Tertre aux lapins"), situé près de Kérugou, date de l'époque du bronze moyen (environ 2 500 ans) ; c'était une tombe individuelle ou, au plus, pour quelques individus seulement; socialement importants. On y a retrouvé quelques haches creuses en bronze, dites haches à douille. Dans le voisinage se trouvaient d'autres tombes semblables et un peu plus loin, de l'autre côté de la route, un cromlech dont il ne reste rien.
Étymologie et origines
La paroisse de Lanmeur, enclavée dans l'évêché de Tréguier, faisait partie du doyenné de Lanmeur relevant de l'évêché de Dol et était sous les vocables de saint Mélar et saint Samson, lequel, alors qu'il vivait dans l'actuel hameau de Saint-Samson en Plougasnou, aurait fondé un monastère à Lanmeur, dénommé Kerfeunteun (« village de la fontaine » en breton), nom que porta par la suite pendant un temps la paroisse de Lanmeur. Saint Samson alla par la suite s'établir à Dol (aujourd'hui Dol-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine), ce qui explique pourquoi Lanmeur et des paroisses avoisinantes dépendaient sous l'Ancien Régime de l'évêché de Dol. Le monastère de saint Samson aurait été détruit par les Normands dans le courant du trève Locquirec.
La crypte de Saint-Mélar a été reconstruite à l'époque romane. Ce martyrium à trois nefs se trouve à l'emplacement d'une source sacrée. Lanmeur fut certainement un centre important de la Domnonée.
Moyen Âge
Lanmeur fut un temps un évêché, fondu par la suite dans l'évêché de Dol dont Lanmeur resta un archidiaconé, enclavé au sein de l'évêché de Tréguier, jusqu'à la Révolution française. Les tombeaux des évêques de Lanmeur étaient à Rupeulven semble-t-il, mais Albert Le Grand dans son livre publié en 1637 les place à l'Hospital-Pell, ces deux hameaux faisant partie de l'actuelle commune de Lanmeur.
La châtellenie de Lanmeur, qui avait appartenu au comté du Tréguer, apanage de la maison de Penthièvre, puis entre 1035 et 1179 aux comtes du Léon, dépendit ensuite directement du domaine ducal de Bretagne : elle comprenait les seigneuries du Bodister en Plourin, du Ponthou, du Guérand (en Plouégat-Guérand), de Trogoff (en Plouégat-Moysan) et de Boiséon (en Lanmeur). Les seigneurs des châtellenies de Morlaix et Lanmeur étaient propriétaires de pêcheries et sécheries dans les paroisses de Ploujean, Saint-Jean-du-Doigt, Guimaëc et Locquirec.
Les limites traditionnelles de la paroisse de Lanmeur incluaient la trève de Locquirec, pourtant séparée du reste de Lanmeur par la partie orientale de Guimaëc, ainsi que la frairie de Lézingar, une étroite bande de terre au bord de la grève de Milin-an-Aod et elle aussi séparée du reste du territoire paroissial. Ceci s'explique par la fait que Lanmeur, vaste établissement monastique, s'est constitué au détriment des paroisses voisines, en accaparant progressivement des morceaux de la paroisse de Guimaëc dont les restes sont restés dépendants de l'évêché de Tréguier alors que Lanmeur et ses dépendances restaient sous l'autorité de l'évêché de Dol ; le bourg même de Guimaëc est à la limite du territoire paroissial de Lanmeur ; Plouégat-Guérand aurait aussi perdu une partie de son territoire au profit de Lanmeur.
Une femme de Lanmeur, qui faisait le pèlerinage aux Sept-Saints de Bretagne avec une amie, aurait rencontré saint Yves et fait route avec lui de Tréguier à Kermartin (en Pléguien) le lundi de la Pentecôte 1299 ou 1300. Ce témoignage, produit lors du procès de canonisation de saint Yves en 1330, est le plus ancien connu évoquant l'existence du pèlerinage aux Sept Saints de Bretagne.
Les seigneurs de Boiséon
La châtellenie de Boiséon disposait des droits de haute et basse justice.
Pierre de Lanmeur, né vers 1265 (calendrier julien) et décédé après 1330 (calendrier julien), qui exerçait une fonction judiciaire au siège de la châtellenie de Lanmeur, fut témoin en 1330 lors du procès de canonisation de saint Yves. Il épousa à Lanmeur en 1280 Renée, dame de Bois-Éon. Leur fils Even de Lanmeur se maria en 1320 à Lanmeur avec Constance de Ponthou. Leur fille Margilie de Lanmeur se maria aveant 1369 avec Hervé de Coetedrez : leurs enfants prirent le nom de Boiséon, leur principal fief ; l'aîné, Guillaume de Boiséon, fut chambellan à la cour du duc de Bretagne ; ses frères commandaient le ban, l'arrière-ban et la côte de la vicomté de Léon. Alain de Boiséon, frère de Guillaume de Boiséon, fut chevalier de Rhodes, commandeur du Palacret, de La Feuillée, de Pont-Melven et de Saint-Jean et de Sainte-Catherine de Nantes, toutes ces commanderies étant situées en Bretagne.
François de Boiséon, fils de Guillaume de Boiséon, marié le à Lanmeur ave Marguerite de Rosmadec, fut tué à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488. Un de leurs descendants Pierre de Boiséon, fut gentilhomme à la Chambre du roi Henri III et se maria en 1587 avec Jeanne de Rieux.
Époque moderne
La seigneurie de Bois-Éon fut érigée en comté, en , et les lettres en furent vérifiées en , en faveur de Pierre de Bois-Éon, seigneur de Coëtnizan, ou Coëtinizan, vicomte de Dinan, seigneur de la Bellière et autre lieux. Le château de Bois-Éon était situé au milieu de douze à quinze hectares de magnifiques bois de hautes futaies, dont la fraîche verdure encadrait, çà et là, de superbes étangs. Les seigneurs de Bois-Éon furent confirmés « d'ancienne extraction chevaleresque » depuis treize générations lors de la réformation de 1671, cette très ancienne famille remontant à Pierre de Lanmeur, vivant en 1289. Parmi les membres de cette famille, Alain de Bois-Éon ; Pierre de Bois-Éon, marié en 1587 avec Jeanne de Rieux, fut gouverneur de Morlaix (c'est en sa faveur que la seigneurie fut érigée en comté), de même que son fils Claude de Bois-Éon et son petit-fils Hercule-François de Bois-Éon. En 1688, la seigneurie de Bois-Éon fut acquise par Guillaume Héliès, puis passa par mariages successifs aux mains des familles Léon de Tréverret (en 1701), Le Forestier (en 1727) et du Dresnay (en 1790). Un autre château avait existé, celui de la Bouexière [Boissière]. Jean-Baptiste Ogée en parle en ces termes en 1779 : « On ne connaît plus du château de la Bouexière que l'endroit où il était situé. Il y a plus de cent-quatre-vingts ans qu'il est démoli. Il était fort ancien ». Selon la tradition, c'est à cet endroit que saint Mélar aurait été assassiné par son oncle Rivod.
Plusieurs manoirs se trouvaient à Lanmeur : Coatanfrotter (à la famille Lollivier de Lochrist) ; Kerandulven (famille de Guicaznou) ; Kerbourand (la légende, douteuse, dit que sainte Triphine se serait échappée par une fenêtre du manoir pour échapper à son frère seigneur de Kerbourand) ; Lescorre ; Botdon.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Lanmeur de fournir 50 hommes et de payer 328 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ».
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Lanmeur en 1779 :
« Lanmeur ; gros bourg qui relève du Roi, sur la route de Morlaix à Lannion ; à 31 lieues à l'ouest de Dol, son évêché ; à 35 lieues de Rennes, et à 2 lieues un quart de Morlaix, sa subdélégation. Cette paroisse, qui se trouve enclavée dans l'Évêché de Tréguier, compte 2 000 communiants, y compris ceux de Loquirec, sa trève et ressortit au siège de Morlaix. Il se tient, par an, à Lanmeur, six foires, qui durent trois jours chacune. La cure est à l'Ordinaire. Lanmeur est une barre royale. On y connaît les juridictions et maisons nobles suivantes : Coat-coëter, haute justice, aux enfants de feu M. Michel ; Plougasmou, haute justice, à M. de Locmaria, qui possède aussi la terre de Kerael, avec moyenne justice ; Penlan-Begars, haute justice, aux religieux de l'abbaye de Bégars ; Saint-Georges, haute justice, à Madame l'abbesse de Saint-Georges de Rennes. Le château de Bois-Éon est très ancien. (...) Mr Joseph-Marie Grignard de Champsavoy chevalier de l'Ordre militaire et royal de Saint-Louis, et ancien capitaine au régiment de Saintonge, a droit de ban dans l'église de Notre-Dame de Lanmeur, en sa qualité de seigneur de Trémédern [en Guimaëc]. (...) Le prieuré de Guernitron ou de Kernitrong est dans ce territoire. (...) La juridiction royale de Lanmeur fut unie et incorporée au siège royal de Morlaix par édit du roi Charles IX donné à Troyes, en Champagne le et à Châteaubriant au mois d'octobre 1565. »
À la veille de la Révolution, le doyenné de Lanmeur, qui relevait de l'évêché de Dol, comprenait outre Lanmeur et sa trève Locquirec, incluait Locquénolé et des paroisses désormais incluses dans le département des Côtes-d'Armor : Lanvellec, Coadoutet sa trève Magoar, des paroisses enclavées dans les diocèses de Tréguier, de Léon ou de Cornouaille, ce qui en faisait un doyenné très éclaté.
La sénéchaussée de Lanmeur comprenait, outre Lanmeur (et sa trève de Locquirec), les paroisses de Garlan (en partie), Plouégat-Guerrand, Guimaëc, Plougasnou (et sa trève de Saint-Jean-du-Doigt) et Plouezoch.
Révolution française
Charles-Marie de Trogoff, baptisé le à Lanmeur, après avoir été vicaire général de l'évêché de Dol, fut nommé recteur de Lanmeur le ; prêtre réfractaire, il émigra en avril ou à Jersey, puis en Angleterre. Il revint en France en 1802 et fut renommé curé de Lanmeur le 22 germinal an XI () ; il mourut à Lanmeur le .
Son frère aîné, Jean-Honoré de Trogoff de Kerlessy, né en 1751 à Lanmeur, officier de marine, participa notamment à la Guerre d'indépendance des États-Unis dans l'escadre de l'amiral d'Estaing, combattit vaillamment à la bataille des Saintes ; promu contre-amiral il prit en à Toulon le commandement de toutes les forces navales dans la Méditerranée, mais livre la ville, le port et la flotte aux Anglais lors du siège de Toulon (1793) ; déclaré hors-la-loi par la Convention il émigre et meurt d'une épidémie en à bord du Commerce de Marseille, en rade de Porto-Ferraro.
- Luc Corlouër-Pierre Gagnaire, L'Amiral de Trogoff - Marin et Gourmet (Essai). Le Cormoran, 2021
Jacques Cambry a fait une sévère description de Lanmeur vers 1794 : « Ce chef-lieu [de canton] n'est qu'un bourg peuplé de 2 400 personnes. Rien de ce qui peut embellir la demeure des hommes ne s'y trouve. On n'y voit ni fontaines, ni halle, ni manufacture ; le cimetière est au milieu des habitations ; point de secours contre les incendies ; une insupportable malpropreté corrompt l'air qu'on y respire ; la municipalité grimpe par une échelle dans un galetas qui lui sert de salle d'audience : le peuple, au milieu de ces désordres, vit cependant sans maladie, sans médecins ; il est même plus gai que triste, et danse volontiers au son des tambourins, des musettes et du hautbois. Les chemins vicinaux sont détestables (...). Le commerce le plus important du canton est celui des bestiaux : la foire de Saint-Mélar, où l'on vend les poulains d'un an, est une des principales de Bretagne. On cultive dans le canton de l'orge, du froment, du bled noir, des avoines ; les pâturages sont bons. Ce pays donne peu de légumes, point de cidre, très peu de bois. On y file beaucoup de lin ; les moutons y sont en très petit nombre, les abeilles en petite quantité ».
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L'ouverture de la station de haras de Langonnet entraîne dans l'arrondissement de Morlaix la fermeture en 1838 des stations de Lannéanou, Plouénan et Lanmeur.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Lanmeur en 1843 :
« Lanmeur (sous l'invocation de saint Mélar ou Mélair et de saint Samson, évêque de Dol) ; commune (jadis ville) frormée de l'ancienne paroisse de ce nom, moins sa trève Locquirec, devenue commune ; aujourd'hui cure de deuxième classe ; bureau d'enregistrement ; chef-lieu de perception ; brigade temporaire de gendarmes à pied. (...) Principaux villages : Kerbourand, Kergonan, Reunarcroajou, Trobéréden, Lescore, Lesdourduff, Kermouster, Keransoulerien, Keraugoff. Objets remarquables : manoir et étangs de Bois-Éon. Superficie totale : 2 648 hectares dont (...) terres labourables 1 408 ha, prés et pâturages 179 ha, vergers et jardins 5 ha, bois 116 ha, canaux et étangs 4 ha, landes et incultes 760 ha (...). Moulins : 14 (de Kergnant, de Kernévez, du Hellès, du Roudault, de Bois-Éon, de Dour-ar-Loute, du Pont, de Lesguen, à eau). Lanmeur est un gros bourg sur la route départementale n°2 du Finistère, dite de Brest à Lannion ; il n'a rien de remarquable. L'église est du pardon qui s'y tient depuis un temps immémorial. On y vient faire à la Vierge des offrandes intéressées pour en obtenir de bons mariages. Des grilles de bois sculpté, qui séparent le chœur de la nef, sont travaillées avec art et font regretter l'abandon dans lequel on a laissé cette chapelle, qui mériterait d'être mieux conservée, et que les pèlerins fréquentent toujours. Outre Kernitron, il y a en Lanmeur les chapelles de Bois-Éon, de Saint-Fiacre et de Kermouster. L'on a parfois dit par erreur que l'église de Lanmeur était dédiée à saint Coulm ou Colomban : c'est l'hôpital, et non l'église, qui est placé sous cette invocation : cet hôpital a remplacé la maladrerie de fondation commune qui existait jadis à Lanmeur.(...) Bois-Éon appartient aujourd'hui à M. du Dresnay ; il a parmi ses dépendances un beau bois de haute futaie, qui n'a pas moins de 12 à 15 hectares, et qui vient border la route départementale ; ce château a conservé une chapelle qui est desservie certains jours. L'agriculture de cette commune est peu avancée ; cependant on y emploie beaucoup de sable de mer, que l'on va chercher à la grève de Saint-Efflam, distante de plus de deux lieues du chef-lieu ; les terres sont favorables à la culture; déjà l'on exporte de 4 à 500 hectolitres de blé. Il se fait beaucoup d'élèves de chevaux de trait. Les hêtres, les frênes, l'orme, viennent beaucoup mieux que le chêne ; les arbres fruitiers prospèrent peu. La principale industrie de la commune, après les produits de l'agriculture, est la poterie ; il y a sept ou huit établissements où l'on fabrique des vases en poterie commune vernissée, que l'on vend surtout à Morlaix. (...) Il y a foire le premier vendredi des mois de janvier, mars, mai, juillet, septembre ; le premier vendredi d'octobre a lieu la foire de Saint-Mélair ou Mélar, spéciale aux chevaux ; les premiers vendredis de novembre et décembre. (...) Géologie : terrains schisto-argileux à l'est, granite amphibolique dans l'ouest. On parle le breton. »
Henri Gourdon de Genouillac écrit : « En 1869 la petite ville de Lanmeur, dans le département du Finistère, était (...) un trou perdu au fond de la Bretagne, ce qui n'empêchait pas ses habitants d'être très fiers d'une crypte souterraine placée sous le chevet de l'église et qui renferme une fontaine pleine d'une eau miraculeuse qui ne tarit jamais ».
La deuxième compagnie (Lanmeur) du mobiles du Finistère participa le au combat de l'Haÿ lors du Siège de Paris pendant la Guerre de 1870.
La voûte du porche méridional de l'église paroissiale de Lanmeur s'effondra sous l'effet de la tempête du
Jacquette Cras (Craz), de Lanmeur, fut pèlerine par procuration (c'est-à-dire qu'elle effectuait des pèlerinages pour le compte d'autres personnes) à plus de soixante reprises.
Le maire de Lanmeur, Pierre-Marie Barazer, fut suspendu de ses fonctions en par le préfet du Finistère pour avoir refusé d'afficher un ordre du jour de flétrissure voté par les députés à l'encontre des anciens ministres de l'Ordre moral.
En 1883 l'autorisation d'ouvrir un bureau télégraphique municipal est accordé à la commune de Lanmeur.
Jean-Marie Clech, maire de Lanmeur et alors député, déclare en 1890 à la Chambre des députés que dans sa commune qui a alors 2 500 habitants « trente familles comptent entre sept et quinze enfants ».
La section des "Vétérans des armées de terre et de mer" de Lanmeur était très active et influente, comme en témoigne l'article du journal L'Ouest-Éclair du ) ; elle était présidée en 1899 par le baron de Pol Aurélien de Courcy (1848-1900), ancien officier, qui résidait à Garlan et était le fils de Pol Potier de Courcy. Un monument aux morts, offert par Louis de Kersauson du Vieux-Châtel à la mémoire des morts de la guerre de 1870, fut inauguré en janvier 1902 dans le cimetière de Kernitron.
La foire de la Saint-Médard était très fréquentée : celle de 1899 fut excellente : « les transactions étaient très nombreuses, et portaient surtout sur les porcs, les chevaux et les vaches pleines. Le commerce local n'a pas eu à se plaindre grâce à l'affluence des cultivateurs, marchands et acquéreurs » écrit le journal L'Ouest-Éclair.
Le | ]
La Belle Époque
En , l'abbé Billant, vicaire à Lanmeur, fut condamné à 20 francs de dommages et intérêts par le juge de paix de Lanmeur pour avoir, en chaire, interdit à ses paroissiens la lecture d'un almanach publié par un pasteur protestant et vendu par un colporteur.
La cérémonie du couronnement de Notre-Dame-de-Kernitron eût lieu le ; 8 archevêques ou évêques, 600 prêtres, plus de 20 000 pèlerins et plusieurs députés et sénateurs y assistèrent ; la cérémonie se déroula dans un champ où un autel avait été élevé.
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Le couronnement de Notre-Dame-de-Kernitron le : le clergé (carte postale L'Hénoret).
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Le couronnement de Notre-Dame-de-Kernitron le (carte postale L'Hénoret).
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Lanmeur : la place principale et l'église paroissiale vers 1910 (carte postale).
En 1910 un scandale électoral éclate à Lanmeur : lors des élections législatives françaises de 1910 qui vit la réélection d'Émile Cloarec comme député de la circonscription, les cartes d'électeur seraient à Lanmeur restées anonymes à la disposition du président du bureau de vote et permettaient à ceux à qui elles étaient distribuées d'aller boire gratuitement un verre chez un marchand de vin.
Un décret du président de la République en date du attribue à l'hospice de Lanmeur tous les biens qui avaient appartenu à la fabrique de Lanmeur et qui étaient placés sous séquestre.
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lanmeur porte les noms de 105 soldats et marins morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale: parmi eux 9 au moins sont morts sur le front belge dont 7 dès (Jean Barazer à Namur ; Pierre Bellour, Pierre Guillou et Yves Marie Hervé à Rossignol; Jacques Huon, François Louedec et Claude Le Scour à Maissin) et Hervé Le Guern en à Dixmude ; René Barazer est mort de ses blessures à Roesbrugge (Belgique) le , donc trois jours avant l'armistice); Jean Lavalou, marsouin au 3e régiment d'infanterie coloniale, est mort de maladie le à Salonique (Grèce) dans le cadre de l'expédition de Salonique ; 5 au moins sont des marins disparus en mer (Jean Clech lors du naufrage du cuirassé Bouvet le lors de la bataille des Dardanelles ; Yves Le Lay lors du naufrage du croiseur-cuirassé Léon Gambetta le en mer Adriatique ; Pierre Querrec lors du naufrage du croiseur cuirassé Kléber le dans le goulet de Brest ; Pierre Callarec lors du naufrage du patrouilleur auxiliaire Blanc-Nez le et Jean Verclaye lors du naufrage du patrouilleur Cérisoles le sur le Lac Supérieur aux États-Unis) ; Jean Bévout est décédé après l'armistice de 1918 le alors qu'il était prisonnier en Allemagne ; la plupart des autres sont décédés sur le sol français.
Louis Faven, promu sous-lieutenant sur le champ de bataille dès le début de la guerre, fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1915 « pour faits de guerre remarquables ».
L'Entre-deux-guerres
Le patronage des "Gars de Kernitron" possédait en particulier une société de gymnastique et un club de football pendant l'Entre-deux-guerres.
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Le chemin creux de Kernitron (carte postale ND Photo, vers 1917).
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Le lavoir de Lanmeur vers 1918 (carte postale Villard).
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L'école communale de Lanmeur vers 1930 (carte postale Villard).
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L'école privée Notre-Dame-de-Kernitron vers 1931 (carte postale).
En , François Tanguy-Prigent fut élu conseiller général du canton de Lanmeur, battant le docteur Guillemot, maire de Lanmeur et conseiller général sortant et sénateur. Âgé de seulement 25 ans, il fut alors le plus jeune conseiller général de France.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lanmeur porte les noms de 25 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale : parmi elles quatre marins au moins (François Boubennec, mort lors du naufrage du paquebot Meknès le torpillé par les Allemands au large de Dieppe ; Louis Desrosiers, mort lors du naufrage du sous-marin Monge le au large de Madagascar ; Hyacinthe Thomas mort lors du naufrage du sous-marin Sidi-Ferruch le dans le port de Casablanca (Maroc) attaqué par les Américains lors de l' et Jean L'Hermitte, mort lors du naufrage du sous-marin Protée coulé au canon par un chalutier allemand le près de Marseille); Lucien Bévout, résistant, est mort en déportation à Amberg (Allemagne) le . François Périou, résistant, a été tué le à Lanmeur et Vincent Le Noan et Jean Tanguy, résistants, ont été tués le à Lanmeur.
La station de radio-guidage de Saint-Fiacre, située à Lanmeur, fut bombardée plusieurs fois par l'aviation alliée, en particulier les et . Une bombe endommagea le chemin de roulement du "radar", un émetteur Knickebein puis See-Elefant à partir de 1944.
Pierre Hervé, né le à Lanmeur, fut l'un des organisateurs de la manifestation des étudiants et des lycéens du à la place de l'Étoile à Paris et s'engagea dans la résistance dès 1941 dans laquelle il exerça d'importantes responsabilités au sein des Mouvements unis de la Résistance, notamment à Toulouse et à Lyon ; il fut député communiste à trois reprises après la Libération (Assemblée constituante de 1945, Assemblée constituante de 1946 et lors des Élections législatives françaises de novembre 1946), puis journaliste, notamment au journal L'humanité.
Jean Le Roux, né à Lanmeur le , devança l'appel lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, devenant élève radio-navigant. Il s'engagea dans la France libre dès . Il partit clandestinement de Camaret le , embarquant sur l'Émigrant et fut chargé par le MI6 britannique de mettre en place des liaisons radios clandestines entre la Bretagne et Londres.Il débarqua dans la nuit du 18 au près de Lampaul-Ploudalmézeau, en compagnie de Robert Alaterre et de deux autres hommes pour créer le réseau de renseignements Johnny, chargé principalement de surveiller les mouvements de la Kriegsmarine autour du port de Brest ; il fit la première émission de radio clandestine de la résistance vers la Grande-Bretagne depuis Quimper le ; il est décédé en . Deux de ses frères ont aussi été résistants combattant aussi dans les Forces françaises libres : René Le Roux et Louis Le Roux (ce dernier fut tué le pendant la Guerre de Corée).
Un arrêté ministériel en date du déclare démissionnaire d'office de ses fonctions de conseiller général du canton de Lanmeur de François Tanguy-Prigent qui « manifeste de l'hostilité à l'œuvre de rénovation nationale ».
François Marie Periou, cultivateur, âgé de 19 ans, fut assassiné par les Allemands dans le bourg de Lanmeur le .
Hervé Botros, de Lanmeur, membre du kommando de Landerneau, fit partie des neuf personnes fusillées à Rennes lors de la Libération pour faits de collaboration après avoir été condamnées à mort par la Cour de justice de Rennes souhaitée].
L'après Seconde Guerre mondiale
Yves Marie Disez et René Roudaut (ce dernier mort en Tunisie le ) sont morts pour la France pendant la guerre d'Algérie.
La foire aux chevaux de la Saint-Mélar à Lanmeur a disparu au début de la décennie 1960.
- Notice d'information touristique situé sur le site.
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- A. Marteville et P. Varin, "Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne", tome 1 , 1843, consultable https://books.google.fr/books?id=DI8DAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=bibliogroup:%22Dictionnaire+historique+et+g%C3%A9ographique+de+la+province+de+Bretagne%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiWsvCrrbTmAhVSolwKHUYNC9oQ6AEILjAB#v=onepage&q=Lanmeur&f=false
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- Journal L'Ouest-Éclair, n° du 8 septembre 1940, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6443443/f3.image.r=Lanmeur?rk=1266100;4
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- Louis de Kersauson du Vieux-Châtel (1850-1928), légitimiste, conseiller général, ancien député entre 1885 et 1889, officier de mobiles pendant la guerre de 1870.
- Journal L'Ouest-Éclair du 29 janvier 1902, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k639502q/f3.image.r=Lanmeur?rk=600861;2
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- Louis Faven, né le à Leurdannet en Lanmeur.
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- Éric Rondel, La Bretagne bombardée, 1940-1944, éditions Ouest et Cie, 2011, (ISBN ).
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- http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=81105
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- Hervé Botros, au service de la Gestapo de Morlaix, se fit passer à Plougasnou pour un résistant et dénonça des vrais résistants qui préparaient une embuscade dans la nuit du 9 au . Engagé lors de la Libération dans la Légion étrangère afin de se cacher, Hervé Botros fut arrêté le , jugé à Quimper, condamné à mort et fusillé le , voir : Jean Bouteiller, Michel Guillou et Jean-Jacques Monnier, Été 1944. Résistances et Libération en Trégor, Skol Vreizh, 2004.
- Thierry Jigourel, Le cheval en Bretagne, éditions Coop Breizh, 2017.
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Héraldique
Blasonnement :
D'argent à la fasce de gueules accompagnée de trois taches d'hermine de sable.
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Histoire
D'après l'hagiographie bretonne, un couvent est fondé à Lanmeur au saint Samson. Saint Magloire en est le premier abbé. Le couvent est ravagé par les Vikings en 877. Une nouvelle église est reconstruite au début du dixième siècle, sur les bases de la crypte restaurée. Après la victoire d’Alain Barbe-Torte sur les Vikings, les bénédictins de Saint Jacut de la Mer relèvent le prieuré de Lanmeur. Ils y restent jusqu’au Révolution française, le prieuré dépend des évêques de Dol qui en nomment les prieurs. La chapelle est un lieu de pèlerinage important dans le Trégor depuis des siècles : on vient y vénérer Notre-Dame de Kernitron.
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