Saint-Tugdual [sɛ̃tygdyal] est une commune française, située dans le département du Morbihan en région Bretagne.
Toponymie
Le nom de la localité attestée sous la forme Saint Tudal en 1286 a été francisée en Saint-Tugdual.
Saint-Tugdual se dit Sant-Tudal en breton. Le nom de la commune provient de saint Tugdual, évêque de Tréguier.
↑ Dans les archives de l' Abbaye de Bon Repos.
↑ Office public de la langue bretonne, Liste officielle des formes normalisées des communes de Bretagne, page 23
↑ Ernest Nègre - 1996 - Toponymie générale de la France - Volume 2 - Page 1048.
Géographie
Localisation
Saint-Tugdual est une commune rurale appartenant à la communauté de communes du Pays du Roi Morvan. Par ses traditions, elle appartient au Pays Pourlet et à la Basse-Bretagne. Elle est située en dehors des grandes voies de communication.
Communes limitrophes de Saint-Tugdual
Plouray
Priziac
Ploërdut
Le Croisty
Relief et paysage
La commune est vallonnée, les principales hauteurs se trouvant au nord de la commune. Elle culmine à 274 mètres au bois de Kerminisy. La commune a une superficie de 1 997 hectares dont 247 hectares de bois.
Carte topographique de la commune de Saint-Tugdual.
Hydrographie
La rivière Aër longe le territoire communal au sud et sert de limite avec Le Croisty. Elle coule au fond d'une vallée encaissée et boisée où affleure le granite en aval du moulin du Temple. Plusieurs affluents de l'Aêr ayant tous une orientation générale Nord-Sud arrosent le territoire communal : ruisseau du moulin du Bois, ruisseau de Kerminisy, ruisseau de Kersallic, ruisseau de Kermartin, ruisseau de Corrogant.
La rivière Aër en aval du moulin du Temple.
Carte du réseau hydrographique de Saint-Tugdual.
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Bretagne et Climat du Morbihan.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans une zone de transition entre les régions climatiques « Finistère nord » et « Bretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée ». Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,9 amplitude thermique annuelle de 12 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Lanvénégen à 19 vol d'oiseau, est de 12,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
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↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Histoire
Préhistoire
En 1888 à Cornospital en Saint-Tugdual fut trouvé un vase en terre contenant 4 haches à talon rectangulaires et à anneau latéral, 2 pointes de lances à douille et un important fragment d'une lame d'épée.
Moyen Âge
Saint-Tugdual est un démembrement de la grande paroisse de l'Armorique primitive de Plouhaer ou Plouhair (aujourd'hui disparue). Jusqu'au début du 1191 (elle est citée en 1285 dans les registres de l'abbaye de Bon-Repos sous le nom de Saint Tudale) . La paroisse de Saint-Tugdual englobait la trève du Croisty (Le Croisty ne sera érigée en paroisse qu'en 1865) et dépendait du doyenné de Kemenet-Guégan. Saint-Guen aurait aussi été une trève de la paroisse au Moyen Âge.
Ce territoire était dominé pas des seigneurs puissants : Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dont la commanderie était au Croisty d'une part et une noblesse locale aisée vassale des Rohan-Guémené d'autre part. Plusieurs seigneuries disposant chacune de leur manoir se partageaient les terres : Kermartin, Roscario, Kerminizic, Penhaër, Kersallic, Poulharze, Restergant, Corargant
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La chapelle Saint-Guen est construite en 1540. Ses commanditaires sont des seigneurs locaux : les seigneurs de Kerminisy, Kersallic et Restergant.
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La paroisse, sans compter la trève du Croisty, était en 161 divisée en 7 frairies ; bourg, Saint-Guen, Restergant, Temple, Guernandic, Carmès et les deux de Govel [Gauvel].
Le presbytère est reconstruit dans le courant du XVIIe siècle.
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Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Saint-Tugdual en 1778 :
« Saint-Tugdual ; à 14 lieues au Nord-Ouest de Vannes, son évêché ; à 16 lieues de Rennes et à 2 lieues et demie de Guémené , sa subdélégation. Cette paroisse ressortit à Hennebon et compte 2 000 communiants, y compris ceux de Croixty [ Le Croisty ], sa trève la Cure est à l'alternative. Le territoire offre à la vue des terres en labeur, des prairies, des landes et des bois dont le plus considérable est celui de Kermelizederas [Kerminizy] qui peut avoir une lieue et demi de circuit. »
Révolution française
La paroisse est érigée en commune en 1789. Le prêtre jureur François Le Goff, curé de Saint-Tugdual, est assassiné par les Chouans en janvier 1795. Ce dernier s'était marié le 14 juillet 1792 : « ...Moi, François Le Goff persuadé de plus en plus de la validité du mariage des prêtres, je déclare prendre pour ma légitime épouse Jacquette Corderoh ici présente et ce au terme de la loi... et moi Jacquette Corderoh je déclare prendre librement et volontairement pour mon légitime époux François Le Goff, ici présent quoique prêtre et curé de Saint-Tugdual... ». Ils eurent une fille Marie Françoise Liberté Le Goff née au presbytère de Saint-Tugdual le . François Hyacinthe Bargain écrivait au sujet de ce dernier en avril 1794 : le curé de Saint-Tugdual a femme et enfant et est revêtu de l'habit des Gardes Nationales depuis longtemps.
Le le maire de Plouray, Joseph-Jean Guillaume, est arrêté à Saint-Guénin par les Chouans sous le prétexte d'un incident lié à une procession autour de la chapelle mais en réalité parce qu'il a dénoncé des prêtres réfractaires. Il est fusillé dans le bois de Kerminisy, comme Jean Salvar, officier municipal, malgré sa proposition de remettre aux Chouans 10 000 livres.
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A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Saint-Tugdual en 1853 :
« Saint Tugdual : commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom, y compris sa trève Croixty [Le Croisty] ; aujourd'hui succursale. Il y a foire au Croixty le Vendredi saint et le 6 mai (le lendemain si ce jour est férié). Géologie : granite. On parle le breton. »
Vers 1855, un ancien prêtre desservant la paroisse de Saint-Tugdual, François-Marie
Quelo, fut condamné à vingt ans de travaux forcés « pour avoir, étant ministre du culte catholique, commis plusieurs attentats à la pudeur (...) sur des jeunes filles de moins de 11 ans » et envoyé au bagne de Brest.
Une épidémie de variole fit 65 malades (dont 38 moururent) à Saint-Tugdual entre 1865 et 1870.
En 1873 des habitants de Saint-Tugdual signèrent une pétition demandant « le rétablissement, dans le plus bref délai, de la royauté en la personne d'Henri V, héritier légitime de la couronne de France ».
Un projet de partition de la commune afin de permettre la création de la commune du Croisty échoua en 1875, le préfet du Morbihan arguant notamment que si le projet était accepté, la population de la commune de Saint-Tugdual serait réduite de moitié, passant de 1 625 habitants à 830 habitants.
Lors de l'élection législative de 1877 ( Albert de Mun, candidat monarchiste, fut réélu lors des élections de 1876 mais ce résultat fut invalidé, en raison des pressions exercées sur les électeurs pour qu'ils votent pour Albert de Mun et des fraudes, notamment à Saint-Tugdual ; le député Charles-Ange Laisant déclare que « dans la commune de Saint-Tugdual, les bulletins [de vote] de M. De Mun auraient été déposés sur la table de vote et chaque électeur aurait dû prendre son bulletin devant le maire, le plier et le déposer dans l'urne » ; en conséquence le candidat républicain, Lefebvre, qui avait obtenu 126 voix à l'élection du n'en obtint que 27 à celle du .
Paul Joanne indique dans son "Dictionnaire géographique et administratif de la France" publié en 1890 la présence â Saint-Tugdual de deux écoles publiques et des Filles de Jésus et, dans les bois, à 5 km à l'ouest-sud-ouest du bourg, les ruines de la chapelle du Solo qui datait du .
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La Belle Époque
En août 1900, le conseil municipal de Saint-Tugdual, divisé en deux fractions opposées égales, fut dissous.
La commune de Saint-Tugdual dut céder une partie de son territoire en 1903 pour permettre la création de la commune du Croisty.
Dans L'amour s'amuse, un roman publié en 1906, Gaston Derys qualifie les habitants de Saint-Tugdual de « rustres », puis de « lourdauds » et même quelques lignes plus loin de « sauvages ».
Un décret du Président de la République en date du attribue, à défaut de bureau de bienfaisance, les biens ayant appartenu à la fabrique de Saint-Tugdual et actuellement placés sous séquestre à la commune de Saint-Tugdual.
Saint-Tugdual : l'église paroissiale Saint-Tugdual vers 1910 (carte postale Le Cunf)
Saint-Tugdual : la route de Guémené au début du XXe siècle (carte postale Le Cunf).
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Saint-Tugdual porte les noms de 53 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale dont deux décédés en 1914 sur le front belge pendant la Course à la mer, deux décédés dans les Balkans alors qu'ils étaient membres de l'Armée française d'Orient, un (Louis Le Pourhiet) décédé en captivité en Allemagne, la plupart des autres étant décédés sur le sol français. Parmi ces derniers, plusieurs ont été décorés : l'adjudant Jean Le Scouarnec, tué à l'ennemi le à Douaumont, décoré de la Croix de guerre ; le soldat François Le Douaron, tué à l'ennemi le à Sailly-Saillisel (Somme), décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec étoile de bronze ; son frère, le soldat Pierre Le Douaron, mort des suites de ses blessures dans une tranchée le à Seraucourt-le-Grand (Aisne), décoré de la Croix de guerre ; le soldat Alfred Le Bris, mort des suites de ses blessures le à l'hôpital de Commercy (Meuse), décoré de la Médaille militaire.
Jean-Marie Cario, né en 1887 à Saint-Tugdual, soldat au bataillon d'infanterie de marche d'Afrique, fut fusillé pour l'exemple le à Souk Ahras (Algérie), « abattu durant une tentative d'évasion du camp de Souk Ahras ».
L'Entre-deux-guerres
Le un important incendie se déclara en plein bourg de Saint-Tugdual ; parti d'une meule de paille, il menaçait de s'étendre à tout le bas du bourg, mais fut maîtrisé au bout de 3 heures d'efforts par les pompiers venus de Guémené-sur-Scorff.
La Seconde Guerre mondiale
Le monument aux morts de Saint-Tugdual porte les noms de 11 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi elles, Joseph Chauve, Louis Chauve, Tugdual Gourin, Louis Le Du, Louis Le Léonnec, Joseph Perret et un autre jeune homme tués tous les sept fauchés par le même obus le à Kerlois en Hennebont lors des combats de la Poche de Lorient.
Un monument à la mémoire des enfants de Saint-Tugdual morts pour la libération de la France fut inauguré le .
L'après-Seconde Guerre mondiale
L'église paroissiale, qui datait du 1959. L'architecte Claubert de Cléry édifie en 1962 une nouvelle église en remplacement de l'ancienne.
L'ancienne église et le cimetière vers 1950 (carte postale).
La nouvelle église de Saint-Tugdual.
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L' incendie de la chapelle Saint-Guen
Dans la nuit du 29 au la chapelle Saint-Guen, alors que sa restauration s'achevait, a été victime d'un incendie criminel.
↑ Louis Marsille, « Les dépôts de l'Âge du bronze dans le Morbihan. La cachette de Cornospital en Saint-Tugdual (Morbihan) », Bulletin de la Société polymatique du Morbihan, , lire en ligne, consulté le ).
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↑ Laurent Léna, Le Faouët sous la Révolution et l'Empire, page 187, Presses de E.T Saint-Michel, 1987, page 187
↑ revue Mein ha Tud no 20, mars 2005, Un crime à la sortie du presbytère, Jean-Pierre Royant
↑ A. Marteville et P. Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, lire en ligne), page 879.
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↑ François Le Guernic, tué le 22 août 1914 à Rossignol (Belgique) et Joseph Michel, tué le 22 août 1914 à Maissin (Belgique)
↑ Jean Croizer, décédé le 4 octobre 1918 à Salonique (Grèce) et Vincent Boderhat, décédé le 9 septembre 1917 en Albanie
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