Lanildut
Localisation
Lanildut : descriptif
- Lanildut
Lanildut [lanildyt] (en breton : Lannildud) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France. Son port est le premier port goémonier d’Europe pour le débarquement des algues, totalisant la moitié de la production française. En 1991, la commune a obtenu le Label « Communes du Patrimoine Rural de Bretagne » pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager.
Géographie
Situation et relief
Lanildut est située sur la côte occidentale du Léon, au bord de la mer d'Iroise, face à l'Île d'Ouessant dont elle est séparée par le Chenal du Four ; la ria de l'Aber-Ildut constitue sa limite sud et a permis l'essor du port de Lanildut (dénommé par le passé port de Laber), protégé par la Pointe du Rocher du Crapaud ; les installations portuaires étant aussi disséminées par le passé plus en amont du port actuel, notamment face à Rumorvan, qui fut le quartier principal habité par les maîtres de barques.
Le bourg, étiré en longueur le long de la route départementale rive droite (rive nord, en position d'adret) de l'Aber-Ildut, à l'extrémité occidentale du plateau granitique du Léon. Connu sous le nom de « granite de Brest », le granite rose de l'Aber-lldut a été autrefois très exploité dans la région, en particulier pour les constructions à la mer.
Le littoral atlantique, entre la pointe de Kerzéven et l'entrée de l'Aber Ildut, est formé de falaises granitiques de faible hauteur (une dizaine de mètres au plus) et d'un estran rocheux découvrant largement à marée basse ; son aspect a été modifié de manière importante les siècles passés par les carrières de granite dont les traces restent très visibles.
Les communes limitrophes sont Brélès, Plourin et Porspoder.
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Estran rocheux en direction de Melon à marée basse vu de la pointe de Kerzéven.
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Ancienne carrière de granite le long du littoral à la pointe de Kervézen.
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Ancienne carrière de granite le long du littoral entre Kerzéven et Ruludu.
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Amoncellement de rochers anguleux granitiques (résidus de carrière) en bord de mer entre Kerzéven et Ruludu.
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Le rocher du Sphinx.
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Le littoral entre Melon et Lanildut : estran rocheux à marée basse.
Les altitudes au sein du finage communal vont du niveau de la mer jusqu'à 34 mètres, altitude atteinte tant dans la partie nord de la commune aux alentours de Mez ar Goff que dans la partie orientale, près de Kervrézol, les seules restées rurales. Une périurbanisation littorale s'est développée, principalement dans les parties proches de l'Océan Atlantique (quartiers de Ruludu et Le Pontic) que le long de la ria de l'Aber-Ildut, notamment dans le quartier du Vern, bien exposé en situation d'adret.
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Le bourg de Lanildut (partie ouest) vu depuis la rive gauche de l'Aber Ildut (en Plouarzel).
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Le bourg de Lanildut vu de la rive gauche de l'Aber Ildut à Kerglonou (en Plouarzel).
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Traces de l'amorce de découpe de ce rocher granitique en vue de son extraction qui a été abandonnée (zone du Cléguer, entrée nord de l'Aber Ildut).
Géologie
Le granite porphyroïde rose (un granite à gros feldspaths roses) de l'Aber-Ildut, dit « granite de Laber » provient d'un pluton et affleure de l'Île Ségal au sud jusqu'à Porspoder au nord et jusqu'à Plouguin au nord-est ; ces gros feldspaths roses sont très résistants à l'altération et apparaissent souvent en relief, ce qui a contribué à leur intérêt monumental ; ce massif de granite rose est parcouru par tout un réseau de diaclases, ce qui a facilité l'exploitation de la roche (des monolithes en ont été extraits dès la Préhistoire pour obtenir des menhirs ; dès 1809, Pierre Bigot de Morogues écrit : « Ce superbe granite est d'une grande dureté et susceptible du plus beau poli ; on le trouve sur le bord de la mer en très gros blocs détachés, ce qui permet de l'exploiter plus facilement ».) et donne aux rochers de bord de mer des formes pittoresques (le Rocher du Crapaud ou celui du Sphinx par exemple).
Le port de Lanildut
Le port de Lanildut est le premier port goémonier d’Europe pour le débarquement des algues avec 40 000 tonnes déchargées sur ses quais chaque année, presque la moitié de la production nationale.
En saison, de mai à septembre, la compagnie Finist’mer dessert, certains jours, les îles de Molène et d’Ouessant depuis le porte de Lanildut.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral », exposée à un climat venté, avec des étés frais mais doux en hiver et des pluies moyennes.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12 amplitude thermique annuelle de 9,3 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Ploudalmézeau à 10 vol d'oiseau, est de 12,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- Les carrières abandonnées sont nombreuses dans les environs.
- Hubert Lardeux, Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 62.
- Pierre Bigot de Morogues, "Journal des mines" no 152, 1809.
- Louis Chauris, "La saga des granites de l'Aber-Ildut", http://www.lanildut.fr/histoire/LanSource018.html, http://www.wiki-brest.net/index.php/Granite_de_l%27Aber_Ildut et http://www.wiki-brest.net/index.php/Granite_de_Laber
- « »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur lanildut.fr.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- « », sur bretagne-environnement.fr, (consulté le ).
- « », sur fr.distance.to (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
- « », sur meteofrance.fr, (consulté le ).
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lanildu en 1427 et Lannildut en 1446.
Lanildut vient de lann (ermitage en breton) et de Ildut (saint gallois du Ve siècle). Saint Ildut, né dans le comté de Glamorgan, fut le précepteur de saint David, saint Samson, saint Magloire et saint Gildas, tous compagnons d'études de saint Pol Aurélien. Pol fut le disciple d'Ildut, et ce dernier le disciple de Budoc. Ildut, abbé fondateur du monastère de Llanilltud Fawr (Glamorgan), vint en Armorique, où il aborda à la côte du Léon, au havre de l'Aber-Ildut. Saint Ildut mourut à Dol au siècle.
Histoire
Moyen Âge
La paroisse de Lanildut, mentionnée à partir du évêché de Léon, précisément de l'archidiaconé de Kemenet-Ily. Lanildut abritait le siège de la seigneurie de Gouerbian, dont un sieur de Coëtivy en était seigneur à la fin du .
Selon Jean-Baptiste Ogée, « en 1400 on connaissait dans ce territoire les maisons et manoirs nobles suivants : l'Autrefilio, à Monsieur de Kerasquer ; Kermerian, au sieur de Kergroezez ; Gourbihan, à Riou du Rosmadec ; le Guern ; Kermarvan et Latour, à N.. ; Kerbihan ou Kerdahel, moyenne et basse justice, appartient à M. de Kerouan ; Kerverler, moyenne et basse justice, à M. de Kersalaun ».
Époque moderne
Au siècle, Lanildut faisait partie de la sénéchaussée de Brest et Saint-Renan. Les ports de l'Aber Ildut étaient alors très dynamiques, pratiquant essentiellement du cabotage : en 1686 le port de Bordeaux enregistra 40 arrivées de barques en provenance de l'Aber Ildut ; en 1724 le quartier maritime du Conquet compte 93 bateaux (barques, brigantins, bricks, sloops, ..) de l'Aber Ildut, d'une capacité de charge comprise entre 20 et 50 tonneaux.
Au Porspoder) est l'un des plus importants du Léon : par exemple en 1755 Lanildut arme 40 navires (cabotage, transport du granite, vin) et Brest 14 seulement. Les maîtres de barques y étaient nombreux et prospères, habitant notamment à Rumorvan. Pour la défense du port, notamment contre les corsaires anglais, la batterie de l'Aber-Ildut fut installée pendant la Guerre de Succession d'Autriche, donc entre 1740 et 1748. En 1758 deux frégates anglaises mouillent devant Lanildut.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Lanildut de fournir 5 hommes et de payer 32 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne ». La batterie située à l'entrée nord de l'Aber Ildut était gardée par un seul gardien en temps de paix, mais en temps de guerre cinq hommes logaient dans le corps de garde et, comme 25 hommes étaient alors nécessaires pour le service des canons, les autres dormaient sous des tentes ou dans des fermes à proximité.
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La batterie de l'Aber Ildut et l'entrée de l'Aber Ildut : vue panoramique.
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La batterie de l'Aber Ildut : le corps de garde et le magasin à poudre.
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La batterie de l'Aber Ildut : la guérite de guet (reconstitution partielle).
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La poudrière de l'ancienne batterie de l'Aber-Ildut.
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La batterie de l'Aber-Ildut : canon reconstitué.
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Ancien abri des douaniers entre Melon et Lanildut.
Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Lanildut en 1778 :
« Lanildut ; petite ville et port de mer ; à treize lieues à l'ouest-sud-ouest de Saint-Pol-de-Léon, son évêché ; à 49 lieues de Rennes et à 7 lieues de Lesneven, sa subdélégation. Cette ville, qui ne renferme qu'une paroisse, dont la cure est présentée par l'Évêque, ressortit au Siège royal de Brest et compte 600 communiants. Son territoire est très exactement cultivé par des femmes du pays tandis que les hommes ne s'occupent que de la pêche et de la navigation. »
Révolution française
Les paroissiens de Lanildut rédigèrent un cahier de doléances dans lequel il est notamment écrit : « Nous nous plaignons, Sire, de l'excès de la perception des droits exorbitants que perçoivent les préposés du régisseur de vos domaines (...) ».
Ildut Moyot, maître de barque, négociant et agriculteur à Lanildut, fut élu député du tiers-état de la sénéchaussée de Brest, qu'il représenta lors de la réunion des États généraux de 1789 ; il fut ensuite juge de paix du canton de Brélès.
Pierre-Marie de Bergevin, conseiller du Roi, procureur de la sénéchaussée de Brest et Saint-Renan, puis administrateur du département du Finistère, qui avait une propriété à Lanildut où il fut obligé, étant ex-noble, comme ses deux frères, de se réfugier, fut guillotiné le à Brest. Son frère Auguste-Anne de Bergevin, ordonnateur au port de Rochefort, retiré à Lanildut en 1792, fut arrêté comme suspect le et écroué au château de Brest ; il fut par la suite commissaire principal de la Marine, puis député du Finistère entre 1824 et 1827.
Le | ]
Lanildut en 1843
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Jean-Baptiste Ogée, décrivent ainsi Lanildut en 1843 :
« Lanildut (sous l'invocation de saint Ildut) (...) : commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui succursale ; bureau des douanes à l'Aber-Ildut. (...) Le goémon, qui ne se récolte pas dans la commune, mais bien dans celles des communes voisines qui bordent la mer, est employé comme engrais, et rend de grands services à l'agriculture. Sans être abondant, le bois ne manque pas ; cependant la lande et le genêt sont généralement employés pour le chauffage. Le pardon de Lanildut attire un assez grand nombre d'habitants des paroisses voisines ; il a lieu de premier dimanche de septembre. Géologie : granite exploité. On parle le breton. »
Une loi datée du remania de manière importante les limites des communes de Plourin, Landunvez, Lanrivoaré, Lanildut et Brélès afin de mettre fin à un découpage très complexe issu des paroisses d'Ancien Régime.
Les carrières de granite
Les carrières situées le long de l'Aber-Ildut étaient pour la plupart sur le domaine public maritime ; elles faisaient l'objet de concessions attribuées par l'état d'une durée de vingt ans.
Les sites d'extraction du granite étaient nombreux, principalement sur les deux rives de l'Aber-Ildut (celles de la rive sud dépendant des communes de Plouarzel ou Lampaul-Plouarzel) ; les principaux étaient ceux de Kerveatouz (carrière Martin), Kerglonou (entreprise Corre), Saint-Gildas, Tromeur, Stolvarch, Cléguer (qui était une des exploitations les plus importantes) ; trois se trouvaient dans l'île Melon (située en Porspoder), tant sur la rive occidentale que sur la rive orientale. Des quais d'embarquement, servant à charger les gros blocs de granité sur les bateaux, sont encore visibles, notamment à Kerveatouz et à Kerglonou, sur la rive sud (rive gauche) de l'Aber Ildut. Quelques carrières moins importantes se trouvaient dans l'intérieur des terres.
Le soubassement de l'obélisque de Louxor, érigé en 1836, sur la place de la Concorde à Paris, provient des carrières de granit de l'Aber-Ildut. À l'origine, l'obélisque reposait sur une base carrée décorée de seize babouins en érection. L'ornementation du piédestal fut jugée trop obscène pour figurer sur un monument public et fut remplacée par un soubassement plus classique avec le granite de Laber [de l'Aber Ildut] dont la composition et la couleur se rapprochent de celle du granit d'Égypte. Issus de 5 carrières proches, 208,228 tonnes de granite sont extraits pour former le socle (16 .
À la fin du XIXe siècle, près de 200 ouvriers travaillaient dans les carrières de granite avoisinant l'Aber-Ildut..
Création du 1er Syndicat des tailleurs de pierres
5 février 1905 : Fondation du "Syndicat des ouvriers tailleurs de pierres de L'Aber-Ildut et des environs"..."De façon à unifier les salariés dans la région et de faire respecter la loi de 10 heures votée par la Chambre et le Sénat."
Secrétaire général : Eugène Joubert.
Secrétaire : Jean Marie Houssin.
Trésorier : Henry Lagalle.
Le 26 février, le syndicat est fort de 64 membres avec pour président Eugène Joubert. Il sera officialisé le 23 du mois d'octobre.
Eugène Joubert, né en 1869 à Saint-Pierre-de-Plesguen, entre Saint-Malo et Combourg, surnommé "le ministre" par ses collègues de la carrière Omnès du Tromeur, "sa carrière au loup", décède en 1949, au 47 de la route de l'Aber-Ildut en sa maison, alors café et épicerie de la famille Joubert-Moal.
Des grèves se produisaient parfois : par exemple en et à nouveau en (80 ouvriers sont alors en grève) dans l'entreprise Combarelle qui extrayait et taillait les pierres destinées à la construction des deux cales de radoub jumelles de Laninon à Brest. L'exploitation cessa dès la fin de la décennie 1950, mais la Seconde Guerre mondiale avait provoqué déjà l'arrêt de la plupart des entreprises.
Les autres faits du | ]
Ildut Adrien Bermond, médecin, chirurgien de marine, publia une thèse sur la fièvre jaune en 1827 et un article sur le traitement de la lèpre dans l'île de la Réunion en 1853.
La commune de Lanildut s’est agrandie, par l'annexion, à la demande de leurs habitants, des villages de Kerdrévor et de l'Aber-Ildut, par un décret impérial du , au détriment de la commune de Porspoder. Une pétition rassemblant 72 signatures réclamait ce rattachement à Lanildut, les signataires arguant « leur grand isolement du bourg de Porspoder dont ils sont éloignés de 5 kilomètres, par des voies de communication très difficiles, et surtout en hiver, tandis qu'ils trouvent par leur annexion à Lanildut, dont ils ne sont séparés que par 1 500 mètres de distance, les facilités les plus grandes pour l'accomplissement de leurs devoirs civils et religieux et l'instruction de leurs enfants ».
Trois corps de marins de la corvette Gorgone, qui fit naufrage sur le récif des Pierres Noires près de la Pointe Saint-Mathieu le furent retrouvés à l'entrée de l'Aber Ildut et inhumés dans le cimetière communal.
Une épidémie de variole frappa Lanildut et des communes avoisinantes en 1882. Une épidémie de choléra de 1893 fit 4 victimes à Lanildut.
En 1897, une intense propagande favorisa l'élection comme député de l'abbé Gayraud. Jouve, instituteur à Lanildut, déclara : « On s'est servi du nom du pape dans toute la région. Voter contre l'abbé Gayraud, c'était voter contre le pape. (...) » Il rajouta dans son témoignage que le clergé refusait la communion le jour de Pâques à ceux qui avaient voté contre l'abbé Gayraud. Un négociant de Lanildut fit un témoignage analogue. Mais Émile de Kerros, propriétaire à Rumorvan, est d'un avis contraire, disant que le recteur et le vicaire sont restés corrects en ne disant pas un mot de l'élection dans l'église.
Descriptions de Lanildut vers la fin du | ]
Benjamin Girard décrit en ces termes Lanildut en 1889 :
« (...) Le chef-lieu se compose de deux agglomérations : Lanildut et l'Aber-Ildut, séparées par une petite anse. Le port de l'Aber-Ildut est formé par l'estuaire [de l'Aber-Ildut] qui s'enfonce dans les terres en suivant la direction de la rivière de Pontreun, sur une longueur de 2 kilomètres ; il est parfaitement fermé et abrité de tous les vents. La construction d'une digue de 38 mètres de longueur, à la pointe de Beg-ar-Roch, a rendu le ressac presque nul dans ce port, où il n'existe qu'une seule cale de débarquement. Le port de l'Aber-Ildut ne reçoit que des navires d'un faible tonnage, qui y apportent diverses marchandises, et surtout de la houille pour les besoins d'une usine de produits chimiques établie dans la localité. Les exportations consistent en pierres de taille et en sable à bâtir, dont il existe un banc important dans la partie ouest du port. Le granit du pays est très recherché. (...). »
Lanildut est ainsi décrit en 1890 par Gustave Toudouze :
« De Brest, une antique diligence au caisson jaune, aux ferrailles tintantes, comme on n'en rencontre plus guère qu'en certains coins ignorés de Bretagne, se dirige vers ce point éloigné du Bas-Léon (...). Lanildut, port d'échouage, important pour l'exploitation des granits, (...) est un bourg d'un millier d'habitants. (...) De belles propriétés, enveloppées de grands parcs ombreux, précèdent le village ; puis on se trouve en présence d'une des côtes les plus extraordinairement pittoresques que l'on puisse imaginer. (...) De petites anses de sable y alternent avec des rochers étrangement taillés, s'avançant dans la mer comme des fragments de digues, de jetées, de môles, de citadelles géantes. (...) Un semis de noirs écueils, toujours cerclés d'écume, sert d'éclaireur à ces blocs monstrueux. (...) On n'aperçoit même plus le village de Lanildut, caché derrière la hauteur désolée des granits. »
Le | ]
La Belle Époque
En 1900 le poste de deux gendarmes à pied installé à Lanildut est supprimé.
Le journal siècle évoque en « la grande misère des pêcheurs d'Argenton, de Porspoder et de Laber [L'Aber-Ildut en Lanildut] » et l'envoi d'une délégation à Paris pour demander des secours.
En 1904 la liste radicale du docteur Le Port est réélue avec 21 voix de majorité, battant la liste menée par le royaliste de Kerros.
Le , la goélette Vierge-de-Trizien, du Conquet, drossée par la tempête et complètement désemparée, se brisa sur les rochers à l'entrée du port de Lanildut. L'équipage se sauva à la nage et parvint à gagner la terre.
Le , les biens ayant appartenu à la fabrique de l'église de Lanildut, placés sous séquestre, sont attribués au bureau de bienfaisance de Lanildut. L'inventaire de ces biens d'église avait été effectué par le percepteur de Saint-Renan, accompagné du commissaire de police de Brest, escortés d'hussards et de gendarmes, le .
La construction d'une ligne ferroviaire à voie étroite entre Saint-Renan et Porspoder via le port de Laber en Lanildut fut envisagée en 1912, mais elle ne fut jamais construite en raison de la Première Guerre mondiale.
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L'église paroissiale Saint-Ildut et le cimetière l'entourant vers 1910 (carte postale Villard).
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Lanildut porte les noms de 54 soldats et marins morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux 4 au moins sont des marins disparus en mer (Georges Thiéry, disparu en mer le lors du naufrage du croiseur cuirassé Amiral Charner ; Joseph Guichoux, disparu en mer le lors du naufrage de la canonnière Surprise ; Victor Le Guen, disparu en mer le (décoré de la Médaille militaire) lors du naufrage du dragueur Caméléon et René D'Hervé, disparu le lors du naufrage du sous-marin Diane) ; 4 au moins sont des soldats morts sur le front belge dont 3 dès les 21 ou (Charles Kermarec à Arsimont ; Georges Guillemain à Rossignol et Jean Morel à Thuin) et 1 (Yves Cleach) le à Dixmude ; 2 au moins, membres de l'armée française d'Orient, sont morts dans les Balkans (François Guillemin, caporal au 59e régiment d'infanterie territoriale, a été tué à l'ennemi en Grèce le et Laurent Chentil est mort de maladie en Roumanie le , donc après l'armistice); la plupart des autres sont morts sur le sol français (par exemple Adolphe Le Gall, décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre), à l'exception de Jean Marzin, sergent, qui est mort de maladie au Gabon.
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Le monument aux morts de la guerre 1914-1918 devant l'église paroissiale Saint-Ildut.
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Le monument aux morts de Lanildut.
L'Entre-deux-guerres
La récolte du goémon est alors une activité importante comme l'illustre cette description datant de 1936 :
« Il faut voir, en décembre, janvier, février, sur les grèves de (...) Lanildut, ces bandes de gamins en sabots pataugeant dans les flaques, les mains rouges, le visage tuméfié à force d'être battu par le vent froid, qui ramassent les grands laminaires, les stipes courts à grosse racine, particulièrement riches en iode. Parfois ils s'en vont les chercher jusque dans la mer, avançant avec peine dans l'eau glacée où ils plongent jusqu'à la taille. Les femmes entassent sur des civières pour les transporter aux lieux de séchage, les grandes brassées lourdes d'eau que les enfants ont rassemblées. »
La Seconde Guerre mondiale
Deux militaires britanniques (Andrew Jervis Hawkins et un inconnu) reposent dans le carré militaire du cimetière de Lanildut.
Marie Rosenbaum, née Rose, le à Cracovie (Pologne), de nationalité française, résidait à Lanildut ; arrêtée parce que Juive, elle est déportée par le convoi camp de Drancy vers le camp de concentration d'Auschwitz le .
Les résistants FFI de Lanildut et Brélès étaient abrités à Pérénévez en Brélès.
L'après Seconde Guerre mondiale
L'assassinat le à Lanildut de Pierre Bourioux, ancien négociant brestois, connu comme magicien sous le pseudonyme "Yann d'Armor", suivi en de l'incendie de sa maison, ne fut jamais élucidé.
Vers la fin du Landerneau et à Lannilis.
« Le port de Lanildut s'avère une véritable plaque tournante du marché de l'algue. Vingt-huit bateaux goémoniers y débarquent près de 45 % de la production nationale. La plupart des goémoniers qui ramassent les algues au large de l'Aber Ildut de la mi-mai à la mi-octobre ont un emploi d'appoint le reste de l'année. »
L'évolution des techniques de ramassage du goémon et ses conséquences
Yann Queffélec décrit en ces termes l'évolution des techniques de ramassage du goémon :
« On est goémonier à l'Aber-Ildut, chez moi, le premier port goémonier d'Europe, respect ! C'est avantageux pour l'emploi, Pour l'économie, ça l'est moins pour les fonds marins. La cueillette se fait sur les platures de l'archipel de Molène, un jardin d'Eden amphibie peuplé d'algues uniques au monde. On les capturait à la faux, jadis, du bel artisanat manuel sans danger pour l'écosystème (...). Sont arrivés les navires à « scoubidou », merveilles de la technique déprédatrice, et c'est à l'arrache qu'on a tondu les sirènes ondoyantes, extirpé du flot les rutilantes chevelures de la mer océane, en quantités industrielles désormais. Et l'arrache ayant bonne conscience, on a réfléchi que le « peigne » arrachait plus vite et mieux que le « scoubidou », et que personne n'irait jamais voir ce qu'il advenait de la mer défigurée (...). »
- http://www.infobretagne.com/lanildut.htm
- Jean-Baptiste Ogée, "Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne", tome 2, 1778, consultable https://archive.org/details/dictionnairehist02og/page/336
- Jean Kerhervé, Anne-Françoise Pérès, Bernard Tanguy, Les biens de la Couronne dans la sénéchaussée de Brest et Saint-Renan, d'après le rentier de 1544, Institut culturel de Bretagne, 1984.
- Panneau d'information touristique situé à Beg ar Groaz en Lampaul-Plouarzel.
- "Ordonnance... portant imposition pour la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne", 1759, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97412315/f8.image.r=Plovan
- Notice d'information touristique située sur place.
- Henri Sée, Les cahiers de paroisses de la Bretagne en 1789, "La Révolution française : revue historique", janvier 1904, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1163246/f507.image.r=Lanildut?rk=2660957;2
- René Kerviler, "Recherches et notices sur les députés de la Bretagne aux États-généraux et à l'Assemblée nationale constituante de 1789", Plihon et Hervé, 1885-1889, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5840514s/f229.image.r=Lanildut?rk=708158;0
- Prosper Levot, "Histoire de la ville et du port de Brest pendant la Terreur, avec un plan de la prison des administrateurs du Finistère", consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96132324/f384.image.r=Lanildut?rk=1909880;4
- René Kerviler, "Répertoire général de bio-bibliographie bretonne", 1886-1908, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5817533g/f433.image.r=Lanildut?rk=2188852;0
- A. Marteville et P. Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, lire en ligne).
- "Bulletin des lois de la République française", 1850, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486124w/f400.image.r=lanildut
- Camille Vallaux, "Étude de géographie humaine", 1905.
- Louis Chauris, "La saga des granites de l'Aber-Ildut", http://www.lanildut.fr/histoire/LanSource019.html et Louis Chauris, "Les Cahiers de l'Iroise" numéro 150, 1991.
- Philippe Krief, Paris en histoires, XIXe et XXe siècles, C. Massin, , p. 226.
- Robert Solé, Le grand voyage de l'Obélisque, Le Seuil, , p. 121.
- « », sur Arlequin ou la couleur du Monde.
- Merci de leur avoir consacré cette belle page en leur mémoire, consultable sur https://lesresidencesdocumentaires.wordpress.com/lanildut/le-goemon/historique/les-ressources-in-situ/les-differentes-carrieres/la-famille-le-moal-joubert-tailleurs-de-pierre/
- Journal Le Temps, n° du 25 janvier 1912, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k240742n/f6.image.r=Lanildut?rk=193134;0
- Journal L'Ouest-Éclair, n° du 16 septembre 1911, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k643019r/f4.image.r=Lanildut?rk=321890;0 et n° du 14 février 1912, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k643170q/f5.image.r=Lanildut?rk=879832;4
- Serj Le Maléfan, "Granites de Bretagne", Coop Breizh, 2013, (ISBN ).
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- Delphine Louis-Roux et Fabien Roux, Goémoniers, moissonneurs des mers, "Cols bleus : hebdomadaire de la Marine française", n° du 27 mai 1997, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97863545/f30.image.r=Lanildut
- Yann Queffélec, "Dictionnaire amoureux de la mer", éditions Plon, 2018, (ISBN ).
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