Commana
Localisation
Commana : descriptif
- Commana
Commana [kɔmana] est une commune française du département du Finistère, en région Bretagne
Elle fait partie du parc naturel régional d'Armorique et depuis 1989, la commune a obtenu le label « Communes du patrimoine rural de Bretagne » pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager
Elle est située sur le versant nord des monts d'Arrée.
Géographie
Localisation
Commana est une commune du Haut-Léon, à la limite de la Cornouaille ; le bourg est situé sur une butte sur le versant nord des monts d'Arrée. Le bourg de Commana se trouve à vol d'oiseau à 21 Morlaix, à 32 Carhaix-Plouguer, à 39 Brest et à 47 Quimper.
Description géographique
Deux fleuves côtiers, l'Élorn à l'ouest et la Penzé à l'est servent pour partie de limites au territoire communal, séparant Commana de Sizun à l'ouest et de Plounéour-Ménez à l'est. Les monts d'Arrée séparent Commana de Saint-Rivoal et Botmeur au sud, même si les limites communales ne coïncident pas exactement avec la ligne de crête ; au nord, la limite avec Saint-Thégonnec passe à travers le plateau du Léon sans s'appuyer sur des particularités topographiques notables.
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Commana : la cote 318 près de Croas Melar.
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Commana : anticlinal près de la cote 348 à l'est de Croas Melar.
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La Pierre bleue (schiste ardoisier) aux environs de la cote 341 Ã l'est de Croas Melar.
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Commana : sommet près de la cote 353 aux environs de Croas Melar 1.
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Commana : sommet près de la cote 353 aux environs de Croas Melar 2.
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Le bassin amont de l'Élorn vu en venant de Croas Melar et en direction de Croix-Cassée (en Botmeur).
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L'Élorn près de sa source (limite communale Commana-Sizun, section de Saint-Cadou).
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Saules marquant le tracé de l'Élorn tout près de sa source.
L'Élorn, fleuve côtier, de même que son affluent le Mougau, prend sa source dans les tourbières des monts d’Arrée, au pied du versant nord du Tuchen Kador, à un peu plus de 300 . L'humidité climatique fréquente du versant nord des monts d'Arrée (1 400 Brest) entraîne un régime hydrologique tempéré océanique pour ce fleuve côtier.
En 1979 a commencé la construction du barrage du Drennec pour sécuriser l’alimentation en eau de l'agglomération brestoise, à la confluence du Mougau et de l’Élorn ; ce barrage a pour but de soutenir le débit d’étiage de l’Élorn et de faire fonctionner les usines de production d’eau potable situées en aval. Ce barrage, situé sur la commune voisine de Sizun, a entraîné la création d'un lac-réservoir, le lac du Drennec de 110 ha, profond au maximum de 20 mètres, situé pour une large partie sur le territoire de Commana.
Les deux fleuves côtiers ont permis par le passé l'installation de douze moulins : Jean-Baptiste Ogée note la présence de douze moulins situés aux lieux-dits Coat ar Roc'h, Restencaro, Kerouat, Mougau, Neuf, à eau. Certains moulins subsistent : sur la Penzé, les moulins de Restancaroff et du Bois de la Roche, sur l'Élorn les moulins de Kerouat, transformés désormais en écomusée par le parc naturel régional d'Armorique.
Ce lac a suscité un modeste développement touristique : deux plages aménagées, pratique de la voile, sentier de randonnée long de 7,5 . Ce lac est aussi classé en première catégorie pour la pêche à la truite.
La tourbière du Mougau, au pied du versant nord des monts d'Arrée, est dotée d'un sentier d'interprétation ouvert en 1999, long de six kilomètres.
La qualité des eaux provenant des monts d'Arrée a permis la création d'une entreprise, la société Roxane, implantée sur la zone industrielle de Ty-Douar, qui embouteille les eaux de source et les commercialise sous le nom de Monts d'Arrée.
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Cadre géologique
La commune est localisée dans la partie occidentale du Massif armoricain, à la limite septentrionale du domaine centre armoricain. Ce domaine est composé essentiellement de terrains appartenant à un bassin sédimentaire qui s'allonge sensiblement en direction W-E, depuis la baie de Douarnenez jusqu'au bassin de Laval. Ce bassin est principalement constitué de schistes briovériens (sédiments détritiques essentiellement silto-gréseux issus de l'érosion du segment occidental de la chaîne cadomienne, accumulés sur plus de 15 000 métamorphisés), formant un socle pénéplané sur lequel repose en discordance des formations paléozoïques sédimentaires (formations siluro-dévoniennes constituées de schistes, phyllades et quartzites). Ces formations ont été déposées dans le bassin marqué par une forte subsidence, puis métamorphisées et déformées lors de l'orogenèse varisque (plis d'orientation préférentielle N 110° et plusieurs familles de failles d'orientations différentes).
La fin de l'histoire varisque se caractérise par le fonctionnement d'un grand accident crustal, le cisaillement nord-armoricain (CNA) qui guide la mise en place de granites. La partie septentrionale du territoire communal se situe sur une formation de type granite calco-alcalin à deux micas qui correspond au massif granitique de Commana-Plounéour, appelé aussi granite des monts d'Arrée. Le CSA décale d'une vingtaine de kilomètres le massif de Commana de celui de Plouaret. Au passage du CNA, le massif de Lannéanou fortement déformé, permet la jonction entre le massif de Commana-Plounéour et celui de Plouaret. Ces massifs font partie d'un ensemble plus vaste, le batholite médio-armoricain. Dans la partie méridionale de la commune, sur le versant des monts d'Arrée affleurent des schistes ardoisiers (désignés localement « pierre bleue ») et des grès d'ère primaire. Ces roches sont les témoins d'une pénéplanation très ancienne à l'ère primaire suivie d'un resoulèvement à l'ère secondaire, contrecoup des plissements pyrénéen et alpin.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 . Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 amplitude thermique annuelle de 11,5 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Sizun à 9 vol d'oiseau, est de 11,2 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- http://educatif.eau-et-rivieres.asso.fr/pdf/elorn.pdf
- Jean Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la Bretagne, vers 1780, réédition Molliex, Rennes, 1843
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- Nicolas Esteves, « », sur geopark-armorique.fr, .
- Philippe Guillet, Jean-Luc Bouchez, Jean-Louis Vigneresse, « Le complexe granitique de Plouaret (Bretagne) : Mise en évidence structurale et gravimétrique de diapirs emboités », Bulletin de la Société Géologique de France, DOI 10.2113/gssgfbull.I.4.503).
- Suzanne Durand et Hubert Lardeux, Bretagne, Masson, , p. 74.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Toponymie
Le nom de Commana proviendrait des mots bretons cum (vallée) ou komm (auge) et de sainte Anne, en raison selon la tradition locale, d'une auge de pierre contenant une statue de sainte Anne qu'on aurait trouvé à l'emplacement de l'église (mais qui serait[Selon qui ?] en fait une statue de Vénus que les habitants auraient christianisée en sainte Anne). Ce serait l'origine du culte de sainte Anne dans la paroisse. La légende dit que l'église devait être construite à Quillidiec, hameau situé au nord-ouest du bourg actuel, mais les blocs de granite qu'on posait le jour disparaissaient mystérieusement la nuit. Alors, pour satisfaire aux désirs de Dieu, les bâtisseurs chargèrent les pierres sur une charrette qu'ils attelèrent à deux bœufs. On laissa aller l'attelage à son gré : il s'arrêta sur le mamelon le plus élevé ce qui expliquerait le site perché du bourg de Commana.
Mais selon les chanoines Peyron et Abgrall, il est probable que cette explication du nom de Commana fut « imaginée après coup […] lorsqu'on a perdu de vue le sens du vieux mot Coummand, coummanha qui veut dire donner une terre en fief, inféoder », en commande. Cette interprétation a été cautionnée plus récemment par Louis Richard.
- Auguste Laurent, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1875
- « », sur infobretagne.com (consulté le ).
- http://kergranit.free.fr/Textes/Commana.htm
- Chanoines Peyron et Abgrall, Bulletin de la Commission diocésaine d'architecture et d'archéologie, Quimper, mai-juin 1906, page 135
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Histoire
Des origines à la fin du Moyen Âge
De nombreuses traces d'une présence humaine ancienne existent à Commana : allée couverte du Mougau-Bihan étudiée par Jean L'Helgouach (environ 3 000 et son mobilier funéraire retrouvé (poignards, hache emmanchée), dolmen au Bois de la Roche, plusieurs sites de l'âge du fer à Quillidiec, Kerouat, traces d'un édifice gallo-romain et de fortifications médiévales au Bois de la Roche, etc. Des statuettes d'Isis, déesse égyptienne, auraient même été retrouvées par Yves Le Diberder au pied du Roc'h Trévézel, mais leur identification reste contestée et même douteuse et leur présence éventuelle inexpliquée.
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stèle christianisée sur la place du champ de foire.
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Commana : l'allée couverte de Mougau Bihan.
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Commana, Mougau Bihan, vue intérieure de l'allée couverte.
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La croix de Croaz Melar (censée commémorer la bataille de 1169).
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La fontaine Saint-Jean au Mougau (restaurée par l'association « Lichen »).
La paroisse était initialement englobée dans celle beaucoup plus vaste de Sizun, mais la paroisse de Commana est mentionnée dès le Pierre Le Baud. L'auteur raconte qu'en 1169 (ou 1170, ou 1171) le duc de Bretagne Conan IV, allié du roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt aurait lourdement battu à Croaz-Melar en Commana le vicomte de Léon :
« Oudit an aussi [1169 ?], selon Guillaume d'Armoricque, fut expulsé & debouté de son siege Haman Euesque de Leonense, par le Vicomte Guihomar son frere : pour laquelle chose le Duc Conan assembla son exercite, et auec ledit Hamon Euesque entra en la terre de Leon, & fist bataille contre celuy Guihomar & ses fils, lesquels il desconfilst jouxte Commanna, en vn lieu qui est dit Methueot, lequel est interpreté : Ce fut honte. Et de ce rapportent les Annaux, que Conan assembla en Leon auec le Vicomte Guihomar, & qu'apres ce qu'il eut prins & occis multitude de Leonenses Conan obtint victoire : & dient aussi que ce fut en celuy an, & qu'il y eut terrible famine en Bretagne. »
Guiomar IV. Une croix monumentale implantée à cet endroit est censée commémorer ce fait d'armes.
Le blason de Commana est inspiré de ce combat. La paroisse est indiquée alors comme une simple trève de Berrien au frairies ou cordelées : Kerangouly, Restamaroff, La Garenne, Le Mougeau, Kermabil, Linguinou, Quillidiec, Perroz et Kergoat.
Une commanderie aurait été créée dès le Hospitaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem implantés dans la paroisse voisine de La Feuillée. "Dans la paroisse de Commana se trouvait le membre de Saint-Jean de Mougoult. Là s’élevait une chapelle en l'honneur de saint Jean-Baptiste, reconstruite en 1659, renfermant trois autels, entourée d'un cimetière et accompagnée d'une « belle fontaine avec niche pour la statue de saint Jean ». Selon Amédée Guillotin de Corson, "le commandeur avait ses armoiries dans la maîtresse-vitre et en nommait le chapelain, qui était en 1617 dom Jean Gorret (visite de 1617). À côté, les eaux des deux étangs de Mougoult faisaient tourner le moulin de la Commanderie. Les villages de Mongoult, Kerhamon-Moal, Penanroz, Kerdreinbraz, Peintrès, Quillidiec et Kerfornèrit, avec une vingtaine de tenues, relevaient du commandeur ; le dernier de ces villages est signalé en 1160 comme appartenant déjà , aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ; il est appelé dans la charte « Kaerfornerit in Commana ». Notons encore les dîmes de Mougoult, qui étaient en 1691 affermées 213 livres (déclaration de 1697). La chapelle Saint-Jean de Mougoult, alors sous le vocable de Saint-Jean-du-Doigt, existait encore pendant la première moitié du continuateurs d'Ogée.
La seigneurie et le manoir du Bois de la Roche (Coat ar Roch)
Les traces d’un important édifice gallo-romain avec hypocauste, système de chauffage souterrain, ont été mises au jour dans la seconde moitié du .
Le lieu noble de Coat ar Roch est attesté dès 1481 ; les seigneurs les Kermellec, puis les Cornouaille et les Bouvans, du début du Laurens de la Barre) détenaient les droits de basse justice, moyenne justice et haute justice. Les seigneurs du Bois de la Roche avaient le privilège de porter la chaise de l’évêque du Léon lors de son entrée dans sa ville épiscopale de Saint-Pol. Au Lesneven, possédée alors par les seigneurs du Bois de la Roche, dénommé aussi alors château de Bouvans, du nom de la famille qui en est alors propriétaire. Le retable de Sainte-Anne, dans l'église paroissiale, est orné d'un écusson aux armes de Gabriel de Bouvans, seigneur du Bois de La Roche, « fondateur et seul prééminencier de ladite église ». Dans leur manoir, les seigneurs étaient à la tête d'un important domaine seigneurial, possédaient leur chapelle disparue dans le cours du .
« Le Bois de la Roche, en Commana, qui embrassait dans son fief la plus grande partie de cette paroisse, relevait anciennement de Penhoët ; au , et ainsi il réunit la paroisse entière, qu'il appela "seigneurie de Commana" et dont il porta l'hommage directement au Roi. Remarquons qu'à une époque relativement moderne, le manoir du Bois de la Roche en Commana fut appelé château de Bouvans, du nom de ses derniers possesseurs. »
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Le manoir du Bois de la Roche 1 (état en 2011).
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Le manoir du Bois de la Roche 2.
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Le manoir du Bois de la Roche et sa vasque.
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L'étang du manoir du Bois de la Roche.
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Le calvaire du Bois de la Roche près du pont sur la Penzé.
La fontaine du Bois de la Roche subsiste près du site de l'ancienne chapelle Saint-Roc'h qui existait encore au début du . En 1906, la fontaine était encore fréquentée et l'on continuait « à y plonger les enfants malades, pour obtenir leur guérison par la protection du saint (saint Roch) qui est si invoqué dans les épidémies ».
Au châtellenie de Daoudour est subdivisée en deux juridictions : celle de "Daoudour-Landivisiau", dite aussi "Daoudour-Coëtmeur", qui avait son siège à Landivisiau et comprenait Plouvorn et ses trèves de Mespaul et Sainte-Catherine, Plougourvest et sa trève de Landivisiau, Guiclan, Saint-Thégonnec, Guimiliau, Lampaul-Bodénès, Pleyber-Christ, Commana et sa trève de Saint-Sauveur, Plounéour-Ménez et pour partie Plouénan ; et celle de "Daoudour-Penzé", qui avait son siège à Penzé et comprenait Taulé et ses trèves de Callot, Carantec, Henvic et Penzé, Locquénolé, Saint-Martin-des-Champs et sa trève de Sainte-Sève.
Le seigneur de Commana avait ses patibulaires dans le bourg et sa justice à quatre piliers dans la Montagne d'arrée, sur un rocher.
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En 1645, une contestation éclate entre le seigneur de Poulpry et des paroissiens de Commana, qui font remarquer au seigneur que la vitre de la chapelle du Sauveur leur appartient car « d'ancienneté les contremarques des dits paroissiens estoit dans la vitre au-dessus de l'autel du Saint-Sauveur, y ayant les faulx, des cognées, charrettes et autres ustensiles de labourage ». Cette controverse prouve une certaine aisance de la part des paysans paroissiens qui imitent les nobles pour marquer leurs droits de fondateur sur telle ou telle partie de l'église. Cette piété ostensible n'empêche pas parfois des mouvements d'humeur à l'encontre du clergé : en juillet 1675, Yves Croguennec, recteur de Commana, est outragé par certains de ses paroissiens « d'une infinité de coups ». Il est vrai que la région est alors en pleine révolte des Bonnets rouges.
La confrérie du Saint-Sacrement de Commana en 1671 a fait l'objet d'un article détaillé de Claude-Youenn Roussel.
En 1777, le recteur de Commana écrit, à propos des bannières portées lors des pardons que dès qu'elles « sont hors de l'église (...) on se les arrache » et on se plaît à « les porter rasant la terre (...) », parfois certains « les laissent tomber, ce qui occasionne des huées » ; en effet, les processions étaient pour les jeunes gens l'occasion de « faire montre de leurs forces ».
Commana se trouve sur un axe ancien de communication. Jean-Baptiste Ogée vers 1780 écrit : « Il paraît certain que la voie romaine de Carhaix à Plouguerneau se dirige par les environs du Huelgoat par Comanna, Gul-Milliau [Guimiliau], Lan-Paul [Lampaul-Guimiliau]. […]. Monsieur de Kerdanet (...) assure que cette voie est encore fréquentée comme le chemin le plus court de Lesneven à Carhaix, qu'on y trouve des colonnes milliaires ».
La paroisse de Commana faisait partie de l'archidiaconé de Léon relevant de l'évêché de Léon et était sous le vocable de Saint-Derrien. Elle avait comme trève Saint-Sauveur, devenue commune indépendante en 1790.
Jean-Baptiste Ogée vers 1780 décrit ainsi Commana : « Commana fait partie de la montagne d'Arès. Le sol est pierreux et peu profond. Il y a beaucoup de terrains communaux qui se partagent avec les villages avoisinants. La mendicité est fréquente. il en est de même des maladies psoriques ».
Fin bidet breton en fait]. On fait aussi des élèves de bestiaux, notamment des moutons ».
La Révolution française et le | ]
Les deux députés représentant la paroisse de Commana lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le
Mais la pauvreté restait grande. Le curé de Commana écrit, dans une enquête sur la mendicité dans le Léon, effectuée par l'évêque de Léon, Jean-François de La Marche, en 1774 : « Il y a, dans la paroisse de Commana et trève, 20 familles de gens aisés et autant de familles de mendians, mais il faut observer que, dans chaque famille ou maison aisée, il n'y a qu'un aisé à compter qui est le chef ou le maître, qui est le seul qui représente et qui donne, au lieu que, dans chaque famille de mendians, il y a plusieurs à compter : le père, la mère et jusqu'à cinq à six enfans. Mais à ne compter que trois par chaque famille de mendians, cela ferait 300 mendians. Les familles riches ne fournissant que 120 aisés, il en résulte que le nombre des mendians est triple du nombre des aisés ». Le curé estime la population de la paroisse à 2 500 habitants à cette date. Il se plaint aussi que « n'y ayant pas dans mon bourg une bonne auberge pour recevoir, […] m'étant impossible de refuser l'hospitalité à d'honnêtes voyageurs », cela lui entraîne des frais.
Le curé de Commana attribue plusieurs causes à cette importante mendicité l'essor de l'activité toilière : « Tous adonnés au commerce de toiles blanches, ils négligent les terres, les labourent mal et à la hâte. D'autres […] les abandonnent pour dévider, ourdir et faire de la toile ». Il accuse aussi l'abondance des foires et marchés à Commana : « L'on y va en foule pour mendier ou pour voler, ou enfin pour avoir l'occasion de boire et dépenser ». Les terres pourtant ne manquent pas pour y faire paître son cheptel : « Un tiers du terrain de la paroisse est sans clôture, vague et abandonné au public », mais « le pays est infesté de loups ». Le grand nombre des infirmes un dixième de la population selon lui), le manque de volonté de travailler mais aussi le manque de travail, le trop grand nombre de jours de fêtes sont les autres causes évoquées.
Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, la totalité de la population communale en 1836, soit 2 691 personnes, est considérée comme agricole. La répartition de l'occupation des terres est alors la suivante pour une superficie totale de 3 997 hectares : 1 635 ha de terres arables (41 % de la superficie totale), 1 625 ha de landes et bruyères, 131 ha de bois, taillis et plantations, 390 ha de prairies naturelles ; la commune possédait alors 12 moulins en activité. Les paysans de Commana cultivaient à l'époque 327 ha d'avoine, 163 ha de froment, 163 ha d'orge, 108 ha de seigle, 196 ha de sarrasin, 16 ha de lin, 14 ha de chanvre, 33 ha de navets, betteraves, carottes et choux (dont 26 ha de navets et 7 ha de choux), 82 ha de trèfle, 82 ha de pommes de terre, 1 517 ha d'ajoncs d'Europe, 490 ha restant en jachère, et élevaient 237 chevaux (219 mâles, 4 juments, 4 poulains), 950 bovins (dont 450 vaches), 350 porcs, 921 ovins (58 béliers, 218 moutons, 365 brebis, 280 agneaux), 21 caprins (6 boucs et 15 chèvres), 500 poules et 350 coqs, 30 canards, et possédaient 350 ruches à miel.
Alain Lizzin, né le à Commana, soldat au Second Empire à la bataille de Solférino au cours de laquelle il fut blessé à la région lombaire par un projectile.
Le pourcentage de conscrits illettrés à Commana entre 1858 et 1867 est de 66 %.
L'industrie de la toile
Depuis le lin et au chanvre, probablement grâce à l'impulsion suscitée par les moines de l'abbaye du Relec située dans la paroisse voisine de Plounéour-Ménez, s'est développée à Commana, permettant entre autres l'ascension sociale des juloded et le financement de la construction de l'enclos paroissial.
Le lin est essentiellement cultivé dans les paroisses côtières, très peu sur le plateau léonard et pas du tout dans les paroisses de l'Arrée. Cependant, l'abondance des eaux de surface dans cette région permet le rouissage et le blanchissage des fils de lin. Le tissage est facilité par l'humidité ambiante qui évite au fil tendu sur le métier de casser. En 1799, la présence de paysans-marchands de toiles (les juloded) est attestée dans 17 hameaux de Commana. Un habitat cossu se développe alors, les familles commanditaires, souvent apparentées entre elles, appartenaient aux classes rurales dirigeantes, exploitants de domaines ruraux ou, parfois, marchands de toiles. Le nom de certaines familles est connu : Cam à Runtan, Yves René Fagot à Kerouat, Prouf et Le Maguet à Restancaroff, Baron, Picart et Martin à Ponclet Izella, Martin et Prouf à Pengoaziou, Pouliquen et Iolus à Pentreff par exemple. Une vingtaine de maisons de cette époque subsistent par exemple dans les hameaux de Brézéhant, Mougau, Kervéroux, Ponclet Izella, Quillidiec, Restancaroff.
À la fin du . Mais les guerres de la Révolution française et de l'Empire ruinèrent cette industrie naissante, qui subsista toutefois jusqu'à la fin du XIXe siècle.
De nombreuses anciennes maisons de tisserands, reconnaissables à leur architecture bien particulière, sont encore visibles dans la campagne de Commana. 59 kanndi ont été recensés sur le territoire communal par l'association Lichen dont trois dans le village de Resloas où des traces de débitage d'une cuve de buanderie restée inachevée sont encore visibles. Un kanndi (buanderie) est conservé à Créac'h Goarniel et un autre à Rozonoual.
Les transports, les foires et marchés
La situation de Commana sur l'axe Carhaix-Landerneau a longtemps profité à la localité placée sur le tracé de la voie romaine Vorgium (Carhaix) - Gesocribate (Brest), puis de la route royale devenue route nationale 164 qui reliait Ancenis à Landerneau, puis Brest, dont le tracé traditionnel passait par Huelgoat, La Feuillée, Commana, Sizun et Landerneau. C'est en 1973 que cet axe fut déclassé au profit de l'axe allant de Carhaix à Châteaulin, désormais voie expresse. Cette situation sur une route royale n'avait pas que des avantages : Commana dut loger des troupes à maintes reprises : deux fois en 1779 (un détachement du régiment du Roi-dragon), une fois en 1780, une autre fois en 1781, etc.
Foires et marchés ont longtemps fait la réputation de Commana. Ils remontent au moins au . On exporte « beurres, graisses et suifs ». Les marchés ont apparemment disparu depuis longtemps, mais les foires ont survécu jusqu'en 1968 les derniers mardis de chaque mois, la plus importante étant la foire Saint-Michel, fin septembre. Commana compte pendant la deuxième moitié du Landivisiau et de La Martyre : « Les acheteurs, tous vêtus d'une blouse noire, un pen-baz [bâton] à la main et les boutou-coat [sabots] aux pieds, se promènent parmi les animaux, s'arrêtent, tâtent l'animal, l'examinent de la tête aux pieds ». C'était surtout des foires aux chevaux (de 200 à un millier parfois ; 500 en moyenne) car Commana fut longtemps un centre très prospère d'élevage des chevaux. Ces foires et marchés étaient une aubaine pour le commerce local. Dans l'enquête sur la mendicité dans le Léon ordonnée en 1774 par Jean-François de la Marche, le recteur de Commana réclame une diminution du nombre de foires et marchés, où l'on va « pour avoir l'occasion de boire et dépenser ». La dernière foire fut organisée en 1968, les chevaux se faisant de plus en plus rares dans les exploitations agricoles de la région.
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Commana : le marché aux vaches vers 1908 (carte postale Guivarch).
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Commana : la foire aux chevaux vers 1910.
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Vieille femme de Commana vers 1910 (carte postale ND Photo).
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Homme de Commana vers 1920 (carte postale François Joncour).
Pendant les premières décennies du Chemins de fer armoricains, mis en service en 1912, surnommé ainsi à cause de son allure réduite et de sa démarche poussive (30 Plouescat à Rosporden, à travers les monts d’Arrée via le Roc'h Trédudon, mais la ligne fut supprimée en 1934. La gare était située près de Ty-Douar.
Sous le nom de « foire à l'ancienne », la foire Saint-Michel renaît depuis 1989, mais n'a pas retrouvé son lustre d'antan. Son animation hétéroclite, avec la participation de commerçants non sédentaires et des déballages divers d'artisans, d'artistes, de produits régionaux connaît le succès : 9 000 visiteurs pour l'édition 2009, 7 à 8 000 pour l'édition 2010.
Les ardoisières et les carrières de granite
L’exploitation des ardoises a jadis constitué une activité très importante dans le Centre-Finistère ; il semble qu'elles ont été exploitées à Commana à partir du milieu du Monuments historiques ; mais les veines assez pauvres, né permettaient que rarement aux carriers de vivre exclusivement de cette activité ; la plupart étaient aussi paysans.
À Commana, vers 1900, on estime le nombre des carrières à environ 150 (à ciel ouvert et situées sur le versant nord de la montagne) employant 400 ouvriers sur le territoire de la commune, sans compter celles exploitées dans les communes voisines (Plounéour-Ménez et Saint-Cadou en Sizun). « Les carriers apprenaient le métier dès l’âge de 10 ou 11 ans, lorsqu’ils accompagnaient leurs parents les jeudis et durant les vacances. Les femmes comme les hommes travaillaient aux carrières. Le voyage entre le bourg et les ardoisières se faisait à pied le matin comme le soir, dans la brume et le froid, sous la pluie et dans le vent de jour comme de nuit. Sous le soleil et les lourdes chaleurs, les boutoù-koat au pied, il fallait trois quarts d’heure de marche pour atteindre les carrières. Les journées de travail pouvaient durer jusqu'à 12 ou 14 heures, passées à extraire, fendre et tailler la pierre. Seule la neige pouvait contraindre les ouvriers à chômer ».
En 1946 seules quatre carrières étaient encore en activité. La production a atteint son apogée dans la décennie 1950-1960, déclinant ensuite rapidement sous les effets de la concurrence des ardoisières de Trélazé (« ardoise d'Angers »), puis étrangères, espagnoles surtout. Aujourd'hui, l'extraction est arrêtée. La réouverture de carrières pour trouver des veines d'ardoise n'est pas rentable mais depuis 2008, les frères David et Arnaud Coat recyclent l'ardoise de vieilles toitures de granges (remplacées par des bac en acier) pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine local.
Des carrières de granite ont existé depuis au moins la fin du Plounéour-Ménez.
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La Belle Époque
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 par François-Virgile Dubillard, évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation du breton par les membres du clergé, le recteur de Commana, l'abbé Laurent, écrit : « Il n'y a pas une personne sur cinquante sachant un peu de français qui soit capable d'entendre, avec fruit, une instruction [religieuse] française, si simple soit-elle » ; il ajoute : « Tous nos enfants apprennent en breton leurs prières (...), c'est leur langue unique. À l'école, quand on les y envoie, on les initie à la langue française, mais avant qu'ils puissent l'entendre suffisamment, le temps du catéchisme est passé ». Le même recteur ajoute : « Dans nos montagnes à six ou sept lieues de tout grand centre, la langue française est très peu en usage » et « Nos montagnards, quoiqu'assez bons chrétiens, ne sont pas des modèles de patience et je suis certain qu'un sermon français irriterait profondément la masse de la population qui n'y comprendrait rien ». Répondant en 1904 à une enquête de l'inspection académique un instituteur de Commana précise qu'« plus des trois-quarts des enfants comprennent et parlent le français assez couramment ».
Le , Laurent, curé de Commana, fait partie des 31 prêtres du diocèse de Quimper dont les traitements sont retenus par décision du gouvernement Combes « tant qu'ils ne feront pas emploi de la langue française dans leurs instructions et l'enseignement du catéchisme » car ils utilisaient le breton.
Les guerres du | ]
Le monument aux morts de Commana porte les noms de 126 morts pour la France originaires de la commune dont 119 pendant la Première Guerre mondiale et 7 pendant la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs Commanéens ont fait partie des réseaux de résistance ou ont été déportés pendant la Deuxième Guerre mondiale, parmi eux :
- Robert Pichon, né le
- Jean Baptiste Sissou, né le
26 juillet 1911 à Commana, déporté à Meppen-Versen (matricule : 44230), décédé le2 décembre 1944 à Meppen-Versen (Allemagne) ; - Charles Goulard né le 18 juin 1922, fils de François Goulard, le forgeron, a pris beaucoup de risques en devenant réfractaire au STO. Très jeune, la nuit, sur sa moto, il narguait les Allemands en se déplaçant de village en village pour distraire les populations. C'était l'excellent accordéoniste et saxophoniste du célèbre orchestre des monts d'Arrée. Il est décédé le 10 juin 2003 à Plœmeur dans le Morbihan.
« La Montagnarde », coopérative agricole
Créée avant la Seconde Guerre mondiale, la coopérative agricole « La Montagnarde » a été pendant l'Entre-deux-guerres présidée par François Crenn, et François Manac'h devint son gérant à partir du
Le retour de la foire aux chevaux
La foire aux chevaux de Commana, disparue depuis 1968, a été relancée en 1989.
- L'allée couverte de Mougau-Bihan date de la fin du Néolithique et a été érigée pour servir de sépulture collective vraisemblablement à plusieurs centaines de corps de membres d'une communauté de chasseurs-cueilleurs. Longue de 14 mètres, sa largeur intérieure est comprise entre un mètre et un mètre quarante. Des gravures ornent l'intérieur de la chambre funéraire, dont des représentations de la déesse mère et de femmes symbolisées par des paires de seins et, selon l'abbé Breuil, un aviron de gouverne de bateau qui représenterait « le vaisseau psychopompe dédié au voyage des âmes vers un autre monde », une hache dont le manche est recourbé en crosse, etc. (selon Michel Le Goffic, archéologue départemental du Finistère, revue Penn ar Bed no 120, février 2011)
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- Memorialgenweb.org - Commana : monument aux morts
- D'après les écrits rédigés par François Manac'h, et le bulletin municipal d'informations de Commana, consultable http://www.commana.fr/cities/712/documents/qc6tc3elvxbr59.pdf
- Thierry Jigourel, "Le cheval en Bretagne", éditions Coop Breizh, 2017.
Héraldique
|
Le blason de Commana. |
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