Déservillers
Localisation
Déservillers : descriptif
- Déservillers
Déservillers est une commune française située dans le département du Doubs, la région culturelle et historique de Franche-Comté et la région administrative Bourgogne-Franche-Comté
Les habitants se nomment les Desevias.
Géographie
Communes limitrophes
Éternoz | Amancey | |||
N | Bolandoz | |||
O Déservillers E | ||||
S | ||||
Montmahoux | Levier (Labergement-du-Navois) |
Géologie et relief
Déservillers est situé à une altitude comprise entre 611 mètres et 866 mètres, sur le rebord du deuxième plateau du Jura, à l'est de Besançon, dans le Doubs. Vers l'Ouest, la vue est impressionnante et dépasse le faisceau bisontin situé à 30 Mont Blanc (cf.: la photo à la fin de cet article) coiffe une longue série de crêtes anticlinales allongées en fuseau (cf.: la photo plus bas). Le finage du village est à cheval sur plusieurs terroirs complémentaires : au centre, le village sur le pli-faille où émergent les sources ; à l'ouest le terroir de plateau calcaire (appelé plateau d'Amancey) qui fournit les céréales (blé et orge aujourd'hui, mais aussi avoine dans le passé), plateaux secs karstiques avec des avens ; à l'est du village, gouffres et grottes sur les failles, offrant les pâturages communaux (appelés les Crêtes), ainsi que des prés humides (Prés neufs, Prés de la Vieille-Folle, la Broche) sur quelques couches marneuses d'âge secondaire, plus humides et très exploités aussi dans cette région d'élevage. La commune compte, évidemment, des forêts mixtes de feuillus et résineux, propriétés communales et privées.
Cette complémentarité est celle de tous les villages du pli-faille qui court de la haute vallée de la Loue jusqu'à Salins-les-Bains (accident géologique appelé faisceau salinois). Elle explique en partie l'orientation vers des activités d'élevage depuis le Moyen Âge qui fut un âge d'or dans la région grâce aux mines de sel de Salins, avec la possibilité de nourrir de grosses communautés et la mise en place d'une culture fromagère précoce. Les "vachelins" fabriqués dans les fermes deviendront plus tard les meules de gruyère, désignées depuis les années 1980 par l'appellation Comté.
La géographie karstique du sous-sol de Déservillers est bien connue. Jadis, les paysans se servaient de ces gouffres (celui des Biefs Boussets, par exemple) pour y déposer les cadavres de leurs vieux chevaux. Ce qui explique la pollution qui fut éradiquée grâce à ces missions de spéléologie et l'installation d'une station d'épuration dans les années 1990, traitant aussi les eaux de la fromagerie. Les cinq gouffres sont les ouvertures sur le onzième réseau souterrain de France, le Verneau souterrain, dont la résurgence se trouve à Nans-sous-Sainte-Anne, à huit kilomètres de là. Plus de trente trois kilomètres de galeries ont été explorées et cartographiées (situation en 2001). Du 5 au 9 janvier 2008, six spéléologues ont été bloqués par la montée des eaux due à un redoux entre les Biefs Boussets et Nans-sous-Sainte-Anne. En raison de la dangerosité de la traversée (et des frais élevés des sauvetages), une autorisation est nécessaire pour effectuer la traversée.
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat de montagne, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat semi-continental et est dans la région climatique Jura, caractérisée par une forte pluviométrie en toutes saisons (1 000 à 1 500 .
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 8 amplitude thermique annuelle de 16,6 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Coulans », sur la commune d'Éternoz à 3 vol d'oiseau, est de 10,5 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 259,2 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 38,7 ,,.
Les paramètres climatiques de la commune ont été estimés pour le milieu du siècle (2041-2070) selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre à partir des nouvelles projections climatiques de référence DRIAS-2020. Ils sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
Toponymie
Déservillers en 1243 ; Desserviller en 1259 ; Deserviler en 1260 ; Deservelers en 1275 ; Deserviller en 1369 ; Dessertveller en 1392.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
- « », sur fr.distance.to (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
- « », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
- « », sur drias-climat.fr (consulté le ).
- « », sur meteofrance.com, (consulté le ).
- Jean Courtieu, Dictionnaire des communes du département du Doubs, t. 3, Besançon, Cêtre, .
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Toponymie
Déservillers en 1243 ; Desserviller en 1259 ; Deserviler en 1260 ; Deservelers en 1275 ; Deserviller en 1369 ; Dessertveller en 1392.
- Jean Courtieu, Dictionnaire des communes du département du Doubs, t. 3, Besançon, Cêtre, .
Histoire
Dans le Dictionnaire des communes de l'historien Jean Courtieu (t. 3, Besançon, Cêtre, 1984), le plateau d'Amancey et Déservillers ont été peuplés à l'âge du bronze (plusieurs objets, dont des bracelets, une boucle d'oreille et un bandeau de bronze estampé datant de cette époque ayant été trouvés au XIXe siècle attestent de cette occupation. A l'époque romaine, la villa des Egliseries entre Déservillers et Bolandoz signale déjà des cultures de qualité et un défrichement.
Au cœur du Moyen-Age, Déservillers vit un âge d'or : il a déjà une église, la famille de Scey avait des droits de patronage sur l'église en 1243 et les donna cette année-là à l'abbaye de Buillon créée au XIIe siècle. En 1250, le chapitre métropolitain de Besançon acquit ce titre. En 1407, Hugonin de Scey, seigneur de Fertans, reconnut tenir en fief de l'archevêque, le droit de présentation à la cure. La paroisse de Déservillers a compté aussi Labergement du Navoy, les hameaux de l'Ermitage, Palantin, la Broche et une partie des moulins de Rochanon.
Selon J. Courtieu, plusieurs familles étaient possessionnées dans la région, notamment les Montmorot, les Andelot, les Malans, les Vaudrey, les Cléron. La grande famille des Chalon, propriétaire des mines de sel de Salins, s'implante sur les plateaux du Jura et parvient à s'emparer de la presque totalité de la paroisse, très bien située entre leur forteresse de Montmahoux et la ville de Salins. En 1259, Gaucher d'Andel reconnait tenir en fief de Jean de Chalon tout ce qu'il y avait à Myon, Eternoz et Déservillers. En 1272, Jehan de Chalon-Arlay son successeur, achète d'autres biens, tels ceux de Perrin de Malans. Quant à la famille de Scey, première implantée, Jean de Chalon lui achète une forêt sous le village en 1282 et tous les autres biens en 1286.
La cohabitation dure jusqu'au XVIe siècle lorsqu'en 1523, Marguerite d'Autriche, souveraine du comté de Bourgogne, accorde aux habitants de Déservillers le partage et la propriété de leurs communaux. L'ère des Chalon est achevée. En 1670, alors que la Franche-Comté va bientôt passer sous les fourches de Louis XIV, les habitants se reconnaissent "bons et fidèles sujets de Sa Majesté à cause de sa Seigneurie d'Ornans et qu'à icelle appartient toute justice, haute, moyenne et basse et spécialement sur leurs communaux". Réunie à la France en 1674, la seigneurie de Déservillers fut achetée en 1697 par François Simonin d'Ornans et Pierre Patouillet, un marchand de Salins dont le nom restera attaché à Déservillers où sa descendance bâtira un château au Sud du village avec un parc fermé jusqu'au XXe siècle (la famille est toujours existante).Le village est touché par la terrible guerre des Dix-Ans, la peste en 1636 qui fauche les deux-tiers des habitants. Au XVIIIe, le village dépend de la châtellenie de Fertans.
Quand les premières données statistiques apparaissent à la fin du XVIIe siècle (1688), on compte 238 bêtes à cornes, 40 chèvres, 200 moutons et 19 chevaux. En 1795, peu de changement.
On mesure depuis le XVIe siècle la grande stagnation de la population depuis les statistiques données par Jean Courtieu : 1593 : 72 feux (familles), 390 habitants. 1614 : 54 feux. 1657 : 163 habitants. 1688 : 35 feux, 184 habitants. 1783 : 80 feux. 1790 : 577 habitants. Pour avoir une idée de l'évolution des patronymes, Jean Courtieu cite un recensement des noms de famille en 1750 : Bataillard, Besson, Bulle, Carré, Chatelain, Comte, Crétin, Demontrond, Fumey, Gobe, Grey, Guion, Labé, Lamy, Méneguin, Ménétrier, Micaud, Monnerot, Nicod, Panier, Plume, Pone, Raton, Rouge, Saucet, Tournier, Vautier, Vernu. Vingt-et un noms ont disparu en trois siècles.
En 1766, un appel de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche souhaitant repeupler ses Etats dévastés par les guerres en appelant des familles "sachant travailler la terre" est entendu par des familles de Déservillers. Jean Courtieu a bien documenté cet épisode qui voit plusieurs dizaines de familles - dont les Grey et les Comte - quittèrent le village et les villages voisins du bailliage d'Ornans vers l'an 1770 pour s'installer, après bien des déboires, en Moravie méridionale l'année suivante, créant la colonie de Čejč. Les Français eurent la chance de rencontrer un certain baron Bosch, francophone, directeur des métaieries impériales qui les aida à s'installer dans cette petite ville d'eau complètement ruinée. En un an, vingt-huit fermes avaient été bâties. La misère des colons ne diminua pas, les locaux leur étaient assez hostiles. Peu connu en France, cet épisode l'est fort bien en Tchéquie, à l'origine d'une visite du ministre des Affaires étrangères tchèque en 1982 à Déservillers.
A la Révolution, les villageois acceptent la révolte, mais les administrations sont tellement antireligieuses qu'on signale en 1791 Déservillers comme un nid de fanatiques, cite Jean Courtieu, et on plaint des "désordres auxquels on se livre à Déservillers". Les deux curés, l'un constitutionnel, l'autre réfractaire sont l'objet d'une querelle, le second parvenant à chasser le premier du presbytère. La municipalité est suspendue par l'administration entre la fin de 1792 et jusqu'en 1800. La première moitié du Napoléon III prend le pouvoir. La pression démographique est telle que le moulin de Rochanon accueille une famille de 5 personnes (14 sur Bolandoz), une famille de 10 habitants à La Broche, 15 à Palantin aujourd'hui disparus.
Après 1850, Déservillers entre dans une période faste. En 1866, on compte deux tailleurs d'habits, six couturières, trois blanchisseuses, trois cordonniers, un sabotier, un meunier (à Rochanon), deux auberges, deux épiceries et trois sages-femmes. En 1852, la fruitière produit 70 tonnes de fromage. 50 ans plus tard, on compte trois ateliers qui transforment le lait de 400 vaches. Le 28 janvier 1871, une division de l'armée de Bourbaki fait halte dans le village. La communauté subit deux incendies, l'un le 14 décembre 1853, qui ruine une partie du nord du village avec 52 foyers, l'autre le 30 octobre 1905 qui est localisé au sud et détruit 11 maisons, dont certaines étaient magnifiquement peintes par un natif de Déservillers devenu chef des peintres de la Plaine Monceau à Paris, avec des scènes ruralisantes évoquant un semeur au-dessus duquel on pouvait lire : « Heureux celui qui, éloigné des affaires, cultive tranquillement le champ que son père lui a laissé ».
Déservillers devait payer un lourd tribut à la Première Guerre mondiale : 27 hommes tués et de nombreux blessés, et 1 seul soldat fut tué à la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1945, la population chute des deux tiers du fait de la mécanisation de l'agriculture qui libère des bras pour les villes. L'artisanat disparaît lentement, le dernier cordonnier et le dernier forgeron arrêtent leurs activités dans les années 1980. Mais les entreprises se développent (la filière bois avec l'entreprise Bôle-Richard, la plasturgie pendant quelques années, une brasserie en 2017 avec la boulangerie quelques années plus tôt).
Déservillers s'enorgueillit de posséder la plus ancienne coopérative fruitière connue au monde. Sa création est attestée par des chartes de commerce possédées par la famille des Chalon. 1273 est la date officielle de fondation de cette fruitière.Aux sel comtois (qu'ils commercialisaient très loin jusqu'en Suisse) aux paysans du plateau pour qu'ils leur fabriquent des "vachelins", terme ancien désignant ces grosses meules de fromage. Ils vendaient ensuite une partie de ces fromages de garde dans leur réseau. Notamment dans les régions où l'on avait besoin de produits non périssables pour les voyages au long cours, en particulier chez les navigateurs rochelais, espagnols et portugais dès la fin du Stéphane Le Foll, a rendu hommage au cours d'une cérémonie au village à toute la filière fromagère organisée autour du CIGC (comité interprofessionnel du gruyère de Comté) qui fêtait ses cinquante ans à Déservillers le 12 juillet 2013, alors berceau du Comté.
- « » (consulté le ).
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