Bèze
Localisation
Bèze : descriptif
- Bèze
Bèze est une commune française située dans le département de la Côte-d'Or en région Bourgogne-Franche-Comté, à 30 km au nord-est de Dijon
Ses habitants sont appelés les Bèzois. La commune fait partie de l'Association des communes de France aux noms burlesques et chantants.
Géographie
Bèze se situe dans l'est de la Côte-d'Or, à 30 Dijon et à 30 Langres.
Communes limitrophes
Bourberain | Dampierre-et-Flée | |||
Lux Beire-le-Châtel |
N | Beaumont-sur-Vingeanne | ||
O Bèze E | ||||
S | ||||
Viévigne | Noiron-sur-Bèze |
Transport
Climat
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans une zone de transition entre les régions climatiques « Lorraine, plateau de Langres, Morvan » et « Bourgogne, vallée de la Saône ».
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,8 amplitude thermique annuelle de 17,9 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Poyans », sur la commune de Poyans à 15 vol d'oiseau, est de 11,1 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.
- « » [PDF].
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
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Histoire
Les origines de Bèze
Bèze, attesté en latin sous la forme [fons] Besua «[source de la] Bèze», doit son nom à sa situation près de la source de la rivière éponyme, la Bèze.
La présence humaine est avérée dès le paléolithique supérieur sur l'un des points culminants de la commune.
Aucune trace archéologique d'occupation celtique n'a été retrouvée à ce jour sur le territoire de la commune, cependant des fouilles d'archéologie préventive ont confirmé leur présence à proximité,.
La conquête romaine amena la création de routes importantes, à partir d'axes commerciaux plus anciens. La « voie Agrippa », construite au Langres à Lyon, cune autre route permettait de joindre Besançon à Autun, ces axes se croisaient à proximité de Bèze. Des monnaies d’Hadrien (empereur 117-138), de Faustine (impératrice de 138 à ~140, femme d'Antonin le Pieux successeur de Hadrien) et de Constance ont été retrouvées dans les fondations d'une maison à Bèze.
Les invasions barbares
Le déclin de l'Empire Romain attire dans la région des « barbares » venus de Germanie parmi lesquels «les Burgondes », qui ont laissé leur nom à la Bourgogne. Le site de Bèze était probablement habité mais, comme tout l'est Dijonnais, il est dévasté et ruiné lors de ces incursions (alamans, vandales…)
L'Empereur romain Constance Chlore, après avoir battu vers l'an 300 les Alamans venus jusqu'aux portes de Langres, décide d'installer une partie des vaincus des guerres précédentes, les Francs Hattuaires, sur les bords de la Saône, de la Seine, de la Tille, de la Bèze et de la Vingeanne. Le but de cette installation était de repeupler et de cultiver le vaste pays compris entre ces rivières.
La fondation de l'abbaye
L'histoire écrite de Bèze commence à la fondation de l'abbaye dite de Bèze-Fontaine. L'histoire du village et de l'abbaye restent intimement liées pendant plus de mille ans.
En 628, devient roi de Bourgogne et de Neustrie à la mort de son père Clotaire II. Conseillé par Saint Éloi, Saint Ouen et Saint Didier, il décide de rétablir l'autorité royale et vient en Bourgogne pour affirmer son pouvoir. Il est surnommé « le bon roi » par le peuple. Mais il charge aussi trois grands seigneurs, les ducs Amalgaire, Arnebert et Willibaud, d’assassiner Brunulfe, l’oncle de son demi-frère Aribert, parce qu'il avait contesté le partage des terres franques entre les deux frères. Une fois rentré à Paris, le roi Dagobert se repend de son acte et pour racheter ses péchés, décide de créer l’abbaye de Saint-Denis. En même temps, il récompense les trois seigneurs qui ont effectué l’assassinat demandé en leur donnant des terres.
C'est ainsi qu'Amalgaire, duc «bénéficiaire» (titre non héréditaire que Courtépée appelle « duc amovible ») de Bourgogne, reçoit entre autres propriétés la terre de Fons Besua. Afin de racheter ses fautes, il y fonde un monastère avec sa femme Aquiline, sous le vocable de saint Pierre et saint Paul, en l’an 616 (suivant Mabillon) ou 630 (suivant le P. Le Cointe). L’un de ses trois fils, Waldalène, est nommé premier abbé de Bèze.
L'abbaye Saint-Pierre de Bèze est la quatrième abbaye mérovingienne créée dans le diocèse de Langres. Dès sa création, elle est dotée de biens considérables. Elle possède et a sous son autorité les villages de Viévigne, Beire, Treige, Spoy, Oisilly, Blagny, Crimolois. Elle a 12 pièces de vignes à Marsannay la Côte et d’autres vignes à Couchey et Beaune. Elle possède également des terres à Dijon, Longvic, Chenôve, Prenois, Daix et un grand vignoble à Gevrey avec serfs et serviteurs. En 655, l’abbaye possède une école monastique.
En 634, Amalgaire dote à nouveau l’abbaye en lui donnant les fiefs de Jancigny, Talmay et des terres à Heuilley-sur-Saône (bois de Chy), Perrigny-sur-l'Ognon et Pontailler-sur-Saône où l’abbaye fait construire une chapelle au vocable de Saint Hippolyte. Ces terres de Talmay et Heuilley restent propriété de l’abbaye jusqu’en 1234, date à laquelle elles sont données par l’évêque de Langres à Guillaume II de Champlitte-Pontailler, malgré l’opposition des moines de Bèze. Se considérant spoliée, l’abbaye recourt à l’arbitrage du pape Innocent IV qui lui donne raison, par écrit, en 1245. Ce qui n’empêche pas Guillaume II de garder ces terres, avec l’accord de l’évêque de Langres.
La vie des moines au haut Moyen Âge
Sept offices commandaient leur journée et les moines avaient peu de sommeil.
En hiver (de novembre à Pâques), ils se levaient à deux heures du matin pour chanter les nocturnes puis remontaient achever leur nuit. Ils se lavaient au lavoir puis gagnaient leur stalle dans le chœur. Ils avaient deux heures de lecture puis travaillaient 7 heures d’affilée. Ensuite avait lieu le repas suivi de lectures.
En été (de Pâques à novembre) ils travaillaient de 6 heures du matin à 10 heures. Ils avaient ensuite deux heures de lecture et leur repas. Puis ils faisaient une sieste ou de la lecture puis retournaient travailler jusqu’au repas du soir qui avait lieu avant la nuit.
Leur travail consistait à cultiver les champs ou les vignes, entretenir les jardins et les vergers, réparer, construire et aménager les locaux, labourer, moissonner et conduire le bétail aux prés et les pourceaux à la glandée. Ils étaient fermiers, bûcherons, meuniers, boulangers et maçons.
L’abstinence et la sobriété étaient le fondement de la règle de Saint-Benoit et la viande était réservée aux malades.
Ils se nourrissaient de bouillie d'orge ou d'avoine, de légumes, de purée de pois ou de fèves et de fruits. Ils avaient aussi droit à du cresson, du sel, du pain et un demi-litre de vin par jour. Les rations étaient doublées les jours de fête et agrémentées d’œufs, de poissons et de fromages.
Ils portaient une tunique en laine qui allait jusqu'à mi-jambe et portaient par-dessus la coule qui est une robe large et flottante allant jusqu’aux pieds et aux manches longues. L’abbé leur distribue leurs vêtements ainsi qu'un mouchoir, un peigne de bois, un couteau, une aiguille, du fil, un stylet et une tablette pour écrire.
Ils dormaient habillés avec un drap de serge, une couverture et un oreiller.
Le silence leur était imposé. Ces bénédictins imberbes avaient la tête rasée à l’exception d’une couronne de cheveux au-dessus des oreilles.
Les punitions (éventuellement corporelles) étaient sévères pour ceux qui désobéissaient.
L’abbé élu y avait autorité sur tous.
Fléaux et calamités de 660 à 937
Malgré les richesses du monastère de Bèze, la vie y est précaire et laborieuse. Les moines doivent assainir les sols marécageux et endiguer la rivière pour se préserver des inondations. Mais la dévastation peut aussi venir de l'extérieur, car entre 660 et 937 l’abbaye est détruite 7 fois.
Entre 655 et 660, le duc Amalgaire meurt. Les terres de l’abbaye sont dévastées, des nobles francs contestant la propriété de terres que l’abbaye possède. L'abbaye est mise à sac. Afin de la protéger, Waldalène obtient l’appui du roi Clotaire III qui signe en 664 une ordonnance de restitution des terres spoliées. Grâce à l’action énergique du duc de Langres, Silchelme, l’abbaye retrouve ses biens dès 666.
En 676, l'abbaye est dévastée une seconde fois par une armée austrasienne appelée par le duc des Attuariens Aldaric, pour l’aider dans des querelles avec Ebroïm, le maire du palais des royaumes francs de Neustrie et Bourgogne. Cette armée de soudards -commandée par le roi Dagobert II- est vaincue et le duc Aldaric qui l'a fait venir est dépouillé de ses biens. Ceux-ci sont donnés à l’abbaye.
Vers 731, les Sarrasins atteignent Bèze. Le monastère ainsi que la région sont dévastés. Autun est détruite la même année. Charles Martel les arrête à Poitiers.
En 752, Pépin le Bref donne à son demi-frère Rémi, âgé de 18 ans, plusieurs abbayes en Bourgogne. Rémi finit par confier l’abbaye de Bèze à sa favorite Angla. Elle continue à dépenser les richesses de l’abbaye et la ruine. Puis l’abbaye est désertée à cause d’une épidémie de peste ou de choléra. Grâce à sa haute naissance, vers 762, Rémi est nommé archevêque de Rouen où sa conduite est exemplaire, ce qui lui vaut d'être canonisé.
Vers 834, à la suite de la réforme de l'évêque Albéric, les moines substituent la règle de saint Benoît à la règle de saint Colomban.
En 888, c'est l'invasion normande. Les cinq moines, un prêtre et un enfant restés sur place pour défendre l'abbaye sont tués. Les Normands dévastent, saccagent et ravagent la ville. La vieille grotte sert d’abri aux hommes du village et aux moines qui s’y sont cachés. Une terrible famine sévit après le départ des Normands car leur armée avait anéanti les récoltes. L’abbaye est désertée. En l'an 900, l’abbaye est restaurée et s’entoure de fortifications.
En 935-936, les Hongrois entrent en Bourgogne et incendient l’abbaye sur leur passage.
En 937, les Hongrois reviennent et incendient à nouveau l’abbaye qui est détruite de fond en comble. Une immense famine succède à la ruine générale. L’abbaye restera déserte pendant 51 ans.
Renaissance et apogée
En 988, l'abbaye est dévastée et envahie par les herbes. Le moine Guillaume de Volpiano trouve un mécène en la personne de Raoul le Blanc, vicomte de Dijon qui consacre son immense fortune pour la reconstruction du monastère. Il oblige les moines à étudier. L’abbé Guillaume part à Rome et revient avec une équipe d'artistes spécialisés en tous genres. Des écoles de peinture, de sculpture, d’architecture, d’ébénisterie ainsi que des écoles de lettres et de scribes s’ouvrent à Bèze. La bibliothèque, détruite par les Normands, commence à se reconstituer et à s'enrichir. C'est à cette époque que la chapelle Saint-Prudent est construite. Guillaume de Volpiano meurt en 1025.
En 1033, le duc de Bourgogne, Robert Beaumont-sur-Vingeanne pour venir s’opposer aux hommes du duc. La garnison du château de Beaumont, aidée par des centaines de serfs et vilains des villages voisins, empêche le transfert et libère l'abbé Olger.
Le nom de Fontaine de Bèze disparaît pour celui de Saint-Pierre de Bèze.
Le 18 février 1107, le pape Pascal II, après avoir consacré la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon, visite Bèze où une marée humaine assiste à la messe, en présence du duc de Bourgogne Hugues II et de nombreux cardinaux, évêques, comtes et seigneurs. À cette époque, l'église Saint-Rémi est entièrement reconstruite et l'abbaye augmente son patrimoine grâce à de nombreuses donations. Des foires ont lieu à Bèze et ont un grand succès. En 1198, l’abbaye flambe ainsi qu’une partie du bourg.
En 1209, l'abbaye s'entoure de murailles avec fossés et pont-levis. Le monastère est appelé le château. Mais l'abbaye s'endette et doit vendre ses vignes du clos de Bèze. Le peuple est écrasé sous les dîmes, les cens, et les innombrables tailles et corvées. En revanche, la bourgeoisie s'est enrichie grâce au commerce et s'est instruite dans les écoles fondées par le monastère. L’école du monastère prend une grande expansion. Comme les enfants confiés dès 11-12 ans troublent le silence monastique, les moines décident d’en transférer une partie à l’extérieur. On construit une école pour l'instruction des enfants qui ne sont pas destinés à l'Église. De nombreuses industries sont créées ou développées : des tanneries de foulon d’écorces ou de draps, des fourneaux, des huileries, des moulins, des tuileries.
En 1250, Bèze possède une léproserie mais les malades sont trop nombreux. Alors les moines s'engagent à régler la dette de la léproserie et prennent en charge à perpétuité son entretien.
La guerre de Cent Ans
Le roi Charles IV de France meurt sans héritier, Philippe VI de France et Édouard III d'Angleterre prétendent au trône. À partir de 1337, la France et l’Angleterre s’opposent en un long conflit fait de périodes violentes et de périodes de paix : c'est la guerre de Cent Ans (1337-1453).
En 1347, la peste noire fait son apparition et ravage la France pendant trois ans. En 1350, Jean II le Bon succède à son père Philippe VI. Il est fait prisonnier à la bataille de Poitiers en 1356 et est obligé de livrer un tiers de la France aux Anglais par le traité de Brétigny en 1360. La même année, le roi Édouard d'Angleterre licencie ses grandes compagnies, bandes d’aventuriers et d’étrangers, qui se répandent en France.
Elles mettent aussi à mal la Bourgogne. Ce n'est qu’en 1369 que Du Guesclin parvient à s’en débarrasser.
En 1364, Charles V de France succède à son père. Il reprend presque toutes les terres données aux Anglais.
En 1379, à la reprise de la guerre, la population de Bèze ne compte plus que 111 hommes et femmes. L’abbaye s’endette. Les vieilles fortifications sont devenues inefficaces. La pauvreté s’installe.
Sous l'impulsion de Simon de Torcenay, abbé de Bèze, des fossés sont creusés avec douves et pont-levis. Les tours carrées sont remplacées par des tours rondes couronnées de machicoulis et de créneaux. Elles sont aménagées en prison et percées de meurtrières. Les vieux souterrains sont remis en état. Bèze est alors réputé invulnérable. Une garnison y réside en permanence et le guet est fait jour et nuit. De cette forteresse, il ne reste que deux des grosses tours d’angle des remparts, la « tour d’Oysel » et la « tour de chaux ».
En 1437, les écorcheurs apparaissent en Bourgogne et s’arrêtent à Bèze. Le bourg fortifié est envahi. On ignore s'ils ont pénétré dans l’abbaye. En 1445, les écorcheurs reviennent. Le bourg est réduit à 47 feux.
En mai 1480, Louis XI autorise les foires de Bèze par lettres patentes de sorte que la ville s'agrandit.
Décadence de l'abbaye
Régime de la commende
Les abbés ne sont plus élus par leurs moines mais nommés par le roi ; le régime de la commende se généralise. C'est la porte ouverte à la décadence spirituelle et temporelle des établissements religieux.
En 1535, le roi traverse la Bourgogne et passe à Bèze.
Guerres de Religion
Vers 1547, le protestantisme fait des adeptes. Chazeuil, Fontaine-Française, Is-sur-Tille, Mirebeau et Gemeaux comptent de nombreux partisans de la religion réformée.
En 1560, le trésor de l’abbaye s'amoindrit car les moines sont obligés de financer les guerres de religion que mène le jeune roi Charles IX pour la défense de la religion catholique - et pour son trône.
Malgré la peste, la disette et les épidémies qui sévissent au Charles de Mayenne s’empare de Dijon et de plusieurs autres villes de Bourgogne. Des mercenaires passent et repassent à Bèze. Les forges tombent en ruine.
En 1589, Henri IV est reconnu roi, mais Bèze se retrouve au centre de la guerre civile qui oppose le comte de Tavannes pour le roi (protestant) et le vicomte de Tavannes pour la Ligue (catholique). Bèze subit les assauts des ligueurs. La région est ravagée car les troupes sont mal payées et se dédommagent par des pillages. L’abbaye est dévastée et ne compte plus que 6 moines et 2 novices. En 1595, Henri IV est victorieux de Charles de Mayenne et des Espagnols à la bataille de Fontaine-Française. Mais la peste et la famine continuent à sévir. Le village de Viévigne est réduit à 8 familles.
Guerre de Trente Ans
En 1603, une papeterie s'installe à Bèze. Quelques réparations sont entreprises. Malgré les traités de neutralité, la guerre est à nouveau aux portes de Bèze. En 1636 le comte de Gallas, à la tête de ses Impériaux, ravage la vallée de la Vingeanne, passe à Noiron puis à Mirebeau. Viévigne est dévasté, Bèze est incendié. L’armée royale arrive et cause à son tour de nouvelles dégradations. Les soldats contaminent les habitants de la peste. En 1644, tout n’est que ruine. Sur 95 maisons détruites, 37 seulement appartiennent à des hommes vivants. Les fourneaux sont détruits. Les dépendances de l’abbaye sont inhabitées et ruinées.
En 1662, 12 religieux de Saint-Maur viennent s'installer à Bèze pour y rétablir la discipline et la régularité. Les foires reprennent en 1665. Les tours n'ont plus rien de défensif : celle du nord-est devient un pigeonnier et prend le nom de tour d’Oysel et celle du nord-ouest de tour aux Choues (chouettes). Le vieux bourg n'est plus qu'un misérable village de 120 habitants dont la moitié sont de pauvres manœuvres, des veuves, des mendiants. L'autre moitié est constituée de laboureurs, de vignerons et d'artisans.
En 1696, l'église Saint-Rémi est fermée par manque d'entretien. Le terrible hiver de 1709 amène famine et épidémies. En 1712, les halles de Bèze disparaissent.
En 1714, naissance de François Clément, fils de Claude Blaise Clément, bailli des terres et seigneuries dépendant de l'abbaye de Bèze, et de Didière Moniot. Le jeune François passe son enfance dans la maison paternelle au pied de la chapelle Saint-Prudent. Il est envoyé à Dijon pour y faire ses études chez les jésuites du fameux collège des Godrans (contigu à l'hôtel Godran).
En 1724, l'abbaye est sans abbé et devient un simple couvent.
La Révolution
Du 23 décembre 1788 au 14 janvier 1789, la Bèze ne coule plus, l'eau dans le trou est gelée. Les temps sont durs et la révolte gronde. Lors de la nuit du 4 août 1789, la féodalité est abolie. Le 26 août, l'assemblée abolit les privilèges et rédige la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
La légende raconte qu'un jour « ceux de la Vingeanne » arrivèrent aux portes de l'abbaye armés de bâtons, de fourches et d’instruments divers en criant et en vociférant contre les moines. Ces derniers eurent juste le temps de s'enfuir dans un souterrain pour échapper au massacre. » Cette véritable émeute révolutionnaire est la seule qui semble avoir eu lieu contre les moines barons de Bèze. Il n'y eut ni gens tués, ni bâtiments incendiés et ce simple épisode de la « grande peur » faisait peut-être partie des nombreuses fausses nouvelles semées dans les campagnes pour y jeter la terreur.
La loi du 2 novembre 1789 met à la disposition de l’État tous les biens du clergé. Elle déclare ne plus reconnaître les vœux religieux et rend la liberté à tous les cloîtrés.
L'Assemblée Constituante assure en même temps un « salaire » aux curés et l'abbé Guelaud, curé de Bèze, est un des premiers à applaudir ces décrets et à confisquer tous les biens des moines, contre lesquels il avait toujours lutté depuis son arrivée à Bèze, en soutenant les habitants contre leur seigneur.
En février 1790, l’abbé Guelaud est élu maire. L’inventaire des biens de l’abbaye est fait en mai 1790. Il y a 4 175 livres dans la bibliothèque.
À partir de janvier 1791, les biens de l’abbaye sont mis en vente : des terres, la tuilerie, un moulin, des maisons dans Bèze, la chapelle Saint-Prudent, le four banal, la chapelle Notre-Dame des Groisses sont vendus pour 209 410 livres. La commune, d’après la loi, garde le 1/16e de la somme. Tous les objets précieux, vases sacrés et reliquaires doivent être versés au trésor public.
En 1793, Louis XVI est guillotiné et Robespierre est au pouvoir. C’est la Terreur, la création des comités de salut public, le gouvernement révolutionnaire, la loi des suspects, le culte de l’être suprême et de la déesse raison. La France est couverte d’échafauds.
Les premiers coups de pics sont donnés aux bâtiments monastiques. La tradition rapporte que pour récupérer sans peine et à moindre frais le plomb recouvrant la toiture de l’église (pour le vendre aux armées), l’église fut remplie de fagots et entièrement brûlée.
1795, l'église du monastère est rasée. Tout le centre de la grande maison conventuelle, longue de 113 mètres, tombe à son tour. Là se trouvaient les salles de réception, la galerie cloître, l’escalier en fer-à -cheval, les galeries menant du dortoir à l’église.
Le bâtiment servant aux moines de pressoir, la cuverie, est racheté 12 000 livres par la commune pour y installer la mairie et l’école.
L'ère de l'abbaye s'arrête.
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La révolution industrielle et l'amélioration des conditions de vie ont apporté un souffle nouveau au village : arrivée de chemin de fer, développement de nombreuses industries et augmentation de la population.
Passé ferroviaire du village
De 1882 au 2 mars 1969, la commune a été traversée par la ligne de chemin de fer de Troyes à Gray, qui, venant de la gare de Lux, s'arrêtait à la gare de Bèze, contournait le village par l'ouest, et ensuite se dirigeait vers la gare de Mirebeau-sur-Bèze.
La gare, dont les bâtiments sont encore présents de nos jours, était située au sud-ouest en limite de village sur la route de Viévigne. L'horaire montre qu'en 1914, 4 trains s'arrêtaient chaque jour à la gare de Bèze dans le sens Troyes-Gray et 4 autres dans l'autre sens. À une époque où le chemin de fer était le moyen de déplacement le plus pratique, cette ligne connaissait un important trafic de passagers et de marchandises.
À partir de 1950, avec l'amélioration des routes et le développement du transport automobile, le trafic ferroviaire périclite. La ligne est ferméeau trafic voyageurs le 2 mars 1969. Encore en place, elle est utilisée épisodiquement pour un service de maintenance.
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Après un déclin de population à la suite de la Première Guerre mondiale, la fermeture de certaines industries, la modernisation des pratiques agricoles et l'exode rural, la population passe en dessous de 500 habitants à la fin des années 1960. La création de lotissements, la proximité de l'agglomération dijonnaise, le cadre de vie agréable et le développement de l'activité touristique ont depuis contribué à l'augmentation du nombre d'habitants et son attrait. On estime que plus de 100 000 visiteurs découvrent les charmes du village de Bèze chaque année. En 2017, ils provenaient de plus de 70 pays différents.
- « ».
- Sylvie Mouton et Stéphane Venault, « Le site de La Fenotte, à Mirebeau-sur-Bèze (21) : Un cas d'habitat en périphérie d'un camp militaire de type romain tardo-républicain. », Le site de La Fenotte, à Mirebeau-sur-Bèze (21) : Un cas d'habitat en périphérie d'un camp militaire de type romain tardo-républicain., archaeologia Mosellana., , lire en ligne, consulté le ).
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Héraldique
Blasonnement :
D'azur à la clef et à l'épée, le tout d'argent, posées en sautoir et aux quatre fleurs de lys d'or réparties en chef, en pointe, à dextre et à senestre.
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