Allevard

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Allevard : descriptif

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Allevard

Allevard est une commune française située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes, autrefois rattachée à l'ancienne province du Dauphiné

La commune est également connue sous le nom d'Allevard-les-Bains, en raison de la présence d'un service de cure thermale. Cette petite ville, dont le territoire est en grande partie de nature urbaine, mais qui comporte aussi de très importantes zones rurales éparses, est, aujourd'hui, rattachée à l'arrondissement de Grenoble et au canton du Haut-Grésivaudan

Allevard est également une commune adhérente de la communauté de communes du Pays du Grésivaudan, une des principales communautés de communes rurales et périurbaines de l'Isère, autant par sa superficie que par son nombre d'habitants. Géographiquement, la ville se situe au pied de la chaîne de Belledonne, au nord-est du département de l'Isère, à quelques kilomètres des limites du département de la Savoie, au cœur de la vallée qui porte son nom.

Géographie

Plan d'Allevard

Situation

Le territoire de la commune d'Allevard est situé dans le Sud-Est de la France, dans le département de l'Isère, au pied de la chaîne de Belledonne, dans la vallée d'Allevard, dans l'ancienne province du Dauphiné.

La mairie d'Allevard est distante de 40 Grenoble, chef-lieu du département de l'Isère, sa distance avec Lyon, chef-lieu de la région Auvergne-Rhône-Alpes est de 136 Paris. Toutes ces distances ayant été calculées par la route.

Description

Petite ville nichée au fond d'une vallée glaciaire assez resserrée, dominée par de hauts sommets alpins elle est traversée par un torrent alpin au débit rapide, le Bréda. Allevard doit en grande partie son développement économique et donc urbain au développement de forges liées à une activité sidérurgique, puis à la création de thermes municipaux, ces établissements étant tous situés sur son territoire. Le bourg central rassemble une très grande partie de la population communale, il est entouré nombreux hameaux.

La commune héberge sur son territoire la station de sports d'hiver du Collet d'Allevard située à environ 11,5 .

Communes limitrophes

Rose des vents Le Moutaret La Chapelle-du-Bard et Arvillard Rose des vents
Saint-Maximin N Saint-Alban-des-Villards et Saint-Etienne-de-Cuines
O    Allevard    E
S
Crêts en Belledonne Pinsot

Géologie et relief

Vue sur une partie de la ville d'Allevard-les-Bains depuis la route du Collet d'Allevard.

Le territoire d'Allevard se positionne sur une élévation de terrain dénommée « balcon de Belledonne ». Ce secteur du massif s'abaisse plus bas que le secteur du col du Barioz dont il est pourtant la continuité au nord, en raison d'un creusement effectué par le torrent du Bréda s'écoulant du cœur du massif, dont le bassin rassemble une grande partie des eaux s'écoulant du versant occidental de ce massif cristallin.

Les premières pentes orientales dominant le bourg d'Allevard ont pour substrat les calcaires plus ou moins argileux des divers niveaux du Lias, ceux-ci étant séparés du socle cristallin sous-jacent par le niveau des gypses et des roches sédimentaires du Trias. Ces couches s'abaissent vers l'ouest de façon plus nette que la surface topographique, de sorte que le torrent du Bréda parvient à les traverser rapidement, juste après la sortie de ses gorges.

Durant la surrection de la chaîne alpine de Belledonne qui se déclencha durant l'ère cénozoïque (Orogenèse alpine), des eaux chaudes circulent dans des failles, entraînant ainsi la dissolution de différents métaux tels que le fer et le cuivre présents à l'état de traces dans les roches, qu'elles déplacent puis déposent de façon plus concentrée quand elles circulent dans des zones moins profondes et moins chaudes. Ses veines de sidérite ont la particularité d'affleurer en surface en de nombreux endroits, ce qui a permis une exploitation de ce minerai dès l'époque médiévale et la mise en place d'une industrie métallurgique intense qui se développa dans la vallée du Haut Bréda.

Sites géologiques remarquables

En 2014, plusieurs sites géologiques remarquables sont classés à l'« Inventaire du patrimoine géologique » :

  • Le site d'intérêt hydrothermal, nommé «sources et système hydrothermominéral d'Allevard» est un classé « deux étoiles » à l'« Inventaire du patrimoine géologique».
  • Les « mines de fer d'Allevard La Rochette et le sentier du fer » sont un site géologique remarquable de 5,33 hectares qui se trouve sur les communes de Pinsot et d'Allevard (aux lieux-dits Les Ayettes et Montouvrard). En 2014, le site est classé « trois étoiles » à l'« Inventaire du patrimoine géologique ». Allevard et sa région minière sont renommées en particulier pour la sidérite.

Hydrographie

Le Bréda dans sa traversée d'Allevard.

Le territoire communal est traversé par un torrent alpin et divers rus et ruisseaux qui sont tous ses affluents. Le Breda est un torrent d'une longueur de 32,1 kilomètres. Cette rivière prend sa source à l'est des Pointes du Mouchillon (2 347 Isère.

Il reçoit :

  • le Veyton, d'une longueur de 11,6 kilomètres ;
  • le ruisseau de la Jeannotte, d'une longueur de 2 kilomètres ;
  • le Buisson, d'une longueur de 5 kilomètres.

Le lac du Flumet, plus exactement le bassin artificiel du Flumet, est situé au sud du territoire de la commune, partagé avec le territoire de la commune de Crêts en Belledonne. Avant sa création, le ruisseau du Flumet qui drainait les « marais de Saint-Pierre » se jetait dans le Bréda.

Climat

En 2010, le climat de la commune est de type climat de montagne, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat de montagne ou de marges de montagne et est dans la région climatique Alpes du nord, caractérisée par une pluviométrie annuelle de 1 200 à 1 500 .

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,3 amplitude thermique annuelle de 18,9 . Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Pipay_sapc », sur la commune de Theys à 12 vol d'oiseau, est de 6,3 ,. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022.

Tableaux des températures minimales et maximales sur trois années
  • 2013
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc.
Température minimale moyenne (°C) −1,4 −1,5 2,2 6,4 8,2 12,3 15,8 14,3 11 10,2 3,4 −2,2
Température maximale moyenne (°C) 5,3 5,2 10,3 16,3 17,3 24,1 29,5 26,8 22,4 18,3 9,9 9,5
Source : Climat de Rencurel en 2013 sur linternaute.com, d'après Météo France.


  • 2015
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc.
Température minimale moyenne (°C) −0,2 −0,5 3,6 6 10,5 14,3 17 15,1 10,4 7,5 2,7 −0,6
Température maximale moyenne (°C) 7,3 7 13,7 18,4 21,8 27,1 31,5 27,4 21,6 15,6 12,5 9,5
Source : Climat de Rencurel en 2015 sur linternaute.com, d'après Météo France.


  • 2017
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc.
Température minimale moyenne (°C) −3 1,8 4,4 4,5 9,9 15,7 15,6 15,2 9,1 5,7 2,2 −0,4
Température maximale moyenne (°C) 3,4 12,3 16,3 18,1 22,2 28,1 28,1 27,7 20,8 19,1 10 6
Source : Climat de Rencurel en 2017 sur linternaute.com, d'après Météo France.
  1. Site de la préfecture de l'Isère, page sur la commune d'Allevard.
  2. Site géol alp, page sur Allevard et Bramefarine.
  3. Site Carmen, page sur les mines de fer d'Allevard et de La Rochette.
  4. , Ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer - DREAL Auvergne-Rhône-Alpes, 24 janvier 2014 (mis à jour le 31 mars 2015), accès le 23 septembre 2016.
  5. Site Sandre, fiche sur le Bréda.
  6. Site Sandre, fiche sur le Veyton.
  7. Site Sandre, fiche sur le ruisseau de la Jeannette.
  8. Site Sandre, fiche sur le Buisson.
  9. a et b Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
  10. «  », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le ).
  11. «  », sur fr.distance.to (consulté le ).
  12. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  13. «  », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
  14. «  », sur meteofrance.fr, (consulté le ).

Toponymie

À l'origine, le mot « Allevard » désignerait une des gardes, vardes ou wardes de hautes vallées, défendant le pagus ou grand comté mérovingien au nord de Grenoble, qui a donné son nom au Grésivaudan.[réf. nécessaire]

Ensuite, le terme, désigne autant un site précis qu'une zone de gestion administrative et militaire, il couvre la vaste contrée placée sous sa surveillance ou son mandement, comprenant la vallée du Bréda et du Gelon : in Aravardo. Il est cité pour la première fois dans un testament daté du , concernant les dernières volontés d'Abbon, un riche patrice de Suse, en Piémont.

Selon, André Planck, spécialiste en toponymie des villes du département de l'Isère, le nom d'Allevard serait lié à la racine gauloise ardu signifiant « pente » (ard en vieux breton) et ar qui signifie devant, Ar-ardus signifiant dès lors « devant la pente ».

  1. Victor Bellin 1980, p. 13.
  2. André Planck, L'origine du nom des communes du département de l'Isère, (ISBN ), éditions L'atelier, 2006, p. 21.

Histoire

Préhistoire et Antiquité

Les hommes occupèrent très tôt le vallon d'Allevard, Bramefarine et les vallons remontant vers la chaîne de Belledonne. Dès le millénaire avant notre ère, au néolithique, on assiste à une occupation du Grésivaudan, dont Allevard, grâce à une agriculture de plus en plus présente sur les flancs de colline, notamment avec la culture sur brûlis.

Les traces archéologiques indiquent que les vastes forêts primaires qui couvraient la région étaient déjà attaquées avec des haches polies, dont les lames provenaient du Val d'Aoste voisin.

À partir de 2000 avant notre ère (âge du bronze européen), la métallurgie du cuivre se développa et permit la fabrication de nouveaux outils (haches, faucilles, poignards, épées, épingles, bijoux...). Il semble que la plupart des connaissances nouvelles à Allevard en matière de métallurgie à cette époque viennent du Valais suisse (gisements de cuivre).

Vers 1400 avant notre ère, Allevard est le témoin de la naissance de la métallurgie alpine iséroise. La civilisation des Champs d'Urnes produit de façon unique un nouveau type de hache « à ailerons médians », plus robuste que les modèles importés de l'époque. Ceci est un fait notable car l'industrie métallurgique du bronze est alors un quasi-monopole des « bronziers » d'origine centre-européenne, qui ne laissaient guère de secrets de fabrication à des étrangers. Pour fabriquer de telles nouveautés, il a fallu que les mineurs et métallurgistes allevardins s'approprient une technique connue de peu de gens pour en reproduire les qualités dans leurs outils quotidiens.

Ainsi la « hache d'Allevard » présente-t-elle quelques similarités avec des outils trouvés dans la plaine du Pô, environ 600 km plus loin, à la même époque, tout en présentant des caractéristiques propres aux besoins souvent exigeants de la montagne.

On notera la proximité technologique des dépôts préhistoriques d'Allevard avec ceux de Goncelin, Trou de la Rousse et Sainte-Marie-du-Mont, notamment (cf. Musée Jadis Allevard).

Moyen Âge

Le mandement d'Allevard
Vue générale gravée au XIXe siècle.

Le patrice Abbon lègue aux moines bénédictins ses domaines situés en Allevard, ainsi que les « liberti et l'ensemble des colons et des serfs et des biens qui en dépendent ». Aux et  siècles des nobles savoyards, comme les puissants seigneurs d'Arvillard et de La Chambre, le noble Guelis de l'Euille, ont des fiefs « en Allevard ». D'ailleurs, le prieuré de Saint-Pierre est fondé en 1082 par les bénédictins de Cluny grâce à des biens et un alleu donnés par Bornon d'Arvillard, son parent Aynard . Guigues de la Rochette est propriétaire de la presque totalité du mandement d'Allevard. Il est contraint en 1249 de faire hommage au Dauphin Guigues VII. Il lui vendra ses propriétés dauphinoises en 1263, au prix (considérable) de « 25 000 sous-monnaie de bon viennois ».

Le mandement d'Allevard comprenait six paroisses : Saint-Pierre d'Allevard, La Ferrière, Saint-Marcel d'Allevard, Saint-Maurice de Pinsot, Saint-Marcel « du bourg d'Allavare » dont dépendait la Chapelle du Bard, « communautés » qui seront à l'origine des communes créées le .

Au Moyen Âge, le bourg d'Allevard était fortifié. Son enceinte était de 1413 toises, sur quatre toises de haut et quatre pieds d'épaisseur, percée de quatre portes. Son existence est mentionné dès 1100. En 1367 une maison forte est attestée en bordure du bourg, située près du vingtain et les canaux des moulins. Une reconnaissance précise qu'elle est meniis curtina et clausura.

Le château d'Allevard, centre de la seigneurie éponyme, se situait au-dessus du bourg sur une éminence (in quodam molario), ceint d'une muraille de 60 toises et baigné par l'eau du Bréda du côté de la Savoie (fluit acqua de Breyda a parte Sabaudie). On relève également une tour antique en 1367 et la maison forte de Guillaume Barral, joignant les fossés de la ville en 1393 (« quaddam hospitium seu fortalicium sum et domum fortem que situatur infra villam de alarvardo »).

L'enquête de 1339, signale l'existence d'une autre maison forte au lieu-dit la Bâtie « Bâtie d'Arvillard » : « Castrum Bastide alti villaris » (ADI B 4443, f° 14). Sur un mamelon dominant de 100 vallée d'Allevard, le site est naturellement protégé sur trois côtés par des abrupts. Du côté de l'accès, un tertre barre l'éperon. L'enquête précise : « Dictum autem castrum situatum est in quodam altissimo molare valde eminente et deffensabile » (le dit château est situé sur un très haut molard, d’une grande hauteur et facile à défendre).

Les dauphins accorderont aux habitants d'Allevard de nombreuses franchises, modifiées successivement au moyen de la charte de franchise ou d'université de 1315, puis celle de 1337. Jusqu'en 1558, ces chartes seront, en fonction des besoins financiers de la couronne, plus ou moins respectées par les rois de France. Elles seront confirmées en 1630.

La communauté du mandement d'Allevard est seigneur d'un vaste espace de communs, pâturages et bois au  siècle. Elle concède en particulier dans les bois communaux des droits d'exploitations de diverses mines de fer, appelées fosses à des associations de particuliers, nobles, paysans ou bourgeois roturiers, réunis pour accomplir cette tâche, qui portent ici le nom juridique de « pareries de fosses ». Ces « consortages miniers », assez dispersés, font déjà du « mandement d'Allevard » le grand district minier et sidérurgique des Alpes occidentales.

Époque moderne

Tribulations après le rattachement à la France

En 1558, Henri II vend, à titre d'engagement et sous réserve de possibilité de rachat, la terre d'Allevard. Remise aux enchères en 1577 par Henri III, elle est acquise par la communauté d'Allevard, qui la conserve jusqu'en 1602. Elle la cède alors au sieur Leblanc, un des six présidents de la Chambre des comptes. En 1644, la terre d'Allevard est de nouveau aliénée. Le seigneur engagiste se nomme Thomas Chabo, marquis de Saint Maurice, gouverneur du château de Chambéry. En 1686 son fils, Charles, ambassadeur de Savoie à la cour de Versailles, subrogera à cette vente noble François de Barral (1625-1699), conseiller au Parlement du Dauphiné, fils de Gaspard, avocat et conseiller de la reine-mère et de Marie Vignon, épouse du connétable de Lesdiguières. Gaspard de Barral était déjà propriétaire d'une aciérie près de Renage et de mines de fer dans la montagne de Saint-Pierre d'Allevard. Le nouveau seigneur engagiste, François de Barral, achète le haut-fourneau de la Gorge, des journaux de forêt, des bois ; avec son fils Joseph il acquiert de nombreux biens privés (dont la Bâtie d'Allevard et La Roche ; son petit-fils, Jean-Baptiste-François achète la terre d'Allevard en 1761 pour 23 200 livres, et en devient le seigneur incommutable. Il fit faire une enquête auprès de ceux qui pouvaient avoir des droits sur la terre d'Allevard, mais les consuls n'ayant pas réclamé les droits, franchises et immunités octroyés par les dauphins, il les considéra comme abolis.

La saga des Barral
La Tour du Treuil au Victor Cassien (1808 - 1893).

Sous François de Barral de Clermont (1625-1699), de grands travaux sont entrepris dans la petite ville fortifiée alors très malsaine :

« La population s'amoncelait dans les vieilles maisons insalubres et sans confort que l'habitude faisait supporter. Les rues sans pavé, étroites et sinueuses, dont la boue entretenait une fraîcheur humide et malsaine, favorisaient les épidémies et l'apparition ou la rémanence des goitres »

La construction du premier pont de pierre date de 1688, la réfection de l'ancienne église et le réaménagement de l'ancien château sont réalisés entre 1692 et 1693. La première ouverture du rempart au sud de la cité suivra.

En 1739 la terre de la Bâtie d'Arvillard est élevée en marquisat au bénéfice de son fils, Joseph de Barral (1677-1749). Maître de forges, président au Parlement de Grenoble, seigneur d'Allevard, commandant en chef pour le roi en Dauphiné, ayant largement profité du « sistème » de John Law… et de sa chute, il est l'homme le plus riche de la province.

En 1751, le roi érige la terre d'Allevard et son mandement, sous le nom de comté de Barral, en seigneurie incommutable au profit de Jean-Baptiste (1709-1785), petit-fils de François et président à mortier au Parlement, dont l'épouse, Marie-Antoinette Charlotte de Chaumont-Quitry, issue d'une lignée prestigieuse, est aussi cousine par alliance de Madame de Pompadour. Jean-Baptiste a laissé le souvenir d'un « avare atroce, terreur de la gent domestique et des Allevardins à qui il réclamait le règlement des impôts arriérés depuis le… clystère pour lavements, la soupe de ses mineurs au travail ».

Son fils Paulin, comte d'Allevard et comte de Barral (1745-1822), sera le dernier seigneur d'Allevard. Mousquetaire du roi à quinze ans, puis colonel des Grenadiers royaux et gouverneur de la ville de Vienne, cultivé avec un sens de ll'humour, ce « mauvais garçon caractérisé », très tôt exilé de la cour à la suite d'un scandale de mœurs, écrivait à son avare de père : « Ne nous quittons plus, cher papa, vous aimez gagner de l'argent, j'adore le dépenser. Nous sommes faits pour nous entendre ! » Du fait de ses ruineuses débauches et toujours impécunieux, « l'aimable » Paulin, fait baron d'Empire, président « scandaleux et perdu de réputation » (selon Champollion-Figeac) du collège électoral de l'Isère, vend à perte son château et ses usines en 1817 à A.B Champel.

Époque contemporaine

Autour d'une sidérurgie innovante et active
Haut-fourneau d'Allevard au Victor Cassien (1808 - 1893).

Centre important de production métallurgique par la qualité des aciers produits jusqu'au début du Suétone et de Polybe, prétend que Hannibal Barca serait passé au pays d'Allevard pour y fabriquer des armes). Allevard voit son histoire très tôt liée à celle de la sidérurgie alpine.

Avant l'ère industrielle

En 1450, Pierre et Arthur Boisson possédaient dans le bourg d'Allevard un martinet qui existait encore en 1724 . Lors de la visite de l'usine par les commissaires spéciaux du roi, à cette date, "il est établi comme étant le plus ancien établissement du genre en Dauphiné" (E. Chabrand). Un autre martinet à la même époque est en activité au village de Pinsot, en amont sur le Bréda. L'étude des parcellaires indique, par exemple, que la communauté d'Allevard, entre 1643 et 1727, compte 76 artifices sur le torrent de "Bredal", à savoir 3 hauts fourneaux, 21 martinets, 36 moulins à blé, 2 battoirs à chanvre, 6 pressoirs, 6 scies à eau, 1 clouterie et 1 foulon. L'activité sidérurgique est particulièrement rentable puisque dans le même laps de temps, le quintal au fourneau de fonte, au poids d'Allevard - soit 54,255 kg - passe de 4 livres 5 sols à 9 livres 10 sols. Pendant de longues années Allevard restera ainsi une place industrielle de très grande importance, sous les seigneurs maîtres de forges de la famille de Barral qui chercheront sans cesse à innover grâce aux conseils de l'ingénieur Binelli et du chevalier Pierre-Clément Grignon, collaborateur de l'Encyclopédie de Diderot. En 1785, les établissements de M. de Barral font travailler environ 300 fourneliers ou fondeurs, 300 mineurs et 200 charbonniers auxquels il convient d'ajouter une centaine de muletiers. Sur ces 900 ouvriers, seuls 420 sont directement "salariés" de l'usine. Les autres travaillent en indépendants dont la plupart des mineurs et des charbonniers.

Peu avant la Révolution, est envisagé un projet de re-concentration de la fonderie royale de canons de marine de Saint-Gervais dans la vallée de l'Isère, sur Allevard. Seule la faiblesse relative en approvisionnement en charbon de bois fait reculer le gouvernement - il aurait fallu 36 000 charges de charbon par an quand tout le mandement d'Allevard et les communautés du Grésivaudan proches ne pouvaient en fournir tout au plus que 15 000 - l'usine tourne donc au ralenti sous la conduite désinvolte de Paulin de Barral, puis de MM. Champel - qui reçoit à Allevard en 1829 la duchesse de Berry - et Giroud, ces derniers banquiers bientôt en faillite.

L'expansion

À partir des années 1840, la direction avisée d'Eugène Charrière oriente la production des usines, jusque-là consacrée à la seule fonte réservée aux aciéries du seuil de Rives, sur l'acier puddlé (puddlage) grâce auquel les forges obtiendront de gros marchés ferroviaires avec les bandages de roue à mises soudées, tout d'abord, puis aux bandages sans soudure mis au point par l'ingénieur A. Pinat. Sur les conseils d’Émile Geymard et Achille Chaper, administrateur des forges et ancien maître de forges à Pinsot, Eugène Charrière renonce à adosser le haut-fourneau à la montagne et le dote d'une forme plus régulière, perfectionnant ainsi la production et le rendement. En 1867, la production d'acier est de 2 000 tonnes. À cette date, les forges comptent un effectif de 446 ouvriers dont 80 lamineurs. La clientèle qui est alors de 400 sociétés presque toutes françaises (Thiers - Saint-Étienne, etc.) passe à 1 300 clients en 1906 avec un effectif de plus de 700 ouvriers et une grosse progression à l'exportation : Autriche-Hongrie, Allemagne - Belgique - Italie. Par ailleurs Allevard va s'associer à quelques grands groupes peu avant la grande guerre (Firminy - Aulnoye - Batignolles - Commentry) C'est également à Allevard que sont fabriquées en 1859 quelques-unes des premières plaques de blindage de la frégate La Gloire, conjointement avec les sociétés Petetin de Saint-Chamond et Laubenière de Rouen. Après l'abandon de la fonte au charbon de bois, les forges se convertissent au procédé Siemens pour la fabrication de l'acier. Elles conservent au passage du siècle pour Allevard "leur nom et leur place dans le monde métallurgique, à la satisfaction de notre fierté dauphinoise et pour le plus grand profit de sa courageuse population ouvrière" (Chabrand).

Les forges au | ]
L'entrée des Forges, desservies par le chemin de fer industriel des forges, au début du XXe siècle.

Succédant à son père et à son grand-père, Charles Pinat, nouveau maître de forges d'Allevard au passage du siècle et ancien ingénieur de traction du tramway de Lyon en avance sur son temps, oriente l'approvisionnement en énergie de ses établissements vers la production électrique grâce aux chutes, barrages et centrales qu'il envisage d'établir sur le cours du Bréda. En 1917, en pleine guerre, les forges d'Allevard passent sous le contrôle de la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt, et sous la conduite du grand patron qu'était Théodore Laurent. Ce sera le temps des grandes innovations - nouveaux aménagements hydro-électriques du Bréda - et des concentrations des productions autour des ressorts, des aimants et des ferro-alliages. La crise de 1930 affecte Allevard qui doit restreindre sévèrement ses productions. En 1940, la défaite et des crues catastrophiques dans la haute vallée du Bréda arrêtent pendant quelque temps toute production. La Libération marque un renouveau de l'usine (10 000 tonnes par an de produits laminés). Des travailleurs immigrés affluent sur les trois sites industriels : La Gorge d'Allevard - Champ-Sappey à Saint-Pierre d'Allevard et Le Cheylas. Les années suivantes voient l'adoption de la coulée continue et l'association — qui va s'avérer malencontreuse — avec Ugine, pour la fabrication des aimants. En 1973-1974, la réalisation de la centrale électrique des Moulins provoque le départ des forges d'Allevard.

Le thermalisme
Affiche du PLM pour Allevard-les-Bains, début du XXe siècle.

Au milieu du  siècle, une usine de soie emploie une nombreuse main-d'œuvre féminine. Elle est dirigée par la famille Izoard, apparentée à l'industriel et banquier grenoblois Aimé Bouchayer.

A cette époque Allevard devient un centre touristique fondé sur le thermalisme. On vient «prendre les eaux» que l'on buvait ou dont on inhalait les micro-brouillards dans des salles collectives.

Des personnalités célèbres résident en Allevard pour faire une cure.

Parmi elles, Alphonse Daudet a trouvé l'inspiration pour trois chapitres de son roman, Numa Roumestan. On peut citer Henri-Frédéric Amiel, Frédéric Ozanam, le duc d'Aumale fils de Louis-Philippe, la famille de Lucien Bonaparte ou la reine Ranavalona III de Madagascar pendant son exil en France.

La clientèle d'Allevard, à partir de 1880, est celle des hommes politiques, prédicateurs et orateurs, chanteurs et chanteuses qui viennent « réparer leur voix ». On y voit les comédiens Paul Mounet et Mounet-Sully, les frères Coquelin aîné et cadet ; les cantatrices Félia Litvinne, Germaine Lubin, Georgette Leblanc, puis plus tard Jeanne Aubert, Cécile Sorel ou Damia ; des hommes politiques comme Eugène Chevandier de Valdrome, Eugène Rouher, Charles Floquet, Édouard Herriot, Georges Picot - qui décède en 1909 à Allevard - Gustave Hervé, Alexandre Zévaès, Auguste Burdeau, ou le sénateur Scheurer-Kestner, en 1897 en pleine affaire Dreyfus, qui côtoient ici de nombreuses autres personnalités : des ecclésiastiques, comme l'abbé Della Chiesa - futur pape Benoît XV - ou Félix Dupanloup, évêque d'Orléans ; le pasteur genevois Théodore Claparède ou le grand rabbin de France Isaïe Schwartz ; des prédicateurs comme le P. Joseph Gratry de l'Académie Française, ou le P. Jean-Léon Le Prévost ; des diplomates comme Camille Barrère, le comte Vladimir Lambsdorff, le prince Pierre Wolkonsky, le comte Zichy ou le prince Ypsilanti, le prince-alpiniste roumain Alexandre Bibesco. La station thermale attire aussi des musiciens comme Jules Massenet, Pierre Vellones ou Charles Lamoureux ; des photographes tels Nadar ou les frères Lumière ; les poètes Lucie Delarue-Mardrus et Patrice de La Tour du Pin ; des musicologues comme Paul-Marie Masson ou Émile Vuillermoz, mais également les peintres Hippolyte Flandrin et Kees van Dongen ; les romancières Germaine Acremant et Thyde Monnier ; des académiciens français comme Victor de Laprade ou René de La Croix de Castries.

Des professeurs de médecine Louis Landouzy ou Maxime Laignel-Lavastine ; l'architecte Henri Révoil ; des industriels et financiers comme Pierre Dreyfus, Edward Molyneux ou Calouste Gulbenkian ; des banquiers suisses, Pictet ou Mornay, le chimiste Joseph Bienaimé Caventou, la remuante et attachante féministe Arria Ly qui collabore au journal local, dirigé par le docteur Boël, "La chronique d'Allevard-les-Bains" en 1903, le docteur Edmond Locard, neveu du docteur Niepce, directeur des Thermes ; le dessinateur Jacques Faizant, le président Ferhat Abbas, la famille du président Habib Bourguiba ou l'amiral Muselier, ont aussi été, parmi d'autres célébrités, les habitués de la station thermale.

Cette station discrète est très prisée des gens du spectacle - « On ne vient pas ici pour se montrer mais pour se soigner et se reposer » (rhumatologie, renouant avec les premières indications données en 1838 par le docteur Laurent Chataing, premier inspecteur des eaux. Actuellement, la station continue à élargir ses offres en proposant de nouveaux traitements anti-stress et également contre la fibromyalgie.

  1. a b et c Le pays d'Allevard. Tradition et renouveau, Maurice Collin, éd. Alan Sutton (2003), p. 19-27.
  2. a et b Victor Bellin 1980, p. 14.
  3. Victor Bellin 1980, p. 20.
  4. a et b Bernard Demotz, « La frontière au Moyen Âge d'après l'exemple du comté de Savoie (début XIIIe - début XVe siècles) », Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, lire en ligne).
  5. Victor Bellin 1980, p. 29.
  6. Victor Bellin 1980, p. 16.
  7. Victor Bellin 1980, p. 55.
  8. Le mot « Vingtain » vient du nom d'un impôt local le « Vingtième » prélevé au Moyen Âge pour l'entretien et la réparation des remparts urbains dans le lyonnais.
  9. Victor Bellin 1980, p. 53.
  10. Élisabeth Sirot 2007, p. 61.
  11. Élisabeth Sirot 2007, p. 32.
  12. Victor Bellin 1980, p. 80.
  13. Fabrice Mouthon, La naissance des communs, eaux, forêts, alpages dans les montagnes de Savoie ( siècle -  siècle), L'Histoire en Savoie, no 30, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, 2016, page 106.
  14. Victor Bellin 1980, p. 93.
  15. Victor Bellin 1980, p. 94.
  16. a et b Notes et réflexions de Marc Nicolas Bouffier sur le pays d'Allevard (1846) Histoire du fer au pays d'Allevard n° 8, 2008.
  17. Georges Salamand : Paulin de Barral, libertin dauphinois - un débauché à la veille de la Révolution française éditions de La Pensée Sauvage, 1989.
  18. Georges Poisson : Choderlos de Laclos ou l'obstination, Prix Goncourt de la biographie 1986.
  19. Pierre Léon "Deux siècles d'activité minière et métallurgique en Dauphiné : l'usine d'Allevard (1675-1870). In: Revue de géographie alpine, 1948, Tome 36 N°2, pp. 215-258, notamment p. 229.
  20. "Les quinze glorieuses d'Allevard 1842-1856" in Histoire du fer au pays d'Allevard no 9 - 2009 -.
  21. Paul Veyret et Germaine Veyret, Revue de géographie alpine : Volumes 36 à 37, Grenoble, Imprimerie Allier, , page 246.
  22. Pierre Léon : "L'usine d'Allevard" Allier 1963
  23. Jean-François Belhoste : "Histoire des forges d'Allevard", Didier-Richard, 1982.
  24. Georges Salamand : "Alphonse Daudet à Allevard" éditions Glénat 1977
  25. Georges Salamand : "Histoire vivante du thermalisme à Allevard" éditions du Fond-de-France 2007
  26. « De toutes les chinoiseries et cocasseries qui hérissent le code Napoléon, celle contenue dans l'article 213 exigeant l'obeïssance de la femme à son mari est à coup sûr la plus typique » (Chronique d'Allevard-les-Bains 1903).
  27. Georges Salamand : "Histoire vivante du thermalisme à Allevard" 2007.

Héraldique

Blason
De gueules à trois bandes d'argent, au chef de même chargé de trois cloches d'azur et bataillées d'or.
Détails
Le blason d'Allevard est issu des armes de François de Barral, maître de forges, seigneur du pays au les Barral. Les cloches feraient référence aux trois paroisses qui étaient sous sa juridiction. Les Barral "anciens", seigneurs de la Tour du Treuil, portaient "D'or à trois barraux (barils) de sable".
Le statut officiel du blason reste à déterminer.
  1. Barral de Montouvrard : De gueules, à trois bandes d'argent, au chef du même, ch. de trois cloches d'azur, bataillées d'or. Couronne de comte ou de marquis. Devise: SIC PERSONAT VIRTUS ; Source : , Armorial général, 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887.
  2. Vexillologie Provençale, Grésivaudan
  3. Gustave de Rivoire de La Bâtie, Armorial de Dauphiné contenant les armoiries figurées de toutes les familles nobles et notables de cette province, accompagnées de notices généalogiques complétant les nobiliaires de Chorier et de Guy Allard, Lyon, Imprimerie Louis Perrin (réimpr. 1969 (Allier - Grenoble)) (1re éd. 1867), 821 p., p. 44.

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