Con

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Con : descriptif

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Con

Con est un mot polysémique et un substantif trivial qui désigne à l'origine la vulve humaine

Au sens figuré, le mot con est aussi un mot vulgaire en général employé comme insulte dans les pays francophones (ex : « gueule de con »), mais dans un sens très atténué, voire amical, dans le Midi de la France

Il désigne une personne stupide, naïve ou désagréable, de même que ses dérivés « connard » et « connasse »

Con a aussi un emploi impersonnel, souvent dépréciatif dans les expressions « jouer au con », « bande de cons », etc

Le mot dérivé « connerie » désigne une erreur, une bêtise, la stupidité en général. « Con » est également à l'origine du nom des confréries de Conards, sociétés festives et carnavalesques traditionnelles de Normandie, Auvergne, Bourgogne.

Étymologie

Étymologie latine

Con provient de l'étymon latin cunnus (« gaine, fourreau », par analogie le sexe de la femme). Le terme ne semble pas vulgaire, au contraire :

« nam fuit ante Helenam cunnus taeterrima belli
causa, sed ignotis perierunt mortibus illi,
quos venerem incertam rapientis more ferarum
viribus editior caedebat ut in grege taurus.
 »

— Horace, Satires, I, 3

« Car la femme, bien avant Hélène, fut une terrible cause de guerre ; ils périrent d'une mort inconnue ceux qui, emportant une femme disputée, étaient sauvagement égorgés par un plus fort, comme le taureau au milieu du troupeau. »

— Satires, I, 3

Chez Martial, auteur licencieux, le mot a clairement un sens sexuel :

« Accessi quotiens ad opus mixtisque movemur
Inguinibus, cunnus non tacet, ipsa taces.
Di facerent, ut tu loquereris et ille taceret:
Offendor cunni garrulitate tui.
Pedere te mallem: namque hoc nec inutile dicit
 »

— Martial, Épigrammes, VII, 18

« Toutes les fois que j'entame avec toi la douce affaire, et que nous agitons nos corps voluptueusement entrelacés, ton vagin fait grand bruit, et tu te tais. Plût aux dieux que tu parlasses et qu'il se tût ! je suis scandalisé de son babil. »

— Épigrammes, VII, 18

Quel que soit l'étymon indo-européen (voir ci-dessous), il semble que la dérivation se soit faite comme pour sexus qui est passé du sens général « genre, catégorie de gens », « sexe fort ou faible », à celui de « sexe, organe sexuel ». Les langues romanes ont gardé la mémoire de cette acception neutre en ce qui concerne cunnus souhaitée], comme dans le mot composé cunnilingus, latin d'origine médicale et lui aussi passé dans le langage courant.

En castillan par exemple, coño (« con »), est moins vulgaire que le mot français. En portugais, cona n'est utilisé comme insulte que quand il est adressé à une femme de mauvaises mœurs, et, moins souvent, d'intelligence limitée — ce dernier usage est un gallicisme d'importation récente.

Vers le  siècle, le vocable français prend un sens figuré injurieux et se met en place une construction adjectivale. L'emploi était alors misogyne, exploitant l'impuissance et la passivité prétendues du sexe féminin dans l'imaginaire collectif, réduisant la femme à sa seule fonction sexuelle, procréatrice, sujette de la domination (on peut établir un parallèle avec le viol comme arme de guerre) : elle est un con.

Seule aujourd'hui, l'absence fréquente d'accord en position d'attribut ou d'apposition (par exemple « elle est con » ou bien « il est con ») rappelle l'origine nominale de l'expression, sans qu'il soit toutefois fait référence, pas plus qu'en latin, à la vulve.

Une étymologie populaire apparente con à « con(n)in » ou « con(n)il », qui désignait en vieux français le lapin, dérivé du latin cuniculus. On retrouve cette racine dans le castillan « conejo », le catalan « conill », l'italien « coniglio », l'ancien occitan « conilh », le breton « konifl », l'alsacien « Kénjele », le néerlandais « konijn » et l'allemand « Kaninchen ». Le terme cuniculture (ou cuniculiculture) désigne l'élevage des lapins.

On remarque surement dans ce sens l'emploi qu'en fait François Bourgeon dans "Les compagnons du crépuscule" tome III, p92 quand il fait dire dire "chasser au conil" par une femme. M.Thiebaut, historien, commence son livre sur cette œuvre sur la proximité de ce vocabulaire et de la violence faite aux femmes dans la société de l'époque et dans d'autres.

Lien avec leurs équivalents germaniques

La parenté indo-européenne avec kut (néerlandais) et cunt (anglais) n'est pas établie.

Cunnus proviendrait en effet en proto-indo-européen soit de *kust- (« intestin, rein, vessie »), soit de *skerǝ- (« couper »),, soit de * (s)keu- (« cacher ») qui nous donne aussi cul, via le latin culus.

Les origines possibles de l'étymon germanique *kunton donnant cunt sont : *gwneH2/guneH2 (femme, cf. gynécologie, queen) soit *gen/gon (créer, devenir, cf. génétique, gamète) ou bien *geu- (creux, cavité), d'après la loi de Grimm. Toutefois certains relient le *kunton au latin cuneus (« coin »), un cognat possible de cunnus/con.

Mots dérivés

Le dérivé déconner avait jusqu'à la fin du  siècle le sens premier de se retirer, sens qu'il a complètement perdu aujourd'hui. Son contraire enconner, signifiant pénétrer vaginalement, composé sur le même mode qu'enculer, est aujourd'hui pratiquement désuet et réservé à la littérature érotique.

Le mot connard, dérivé de con, écrit sur le sable.

Connard est formé par suffixation avec le suffixe péjoratif -ard mais il est possible que le mot ait été influencé par cornard ; il n'a, lui, qu'un sens uniquement figuré. Connasse, en revanche, désignait au départ et jusqu'au  siècle une prostituée de bas étage ou inexperte. Son sens figuré de femme sotte est attesté dès le  siècle. Conneau et ses variantes graphiques connaud et connot, synonymes de connard, sont devenus obsolètes au cours du  siècle.

Les autres dérivés modernes, utilisés dans le sens figuré uniquement sont : déconnage et déconne pour l'action de débiter ou faire des sottises, déconneur pour celui qui aime à les dire ou à les faire, connement en tant qu'adverbe et connerie pour chose stupide ou sans intérêt.

Les patronymes « Conne », « Connard », « Connart » et variantes n'ont aucun rapport étymologique avec le mot « con » : en Europe continentale, ils proviennent du germanique con(hardt) signifiant « brave et dur » (à rapprocher du néerlandais koen, « courageux » et de l'anglais hard, « dur »),. Chez les personnes d'origine irlandaise, Connard et Connart sont des dérivés de Connacht.

Il est à noter toutefois les différences d'usage entre con et connard. Le premier désigne majoritairement une personne qui ne comprend pas la situation alors que la deuxième est la désignation d'une personne ayant une haute opinion d'elle-même ou se plaçant au-dessus du commun ou de la loi.

Plus socialement destructeur et faisant perdre du temps et de l'argent, le connard et ses dégâts dans les entreprises ont été le sujet d'étude sociales et économiques. Elles ont été regroupées dans l'ouvrage « The No Asshole Rule » de Robert I. Sutton traduit en français sous le titre « Objectif Zéro-sale-con ».

  1. a et b Entrée « con » du Trésor de la langue française informatisé.
  2. Entrée « coño » du Diccionario de la Real Academia Española.
  3. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « connil » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  4. Michel Thiebaut, Dans le sillage des sirènes : autour des compagnons du crépuscule de François Bourgeon, Casterman, , 160 ISBN  et , OCLC 300688608, lire en ligne), p 22 et 26
  5. Cunt: Etymology sur le site Cunt: A Cultural History, visité le
  6. a et b Cunnus sur Database query to Indo-European etymology
  7. a b et c Cunt sur Online Etymology Dictionary
  8. « *skerǝ- » sur Database query to Indo-European etymology.
  9. The Etymology of sexual slang, visité le
  10. « déconner » dans le Dictionnaire érotique moderne de Delvau
  11. Entrée « connard, conneau, connaud, connos » du Trésor de la langue française informatisé
  12. Noms de famille commençant par un C
  13. a et b Le nom de famille Connart en Belgique et ailleurs
  14. Éric La Blanche, Le connard, enjeux et perspectives: enquête sur un phénomène de société mal compris et sous-évalué, Michel Lafon, (ISBN )

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