Taza

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Taza : descriptif

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Taza

Taza (en berbère : ⵜⴰⵣⴰ ; en arabe : تازة ou ثازا) est une ville marocaine située entre le Rif et le Moyen Atlas, dans la région de Fès-Meknès (administratif) et le chef-lieu de la province de Taza

Elle appartient au Maroc oriental géographiquement et culturellement

Elle se trouve à 114 km de Hoceima, 200 km à l'ouest de Nador et à 117 km à l'est de Fès

Le nom de la ville vient de la langue berbère signifiant : col. Géographiquement, Taza fait partie du nord et du nord-est marocain.

Géographie

Situation

Taza est située à 220 Oujda, 117 km de Fès et 114 km d'Al Hoceïma, dans le « couloir de Taza » qui sépare le Rif du Moyen Atlas. La ville est naturellement protégée par sa situation dominante surplombant l'Oued Taza. L'explorateur français Charles de Foucauld a vanté la qualité défensive de son site : « adossée au sud à une haute chaîne de montagne, bordée de précipices au nord et à l'ouest et d'un talus très raide au nord-ouest, elle n'est facilement accessible que d'un côté, le sud-est ».

Climat

Données climatique de Taza, moyenne de la période (1961-1990) :

Mois Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Année
Maximales (°C) 14.4 16.0 18.1 19.9 24.3 29.4 34.9 34.7 30.6 24.2 18.5 14.7 23.31
Minimales (°C) 5.4 6.6 7.9 9.6 12.4 16.1 19.6 19.9 17.5 13.4 9.1 6.1 11.97
Précipitations (mm) 109.7 137.3 90.4 94.2 53.8 18.6 8.3 2.6 14.0 48.0 105.1 118.7 800.7

Transports

Réseau routier

Taza est accessible par l'Est et par l'Ouest en empruntant l'un des deux sorties de l'autoroute A2 qui la relie à Rabat et à Oujda. Elle est également accessible par la route nationale N6 reliant Fès à Oujda. Taza est reliée à la ville d'Al-Hoceïma grâce à la voie rapide (2×2), mais aussi à Midar, Driouch et Nador à partir de Kassita en empruntant la route nationale N2.

Transports en commun

Les « Taxis Bleus », appelés aussi « Petits taxis », sont utilisés comme moyen de transport pour les déplacements à l'intérieur du périmètre urbain. Ils acceptent jusqu'à trois passagers à la fois. La compagnie "Foughal Bus" propose plusieurs lignes à l'intérieur du périmètre urbain, mais aussi entre les faubourgs de la ville ainsi qu'à une dizaine de kilomètres hors de Taza. Le réseau de bus est en cours de réhabilitation, avec l'arrivée de nouveaux bus modernes.

Une gare routière est en fin de construction situé à l'entrée Est de la ville, afin de remplacer celle du centre-ville.

Réseau ferroviaire

La ville de Taza est située sur la ligne ferroviaire Fès-Oujda, la reliant aux principales villes du Maroc :

  • via Fès : Meknès, Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger ;
  • via Taourirt : Nador et Oujda.

L'électrification de la ligne est prévue pour 2014. Une nouvelle gare ferroviaire est en cours de construction, toujours au même endroit.

Urbanisme

Vue de la Ville nouvelle depuis Taza-Haut et les escaliers Bab Jemâa

La topologie de la zone a imposé un schéma d'urbanisme étalé. Vue d'en haut, la ville prend la forme d'un "T". Elle tire sa racine à Taza haut et s'étend vers le nord, jusqu'à atteindre le lit de l'oued Larbaâ. Dès lors l'urbanisme s'étale vers l'est et l'ouest en longeant la nationale N6 reliant Rabat à Oujda.

À l'aube de l'indépendance, la ville était constituée de la médina à Taza haut, du quartier européen occupant la presque colline dite "Adrar n illouz". Les gens le prononcent généralement "Draâ louz". Ce quartier est devenu le centre-ville, et enfin du quartier de la gare quelques kilomètres plus bas.

Pendant les années qui suivent (60s, 70s) des quartiers sont apparus, à mi-chemin entre le centre-ville et la gare (Bit goulem, Gaada, Wrida, Bin Jradi).

Dans les années 1980, d'autres quartiers font leur apparition, notamment au nord de la ville (Massira et Qods), des quartiers prolongés et développés jusqu'à nos jours. Le but de cette extension fut la résorption des bidonvilles. Ce fut un succès, puisqu'en 1986, la ville a été déclarée ville sans bidonvilles. L'engouement est tel que des sections comme (Massira II) sont de type villa.

Les années 1990 marquent le début de l'urbanisation de l'axe centre-ville - Taza haut. Il s'agit d'immeubles à 6 ou 7 étages occupant une zone stratégique contenue entre des équipements publics (municipalité, espaces, protection civile, hôpital ibn baja, lycée et collèges...) et de l'autre côté, on est en bas de la roche élevée d'une centaine de mètres. Cette zone est également limitrophe des quartiers chics de Qessou-meddah, Friouato et Hay Chouhada (développés tout au long des trois dernières décennies).

Plus récemment cette zone continue à se métamorphoser et promet une superbe vue depuis les hauteurs de la ville. L'urbanisme s'étale désormais également sur la route de Fès sur plusieurs kilomètres de façon discontinue pour atteindre la régional R508 (vers Tainaste).

Le schéma d'aménagement prévoit une liaison directe entre Taza Ouest (au niveau des "ponts blancs") et Taza haut.

  1. Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc, 495 p., p. 30
  2. http://www.hko.gov.hk/wxinfo/climat/world/eng/africa/mor_al/taza_e.htm
  3. |électrification de ligne ferroviaire Oujda Fès

Histoire

Taza est une ville atlaso-rifaine qui s'est développée autour du couvent fortifié bâti par les Meknassa au Rif et l'Atlas, donc dans le pré-Rif, fait d'elle une place forte militaire convoitée par les peuples venus de l'est, désireux de conquérir les terres marocaines. Taza est passée tour à tour aux mains des dynasties qui ont accédé à la tête du Maroc.

Préhistoire

Beaucoup d'indices tout autour de la ville attestent de la présence humaine (grottes de Loghmari, le pont de Qarn Ennasrani...). Les fouilles archéologiques entreprises lors du protectorat français ont révélé beaucoup d'objets qu'on retrouve au musée de Taza haut.

Idrissides

L'allégeance des tribus habitant la région de Taza et la vallée de l'Inaouen (Branes, Ghiata, Tsoul...) au fondateur de la dynastie idrisside ont permis à la ville d'être un point stratégique pour l'empire montant. À la mort d'Idriss II en 828, son fils Mohammed créa une fédération et confia à son fils Daoud le pays de Houara, Tsoul, Meknassa et Branes, Daoud s'installa à Taza.

Meknassa

En l'an 910, Taza était déjà prise par les Meknassa sous la conduite de Messala ibn Habbous.

En 920, son cousin Moussa Ibn Abi Elafia reçoit le commandement de la région entre Fès et le territoire fatimide.

À partir de 931, Moussa Ibn Abi Elafia tourne le dos aux Fatimides et proclame l'autorité des Omayyades. Il finit par être défait par les Fatimides, il se replie à Taza où il fait bâtir un Ribat. En 936, Taza repasse sous autorité de l'Idrisside Al-Qasim Kannun ben Ibrahim allié des Fatimides, Moussa Ibn Abi Elafia s'est réfugié dans le désert.

Almoravides / Almohades

En 1074, le sultan almoravide Youssef Ibn Tachfin prend la ville. Taza demeure sous autorité almoravide tout au long du XIe siècle.

Les Mémoires d'El Baldaq, qui fournissent une chronologie assez précise des campagnes de Abd al-Mumin dans le nord du Maroc, situent la prise de Taza par ce dernier en 1141-1142. La ville fut déclarée capitale provisoire des Almohades.

La grande mosquée de Taza aurait été édifiée dans les années qui suivirent 1142.

Selon le Kitab el Istibsar, les murailles almohades de la ville furent complétées en 1172.

Mérinides

Au déclin des Almohades, leurs successeurs mérinides occupent Taza dès 1216. Celle-ci est alors considérée comme « la clé et le verrou du Gharb », comme le souligne l'auteur du Bayân :

« Une fois installé à Taza, Abû Yahya, prince mérinide, fit battre les tambours et hisser les bannières. De toutes parts, les chefs de tribus accompagnés de délégations vinrent lui présenter leur hommage. Car il avait auparavant occupé le rang d'émir au sein des tribus Banû Marîn, mais sans tambours ni étendards. ».

C'est au méchouar que se situe la médersa mérinide, dont Abou El Hassan Ali dota la ville.

Le sultan Abu Yahya ben Abd al-Haqq nomma son frère Abu Yusuf Yaqub ben Abd al-Haqq Wali de Taza en 1244 : il le resta jusqu'à 1258, où il devint sultan à la place de son frère, mort de maladie.

La reconstruction de la grande mosquée almohade de Taza par le sultan Abu Yaqub Yusuf an-Nasr, de 1292 à , marque l’édification de la première construction d’influence mérinide conservée.

Son successeur et fils la sultan Abu Thabit Amir (Abou Rebia), mort en , fut inhumé dans le sahn de la grande mosquée. Sa stèle funéraire est encore présente de nos jours.

Le successeur Abu Said fut battu et assiégé dans Taza et contraint par son fils Abû `Ali en 1315 à abdiquer et ne garder que le commandement de Taza et sa région. Peu de temps après, les partisans Abû `Ali vinrent rejoindre Abu Said à Taza, ce dernier marcha sur Fès mais pardonna à son fils sa trahison et désigna son autre fils Abu al-Hasan comme prince héritier.

La Médersa de Taza est fondée par le sultan Abu al-Hasan en 1323.

Saâdiens

  • Le prince saâdien Ennasser ben el-Ghalib, fils du sultan Abdallah el-Ghalib constitua son armée à Mélillia qu'il quitta le en direction de Taza qu'il occupa la même année. L'année suivante, il fut pris dans une embuscade et tué près de Taza par l'armée du sultan Ahmed al-Mansur Saadi.
  • Le sultan Ahmed al-Mansur Saadi qui voulait fermer la porte du Maroc aux Turcs entreprit la restauration des remparts de Taza, et leur adaptation aux nouvelles conditions de la guerre de siège, auxquelles répondait le Bastion, qu'il construit entre "1578 et 1603",.

Alaouites

Au Fès, Moulay er-Rachid s'empare de Taza et s'y installe en 1665. Il devient le premier sultan de la dynastie alaouite, toujours en place aujourd'hui. Moulay er-Rachid construisit son Dar el-Makhzen au sud de la ville - à l'opposé de la Grande mosquée. Mais il n'oublia pas le grand sanctuaire de sa capitale provisoire.

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En 1803, lors de son voyage en Afrique et en Asie, Domingo Badia y Leblich (Ali Bey al-Abbasi) déclare :

« La ville est entourée de vieilles murailles et la tour de la mosquée s'élance au-dessus comme un obélisque. Le rocher est escarpé en certains endroits et couvert de beaux vergers dans d'autres des jardins entourent sa base. D'un côté une petite rivière qui se précipite, de l'autre plusieurs ruisseaux qui tombent en cascades, un pont à demi ruiné ajoutent à l'intérêt du tableau ; une multitude innombrable de rossignols de tourterelles et d'autres oiseaux font de cet endroit un lieu ravissant. Les vallées couvertes de moissons abondantes me font croire que les habitants sont plus laborieux que ceux des côtes de la mer (...). »

Plus loin dans son livre, il ajoute :

« Je restai campé toute la journée je me rendis à la ville pour assister à la prière publique du vendredi La ville de Teza est la plus jolie de toutes celles que j'ai vues dans l'empire de Maroc. »
« C'est la seule où l'œil n'aperçoit point de ruines. Ses rues sont belles, les maisons jolies et peintes. La principale mosquée est très grande, bien construite et ornée d'un beau vestibule. Il y a plusieurs marchés bien approvisionnés, un grand nombre de boutiques et de très beaux jardins ou vergers, l'eau y est excellente et l'air très pur, les vivres sont bons, d'un prix peu élevé et en grande abondance ; les habitants ont paru être gens d'esprit. Ces avantages me font préférer la ville de Teza à toutes autres villes de l'empire, même aux capitales Fez et de Maroc. »

En 1883, alors que l'explorateur Charles de Foucauld séjourne dans la ville du au , il se réfère en partie au témoignage d'Ali Bey al Abassi. Il décrit "l'eau délicieuse et glacée" de ses nombreuses sources et "les jardins superbes" dont les arbres fruitiers ont "une élévation extraordinaire". Cependant, l'explorateur, déçu par le contraste avec la description d'Ali Bey, relate la déliquescence de la cité en raison de son occupation par les guerriers Ghiata:

"[...] ils traitent cette cité en pays conquis, y prenant de force ce qui leur plaît, tuant sur l'heure qui ne leur cède pas de bonne grâce. Au dehors, ils tiennent la ville dans un blocus continuel; nul n'ose sortir des murs sans être accompagné d'un Ghiati [...] c'est au point que les habitants ne peuvent aller seuls remplir leurs cruches à l'ouad Taza; les ghiata ont le monopole de l'eau, qu'ils apportent chaque jour moyennant salaire. Au dedans la ville est encombrée de Ghiatas, on en voit sans cesse un grand nombre assis soit devant les portes, soit à l'intérieur des maisons, soit sur les terrasses, on les reconnaît à leur sabre et à leur fusil [...] En outre, de temps en temps ils mettent la ville en pillage réglé; aussi dès qu'un habitant a quelque argent, il se hâte de l'envoyer en lieu sûr, soit à Fès soit à Meknès. [...] Il est difficile d'exprimer la terreur dans laquelle vit la population."

Il achève cette description avec emphase après avoir affirmé que les Ghiata ont fait de Taza "la ville la plus misérable de la Terre":

" Hélas ! ces beaux jardins eux-mêmes, où Ali Bey se plaisait à entendre roucouler pigeons et tourterelles, ne sont plus aujourd'hui aux habitants qu'une source d'amers regrets: on les voit toujours aussi verts qu'au temps de Badia, les mêmes ruisseaux y murmurent, les rossignols y chantent encore dans les arbres, mais les Ghiata les ont tous pris."

| ]

En 1902, Rogui Bou Hamara (Rogui : prétendant au trône, Bou Hamara l'homme à l'ânesse), un notable de la cour du sultan Abd el-Aziz, revient sous une fausse identité au Maroc après un exil en Algérie. Il se fait passer pour le frère du sultan (Moulay M'hammed) et se fait proclamer sultan à Taza. Sous couvert de pieux sentiments, il conduit les Berbères de la région à se révolter contre le vrai sultan. Bou Hamara reste maître de la ville pendant sept ans. Après avoir vendu aux Espagnols des concessions minières, il perd le soutien des tribus rifaines qui le chassent violemment du Rif. Il est capturé en 1909 puis livré aux fauves, fusillé et brûlé à Fès sur ordre du sultan Moulay Abd al-Hafid.

Conformément au traité signé le , Taza est placée sous protectorat français le et le demeure jusqu'à l'indépendance du royaume du Maroc.

La région est également réputé pour sa combativité face au colonialisme français avec à sa tête Mohammad Al-Mamoune avec son armée de Twaza et de rifains, malgré son origine lointaine issu du Sahara.

À partir des années 1970, une majorité de Twaza allèrent s'installer en France (en région parisienne, au Languedoc-Roussillon, dans le Vaucluse ou encore au Pays d'Arles) dans des villes plutôt moyennes comme Avignon, Nîmes, Arles, Cavaillon, Béziers, Le Mans, Auxerre, Agen... où l'on retrouve d'importantes communautés marocaines originaire de Taza, mais également en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne.

  1.  15): cours professé à l'Institut des hautes études marocaines / Ismaël Hamet | E. Leroux (Paris) 1923
  2.  26): cours professé à l'Institut des hautes études marocaines / Ismaël Hamet | E. Leroux (Paris) 1923
  3.  32): cours professé à l'Institut des hautes études marocaines / Ismaël Hamet | E. Leroux (Paris) 1923
  4.  35): cours professé à l'Institut des hautes études marocaines / Ismaël Hamet | E. Leroux (Paris) 1923
  5. Royaume du Maroc - Ministère des Habous et des affaires islamiques - La Grande mosquée de Taza
  6. الأعلام - ج 8 : نافع بن ظريب - يوهنس
  7. Histoire de la grande mosquée
  8.  196 / général Faure-Biguet, Gabriel-Isidore (1838-....) | Éditeur : H. Charles-Lavauzelle (Paris) Date d'édition : 1905
  9. «  », sur L-echo (consulté le ).
  10. Nozhet-el hādi bi akhbar moulouk el-Karn el-Hadi : 1511-1670 / par Mohammad al Saghir ben al Hadj ben Abd-Allah al Wafrani ; publ. par O. Houdas ; Titre : Histoire de la dynastie Saadienne au Maroc (page 176-177) : 1511-1670 | Éditeur : E. Leroux (Paris) Date d'édition : 1889 Contributeur : Houdas, Octave (1840-1916). Traducteur
  11. Al Fachtali "Manahil Assafa"
  12. «  », sur Maghress (consulté le ).
  13. Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc, , 495 p., p. 31
  14. Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc, , 495 p., p. 32
  15. lire en ligne)
  16.  » (consulté le )

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