Menaa

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Menaa : descriptif

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Menaa

Menaa (prononcé [mnʕah]) est une commune de la wilaya de Batna en Algérie dans les Aurès, elle est située à 77 km au sud-ouest de Batna et à 58 km au nord-est de Biskra

La commune est essentiellement composée de l'agglomération chef-lieu Menaa avec les agglomérations secondaires de Nara, Chelma et Brayed. Le relief de la région est constitué de montagnes d’une altitude moyenne de 700 mètres

Sur le territoire de la commune se trouve le confluent de l'oued Abdi et de l'oued Bouzina

Le climat de Menaa est sec et froid en hiver, chaud en été

La commune est traversée sur 20 km route nationale, d'une longueur de 8 km de pistes carrossables et 26 km de les chemins communaux. Le nom de la commune connaît deux origines possibles

L'une, du mot arabe أمنعنا (« Amnana ») qui signifie « nous sommes sauvés » ; l'autre, du mot qui signifie « la couverture ». La région de la commune de Menaa, date du temps de Marc Aurèle, connu sous le nom de Tfilzi

La zaouïa de Menaa été un refuge pour quatre Bey de Constantine

Le colonel Canrobert à la tête d’une colonne marcha contre Nara le 4 janvier 1850, pour raser totalement le village. À Nara pendant la guerre d’Algérie le 21 mars 1956, Mostefa Ben Boulaïd meurt d'une explosion d’un poste de radio, piégé

Le 28 octobre 1963, la commune de Menaa est intégrée dans la daïra d'Arris, puis devient chef-lieu de daïra lors du redécoupage administratif de 1991. Les habitants proviennent des Ouled Ahmidan à Nara, des Ouled Taghit à Chelma, ainsi que des aârouch chaouis

Le chef-lieu de la commune présente une population mélangée

Le recensement général de la population et de l'habitation de 2008 chiffre la population totale de la commune à 13 510 habitants

La densité de la population totale est de 72 hab./km2, et le taux de croissance moyen de la population, entre 1998 et 2008, ressort à 1,24 %. La commune pratique les sports traditionnels, tels que Thakourth, l'Iqiqaben ou bien encore le ski sur les feuilles du figuier de Barbarie, dans les seguia

Elle honore également les fêtes traditionnelles berbères, telles que Thifsouine, Yennar, Mayu Bouyghioun et Ibrir. Menaa possède une zaouïa : celle des Beni Abbes, l'une des plus anciennes de la wilaya, fondée vers l'an 1660

La zaouïa dispose de sa propre mosquée

La commune a d'autres lieux de culte musulman. Le patrimoine le plus connu de la région est le site naturel du village de Menaa qui est sur la liste des sites et monuments classés de la wilaya de Batna

Les sites des gorges de Tassarifte, du Djebel Lazergue et du cimetière du chahid Mostefa Ben Boulaïd à Nara sont également réputés.

Géographie

Situation

Le territoire de la commune de Menaa est situé au sud de la wilaya de Batna.

Communes limitrophes de Menaa
Ain Zaatout
(wilaya de Biskra)
Bouzina, Chir Tighanimine
Tigherghar Menaa Tighanimine
Ghassira
Tigherghar M'Chouneche
(wilaya de Biskra)
Ghassira

Localités de la commune

Le village de Menâa

La commune de Menaa était composée, lors de sa création en 1984, de 14 localités: Aïn Monia, Aslaf, Brayed, Chelma, Delma, Fouchi, M'Zaten, Malou, Nara, Menaa, Tafrent, Taghrout, Tazmalt et Teniet El Hamra.

Actuellement, la commune est essentiellement composée de l'agglomération chef-lieu Menaa (4 776 habitants) et des agglomérations secondaires de Nara (3 497 habitants), Chelma (3 106 habitants) et Brayed (1 238 habitants).

Géographie physique

Relief et géologie

Le relief de la région est constitué de montagnes d’une altitude moyenne de 700 mètres. La commune s'étend en effet de la vallée de l'oued Abdi à la vallée de l'Oued Abiod à l'Est, séparées par le Djebel Arezg.

Hydrographie
Oued Abdi
Cours d'eau à Menâa

Sur le territoire de la commune se trouve le confluent de l'oued Abdi et de l'oued Bouzina.

L'oued Abdi a deux sources : Ain Adjzira et Ain Aqrara. L'oued prend sa source au lieu-dit Qerza à 40 . Cet oued a plusieurs affluents, comme l'oued Nara qui nait au mont Krouma, descend vers les gorges de Nara pour arriver au village de Chelma, puis se jette dans l'oued Abdi à l'est du chef-lieu de la commune.

L'oued Bouzina est aussi appelé oued Menaa ou oued Ahmer (« l'oued rouge ») ; sa source se situe sur le mont El Mehmel, puis il pénètre dans la vallée Nirdhi en passant par Bouzina, Morkha et Tagoust, sort des gorges de Tasrift et va jusqu'à Menaa où il conflue avec l'oued Abdi.

L'Ighzer Bouras qui se trouve à l'ouest du chef-lieu de la commune est le tributaire des deux derniers ; il se remplit avec la venue des précipitations et conflue à deux kilomètres près du croisement de l'oued Abdi et l'Ahmer.

Climat

Le climat de Menaa ressemble au climat de la région de sa daïra (sec et froid en hiver, chaud en été). Le climat de la commune combine deux climats celui du Tell et du Sahara dans divers phénomènes notamment la désertification qui remonte vers les Hauts Plateaux,.

Géographie humaine

La vallée de l’Oued Abdi est la plus importante ressource en matière hydrographique : elle permet l’irrigation des vergers, source de vie des habitants de la dechra.

La commune est traversée sur 20 route nationale qui relie Batna à Biskra par la vallée de l'oued Abdi.

Les pistes carrossables sont d'une longueur de 8 . La commune ne dispose pas de gare de transport de voyageurs, ni d'un service de transport urbain, les voyageurs se rendent habituellement à Batna, à Biskra ou à Arris via le transport collectif qui est assuré par le secteur privé et les taxis. Il existe aussi le transport scolaire qui ne couvre pas la totalité de la commune.

  1. « Décret lire en ligne).
  2. Code des agglomérations : 5e recensement général de la population et de l'habitat, Office national des statistiques, coll. « Collections statistiques », , p. 15.
  3. a b c d et e Boudouh 2008, p. 63.
  4. a et b Boudouh 2008, p. 57.
  5. Boudouh 2008, p. 58.
  6. a b et c «  », sur www.wilaya-batna.gov.dz (consulté le ).

Toponymie

Les récits des anciens de la région de Menaa disent que la commune actuelle était autrefois couverte d'une forêt épaisse. Le toponyme de la commune signifie « la couverture » : elle était ainsi nommée avant 1830 quand 45 familles de différentes tribus se sont installées. Ces derniers ont construit ce village sous forme de bateau « l’ancienne dachera » afin de se défendre contre les ennemis durant les conflits entre tribus.

  1. Boudouh 2008, p. 79.
  2. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées present

Histoire

Afrique romaine

La région de la commune de Menaa, date du temps de Marc Aurèle. L'historien Pierre Morizot a fait des recherches sur la région Menaa et a démontré qu'il existait une agglomération du nom de Tfilzi qui était dotée d'institutions politiques avec des magistrats et il signale l’existence de vestiges archéologiques.

Période des Beys de Constantine

La zaouïa de Menaa été toujours un refuge pour les Beys de Constantine, trois beys de Constantine dit-on avaient précédé Ahmed Bey a ce refuge, il s'agit du Bey Hadj Mustapha Englis fils de Salah Bay (1805) et d'Ahmed Tobbal (1807) et de Brahim, ben Elgarb ou Brahim ben Elpelawan (1818),.

Période de la conquête française

En 1839, deux ans après la prise de Constantine, Ahmed Bey avec sa famille et ses combattants, se sont réfugiés dans la zaouïa de Beni Abbes connue comme Dar Ech-Cheikh chez cheikh Sidi Mohamed Ibn Sidi Ben Abbas. Dans la zaouïa, Ahmed Bey est resté pendant sept années dans ce siège-refuge, pour se soigner lorsque sa maladie empira. Ses deux fils Mohamed âgé de 13 ans et Mahmoud âgé de 5 ans sont morts et enterrés aux côtés des cheikhs de la zaouïa.

En 1844 lors de l’entrée de l'armée française le village de Menaa avait 150 maisons et comptait environ 1 200 habitants.

Canrobert, le colonel qui a pris Zaâtcha puis Nara

Le soulèvement de Zaâtcha, oasis située à 35 Biskra, est une grande bataille, du point de vue militaire ; sur le plan politique, c'est un symbole de lutte régionale généralisée et bien coordonnée, puisque toutes les tribus aurésiennes y ont pris part.

Dès , à Nara, quelques signes de désobéissance contre l’autorité des caïds se manifestent. Ils assassinent deux membres de la famille du caïd Ben Abbés. Le la colonne Carbuccia marche contre le village, qu'elle incendie, mais les habitants ripostent vivement. Le colonel Carbuccia évalue les pertes à un mort et trois blessés du côté de la colonne et à cinq hommes tués du côté de Nara. Les Ouled Abdi attaquent directement leur caïd Mohamed Ben Abbés, qui s’échappe et se réfugie à Marcouna.

Diffusant une propagande prétextant la hausse des impôts sur les palmiers Bouziane, l’ancien cheikh sous l’émir Abdelkader lance le soulèvement en envoyant des émissaires partout dans les Aurés. Un groupe de quarante volontaires combattants de Nara se porte directement à Zaâtcha pour en renforcer la défense.

L’assaut de Zaâtcha a lieu le . Le village de Zaâtcha est complètement détruit et Bouziane ainsi que les défenseurs sont tués jusqu’au dernier.

Le village de Nara est alors directement visé par l'armée d'Afrique. À Nara, plusieurs défenseurs venus des Beni Bouslimane, d'Ahmar Khaddou et même des Touabas se sont regroupés. Le colonel à la tête d’une colonne (8e bataillon de chasseurs à pied) marcha contre Nara le . Les défenseurs, se fiant à la position escarpée de leur village et aux menaces de la saison rigoureuse refusaient de venir seuls, à composition de tous les autres village. Après deux journées de combats, durant lesquels les Français perdirent huit hommes dont deux officiers, et déplorèrent trente blessés, du côté de Nara (d’après une déclaration des grandes familles de Nara), 100 personnes environ furent tuées dans cette expédition, et les trois decheras qui constituaient le village de Nara furent totalement rasées. Ce n’est que vingt années après que les rescapés obtinrent l’autorisation de reconstruire Nara, mais pas au même emplacement.

En 1853 l’économie du village était riche de l'aisance que lui procuraient ses jardins fruitiers et potagers. L'abondante production fruitière était à même de satisfaire les besoins locaux pour approvisionner les marchés environnants. Pour ce qui est de richesse animale, Menaa avait à cette époque 87 bœufs et vaches, 174 moutons, 1740 chèvres, 28 chevaux et juments, et 16 mulets.

Les insurrections des Aurès

L’insurrection des Ouled Sidi cheikh a débuté en . Les gens du village de Nara ont appris la nouvelle de cette révolte en mai de la même année. Ils ont reçu une lettre qui annonçait que «les colonnes françaises qui opéraient dans l'ouest avaient été détruites par un Chérif paru dans le Gharb (Ouest) et que l’insurrection devenue générale était triomphante», qu'ils «devaient donc se tenir prêts à l'heure de la délivrance». La réaction à cette lettre se traduisit par des rassemblements de petits groupes de gens et par des propos hostiles aux autorités surtout à Nara.

Pour avoir participé à la propagande de l’insurrection, les accusés (Si Mohamed ben Sokhi et Ahmed ben Abdelah) ont été mis en prison pour deux mois et condamnés à une amende de 200 francs chacun.

La période coloniale

Les routes

Avant le . Il n'existait que les routes des caravanes. La construction de la route de Batna vers la commune a commencé avant la Première Guerre mondiale jusqu’à Chir, où elle a été abandonnée par son entrepreneur. Le projet fut tout de suite repris par un autre, avec l'aide des prisonniers du pénitencier de Tazoult.

Le pont de Menaa a été construit en 1917, d'abord d'une largeur de 3 mètres. Il a été élargi à 7 mètres entre 1994 et 1995. La construction de la route de Menaa vers Biskra a débuté vers les années 1940, et a pris beaucoup de temps à cause des reliefs de la région.

Autres

À partir de la fin du douar (siège d'un caïd) de la commune mixte de l'Aurès (département de Constantine, arrondissement de Batna), dont le chef-lieu est Arris.

Une école française est construite en 1915 à l'intérieur de la zaouïa, pour mieux surveiller ses cheikhs et ses fidèles qui allaient à la mosquée qui se trouve à côté de l'édifice religieux.

En 1934, l'ethnologue Germaine Tillion séjourne pendant quelques mois à Menaa au début de son séjour dans les Aurès (1934-1940) ; elle y entre en contact avec la culture chaouïa en recueillant des récits et légendes locaux ; après cette période d'initiation, elle part dans un lieu plus isolé : le douar Tadjemout (dans l'actuelle commune d'El Mizaraa), sur le versant Est du Djebel Ahmar Khaddou.

La guerre d’Algérie

La mort de Mostefa Ben Boulaïd (1956).

Le , Mostefa Ben Boulaïd, un des neuf « chefs historiques » du Front de libération nationale, responsable de la zone 1 (Aurès), organise avec plusieurs militants une réunion à Nara : Ali Baazi, Abdelhamid Lamrani, Messaoud Benakcha, Mostefa Boucetta et Ali Benchaïba. La nuit suivante, l’explosion d’un poste radio piégé entraîne la mort de tous, à l’exception des deux derniers qui sont seulement gravement blessés.

En 1958, à la suite de la création du département de Batna et de l'arrondissement d'Arris en 1956, le douar Menaa devient une commune de plein exercice.

L'Algérie indépendante

Le , la commune de Menaa est intégrée dans la daïra d'Arris, puis devient chef-lieu de daïra lors du redécoupage administratif de 1991.

Durant la « décennie noire », la zaouïa de Béni Abbas ferme ses portes ; elle reprend son activité en 2005.

  1. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées villageMenaa
  2. , (Édisud, Encyclopédie berbère » (ISBN , présentation en ligne, lire en ligne), p. 1097-1169
  3. a et b Zouzou 2011, t. I, p. 112.
  4. Zouzou 2011, t. I, p. 153.
  5. a b c d et e Hassina Amrouni, « La zaouïa de Beni Abbes de Menaâ (Batna), un des plus anciens lieux de savoir dans les Aurès », Algérie Presse Service,‎ (lire en ligne).
  6. a b c d et e Zouzou 2011, t. II, p. 235.
  7. a et b Zouzou 2011, t. II, p. 237.
  8. Zouzou 2011, t. II, p. 241.
  9. a b c d e et f Zouzou 2011, t. II, p. 243.
  10. Zouzou 2011, t. I, p. 118.
  11. Zouzou 2011, t. I, p. 119.
  12. a b c et d Zouzou 2011, t. I, p. 274.
  13. Zouzou 2011, t. I, p. 275.
  14. a et b Boudouh 2008, p. 76.
  15. a b c d et e Boudouh 2008, p. 77.
  16. , Il était une fois l'ethnographie, Paris, Seuil, , 292 ISBN , lire en ligne), p. 55-67
  17. « Wilaya I » à partir du congrès de la Soummam en août 1956.
  18. a et b Hassina Amrouni, « Tous les chefs des Wilayas historiques: « Histoire » », Memoria, ISSN 1112-8860, lire en ligne).
  19. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées present

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Menaa dans la littérature

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