La Chaux-de-Fonds

Localisation

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La Chaux-de-Fonds : descriptif

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La Chaux-de-Fonds

La Chaux-de-Fonds (/la.ʃo.d(e).fɔ̃/) est une ville suisse du canton de Neuchâtel, située à environ 70 km au nord-ouest de Berne dans le massif du Jura, dont la commune est limitrophe de la France

La Chaux-de-Fonds est inscrite depuis juin 2009 avec sa voisine Le Locle sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO pour son « urbanisme horloger »

Cette notion reflète la manière dont les besoins particuliers d'une activité mono-industrielle, l'horlogerie, ont marqué l'urbanisation de la ville, entremêlant habitat et ateliers. Avec 36 527 habitants recensés à la fin de l'année 2022, c'est la deuxième plus grande commune du canton de Neuchâtel, derrière la ville de Neuchâtel (44 597 habitants en décembre 2022). La commune a été fondée en 1656 et doit son essor et sa renommée à l'horlogerie et à la microtechnique

Entièrement détruite par un incendie en 1794, la ville a été reconstruite selon un plan en damier qui est aujourd'hui encore une originalité au sein des villes suisses

L'urbanisme particulier et l'activité principalement industrielle ont fait dire à Karl Marx que la cité était une « ville-manufacture ». L'architecte Le Corbusier, le navigateur Laurent Bourgnon, l'écrivain Blaise Cendrars et le constructeur d'automobiles Louis Chevrolet y sont nés

Elle est un centre reconnu de l'Art nouveau ayant donné naissance à une forme de cet art connu sous le nom de Style sapin

À ce titre, elle est membre du Réseau Art Nouveau Network.

Géographie

Situation

Vue aérienne de la ville (1950).

La Chaux-de-Fonds se situe au nord-ouest de la Suisse, près de la frontière française, dans une large vallée jurassienne sans eau de surface, à environ 1 000 mètres d'altitude. Elle est la deuxième plus haute ville de Suisse, après Davos.

Sa superficie est de 55,66 , ce qui en a longtemps fait la plus vaste du canton (jusqu’à la modification de Val-de-Travers en 2009). 16,7 % de cette superficie correspond à des surfaces d'habitat ou d'infrastructure, 54,7 % à des surfaces agricoles, 27,9 % à des surfaces boisées et 0,7 % à des surfaces improductives. La commune est bordée par le Doubs et le lac de Biaufond au nord.

La commune comprend les localités du Crêt-du-Locle, du Valanvron, des Bulles, de La Cibourg, des Éplatures et des Joux-Derrière. Elle est limitrophe de La Sagne, Le Locle et Les Planchettes, Val-de-Ruz ainsi que de La Ferrière et Renan dans le canton de Berne, Les Bois dans le canton du Jura et du département français du Doubs.

Climat

On compte 126,9 jours de gel par an en moyenne à La Chaux-de-Fonds dont 25,4 jours en janvier, le mois le plus froid, et 0 jour entre juillet et août. Le nombre de jours atteignant ou dépassant les 25 .

Orage de juillet 2023

Le , de très forts vents balayent La Chaux-de-Fonds et ses alentours, la ville du Locle est aussi touchée. Cet « événement météorologique » n'a duré que quelques minutes mais a fait d'importants dégâts dans la cité horlogère. Des rafales ont été mesurées à 217 ,,.

Si les journaux et le public ont souvent parlé de « tempête », des météorologues ont utilisé les termes d’« orage », de « tornade » ou de « microrafale », puis ils ont qualifié a posteriori l’événement d’« orage supercellulaire ». Le caractère hybride de cette tempête s'est manifesté par des dégâts suggérant une « tornade » sur le flanc nord, et une « microrafale » sur le flanc sud,.

Relevé météorologique
Relevé météorologique de La Chaux-de-Fonds-altitude : 1018 m-période 1991-2020
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −5,4 −5,4 −2,1 1,1 4,9 8,5 10,2 9,9 6,7 3,4 −1,1 −4,1 2,2
Température moyenne (°C) −1 −0,7 2,6 6,1 10,2 13,8 15,6 15,4 11,5 8 3,1 −0,1 7
Température maximale moyenne (°C) 3 3,6 7,1 11 15 18,9 20,8 20,7 16,6 12,8 7,2 3,8 11,7
Précipitations (mm) 107 93 99 96 131 119 131 131 114 117 118 133 1 389
Source : Climatologie mensuelle à La Chaux-de-Fonds MétéoSuisse


Transports

Trolleybus articulé du réseau urbain en 2007.

La Chaux-de-Fonds est reliée par trains CFF à Bienne, Neuchâtel et au Locle. Des lignes de trains rejoignent les Franches-Montagnes (ligne des CJ en direction de Saignelégier et Glovelier) et la vallée de La Sagne (ligne TransN en direction des Ponts-de-Martel). De plus, elle est, depuis 2006, terminus de la ligne de train venant de Besançon (France) via Morteau par trains automoteurs (autorails diesel). La ligne ne poursuivait alors pas au-delà de la gare du Locle. Un ancien réseau de trolleybus (lignes 1, 2 et 4) et de bus urbains dessert les divers quartiers. La ville a également disposé, entre 1897 et 1950, d'un tramway. On peut aussi y pratiquer la mobilité douce grâce aux vélos roses.

L'autoroute J20 relie la ville à celle de Neuchâtel (H20), en passant par le tunnel sous la Vue des Alpes et évite ainsi le passage par le col, parfois difficilement praticable l'hiver. L'autoroute depuis Neuchâtel continue ensuite en direction du Locle. Une route quitte également la ville en direction des Franches-Montagnes et une en direction de Belfort en France, par Biaufond.

La Chaux-de-Fonds pendant le tir fédéral de 1863 avec l'arrivée du train du Jura industriel (sur la droite).

Historiquement, la première ligne de chemin de fer du canton de Neuchâtel a vu le jour entre Le Locle et La Chaux-de-Fonds, en 1857, à l'époque gérée par la Compagnie du Jura industriel et financée par les villes. Dès le , la ligne est ouverte entre Neuchâtel et Le Locle, en passant sous la Vue des Alpes par le tunnel des loges, qui est à l'époque en Suisse le plus long tunnel ferroviaire avec ses 3 259 mètres. Les coûts sont énormes et ces investissements plongeront la ville dans une grave crise financière lorsque la Compagnie du Jura Industriel fait faillite en 1861. À l'époque, il fallait compter 1 h 20 pour se rendre de la Chaux-de-Fonds à Neuchâtel et 1 h 40 pour en revenir.

  1. Alexandre Steiner, « Le duel des villes: Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds, l’aristocrate privilégiée face à l’ouvrière agitée », Le Temps,‎ , ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  2. «  » Accès libre [xls], sur Office fédéral de la statistique (consulté le ).
  3. «  », sur admin.ch (consulté le ).
  4. « Intempéries en Suisse romande : Appel à la prudence à La Chaux-de-Fonds après la tempête qui a fait un mort et une quarantaine de blessés », RTS Info,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Tempête à La Chaux-de-Fonds », RTS Info,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Fabrice Coffrini/AFP, « La tempête a causé pour 117 millions de dommages », Tribune de Genève,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Gaël Klein, « Un orage "supercellulaire" comme celui de La Chaux-de-Fonds reste presque impossible à prévoir », RTS Info,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Sylvie Jeanbourquin, « Une probable tornade », Le Courrier,‎ , lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  9. , p. 243-244.

Toponymie

La signification et l'origine du nom de la ville ne font pas l'unanimité. Le mot « Chaux » vient de la racine pré-indo-européenne calmis dont le sens est « plateau aride, maigre pâturage ». Le mot « fonds » semble inspiré du mot latin fons, fontem signifiant « source, fontaine ». L'explication la plus probable établit un rapport avec Fontaines (Val de Ruz). À l'origine, La « Chaux de Fonds » aurait donc été un pâturage d'été utilisé par les habitants de Fontaines.

Vers 1350, le lieu-dit s'appelle la Chaz de Fonz (Chaz qui désigne en patois vaudois les pâturages où le calcaire jurassique affleure et qui sont impropres à la culture, puis vers 1378 Chault de Font. Vers 1420 Chauz de fonds et vers 1438 Chaud de Fond.

On trouve également l'orthographe La Chaux de Fons (sans tiret et sans la lettre d).

La commune est familièrement désignée sous le nom de La Tchaux.

Son ancien nom allemand est Schalu.

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  2. «  » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  3. Carte nationale de la Suisse 1:50 000 "Vallon de St Imier", Feuille 232, édition de 1970.
  4. a et b Paul Fehlmann, Ethniques, surnoms et sobriquets des villes et villages : en Suisse romande, Haute-Savoie et alentour, dans la vallée d'Aoste et au Tessin, Genève, Jullien, , 274 ISBN ), p. 27

Histoire

De la colonisation à la commune

À l'époque épipaléolithique (10 300 - 9 000 av. J.-C.), quelques vestiges attestent de la présence humaine contemporaine de l'homme de Cro-Magnon dans la région, par exemple à la grotte du Bichon dans les côtes du Doubs où un crâne humain et d'autres fragments furent découverts en 1956.

Il existe un chemin de chaille nommé « chemin des Romains », dont la toponymie reste obscure et autour duquel aucune fouille archéologique n'a été entreprise, puisque l'histoire officielle débute bien plus tard que l'époque romaine.

Les premiers colons arrivent probablement au Val-de-Ruz, région qui appartient alors à la seigneurie de Valangin. À cette époque, les montagnes sont recouvertes de ce qu’on appelle les Noires Joux (la forêt) et les fonds de vallées sont marécageux. Il faut donc d’abord défricher les terres avant de pouvoir les exploiter. Pendant longtemps, les montagnes de Valangin ne sont utilisées que pour l’estivage du bétail. Les colons arrivent d’abord dans les vallées de La Sagne et du Locle, car le premier chemin ne passe pas sur le sol chaux-de-fonnier. Malgré le climat rude et le sol peu productif, des colons finissent par s’installer définitivement dès le milieu du  siècle dans les montagnes et sont affranchis de certaines obligations par le seigneur de Valangin, ceci certainement afin de favoriser leur implantation et compenser le manque à gagner lié aux mauvaises terres des montagnes. Les affranchis sont appelés francs habergeants.

Le territoire de La Chaux-de-Fonds a donc d’abord été utilisé par des habitants de Fontainemelon pour l’estivage. Mais dès 1358, les premiers colons à l’année sont répertoriés, tous originaires de Fontainemelon. Cependant, ils n’appartiennent pas au Clos de la Franchise et ne privilégient donc pas du statut de franc-habergeant comme les Sagnards ou les Loclois. Dès le XVIe siècle, ce sont ces derniers qui commencent à peupler La Chaux-de-Fonds, et non plus des gens du Val-de-Ruz, car le Clos de la Franchise commence à être surpeuplé.

En 1510, La Chaux-de-Fonds compte 45 tenanciers, tous agriculteurs, et répartis de manière hétérogène sur le territoire. La première église du village est certainement bâtie en 1523 et la Réforme arrive en 1528. Comme la seigneurie de Valangin est l’alliée de Berne, le protestantisme se propage rapidement. Jusqu’en 1656, La Chaux-de-Fonds fait encore partie de la mairie de Valangin. Ce n’est qu’en décembre que le duc Henri II d'Orléans-Longueville signe l’acte d’érection de la nouvelle mairie à Rouen. La Chaux-de-Fonds est dès lors une commune à part entière et Abraham Robert en devient le premier maire. Ainsi la paroisse devient aussi un ensemble administratif et judiciaire doté d'un tribunal de basse justice.

Débuts de l'horlogerie

Si l’horlogerie suisse naît à Genève au Jean Calvin du port d’objets ornementaux, elle arrive rapidement en terres chaux-de-fonnières. Les paysans des Montagnes ont toujours eu des aspirations artisanales pour occuper leurs longues soirées, comme le travail du bois ou du fer. Au  siècle, les échanges entre régions sont nombreux et les hommes des Montagnes neuchâteloises visitent souvent les foires. De plus, les artisans voyagent beaucoup, ce qui favorise l’introduction du savoir horloger à La Chaux-de-Fonds.

Comme la population des Montagnes augmente sans cesse au  siècle, les domaines agricoles deviennent de plus en plus petits, ce qui implique la nécessité de pratiquer une autre activité lucrative en marge de l’agriculture. C’est dans ce contexte que les horlogers-paysans se répandent. De plus, la dentellerie fait également son apparition à La Chaux-de-Fonds, ce qui apporte un revenu supplémentaire aux foyers. C’est d’abord l’horlogerie de gros volume qui fait son apparition dans les montagnes neuchâteloises, puis les pendules (dites neuchâteloises) et finalement les montres dans la deuxième moitié du  siècle.

Le début du  siècle est marqué par le passage de Neuchâtel aux mains du Roi de Prusse (en 1707). Jusqu’alors, Neuchâtel avait ses propres dirigeants (la seigneurie de Valangin, d’abord sous le giron de l’évêché de Bâle, passa en mains neuchâteloises en 1592). Cet éloignement du souverain garantit à Neuchâtel une certaine indépendance tout en étant assuré d’une bonne protection. Bien que les Chaux-de-Fonniers paraissent satisfaits de ce choix, un autre problème provoque leur mécontentement : ils se sentent désavantagés par rapport au Littoral qui détient la quasi-totalité du pouvoir au Conseil d’État.

Mais le début de ce siècle est surtout important, car c’est lui qui a vu agir une personnalité majeure pour les Montagnes : Daniel Jeanrichard. Cet horloger est à l’origine du système de l’établissage qui est sans aucun doute à la base de l’expansion de l’horlogerie dans les montagnes. Grâce à cette pratique, impliquant une plus grande division du travail ainsi qu’une plus grande autonomie de la région, une véritable industrie est née. Cet essor économique va impliquer la disparition progressive des horlogers-paysans et l’apparition d’horlogers à part entière. Ainsi, de nombreux paysans suisses-allemands viennent reprendre les domaines délaissés. Cette vague d’immigration est importante, car la population double entre 1750 et la fin du siècle. L’essor de cette petite industrie horlogère va également attirer des commerçants étrangers, entre autres des Juifs venant d’Alsace.

Les Chaux-de-Fonniers sont plutôt réfractaires aux personnes d’autres confessions que le protestantisme (on expulse régulièrement des catholiques et des anabaptistes), mais les Juifs semblent être tolérés, du moins lorsqu’ils ne sont que de passage, car ils contribuent à l’écoulement des stocks. Encore en 1845, l'avocat et député français Adolphe Crémieux représente les intérêts d'ouvriers français en horlogerie à la Chaux-de-Fonds, expulsés de Suisse parce que juifs, en application de la loi du canton, qu'il n'hésite pas à fustiger ainsi que sa réputation de « terre de liberté » à la Chambre des représentants, au motif que « les traités entre la France et la Suisse déclarent que les Suisses seront traités en France comme les citoyens français, et que les Français seront traités en Suisse comme les citoyens suisses », et qu'ils ne sont pas exécutés par la Suisse, « simulacre de république ». En 1848, une nouvelle constitution apporte l'égalité des droits aux chrétiens mais les Juifs ne jouissent toujours pas de la liberté de religion qui ne sera obtenue que 26 ans plus tard.

L’émergence des activités artisanales dans les montagnes va impliquer un changement dans l’aspect du village de La Chaux-de-Fonds. Des maisons locatives commencent à voir le jour ainsi que des maisons d’habitations, à mi-chemin entre fermes et immeubles locatifs, qui permettent la pratique de l’horlogerie ou d’autres nouvelles activités lucratives tout en continuant de cultiver un petit domaine. Les toits sont faits de bardeaux, ce qui aura son importance par la suite.

Grand incendie et nouveau plan du village

Dans la nuit du 4 au , un incendie survient dans la cuisine d’une maison en bois. En raison de divers concours de circonstances (une caisse de poudre à canon et un tonneau d'huile sont entreposés dans la pièce voisine de la cuisine où le feu se déclare, le marguillier se blesse à la tête dans sa hâte et ne peut donc pas sonner le tocsin assez longtemps), l’incendie se propage rapidement. Cinquante-deux maisons sont détruites par le feu et seules quelques habitations aux extrémités de l'agglomération sont épargnées. L’église, son clocher et la cure sont perdus. L'incendie ne fera cependant aucune victime.

La solidarité joue un rôle important dans la reconstruction. Une collecte est organisée dans les églises de la principauté, mais aussi dans toute la Suisse. 175 familles se retrouvent à la rue ; si certaines émigrent, la plupart restent cependant sur place. Sur 4 560 habitants en 1793, il en reste encore 4 119 en 1795. La reconstruction rapide et efficace évite une vague d’émigration importante. Trois mois après l’incendie, on annonce le début des travaux du nouveau temple.

Plan en damier de la ville.

Cet incendie a un impact très fort sur la suite de l’histoire chaux-de-fonnière, car la reconstruction de l'agglomération se fait selon un plan bien particulier dû à Moïse Perret-Gentil, maître graveur. Les nouvelles rues se coupent à angle droit et une place publique se tient au centre du village (actuellement la place de l’Hôtel-de-Ville). La cohérence de ce nouveau plan va permettre à La Chaux-de-Fonds d’entrer dans l'ère moderne, prête à accueillir les multiples changements qui allaient survenir, comme l’apparition de l’électricité, des transports et des télécommunications. La ville se développe sur le flanc de la vallée le mieux exposé au soleil, conformément au principe généralement appliqué du « Sonnenbau ». Sans l’incendie de 1794, La Chaux-de-Fonds n’aurait sans doute jamais son trait le plus caractéristique, ses rues se coupant à angle droit. Cette première phase de reconstruction est encore visible de nos jours. L'ingénieur Charles-Henri Junod poursuit par la suite la reconstruction selon un plan en damier en 1835 et 1841.

Montée du libéralisme et proclamation de la République

Dès la fin du idées libérales se répandent dans les Montagnes neuchâteloises. On peut en retenir trois principales. Tout d’abord, le pouvoir dans la principauté est concentré sur le Littoral. Ensuite, les œuvres de Rousseau, de Voltaire et d'autres philosophes de cette époque apparaissent dans la région. Finalement, la Révolution française éclate non loin des Montagnes. De plus, l’essor de l’horlogerie aux dépens de l’agriculture favorise les contacts avec l’extérieur ainsi que la propagation d’un mode de vie qui prend plus en compte les aspects intellectuels et culturels.

La Révolution française et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen divisent la population des montagnes en deux camps : les patriotes et les orangistes. Des affrontements violents ont parfois lieu entre les deux clans. Malgré cela, la Société patriotique, avec Moise Perret-Gentil à sa tête, n’a rien de révolutionnaire. Elle réclame simplement une amélioration des institutions en place. Jusqu’en 1793, le gouvernement n’intervient pratiquement pas, car il craint une intervention française. Mais dès que la nouvelle république commence à s’affaiblir, après l’exécution de Louis XVI de France et quelques défaites révolutionnaires, une phase de répression commence. Certains patriotes sont expulsés des Montagnes, d’autres quittent d’eux-mêmes la région.

En 1806, un nouveau changement de régime s’opère. Le roi de Prusse décide de céder la principauté de Neuchâtel à Napoléon. C’est sous ce nouveau régime que les deux grandes routes reliant les Montagnes au Littoral sont construites (par la Vue des Alpes et La Tourne). Mais en 1813, les défaites successives de Napoléon impliquent une annexion de la principauté par l’armée autrichienne. C’est le roi de Prusse qui va finalement reprendre possession de Neuchâtel en 1814. En septembre de la même année, la principauté va entrer dans la Confédération suisse comme nouveau canton en même temps que le Valais et Genève. Cependant, la souveraineté du roi de Prusse est maintenue, ce qui place le canton de Neuchâtel dans une situation unique en Suisse.

Les quinze années suivantes sont placées sous le signe de la Restauration. Les avancées libérales sont étouffées et les libertés sont réduites. Mais les esprits ne se calment pas pour autant. Les progressistes rêvent de la fin de la souveraineté du roi de Prusse alors que les conservateurs souhaitent la rupture totale avec la Confédération. Dès 1830, sous la pression de l’opinion publique, un corps législatif, élu par le peuple, voit le jour et une certaine liberté de presse est retrouvée. En 1831, quelques tentatives de prise de pouvoir par les républicains vont échouer et aboutir à l’emprisonnement ou l’exil de plusieurs personnalités marquantes des Montagnes. Les années qui suivent sont marquées par un retour des royalistes. On pense même à sortir Neuchâtel de la Confédération, ce que la Diète refuse.

La Chaux-de-Fonds devient un véritable bastion républicain dans la première moitié de ce XIXe siècle. En effet, l’industrialisation effrénée de cette cité, accompagnée d’une forte augmentation de la population, renforce le sentiment d’injustice envers la concentration du pouvoir dans le bas du canton. La puissance économique est maintenant dans les Montagnes, mais le Littoral semble l’ignorer. De plus, la forte proportion d’étrangers issus de l’immigration va grossir les rangs des républicains.

La proclamation de la Seconde République en France ainsi que quelques autres événements, notamment une période de crise en 1846-1847, va créer une nouvelle agitation parmi les républicains. Cette fois, la pression populaire est trop grande et les comités royalistes du Locle dans un premier temps, puis de la Chaux-de-Fonds et du Val-de-Travers abandonnent le pouvoir le . Neuchâtel suivra ensuite. Bravant la tempête hivernale, un millier d’hommes des montagnes neuchâteloises se rassemblent à La Chaux-de-Fonds. Dirigés par Fritz Courvoisier, ils descendirent les versants jurassiens afin de rejoindre le littoral. Les révolutionnaires s’emparent du Château de Neuchâtel le soir du sans verser de sang. La république est désormais instaurée.

Deuxième moitié du | ]

Souvenir du Tir fédéral de 1863 à La Chaux-de-Fonds.

À partir de 1848, La Chaux-de-Fonds est le pôle économique du canton de Neuchâtel. La vie sociale et culturelle s'intensifie et les infrastructures urbaines se développent avec les musées, le théâtre et la bibliothèque. La deuxième moitié du  siècle voit un fort afflux d'immigrants venant de Suisse alémanique, de France, d'Italie et d'Allemagne.

En juillet 1863 le "village" accueille des tireurs de toute la Suisse pendant le tir fédéral, grande fête patriotique qui a lieu à l'emplacement du stand de tir des Armes-Réunies.

Dans les années 1870, le Jura suisse accueille de nombreux réfugiés politiques de toute l'Europe : ex-communards français, proscrits russes et italiens... Beaucoup d'entre eux s'insèrent dans les sociétés ouvrières affiliées à la Fédération jurassienne de l'Association internationale des travailleurs. Dans ce melting-pot s'élabore un nouveau courant socialiste, l'anarchisme communiste, qui affirmera son existence lors de deux congrès à La Chaux-de-Fonds, en octobre 1879, puis en octobre 1880.

Les Juifs venant d'Alsace jouèrent un rôle économique et culturel important, la communauté comptant à cette époque 850 israélites. La synagogue construite en 1896 est une des plus grandes de Suisse. En 1900, La Chaux-de-Fonds est un centre important de production et du commerce de la montre. La production se mécanise dans les manufactures horlogères.

Synagogue de La Chaux-de-Fonds

En 1912 le nouveau système proportionnel permet l'accès au pouvoir de la gauche. Entre 1945 et 1975, l'industrie horlogère permet à la ville de vivre une période d'essor économique sans précédent. La population atteindra son apogée avec 43 000 habitants en 1967.

Avec la crise horlogère de 1975 qui toucha la ville, 2 000 emplois et 1 000 habitants seront perdus. La ville réagit en diversifiant ses industries et bénéficia des aides fédérales attribuées aux régions de montagne.

En 1994 est inauguré le tunnel autoroutier sous la Vue des Alpes qui permet de rapprocher la ville de celle de Neuchâtel.

Le 24 juillet 2023, une violente tempête s'est abattue sur la ville. Le bilan est de 1 mort et une quarantaine de blessés. Plus de 64% des bâtiments ont été endommagés.[1]

  1. «  » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  2.  (Sans mention particulière, la majeure partie de l'historique de la ville est issu de cet ouvrage)
  3. «  », sur Fédération de l'industrie horlogère suisse FH (consulté le ).
  4. V. Attinger, M. Godet et H. Turler, Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, Neuchâtel, Attinger,
  5. ISBN ), p. 106-109
  6. Archives israélites de France, lire en ligne), p. 549.
  7. Simon Erlanger, «  », sur Fédération suisse des communautés israélites, .
  8. David Feuerwerker, L'Émancipation des Juifs en France : de l'Ancien Régime à la fin du Second Empire, Albin Michel, 2014 (ISBN ). Lire en ligne.
  9. G. Aeby-Demeter (dir), La Chaux-de-Fonds entre Arc jurassien et Europe, Genève, Picturart Communication, .
  10. lire en ligne, consulté le )
  11. Guillaume Davranche, « « 1880 : le "parti" communiste anarchiste affirme son existence » », Alternative libertaire,‎ (lire en ligne).
  12. « La Chaux-de-Fonds (1896) », dans Les synagogues de Suisse p.227-233, Neuchâtel, Alphil, (ISBN )

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La Chaux-de-Fonds dans la littérature

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