Ormeignies

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Ormeignies : descriptif

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Ormeignies

Ormeignies est une section de la ville belge d'Ath située en Wallonie picarde dans la province de Hainaut. C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

Toponymie

Que signifie le mot Ormeignies et quand est-il apparu pour la première fois ?

Vers 1850-1860, Alexandre-Guillaume Chotin propose : « Son nom est pur roman et veut dire le village de ou dans l'ormaie. » Il cite ensuite les formes anciennes Ormegnies (1181), Olmegnies (1186).

Deux arguments nous font rejeter cette origine. D'abord, ormaie « lieu planté d'ormes » est issu gallo-roman ULMETU (du latin ulmus « orme »), ce qui ne correspond pas exactement aux premières graphies d'Ormeignies. Et puis, il y a cette terminaison -egnies qui marque l'appartenance à untel. Chotin lui-même donne cette explication, mais considère Ormeignies comme une exception, sans la justifier. Il faut donc chercher autre chose.

La référence classique et quasi obligée est Maurice Van Haudenard qui décrit en 1934 Le village d'Ormeignies et ses seigneuries dans un article de la revue La Vie wallonne :

« La première forme connue du nom est Ormegnies (1181) ; ses seules variantes sont Ormenies (1189) et Ormeignies. Nous y trouvons le suffixe -ies qui n'est autre que le suffixe gallo-roman -i-acas, forme au nord du domaine d'oïl du bien connu -i-acum. Il est généralement accolé à un nom de personne germanique ou roman par la syllabe intercalaire in ; il vient alors à l'esprit la forme *Orminiacus, le nom d'homme étant Ormo ; nous pouvons y trouver le gentilice romain Orminius qui pour qualifier le fundus (= établissement), devient *Orminiacus. Ormeignies serait donc le lieu primitivement possédé par Ormo ou Orminius. »

M. Van Haudenard cite en note et comme référence Kurth, Vincent, Bayoy, Feller et Roland, toponymistes célèbres à l'époque.

Maurits Gysseling, dans son dictionnaire toponymique, apporte une vue nouvelle sur l'origine du mot Ormeignies. Il l'explique par un *Vurminiacas, « la propriété de Wurmo ». Le nom de personne serait donc Wurmo, nom de personne germanique, hypocoristique, sur wurmi, « ver ». Cette explication est un « ajustement linguistique » de celle de VAN HAUDENARD et n'apporte pas de grande nouveauté. Par contre, GYSSELING fait remonter la première apparition du nom plus loin que la fameuse lettre du pape Lucius III (31 décembre 1181) confirmant les biens de l'abbaye de Cambrai. Il cite des actes de 1140 où l'on trouve Ormengies ; ± 1175, Ormengiis ; 1176, Ormignies, avant les Ormenies (1181, 1189, 1193) déjà cités.

  1. A.-G. Chotin, Etudes étymologiques et archéologiques sur les noms de villes, bourgs, villages, hameaux, forêts, lacs, rivières et ruisseaux de la Province du Hainaut, Tournai, s.d., p. 123
  2. Oscar Bloch, Walther von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, 5e éd., PARIS, 1968, p. 449.
  3. A.-G. Chotin, op. cit., p. 29-30.
  4. M. Van Haudenard, Le Village d'Ormeignies et ses seigneuries in La Vie Wallonne, 14e année, no 11, 1934, p. 343-360.
  5. , Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226), lire en ligne), p. 771.

Histoire

Le village d'Ormeignies peut s'enorgueillir d'une histoire très ancienne. Des agriculteurs du néolithique y avaient déjà élu domicile 4 000 ans avant notre ère. Quelques vestiges gallo-romains y ont également été mis au jour.

Primitivement le village d’Ormeignies était un alleu de l’église de Cambrai ; cette possession lui fut confirmée par le pape Lucius le .

Il n'est pas possible jusqu’ici de déterminer comment le village d’Ormeignies est devenu la propriété de la famille de Ligne. Tout ce que nous en savons c’est que, dans un partage à l’amiable fait après 1345 et avant 1356 entre Michel II de Ligne est ses oncles Guillaume, Nicolas et Robert, fils de Fastré II, Ormeignies échoit à Guillaume qui mourut en 1387.

Après lui furent seigneurs d’Ormeignies :

  • Jean II de Ligne, baron de Barbançon, seigneur de Roubaix, deux fois pair de Hainaut, maréchal de Hainaut. Il meurt en et est inhumé à Ligne où se voit encore son monument funéraire ;
  • Jean, deuxième fils du précédent, baron de Ligne et de Belœil, qui meurt en 1468 ; on corps reposait au couvent des Cordeliers d’Ath qu’il avait fondé ;
  • Jean III de Ligne, petit-fils de Jean II, pair et maréchal de Hainaut, chevalier de la Toison d’Or, conseiller et chambellan de Charles, duc de Bourgogne. Il meurt en 1491 ;
  • Antoine dit Le grand diable de Ligne, célèbre par ses prouesses, premier comte de Fauquemberghe, baron de Ligne et de Beloeil, prince de Mortagne, mort en  ;
  • Jacques, premier comte de Ligne, en 1544, par création de l’empereur Charles Quint, prince de Fauquemberghe et de Mortagne, baron de Beloeil, chevalier de l’ordre de la Toison d’or, gouverneur, conseiller et châtelain de la ville d’Ath, chambellan de l’empereur Charles-Quint et de son fils Philippe II, roi d’Espagne, ambassadeur auprès du pape Clément VII, mort en 1552 ;
  • Philippe, comte de Ligne et de Fauquemberghe, baron de Wassenaer et de Beloeil, vicomte de Leyde, châtelain d’Ath, chevalier de l’ordre de la Toison d’or, conseiller et chambellan du roi d’Espagne, mort en 1583 ;
  • Lamoral, prince de Ligne et du Saint-Empire, prince d’Épinoy, marquis de Roubaix, baron de Beloeil et d’autres lieux, comte de Fauquemberghe, vicomte de Leyde, pair, sénéchal et maréchal de Hainaut, chevalier de la Toison d’or ; il fut chargé de plusieurs ambassades ; il fut créé grand d’Espagne en 1621 ; il mourut à Bruxelles le  ;
  • Claude Lamoral, prince de Ligne, d’Amblise et du Saint-Empire, premier ber de Flandre, pair, sénéchal et maréchal de Hainaut, mestre de camp général de la cavalerie espagnole en flandre, grand d’Espagne, chevalier de la Toison d’or, ambassadeur d'Espagne en Angleterre, vice-roi de Sicile en 1670, gouverneur général de l’État et duché de Milan en 1673, mort à Madrid le  ;
  • Henri Louis Ernest prince de Ligne, d’Amblise et du Saint-Empire, grand d’Espagne, chevalier des ordres de la Calatrava et de la Toison d’or, gouverneur et capitaine général de la province et du duché de Limbourg, mort à Beloeil le  ;
  • Claude Lamoral, prince de Ligne, d’Amblise et du Saint-Empire, grand d’Espagne de première classe, chevalier de la Toison d’or, général major et conseiller d'épée honoraire du conseil d’Etat de la régence des Pays-Bas autrichiens, feld-maréchal au service de l’impératrice, mort au château de Beloeil le  ;
  • Charles-Joseph, prince de Ligne, d’Amblise et du Saint-Empire, grand d’Espagne de première classe, chambellan de l’Empereur, feld-maréchal au service de S.M. l'Empereur d'Autriche, etc. Il se signala non seulement dans la carrière des armes, mais encore dans celle des belles-lettres. Il fut l’un des esprits les plus remarquables de son temps. Les événements l’obligèrent à s’exiler à vienne en 1794 ; ses biens furent alors mis sous séquestre.

La famille Pollart était établie à Ormeignies depuis le Mons par les Français. Il mourut à Mons le et fut enterré à Sainte-Waudru. Son fils aîné Charles Philippe Théodore, né en 1683, fut seigneur d’Hérimez. Il épousa à Tournai, le , Marie Angélique Pankouque, fille d’un avocat au parlement de Tournai. De cette union naquit, entre autres, Ferdinand François Théodore Joseph, seigneur d’Hérimez, châtelain d’Ath qui avait épousé le , Anne-Antoinette de Pestre, fille de Jean-Baptiste, échevin d’Ath, et de Marie Hélène d’Hardenpont.

Angélique de Rouillé

Ils laissèrent une fille unique, Marie-Antoinette-Angélique-Josèphe, dame d’Hérimez, baptisée à Saint-Julien à Ath, le , mariée dans la même ville, le , à Louis François de Rouillé, chevalier de Saint-Louis, mestre de camp de dragons au service de France, conseiller du roi et intendant général de Touraine. Elle mourut au château d’Ormeignies le .

La famille de Rouillé, à laquelle s’unissait ainsi la châtelaine d’Ormeignies, était d’origine française ; elle avait toujours occupé dans les hauts rangs de l’ancienne noblesse de France des postes élevés. Pierre de Rouillé fut conseiller du roi de France, directeur général des postes de Touraine au XVIe siècle ; son fils Pierre, aussi conseiller du roi, était directeur général des postes de la province d’Anjou en 1651. Un de ses petits-fils, Antoine de Rouillé, comte de Fontaine Guérin, fut ministre des Affaires étrangères et de la marine de 1749 à 1757 et intendant général des postes de France. François de Rouillé, seigneur d’Orgemont, conseiller secrétaire du roi et des finances eut pour fils Jean-Pierre, conseiller du roi et intendant général de Touraine. Son fils Louis François, mestre de camp de cavalerie, brigadier des armées du roi, chevalier de saint Louis, qui prit part à la guerre de sept ans, sous le duc de Beuvron, vint se fixer à Ath à la fin du XVIIIe siècle, où il épousa, comme nous l’avons dit, Marie-Antoinette Pollart d’Hérimez, fille du seigneur d’Ormeignies.

De ce mariage est issu Edouard Isidore de Rouillé, né à Ath, le , dans l’hôtel possédé par la famille à front de l’Esplanade. Il entra de bonne heure à l’école impériale militaire de France ; il en sortit avec le grade de sous-lieutenant de chasseurs à cheval le . Lieutenant en 1809, il fut, en 1812, nommé capitaine du 9e régiment de hussard et, le , il fut admis avec le même grade dans la cavalerie de la garde impériale. Après la chute de l’Empire, il fut nommé chef d’escadron en 1814, dans le régiment de Condé. Les événements de 1815 le décidèrent à quitter l’état militaire. Il fut démissionné sur sa demande, avec le grade de lieutenant-colonel et rentra en Belgique. Ses états de services militaires sont des plus remarquables. Il a servi pendant presque toutes les guerres de l’empire français et il a fait avec distinction les mémorables campagnes de cette époque, notamment celles de 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne, où il assista à toutes les batailles qui eurent lieu. À la bataille de Wagram (1809), il fit personnellement prisonnier le colonel Sardania, commandant du régiment d’Orcilly, chevau-légers autrichiens ; il fut décoré de la Légion d’honneur à cette occasion et ce fait d’armes fut cité à l’ordre du jour de l’armée impériale. En 1812, il se distingua pendant la fameuse retraite de Russie, en prenant le commandement des restes du 9e régiment de hussards, faisant partie de l’arrière-garde sous les ordres du général Latourd-Maubourg. Il fut blessé de plusieurs coups de lance à l’affaire de Lesny, près de Rondenia. Sa noblesse fut reconnue dans le royaume des Pays-Bas en 1817 et le roi Guillaume l’admit dans l’ordre équestre du Hainaut, charge qu’il conserva jusqu’à l’aurore de l'indépendance de la Belgique. Il avait épousé avec ardeur la cause nationale ; aux journées de septembre, il fut nommé commandant de la garde bourgeoise et bourgmestre de la ville d’Ath et il contribua grandement au succès des patriotes ; aussi ce fut à l’unanimité des votants qu’il fut désigné comme membre du Congrès national. Par la suite, il devint sénateur pour l’arrondissement d’Ath, mandat qu’il conserva jusqu’en 1848. Il mourut à Ormeignies le . Le comte Edouard-Louis de Rouillé avait épousé en 1816 Aldegonde Vanseghbroeck ; de ce mariage est issu, entre autres, Adhémar de Rouillé, secrétaire honoraire d’ambassade, père du dernier seigneur, M. le Comte Edouard de Rouillé, qui fut membre de la Chambre des représentants.

Le comte Adhémar de Rouillé fit reconstruire son château, qui avait été incendié au cours de l’été 1866. Ce château, magnifiquement distribué et parfaitement traité, a été érigé d’après les plans de l’architecte désiré Limbourg. Il dresse sa massé élégante au milieu d’un parc de vingt-deux hectares, de toute beauté, dû à l’architecte de jardins Fuchs. Les salons étaient agréablement ornés de bibelots et de meubles anciens.

Le domaine d’Ormeignies, qui comprenait soixante-sept hectares, a été mis en vente et ses richesses dispersées en 1933.

  1. DUVIVIER, Hainaut ancien, pp. 646-651
  2. Vidimus de 1356 aux Arch. de l’État à Mons, Séigneurie de Ligne.
  3. La Noblesse belge, par Ch. Poplimont, t. II, Bruxelles, 1854, p. 225, 248.
  4. Lettres patentes données en l'an 1418 par Jean, duc de Brabant, comte de Hainaut, capitaine souverain de ce pays et de Valenciennes

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