1984
Album n°58 dans la série Livres
1984 (Nineteen Eighty-Four en anglais) est le plus célèbre roman de George Orwell, publié en 1949.
De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtre des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.
Il décrit une Grande-Bretagne trente ans après une guerre nucléaire entre l'Est et l'Ouest censée avoir eu lieu dans les années 1950 et où s'est instauré un régime de type totalitaire fortement inspiré à la fois de certains éléments du stalinisme et du nazisme,. La liberté d'expression n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées et d’immenses affiches sont placardées dans les rues, indiquant à tous que Big Brother vous regarde
(Big Brother is watching you).
1984 est communément considéré comme une référence du roman d'anticipation, de la dystopie, voire de la science-fiction en général. 1984 a également servi d'inspiration ou de base à de très nombreuses œuvres tel que V pour Vendetta. La principale figure du roman, Big Brother, est devenue une figure métaphorique du régime policier et totalitaire, de la société de la surveillance, ainsi que de la réduction des libertés.
Il figure à la treizième place dans la liste des cent meilleurs romans de langue anglaise du xxe siècle établie par la Modern Library en 1998. En 2005, le magazine Time l'a également classé dans sa liste des cent meilleurs romans et nouvelles de langue anglaise de 1923 à nos jours, liste où se trouve livres-non-classes, autre fameux roman d'Orwell.
Résumé
Le résumé qui suit utilise les noms et expressions proposés par Amélie Audiberti, première traductrice en France du roman.
L’histoire se passe à Londres en 1984, comme l'indique le titre du roman. Le monde, depuis les grandes guerres nucléaires des années 1950, est divisé en trois grands « blocs » : l’Océania (Amériques, îles de l'Atlantique, comprenant notamment les îles Anglo-Celtes, Océanie et Afrique australe), l’Eurasia (reste de l'Europe et URSS) et l’Estasia (Chine et ses contrées méridionales, îles du Japon, et une portion importante mais variable de la Mongolie, de la Mandchourie, de l'Inde et du Tibet) qui sont en guerre perpétuelle les uns contre les autres. Ces trois grandes puissances sont dirigées par différents régimes totalitaires revendiqués comme tels, et s'appuyant sur des idéologies nommées différemment mais fondamentalement similaires : l’Angsoc (ou « socialisme anglais ») pour l'Océania, le « néo-bolchévisme » pour l'Eurasia et le « culte de la mort » (ou « oblitération du moi ») pour l'Estasia. Tous ces partis sont présentés comme communistes avant leur montée au pouvoir, jusqu'à ce qu'ils deviennent des régimes totalitaires et relèguent les prolétaires qu'ils prétendaient défendre au bas de la pyramide sociale. Les trois régimes sont présentés comme étant socialement, économiquement et idéologiquement sensiblement les mêmes.
À côté de ces trois blocs subsiste une sorte de « quart-monde », dont le territoire ressemble approximativement à un parallélogramme ayant pour sommets Tanger, Brazzaville, Darwin et Hong Kong. C'est le contrôle de ce territoire, ainsi que celui de l'Antarctique, qui justifie officiellement la guerre perpétuelle entre les trois blocs.
Winston Smith
Winston Smith, 39 ans, habitant de Londres en Océania, est un employé du Parti extérieur, c'est-à-dire un membre de la « caste » intermédiaire du régime océanien, l'Angsoc (mot novlangue pour « Socialisme anglais »). Winston officie au ministère de la Vérité, ou Miniver en novlangue. Son travail consiste à remanier les archives historiques afin de faire correspondre le passé à la version officielle du Parti. Ainsi, lorsque l'Océania déclare la guerre à l'Estasia alors qu'elle était en paix deux jours avant avec cet État, les autres membres du ministère de la Vérité, notamment ceux du commissariat des archives (« Commarch » en novlangue) où travaille Winston, doivent veiller à ce que plus aucune trace écrite n'existe de l'ancienne alliance avec Estasia.
Toutefois, contrairement à la majeure partie de la population, Winston ne réussit pas à pratiquer cette amnésie sélective et ne peut donc adhérer aux mensonges du Parti. Il prend alors conscience qu'il n'a pas de pensées aussi orthodoxes qu’il devrait en avoir aux yeux du Parti. Susceptible d'être traqué par la police de la Pensée, une redoutable organisation de répression, il dissimule ses opinions contestataires aux yeux de ses collègues de travail. Le roman s'ouvre sur les projets d'écriture de Winston ; il désire en effet garder une trace écrite et donc fixe du passé, en opposition à la propagande de l'Océania. La ténuité des possibilités de rébellion apparaît rapidement ; la simple rédaction de son journal n'est possible à Winston que grâce à une singularité dans le plan de son appartement qui permet d'échapper au regard omniprésent du télécran, sorte d'écran installé dans chaque foyer qui sert à la diffusion continue de la propagande du gouvernement et à voir et entendre ce qui se passe chez les gens.
Winston Smith servira également de prétexte dans la suite du roman pour exposer la société totalitaire qui l'entoure, les hommes qui y collaborent et ses ressorts les plus impitoyables. On verra ainsi exposées au fur et à mesure de ses kenya le mépris de l'amour et de la sensualité par l'ensemble de la société — avec l'exemple notable de l'ex-femme de Winston, Catherine — ou encore une présentation de la destruction de la langue par un des artisans enthousiastes de cette entreprise. La délation dans la famille et même le refoulement généralisé des membres les plus dévoués à la société qui finissent par prononcer dans leur sommeil ce qu'ils n'osent prononcer de jour seront abordés au cours du roman.
Rencontre avec Julia
Lors des Deux Minutes de la Haine, moment rituel de la journée pendant lequel le visage de l’« ennemi » de l’Angsoc, Emmanuel Goldstein, est diffusé sur des écrans, Winston croise Julia, une jeune femme du commissariat aux romans, membre de la « Ligue anti-sexe des juniors », d’apparence particulièrement disciplinée. Il la hait, pensant qu’elle est une espionne de la police de la Pensée. Plus tard, elle lui remet discrètement un papier où est écrit : « Je vous aime. »
Ils se fréquentent, font l’amour clandestinement dans une mansarde louée dans le quartier des prolétaires. Ils savent qu’ils seront condamnés, que tôt ou tard ils devront payer le prix de tous ces crimes envers le Parti. Ils rêvent cependant d’un soulèvement, croient au mythe d’une Fraternité (en) clandestine qui unirait les réfractaires. C’est pourquoi ils prennent contact avec O’Brien, personnage intelligent et charismatique, membre du Parti intérieur, dont Winston a l’intime conviction qu’il est membre de la Fraternité.
O’Brien leur fait parvenir « Le Livre » de Goldstein, l’ennemi du peuple et du Parti, objet de la haine et de la peur la plus intense en Océania. Y sont expliqués tous les tenants et aboutissants du système et des manipulations psychologiques mises en place en Océania.
« Le Livre » de Goldstein explique notamment qu’une révolution ne peut réussir que si une classe moyenne peut remplacer la classe dirigeante. Cela explique que le Parti intérieur (classe dirigeante) surveille tout particulièrement le Parti extérieur (classe moyenne). Prolongeant sa fable livres-non-classes, c’est une véritable théorie des révolutions qu’Orwell expose, en présentant dans 1984 son contraire et corollaire : les techniques utilisées pour empêcher toute révolution.
Arrestation
Un après midi, avant qu’ils passent à l’acte, Winston et Julia sont arrêtés par la police de la Pensée et amenés au ministère de l’Amour (M. Charrington, qui louait une chambre à Winston et Julia, y avait caché un télécran derrière un tableau). Winston y retrouve O'Brien lui-même, qui n’a en fait jamais été membre de la Fraternité (en), bien au contraire, car il est justement chargé de traquer les « criminels par la pensée ». O'Brien lui apprend que Winston était repéré comme peu fiable bien avant que lui-même n’en prenne conscience (sept ans plus tôt) .
Sa réintégration comporte trois stades : étudier, comprendre et accepter. Winston se fait torturer et humilier pendant des jours et des semaines, voire des mois (la notion du temps n’est pas très bien précisée à ce moment de l’histoire car Winston n’a aucun instrument auquel se fier pour mesurer le temps), jusqu’à ce qu’il perde toutes ses convictions morales et soit prêt à accepter sincèrement n’importe quelle vérité, aussi contradictoire soit-elle (2 et 2 font 5, Winston n’existe pas en réalité…), pourvu qu’elle émane du Parti.
Sa « rééducation » se finit lorsque confronté à sa phobie la plus forte (les rats), il trahit et renie Julia.
En effet, le but du Parti est d’épurer toutes les pensées qui lui sont gênantes avant d’exécuter ceux qui les ont émises afin d’éliminer ce que Winston appelle « la sillage ». La loyauté de Winston envers Julia était la dernière chose qui allait contre les idées du Parti, c’était donc l’étape finale logique de sa « rééducation ».
On apprend enfin que le « Livre » de Goldstein est en vérité une création du Parti intérieur, qui est à l’origine du régime de l’Océania, et qu'Emmanuel Goldstein est une figure allégorique au même titre que Big Brother ; ce qui y est écrit n’en reste pas moins vrai d’après les paroles d’O'Brien, donnant une dimension terrifiante à ce monde.
Échec de Winston
Relâché, Winston n'est plus qu'une épave vide de sentiments et de dignité, passant sa vie au bistrot. Par hasard il revoit Julia, qui elle aussi l'a renié sous la torture. Cette trahison mutuelle a rompu leur attachement.
Pendant la guerre nécessaire et incessante qui oppose les trois blocs totalitaires, la propagande prétend qu'une « nouvelle brillante victoire » aurait retourné magistralement une situation très compromise. Il devient alors un admirateur béat de Big Brother. Il mourra probablement exécuté d'une balle dans la nuque, comme le sont tous les criminels de la pensée une fois leur « folie » expurgée.
Personnages
- Winston Smith
- Julia
- O'Brien
- M. Charrington
- Parsons
- Syme
- Ampleforth
- Catherine (épouse de Winston ; ils sont séparés depuis longtemps)
- Big Brother
- Emmanuel Goldstein
Inspiration
George Orwell a indiqué que 1984 s'inspirait d'un ouvrage de l'écrivain russe Evgueni Zamiatine intitulé Nous autres (ou Nous selon les traductions) et paru en 1920. Lui aussi donne la description d'une dystopie totalitaire. En 1946, George Orwell avait publié une critique de Nous autres dans la presse, estimant notamment que ce roman avait influencé Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley, influence qu'Huxley n'a pas reconnu,.
1984 emprunte à Nous autres son intrigue et ses personnages. Ainsi, dans Nous autres, un homme vivant dans une société totalitaire va se révolter. Il est soutenu dans cette rébellion par une femme ayant une liberté politique et sexuelle identiques à ce qui existait avant l'avènement de l'ordre totalitaire. Les deux se font prendre et torturer, physiquement et psychologiquement. Finalement, l'homme devient aimant vis-à-vis de l'Etat oppresseur et désavoue son engagement révolutionnaire, trahissant ses compagnons de combat. Les différences sont minimes : dans Nous autres, les héros sont nommés par des matricules, et les moyens de surveillance ne sont pas des écrans : les immeubles sont en verre, ce qui permet de suivre ce qui s'y passe,.
Paul Owen du Guardian estime que Nous autres gâche son intrigue avec des sauts confus dans le temps et l'espace, et que 1984 est une oeuvre supérieure. D'ailleurs, l'impact culturel de 1984 a été reconnu presque immédiatement par l'attribution du prix « Partisan Review ». Et les idées de 1984 qui sont entrées dans la culture sont celles de Georges Orwell : la réécriture de l'histoire, la novlangue, l'utilisation extrême de la propagande, de la censure et de la surveillance, les slogans qui signifient le contraire de ce qu'ils disent, la double pensée, le crime de la pensée, la police de la pensée, etc. Le mot « orwellien » est ainsi rentré dans le langage courant pour dénoncer des dérives de ce type. Paul Owen note par ailleurs que le ton pessimiste de 1984 est aussi la marque de Georges Orwell. Paul Owen juge que le style de 1984 fait preuve d'une maîtrise experte, avec des rebondissements sophistiqués et convaincants, mais Owen rend également hommage à Nous autres : sa conclusion, la capitulation du héros, est selon lui « puissante ». Elle est reprise par Orwell, qui change simplement le sort de l'héroïne : celle-ci capitule également, alors que l'héroïne de Nous autres garde ses convictions.
L'Obs ajoute que Nous autres restreint sa critique à la révolution russe, tandis que 1984 remet en cause tous les totalitarismes, « une parabole bien plus ambitieuse et profonde ». Pierre Ropert de France culture estime que 1984 ne peut être considéré comme un plagiat de Nous autres : le style littéraire n'a « rien à voir » et Orwell « pousse bien plus loin la réflexion ».
George Orwell s'est également inspiré de La Kallocaïne, dystopie de la Suédoise Karin Boye, publié en 1940, qui pose le problème de la confiance, de la délation et de la trahison des proches dans un régime totalitaire.
Contexte
Parabole du despotisme moderne, conte philosophique sur le pire xxe siècle, le totalitarisme orwellien est clairement inspiré du nazisme, du fascisme et du stalinisme, avec le parti unique, le chef tutélaire objet d'un culte de la personnalité, un régime d'assemblée, la confusion des pouvoirs, des plans de productions triennaux, un militarisme de patronage, des parades et manifestations « spontanées », des files d'attente, des slogans, des camps de rééducation, des confessions publiques « à la moscovite » et des affiches géantes.
Orwell a lui-même précisé le sens de son message : « Faites en sorte que cela ne se produise pas. Cela dépend de vous. »
Orwell était et restait un homme de gauche d'une absolue sincérité. Avant 1984, il avait par exemple publié sur les foyers ouvriers misérables dans le Yorkshire ou les chômeurs de Middlesbrough (Le Quai de Wigan). Il avait également été adhérent du Parti travailliste indépendant, parti « socialiste de gauche » et était proche des marxistes (il combat dans les milices révolutionnaires du POUM pendant la guerre civile espagnole). Mais c'était un socialiste « de terrain ». Si la droite conservatrice était évidemment son adversaire politique, il était fort exigeant à l'égard de la gauche. Il l'avait ainsi cruellement raillé dans un de ses premiers romans (Et vive l'Aspidistra !, à travers le personnage ridicule de Ravelston) une certaine « gauche » fort loin de la réalité sociale et matérielle du monde ouvrier. Il craignait autant la « gauche morale » satisfaite, qu'il soupçonnait de faire le lit du totalitarisme (à travers le conférencier « anti-Hitler » ridicule de Un peu d'air frais) dès 1938. Enfin, il détestait certains communistes, a fortiori « de salon », et méprisait par exemple Jean-Paul Sartre. La misère matérielle restait pour lui la misère matérielle, que le « Parti » soit au pouvoir ou que ce soient les « capitalistes ». Il n'y a aucun doute donc, contrairement à ce que l'on croit parfois, sur ses convictions socialistes très profondément anti-autoritaires, et Orwell acceptait mal d'être récupéré par la droite, ce qui a été surtout le fait de l'accueil nord-américain de 1984.
Certaines autres particularités de la découpe du Monde dans 1984 sont également un reflet des inquiétudes d'Orwell. Ainsi dans le roman, les États-Unis sont censés faire eux aussi partie de l'Océania (qui regroupe en fait les pays anglo-saxons - voir carte). Orwell voyait dans les États-Unis, un peu à la manière des Temps modernes de Chaplin, la quintessence du monde moderne techno-maniaque qui est aussi l'un des avertissements de 1984.
Enfin la thèse qu'Orwell expose à travers le manifeste du « traître » Emmanuel Goldstein (Théorie et pratique du collectivisme oligarchique) suppose que le pouvoir peut employer la misère à des fins politiques : Goldstein attribue les pénuries sévissant sous l'« Angsoc » à une stratégie délibérée du pouvoir plutôt qu'à un échec économique.
Certains intellectuels ayant connu le régime stalinien, comme Czeslaw Milosz, s'accordent pour saluer l'étonnante intuition orwellienne des mécanismes politiques et psychologiques du totalitarisme quand bien même Orwell ne l'a pas connu. Cependant, Alexandre Zinoviev affirme qu'Orwell « s'est trompé » et que « le tableau dépeint est faux » : « en réalité, Orwell n’a pas prédit la société post-capitaliste future, mais simplement exprimé comme nul ne l’avait fait auparavant la peur qu’a l’Occident du communisme. »
Thèmes
Certains concepts inventés par Orwell (Big Brother, Police de la Pensée, novlangue) sont devenus des archétypes, qui font quasiment partie, désormais, de la nomenclature du jargon des sciences politiques.
Trucage de l'Histoire et propagande
Le Parti a la mainmise sur les archives et fait accepter sa propre vérité historique en la truquant. L'Histoire est donc réécrite en fonction des fluctuations des intérêts du Parti et en épouse parfaitement l'idéologie. C'est le principe de la « mutabilité du passé » car « qui détient le passé détient l’avenir ». Le Parti pratique la désinformation et le lavage de cerveau pour asseoir sa domination. Il fait aussi disparaître des personnes qui lui deviennent trop encombrantes et modifie leur passé, ou les fait passer, faux témoignages des intéressés à l'appui, pour des traîtres, des espions ou des saboteurs.
Un positionnement réellement philosophique soutient l'doomsday-clock-dc-comics-2018 du Parti : la théorie du Parti est que le passé n'existe pas en soi. Il n'est qu'un souvenir dans les esprits humains. Le monde n'existe qu'à travers la pensée humaine et n'a pas de réalité absolue. Ainsi, si Winston est le seul homme à se souvenir que l'Océania a été une semaine plus tôt en guerre contre l'Eurasia et non contre l'Estasia, c'est lui qui est fou et non les autres. Même si le fait est objectivement réel, il n'existe (dans le sens qu'il n'a de conséquences) que dans la mémoire de Winston.
Le Parti impose une gymnastique de l'esprit aux hommes (appelée « doublepensée » en novlangue) : il faut assimiler tous les faits que le Parti leur jette, et surtout oublier qu'il en a été autrement. Et de plus, il faut oublier le fait d'avoir oublié.
Pour le philosophe français Jean-Jacques Rosat, « la leçon philosophique et politique de 1984, c'est que la liberté et la démocratie sont incompatibles avec le relativisme et le constructivisme généralisés ».
Le camarade Ogilvy
Winston Smith, qui travaille au ministère de la Vérité d'Océania, doit supprimer de toute urgence un article du journal édité par le ministère et le remplacer par un autre article.
Pour créer son article, il invente alors de toutes pièces un héros mythique, le camarade Ogilvy, homme du peuple censé avoir été, depuis son enfance et jusqu'à sa mort tragique à la guerre, le digne représentant du Parti intérieur, qui dirige la société. Winston lui attribue une vie exemplaire et le fait mourir en se sacrifiant héroïquement au combat.
Pour rédiger l'épisode de son roman, Orwell s'est inspiré des propagandes stalinienne et hitlérienne des années 1930, qui glorifiaient de manière récurrente des « héros du peuple » donnés comme symboles idéologique et modèles à suivre.
Orwell s'est notamment inspiré du roman Le Lieutenant Kijé de Iouri Tynianov (1927), racontant comment un homme qui n'existait pas, en l'occurrence le lieutenant Kijé, créé par suite d'une erreur de plume d'un bureaucrate du tsar, a eu une carrière fort honorable jusqu'à devenir général.
Big Brother et télécrans
Au domicile et sur les lieux de travail des membres du Parti, ainsi que dans les lieux publics, sont disposés des « télécrans », système de vidéosurveillance et simultanément de télévision, qui diffusent en permanence les messages du Parti. Les télécrans permettent à la police de la Pensée d’entendre et de voir ce qui se fait dans chaque pièce ; seuls les membres du Parti intérieur peuvent arrêter le télécran qui se trouve à leur domicile pendant une courte période. On peut rapprocher le télécran des écrans géants de télévision interactive qui peuplent les murs des maisons dans livres-non-classes de Ray Bradbury (1953). Allumés en permanence, ils abrutissent la population par des émissions en faveur du Parti (information, chants…). Les pompiers pyromanes sont d'ailleurs chargés de brûler les livres allant à l'encontre des idées du Parti et de pourchasser les asociaux.
Orwell a, si l'on peut dire, manifestement intégré à son récit une innovation qui faisait débat à l'époque : la télévision, dont le nom était en lui-même tout un programme. La confusion entre récepteur et caméra était, en outre, une inquiétude répandue aux débuts de la télévision, certaines des rares personnes équipées se croyant surveillées par l'appareil. Une trace de cette angoisse se voit dans Les Temps modernes de Charlie Chaplin : Charlot est rappelé à l'ordre par l'écran géant où apparaît son patron, qui le « voit » à travers et le suit des yeux. On peut encore déceler un écho de cette idée dans 2001 : l'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick, où l'ordinateur HAL 9000 surveille en permanence le vaisseau spatial et ses passagers par ses innombrables et inquiétants objectifs de caméra rougeâtres. Les habitants de la terrifiante ville souterraine de THX 1138, de George Lucas, sont également surveillés en permanence dans leurs moindres faits et gestes.
Par ailleurs, afin de pouvoir exercer un contrôle continuel au sein des familles mêmes, les enfants sont endoctrinés très jeunes et encouragés à dénoncer leurs parents au moindre symptôme de « manque d'orthodoxie ». Ici, Orwell fait écho à une pratique qui a existé dans le système soviétique (il avait créé un culte national autour du jeune mouchard Pavel Morozov), et anticipe avec une étonnante prescience sur la Révolution culturelle maoïste, où les jeunes Gardes rouges étaient dressés à dénoncer publiquement parents, voisins et enseignants.
Bouc émissaire et manifestations de haine collective
L’ensemble des maux qui frappent la société est attribué à un opposant, le « Traître Emmanuel Goldstein », dont le nom et la description physique ressemblent beaucoup à Lev Davidovitch Bronstein alias Léon Trotski. Ce traître est l'objet de séances d'hystérie collective obligatoires, les « deux minutes de la haine » qui sont organisées quotidiennement.
Ce Goldstein peut aussi être considéré, tout comme Big Brother, comme une allégorie immortelle. En l'occurrence une personnification du mal, de la déviation par rapport au Parti. On pense évidemment à l'« Ennemi du Peuple » dont se servait Staline, dont le régime totalitaire aura largement inspiré le roman dans son ensemble.
Dans le roman, il est également considéré comme l'auteur d'un livre subversif que les opposants au régime se passent entre eux. Winston Smith arrive à mettre la main sur ce livre, mais il apprend lors de son arrestation qu'il ne s'agit que d'un texte rédigé par le régime lui-même.
Destruction de la langue et de la logique
En plus de l'anglais classique, langue officielle de l'Océania, l'Angsoc a créé une langue, la novlangue (newspeak en anglais). Cette langue est constituée principalement d'assemblages de mots et est soumise à une politique de réduction du vocabulaire. Le nombre de mots en novlangue diminue sans arrêt.
Au début du roman, un membre du Parti extérieur révèle que la version finale du dictionnaire novlangue était en préparation afin d'éliminer tout autre mode de pensée et idée hérétique. De plus, les mots novlangues comportant peu de syllabes afin d'être prononcés plus rapidement, sont conçus pour être prononcés sans réflexion et afin d'anéantir l'affect et la connaissance intuitive des mots ainsi que de rendre impossible l’expression et la formulation de pensées subversives. Bien qu'il soit toujours possible de dire que les décisions du Parti sont mauvaises, il sera impossible d'argumenter sur cela. À l’époque où est censé se passer le roman, le novlangue constitue encore une nouveauté, qui coexiste tant bien que mal avec l’anglais classique. Le langage en est réduit à une fonction informative.
La novlangue fait l’objet d’appauvrissements planifiés dont le but est d'hébéter le peuple pour mieux le contrôler.
En outre, le « sens logique » des assujettis au régime est lui-même altéré. En novlangue, par exemple, un même mot comme « canelangue » peut avoir un sens laudatif s’il est appliqué à un membre du Parti, ou péjoratif s’il est appliqué à un ennemi du Parti. Il devient donc impossible de l'utiliser pour dire du mal d'un membre du Parti. La population est abreuvée de slogans comme :
- « La guerre, c'est la paix. »
- « La liberté, c'est l’esclavage. »
- « L'ignorance, c'est la force. »
Ce slogan, répété à plusieurs reprises, est particulièrement significatif du point de vue du lecteur/spectateur. Il vient heurter la possibilité d'une liberté individuelle. Dans 1984, les individus qui se croient libres sont dominés par le Parti et son idéologie oppressive. Leur liberté, qui s'appuie sur l'obéissance aveugle et l'amour du Parti et non sur l'histoire ou la logique, est illusoire. C'est précisément sur ces points que portera la « rééducation"/"guérison » de Winston par O'Brien.
De plus, l'ignorance élevée au rang de force remet en question toute la pertinence de l'éducation, de la philosophie (comme mode de pensée cherchant à dénoncer des pensées erronées ou insuffisantes), et même des lieux de savoir universitaires (en tant qu'entreprises de savoir par l'homme et pour l'homme).
Angsoc
L’Angsoc, régime de l’Océania, divise le peuple en trois classes sociales : le Parti intérieur, classe dirigeante au pouvoir partagé, le Parti extérieur, travailleurs moyens, et les « prolétaires », sous-classe s’entassant dans les quartiers sales. Le chef suprême du Parti est Big Brother, visage immortel et adulé placardé sur les murs de la ville. Tous les membres du Parti sont constamment surveillés par la Police de la Pensée et chaque geste, mot ou regard est analysé au travers des « télécrans » (assemblage de deux mots comme on en trouve souvent en novlangue, ici de « télé » et de « écran ») qui balayent les moindres lieux. Winston Smith, membre du Parti extérieur, occupe un poste de rectification d’information au commissariat aux archives, dans le ministère de la Vérité (Miniver en novlangue). Son travail consiste à supprimer toutes les traces historiques qui ne correspondent pas à l'Histoire Officielle, qui doit toujours correspondre à ce que prédit Big Brother.
Les Quatre Ministères
Ces quatre ministères sont représentés comme quatre grands blocs qui écrasaient complètement l'architecture environnante
, démesurément hautes et identiques. Elles constituent principalement l'appareil gouvernemental.
- Le Ministère de la Vérité (Miniver) : s'occupe de
l'information, de l'éducation, des divertissements et des beaux-arts
- Le Ministère de la Paix (Minipax) : s'occupe de la guerre
- Le Ministère de l'Amour (Miniamour) : s'occupe du respect de la loi et de l'ordre
- Le Ministère de l'Abondance (Miniplein) : est responsable des affaires économiques
Cependant, il se trouve que ces termes sont contradictoires car le Ministère de la Vérité modifie les informations (historiques, actualités…) à la guise du Parti en changeant les vérités qui ne leur plaisaient plus ; Le Ministère de la Paix s'occupe de faire la guerre ; le Ministère de l'Amour anime les rééducations et les tortures de ceux qui sont considérés comme dangereux par le Parti et coopère avec la Police de la Pensée, finalement le Ministère de l'Abondance proclame que les marchandises « coulent à flots » aux habitants ; ce n'est en réalité pas le cas.
Pourtant, la population ne s'en soucie pas grâce non seulement au novlangue (qui réduit la capacité de penser), mais aussi à la propagande et au procédé de la double pensée.
La mort de Winston Smith
Après avoir été torturé par O'Brien et avoir trahi Julia (qui, de son côté, le trahit aussi, comme on l'apprend à la fin du roman), Winston Smith devient un fervent partisan du système totalitaire et « amoureux » de Big Brother (« Il aimait Big Brother », sont les derniers mots du texte) par le lavage de cerveau qu'il a subi.
Néanmoins, à la fin du livre, on apprend qu'il va être exécuté par la Police de la Pensée - ce que O'Brien, pendant les interrogatoires, lui avait déjà fait savoir, quoi qu'il arrive. Pourquoi supprimer un homme qui est devenu entièrement favorable au régime en place ?
La réponse tient dans la nature même du régime totalitaire ; la mort de Smith peut signifier :
- que le système tue non seulement ses opposants, comme dans les régimes dictatoriaux « classiques », mais aussi ses plus fervents partisans : comme dans le phénomène des Grandes purges staliniennes des années 1930, nul n'est à l'abri, et le fait d'être un partisan du régime en place ne garantit en rien qu'on aura la vie sauve ; dans ce système la vie humaine ne vaut rien et n'a aucune signification ;
- si le régime veut anéantir toute forme de liberté en contraignant la liberté d'aller et de venir, les corps, le langage, la sexualité, la pensée politique et la pensée privée, il veut, en quelque sorte, « empêcher toute échappatoire » : non seulement les amis du régime peuvent être exécutés, mais les ennemis sont d'abord convertis avant de subir le même sort. Ainsi, quoi qu'on fasse, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise, le Parti, de toute éternité et pour toujours, est « le plus fort », anéantissant toute trace présente, passée et future d'opposition, absolument rien ni personne ne pouvant lui résister. La mort de Smith peut vouloir dire : « De toute façon, tout le monde sera exécuté un jour ou l'autre ».
- que le fait même d'avoir résisté une seule fois implique une fragilité dans l'ordre de la loyauté que le régime ne peut tolérer.
Éléments réels dans le roman
La correspondance d’Orwell indique que son projet était de lancer un avertissement contre les totalitarismes, particulièrement à une gauche britannique (dont il faisait partie) qu'il soupçonnait de complaisance envers Staline, du moins pour ce qui était de certains intellectuels comme George Bernard Shaw ou H. G. Wells.
De nombreux éléments sont puisés dans la réalité de la fin des années 1940 qui a inspiré Orwell de manière flagrante : la description d'un Londres décrépit, avec ses cratères dus à des « bombes fusées », ses files d'attente devant les magasins, ses maisons victoriennes en ruines, ses privations de toutes sortes. Tout cela évoque fortement le Londres de l'immédiat après-guerre et ses pénuries (les tickets de rationnement ont été une réalité jusqu'en 1953) sans compter les effets encore visibles des bombardements allemands (les V1 et V2). Le bâtiment qui aurait inspiré le « ministère de la Vérité » serait celui du ministère de l'Information dans le quartier Bloomsbury, Senate House, aujourd'hui propriété de l'université de Londres.
La répartition des trois « continents » dans le récit est réfléchie d'après Orwell. Il se fonde sur la géographie connue pour diviser le monde en trois parties : l'Estasia, l'Eurasia et l'Océania.
« L’Eurasia comprend toute la partie nord du continent européen et asiatique, du Portugal au détroit de Behring. L’Océania comprend les Amériques, les îles de l’Atlantique, y compris les îles Britanniques, l’Australie et le Sud de l’Afrique. L’Estasia, plus petite que les autres, et avec une frontière occidentale moins nette, comprend la Chine et les contrées méridionales de la Chine, les îles du Japon et une portion importante, mais variable, de la Mandchourie, de la Mongolie et du Tibet. »
Adaptations et références
Adaptations cinématographiques ou télévisuelles
- 1984, téléfilm réalisé par Rudolph Cartier (1954) ;
- 1984, film réalisé par Michael Anderson (1956) ;
- 1984, téléfilm réalisé par Christopher Morahan (1965) ;
- 1984, film réalisé par Michael Radford (1984) ;
- 1984 (théâtre cinématographique) réalisé par Alan Lyddiard (2001) ;
- 1984 (théâtre cinématographique) réalisé par Alan Lyddiard (2008) ;
- 1984, film réalisé par Diana Ringo (2023),.
Adaptations théâtrales
- En 2016, une adaptation de Sébastien Jeannerot est présentée au théâtre de Ménilmontant à Paris.
- En 2017, une adaptation américaine sur Broadway est contestée par une partie du public du fait de sa violence.
Adaptations en bande dessinée
- 1984, bande dessinée en ligne non officielle incomplète par l'artiste canadien Frédéric Guimont (2007)
- 1984, adaptation et dessin par Fido Nesti, reprenant la traduction de Josée Kamoun, aux éditions Grasset. (2020),,
- 1984, adaptation et dessin par Xavier Coste, aux éditions Sarbacane. (2021),,
- 1984, adaptation par Jean-Christophe Derrien (scénario) et Rémi Torregrossa (dessin et couleurs), aux éditions Soleil (2021),
- 1984, adaptation et illustration par Frédéric Pontarolo, aux éditions Michel Lafon (2021)
- 1984, adaptation par Sybille Titeux de la Croix (scénario) et Amazing Améziane (dessins), aux éditions du Rocher (2021)
Source: Wikipedia ()
Informations de publication
Dépôt légal: 08-06-1949
Date de parution: 01-04-1984
Nombre de pages: 448
Écrivain: George Orwell
Éditeur: folio
Type: album simple
EAN : 978-2-0703-6822-8
ISBN : 2-070-36822-X
Livres : les ouvrages
Liste des ouvrages sous forme de couvertures
- Le village aux yeux fermés (infos)
- Il suffit d'une rencontre pour changer de vie (infos)
- Stalker: Pique-nique au bord du chemin (infos)
- Terre errante (infos)
- Boule de foudre (infos)
- Le Magicien d'Oz (infos)
- Les Plus qu'humains (infos)
- L'équateur d'Einstein - Nouvelles complètes 1 (infos)
- Cristal qui songe (infos)
- Les migrants du temps - Nouvelles complètes 2 (infos)
- À la poursuite des Slans (infos)
- Abyss (infos)
- E.T. - La planète verte (infos)
- Le Livre de Ptath (infos)
- La Faune de l'espace (infos)
- Le Silkie (infos)
- Des lendemains qui scintillent (infos)
- L'Été indien d'une paire de lunettes (infos)
- Le Colosse anarchique (infos)
- L'Homme multiplié (infos)
- Ténèbres sur Diamondia (infos)
- La Cité du grand juge (infos)
- Invasion galactique (infos)
- Les Enfants de demain (infos)
- Pour une autre terre (infos)
- La Guerre des mouches (infos)
- Chronique du Peuple (infos)
- Le Monde vert (infos)
- Les innommables (infos)
- L'Homme invisible (infos)
- La Guerre des mondes (infos)
- La Horde du Contrevent (infos)
- Tous à Zanzibar (infos)
- L'Orbite déchiquetée (infos)
- Le Troupeau aveugle (infos)
- Sur l'onde de choc (infos)
- La Nuit des temps (infos)
- Une porte sur l'été (infos)
- Malpertuis (infos)
- Retour à « 0 » (infos)
- Niourk (infos)
- Rayons pour Sidar (infos)
- La Peur géante (infos)
- Oms en série (infos)
- Le Temple du passé (infos)
- L'Orphelin de Perdide (infos)
- La Mort vivante (infos)
- Piège sur Zarkass (infos)
- Terminus 1 (infos)
- Odyssée sous contrôle (infos)
- Noô (infos)
- Sapiens : Une brève histoire de l'humanité (infos)
- Player One (Ready Player One) (infos)
- Ready player two (infos)
- Armada (infos)
- 2001 : L'Odyssée de l'espace (infos)
- Fahrenheit 451 (infos)
- La Ferme des animaux (infos)
- 1984 (infos)
- La Machine à explorer le temps (infos)
- L'infini des possibles (infos)
- Demain est un autre jour (infos)
- La Cité des Anges Déchus (infos)
- Cosmétique de l'ennemi (infos)
- Tout ce qui est sur Terre doit périr (infos)
- Un avion sans elle (infos)
- Maman a tort (infos)
- Le Temps Est Assassin (infos)
- Code 612 : qui a tué le Petit Prince ? (infos)
- Le Vol du Frelon (infos)
- La Nuit de tous les dangers (infos)
- Comme un vol d'aigles (infos)
- Les Lions du Panshir (infos)
- Et tu trouveras le trésor qui dort en toi (infos)
- Je te promets la liberté (infos)
- L'Homme qui voulait être heureux (infos)
- Le Philosophe qui n'était pas sage (infos)
- Les dieux voyagent toujours incognito (infos)
- Le jour où j'ai appris à vivre (infos)
- Brida (infos)
- Le Démon et Mademoiselle Prym (infos)
- Veronika décide de mourir (infos)
- Aleph (infos)
- La Cinquième Montagne (infos)
- Où es-tu ? (infos)
- Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites (infos)
- L'Étrange Voyage de monsieur Daldry (infos)
- Et si c'était vrai... (infos)
- Sept jours pour une éternité... (infos)
- Les Enfants de la liberté (infos)
- La Prochaine Fois (infos)
- Ghost in love… un roman (infos)
- Le Manuscrit retrouvé (infos)
- L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu (infos)
- Le Livre secret des fourmis : Encyclopédie du savoir relatif et absolu (infos)
- Le Livre du voyage (infos)
- Le Papillon des étoiles (infos)
- Le Miroir de Cassandre (infos)
- Le Sixième Sommeil (infos)
- Depuis l'au-delà (infos)
- Je pense trop: Comment canaliser ce mental envahissant (infos)
- Je pense mieux: Vivre heureux avec un cerveau bouillonnant, c'est possible ! (infos)
- Mettre en pratique le pouvoir du moment présent (infos)
- Bienvenue au Paradis (infos)
- Chemins spirituels : petite anthologie des plus beaux textes tibétains (infos)
- Plaidoyer pour le bonheur (infos)
- Trois amis en quête de sagesse. (infos)
- La Maison maudite suivi de Celui qui hante la nuit (infos)
- Les Visiteurs (infos)
- Chaîne autour du soleil (infos)
- Au carrefour des étoiles (infos)
- La Réserve des lutins (infos)
- À pied, à cheval et en fusée (infos)
- La Planète de Shakespeare (infos)
- Mastodonia (infos)
- Projet Vatican XVII (infos)
- Le Monde inverti (infos)
- Futur intérieur (infos)
- La Fontaine pétrifiante (infos)
- Le Prestige (infos)
- Les Insulaires (infos)
- La Machine à explorer l'espace (infos)
- La Nuit du jugement (infos)
- Confidences d'un homme en quête de cohérence (infos)
- L’intelligence émotionnelle - Accepter ses émotions pour développer une intelligence nouvelle (infos)
- Où tu vas, tu es (infos)
- Conte de fées (infos)
- recueil de nouvelles, Destination univers (infos)
- recueil de nouvelles, Au-delà du néant (infos)
- recueil de nouvelles, Après l'éternité (infos)
- recueil de nouvelles, L'Horloge temporelle (infos)
- recueil de nouvelles, Les Enfants de la nuit (infos)
- recueil de nouvelles, Demain les chiens (infos)
- recueil de nouvelles, Chroniques martiennes (infos)
- recueil de nouvelles, L'Arbre des possibles (infos)
- recueil de nouvelles, Paradis sur mesure (infos)
- recueil de nouvelles, Une chasse dangereuse (infos)
- recueil de nouvelles, Shambleau (infos)
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Source du document imprimé : https://www.gaudry.be/livre/livres-non-classes/1984.html
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