Les périls d’Ananké

Ananké.
A force d'en chercher la sortie on s'y perd.
Inexorablement.
Ananké, c'est la peur.
C'est les monstres, le péril.
N'importe quel homme s'y abandonnerait au désespoir.
N'importe lequel, sauf un qui n'est pas comme les autres.
Un nommé Bob Morane.

Suite de « Les murailles d’Ananké »

Troisième muraille : Les monstres de la nuit.

Le groupe, composé de Bob, Bill Ballantine, Florence Rovensky, Gara et le Doc, avance au milieu d'une forêt d'arbres bleus, sans aucune trace de vie animale.

De plus la nuit ne tombe pas.

Ils vont avancer l'équivalent de sept jours, avec toujours le soleil au zénith.

Avec la poudre apportée par Doc, et des branches évidées, ils confectionnent des grenades artisanales.

Un jour, ils trouvent quelques squelettes d'animaux inconnus.

Au bout de sept jours, ils arrivent en vue d'un mur, gigantesque, cyclopéen, qui s'élève en bordure d'un interminable champ d'ail.

Dans le mur, il y a une gigantesque porte, surmontée de bas-reliefs représentant de la chauve-souris.

La porte s'ouvre toute seule, sur un couloir sombre dans lequel ils s'engagent.

De l'autre côté du mur, il fait nuit.

Il y a un château, et une voix les invite à "entrer de leur plein gré".

Ils sont reçus par le prince Vlad Tepes qui leur fait servir par son domestique un excellent repas.

Un peu partout, sur les murs, la vaisselle, la cheminée, les sièges, les tapisseries il y a une citation ; " Tu craindras les monstres de la nuit car ils te feront mourir autant de fois que tu as toi-même donné la mort. "

Le prince se révèle peu loquace.

Il a vu passer Peter Rovensky, mais celui-ci est déjà reparti; il ne sait pas où se trouve la 4em muraille.

En fait il semble étrange.

Bob, qui fait le rapprochement entre le prince et le Vlad Tepes historique, décide de brusquer les choses et l'accuse d'être celui que l'on surnommait Dracula.

Sous le regard amusé du prince, Bob et ses amis sombrent dans l'inconscience, entendant Tepes leur dire que " l'heure est venue. ".

Chacun leur tour (où en même temps), chacun se réveille dans une chambre identique, fermée à clef.

Et chacun est attaqué par Vlad Tepes. Et chacun le tue.

Flo en le faisant brûler vif en mettant le feu à ses vêtements.

Doc en le poussant par la fenêtre. Gara d'un coup de revolver en pleine tête.

Bill, après avoir démantibulé l'imposant lit à baldaquin et tenté de défoncer la porte le tue en lui brisant le cou.

Bob, qui lui aussi a mis à mal son lit et utilisé les planches pour passer par la fenêtre jusqu'à la chambre de Bill, en le projetant sur les débris du lit où il s'empale.

Le serviteur vient les chercher.

Pour eux, la nuit touche à sa fin.

Ils ont accompli leur rôle dans ce monde. Ils rejoignent leurs amis, et sont conduits par le serviteur qui leur redonne leur équipement.

Brusquement, il fait jour.

Lorsqu'ils se retournent ils voient une rosace.

Une nouvelle muraille d'Ananké vient d'être franchie.

Quatrième muraille : Peste

Bob et ses compagnons se retrouvent donc devant la rosace gravée dans une muraille.

A 100 mètres devant eux, une autre muraille, et un trou dans celle-ci.

Comme les murailles se rapprochent, ils n'ont pas d'autre alternative que de s'engager dans le trou, Bob le premier, qui tombe presque aussitôt dans une trappe et est étourdi. Quand il revient à lui, il est dans une vallée tapissée de fleurs rouges, au pied d'un surplomb rocheux d'une falaise, dans laquelle il aperçoit le trou par lequel il vient de chuter, à environ six mètres.

A la recherche d'un arbre pour confectionner une échelle, il s'engage dans la vallée. Après plusieurs heures de marche il voit une forêt composée de grands arbres inconnus et ondulants.

En les observant, il constate qu'ils se déplacent dans sa direction.

Ce sont des plantes carnivores qui l'encerclent et le saisissent pour le dévorer.

Il s'en sort en brûlant les lianes avec son briquet, et voit Peste qui l'observait tranquillement.

Peste, qui avec son fouet est capable de couper un "plantomme" en deux et de le tuer, conduit Bob jusqu'à son village, composé uniquement de douze enfants, commandés par Tar.

La nuit, il surprend une conversation entre Tar et Peste: Tar a déjà tué un (ou plusieurs) voyageur.

Le lendemain, il doit passer une épreuve et se rend sur un pont enjambant un ravin où poussent des orties géantes, grandes comme des arbres. Un adulte, Zor qui menace les enfants d'un arc, demande à Bob de le suivre. Afin d'en savoir plus, celui-ci accepte et le suit, de l'autre côté du ravin.

Zor lui apprend que les adultes sont en guerre contre les enfants qui refusent de se soumettre à Ideu, et que Bob doit passer une épreuve.

Il le mène à son village, où vivent huit hommes et cinq femmes, commandés par Borold.

Il est désarmé et enfermé pendant deux jours, en attendant l'épreuve dont il ignore tout. Shane, qui lui apporte à manger, lui apprend ce qu'est l'épreuve : sacrifier un enfant qu'ils ont attrapé au culte du dieu Ideu, ou mourir lui-même.

Il est mené au temple.

L'enfant est là, c'est Peste. Et, accroché au plafond, les têtes tranchées de tous ceux de passage, comme Bob, et qui ont refusé d'exécuter un enfant.

Et la dernière tête de la rangée est celle de Peter Rovensky.

Fou de colère, Bob cloue Borold sur l'autel des sacrifices, met le feu au village et s'enfuit avec Peste et Shane qui l'a rejoint avec des armes.

Dans la sanglante poursuite qui s'engage, Shane est tué ainsi que presque tous les habitants du village.

Bob fait sauter le tunnel, seul chemin d'accès entre les adultes et les enfants, coupant définitivement la route aux quatre ou cinq survivants du village.

Avec l'aide des enfants, il construit une échelle et remonte par le trou d'où il est tombé il y a sept jours.

Il retrouve ses compagnons.

Pour eux, cela fait dix minutes qu'il est tombé. " Ah ! Vous voilà enfin, commandant ! Ca fait au moins dix bonnes minutes qu'on vous cherche !… ".

Juste derrière la trappe, se trouve la rosace de la 5em muraille et comme dit Bill : " C'est bien la première fois qu'on passe d'une muraille à une autre sans qu'il nous arrive le moindre pépin… ".

Suite dans « Les anges d’Ananké »

Commentaires

Second volume du « Cycle d’Ananké »

"Les périls d'Ananké" est la juxtaposition de deux romans totalement indépendants. La méthode avait déjà été amorcée avec "Les murailles d'Ananké"; Ananké sera une suite de romans (ou de nouvelles), reliés par un fil conducteur : l'odyssée dans un monde étrange.
Indépendantes les deux parties des "périls" ? Peut être finalement pas tant que ça. Entre un homme condamné à expier éternellement les crimes qu'il a commis, au nom de l'occident chrétien, et un autre, qui est en train de les commettre ces crimes, au nom d'un dieu Ideu et hideux, les points communs ne manquent pas. Ananké pourrait remplacer Vlad Tepes par Borold: tous deux ont de quoi expier. Au sujet de Vlad Tepes, voir le dossier "Bob Morane et les vampires" dans « Reflets n° 6 »

La 3ème muraille : Les Monstres de la Nuit 

Les Monstres de la Nuit est un roman fantastique fort original, car il met en scène un personnage historique, dont le roman populaire s'est inspiré bien après sa mort. De plus, il permet à chaque membre du groupe de jouer, individuellement, son rôle dans l'opération indispensable pour gagner la muraille suivante : tuer Vlad Tepes.
Un sentiment de malaise, puis d'angoisse monte peu à peu, dans le coeur de Bob et de ses compagnons, et pour le lecteur.

Bob vient de passer une nouvelle muraille. Il comprend qu'il est toujours sur Ananké. Et plus que jamais il est décidé à en sortir : Il ignorait si Ananké relâchait parfois ses proies, mais ce qu'il savait avec certitude, c'est qu'il n'avait pas du tout l'intention de finir ses jours dans cet univers de cauchemar. 

Plusieurs choses étonnent Bob Morane; l'absence d'animaux, le soleil qui ne se couche jamais, le champ d'ail, le mur avec les bas-reliefs de chauve-souris, un rêve également (les rêves de Bob ont souvent été prémonitoires). Depuis qu'il a franchi la dernière muraille, Bob n'est pas tranquille : Il n'y avait pas que le rêve qui le mettait mal à l'aise. Il y avait aussi tous ces animaux, morts depuis longtemps sans doute, […]. Sans compter ce jour interminable. Ce soleil éternellement immobile dans le ciel. Et, maintenant, l'ail… et s'en confie à Bill. Pour finir, la rencontre avec Vlad Tepes lui confirme ses craintes.

Mais Bob, comme tout le monde interprète mal la situation. Toujours, il pense que lui et ses compagnons sont menacés par ces mystérieux "Monstres de la Nuit". Parlant de cette mystérieuse créature de la nuit : Il aurait bien aimé savoir, par exemple, qui exactement elle menaçait, et il se disait avec une ironie un peu amère que ce ne devait pas être le prince.. 
Et alors, devant Tepes, il décide de "mettre les pieds dans le plat" et lui annonce qu'il pense que leur hôte est le Vlad Tepes qui s'est fâcheusement illustré par ses massacres. Il le regrette aussitôt car il se méprend toujours sur la signification de la phrase et sur les intentions du prince. Il n'a pas encore compris que les "Monstres de la Nuit", ce sont les visiteurs du prince Vlad Tepes; ce sont Bob et ses compagnons !
On assiste d'ailleurs à la façon dont chaque personne réagit avant de "tuer" Vlad Tepes; le Doc qui a une trouille immense et beaucoup de chance; Flo qui, le premier moment de panique passé réagit avec détermination et efficacité; Gara qui tente la ruse et les vieilles recettes qu'il a lu dans Bram Stoker; Bob et Bill, qui anticipent la venue du comte, démantibulent leurs lits pour tenter de sortir de la chambre.
Et par cinq fois encore cette nuit, le comte Vlad Tepes meurt pour expier ses crimes.

Dans ce roman, Gara révèle une facette cachée de sa personnalité : il est amoureux de Flo : Car il était amoureux. De Florence. En secret, bien sûr. Timide Gara ! Amoureux transi et silencieux.. On verra dans "Les Anges d'Ananké" comment va évoluer cette situation. 

Etrange: Les vertes collines aperçues à la fin des "Murailles d'Ananké " sont ici couvertes d'arbres bleus ? 

La 4ème muraille : Peste

Peste se révèle un roman étonnant où Bob tombe dans un monde où le temps est quasiment arrêté. Il y passe sept jours, alors que pour ses compagnons qui n'y ont pas pénétré, il y est seulement resté dix minutes.

Bob va se trouver dans un monde de fou, à l'atmosphère malsaine, où 13 adultes et 12 enfants se livrent une guerre sans merci qui les décime.

La première rencontre de Bob avec Peste laisse Bob avec une drôle d'impression. Peste, qui avait les moyens de le secourir des "plantommes", et qui s'est contenté de regarder, comme au spectacle : " Le fait d'avoir vécu le purgatoire alors que la petite eut pu aussi facilement le lui éviter, c'était quelque chose de dur à avaler pour Morane ". Mais sur Ananké, les valeurs sont différentes; il veut en savoir plus avant de juger et il la suit jusqu'à son village, mais son attitude, ses réflexions, l'incite à être très prudent. Ce n'était plus une simple sonnerie d'alarme qui s'était déclenchée sous le crâne de Bob, mais tout un carillon. Avec, en plus, les volées de plusieurs bourdons.

Une conversation entendue la nuit lui confirme que ces enfants peuvent être très dangereux. Il se décide en entrer dans leur jeu, bien qu' il n'en connaissait pas les règles, mais il soupçonnait qu'elles ne devaient pas avoir grand-chose de commun avec celles d'un 'jeu d'enfant'.

Afin d'avoir une vue générale de la situation, il suit Zor, bien qu'il ne le trouve pas du tout sympathique. Et il n'a pas encore vu le pire… : Borold: Sympathique l'ancêtre. Aussi sympathique qu'une poubelle abandonnée depuis des années sur la voix publique par des boueux en grève prolongée..

En fait, Bob se méfie maintenant de tout le monde. Il commence à s'imprégner de l'esprit de malignité qui règne sur Ananké.

Et Bob découvre en ces adultes, ce qui reste d'un peuple sadique, pervers, qui après s'être mutuellement massacré, s'en est pris aux enfants afin d'offrir à leur dieu Ideu (hideux ?) sa ration de sacrifice.
Maintenant qu'il connaît la vérité, il considère les enfants comme des victimes, qui ne font que se défendre et prend la décision d'essayer de changer les choses. Et ce projet est d'autant plus urgent à réaliser lorsqu'il apprend quel est l'épreuve à passer : sacrifier un enfant !
Le sacrifice des enfants, la tête de Peter Rovensky, tué parce qu'il n'avait pas voulu tuer, tout cela déclenche chez Bob une colère sans borne, comme on n'a rarement vu chez lui. Une colère froide, une colère comme il n'en avait jamais éprouvé de sa vie, envahit brutalement Morane, et tout son corps fut secoué d'un long frisson. 
On le sait, Bob ne veut pas la mort du pécheur, mais il y a des choses qu'on ne peut pardonner, et Borold s'en aperçoit à ses dépends, cloué par Bob sur l'autel sur lequel Borold avait fait immoler tant de victimes, avant d'être lui-même sacrifié au dieu qu'il prétendait servir.. Bob n'a plus qu'une idée en tête : supprimer la menace que ces adultes fous font peser sur les enfants Il n'y avait qu'une alternative : ou bien il supprimait purement et simplement les villageois survivants; ou bien il les forçait une fois pour toutes à demeurer de l'autre côté de la muraille.  C'est la deuxième solution qu'il choisit. Mais pour cela, il est obligé d'user de violence Ce qu'il allait devoir faire maintenant ne l'avait jamais amusé…  mais il n'a pas le choix. Dans la bouche,il avait un goût amer. Il venait de redécouvrir, une fois de plus, qu'il ne posséderait jamais l'indifférence glacée d'une machine à tuer. Il pouvait défendre chèrement sa vie ou celle des autres quand il le fallait. Mais il lui était haïssable de tuer de sang-froid. C'est pour cela qu'il avait laissé la vie sauve au guetteur, la première fois, sur le mirador. Mais c'était Barbe-Grise qui avait payé cette attitude chevaleresque et, pour tout dire, quelque peu… irrationnelle. 

En effet, dans ce résidu d'humanité, il a fait la connaissance de William Shane qu'il surnomme Barbe-Grise, le seul qui n'est peut-être pas encore totalement corrompu. Et il tente un véritable coup de poker : faire confiance à Shane Il jouait un jeu dangereux en se confiant à Shane, il le savait, mais quelque chose lui disait que Barbe-Grise n'avait peut-être pas abdiqué toute prétention d'humanité […]. 
La suite lui prouve que sa confiance était bien placée. Shane respecte sa parole, et, en aidant Bob et Peste à fuir, rachète les fautes qu'il a pu commettre, plus par lâcheté que par malignité. Mais Shane paie son geste de sa vie, suite à une faute commise par Bob. Celui-ci avait laissé en vie une sentinelle, se contentant de briser son arc, sans se douter qu'il avait une arme de rechange (un arc ça casse parfois). Shane apaise ses remords par un dernier pieu mensonge.

Tout le roman repose sur les rapports entre Bob et ces enfants qui tuent avec candeur et innocence, sur ce rapport enfants/adulte ou finalement les plus adultes ne sont peut-être pas les plus âgés, sur le rapport entre Bob et Peste, et sur l’espèce d'amitié qui en naît. Et c'est avec nostalgie qu'il quitte Peste à laquelle il s'est attaché. Sans le savoir, la petite fille a apporté beaucoup à Bob Morane. Elle lui a appris quelque chose d'important : on peut quand même trouver quelque chose de bon sur Ananké : Tu vois, reprit-il, jusqu'à présent, j'avais toujours pensé qu'il n'y avait rien de bon, sur Ananké… Mais, maintenant, je sais que je m'étais trompé…. 

Mais pour Bob l'épreuve n'est pas finie. Il doit maintenant annoncer à Flo la mort de son père. Mais il ne lui dira pas dans quelle atroce condition.

L'idée de quelque chose ou quelqu'un dans les coulisses d'Ananké commence à faire son chemin : […] une fois de plus - cette idée ne l'avait jamais quitté depuis qu'il avait franchi avec Bill la première des murailles d'Ananké -, Bob soupçonna l'existence de "quelqu'un" dans les coulisses de ce monde artificiel. La présence d'un architecte génial, ou d'un fou démoniaque. La présence du maître absolu d'Ananké, de celui qui supervisait ce monde fabriqué […]. Mais, peut-être, ce maître était-il tout simplement le Hasard… ou la Fatalité..

Durée de l'histoire

8 jours dans le domaine de Vlad Tepes.

7 jours pour Bob chez Peste et les enfants; Dix minutes pour ses compagnons restés entre deux murailles.

Source: La Grande Encyclopédie Bob Morane Version 227, by(Attribution)nc(Pas d’Utilisation Commerciale)nd(Pas de Modification)Gilles Dubus

Lieux

 Ananké, monde parallèle dans une autre dimension ?

Troisième muraille : Les monstres de la nuit.

Quatrième muraille : Peste

(  Autre dimension, Monde intercalaire ou monde Parallèle )

Source : fanbobmorane.fr

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