Kodak
Kodak : descriptif
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Eastman Kodak Company, simplifiée en Kodak, est une entreprise américaine fournissant des services dans le domaine de la photographie, du cinéma, de la bande magnétique, de la radiologie, ou encore de l'impression numérique.
Histoire
Fondation et croissance
La société a été fondée par George Eastman en 1881 sous le nom de « Eastman Dry Plate Company ». Concrétisation de recherches personnelles de George Eastman et de son brevet pour une « Méthode et Appareillage pour la réalisation des Plaques à Émulsion » déposé en 1879, la société oriente ses recherches dès 1885 vers un support souple destiné à remplacer les fragiles plaques de verre utilisées jusqu'à présent en photographie. Les travaux débouchent en 1888 sur l'invention de John Carbutt : un support souple et résistant en nitrate de cellulose que George Eastman commercialise d'abord aux États-Unis.
L'appellation « Kodak » apparaît pour la première fois en 1888 à l'occasion du lancement des premiers appareils photo utilisant ce support innovant commercialisé sous la forme de rouleaux de 70 photosensible. George Eastman cherchait un vocable qui se prononcerait d'une façon identique dans toutes les langues, ce qui est le cas des voyelles « O » et « A ». Pour encadrer ces deux voyelles, l'industriel, amateur d'anagrammes, choisit de placer en première et dernière partie la première lettre du nom de sa mère : le « K » (née Kilbourn). Par leur simplification technique — le slogan publicitaire illustre cette simplicité : « You press the button, we do the rest » (« Vous appuyez sur le bouton, on se charge du reste ») — ces appareils permirent la démocratisation de la photographie, une « révolution Kodak » s'adressant aux photographes amateurs. Dans le langage populaire, le mot « Kodak » servit longtemps à désigner tout appareil photo destiné à l'amateur.
En 1891, le support Eastman permet à Thomas Edison et à son ingénieur électricien William Kennedy Laurie Dickson, de fabriquer avec succès la première caméra de cinéma, le kinétographe, qui utilise ce support au format réduit de 19 premiers films du cinéma, aux images circulaires. Afin d'obtenir une meilleure définition de l'image et une plus grande stabilité, l'équipe d'Edison augmentera les dimensions en coupant en deux dans la longueur le support de 70 perforations rectangulaires sur chaque bord des photogrammes, cette fois rectangulaires et au défilement vertical. « Edison fit accomplir au cinéma une étape décisive, en créant le film moderne de 35
Et c'est en observant les films de Thomas sur un appareil à visionnement individuel, le kinétoscope, qu'en 1894, Charles Pathé, qui vend déjà des exemplaires de contrefaçon du phonographe (autre invention d'Edison), a la révélation de sa destinée. Au départ, colporteur dans les foires, Charles Pathé fonde en 1897 la « Compagnie générale des cinématographes, phonographes et pellicules ». Dix ans plus tard, enrichi, Charles Pathé entreprend la construction d'une usine à Vincennes, rue des Vignerons.
Ainsi, doués d'un grand sens commercial, George Eastman et Charles Pathé vont étendre leur influence respective sur plusieurs continents. En 1927, leurs sociétés françaises fusionnent : c'est la naissance de Kodak-Pathé.
En 1898, Kodak commercialise l'appareil photo de poche pliant (à soufflet accordéon), le Folding Pocket Kodak et utilise un négatif de format 57 × 82 .
En 1943, la société Kodak-Pathé qui manque de combustible, exploite jusqu'en 1950, la mine de charbon de la Sanguinière située à Juigné-sur-Sarthe et appartenant au bassin houiller de Laval.
Au milieu des années 1960, Kodak employait près de 80 000 personnes dans le monde. Les principales usines à cette époque étaient :
- Rochester, État de New York (22 000 personnes), avec son siège à la tour Kodak
- Kingsport, Tennessee
- Longview, Texas
- Peabody, Massachusetts
- New York
- Angleterre : usines à Harrow, Hemel Hempstead, Stevenage
- Canada, usine à Toronto
- Allemagne : usines à Abbotsford et Coburg
- France : usines à Vincennes, Sevran, Chalon-sur-Saône
- À Vincennes, 3 500 personnes travaillaient à la fabrication du support et des émulsions.
- À Sevran, 1 300 personnes travaillaient pour le traitement des films photo et cinéma en couleurs pour amateurs. Kodak contribue fortement à l'industrialisation de la ville. Elle permet d'augmenter le nombre de travailleurs et d'accroître la population sevranaise. Aux alentours des années 1942, elle est également un bastion de la résistance française, un lieu important pour le combat contre l’armée d’Hitler. Cela n'est pas anodin dans une ville de résistants.
- À Chalon-sur Saône, l'usine, ouverte en 1962, est l'aboutissement de la décentralisation de son laboratoire de recherche, notamment sur le numérique. Jusqu'à 2200 personnes travaillaient à la fabrication des produits chimiques, des produits de la radiologie médicale. On y effectuait aussi une partie du conditionnement et de la finition des et des papiers de tirage. Le site a fermé en 2008
- Le siège social de Kodak-Pathé en France au milieu des années 1960 se situait au 39 avenue Montaigne à Paris.
- L'association CECIL (CErcle des Conservateurs de l'Image Latente) gère depuis 2008 les archives des activités industrielles et commerciales des établissements de Kodak en France, couvrant la période de 1898 à 2007.
Il est à noter que la société était l'une des rares privés à avoir possédé un réacteur nucléaire de recherche, il était présent dans les sous sols de son siège de Rochester de 1974 à 2007.
Dans les années 1980, Kodak collabore avec la dictature militaire au Brésil en lui transmettant des informations sur les activités des militants syndicaux de l'entreprise. Ces informations sont utilisées par la police pour surveiller, harceler et arrêter les syndicalistes afin d'empêcher l'organisation de grèves.
Une transition difficile vers le numérique
Alors que Kodak a mis au point la photo numérique dès 1975 et qu'à la même période la firme fournit des bandes magnétiques (pour l'enregistrement audio analogique et les sauvegardes de sécurité de données numériques
Le , un juge de la Cour suprême des États-Unis ordonne à Kodak de cesser la fabrication et la commercialisation de ses appareils à développement instantané dans le cadre d'une affaire de contrefaçon de brevet opposant Eastman Kodak à Polaroid Corporation.
Kodak se recentre sur ses activités photographiques en faisant plusieurs annonces le :
- la vente de sa branche pharmaceutique Sterling Winthrop Inc. au groupe français Sanofi ;
- la cession de ses produits de soins et de ses produits ménagers ;
- la cession de sa division d'imagerie médicale.
En 1996, Kodak essaye de se relancer en développant son propre système format APS, dont l'innovation principale est l'ajout d'une bande magnétique qui permet de rembobiner, puis reprendre une pellicule photo.
Mais Kodak rate le virage numérique, en ne voyant pas arriver les appareils photo numériques, dont la mémoire interne remplace la pellicule.
Dès 2004, Kodak délaisse peu à peu son activité historique liée à la photographie argentique pour se concentrer sur les technologies modernes : la photographie numérique et le cinéma numérique, sans grand succès. Début 2012, l'entreprise est menacée de faillite.
Faillite et restructuration
Le , la société dépose le bilan. Kodak et ses filiales américaines demandent à bénéficier de la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, afin de pouvoir se restructurer. Signe de ses difficultés, l'entreprise ne comptait plus que 17 000 salariés au moment du dépôt de bilan, contre 64 000 une dizaine d'années plus tôt. Pour sortir de sa mauvaise situation financière, le groupe vend des brevets, notamment à Apple et Google, et change l'organisation de ses divisions. Fin avril 2013, le groupe espère sortir de faillite dans les mois qui suivent, avec un nouveau statut et un nouveau conseil d'administration.
En septembre 2013, Kodak sort de la protection du chapitre 11, et la compagnie est de nouveau cotée en bourse à Wall Street dès . Par ailleurs, des films vendus sous la marque Kodak sont de nouveau commercialisés depuis fin 2013, grâce à Kodak Alaris, société créée après l'acquisition des droits par le Kodak Pension Plan britannique. Pourtant, les résultats de la société déçoivent les marchés financiers, qui retirent peu à peu leur confiance à la société dont le cours après un sommet à 35 dollars tombe sous les trois dollars depuis 2017.
Début 2014, la licence de la division photo de Kodak est rachetée par JKimaging, partenaire d’Asia Optical Co Inc. (groupe taïwanais, grand ODM/OEM d'appareils photos) qui présente ensuite le Pixpro S1, son premier hybride, qui adopte la monture du système Micro Four Thirds (Panasonic et Olympus), ce qui permet à la marque de rentrer sur le marché avec un parc optique important.
Début 2018, la société annonce son intention de lancer sa propre cryptomonnaie, le KodakCoin. Marquant un virage dans la stratégie de Kodak, la nouvelle suscite initialement l'enthousiasme des marchés financiers, mais celui-ci retombe après quelques semaines, le titre retrouvant son niveau de la fin 2017.
- Nancy Martha West, Kodak and the lens of nostalgia, , 245 ISBN et , lire en ligne), p. 20
- Traduisible en « compagnie des plaques sèches Eastman ».
- George Eastman: Dry, transparent, and flexible photographic films - MIT, janvier 1997.
- lire en ligne), p. 15
- François Brunet, La naissance de l'idée de photographie, Presses universitaires de France, , p. 213-267
- , Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Paris, Flammarion, , 719 p., p. 11
- Transmondia, , p. 59
- H. Etienne et J.-C. Limasset, Ressources en charbon de la région Pays-de-la-Loire : Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et Vendée, Nantes, BRGM, (lire en ligne [PDF]).
- L'usine Kodak de Vincennes ferme en 1987. Voir également l'article sur l'Affaire des cancers pédiatriques de Vincennes.
- L'usine Kodak de Sevran ferme en 1993.
- L'usine Kodak de Chalon ferme en 2006.
- Slate.fr, « », sur Slate.fr, (consulté le )
- », sur HuffPost, (consulté le )
- Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 163
- Agence France-Presse, « Kodak laisse tomber la pharmacie », La Presse, , lire en ligne, consulté le )
- : Magazine professionnel cinéma & TV - Kodak, Automne 2007 [PDF]
- « La lente descente aux enfers de Kodak », Le Figaro, 4 janvier 2012.
- Kodak se place sous le régime du chapitre 11 de la loi des faillites - Le Monde/AFP/Reuters, 19 janvier 2012
- Julie de la Brosse, « Comment Kodak s'est tiré une balle dans le pied », L'Expansion, 6 janvier 2012.
- Kodak voit son avenir dans l'impression commerciale - Les Échos, 22 août 2013
- Kodak : mort et résurrection d'un géant historique de la photographie - Adrian Branco, BFM TV, 21 mars 2014
- Kodak espère sortir de faillite dès juillet - Capital.fr/Reuters,
- Le nouveau Kodak revient à Wall Street, mais sans photo - Elsa Bembaron, Le Figaro, 1er novembre 2013
- Kodak Alaris – Unlock the power - Site officiel
- Kodak crée la surprise et lance le S1, un hybride au format Micro 4/3 - Adrian Branco, 01net.com, 26 mai 2014
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Kodak dans la littérature
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