Acra
Localisation
Acra : descriptif
- Acra
L'Acra (en hébreu : חקרא ou חקרה, en grec : Aκρα) est une fortification bâtie à Jérusalem par Antiochos IV, roi de l'empire séleucide, après qu'il a dévasté la ville en 168 av
J.-C
La forteresse a joué un rôle important dans les événements entourant la révolte des Maccabées et la formation du royaume hasmonéen
Elle est détruite par Simon au cours de cette lutte. La localisation exacte de l'Acra, indispensable à la compréhension du Jérusalem hellénique, est débattue en raison de la discordance des sources anciennes et de la difficulté à les faire coïncider avec les découvertes archéologiques
Les historiens et les archéologues ont ainsi proposé divers sites autour de Jérusalem, en se basant d'abord principalement sur des éléments littéraires puis en s'appuyant sur les résultats des fouilles qui commencèrent à la fin des années 60
Les nouvelles découvertes ont suscité une remise en question des anciennes sources littéraires, de la géographie de Jérusalem et des artefacts découverts précédemment
Yoram Tsafrir, un archéologue israélien, avait interprété un joint de maçonnerie dans la coin sud-est dans la plateforme du Mont du Temple comme un indice possible pour la position de l'Acra
Durant les fouilles de Benjamin Mazar en 1968 et 1978, à côté du mur sud du Mont, des éléments pouvant être reliés à l'Acra, comme des pièces semblables a une caserne et une énorme citerne, ont été découverts
En novembre 2015, l'Autorité des antiquités d'Israël annonce la découverte de ce qu'elle considère comme les vestiges de l'Acra lors des fouilles du parking Givati.
Histoire
Contexte
À la suite de la mort d'Alexandre le Grand en 323 av J.-C., la Judée est tiraillée entre le Royaume lagide d'Égypte, et l'Empire séleucide situé en Syrie et en Mésopotamie. La victoire de l'empereur séleucide Antiochos III face à l'Égypte lors de la bataille de Panion fait que la Judée passe sous contrôle séleucide. Les populations juives de Jérusalem aident Antiochos III lors de son siège de la Baris, la base fortifiée de la garnison égyptienne de Jérusalem. Leur soutien est récompensé à travers une charte qui affirme l'autonomie de la religion juive, tout en interdisant l'accès des étrangers et des animaux impurs à l'enceinte du Temple de Jérusalem, et l'attribution de fonds officiels afin de maintenir certains rituels religieux au sein du Temple. Malgré leur récente liberté de culte, plusieurs Juifs sont séduits par le prestigieux mode de vie grec et en adoptent certaines caractéristiques. La culture impériale engendre un progrès politique et matériel ce qui mène à la formation d'élites hellénisés au sein de la population juive. L'hellénisation engendre des tensions entre les Juifs les plus orthodoxes et leurs coreligionnaires qui adoptent la culture grecque.
Antiochos IV accède au trône séleucide en 175 av J.-C. Peu de temps après, Jason lui demande son accession au titre de Grand Prêtre d'Israël— poste occupé par son frère Onias III. Jason, lui-même particulièrement hellénisé, promet de surcroît d'augmenter le tribut payé par la cité et d'y établir l'infrastructure d'une polis grecque, incluant un gymnase et un éphébium. La requête de Jason est acceptée mais cependant, après avoir assuré sa charge 42 mois, il est déchu par Antiochos IV et forcé de fuir vers Ammon,. Entre-temps, Antiochos IV lance deux offensives en Égypte en 170 et 169 av J.-C. et vainc les armées ptolémaïques,,. Les victoires d'Antiochos IV sont cependant de courte durée. Son objectif d'unifier les empires séleucide et lagide alarme la République romaine qui lui fait la demande de retirer ses troupes d'Égypte,. Comme Antiochos est engagé en Égypte, une rumeur se répand à Jérusalem selon laquelle il aurait été tué. Profitant de la situation, Jason rassemble une troupe de quelque mille hommes et tente d'attaquer Jérusalem par surprise. Bien que l'attaque soit repoussée, quand Antiochos IV est tenu au courant de l'offensive, il suspecte ses sujets judéens de fomenter une révolte en son absence. En 168 av J.-C., Antiochos IV saccage Jérusalem, pille le Temple et tue des milliers d'habitants,,. Inversant la politique choisie par son père, Antiochos IV lance un décret interdisant les rites juifs et prônant la persécution des Juifs pratiquants. Les cérémonies du Temple cessent, le respect du Sabbath est interdit et la circoncision prohibée,.
Construction
Pour consolider son emprise sur la ville, surveiller les événements sur le mont du Temple et sauvegarder la faction hellénisée à Jérusalem, Antiochos installe une garnison séleucide dans la ville.
« Et ils fortifièrent la ville de David avec une grande et forte muraille, et avec des tours fortes, et en firent une forteresse (grec: Acra) pour eux; et ils y mirent une nation pécheresse, des hommes méchants, et ils s’y remirent et des vivres, et ils rassemblèrent le butin de Jérusalem, et les y déposèrent; et ils devinrent un grand piège. Et c’était un lieu d’attente contre le sanctuaire, et un démon maléfique en Israël. »
— 1 Maccabées 1:35-38
Le nom Acra dérive de l'acropole grecque et signifiait un haut lieu fortifié surplombant une ville. À Jérusalem, le mot en est venu à symboliser le paganisme anti-juif : une forteresse des "impies et des méchants". Dominant à la fois la ville et la campagne environnante, il était occupé non seulement par une garnison grecque, mais également par leurs juifs confédérés.
La répression séleucide de la vie religieuse juive a rencontré une résistance considérable parmi la population locale. Alors qu’Antiochos est occupé en Orient en 167 av. J.-C., un prêtre de Modiin, Mattathias, fomente une rébellion contre l’empire. L’administration séleucide et la faction hellénisée locale ne saisissent pas l’ampleur de la révolte. En 164 avant J.-C., Judas Maccabée libère Jérusalem et reprend le contrôle du Temple. Bien que la ville soit tombée, l’Acra et sa garnison tiennent bon. Judas assiège la forteresse, dont les résidents ont envoyé un appel au roi séleucide, désormais Antiochos V, pour qu’il leur vienne en aide. Une armée séleucide est envoyée pour réprimer la révolte. Judas est forcé d’abandonner le siège de l’Acra et affronte les Séleucides à la bataille de Beth Zur. Les Séleucides remportent une victoire à la bataille de Beth Zacharia. Judas Maccabée est obligé de se retirer. L’Acra demeure une forteresse séleucide pendant encore 20 ans au cours desquels elle résiste à plusieurs tentatives hasmonéennes pour éliminer la garnison grecque,.
Destruction
Judas est tué en 160 av. J.-C. et son frère Jonathan lui succède, il tente de construire une barrière pour couper la canalisation d’approvisionnement en eau de l'Acra. Jonathan a déjà réuni les effectifs nécessaires à cette tâche lorsqu'il est contraint d'affronter l'armée du général séleucide Diodote Tryphon à Beth Shan (Scythopolis),. Après avoir invité Jonathan à une négociation amicale, Tryphon le fait saisir et assassiner. Jonathan est remplacé par un autre frère, Simon, qui assiège et prend finalement l'Acra en 141 av. J.-C..
Deux sources fournissent des informations sur le sort final de l'Acra, bien que leurs récits soient contradictoires par moments. Selon Josèphe, Simon détruit l'Acra après avoir expulsé ses habitants, puis il arase la colline sur laquelle elle était bâtie pour la rendre plus basse que le Temple, effacer de la ville son mauvais souvenir et empêcher son occupation par d'éventuels futurs occupants de Jérusalem. Le récit exposé dans le Premier livre des Maccabées brosse un tableau différent :
« Et Simon décréta que chaque année ils célébreraient ce jour avec joie. Il renforça les fortifications de la colline du temple le long de la citadelle (en grec : Acra), et lui et ses hommes ont habité là. »
— 1 Maccabées 13:52
Ainsi, dans cette version, Simon n’a pas immédiatement détruit l'Acra, mais l’a occupé et aurait même pu y résider lui-même. 1 Maccabées ne mentionne pas son destin ultime. La forteresse avait été construite en tant que point de contrôle interne pour surveiller et observer Jérusalem et sa population. Comme la plupart des érudits en conviennent, si elle était située dans la Cité de David, son emplacement n'aurait rien ajouté aux défenses de Jérusalem contre les menaces extérieures. Elle est peut-être tombée en désuétude et a été démantelée à la fin du , à la suite de la construction de la Baris (citadelle) hasmonéenne et du palais hasmonéen dans la ville haute de Jérusalem.
Bezalel Bar-Kochva propose une théorie différente : l'Acra était toujours debout en 139 av. J.-C. quand Antiochos VII Sidetes la réclame à Simon, avec Jaffa et Gezer, deux villes hellénisées prises par Simon,. Celui-ci était disposé à négocier sur les deux villes mais ne mentionne pas l'Acra. C’est à ce moment-là qu’il a du sceller son sort, afin de refuser aux Séleucides toute réclamation future pour conserver Jérusalem. Ainsi, quand Antiochos VII soumet la ville sous le règne de Jean Hyrcan Ier, chacune de ses demandes est satisfaite, à l'exception de celle exigeant l'installation d'une garnison séleucide dans la ville. Jean Hyrcan a peut-être pu rejeter cette demande, et Antiochos l’a abandonnée, car il n’y avait plus nulle part où loger la garnison, sans doute parce que l'Acra n'était alors plus debout. Cette explication situe la destruction de l'Acra quelque part dans les années 130 av. J.-C.,.
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- Goodman 2010, p. 60–67
- Schiffman 1991, p. 73–74
- Schäfer 2003, p. 36–40
- Schwartz (2004), p. 144.
- Schiffman 1991, p. 76–77
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- Wightman 1990
- Sievers 1994
- Rocca 2008
- Wightman 1990
- Schiffman 1991
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- Schäfer 2003, p. 55-56
- Mazar 1975, p. 70-71, 216
- Dequeker 1985, p. 207
- Bar-Kochva 2002, p. 445-465
- Chrysler, « » [], Biblical Archaeology Truth, (consulté le ) : « The Hasmoneans built their extension to the southern end of the original Temple Mount in 152 BC, before the Akra was razed by Simon in about 137 BC. ».
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Acra dans la littérature
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