Syracuse

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Syracuse : descriptif

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Syracuse

Syracuse (en italien : Siracusa [sira'kuːza] ; en sicilien : Sarausa [saɾaˈuːsa]) est une ville italienne de Sicile, chef-lieu du libre consortium municipal de Syracuse et l'un des cœurs culturels du monde méditerranéen depuis les temps de la Grèce ancienne

Renommée pour sa riche histoire gréco-romaine, ses amphithéâtres et son patrimoine antique, elle a donné naissance au célèbre mathématicien Archimède qui y vécut jusqu'à sa mort en protégeant la ville d'un siège. Elle est située près de la pointe sud-est de la Sicile, au bord de la mer Ionienne, sur les rives du golfe de Syracuse auquel elle prête son nom

Bien qu'étant positionné à faible altitude (le centre-ville culmine à 17 m au-dessus de la mer), le terrain syracusain est remarquablement élevé compte tenu des profondeurs marines attenantes, qui atteignent parfois 2 000 m non loin de la côte. Fondée il y a 2 700 ans par des colons grecs de Corinthe et de Ténée, elle devient bientôt une cité-État puissante et accède au rang de grande puissance méditerranéenne en exerçant son influence sur l'ensemble des cités de la Grande-Grèce et au-delà

Rivalisant avec Athènes en taille et en splendeur à partir du Ve siècle av

J.-C., Cicéron la décrit à son époque comme « la plus grande des villes grecques et la plus belle de toutes »

Elle suivra la destinée de Rome depuis sa conquête par la République romaine jusqu'à l'Empire byzantin, dont elle devient même la capitale sous le règne de l'empereur Constant II (663-669)

Distancée démographiquement par Palerme, cette dernière lui ravit son rôle de plus grande ville sicilienne et devient la capitale du royaume de Sicile jusqu'à son union avec celui de Naples pour former les Deux-Siciles avant l'unification italienne en 1860. De nos jours, Syracuse est une ville moyenne d'environ 115 000 habitants dont le centre historique est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO aux côtés de la nécropole de Pantalica

Mentionnée dans la Bible lors du récit du voyage de Paul dans les Actes des Apôtres, la ville est l'héritière d'une longue tradition chrétienne et célèbre tous les 13 décembre la naissance de sainte Lucie, patronne de la ville.

Géographie

Lungomare del Levante, littoral est de l'île d'Ortygie.

Localisation

Syracuse est située dans le sud-est de la Sicile, au bord de la mer Ionienne.

Topographie

La ville occupe l'île d'Ortygie et le plateau calcaire des Épipoles.

Climat

Syracuse bénéficie d'un climat méditerranéen à été chaud (classification climatique de Köppen : Csa), caractérisé par des hivers doux et humides ainsi que des étés chauds et secs. La neige y est très rare ; la dernière chute de neige mesurable enregistrée dans la ville date de décembre 2014. Les gelées sont tout aussi rares, la dernière remontant à la même période, en décembre 2014, ce qui rend les températures négatives quasi inexistantes.

Le 11 août 2021, une température record de 48,8 °C a été répertoriée à Floridia, près de la ville. Ce record est reconnu par l'Organisation météorologique mondiale comme la température la plus élevée jamais enregistrée en Europe.

Tableau climatologique de COZZO SPADARO (période 1991-2020).
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 10 9,6 11,1 13,3 15,9 20,2 23,1 23,9 21,5 18,5 15,2 11,9 16,2
Température moyenne (°C) 12,8 12,5 14 16,3 19,3 23,6 26,6 27,4 24,5 21,3 17,8 14,5 19,2
Température maximale moyenne (°C) 15,6 15,4 17 19,3 22,7 27 30,1 30,9 27,5 24,2 20,4 17,1 22,3
Ensoleillement (h) 197,3 205 258,8 271,3 325,1 340,9 391,7 346,4 256,3 250,3 158,4 149,6 3 151,1
Précipitations (mm) 64,4 55,7 35,8 28,4 9,2 8,4 6,8 22,5 61,2 74,7 95,7 86 548,8
Source :


Hydrographie

L'Anapo, le Cassibile et la Ciane irriguent l'arrière-pays fertile de Syracuse et se jettent ensemble dans sa rade.

Voies de communication et transports

Port de Syracuse.
Infrastructures routières

Le territoire communal est traversé par les axes routiers suivants :

  • SS114 « Oriente sicula », entre Messine et Syracuse, dont le tronçon final fait office de périphérique urbain à la ville de Syracuse et permet la liaison entre l'autoroute Catane-Syracuse et l'autoroute Syracuse-Gela ;
  • L'autoroute A18 (Syracuse-Gela), intégré à la route européenne 45 ;
  •  », entre Trapani et Syracuse ;
  •  », entre Caltagirone et Syracuse, traverse les monts Hybléens.
Desserte ferroviaire

La ville est desservie par la gare de Syracuse, située au km 312 + 176 de la ligne Messine-Syracuse, et la ligne Caltanissetta Xirbi-Gela-Syracuse.

Transport maritime

Les deux ports de la ville prennent place de part et d'autre de l'île d'Ortygie - l'un à l'ouest, le porto Piccolo (« petit port » ou Lakkios), et l'autre, le porto Grande (« grand port »), à l'est - reliés entre eux via un canal enjambé par deux ponts. Considéré comme l'un des ports les plus anciens de la Méditerranée, le port de Syracuse possède une histoire millénaire  bien que sa vocation soit désormais réduite à la plaisance (porto Grande) et à la pêche (porto Piccolo). L'activité commerciale est détournée vers la rade de Santa Panagia où transitent pétroliers, chimiquiers et méthaniers.

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Toponymie

Monnaie portant l'inscription « ΣΥRAKOΣION » (aux Syracusains),

Le nom ancien de Syracuse possède deux variantes principales attestées, Συράκουσαι (Syrákousai) et Συρακώ (Syrakō).

L'hypothèse la plus couramment avancée concernant l'origine du nom est qu'il proviendrait du phénicien Sour-ha-Koussim, « pierre aux mouettes ». Ce terme aurait ensuite évolué phonétiquement pour devenir « Syrákousai » en grec. Cependant, cette étymologie ne rend pas compte de la variante alternative Συρακώ (Syrakō).

Vibius Sequester, citant Étienne de Byzance, explique que « Syrakō » désigne à l'origine un marécage voisin. Marcien d'Héraclée confirme cette hypothèse dans la Périégèse en ajoutant que le nom du marécage aurait été créé par Archias, fondateur de la cité. Ainsi, c'est Syrakō qui aurait donné son nom à la ville et non l'inverse, ce que ne manque pas de souligner Épicharme dans un fragment parvenu de l'une de ses comédies.

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Histoire

Préhistoire

L'occupation humaine de l'île d'Ortygie et des collines des Épipoles remonte à la Préhistoire. Quelques villages sicules y étaient implantés aux mycéniens ont été trouvés dans leurs nécropoles (sites de Stentinello, Ognina, Thapsos, etc.). Les Phéniciens y auraient installé un comptoir, permanent ou saisonnier. Le commerce entre Sicules et Grecs reprend au siècles obscurs ».

Dans les mythes gréco-romains, Syracuse est une étape pour Héraclès et Énée dans leurs pérégrinations en Méditerranée.

Antiquité

Fondation de la ville

Syracuse est fondée en 734 av. J.-C. par des colons grecs de Corinthe et de Ténée sous la conduite de l'œciste Archias, de la famille des Bacchiades qui cherche alors à se poster le long des routes commerciales de la mer Méditerranée. Les premiers colons bâtissent des maisons rectangulaires sur l'île d'Ortygie dans lesquelles on a retrouvé de la céramique protocorinthienne, cycladique et locale. Ils accaparent les terres autour de Syracuse et fondent l'aristocratie foncière qui va gérer la cité, les Gamores. Essentiellement agricole, la cité développe aussi son artisanat (céramique, métallurgie, lainage) et son commerce grâce à son port et sa rade, notamment à partir du populations locales qu'ils asservissent partiellement en leur imposant le statut de Cyllyriens, comparable à celui des Hilotes spartiates et des Pénestes.

Quelques cultes indigènes auraient persisté dans les sanctuaires grecs :

  • Artémis Lyaia (« Libératrice »), vénérée dans la grotte de la Scala Greca, serait l'héritière d'une déesse sicule associée à la fertilité et à la fécondité ;
  • Aristée, inventeur de l'apiculture, serait le parèdre d'une « Grande Mère sicane ».

Syracuse, à son tour, fonde plusieurs établissements ou cités en Sicile : Akrai en

La cité se développe rapidement grâce aux riches plaines de la région et devient l'une des colonies grecques les plus brillantes d'Occident.

Période classique
Dynastie des Deinoménides
Modélisation restituant l'apparence du temple d'Apollon, édifié dans un style dorique sur l'île d'Ortygie au musée archéologique régional de Syracuse).

En 485 av. J.-C., Gélon, le tyran de Gela, se rend maître de Syracuse en s'appuyant sur l'aristocratie terrienne des Gamores qu'un mouvement populaire des Cyllyriens avait chassé des lieux. Il en fait le centre de son pouvoir, laissant à son frère la gestion de sa cité d'origine, et c'est sous son règne que Syracuse devient la puissance hellénique dominante de l'époque. Il renforce sa population par l'arrivée de la moitié des habitants de Gela, tous ceux de Camarina, de quelques uns de Megara Hyblaea ainsi que de nouveaux colons grecs. L'île d'Ortygie n'ayant plus la capacité d'accueillir tous ces nouveaux arrivants, ces derniers s'installent sur le continent où ils fondent les quartiers de Neápolis et de Tyché et y élèvent une seconde agora. Syracuse se dote d'entrepôts sur les quais, d'un arsenal et de casernes, consacre de nouveaux sanctuaires à Déméter et à Coré, et enjolive celui d'Apollon. Gélon assoit son influence par des alliances matrimoniales avec Théron, tyran d'Akragas, dont il épouse la fille Démarète et à qui il offre la main de sa nièce, fille de Polyzalos. Les Grecs de la grande terre requièrent son aide contre la Perse mais se désistent devant ses ambitions. Allié à Théron, il bat à Himère, en 480 av. J.-C., une grande expédition carthaginoise menée par Hamilcar, selon la tradition le jour même où les Grecs battent les Perses à Salamine. Une temple dédié à Athéna est érigé sur le site de l'actuelle cathédrale pour commémorer cette victoire.

Casques que Hiéron a dédié à Zeus dans le temple olympien à la suite de sa victoire sur les Étrusques à Cumes (musée archéologique d'Olympie).

Après la mort de Gélon, son frère lui succède tandis que la cité poursuit sa croissance spectaculaire. Plus avare et violent que son frère selon Diodore, il initie néanmoins une politique de mécénat et invite à sa cour les poètes et philosophes grecs Xénophane, Simonide de Céos et son neveu Bacchylide, Eschyle, Épicharme et Pindare. Ce dernier compose en son honneur les trois première Pythique et la Première olympique. Hiéron participe en effet à plusieurs jeux panhelléniques, vainqueur aux courses de chevaux montés puis de chars, à trois reprises aux jeux olympiques et autant aux jeux pythiques. Il commande aux sculpteurs Calamis et Onatas un groupe statuaire pour Olympie. En 474 av. J.-C., Hiéron bat les Étrusques à la bataille de Cumes et dédie à Zeus un casque sur lequel il fait inscrire « Hiéron fils de Deinoménès et les Syracusains à Zeus sur le butin fait sur les Étrusques à Cumes. » Il entre en conflit avec son frère Polyzalos, maître de Gela depuis son départ pour Syracuse, qui se réfugie auprès de son beau-père, Théron. Hiéron vide Naxos et Catane de leur population qu'il déporte à Léontinoi et refonde la deuxième sous le nom d'Ætna (Etna) à l'aide de colons de Syracuse et du Péloponnèse. Il soumet également Zancle qui est contrainte de lui garantir l'accès à son détroit.

En 466 av. J.-C., Thrasybule succède à son frère Hiéron. « Violent et sanguinaire, il fit mourir injustement beaucoup de citoyens et, après en avoir exilé un grand nombre sur des accusations mensongères, il confisqua leurs biens au profit du trésor royal » raconte Diodore. Aussi est-il renversé au terme de moins d'un an de règne et exilé à son tour.

La démocratie et l'expédition de Sicile
Carte de l'expédition de Sicile.

Un régime démocratique est installé pour soixante ans à Syracuse en s'appuyant notamment sur le pétalisme. La rhétorique éclot avec Corax et Tisias, Sophron crée le mime à partir de sujets populaires. En 415 av. J.-C., la population totale de la cité de Syracuse est estimée à 250 000 habitants, chiffre comparable à celui de la population d'Athènes à la même époque.

Avec la chute des tyrans, Syracuse perd la domination qu'elle exerçait sur la Sicile orientale mais redevient rapidement une grande puissance régionale par une série de victoires militaires :

  • En 453 av. J.-C., sur les districts miniers étrusques de Corse et de l'île d'Elbe ; trois ans plus tard sur le Sicule Doukétios ; en 445 av. J.-C., sur Akragas au bord de l'Himéras et, la même année, sur les Sicules encore dont elle fait raser la cité de Palikè ;
  • En 427 et 416 av. J.-C., Syracuse attaque Léontinoi et Égeste, alliées d'Athènes. Cette dernière, dans le contexte de la guerre du Péloponnèse, souhaitait contrer la puissance grandissante de Syracuse et prendre pied en Sicile pour s'assurer le contrôle des mers. En juin de l'année suivante, l'expédition de Sicile prend la mer avec 134 trières portant 5 100 combattants sous le commandement de Nicias, d'Alcibiade et de Lamachos. Les Syracusains cherchent le soutien de Sparte, cité ennemie d'Athènes. En 413 av. J.-C., Syracuse est assiégée par les Athéniens qui sont défaits sur la terre aux Épipoles et au cours d'une bataille navale dans la rade de la ville, et définitivement sur les rives de l'Asinaro grâce aux renforts spartiates dirigés par Gylippos ainsi qu'au génie tactique d'Hermocrate qui parviennent ensemble à anéantir la flotte athénienne ;
  • En 401 av. J.-C., Syracuse envoie 300 hoplites pour servir l'armée des Dix-Mille de Cyrus le Jeune.

En 410 av. J.-C., des négociations pour rétablir la paix entre Akragas et les Élymiens échouent, déclenchant ainsi une longue série de conflits avec Carthage qui ne prendra fin qu'en 341 av. J.-C.. En 406 av. J.-C., Carthage use de ce prétexte pour attaquer Akragas, Gela et Syracuse, mais elle est arrêtée par une épidémie de peste. La paix est signée l'année suivante mais les guerres reprendront par la suite de 398 à 393, de 383 à 376, de 367 à 366 et de 345 à 341 av. J.-C. Dans l'ensemble, l'équilibre des forces sur l'île n'est jamais remis en cause.

Denys l'Ancien
L'« Oreille de Denys ».
Syracuse sous la démocratie et sous le règne de Denys l'Ancien.

La menace carthaginoise met au pouvoir en 405 Denys l'Ancien, d'origine modeste, qui parvient à négocier avec l'ennemi. Protégé par une garde de 1 000 hommes, le nouveau tyran persécute les aristocrates, affranchit les Cyllyriens et les esclaves. Il accroit son armée jusqu’à 50 000 fantassins et 10 000 cavaliers, la dote de catapultes portant à 300 mètres, et fait d'Ortygie une citadelle imprenable qu'il complète du Château d'Euryale sur les Épipoles. Il construit de vastes gymnases sur les rives de l'Anapo, élève de nouveaux temples tout en pillant les trésors sacrés comme le manteau d'or de Zeus, levant des tributs, augmentant les impôts et altérant les monnaies pour couvrir les nombreuses dépenses.

Il conquiert une partie du territoire des Sicules et fonde à Adranon un avant-poste pour contrôler le territoire. Il prend Catane, rase Naxos et obtient la reddition de Léontinoi, contraint des populations à s'installer à l’intérieur des terres. Contre les Carthaginois, dans trois guerres successives, il prend Motyé mais subit un siège à Syracuse en 397, lors duquel les Carthaginois détruisirent le temple de Déméter et Coré et le tombeau de Gélon.

L'autoproclamé « archonte de Sicile » agit également hors de Sicile : il envoie des mercenaires pour aider le Perse Cyrus le Jeune dans sa révolte contre le souverain achéménide Artaxerxès II Mnèmon, il s'allie à Archytas de Tarente, colonise la Corse, fonde Ancône et Adria sur la côte adriatique, pille Pyrgi en 384.

Sous son règne, Syracuse est la cité la plus peuplée et la plus riche du monde grec. À son tour, il veut réunir autour de lui des intellectuels grecs comme Philistos et Aristippe, mais il supporte moins la liberté artistique que ses prédécesseurs : Platon, trop proche de Dion, est emprisonné, Philoxène de Cythère envoyé aux latomies. Amateur de drame et dramaturge amateur, il fait creuser dans la roche un théâtre grec.

Les anecdotes sur Denys l'Ancien sont innombrables et l'on peut encore voir dans les environs de la ville, la fameuse « Oreille de Denys », une imposante grotte dans laquelle le tyran enfermait ses prisonniers et dont l'acoustique permettait à Denys d'écouter les conversations.

Le déclin

Denys l'Ancien meurt en 367 et son fils lui succède. Denys le Jeune, élève de Platon mais adepte d'Aristippe de Cyrène, exile son oncle Dion en 366, lequel revient de Grèce en 357 pour le renverser avant d'être assassiné en 354. D'autres[Qui ?] prennent le pouvoir, mais Denys reprend le contrôle d'Ortygie. Les Syracusains demandent de l'aide à Corinthe, leur métropole, qui dépêche en 344 Timoléon qui exile Denys à Corinthe, démantèle la citadelle d’Ortygie qu'il remplace par un tribunal, et restaure les lois : le pouvoir est donné à une boulè de 600 citoyens et une assemblée populaire, l'un des trois prêtres de Zeus olympien élus par le peuple, est désigné chaque année à la tête de la cité. Victorieux de Carthage à la bataille de Crimisos, il repeuple la Sicile de colons grecs.

Quand Timoléon se retire en 337, il laisse un pouvoir fragile qui tombe, moins de deux décennies plus tard, dans les mains d'un nouveau tyran, Agathocle. Ce dernier élimine les oligarques et ses opposants et s'allie avec le peuple. En 315, le tyran déclenche une nouvelle guerre contre les Carthaginois. Il réussit en 309 à envahir l'Afrique du Nord mais échoue devant les murs de Carthage. Il est vaincu en 307, laissant ainsi la cité punique devenir la principale puissance de la région. Il domine cependant toute la Sicile grecque et s'empare de Corcyre.

À sa mort, en 289, Syracuse recouvre sa liberté mais s'enfonce dans une série de troubles politiques. Elle bat à nouveau Agrigente en 280, mais aucun dirigeant ne s'impose. Carthage menace une nouvelle fois Syracuse, qui en appelle à Pyrrhus Ier, roi d’Épire et gendre d'Agathocle. Après deux ans de batailles en Sicile, il se retire et l'un de ses officiers, Hiéron II, est choisi comme stratège par les Syracusains.

Première guerre punique (264-241)

En raison de sa position géographique entre la péninsule italienne, aux mains des Romains, et l'Afrique du Nord, contrôlée par Carthage, la Sicile est un enjeu majeur entre les deux puissances.

En 269, Hiéron II attaque les Mamertins, anciens mercenaires d'Agathocle qui occupent Messine. Ceux-ci appellent au secours Rome et Carthage.

En 264, les Carthaginois prennent la ville de Messine. Le général romain Appius Claudius Caudex traverse le détroit de Messine et prend par surprise la garnison punique de Messine : c'est le casus belli (la cause directe) de la première guerre punique.

Hiéron II s'allie à Rome contre Carthage, ce qui permet à Syracuse de conserver son indépendance. Il s'inspire de la législation fiscale du roi d'Égypte Ptolémée Philadelphe pour écrire la lex Hieronica, que Rome appliquera plus tard en l'adaptant. Conseillé sur les questions militaires par Archimède, il renforce l'Euryale, se compose une flotte qu'il envoie aider l'Egypte et Rhodes. Il réaménage le théâtre, un autel monumental en l'honneur de Zeus avec probablement un temple.

Des ateliers locaux de céramique produisent des vases à vernis noir ou à fond blanc, aux décorations végétales polychromes. Les monnaies de Hiéron portent la tête de sa femme, Philistis.

Deuxième guerre punique

Lors de la deuxième guerre punique, Hiéron reste un fidèle allié des Romains, mais à sa mort, son petit-fils Hiéronyme de Syracuse, également petit-fils de Pyrrhus, choisit en 215 le camp carthaginois mené par Hannibal, alors positionné à Capoue, et l'oligarchie qui prend place après l'assassinat d'Hiéronyme en fait autant. Le consul Marcus Claudius Marcellus assiège la ville en 213. La ville de Syracuse résiste pendant plus d'un an, grâce notamment aux machines conçues par son natif le plus célèbre, Archimède.

La légende veut qu'Archimède ait mis au point des miroirs géants pour réfléchir et concentrer les rayons du soleil dans les voiles des navires romains pour ainsi les enflammer. L'historien romain Tite-Live (XXIV-34) décrit le rôle important d'Archimède comme ingénieur dans la défense de sa ville (aménagement des remparts, construction de meurtrières, construction de petits scorpions et différentes machines de guerre), mais il ne dit pas un mot de ces fameux miroirs. De même, il raconte la prise de Syracuse, organisée pendant la nuit, non par crainte du soleil, mais pour profiter du relâchement général lors de trois jours de festivités (généreusement arrosées) en l'honneur de la déesse Artémis (XXV-23).

Période romaine
Le roi Hiéron de Syracuse demande à Archimède de fortifier la ville, Sebastiano Ricci, 1720, National Gallery of Ireland, Dublin.

En 212 avant notre ère, les Romains s'emparent de la ville et la mettent à sac. Tite-Live considère que la prise de Syracuse marque la prise de conscience romaine de la richesse de l'art grec.

Ordre avait été donné de capturer Archimède. Un soldat demanda son identité à un vieillard qui réfléchissait, dans sa maison, à un problème de mathématique. Ne recevant pas de réponse, il le tua.

Il faut encore un an pour que l'ensemble de la cité soit romaine.

Rome fait de la Sicile une province, et de Syracuse sa capitale, siège du préteur. La cité subit les déprédations de Verrès et de Sextus Pompée. La cité, recolonisée par Auguste, voit la restauration du théâtre grec et du forum, la construction de l'amphithéâtre et d'un gymnase, l'exportation à travers la Méditerranée de l'artisanat céramique, les arts se distinguer par Moschos.

Au cours de la période hellénique, Syracuse s'est étendue depuis Ortygie sur trois autres quartiers : l'Achradine au .

Cicéron donne une description de la cité au Hiéron II, aujourd'hui le palais du préteur. On y voit aussi un grand nombre de temples. Deux l'emportent sur tous les autres : celui de Diane, et celui de Minerve, richement décoré avant la préture de Verrès. À l'extrémité de l'île est une fontaine d'eau douce nommée Aréthuse : son vaste bassin, rempli de poissons, serait inondé par la mer, s'il n'était défendu par une forte digue.
La seconde ville, l'Achradine, renferme un forum spacieux de très beaux portiques, un superbe prytanée, un vaste palais pour le sénat, un temple majestueux de Jupiter olympien. Une large rue la traverse dans toute sa longueur.
Dans la troisième ville, nommée Tycha parce qu'il y avait autrefois un temple de la Fortune, on remarque un grand gymnase et plusieurs édifices sacrés. C'est la partie la plus peuplée.
La quatrième est la Ville-Neuve, ainsi nommée parce qu'elle a été bâtie la dernière. Dans sa partie la plus haute, se trouve un vaste théâtre. Elle est dotée de deux temples, l'un de Cérès, l'autre de Proserpine, et d'une statue colossale d'Apollon surnommé Téménitès ».

Au Probus, les Francs pillent la ville. Suivent les incursions des Goths d'Alaric et des Vandales de Genséric.

Le christianisme

Paul de Tarse fait étape trois jours à Syracuse avant de rejoindre Rhêgion. Il aurait prêché dans la crypte de San Marciano qui doit son nom actuel au premier évêque de Syracuse, martyrisé sous les règnes de Valérien et de son fils Gallien (254-259).

D'après les sources chrétiennes, le martyre de la syracusaine Lucie de Syracuse aurait eu lieu au début du Dioclétien ; elle ne serait pas morte et il aurait fallu la transpercer avec un glaive. Elle est la sainte patronne de Syracuse, célébrée le 13 décembre.

Moyen Âge

Au VIe siècle, Syracuse reste la principale cité de Sicile sous l'empire byzantin. Elle est le siège d'un diocèse dont l'évêque était représentant du patriarche de Rome sans être métropole.

Elle est ensuite le siège du métropolite de Sicile ainsi que celui d'un tourme.

Probablement encore fortifiée sur l'île d'Ortigia, la ville s'étend avec des faubourgs où sont érigés oratoires et monastères.

Les Sarrasins

Devant le risque de voir les Sarrasins envahir la Sicile, l'empereur byzantin Constant II prend en 663 la décision historique de transférer sa capitale à Syracuse. Il meurt assassiné en 668 dans sa retraite occidentale et après un échec à Bénévent devant les Lombards du roi de Bénévent.

En 669, les Sarrasins pillent la ville. Ils reviennent l'assiéger en 740.

Au Michel II (820 à 829). Revenue sous domination byzantine, elle est prise par l'officier rebelle Euphèmios qui doit fuir et demander un soutien arabe en Ifriqiya.

Les Sarrasins, débarqués en 827 à Mazarra, attaquent en vain la ville en 828 puis la conquièrent en 878. Les dynasties des Aghlabides et Kalbites règnent sur la Sicile jusque dans la seconde moitié du .

Les Normands
La cathédrale de Syracuse.

En 1086, la ville est prise par les Normands de Roger de Hauteville et de son fils Jourdain. En 1194, le nouveau roi de Sicile, Henri le Cruel, occupe Syracuse. Sous le roi Frédéric de Hohenstaufen la ville ainsi que l'ensemble de l'île retrouvent leur prospérité.

Au .

De la fin du Moyen Âge à nos jours

La ville fut détruite par les tremblements de terre de 1542 puis de 1693. L'épidémie de 1729 n'épargna pas les Syracusains.

Après le désastreux tremblement de terre de 1693 (qui toucha aussi tout le Val di Noto), la ville a connu une renaissance de son architecture. Les nouveaux bâtiments et les églises ont été construits pour rendre à la ville son ancienne splendeur. Les familles nobles ont pris en charge l'architecture avec une série de bâtiments, tels que le Palazzo Impellizzeri , le Palais Beneventano del Bosco, et plusieurs églises, comme les églises Église Santa Lucia alla Badia , Chiesa di San Filippo apostolo alla Giudecca, ou Chiesa di San Filippo Neri.

Le royaume d'Italie

Après l'unité italienne, Syracuse a connu une émigration de masse vers le Nord. Cette émigration se dirigea également vers les Amériques, le nord de l'Europe et l’Australie.

Par sa position géographique, sur la route entre l'Italie et l'Afrique, Syracuse joua un rôle important sous le régime fasciste. Benito Mussolini y viendra en visite deux fois et le roi Victor-Emmanuel III s'y rendra jusqu'en 1942.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Syracuse est une ville de grande importance pour le débarquement des Alliés : opération Husky et opération Ladbroke. La ville est occupée par les Alliés le 9 juillet 1943.

Dans un premier temps, l'AMGOT, le gouvernement d'occupation des Alliés, s'installera à Syracuse avant d'être déplacé à Palerme après la libération de la ville.

Le 3 septembre 1943, l'Armistice entre l’Italie et les Alliés (États-Unis, Royaume-Uni et France) fut signé à Cassibile, un village à proximité de Syracuse.

La République

Après la guerre, Syracuse connait une période de reconstruction. Pendant les années 1960, l'industrie pétrochimique apporte une prospérité économique mais avec des impacts écologiques, notamment dans les villes de Priolo, Melilli et Augusta.

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Document créé le 03/01/2018, dernière modification le 13/01/2025
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